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CRIQ

— Rem. Employé sous la forme anglaise, le mot criquet, que l’on écrit alors cricket, désigne un jeu plus compliqué que le jeu vulgaire de la crosse. V. cricket.

— Ornith. Nom de la sarcelle d’été en Picardie.

— Encycl. Entom. Ces insectes, que le vulgaire confond à tort avec les sauterelles, ont pour caractères : tête ovale, emboîtée dans le corselet par sa partie postérieure ; yeux brillants ; antennes cylindriques filiformes ; mandibules garnies d un grand nombre de dents aiguës ; élytres en toit ; ailes dépassant l’abdomen ; tarses à trois articles ; absence de tarière chez la femelle. Les criquets sont d’aussi bons sauteurs que les sauterelles et volent mieux. Les mâles font entendre une sorte de stridulation en frottant leurs cuisses contre leurs élytres ou leurs ailes ; mais ce bruit ne 3’opère que par une seule patte à la fois, et il a pour but d appeler la femelle. Dans l’accouplement, celle-ci est saisie par les quatre pattes antérieures du mâle, qui tient ses pattes postérieures en l’air, les agite par un mouvement lent de pendule. Quelques espèces font leur ponte en terre ; d’autres sur les graminées. Leurs œufs sont accompagnés d’un

liquide mousseux qui se durcit à l’air. Ces insectes ont été redoutés de tout temps pour les dégâts qu’ils causent dans les cultures. Ils se réunissent par bandes innombrables, qui de loin ressemblent à des nuages orageux, et projettent une ombre épaisse sur les lieux au-dessus desquels ils passent. Les endroits où ils s’abattent sont bientôt totalement dépouillés de leur végétation ; le feuillage des arbres n’est pas même épargné, et non-seulement le passage de ces insectes peut causer la famine, mais encore, quand leurs immenses légions meurent subitement, épuisées par les fatigues des voyages, tant de cadavres amoncelés sur le sol exhalent, en se putréfiant, des miasmes pestilentiels, et donnent lieu à de cruelles épidémies. C’est du moins ce que rapporte Latreille, peut-être d’après Orose, historien qu’il ne faut pas toujours croire sur parole. D’après lui, il y eut, en l’an du monde 3800, un nombre prodigieux de criquets en Afrique, qui, après avoir consommé toutes les herbes, se noyèrent dans la Méditerranée, et exhalèrent une telle puanteur, que 800,000 personnes moururent en fort peu de temps. Les criquets, dans leurs émigrations, franchissent quelquefois un espace de six lieues en un jour. Ils font entendre en volant un bruit sourd que Forskal a comparé à celui d’une cataracte. Lorsqu’ils s’arrêtent en quelque endroit, ils tombent comme la grêle, et quand leurs bandes s’abattent sur les arbres, elles les font rompre sous leur poids. Ils déposent un nombre d’œufs si prodigieux que, malgré la petitesse de ceuxci, on en a bientôt rempli des sacs. Les écrivains de tous les siècles témoignent des immenses dégâts causés par ces insectes. Leurs ravages sont fidèlement décrits dans VExode, où Moïse rapporte qu’ils vinrent fondre sur l’Égypte amenés par un vent d’orient, et qu’ils dépouillèrent tout le pays de sa verdure. L’histoire moderne signale des faits non moins surprenants. Charles XII traversant la Bessarabie, son armée fut fort incommodée, et même arrêtée pendant un certain temps par des nuées de criquets qui s’avançaient semblables à un ouragan furieux. Mézeray raconte qu’en 1613 une telle quantité de criquets envahit les environs d’Arles, qu’en sept ou huit heures ils rongèrent jusqu’àlaracine 15,000 arpents de blé, malgré les légions d’oiseaux qui arrivèrent pour les attaquer et s’en nourrir. Les criquets, entrant jusque dans les greniers et les granges, y dévoraient le grain. En 1749, presque toute l’Europe fut infestée de la même manière, et les mémoires du temps sont pleins du récit des dégâts commis par ces hôtes malfaisants. Enfinjes épouvantables ravages causés par eux en Algérie en 1867 sont encore présents à tous les esprits. Pline dit que, dans la Cyrénalque, une loi ordonnait au peuple de leur faire la guerre trois fois dans l’année : la première en écrasant leurs œufs, la seconde en détruisant les petits et la troisième en exterminant les insectes adultes. Celui qui négligeait de remplir ce devoir était puni comme déserteur. Dans l’île de Lemnos, chaque citoyen était tenu d’apporter aux magistrats une mesure remplie des cadavres de ces insectes. En Syrie, les soldats étaient quelquefois employés à les détruire. Virey rapporte qu’en 1780 on eut recours aux mêmes auxiliaires en Transylvanie ; des régiments furent commandés pour ramasser des criquets ; 1,500 personnes turent chargées de les écraser et de les brûler ou de les enterrer. Cependant leur nombre n’en parut pas diminué, jusqu’à ce que fût venu un vent froid qui les lit disparaître. Mais, au printemps suivant, le fléau sévit de nouveau dans le même pays et nécessita une levée en masse du peuple. On poussait ces insectes avec des balais dans de grands fossés, jjour les y étouffer et les brûler. Malgré ces efforts, plusieurs cantons furent entièrement ruinés. En Fiance, dans les contrées infestées par ces orthoptères, ce sont ordinairement les femmes et les enfants qu’on emploie à leur faire la chasse. De grands draps tenus par les coins sont promenés à ras de terre, et lescriquels viennent s’y prendre. Les œufs sont aussi l’objet de recherches fort actives : on a payé 0 fr. 25 le kilogramme d’insectes, et ofr. 50 le kilogramme d’ceufs. Dans l’invasion de 1C13 rapportée ci-dessus, on recueillit

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12,200 kilogrammes de criquets, et 122,000 kilogrammes d’œufs. Chaque kilogramme de

ces derniers pouvait contenir 80,000 fjeufs. Arles dépensa à cet effet £5,000 fr., et Marseille 20,000.

Les criquets passaient dans l’antiquité pour un bon aliment, et on en faisait une grande consommation. Moïse permit aux Juifs d’en manger quatre espèces. L’Évangile nous apprend que saint Jean-Baptiste ne vivait, dans le désert, que de miel et de sauterelles. Strabon rapporte, d’après Artémidore, qu’il existait sur les rivages du golfe Arabique une nation qui se nourrissait de criquets ; on les prenait en allumant de grands feux dans les ravins, quand les vents du printemps soufflaient avec violence ; aveuglés par la fumée, les insectes tombaient à terre. Après les avoir broyés, on les mêlait à de la saumure, et on en faisait des gâteaux. Artémidore ajoute que ces acridophages ne vivaient guère que jusqu’à quarante ans, parce qu’il s’engendrait dans leur peau des vers qui les faisaient périr. Le même conte est rapporté par Agatharcide, qui l’enjolive même : d’après lui, les mangeurs de criquets sont dévorés à l’intérieur par des insectes ailés. Chose singulière, il est aussi fait mention, dans le Voyage autour du monde effectué par l’amiral Drake, de certains peuples de l’Ethiopie qui se nourrissent toute 1 année de criquets, et qui sont tués prématurément par des insectes ailés qui se développent dans leurs organes. Buffon ne regarde pas le fait comme impossible ; Valmont de Bomare ’parait l’accepter. D’après Niebuhr, au contraire, ce genre de nourriture n’est nullement malfaisant. En différents pays de l’Afrique, les criquets sont regardés comme un précieux comestible ; salés et séchés, ils sont un objet de commerce. Au Sénégal, on les réduit en une poudre fine dont on fait du pain. En Arabie, on les emploie de la même manière quand les récoltes manquent. À Bagdad, on les prise tellement, que lorsqu’ils abondent le prix de la viande" baisse. Au Maroc, on les mange également après les avoir fait sécher sur les toits. Les voyageurs qui ont parcouru les pays chauds s’accordent à dire que ces insectes ont une chair semblable à celle des écrevisses, et d’un goût fort agréable. L’arrivée des criquets est considérée comme une manne céleste par certains voyageurs dans le grand désert d’Afrique. Le Coran en autorise rusage : le prophète a dit que Dieu avait permis de manger, sans les écorcher, deux sortes d’animaux : les poissons et les sauterelles. Abdallah Ben Ali a écrit : > Nous avons fait en compagnie du prophète de nombreuses ghazias, pendant lesquelles nous avons mangé des criquets, et il en mangeait avec nous. » Ben Madjut : « Les femmes du prophète, lorsqu’on leur envoyait des criquets en présent, en distribuaient aux autres femmes dans des corbeilles. • Omar, un jour qu’on lui demandait si l’usage des criquets était permis, répondit : • Je voudrais en avoir un plein panier pour les croquer. > Cependant il est de principe parmi les musulmans qu’on ne doit pas tuer les criquets s’ils ne dévastent pas les champs. El-Asnaï raconte : • Un Arabe avait semé du blé ; lorsque ce blé fut en épis, les criquets arrivèrent, et l’Arabe, après s’être longtemps amusé a les regarder, improvisa ces vers : Les criquets s’abattirent sur mon champ de blé, et je leur dis : Ne mangez pas mon bien et ne le dévastez pas. Un de leurs savants, perché sur un épi, me répondit :-Nous sommes vos hôtes, il faut que vous nous rassasiiez. Je me suis rendu dans ce champ, continue El-Asnaï, il était dévasté, et j’ai demandé à l’Arabe s’il était vrai qu’il y eût mis du blé. — Oui, nie répondit-il, mais il m’est arrivé un essaim de criquets armés de faux, comme les moissonneurs, qui m’ont tout fauché. Louange à Dieu qui permet à un aussi faible animal de tout détruire. » Sous le califat d’Omar Ben el-Khottab, les criquets semblaient avoir disparu complètement ; Oi

en conçut le plus grand chagrin, et des cou., riers furent envoyés dans l’Yémen, dans le Cham, dans l’Irak, pour s’informer si on n’en avait pas vu. Le courrier de l’Yémen en rapporta une poignée ; Omar s’écria : « Dieu est le plus grand 1 Dieu est le plus grand I J’ai entendu dire au prophète que Dieu avait créé mille mères d’animaux différents, quatre cents sur terre et six cents dans la mer, et que la première de ces mères qui disparaîtrait de la création serait celle des criquets, et qu’alors les autres suivraient. » Hassan Ben Ah donne le récit suivant : • Nous- étions à table en famille, et un criquet s’abattit au milieu de nous ; Abdallah, mon parent, l’ayant pris, demanda à l’envoyé de Dieu ce qu’il y avait d’écrit sur les ailes de cet insecte, et l’envoyé de Dieu y lut : « C’est moi qui suis Dieu, il n’y a pas d’autre Dieu que moi ; je suis le Dieu des criquets, c’est moi qui les nourris-, quand je veux, je les envoie aux peuples pour les enrichir ; quand je veux, pour les punir.» L’envoyé de Dieu lut une autre fois sur les ailes d un criquet, écrit en caractères hébraïques : «Nous sommes les troupes du Dieu

le plus grand ; nous pondons chacune quatrevingt-dix-neuf œufs, et si nous en possédions

cent, nous dévasterions le monde entier. » Alors le prophète effrayé s’écria : ■ O mon Dieu ! détruisez leurs petits, tuez leurs œufs, fermez-leur la bouche pour préserver de leurs dents la nourriture des musulmans, vous qui écoutez la prière de vos créatures, t À cette invocation, i’ange Gabriel apparut au pro CRIS

phète et lui dit : « Dieu t’accorde une partie de tes vœux. » Depuis cette époque, en effet, ces paroles de Mahomet écrites sur un papier et renfermées dans un roseau que l’on plante au milieu des blés ou des vergers, ont le pouvoir de détourner les criquets ; cette recette est infaillible. Voici une description orientale du criquet : quoique bien petit, cet animal ressemble à beaucoup d’animaux ; il a la tête du cheval, les yeux de l’éléphant, le cou du taureau, les cornes de l’antilope, la poitrine du lion, les ailes de l’aigle, les cuisses du chameau, les pattes de l’autruche, le ventre du scorpion et le corps du serpent. Les chameaux ne sont pas moins friands de criquets que leurs maîtres ; on les leur donne desséchés ou après les avoir fait cuire dans un grand trou, entre deux couches de charbon.

Ce genre est très-nombreux en espèces. Le criquet ensanglanté et le criquet bleuâtre sont les principales espèces de France. Ce dernier se reconnaît aux caractères suivants : corps brun ; corselet raboteux, à carène entaillée ; jambes postérieures d’un bleu verdâtre, blanches à la base ; élytres gris, transparents à l’extrémité, ayant des taches et des bandes noirâtres ; ailes bleuâtres, transparentes à l’extrémité, ayant-une large bande noire au delà du milieu. Le criquet ensanglanté est d’un brun verdâtre, a le corselet caréné à bords latéraux d’un jaune verdâtre, ainsi que la côte des élytres, jusqu’auprès de son extrémité ; ses ailes sont d’un jaune verdâtre, claires à la base, avec des nervures obscures et l’extrémité ; ses cuisses postérieures sont d’un rouge vif à leur base interne et en dessous ; ses jambes sont jaunes, quelquefois mélangées de rouge.

Nos lecteurs auront sans doute remarqué que nous avons donné sur les criquets beaucoup de détails qui sembleraient mieux à leur place s’il s’agissait des sauterelles. C’est qu’en réalité l’espèce de sauterelle qui commet quelquefois tant de dégâts est celle ft laquelle convient la dénomination spéciale de criquet. Nous reproduirons d’ailleurs la plupart de ces détails au mot sauterelle, parce que, on le sait, notre plan est de ne pas reculer devant quelques répétitions, pour que chacun de nos articles soit aussi complet que possible.

— Pêch. Les criquets sont d’excellentes amorces à l’hameçon, dans la pêche à la mouche sur la surface des eaux douces. Le chevesne, la truite, le saumon recherchent cet animal. Le dard, l’ablette même essayent de s’en emparer. On peut également pêcher avec le criquet entre deux eaux, en laissant suivre. Il ne faut pas se presser de ferrer parce que cette amorce offre une certaine résistance. On aura soin d’enlever les deux

grandes pattes.

CRIQUET, personnage du théâtre de Molière, c’est le valet de la comtesse d’Escarbagnas dans la pièce qui porte ce nom. Criquet n’est point un valet passé maître, comme la plupart des valets de comédie ; il n’est point île la famille de Scapin ou de Crispin ; il appartient plutôt à celle de Sancho Pança. Le type de sa race, ce n’est pas Figaro, c’est Jocrisse. Criquet est un campagnard qui a endossé un beau jour la livrée, mais qui n’a pas l’expérience du métier. La comtesse fait de vains efforts pour le former ; il ne sait rien, et n’apprend rien. La comtesse le fuit appeler : il était sorti de la maison. —« Où étiez-vous donc, petit coquin ? lui dit-elle. — Dans la rue, madame. — Et pourquoi dans la rue ? — Vous m’avez dit d’aller là dehors. — Vous êtes un petit impertinent, mon ami, et vous devez savoir que là dehors, en termes de personnes de qualité, veut dire l’antichambre. Andrée, ayez soin tantôt de faire donner le fouet à ce petit fripon-lk par mon écuyer. C’est un petit incorrigible. » La chose n’est que trop vraie ; Criquet ne peut ouvrir la bouche sans dire quelque ânerie, aussi est-il resté le type du valet niais. Mais ce personnage de Criquet est^rieux à remarquer, car il fait exception sur la scène comique, et principalement dans le théâtre de Molière, qui s’est plu à donner tant d’esprit et de malice à ses valets.

CRIQUETIS s. m. (kri-ke-ti — rad. criquet). Grav. Bruit aigre que produit le burin lorsqu’il coupe du cuivre de mauvaise qualité.

CRIQUET OT-L’ESNEVAL, bourg de France (Seine-Inférieure), chef-lieu de canton, arrond. et à 22 kilom. N.-E. du Havre ; pop. aggl. S24 hab. — pop. tôt. 1,546 hab. Commerce de chevaux et de bestiaux.

Cricome, tragédie de Rotrou. Antiocho, roi de Corinthe, en fuyant de cette ville, prise par les Romains, est forcé d’y abandonner Crisante, son épouse, qui tombe au pouvoir des vainqueurs. Manilie, général de l’armée romaine, confie Crisante à la garde du jeune Cassie, qui en devient passionnément épris ; après s’être épuisé en transports infructueux auprès de la vertueuse reine, il tente de gagner, par promesses et par menaces, une des femmes de Crisante pour lui rendre celle-ci favorable. Cette suivante s’acquitte de son message auprès de la reine, qui ne lui répond que par un coup de poignard. Cassie, ayant perdu tout espoir de réduire sa captive, s’introduit auprès d’elle et lui arrache de vive force ce que son amour n’avait pu obtenir d’elle. Cette action a lieu dans un entr’acte. Cassie, après avoir satisfait ses désirs, en proie à des remords tardifs, renvoie Crisante à son époux, qui se livre au bonheur de

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la retrouver ; mais elle repousse ses embrassements et lui apprend qu’elle n’en est plus digne. Antioche lui adresse les reproches les moins mérités, etCrisante désespérée retourne au camp des Romains demander justice de Cassie à Manilie. Le général abandonne Cassie à la reine, qui lui remet son épée en lui commandant d’être lui-même à la fois le prêtre et la victime. Il se tue. Crisante, s’emparant de sa tête, retourne auprès d’Antioche, lui fait honte de ses lâches soupçons, et, jetant à ses pieds la tête de Cassie, elle se poignarde. Antioche reconnaît alors l’innocence de Crisante ; il ne peut supporter les reproches qu’il s’adresse à lui-même, et se donne la mort sur le corps de sa fidèle épouse. — La trame de cette pièce offre des situations dont la terreur va jusqu’à l’atrocité ; mais ces situations mêmes ’ donnent lieu à des scènes d’un grand intérêt et du plus haut tragique. Le style de Rotrou est à la hauteur du sujet. Cet ouvrage est digne de l’auteur de Venceslas et de Saint-Genest.

CRISASWA. Mythol. indienne. Il y a deux

Ïirinces de ce nom dans la mythologie indienne :un souverain d’Ayodhya, 1 autre roi de Visâla. Mais aucun de ces deux personnages ne paraît être celui qui est représenté par la table comme l’auteur des armes divines et vivantes données à Râma et à sa famille ; c’est plutôt un mouni devarchidece nom.qui avait, dit-on, épousé deux filles de Dacba, Djayâ et Vidjayâ, suivant le Jtâmâyana ; Archî et Dhichahâ, suivant le Bhâgavata. Les armes de Râma sont décrites comme ayant un corps. Dans le RûmÛyana, elles s’adressent à lui et lui demandent ses ordres. Quand il n’a pas besoin d’elles, il les congédie ; elies le saluent avec respect et se retirent. Elles sont supposées avoir des formes célestes et une intelligence humaine. Quelques-unes sont lancées comme des traits, d’autres agissent comme un pouvoir mystérieux. Quand on les emploie, elles paralysent un ennemi ou l’endorment, ou amènent la tempête, la pluie et le feu. On les appelle les fils de Crisaswa, les enfants de Djayâ et de Vidjayâ.

CRISE s, f. (kri-ze — gr. krisiss de krinein, juger). Pathol. Changement d’état qui survient dans une maladie, et qui est caractérisé par certains phénomènes pathologiques : Il a été emporté par une crise. Nous pouvons bien prétendre à envoyer des influences à la lune, et à donner des crises à ses malades. (Fonten.) On observe des crises dans toutes les maladies aiguës. (Focillon.) 11 Crise nerveuse, Attaque de nerfs.- Elle a seulement une petite criss nerveuse dont elle profite pour rester chez elle. (Balz.)

— Fig. Situation pleine d’incertitude, de gêne ou de dangers, qu’offre le passage prochain et prévu d’un état à un autre ; état de malaise plus ou moins général : Une crise politique. One crise ministérielle. Une crise commerciale. L’âge de puberté est une crise qui n’est pas sans danger pour la moralité des feunes gens. Nous approchons de l’état de crise et dusiècle desrévolutions. (J.-J. Rouss.) Dans les crises politiques, le plus difficile, pour un honnête homme, n’est pas de faire son devoir, mais de le connaître. (DeBonald.)Z)a ; is les crises politiques, la pitié s’appelle trahison. (M»" de Staël.) Toutes les crises religieuses ont fait du bien. (B. Const.) Les moments de crise produisent un redoublement de vie chez les hommes. (Chateaub.) Les grandes crises : ont toujours leurs signes avant-coureurs. (Dupin.) Un parti absolu est te seul parti sûr dans les grandes crises. (Lamart.) L’année dernière on voyait des crises de toute espèce ; crise monétaire, crise commerciale, crise à la Banque, crise à la Bourse ; la crise alimentaire elle-même ne semblait pas définitivement terminée. (Magne.) Il y a des hommes très' grands qui conviennent à certaines crises maladives et passagères, non à l’état sain de ta vie des peuples. (Guizot.) La mort proprement dite est notre crise suprême. (C. Dollfus.) Au milieu de ces crises violentes qui confondent et bouleversent tant de fictions sociales, les

cœurs vraiment aimants se trouvent plus fortement unis. (L. Enault.) Au lieu d’être une fonction régulière de la vie politique, toute élection est une crise, (Ed. Laboulaye.) Dans les moments de crise extérieure, tout mouvement populaire perd les États. {Napol. III.) sommes.

Votre œil terne a vu faux dans la crise où nous

Barthélémy.

.... Je vois, dans la crise où nous sommes, Les périls de l’État, non les fautes des hommes.

Akdriedx.

La duègne ou la potence ! En cette crise extrême, m£me ’.

Que ne me laissait-elle au moins choisir moi V. Hugo.

— Poétiq. Crise de la nature, Cataclysme, grand ébranlement du globe.

— Magnét. Assoupissement produit par le fluide animal et souvent accompagné de phénomènes nerveux particuliers.

— Encycl. Pathol. La doctrine des crises appartient à Hippocrate. Suivant le père de la médecine, la cause de la fièvre est un vice survenu dans les humeurs, et la nature médicatrice est continuellement occupée à expulser les humeurs viciées par le moyen des évacuations naturelles ; la crise est l’effort violent qui accompagne cette évacuation dans certains cas. La crise est variable : quelquefois c’est une hémorragie par le nez, l’anus ou l’utérus ; le plus communément c’est une