Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 5, part. 2, Cour-Cz.djvu/234

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Charançon & la danseuse Olympia, laquelle déniche sa cassette et détale de sou pied léger. La chose serait à désirer, mais les auteurs n’ont-ils pas trop présumé des Olympias ? Les Charançons n’épousent qu’a bon escient ; les fourmis, économes et peu prêteuses, mettent en tas les grains qu’elles amassent à la maraude, et ne s’unissent jamais aux cigales qui, après avoir chanté tout l’été, dansent tout l’hiver. À cela près, ce drame simple, bien fait, rempli de cœur et de bonhomie, où abondent les situations vraies et les émotions naturelles, a réussi. Le public s’y est intéressé, et lesmouchoirsféminins ont épongé de bonnes grosses larmes. Acteurs qui ont créé les Crochets du père Martin : M. Paulin Ménier, le père Martin ; Mlle Adorcy, Olympia, etc.

Crocheta (LE SUPPLICE DES), tableau de

Decamps. V. supplice.

CROCHETABLE adj. (kro-che-ta-ble— rad. « crocheter). Qui peut être crocheté : Cette serrure n’est pas crochktable.

CROCHETAGE s. m. (kro-cbe-ta-je — rad. crocheter). Action de crocheter : Le crochetage d’une serrure.

— Agric. Binage opéré avec le crochet ou avec le trident, ou bien encore avec la houe fourchue.

CROCHETANT (kro-che-tant) part. prés, du v. Crocheter : Pour nous intéresser au peuple, ils nous le montrent forçant les portes et CROCHETANT les serrures. (Michelet.)

CROCHET-BASCULE s. m. Instrument de pesage,

CROCHETÉ, ÉE {kro-che-té) part, passé du v. Crocheter : Serrwe crochetée.

— Fig. Opéré, traité violemment ou par des moyens maladroits : La question des participes est une serrure brouilléé à jamais, à force d’avoir été crochbtbb, (F. Génin.)

CROCHETÉE s. f. (kro-che-té — rad. crochet). Mar. Partie de voile que l’ouvrier peut achever sans reprendre son crochet.

CROCHETER v. a. ou tr. (kro-che-térad. crochet. Change l’avant-dernier e en è devant une syllabe muette : Je crochète, lu crochèteras}. Saisir à l’aide d’un crochet : Quels biens lux donne-t-on en échange ? Le droit de traoailler quinze heures accroupi dans un atelier malsain, ou bien d’aller crocheter tes ordures et y chercher sa vie. (Kourier.)

— Ouvrir à l’aide d’un crochet : Crocheter une porte, une serrure. J’ai cru entendre des voleurs gui crochetaient ma porte. (Bruys.) Un serrurier gui crochète une serrure est plus sévèrement puni que les autres individus.

■ ’— Pig. Tirer subtilement le secret de : Ils m’ont laissé itjnorer ce gui se passe là-dessus, ■ et je n’ai pas cru devotr crocheter des amis si respectables. (St-Sim.) Il Cette expression pittoresque est très-ancienne ; elle est peu usitée de nos jours.

Se crocheter v. pr. Pop. Se battre, en venir aux mains : Ces deux hommes se crochetaient comme des chiens, il C’est abusivement qu’on emploie se crocher dans le même sens.

CROCHETEUR s. m. (kro-che-teur — rad. crocheter), l’ortefaix qui transperte ses fardeaux a l’aide des crochets ; portefaix en général : La vanité est tellement ancrée dans le cœur de l’homme, qu’un goujat, qu’un marmiton, un crochbteur se vante et veut avoir ses admirateurs. (Pasc.) Protagoras est peut-être le premier crocheteur qui soit devenu philosophe. (Barthéi.) Les anaiomistes sont comme les crochbteurs de Paris, qui connaissent toutes les rues, mais qui ne savent point ce gui se passe dans les maisons. (Laurentie.) Antrefois, à Constantinopte, les crochetëurs portaient tous des fardeaux de 400 kilogrammes. (Maquel.) Les crochetëurs de Lyon sont aujourd’hui ce qu’ils furent toujours, crapuleux, brutaux, insolents, égoïstes et lâches. (Proudh.) ... II n’est crocheteur ni courtaud de boutique Qui n’estime a vertu l’art ou sa moin s’applique.

RÉaKIER.

— Par ext. Homme grossier, brutal et sans éducation, comme sont d’ordinaire les crochetëurs ; Il faut être un crocheteur pour battre ainsi sa femme.

Métier de crocheteur, Profession vile ou pénible. U Santé de crocheteur, Santé des plus robustes.

Crocheteur de portes, de serrures. Individu qui ouvre les portes à l’aide d’un crochet : Un habile crocheteur de serrures.

tl Eig, Crocheteur de secrets, Personne subtile pour pénétrer les secrets d’autrui : Avec leurs manières d’estropier le français et d’avoir toujours l’air de planer dans les airs, ces A llemands sont les plus habiles crochetëurs de secrets. (Bâte.) u Rousseau a dit Crocheteur de bourses pour filou.

CROCHETIER s. m. {kro-che-tié — rad. tf/’0< ;AeO.Teclin. Ouvrier qui fabrique des crochets de portefaix. 0 Ouvrier qui confectionne des agrafes.

CROCHETON s. m. (kro-che-ton — dimin. de crochet). Chacune des deux branches courbées d’un crochet de portefaix.

CROCHEU s. m. (kro-^heu — rad. croc), Teuhn, Outil percé do trous dans lesquels on introduit les pointes des cardes, pour en modifier la courbure. U Instrument decordier.

CROCHON s. m. (kro-chon). Géol. Angle

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situé au pli d’une couche : Le plus souvent il y a renflement dans le cruchon d’un pli, et l’épaisseur d’une couche d’un mètre peut y être portée à deux mètres. (A. Burat.)

CROCHU, UE adj. (kro-chu — rad. croc), Courbé en croc : Des dents crochues. Des ongles crochus. Des mains crochues. Un nez crochu. Un fer crochu. Ses mains maigres et velues montraient les doigts crochus des hom■mes habitués à compter des écus. (Balz.) On n’est plus obligé aujourd’hui de labourer soimême son petit champ, d’avoir les ongles crochus et la harbesalepour être 2ï6re.(Chateaub.) Les Chinois se font honneur d’avoir de grands ongles crochus. (Maquel.)

— Fam. Mains crochues, Naturel avide, rapace, porté au vol :

... Leur main crochue, à voler toujours prête, Aime mieux écorcher que de tondre la bête.

Boursault.

— Philos. Corps ou atomes crochus, Atomes à qui leur disposition a permis de s’agglomérer et de composer ainsi l’univers, dans le système d’Épicure :

Des corps ronds et crochus errant parmi le vide.

Boilëau.

— Manég. Cheval crochu, Cheval dont les genoux se rapprochent trop.

— Anat. Os crochu ou unciforme, Quatrième os de la seconde rangée du carpe. Il Petit os du genou chez le cheval.

— Manim. Antilope crochue, Espèce d’antilope dont les cornes ont leurs pointes légèrement courbées en avant.

— Miner. Se dit de la cassure d’un minéral, quand la surface des fragments détachés par le choc présente de petites aspérités pointues et contournées : La cassure crochue est celle que donnent les métaux, particulièrement ceux qui sont cristallisés confusément à l’intérieur, et où il s’est formé des groupements dendritigues. (Landrin.)

— Antonyme. Droit.

CROCHUER v. a. ou tr. (kro-chu-é — rad. crochu). Rendre crochu. Il Vieux mot.

Crocinio in Egîtio (il), opéra héroïque, paroles de Rossi, musique de Meyerbeer, représenté à la Fenice, k Venise, en 1824. Cet ouvrage appartient a la première manière tout italienne du maître. Il lui valut les rodomontades de son ami Weber. C’est dans le Crociato que se révèle le génie musical de Meyerbeer. À travers les formules et le style imité de Rossini, on distingue des. conceptions harmoniques puissantes et variées. Nous ne parlons pas du chœur des Croisés, qui est devenu populaire, non pas de cette popularité digne et enviable des chœurs des chasseurs d’Euryanthe et de Freyschùtz, mais de la popularité vulgaire des vaudevilles de Scribe. Nous rappellerons surtout l’air magnifique de soprano : Ah ! corne rapida, qui serait un chef-d’œuvre si la musique de la strette convenait à la situation et aux émotions du cœur d’une mère.

Nous reproduisons ci-après le chœur des Croisés, qui est, ainsi qu’on l’a dit plus haut, le morceau le plus connu de cette partition.

Andante. -& quasi aile-. exetto.

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Sous les om-bresdela nuit, Com-pa

« gnons, marchons sans bruit ! De ce

om ■ bres de la nuit. Le fer en k k fc, fin.

— ver, braver le sort. A lui la mort !

lui, a lui la mortl

Point de par ■

^^ISeppÉi

— don l point de mer-ci ! Cor c’est jus Point de mer.

nuit.

Sous les

%^f^spf^

à lui la mort ! à lui la mort ! a ’

CROCIATONOM, ville de la Gaule, dans la Lyonnaise IIe, capitale des Unelli. Elle correspond, suivant M. Walckenuer, àValogaes ou à Barneville.

CROCIDIÊ s. f. (kro-si-dJ — dimin. du gr. krokis, duvet). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, de la tribu des sénécionées, renfermant une seule espèce, qui croît dans les régions occidentales de l’Amérique du Nord.

CROCIDISME s. m. (kre-si-di-sme — du gr. krokudismos ; de krokus, ftocon). Pathol. Syn. de carphologie. it On écrit plus rarement, mais plus régulièrement crocydisme.

CROC1DOLITE S. f. (kro-si-do-li-te — du gr. krokis, krokidos, poil, fibre ; lithos, pierre). Miner. Nom donné par Haussmann, à cause de sa texture fibreuse, à une substance, encore imparfaitement étudiée, que l’on trouve aux environs du Cap de Bonne-Espérance, et près de Golling, dans le pays de Salzbourg.

CROCIDURE s. m. (kro-si-du-re — du gr. krokis, krokidos, duvet ; aura, queue). Mamm. Genre de mammifères détaché du genre musaraigne.

CHOC1LLIACUM, nom ancien d*u CroiSIC.

CROCINE s. 1. (kro-si-ne — du lat. crocus, safran). Chim. Substance jaune safran.

CROCIIJON s. m. (kro-st-non) — du lat. crocus, safran). Pharm. Onguent préparé au safran. Il On dit aussi crocinion et croco-

MAGMIi.

CROCIPÈDE adj. (kro-si-pè-de — du lat. crocus, safran ; pes, pedis, pied). Entom. Qui a les pattes couleur jaune safran.

CROCIQUE (kro-si-ke — du lat. crocus, safran). Cliiin. Se dit d’un acide obtenu par la réaction de l’oxyde de carbone sur le potassium, n On dit aussi croconique, .

CROCISE s. f. (kro-si-ze — du gr. krokis, duvet). Entom. Genre d’insectes hyménoptères, de la famille des mellifères, qui déposent leurs œufs dans les nids des autres apiaires.

CROCODIE s. f. (kro-ko-dt— dimin. du gr. krokos, safran). Bot. Genre de petits champignons réuni, comme simple section, par plusieurs auteurs, au genre sticte.

CROCODILE s. m. (kro-ko-di-le — gr. krokodeitos, même sens). Erpét. Genre de grands lézards amphibies qui habitent les contrées chaudes ; plusieurs naturalistes en font une famille à part sous le nom de croeodiliens : Les crocodiles du Nil. Les Égyptiens qui habitent tes environs de Thèbes et du lac Maris nourrissent habituellement un crocodile qu’ils sont parvenus à apprivoiser ; ils ornent ses oreilles d’anneaux d’or ou de pierreries vitrifiées. (Hérodote.) La nature a abandonné au crocodile les rivages des mers et des grands fleuves Ses zones torrides. (Lacép.) Les crocodiles courent très-vite, mais seulement en ligne droite. (Focillon.)

Le crocodile sort de l’arène féconde,

Et balance incertain entre la terre et l’onde..

Belille. "

— Fig. Personne hypocrite et qui cherche à tromper : Ah ! crocodile, gui flatte les gens pour les étrangler ! (Mol.)

Crocodile trompeur, de qui le cœur félon Est pire qu’un satrape ou bien qu’un Lestrigonl

Molière.

Larmes de crocodile, Larmes hypocrites, parce qu’on a prétendu que le crocodile imite tes pleurs d’un enfant, pour attirer les passants et les dévorer :

Larmes de crocodile, veux lascifs, doux langage, Soupirs, souris flatteurs, tout est mis en usage, Quand il s’agit d’attraper un amant.

La Fontaine.

— Epithètes. Affreux, horrible, terrible, épouvantable, effroyable, énorme, monstruetix, cruel, avide, glouton, rampant, larmoyant, gémissant, perfide.

— Encycl. Les crocodiles ont pour caractères : tète oblongue, deux fois plus longue que large ; dents inégales, trente en bas, trente-huit en haut ; les quatrièmes de la mâchoire inférieure, qui sont les plus longues et les plus grosses de toutes, passant dans des échancrures creusées sur les bords de la mâchoire supérieure et restant apparentes au dehors ; pattes de derrière palmées ou demipàlmées ; queue aplatie, propre k la natation. Ce groupe se partage en deux sous-genres, les caïmans et les crocodiles proprement dits. (V. caïman.) Les crocodiles proprement dits sont caractérisés par la disposition de leurs dents inférieures, qui sont reçues dans de simples échancrures des maxillaires supérieurs ; par leurs jambes dentelées et par leurs pieds palmés. On en trouve en Asie, en Afrique et en Amérique, non sur ce dernier continent, mais dans quelques-unes des grandes lies qui en dépendent, telles que la Martinique, Saint-Domingue et Cuba. La terre n’est pas leur séjour de prédilection. Us s’y meuvent avec difficulté ; aussi les voit-on alors s’enfuir k l’aspect de l’homme ; mais dès qu’ils sont plongés dans l’eau, ils deviennent audacieux et ne craignent pas de s’en prendre au roi de la création. GeofTroy Saint-Hilaire dit qu’il n’est pas rare de rencontrer dans la Thébaîde des Arabes a qui ces reptiles ont emporté un bras ou une jambe. Le crocodile vulgaire était l’objet d’une attention spéciale de la part des anciens Égyptiens, qui le nommaient chamsès* C’est surtout à Thèbes qu’il était en grande vénération, et Hérodote dit que l’individu consacré était nourri dans les temples avec la chair des victimes. Après sa mort, ce reptile était soigneusement embaumé, puis déposé dans une sépulture particulière. Sous l’influence des soins qu’on leur prodiguait, les crocodiles perdaient si bien leur férocité que, parés de bracelets et de pendants d’oreilles, ils contrihuaient k la pompe des cérémonies religieuses. Ce fait, minutieusement décrit par Hérodote, a été constaté par Geoffroy Saint-Hilaire sur une momie de crocodile dont les opercules avaient été percés. Hérodote émet aussi une assertion qui, longtemps mise en doute, est de la plus exacte vérité. Cet historien dit que le crocodile a parfois l’intérieur de la bouche attaqué par de nombreux parasites, et qu’alors un petit oiseau qu’il nomme trochilus entre dans cette cavité et s’empare des bestioles sans que le reptile lui fasse-aucun mal. On n’est pas d’accord sur la nature du ■ parasite ; mais le fait d’un oiseau qui entre impunément dans la gueule du crocodile a été vérifié par le Père Sicard, missionnaire dans le Levant ; Hasselquist lui a même donné le nom de charodrius œyyplus, et Geoffroy Saint-Hilaire pense que ce sont des cousins dont il débarrasse le crocodile. Strabon, qui avait voyagé en Égypte, parle de ce reptile k peu près dans les mêmes termes qu’Hérodote. Il dit que les habitants de la ville d’Arsinoé, autrefois appelée Crocodilopolis parce que le crocodile y était en grande vénération, entretenaient dans un lac un de ces animaux qu’ils nommaient suchus et regardaient comme sacré. On le nourrissait de pain, de viande et de vin, offerts par les visiteurs. Strabon rapporte que l’Égyptien qui lui servait dé guide avait apporté, dans l’intention de les offrir au reptile, des gâteaux, de l’hydromel et de la viande cuite. L’animal sacré était alors sur les bords du lac ; le géographe vit les prêtres s’en approcher et le saisir ; l’un d’eux lui tint la gueule ouverte tandis qu’un autre y jeta la viande, les gâteaux et y versa l’hydromel ; ensuite le reptile sauta rapidement dans le lac et gagna la rive opposée. Un autre étranger étant survenu, on répéta la même manœuvre.

Le crocodile sacré des Égyptiens était d’une espèce différente du crocodile ordinaire. C’est ce qu’a très-bien établi Geoffroy Saint-Hifaire dans un mémoire inséré en 1807 dans le Xe volume des Annales Au Muséum d’histoire naturelle, sur une petite espèce de crocodile existant dans le Nil, sur ses habitudes et sur les motifs qui l’ont fait adopter et honorer dans l’antiquité sous le titre de crocodile sacré, de souk et de suchus, qui n’est évidemment que la forme latine du mot souk.

Le crocodile sacré des anciens Égyptiens, selon lui, doit être considéré comme une espèce particulière, différant des autres par sa forme, sa taille et ses habitudes. Geoffroy Saint-Hilaire tenait beaucoup à établir solidement cette opinion, et, en la reproduisant dans une séance de l’Académie des sciences du 10 décembre 1827, a vingt ans de distance, il t’appuya sur un plus grand nombre de faits et sur de nouvelles preuves tirées de l’étude spéciale qu’il avait faite de la petite espèce, de crocodiles qu’il croyait avoir seule fourni les individus objets d’un culte chez les Égyptiens, Déjà, lors de son séjour eu Égypte, il avait été conduit à cette manière de voir par l’inspection d’une tête de crocodile embaumée, trouvée par lui dans les ruines de Thèbes, et qu’il jugea appartenir k une espèce plus petite que le crocodile vulgaire. Arrivé k Paris, Geoffroy vit dans notre cabinet d’histoire naturelle un individu de la même espèce, il y avait été déposé par Adanson, qui I avait apporté du Sénégal ; ce qui le continua dans son opinion.

Cuvier, dès l’abord, crut devoir adopter une opinion différente. Suivant lui, il en était pour les crocodiles sacrés chez les anciens Égyptiens comme pour les autres animaux adorés dans les temples. Les individus.choisis

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