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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 5, part. 2, Cour-Cz.djvu/376

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CYAT

CYANOSPERME s. m. (si-a-no-sçèr-medu gr. kuanos, bleu j sperma, graine). Bot. Genre de plantes grimpantes, de la famille des légumineuses, tribu des phaséolées, comprenant deux espèces, qui croissent dans l’Inde.

CYANOSOLFBRE s. m. (si-a-no-sul-fu-re—• du gr. kuanos, bleu, et de sulfure). Chim. Combinaison de cyanogène et de soufre.

CYANOTE adj. (si-a-no-te— du gr. kuanos, bleu ; ous, oVos, oreille). Zool. Qui aies oreilles bleues.

CYANOTHAMNE s. m. (si-a-no-tamm-nedu gr. kuanos, bleu ; thamnos, buisson). Bot. Genre de plantes, de la famille des diosmées, comprenant deux espèces à fleurs bleues, qui croissent en Australie.

CYANOTIDE s. f. (si-a-no-ti-de — du gr. kuanos, bleu : ous, étos, oreille). Bot. Genre de plantes, de la famille des commélinées, formé aux dépens des éphémères, et comprenant une douzaine d’espèces, qui croissent dans l’Asie tropicale.

CYANOTIQUE adj. (si-a-no-ti-ke — rad. cyanose). Patbol. Relatif à la cyanose, il Qui a les caractères de la cyanose.

CYANOTISE s. f. (si-a-no-ti-ze — du gr. kuanos, bleu ; ous, ôlos, oreille). Bot. Genre de commélinées de l’Asie tropicale.

CYANOXYSULFIDE S. m. <si-a-no-ksi-sulfi-de — de cyanure, oxyde et sulfide). Chim. Corps obtenu par l’action du chlore sur l’acide sulfocyanhydrique jaune pulvérulent, et qui est insoluble dans l’eau, l’alcool etl’éther, mais soluble dans les alcalis étendus, qu’il colore en rouge intense.

CYANURATE s. m. (si-a-nu-ra-te — de cyanure et d’urate). Ohim. Sel produit par la combinaison de 1 acide cyanunque avec une base. *

CYANURE s. m. (si-a-nu-re — du gr. kuanos, bleu). Chim. Combinaison du cyanogène avec un corps simple : Cyanure de fer, de potassium.

— Ornith. Genre de grimpeurs détaché du genre pic.

— Encycl. Chim. V. cyanogène, CYANURE, ÉE adj. {si-a-nu-ré — rad. cyanure). Chim. Qui est ù 1 état de cyanure.

CYANURINE s. f. (si-a-nu-ri-ne — du gr. kuanos, bleu, et d’urine). Chim. Substance azotée qui colore quelquefois les urines en bleu.

CYANURIQUE adj. (si-a-nu-ri-k© — de cyanure et d’urique). Chim. Se dit d’un acide fourni par la distillation de l’acide urique. il On dit aussi cyanurénique.

CYANUS S. m. (si-a-nuss — du gr. kuanos, bleu). Bot. Section du genre centaurée, qui a pour type l’espèce vulgairement appelée

BLUËT OU BARBEAU.

CYANYLIQOE adj. (si-a-ni-li-que — de cyanure, et du gr. ulê, matière). Chim. Se dit d un acide voisin de l’acide cyanurique, .que l’on obtient par l’action de l’acide nitrique concentré chaud sur le mellane, dissous dans l’acide sulfuriquo et précipité par l’eau, et qui donne de l’acide cyanurique par ébullition.

GYAR s. m. (si-ar — du gr. kuar, trou d’aiguille). Anat. Nom du conduit auditif.

CYATHANTHÈRE s. f..(si-a-tan-tè-re — du gr. kuathos, coupe, et à’anthère). Bot. Syn,

de CRÉMANION.

CYATHE s. m. (si-a-te — du gr. kuathos, coupe). Antiq. Sorte de gobelet a anse dont on se servait pour puiser le vin dans le cratère et le verser dans les coupes.

— Métrol. anc. Mesure de capacité usitée chez les Athéniens pour les liquides, et valant la 864e partie du métrète, la 72» du choin, la 12<i du xeste et la 6e du cotyle, en centilitres 4,6. Il Mesure.de capacité usitée chez les Romains pour les liquides et les matières sèches, valant la 576° partie de l’amphore, en centilitres 4,58.

— Bot. Syn. de idulaire, genre de champignons.

CYATHÉACÉ, ÉE adj. (si-a-té-a-sé). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte aux cyathées. Il On dit aussi cyatuéoïde.

— s. f. pi. Tribu de plantes cryptogames, de la famille des fougères, ayant pour tvpe le genre eyathée : La plupart des cyathïiacées sont des fougères arborescentes. (Ad. Brongniart.)

CYATHÉE s. f. (si-a-té — du gr. kuathos, coupe). Bot. Genre de fougères arborescentes, comprenant environ trente espèces, qui croissent dans lès régions tropicales du globe : Les cyathées kabitent les lieux humides. (F. Eoy.) La cyathée médullaire de la Nouvelle-Zélande contient une moelle comestible. (F. Ilœfer.)

— Encyoï. Les cyathées sont des fougères à tiges droites, quelquefois très-élevées, terminées au sommet par un bouquet de feuilles très-grandes et élégamment découpées. On connaît dans ce genre une trentaine d’espèces, qui croissent dans les régions tropicales des deux continents. Ce sont de très-beaux végétaux, qui joignent au j>ovt majestueux, des palmiers le feuillage ’gracieux des fougères. Nous citerons la cyathée glauque (cyathée gtauca), qui croît à 1 lie de la Réunion et

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atteint 15 mètres de hauteur, et la cyathée médullaire (cyathea medullaris), qui habite la Nouvelle-Zélande. Ces deux espèces et quelques autres ont une moelle féculente et alimentaire, analogue au sagou.

CYATHELLE s. f. (si-a-tè-Ie — dimin, du gr. kuathos, coupe). Bot. Syn. de cynoctone.

CYATH1E s. f. (si-a-tî — du gr. kuathos, coupe). Bot. Syn. de midulaire, genre de champignons.

CYATHIFORME adj. (si-a-ti-for-me — du gr. kuathos, coupe, et de forme). Bot. Qui a la forme d’une coupe ; s’applique aux corolles, aux glandes, à certains champignons et lichens, etc.

CYATHILLIE s. f. (si-a-til-lî — dimin. du

gr. kuathos, coupe). Bot. Syn. de cyanopside.

’ CYATHINE s. f. (si-a-ti-ne — du gr. kua-

thos^ coupe). Polyp. Genre de polypiers actin if ormes.

CYATHOCLINE s. f. (si-a-to-kli-ne — du gr. 'kuathos, coupe ; kliné, lit, réceptacle). Bot. Genre de plantes, de la famille des composées, tribu des astérées, comprenant deux espèces, qui croissent dans l’Inde.

CYATHOCOME s. f. (si-a-to-ko-me — du gr. kuathos, coupe ; fcomé, chevelure). Bot. Genre de plantes, de la famille des cypéracées, comprenant deux espèces, qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

CYATHOCRINE s. m. (si-a-to-kri-ne —du

§ r. kuathos, coupe ; krinon, lisj. Zooph. enre d’encrines fossiles des terrains houillers d’Angleterre. Il On dit aussi cyathockinite.

CYATHODE s. m. (si-a-to-de —du gr. kuathos, coupe ; eidos, aspect). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des épacridées, tribu des styphéliées, comprenant une douzaine d’espèces, qui habitent l’Océanie.

CYATHODIE s. f. (si-a-to-dl —du gr. kuathos, coupe ; odous, ’dent). Bot. Genre de plantes cryptogames, de la famille des hépatiques, renfermant une seule espèce, qui croit dans 111e de Cuba.

CYATHOGLOTTIDE S. f. (si-a-to-glo-ti-de — du gr. kuathos, coupe ; glottis, languette). Bot. Genre de plantes épiphytes, de la famille des orchidées, tribu des aréthusées, comprenant doux espèces, qui croissent sur le tronc des arbres, dans les régions montagneuses du Pérou.

CYATHOÏDE s. m. (si-a-to-i-de — du gr. kuathos, coupe ; eidos, aspect). Bot. Syn. de midulaire, genre de champignons.

CYATHOPHORE adj. (si-a-to-fo-re — du gr. kuathos, cyathe j phoros, porteur). Hist. nat. Muni d’excavations en forme de cyathes.

— s. m. Bot. Genre de plantes cryptogames, de la famille des mousses, renfermant une seule espèce, qui croît en Australie.

CYATHOSTYtE s. m.~ (si-a-to-sti-le — du

fr. kuathos, coupe ; stulos, style). Bot. Syn. 0 W1THERINGIE.

CYATHOLE s. f. (si-a-tu-le — dimin. du gr. kuathos, coupe). Bot. Syn. de pupalie.

CYATliCS, échanson d’Œnée, rdi d’Étolie. Il périt victime de la brutalité d’Hercule. Œnée, qui avait donné sa fille en mariage à ce dernier, était venu voir son gendre à Phlionte, dans le Péloponèse. Or, un jour qu’il mangeait chez Hercule, il arriva que le jeune Cyathus ne versa pas à boire au gré d’Hercule, et le héros irrité frappa l’échanson d’un de ses doigts à la tête. Le jeune garçon mourut sur-le-champ, et les Phliasiens consacrèrent à sa mémoire un édifice où l’on voit un groupe de marbre représentant Cyathus qui offre une coupe à Hercule.

CYAXAHE, roi des Mèdes (634-594 avant J.-C), l’Assiici-ii» de la Bible. Il continua le siège de Ninive, qui avatf déjà coûté la vie a son père Phraorte, mais fut bientôt rappelé eh Médie par une invasion des Scythes qui dévastèrent l’Asie pendant plus de vingt-cinq ans. Il finit par délivrer la Médie de ces barbares, fit la guerre à Alyatte, roi de Lydie, guerre qui est restée célèbre par une éclipse de soleil, dont la date exacte n’a pas été fixée et qui a beaucoup occupé les astronomes. Cette éclipse est connue sous le nom d’éclipsé de Thaïes, parce qu’elle avait été prédite par ce philosophe. Cyaxare tourna de nouveau ses armes contre Ninive, qu’il prit et dévasta en 606. Cette date marque dans les annales de l’Orient la chute de l’empire d’Assyrie et l’accroissement de la puissance des Mèdes.-Xénophon mentionne un autre Cyaxare, fils d’Astyage, qui laissa ses États à son neveu Cyrus. Ni Hérodote ni les autres historiens ne parlent de ce prince.

CYBD ÉLIS s. m. (si-bdé-liss — du gr. kibdélisy- scorie). Entom. Genre de lépidoptères diurnes, voisin des vanesses. Il La véritable orthographe serait cibdélis ; mais est-il bien certain que le nom de ce genre de lépidoptères vienne de kibdêlis ? ne pourrait-on pas le rapporter aussi à l’adverbe kubda, tète baissée ?

— Eneycl. Les caractères de ce genre sont : tête moins large que le thorax ; yeux ovales, proéminents et velus ; palpes labiales éeailleuses, rapprochées, relevées, dépassant do beaucoup le front ; mâchoires aussi longues que le thorax ; antennes grêles, ayant environ les

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tro5s quarts de la longueur du corps, terminées par une massue ; thorax ovale, médiocrement robuste, légèrement écailleux ; ailes supérieures presque triangulaires, ayant leur bord antérieur très-peu arqué, le sommet plus ou moins tronqué ; ailes inférieures plus ou moins obovales ; pattes de la première paire écailleuses ; pattes de la deuxième et de la troisième paire médiocrement robustes ; abdomen assez grêle. Les chenilles et les chrysalides sont inconnues. Il y a cinq espèces de ce genre, qui habitent le Mexique et le Brésil. On les divise en deux groupes : cybdélis proprement dit et cyclogramme.

CYBÈBE s. m, (si-bè-be — du gr. kubêbos, courbé en devant). Entom. Genre de coléoptères tétramères, de la famille des cureulionides, comprenant deux espèces de Madagascar.

CYBÉE s. f. (si-bé — lat. cybœa, même sens). Antiq. Grand vaisseau de transport d’une forme particulière.

CYBÈLE s. f. (si-bè-le — nom mythol.). Bot. Syn. de stùnocarpe.

CYBÈLE, déesse de la Terre dans la mythologie des Grecs et des Romains, identifiée plus tard avec Rhéa. Elle était aussi appelée Ops, Vesta, Tellus, la Bonne déesse, la Mère des dieux. Suivant les uns, elle était fille du Ciel et de Saturne, et mère de Jupiter, de Neptune, de Pluton et de la plupart des dieux de premier ordre ; suivant d’autres, elle devait le jour à Méon et à Dindyme, roi et reine de Phrygie, pays d’où son culte passa en Crète. Elle aima passionnément Atys, jeune berger phrygien qui la dédaigna. Pour se venger, elle lui inspira un accès de folie furieuse pendant lequel il se mutila. Cybèle ne commença à être connue et honorée à Rome qu’au temps d’Annibàl. Ses prêtres étaient les cabires, les curetés, les dactyles idéens et les galles, qui, presque-tous, se mutilaient en son honneur. Ses mystères étaient célébrés de la manière la plus bruyante ; on lui sacrifiait une truie, à cause de sa fécondité, un taureau ou une chèvre. Le buis et le pin lui étaient consacrés. On représentait Cybèle sous les traits d’une femme robuste et puissante, la tête ceinte de tours indiquant les villes qu’elle avait prises sous sa protection ; ses vêtements étaient bigarrés, mais le vert y dominait, par allusion à la parure de la terre ; son char était traîné par des lions.

Le culte de Cybèle, selon la plupart des mythographes, ne fait pas partie de la religion primitive de la Grèce. Il s’introduisit chez les Hellènes avec celui des autres dieux phrygiens. Son origine première paraît devoir être rapportée à l’Égypte. Il ne faut, cependant pas donner a cette dernière proposition un sens trop absolu, car on connaît encore assez mal le mode de transmission des croyances religieuses chez les peuples de l’antiquité. Ce qu’on a le mieux constaté jusqu’à présent, c’est la loi d’assimilation en vertu de laquelle des divinités d’origines différentes ont tendu à se confondre entre elles, par suite des rapports établis entre les races ou les nations auxquelles elles avaient d’abord appartenu en propre. De la une confusion inextricable dans l’histoire des fables mythologiques. De lk cette multiplicité de noms de provenances diverses.

Longtemps la religion grecque a été considérée comme d’importation étrangère ; l’opinion des Hellènes eux-mêmes fournissait des arguments pour et contre cette thèse. Les études les plus récentes ont porté la science a faire une part beaucoup plus large au génie de la Grèce dans ses créations mythologiques comme dans les autres. Cependant il serait difficile de décider, encore aujourd’hui, si la Grèce n’a fait que transformer les mythes astronomiques de l’Égypte et de l’Asie, en leur faisant subir l’empreinte de son esprit anthropomorphe, et cela dès une époque très-reculée ; ou si, au contraire, elle a insensiblement modifié ses divinités nationales en leur prêtant des attributs appartenant à une religion plus savante. À quelque solution que l’on s’arrête, il n’en reste pas moins établi qu’à la grande époque du paganisme hellé^ nique, c est-à-dire antérieurement aux importations asiatiques du vue et du vie siècle, le fond de la religion grecque présente un caractère surtout humain, une signification qui ne s’élève guère au delà des conceptions pratiques et morales, et c’est ou éctate le génie actif de la Grèce. Les croyances égyptiennes présentent un caractère tout opposé. Sans rechercher ici, au milieu de controverses qui ne sont pas épuisées, où les mythes égyptiens ont pris naissance, nous n’avons pas de peine à en reconnaître la signification naturaliste. Cette signification s’est plus ou moins conservée dans les religions asiatiques, avec lesquelles la Grèce s’est trouvée en contact direct par ses colonies. On déterminerait difficilement si ce fait tient à la communauté d’origine des divers mythes nationaux, ou s’il fut le produit des assimilations postérieures ; mais il est certain que nulle part la signification dont il s’agit ne se manifesta mieux qu’en Égypte. C’est donc à l’Égypte qu’il faut demander l’explication de ces mythes en tant qu’ils comportent un sens précis. Quant à la diversité des fables qui se refusent à l’application symbolique, il la faut rapporter aux inventions locales, ou d’une autre source, primitives ou surajoutées.

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Ainsi en fut-il du mythe phrygien de Cybèle. C’est Isis. Mais elle ne garde pas toujours, el dans toute sa pureté, le caractère de la divinité égyptienne. Dans le grand nombre des variations de sa fable, il n est pas facile de discerner exactement les lieux et les époques, et il serait téméraire d’affirmer que c’est là une Isis venue d’Égypte et décorée d’un nom phrygien. N’est-ce pas plutôt une divinité locale dont la fable aurait été modifiée postérieurement par des additions empruntées au mythe d’Isis ?

Rien de plus simple, en principe, que la notion de cette divinité. Cybèle, c’est la terre, c’est la mère commune des hommes et des dieux ; c’est la nature, c’est par suite la science abstruse qu’il est donné au génie de l’homme de découvrir et d’extraire, —au prix de quels sacrifices 1 Ainsi a-t-elle été comprise par les postes. Ils ont personnifié dans Atys, le mol Atys, i)|JitOi’|Xi>((demi-femme), l’amoureux des secrets de nature qui a immolé sur l’autel de la science les joies de la vie et jusqu’à l’orfueil physique de la virilité. L’auteur des dylles parisiennes, etc., Jean Larocque, écrivait récemment dans ce sens :

Faisons-nous de nos cœurs un asile sauvage.

Tel Atys inspiré se meurtrit de ses mains.

Poursuivons l’idéal loin des sentiers humains. Tout le dogme moral d’Atys et de Cybèle est compris dans ces trois vers. Ronsard avait déjà fait suivre son élégie d’Atys, le Pin, de sa belle invocation à Cybèle :

Je te salue, 6 Bérécynthienne ! et il avait exprimé, dans ces deux vers admirables de la fin, le mouvement d’effroi que cause au poète la vue du terrible sacrifice : Autres que moi soient prêtres de ta fête, Initiés aux dépens de leur chair !

Mais, pour qu’on ne voie pas dans cette explication si frappante une invention des modernes, remontons jusqu’à un poème antique, d’un caractère éminemment liturgique et d’une signification non moins précise, le De Aty de Catulle. Dans Catulle, Atys, qui n’est pas un amant, mais seulement un serviteur, famula, regrette l’abandon qu’il a fait des bonheurs de la nature pour l’aspect des forêts sauvages de Phrygie, Phrygiam ad domum Cybeles, Phrygia ad nemora Bece ; il se plaint :

Egone a mea rtmota hase ferar in nemora domo f

Patria, bonis, amicia, genitoribus abero ?

Abero foro, palœstra, stadio et gymnasiis ?...

Ego puber, ego adolescent, ego ephebus, ego puer%

Ego gymnasii fui fias, ego eram decus olei.

Mihi janum fréquentes, mihi limina tepida-,

Mihi floridit corollis redimita domut crat,

Linquendv.ni ubi esset orto mihi sole cubiculum.

Egone deum ministra, et Cybeles famula ferar ?

Ego, Mœnat, ego mei pars, ego vir tterilis ero ?...

Jamjam dolet quod cgi, jamjamque pœnitet.

Mais la déesse implacable, juneta juga resotvens Cybèle leonibus, excite contre lui la fureur des lions dont elle est accompagnée et l’éloigné du rivage : ... llle démens fugit m nemoro fera.

Ce que Cybèle exige n’est que son culte, et non son amour. (Combien ces fables antiques gagnent à être interprétées par les anciens 1) :

Mea libère nimU qui fugere imperia eupit.

En terminant ce poSme d’un mètre aussi étrange que le sentiment et que le sujet, Catulle s’écrie avant Ronsard, mais d’un accent plus religieux :

Dca, magna Dca, Cybete, Didymi des domina, Procul a mea tuus sit furor omnit, hera, domo ! Alios âge incilatos, alios âge rabidos.

Tel est ce chant du poète qui se qualifie lui-même de pius poêla, élément précieux du sujet que nous traitons et dont cependant les mythologues modernes paraissent n’avoir fait aucun usage. Quel est cet entraînement si terrible ; si absolu/et qui prête au poète des expressions si émues et si profondes ? N’est-co point l’entraînement d’une âme impatiente des secrets de la nature ?

Le texte de Catulle fixe le sens qu’avait pris, sous l’influence des idées grecques, le mythe de Cybèle et d’Atys. Mais on ose à peine reconnaître la même pensée dans Anacrèon. Voici ce qu’il dit :

01 ji.lv naM^ KuStjeijv TÔv ^tûÔT)uv *Amv lv -oupcaiv poûvTa Xipuaiv mitavrivai.

Ces quatre vers méritaient d’être cités. Leur caractère antiquo est évident. La construction est contemporaine de Pindare, à n’en pas douter. La simplicité du début, l’emploi du v euphonique devant une consonne, la netteté, ’ la fermeté de l’expression décèlent un poète encore voisin des premiers gnomiques. Or Anacrèon, —nous le reconnaissons bien à ces caractères, —parle de Cybèle et d’Atys comme d’une simple fable populaire : ■ On dit que le mol Atys, par les monts, poursuivant de sus cris Cybèle en sa fleur, tomba en délire. ■ On hésite à voir dans cette nymphe KuSi^êt) la vénérable épouse de Saturne. Cependant l’épithète grecque mlijv est celle qui lui convient. D’autre part, le délire dont parle le poète est celui de l’enthousiasme : il le compare à celui des disciples d’Apollon et de Bacchus et demande à en être frappé lui-même. N’assistet-on pas à la naissance du mythe grec et de son interprétation poétique ?