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— Se troubler, se déconcerter, perdre son énergie morale, son courage : Une partie de la bande commençait à se démoraliser lorsgue le moine arriva. (G. Sand.).

DÉMORALISEUR s. m. (dé-mo-ra-li-zeur

— rad. démoraliser). Celui qui démoralise. Il Peu usité. On dit plutôt démoralisateur.

DÉMORDRE v. n. ou intr. (dé-xnor-dredu préf. privât, , et de mordre. Se conjugue comme mordre). Abandonner, en parlant de ce qu’on mordait : La belette mord de toute sa mâchoire, et, au lieu de démordre, ellesuce le sang de l’endroit entamé. (Buff.) Il Peu usité.

— Fig. Se désister, se dédire ; s’emploie surtout avec la négation : Je ne suis pas homme à démordre jamais d’un pouce de mes -prétentions. {Mol.) Les hommes ne veulent point démordre de leurs opinions ; ce qu’ils ont une fois voulu, ils le veulent toujours. (Rancé.)

DÉMORGANER v. n. ou intr. (dé-mor-gané). Argot. Céder, se rendre h l’avis d’autrui.

DEMORTBEUX (Pierre-Thomas-Frédéric), magistrat et homme politique français, né à Lisieux (Calvados) en 1798. Il se fit recevoir avocat en 1822, se signala sous la Restauration par son ardent libéralisme, et fut nommé, après la révolution de Juillet, président du tribunal civil de sa ville natale. feousle gouvernement de Louis-Philippe, M. Demortreux

ne se rangea pas dans le parti des satisfaits ; il ne cessa de combattre la politique et la candidature de M. Guizot, que le collège électoral de Lisieux avait choisi pour député, et devint membre du con&ail général du Calvados. Après la révolution de 1848, M. Deinortreux fut chargé de remplir les fonctions de sous-commissaire à Lisieux, puis nommé dans son département membre de la Constituante. 11 y appuya de ses votes toutes les mesures démocratiques, se prononça en faveur de l’amendement Grévy, et fut un des adversaires

de la politique de l’Élysée. Son.mandat ne lui ayant pas été renouvelé pour l’Assemblée législative, M. Demortreux retourna prendre la présidence du tribunal de Lisieux.

DÉMOSTHÈNE, général athénien de la seconde moitié du ve siècle avant notre ère. Il se distingua par ses talents et par son courage pendant la guerre du Péloponèse, défendit avec une grande habileté Naupacte, en 425, releva de ses ruines et fortifia Pylos, battit les Lacédémoniens qui vinrent l’y attaquer et les força à se retirer honteusement. Bientôt après, il ravagea les côtes du Péloponèse, s’empara du port de Nicôe, appartenant aux Mégariens, s’avança en Béotie, prit Délium, mais rencontra près de cette ville une armée de Thébains qui fit subir à ses troupes une défaite complète (422). Envoyé en Sicile pour secourir Nicias (413), il marcha sur Syracuse, fut attaqué par les Thébains et les Lacédémoniens, subit un grave échec, eut, peu de temps après, sa flotte et sa marine presque entièrement anéanties, et tomba lui-même entre les mains des ennemis en essayant d’opérer sa retraite. D’après Timée, Démosthène et Nicias, qui était également prisonnier, se donnèrent la mort dans leur prison ; Thucydide prétend au*contraire que les deux généraux furent lapidés par les Syracusains.

DÉMOSTHÈNE, le plus grand des orateurs de l’antiquité, né près d’Athènes l’an 385 av. J.-C, mort en 322. Il était fils de Démosthène, citoyen dudemede Pœania, etdeCléobule, fille de Gylon. Ce Gylon avait été gouverneur de Nymphjeum, colonie athénienne

dans la Chersonèse Taurique, et avait livré cette ville aux Scythes, chez lesquels il se réfugia pour échapper h la punition réservée à sa trahison. Il y épousa une femme scythe, qui fut la grand’mère maternelle de Démosthène. Cette origine demi-barbare et le crime de Gylon sont vivement reprochés à Démosthène par Eschine dans son discours Contre Clésiphon. Le père de notre orateur était armurier et avait acquis dans l’exercice de sa profession une fortune considérable. En mourant, il confia son fils, alors âgé de sept ans, et une fille plus jeune encore, à la tutelle de deux de ses cousins, Aphobus et Démophon, et d’un de ses amis, Thérippide. Mais, ainsi que Démosthène nou3 l’apprend lui-même, au heu de s’appliquer à augmenter par une sage administration la fortune de leurs pupilles, ils la dissipèrent presque entièrement. Plutarque prétend même qu’ils ne donnèrent aucun maître à Démosthène et négligèrent complètement son éducation. Cependant, dans un passage de son discours Sur la couronne, où il s’eilorce de rehausser tout ce qui concerne l’histoire de ses premières années, l’orateur se vante d’avoir reçu une.excellente éducation. On a dit qu’il avait étudié la philosophie avec Platon et qu’il avait été l’élève d’Eubulide de Milet ; mais cette assertion n’a jamais été prouvée.

D’après une tradition rapportée par Plutarque et généralement adoptée, ce fut en entendant plaider Callistrate, l’une des gloires du barreau athénien d’alors, que Démosthène sentit s’éveiller en lui l’ambition de devenir lui aussi un orateur. Cicéron (De Oratore, liv. II) dit qu’il Se forma à l’école d’isoerate ; mais Piutarque affirme exprès-sèment qu’il ne fut pas élève de cet orateur et établit par une foule de preuves, plutôt

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spécieuses que réelles, qu’il dut suivre de préférence les leçons du véhément Isée. Cette opinion de Piutarque est partagée par d’autres biographes do Démosthène, par Libanius et par Zozime entre autres. Plusieurs même vont jusqu’à dire que ses plaidoyers contre ses tuteurs furent écrits, ou au moins corrigés par Isée ; ils appuient leur assertion sur la jeunesse de l’orateur à l’époque où il les prononça, et sur ce qu’ils offrent tous les caractères du style d’Isée.

On connaît les défauts physiques contre lesquels Démosthène eut à lutter, et l’on a souvent cité comme un exemple de courage et de persévérance les moyens qu’il employa pour les surmonter. Mais les différents récits que l’on a faits à ce sujet ne reposent que sur des autorités bien discutables, car ils ne sont rapportés que par des historiens qui vivaient longtemps après lui. Piutarque, cependant, prétend que ce qu’il raconte à ce sujet est conforme au récit de Démétrius de Phalère, qui l’avait appris de Démosthène lui-même, déjà vieux.

D’après ce récit, Démosthène était naturellement faible de constitution, avait la voix peu étendue, la prononciation embarrassée et l’haleine courte. Ces défauts ne l’empêchèrent point de triompher dans le procès contre ses tuteurs ; mais lorsque, encouragé par ce premier succès, il voulut affronter la tribune publique, il rencontra en eux un obstacle que tout autre que lui eût cru ne pouvoir surmonter. Il n’en jugea pas ainsi. Repoussé à deux reprises par les huées de ces Athéniens qui ne pouvaient supporter un barbarisme, ni même une intonation fausse, il commença contre lui-même un violent et opiniâtre combat, pour assouplir, pour régler un géuie que l’excès d’énergie pouvait égarer, et pour acquérir les qualités extérieures qui complètent 1 orateur public. II fit de nouvelles études de style, corrigea les vices de sa prononciation en déclamant de longs morceaux la bouche pleine de petits cailloux, haranguant les flots soulevés pour s’accoutumer aux orages des assemblées populaires". Tout le monde connaît ce souterrain dans lequel il demeurait enfermé des mois entiers, la tête à demi rasée, pour s’interdire l’envie de quitter sa retraite, et là copiant Thucydide jusqu’à huit fois de suite, s’exerçant à tout exprimer en orateur, préparant des morceaux pour toute occasion, sans cesse déclamant, méditant, écrivant. C’est sans doute cette énergique opiniâtreté au travail qui fit dire plus tard aux envieux de sa gloire que ses harangues sentaient l’huile ; mais il put leur répondre avec raison que sa lampe et la leur n’éclairaient pas les mêmes travaux.

Nous avons parlé plus haut du procès de Démosthène contre ses tuteurs : il le leur intenta en 366, dès qu’il eut atteint sa majorité ; mais ils surent faire traîner l’affaire en longueur, et ce ne fut qu’en 364 qu’Aphobus, l’un d’eux, fut condamné à lui payer 10 talents (56,000 fr, environ). C’est à ce procès que. se rapportent les trois discours Contre Aphobus et les deux Contre Onétor. En ne tenant pas compte des deux tentatives infructueuses qui révélèrent à Démosthène

tout ce qui lui manquait encore pour être un orateur, il s’écoula plus de huit années avant qu’il reparût à la tribune ; mais cette fois son éloquence obtint le succès le plus complet et le plus brillant. Les discours Contre Aristocrate (350), Contre la loi de Leptine et Contre Androtion (355) posèrent les fondements de sa réputation, qui devint bientôt telle qu’il fut confirmé en 354 dans la dignité de membre du conseil, qui lui avait été conférée par le sort l’année précédente. C’est à la même époque que fut composé son plaidoyer contre Midias, qui, pendant la célébration des fêtes de Bacchus, l’avait frappé au visage en plein théâtre 5 mais il ne prononça pas ce discours et transigea avec son adversaire, moyennant une somme de 30 mines (2,780 fr.) que lui paya ce dernier. C’est là du moins ce que prétend Eschine lorsqu’il accuse son adversaire de vénalité. Nous ne nous arrêterons pas sur les autres plaidoyers que Démosthène prononça vers la même époque et qui n’offrent du reste qu’un intérêt secondaire. Nous avons hâte d’arriver à l’époque la plus brillante de sa vie, à celle où il se révéla à la fois patriote ardent, homme d’État consommé et orateur irrésistible.

Dans un premier discours Sur la classe des armateurs (mpi uuniMifiûv), prononcé en 354, il détourne ses concitoyens d’entreprendre contre la Perse une lutte inégale, ou ils ne pourraient qu’user leurs forces sans arriver a aucun résultat. L’année suivante, il prend parti pour les Mégalopolitains, contre lesquels Sparte réclamait les secours d’Athènes ; il prouve à ses compatriotes qu’il est de leur intérêt, de leur honneur, de se mettre au-dessus des rivalités mesquines qui divisent les républiques de la Grèce, qu’ils doivent se faire les protecteurs des villes opprimées. C’est dans ce discours que commence à s’affirmer hautement la politique de Démosthène : il sert en quelque sorte de prélude immédiat à sa lutte avec Philippe de Macédoine, lutte que la mort de celui-ci ne devait pas interrompre et qui allait remplir toute la vie de l’orateur. Déjà il voyait le Macédonien, méditant l’asservissement de la Grèce, développer son plan d’agrandissement et s’avancer par une progression lente et sure, en employant tour a tour la ruse, la force et la corruption ; le

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premier, il pénétra sa politique, en suivit le développement graduel, et, lorsque le moment lui sembla venu, sa voix, retentissant de la tribune d’Athènes dans tous les coins de la Grèce dénonça les projets ambitieux de Philippe. A chacune de ses entreprises, à chacune de ses invasions, il éclatait avec un redoublement d’énergie, et pendant plus de quinze années Philippe ne put faire un pas en avant sans se trouver en face de cet adversaire opiniâtre qu’il redoutait plus qu’une armée. C’est en 352 que Démosthène prononça la première Philippique, L’année précédente la roi de Macédoine, levant le masque, avait essayé de franchir les Thermopyles ; mais cette tentative n’avait fait que tourner à sa honte. Démosthène monte à la tribune, et, dans une harangue véhémente, il excite ses concitoyens à secouer la torpeur dans laquelle ils sont plongés, leur reproche leur lenteur, leur hésitation à prendre des mesures décisives ; leur montre leur ennemi, au sein d’une inaction apparente, préparant ses forces et se disposant à une lutte prochaine, etc. Mais il ne put faire passer la flamme de son patriotisme, l’énergie de ses défiances dans 1 âme des Athéniens dégénérés, qui applaudissaient à ses harangues brûlantes, plutôt avec un enthousiasme d’artistes qu’avec l’ardeur de citoyens. Il ne réussit qu’à leur arracher des mesures impuissantes ou tardives. Ils se réveillèrent enfin dans la stupeur et l’effroi quand déjà Philippe n’était plus qu’à deux journées de l’Attique et ne dissimulait plus ses projets. À ce moment suprême d’un péril qu’il avait tant de fois annoncé, Démosthène fait tète à l’orage, indique les moyens de le conjurer, enflamme les Thébains et les entraîne dans l’alliance d’Athènes, malgré l’or et les intrigues de Philippe. Les prêtres vendus épouvantaient les esprits par de sinistres présages ; mais le grand orateur, accusant la pythie de philippiser, flétrit ces oracles soudoyés, presse les armements, et communique à toutes les âmes son enthousiasme et sa foi. La bataille de Chéronée (338 av. J.-C.) livra la Grèce à Philippe. Mais à la mort du roi de Macédoine Démosthène se livra à de nouvelles espérances ; à sa voix les cités grecques formèrent encore une ligue contre la Macédoine. Alexandre dompta ce réveil d’indépendance

Ï>ar la destruction de Thèbes, mais, grâce à a médiation de Démade, pardonna à Athènes et aux orateurs patriotes. Dans les années suivantes, la cité retentit d’accusations vénales ou passionnées. Eschine, le représentant du parti macédonien, mit Démosthène en cause en attaquant Ctésiphon, promoteur du décret qui le couronnait pour son patriotisme. C’est la fameuse affaire de la Couronne. Obligé de se justifier d’avoir donné à sa patrie des conseils qui n’avaient attiré que des désastres, le grand orateur triompha de son indigne adversaire en opposant & la doctrine matérialiste de l’intérêt la sublime philosophie du devoir, de l’honneur et du dévouement à la patrie. Il fut moins heureux quand les mêmes haines l’obligèrent de s’exiler d’Athènes devant l’accusation vraisemblablement calomnieuse de

s’être laissé corrompre par Harpalus, gouverneur concussionnaire de Babylone, réfugié à Athènes. Mais la mort d’Alexandre au milieu de ses conquêtes (323) vint l’arracher aux amères souffrances de l’exil pour le rejeter dans la lutte. Il parcourut spontanément les cités pour les armer contre 1 éfernel ennemi. Les Athéniens récompensèrent son indomptable énergie en l’envoyant chercher à Egine sur une trirème d’honneur. La victoire d’Antipater à Cranon anéantit les dernières espérances de l’indépendance hellénique. Poursuivi par les satellites du vainqueur, Démosthène s’empoisonna dans le sanctuaire de Neptune, à

Calaurie, comme pour enlèvera ses bourreaux l’odieuse satisfaction d’un sacrilège et d’un assassinat (322 av. J.-C). Les harangues de Démosthène sont les monuments les plus sublimes de l’éloquence humaine et du patriotisme. La meilleure -traduction française est celle de M. Stiévenart (Paris, 1842). L’appréciation suivante sur Démosthène, que nous empruntons à Lamennais (Esquisse (tune philosophie), ne sera pas déplacée dans cet article :

« Démosthène semble avoir posé dans la Grèce encore libre les bornes de l’art. Ce n’est pas que d’autres n’aient eu des qualités qui lui manquaient ; mais les plus ôminentes, il les possédait toutes, et toutes à un degré qu’on n’a point égalé. Quel que soit son sujet, il l’agrandit naturellement et sans effort. À mesure qu’il le dessine, vous y voyez l’empreinte d’une puissance extraordinaire : on dirait le torse d’Hercule.. Dans tous les membres de ce corps on sent couler une vie énergique ; ses muscles tendus se gonflent et palpitent ; un soufle plus qu’humain bruit profondément dans sa vaste poitrine. Le colosse se meut, lève le bras, et, avant même qu’il ait frappé, nul ne doute un instant que la victoire puisse être indécise. Ce qui domine dans Démosthène, c’est une logique sévère, une dialectique vigoureuse, serrée, un étroit enchaînement d’où résulte un tout compacte et indissoluble. Ne cherchez point en lui la souplesse élégante, la grâce flexible et molle, l’insinuation craintive, la ruse qui s’enveloppe et fuit pour revenir ; il va droit à son but, renversant, brisant de son seul poids tous les obstacles. Sa diction est nerveuse, concise, et cependant périodique. Pas une

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phrase oiseuse dans le discours, pas un mot oiseux dans la phrase. Il force la conviction, il entraîne à sa suite l’auditeur maîtrisé, et, s’il hésite, ouvrant une soudaine issue à la tempête qu’il retenait en soi, il l’emporte comme les vents emportent une feuille sèche. >

Nous ne nous sommes pas arrêtés sur les grandes harangues de Démosthène, la plupart devant être l’objet d’une étude spéciale a leur ordre alphabétique dans le Grand Dictionnaire. Nous allons donner simplement la liste de ses discours avec l’époque à laquelle ils furent composés ou prononcés. Nous les diviserons en deux classes :

10 Discours politiques.Sur les classes des marins (354 av. J.-C-) ; Pour les Mégalopolitains (353) ; Sur les réformes publiques (353) ; Ire Philippique (352) ; Pour les llhodiens (351) ; les trois Olynthiennes, appelées k aussi Ile, ///o et IV» Philippiques (349) ; Ve Philippique (347) ; V/e Philippique ou Discours sur la paix (346) ; Vile Philippique (344) ; VIII» Philippique ou Discours sur tiaîonêse (343) ; IXe Philippique ou Discours sur les affaires de Chersonèse (342) ; Xe et Xle P/ùtippiques, aie plusieurs regardent comme la Ille et la Ive des Philippiques proprement dites (342 et 341) ; Xlle Philippique ou Discours contre Letter (339)} Discours funèbre (33S) ; Discours sur les traités avec Alexandre (323). De ces différents discours, celui sur Halonèse, la Xle Philippiquel les discours contre Letter, sur les traités avec Alexandre et sur les réformes publiques, ainsi que l’oraison funèbre, sont regardés comme apocryphes par un grand nombre d’auteurs.

2" Discours judiciaires. — Les trois discours Contre Aphobus, les deux Contre Onétor et celui Contre Callippe, prononcés tous les six en 364 ; Contre Polyclès et Sur la couronne navale (361) ; Contre Androtion et Contre Lep- fiHfi(355) ; Contre Evergus et Mnesibulus (après 356) ; Contre Zénothémis (après 355) ; Contre Timocrate (353) ; Contre Aristocrate (352) ; Contre Timolhée (avant 351) ; Contre Bceotus (351) ; Pour Phormion (350) ; Contre Midias (34S) ; ContreBœotusencore (347) ; ConirePantœnetus (347) ; Contre Eubulide (après 346) ; les deux Contre Stephanus (avant 343) ; Sur les malversations de l’ambassade (343) -.Contre Conçu (après 343) ; Contre Olympiodore (après 342) ; Contre Neœra (340) ; Contre Théocrine (après 336) ; Contre Aristogiton (après 33S) ; Contre Phormion (après 336) ; Contre Dionysodore (après 331) ; Sur la couronne (330) ; Contre Théocrinus (325). À cette liste on peut joindre les discours, d’une époque incertaine, Contre Apaturius, Pour Lacritus, Contre Nausimaque, Xénopithe, Spudias, Phœnippe, Macastatus, Lëocharès, Miostrate et Calliclès. Il est inutile d’ajouter que l’authenticité d’un grand nombre de ces discours est mise en doute par de savants hellénistes.

Les osuvres de Démosthène ont été traduites plusieurs fois dans presque toutes les langues de l’Europe ; parmi les traducteurs français, nous citerons : Jacques Pierron, Jean Lalemant, Leroy, Duvair, de Maucroix, de Tourreil, d’Olivet, Bignon, Jager, Ploufoulm et Stiévenart. La traduction de ce ernier (Paris, 1842, in-8°) est la plus complète de toutes. Quant aux éditions qui ont été données du texte original, elles sont innombrables. On les trouve d abord dans les

collections des Orateurs attiques, publiées par Aide, Henri Estienne, Taylor, Reiske, Dukas, Bekker, Dobson, A. F. Didot, Tauchnitz et Teubner. Les principales éditions particulières sont celles d’Aide (Venise, 1504) ; de Feliciano (Venise, 1543) ; de Morel et Lambin (Paris, 1570) ; d’Auger (Paris, 1790) ; de Schœffer (Leipzig, 1822, 9 vol. in-8«) ; de Vœmel (Paris, 1843, 2 vol.) : de Dindorf (Oxford, 1840-1849, 6 vol.). Enfin, parmi les auteurs modernes que l’on peut consulter avec le plus de fruit sur la vie du grand orateur, nous citerons : Becker, Démosthène homme d’État et orateur (Halle, 1816, in-8°, en allem.) ; Taylor, Life of Démosthène, et surtout A. Schœffer, Démosthène und seine Zeii (Démostliène et son époque, Leipzig, 1S56-5S, 3 vol.). Nous ne saurions terminer la biographie du grand lorateur athénien par une sècbo nomenclature. Puisque nous venons de nommer ceux qui ont parlé de lui, citons en finissant une page dans laquelle M. A. Pierron apprécie admirablement le talent de l’auteur des Philippiques.

« Le bon Piutarque a remarqué avec raison que plusieurs choses ont manqué k Démosthène, surtout la vraie force d’âme, et

qu’avec tout son génie il n’a pourtant pas mérité d’être placé au rang des orateurs antiques, de ceux qui avaient été, comme Périclès, de grands hommes d’État et des généraux habiles et braves. Cette fière assurance que donnait à Périclès la conscience des grandes œuvres accomplies, Démosthène, si malheureux dans ses entreprises, n’en avait souvent que l’apparence. Il n’a point cette majesté, simple et sublime, qui fut le caractère de l’éloquence de Péri- " clés ; et, quoi qu’en disent les rhéteurs, il a trop négligé de sacrifier aux grâces, même à ces grâces un peu mâles et sévères dont Périclès fut entre tous l’heureux favori. Ces réserves faites, je souscris à tous les éloges dont anciens et modernes ont à l’envi comblé Démosthène. Je nie seulement que Démosthène remplisse toute l’idée qu’on se peu* former de l’éloquence, et qu’il ne laisse jamais rien à désirer. C’est le plus complet d*