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nal était distribué en grâces ecclésiastiques, bienfaits militaires.bien faits pour larobe, bienfaits pour la marine. Edelrick avait orné le volume de vignettes charmantes. La place de lecteur donnait entrée auprès du souverain. En 16S7, l’abbé de Dangeau vendit sa charge, mais il en conserva les entrées, qui étaient une faveur toute spéciale. Mme de Genlis a essayé de disculper l’abbé de n’avoir pas soutenu l’immortel fabuliste ; elle a dit qu’un prêtre ne pouvait protéger l’auteur de contes scandaleux. Cette raison est malheureusement bien insuffisante. Il en est une autre plus plausible : c’est que La Fontaine était l’ami de Fouquet, et que les amis du surintendant n’étaient guère Dieu vus du roi. L’abbé tenait beaucoup à ne pas déchoir dans l’estimo du monarque, et d’ailleurs, grâce à sa parenté, il était en bonne voie de fortune et d’honneurs. Il obtint vers 1680 l’abbaye de Fontaine-Daniel, et en 1710 celle de Clermont.

Déjà, précédemment, en 1683, il avait obtenu le prieuré de Gournay-sur-Marne, et Mgr le cardinal de Bouillon lui avait donné celui de Crespy-en-Valois. Ces différents bénéfices étaient une source de revenus assez importants. Sans doute ils ne représentaient pas la richesse considérable que le plus âgé des deux Dangeau avait acquise au jeu ; mais ils étaient suffisants pour assurer à leur possesseur une existence exempte des soucis de la pauvreté. À la mort de Cotin (1682), l’Académie lui donna pour successeur l’abbé de Dangeau, qui, selon l’expression de Saint-Simon, s’était toujours occupé « des bagatelles de l’orthographe et de ce qu’on entend par la matière des rudiments. » Du reste, par sa position dans le monde, par ses relations, par sa science aussi, il était éminemment digne de siéger parmi les quarante. Honnête homme (malgré le déni de justice que nous avons rappelé tout k l’heure), d’un commerce facile, et fort uni avec les membres de sa famille, il avait toutes les conditions voulues. Sa besogne, le jour de la réception, ne fut pas facile, il avait à faire l’éloge de son prédécesseur, tant bafoué par Boileau et par Molière. Le ridicule tue en France, a-t-on répété à satiété, et on n’ignore pas combien Cotin avait été tué. Ici l’abbé manqua une seconde fois du courage nécessaire à l’expression de sa pensée. Bien qu’ayant prononcé un éloge complet de la victime de Despréaux, il n’osa point faire imprimer cet éloge. Cependant, si nous avons vu Dangeau faiblir en deux circonstances, n’oublions pas de rappeler qu’il montra en quelques cas une fermeté digne d’être proclamée. Ainsi, au temps où il était lecteur, il repoussait énergiquement certains individus qui, dégradés par leur bassesse même auprès de leur maître, étaient irrités de ne pouvoir trouver parmi les écrivains des flatteurs ou des subalternes décidés à tout. Ces personnages, afin de vilipender ceux qui n’avaient pas voulu se plier au caprice de leur vanité, avaient imaginé d’imprimer à ceux qu’ils voulaient perdre un nom do secte qui, sans autre examen, les rendit odieux. Comme le parti janséniste était détesté de Louis XIV, ils noircissaient de ce nom les hommes de talent, lorsqu’ils pouvaient essayer cette calomnie avec quelque apparence de succès. Mais alors ils rencontraient sur leur chemin l’abbé de Dangeau, qui était toujours prêt à repousser leurs iâches accusations et à justifier auprès du prince les littérateurs orthodoxes et honnêtes dans leur vie privée, sans même que ces derniers eussent réclamé son appui Ajoutons encore à la décharge de l’abbé qu’il eut un bon nombre de qualités de cœur et d’esprit, et, parmi elles, la conscience. Il disait souvent que ceux qui négligent de se rendre utiles à une société ou ils ont désiré d’être admis ressemblent aux estropiés et aux boiteux qui dans la parabole de 1 Évangile remplissent le festin du père de famille. Aussi, se conformant à cette idée, il ne voulut point que l’Académie l’eût pris pour ne rien faire, et, afin de se rendre digne du choix qu’on avait fait de lui, il continua à composer sur la grammaire « ces traités pleins d une métaphysique nette et précise qui décèle un grammairien philosophe et non un grammairien routinier. Il s’occupa surtout très-longtemps du soin délicat et pénible de faire l’énmnération exacte des sons de notre langue, et d’assigner à chacun une marque particulière et distinctive. ■ On fit bien une chanson là-dessus :

Je suis les Dangeaux à la piste, J’arrange au cordeau chaque mot. Je sais que je deviens puriste ; Je pourrais bien n’être qu’un sot....

Mais l’injure était si grossière et si peu méritée, que personne ne prêta d’attention k cette épigramme.

Sans aucun doute, les doctrines de Dangeau en matière de langage n’étaient pas toutes exactes. Néanmoins ses recherches montrent qu’il prenait sa position au sérieux et qu’il s’efforçait, dans la mesure de ses moyens, de remplir la mission qui lui avait été confiée. Il a mérité d’être appelé par Voltaire » un excellent académicien, » et ce n’est fias un mince compliment que celui-là, dans a bouche d’un satirique aussi forcené que l’était l’auteur de la Henriade. Indépendamment de ses dissertations de linguistique, l’homme que nous étudions se montra digne, par d’autres talents, du caractère dont il était revêtu. Il fit même rédiger des Entretiens sur la religion par un incrédule bel esprit qu’il avait ramené dans la bonne voie. Quoique la

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piété fût estimée à Versailles, quoiqu’elle fût pour quelques-uns un moyen infaillible d’augmenter leur crédit, Dangeaune se fit point honneur auprès de son souverain de la conversion qu’il avait opérée. D’ailleurs le néophyte, dans 1 impétuosité de sa croyance, alla bientôt p !us loin que son vainqueur lui-même ne l’eût désiré. Autant il avait affiché de mépris pour les dogmes les plus révérés, autant il montra de penchant pour les idées les plus superstitieuses. « HélasI dit l’abbé, à peine ai-je eu prouvé à cet étourdi l’existence de Dieu, que je l’ai vu tout prêt à croire au baptême des cloches. • Dangeau avait aussi imaginé de mettre la chronologie sur des papiers rejoints en façon d essuie-mains et noués sur des rouleaux : de plus, il avait mis sous forme de jeu de l’oie toute la série des rois de France. Sur ce travers, bien innocent après tout, le Recueil Maurepas donna le couplet suivant, qui fit les délices de la capitale :

Brûlez, brûles vos livres,

Cens avides de tout sçavoir.

Brûlez, brûlez voa livres,

11 n’en faut plus avoir.

En essuie-mains et en rouleau,

Le sçavant abbé de Dangeau

A mis la science en morceau.

De tous les rois de France

Il nous en a fait des oisons,

Ce maître d’importance.

Le même recueii dit de Dangeau : « Il portoit toujours un bâton, et, quand on lui parloit de géographie, il ne manquoit jamais de tracer sur le plancher les lieux qu’il vouloit désigner. » Il écrivit aussi sur le blason, mais sans être plus convaincu de l’importance de cette science que le Régent, à qui un profond généalogiste disait : « Il n’y a que vous, monseigneur, qui sachiez parfaitement les généalogies des grandes maisons de l’Europe.

— Eh bien, répondit le prince, personne ne les sait plus ; car je les ai oubliées. » L’abbé, qui aimait cependant la vraie noblesse, essaya de lui rendre tous les services qu’il put. D’accord avec son frère, à qui l’on venait d’accorder la grande maîtrise de Saint-Lazare, il consacra les revenus de cette place à l’établissement d’une maison pour l’éducation des enfants des premières familles du royaume. On y admit même des jeunes gens qui, sans appartenir à la noblesse, se distinguaient déjà par la précocité de leur génie. Duclos reçut sa première éducation dans cette excellente école. Tant de succès dans la carrière de l’abbé de Dangeau appelaient nécessairement un revers. Il l’eut et s en consola difficilement. Ses goûts, sa conduite irréprochable paraissaient le désigner naturellement au préceptorat du duc 3e Bourgogne. Mais une

femme, alors très-puissante, lui fit préférer Fénelon, et notre grammairien fut obligé de se rejeter, pour se consoler de son chagrin, dans ses études favorites. Il s’y replongea de plus belle, à un tel point que, l’horizon se rembrunissant, il réphqua un jour à un homme qui lui annonçait une nouvelle politique fâcheuse : « Il arrivera ce qui pourra ; mais j’ai là dans mon portefeuille deux mille verbes bien conjugués. » C’est ainsi que les désastres de la destinée ne le purent atteindre. Il jouissait, il est vrai, de l’estime de tous, plein d’humanité pour les malheureux, prodiguant, avec une fortune médiocre, ses secours à l’indigence, ayant cette sage économie sans laquelle il n’est point de véritable générosité. Il ne dissipait jamais, pour pouvoir donner sans cesse, et savoir toujours donner à propos. Son défaut (un beau défaut !) était l’indulgence, qu’il possédait au suprême degré, ainsi que la connaissance des hommes. Son âme noble et délicate ignorait la dissimulation. Peut-être manqua-t-il, ainsi que nous l’avons dit, de vigueur dans le cours de deux ou trois événements où la bravoure eût été nécessaire ; mais on peut fermer les yeux sur cette lacune, puisqu elle a été comblée par tant de dons admirables etYiaturels. Dangeau était aimé ; aussi sa fin inopinée fut-elle pleurée de tous. Il laissa une quantité considérable de manuscrits, actuellement à la Bibliothèque impériale. Ses ouvrages imprimés sont quatre dialogues : 1° Sur l’immortalité de l’âme ; Sur l’existence de Dieu ; 3° Sur la Providence ; 4° Sur la religion (Paris, 1684, in-12) ; Cartes généalogiques, Tables chronologiques, Tables généalogiques, pour enseigner (1693, in-12) ; Réflexions sur toutes les parties de la grammaire (1694, in-12) ; Nouvelle méthode de géographie pour apprendre facilement et retenir longtemps la géographie moderne et l’ancienne, le gouvernement des États, les intérêts des princes, leurs généalogies (1697, in-fol. ; 1708, in-8<>) ; les Principes du blason en quatorze planches (1709, in-fol ; 1715, in-4o) ; Principes du blason, où l’on explique toutes les règles et tous les termes de cette science (1715, in-4o) ; Essais de grammaire (1711, in-8o) ; Réflexions sur la grammaire française (1717, in-8o) ; Discours sur les voyelles (1721, in-8o) ; Sur les consonnes (1723, in-go) ; Considérations sur les diverses manières de conjuguer des Grecs, des Latins, des Français, des Italiens, des Espagnols et des Allemands (1721, in-S°) ; Liste des cardinaux vivants le 20 mars 1721, jour de la mort du pape Clément X/(l"22, in-12). Aucun de ces ouvrages n’a été réimprimé récemment ; mais ils sont tous fréquemment consultés par les bibliophiles.

D’AIS GlïNiNES (Julie), duchesse de Montausier. V. MontauSier.

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1 DANGER s. m. (dan-jé — Raynouard et Diez ’tirent ce mot du latin damnum, dommage ; mais, suivant Littré, cette étymologie ne convient ni pour le sens ni pour la forme ; car le sens de danger et surtout de dangier, dans les vieux auteurs, représente le plus souvent l’idée de pouvoir, d’autorité ; quant à la forme, damnum ne saurait, selon lui, produire l’o qui est dans la vieille forme dongier, aussi autorisée quedangier. Il faudrait donc trouver un mot qui pût également fournir l’a et l’o, et c’est ce qu’il croit découvrir dans dominarium, formé du bas latin que l’on trouve dans Du Cange, et qui dérive elle-même de dominium. Dominus donnant à la fois dom et dam, comme domina donne dôme et dame, dominarium aurait également pu fournir dongier et dangier. Dominarfiim satisferait à la condition de sens, puisqu’il signifie possession et pouvoir. Mais, comment le mot aurait-il pu passer de ce sens à celui de péril ? Littré explique cette transition en se fondant sur le texte de Froissart, où il est dit que les cardinaux étaient au danger des Romains. S’ils étaient au danger, c’est-à-dire au pouvoir des Romains, ils étaient aussi par là en péril. Là serait la transition. Le sens, aujourd’hui perdu, de résistance, de difficulté, s’expliquerait de même. Pour que l’étymologie de damnum fût acceptable en ce qui concerne le sens, il faudrait au moins que, dans les vieux auteurs, le sens de dommage se montrât avant celui de péril. Or il n’en est rien ; c’est d’abord la signification de domination que l’on rencontre, puis celle do résistance, de difficulté, et enfin celle de péril). Risque, péril ; possibilité, probabilité d un malheur, d’une perte, d’un mal quelconque : Celui qui ne se possède point dans le danger est plutôt fougueux que brave. (Fén.) De tous les dangers, le plus grand et le plus réel, c’est la peur. (E. de Gir.) Fondamentale est l’erreur de ceux qui confondent dans la même acception, en parlant de la liberté de la presse, ses abus et ses dangers. (E. de Gir.) Voir le danger et le salut où ils ne sont pas, c’est s’exposer à ne pas les voir où ils sont. (E. de Gir). Plus il y a de lésions dans les organes et plus les organes lésés sont essentiels à la vie, plus il y a de danger. (Trousseau.)-Les hommes sont ainsi faits, que les dangers chimériques sont pour eux les pires. (Guizot.) Le plus grand danger pour une nation, c’est de confier ses destinées à la volonté d’un seul. (Glais-Bizoin.) Le vrai danger, en politique, n’est pas de céder à la nécessité, mais d’y résister. (Lamenn.) Ce sont justement les dangers inconnus qui inspirent les plus grandes terreurs. (Alex. Dum.)

courages.

C’est dads les grands dangers qu’on voit les grands

Reunard.

Le trop de confiance attire le danger.

CORNEtLtB.

Le« dangers me sont des appas, Un bien sans mal ne me plaît pas.

Malherbe.

Plus j’y vois de hasard, plus j’y trouve d’amorce ; Où le danger est grand, c’est là que je m’efforce.

Mauierhe ;.

Le trop d’attention qu’on a pour le danger Fait le plus souvent qu’on y tombe.

La Fontaine.

Croyez bien qu’ici-bas le ciel sut ménager À chacun sa part de danger.

Lachambaudie.

Qu’il est grand le bonheur qui suit un grand danger ! Comme le cœur bat bien ! que le pied est léger !

A. Biuzkux.

La véritable épreuve du courage N’est que dans le danger que l’on touche du doigt : Tel le cherchait, qui, changeant de langage, S’enfuit aussitôt qu’il le voit.

La Fontaine.

— Inconvénient : Il n’y a point de danger

d’entrer, vous ne dérangerez personne. (Acad.)

— Ecueil : En littérature, faire trop est un danger, mais faire trop peu est une tentation. (Ste-Beuve.)

— Pop. Il n’y a pas de danger, Cela n’est pas h.^ craindre, je me garderai bien de cela : Il n’y a pas de danger qu’on vous écoute. Jene le laisserai pas faire ; il n’y a pas de danger.

— Loc. adv. En danger, Dans une situation périlleuse : Fuyez, vous êtes en danger dans cette maison. La patrie est en danger. Ce malade ne me parait pas en danger.

Un orateur, voyant sa patrie en danger. Courut à la tribune...

La Fontaine.

Que de gens bayent aux chimères Cependant qu’ils sont en danger. Soit pour eux, soit pour leurs affaires !

La Fontaine.

— Gramm. Le mot danger peut être suivi des prépositions à, de, et de la conjonction que, suivant les cas : Quel danger y a-t-il k l’avertir ? (Acad.) Ils ne songent à sauver leur âme que lorsqu’ils sont en danger ee perdre leur corps. (Boss.).77 n’y a pas de danger que j’agisse par haine ou par vengeance. (Pasc.)

L’attention donnée à ces trois exemples guidera facilement dans l’emploi de à, de et que construits avec le mot danger.

— Syn. Danger, liafiard, péril, risque. Danger se dit de toutes les situations où il y a lieu de craindre un mal quelconque. Le péril est un danger pressant ; c’est une situation par laquelle il faut passer, une chose qui est devant nous et qui va peut-être nous coûter

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cher ; nous pouvons périr en la traversant. Le hasard et le risque présentent un mal possible, mais plus éloigné et toujours avec la possibilité d’une heureuse issue ; mais les chances sont plus défavorables dans le risque, elles sont presque égales pour le bien ou pour le mal dans un simple hasard. On craint la danger, on le fuit ; on redoute le péril et l’on se sauve ; on court le risque ; on est maltraité par le hasard.

— Antonymes. Sécurité, sûreté.

— Ail US. litt. 114 ! mon ami, tire-moi du danger ; Tu fora» après t& baraugue, Allusion à deux vers de la fable de La Fontaine VEnfant et le Maître d’école. Un maître d’école semonce longuement un enfant qui se noie ; puis, lorsqu’il a tout dit, il met l’enfant a bord, ce qui suggère au malin fabuliste la réflexion suivante :

Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense. Tout babillard, tout censeur, tout pédant Se peut connaître au discours que j’avance. Chacun des trois fait un peuple fort grand : Le Créateur en a béni l’engeance. En toute affaire ils ne font que songer

Au moyen d’exercer leur langue. Eé ! mon ami, tire-moi du danger ;

Tu feras après ta harang-ue.

Les écrivains font souvent allusion à cette morale exprimée en termes si pittoresques :

« Que diable ! monsieur, s’écria M. de la Seiglière qui sentait son sang lui chauffer les oreilles, je vous ai fait venir, non pour calculer la profondeur de l’abîme où je suis tombé, mais pour m’indiquer un moyen d’en sortir. Commencez par m’en tirer, vous le mesurerez ensuite. » J. Sandeau.

« Le maître d’école de La Fontaine morigénait son élève à demi noyé : M. Veuillot, en plein Février (1848), prend a partie son auditoire, aux trois quarts englouti dans la gueule du lion populaire, et, profitant de ce que l’oreille passe encore : « Je vous l’avais ■ bien dit, s’écrie-t-il, que la bête fauve vous dévorerait. — À qui le dites-vous ? Je sens ses dents qui me broient.

« Hé ! mon ami, tire-moi du danger. Tu feras après ta harangue.

« M. L. Veuillot, peu tourné à la compn.tissance par le penchant de sa nature, continue de plus belle sa harangue, en mordant jusqu’au sang les vaincus de Février. ■ A. Nettement.

Danger des liaison* (le), comédie en un acte et en prose, de Beaunoir, représentée sur lo théâtre des Variétés-Amusantes, le 9 décembre 1783. Mercourt, avocat de Paris, est retiré dans une maison de campagne, qu’il possède dans les environs de la capitale, avec Cécile, sa femme, et Mme de Saint-Far, qu’ils croient leur amie. Cette dernière a autrefois beaucoup aimé Mercourt, qu’elle devait épouser ; mais il lui a préféré Cécile. Feignant de n’en pas conserver de ressentiment, elle est restée dans la même maison que sa rivale, sous le prétexte d’éclairer sa jeunesse. Cependant elle cherche à lui gâter le caractère, à, lui faire haïr la retraite et à lui donner du goût pour les sociétés les plus suspectes de Paris, où elle l’engage à se montrer, en se servant de l’ascendant qu’elle a sur l’esprit de Mercourt. Pour parvenir plus promptement à semer la discorde entre ces deux époux, Mmo de Saint-Far excite en même temps la jalousie de Mercourt, en lui disant qu’un certain Belmont, qui a eu des prétentions sur Cécile, et qui s’est quelque temps éloigné de Paris, vient d’y revenir et cherche à se rapprocher d’elle. Mme de Saint-Far montre même à Mercourt une lettre de Belmont, qu’on pourrait croire adressée à Cécile. Mais Ambroise, vieux et fidèle serviteur de Mercourt, qui soupçonne Mm« de Saint-Far de trahison, donne à son maître l’enveloppe de cette lettre, qu’il a ramassée par hasard, et qui prouve qu’elle a été adressée à Mme de Saint-Far. Il engage Mercourt à se cacher dans un cabinet d’où il entend une conversation entre Cécile et Mme de Saint-Far. Mercourt va sa jeter aux pieds de Cécile, obtient son pardon et accable de reproches Mmo de Saint-Far ; qui sort furieuse d’être démasquée.

Dangers de l’opinion (les), drame en cinq actes et en vers, de Laya, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Nation (Théâtre-Français), le 19 janvier 1790.

Cet ouvrage avait pour but de combattre ce sentiment injuste et barbare qui fait rejaillir le déshonneur et la honte du supplice sur les membres d’une famille et sur le nom qu’ont porté les criminels. Il arrivait un peu tard pour attaquer un grand préjugé de législation que ne partagea jamais l’Angleterre, puisque 1 Assemblée nationale réformait en ce moment même la jurisprudence criminelle, et s’élevait contre la flétrissure absurde étendue jusque sur la famille du condamné (21 janvier 1790) ; mais il était encore temps d’atteindre le préjugé social qui, par malheur, subsistait et subsistera longtemps, quoiqu’il tende pourtant k disparaître peu à peu. D’Harleville va épouser Cécile, fille de M. de Saint-Elmonde ; il a le consentement des parents, la cœur de la jeune personne, et ses qualités la