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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 6, part. 2, Dell-Dian.djvu/175

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ment de Garrick, plus dramatique et plus saisissant. Une première version de cette tragédie, — où respirent toute la poésie du sentiment, toute la grâce de l'innocence, toute la fougue de la passion, — écrite par M. Émile Deschamps en collaboration avec M. Alfred de Vigny, fut lue au comité du Théâtre-Français vers le mois d'avril 1827 ; mais l'ouvrage quoique reçu par acclamation, ne fut jamais représenté. La version définitive, telle que M. Émile Deschamps l'a publiée, a été refaite entièrement par lui et affranchie des entraves du théâtre. Depuis ces traductions shakspeariennes, dans lesquelles circule le souffle puissant du génie, M. Émile Deschamps n'a plus rien livré au public qui puisse être considéré comme une production digne de la scène du balcon, de- celle des adieux et de celle de la mort dans Roméo et Juliette, du premier acte de Macbeth, du festin royal et de l'apparition du spectre de Banquo. Avec ce bagage littéraire, M. Émile Deschamps s'est plusieurs fois présenté à l'Académie française, mais il s'est vu préférer des écrivains qui sont loin d'avoir son mérite littéraire. Aussi a-t-il abandonné l'espoir d'être jamais admis dans l'immortelle compagnie. Quelques voix pourtant lui sont restées fidèles, et la sympathie publique s'est trouvée acquise à sa candidature chaque fois que l'ont mise en avant les journalistes parisiens, ceux qui n'ont pas oublié le poète des grands jours du romantisme, le fidèle compagnon de Victor Hugo, de Lamartine, d'Alexandre Dumas, de Sainte-Beuve, d'Alfred de Vigny. Les jeunes écrivains surtout se sont montrés reconnaissants envers l'auteur des Études et ont mis son nom en avant, ne cessant de déplorer qu'on lui préférât celui de tel ou tel homme politique. C'est à l'un d'eux, M. Alfred Deberle, qui, dans un recueil littéraire, rappelait les droits incontestables de M. Émile Deschamps au fauteuil académique, que le résigné poète écrivait au mois de janvier 1862 : « Votre suffrage, monsieur, me dédommage de trente-neuf autres, » paroles qui prouvent assez que, comme M. Jules Janin, son confrère au quarante et unième fauteuil, il a depuis longtemps, lui aussi, spirituellement fait son discours de réception à la porte de l'Institut.

Outre les ouvrages dont nous avons parlé, nous citerons de M. Émile Deschamps la symphonie de Roméo et Juliette, musique de M. Hector Berlioz, dans laquelle il a traduit une seconde fois l'épisode de la Reine Mab, rendu déjà avec un si grand charme dans la tragédie (1839), et celle de Rédemption, musique de M. Alary (1850). Sous ce titre : Poésies des crèches (1852), il a écrit une vingtaine de morceaux religieux, arrachés à sa complaisance et qui se ressentent de leur création factice. Sans parler de pièces de circonstance, de morceaux tels que celui qu'il composa à l'occasion de la naissance du prince impérial, aussi décolorés que peuvent l'être, sous une inspiration de commande, de semblables productions, il a jusque dans ces derniers temps donné à divers recueils de petits poèmes heureusement inspirés et qui dénotent la verdeur et la sûreté d'un talent que quatre-vingts ans n'ont pu vieillir. Tels sont la Fille de l'orfèvre, le Roi aveugle, la Violette, les sonnets sur la mort de Jérusalem, d'A­thènes, de Rome et de Paris, le Tonneau de l'ermite, le Porteur de journal, la Rose du vieux mur, Morts pour les amuser, satire émouvante des vices contemporains, et Ce qu'on n'oublie pas :

Ainsi de tous les biens qui font le sort prospère
    Que nous reste-t-il au départ ?
La chanson d'une sœur, le sourire d'un père,
    Le rapide aveu d'un regard.

Décoré depuis le mois d'octobre 1828, un an après sa nomination comme sous-chef de bureau au ministère des finances, il a quitté en 1848 la carrière administrative, à laquelle il appartenait depuis trente-quatre ans. Depuis lors il vit retiré à Versailles, entouré d'amis et d'admirateurs. Poëte. d'adoption de la ville “ splendide et funèbre, solitaire cité, dont aucun roi vivant, dans sa toute-puissance, ne peut remplir l'immensité, ” il est convié à toutes les fêtes de bienfaisance, et ce n'est jamais en vain qu'on fait appel à son gracieux talent, à son excellent cœur.


DESCHAMPS (Antony Deschamps de Saint-Amand), connu sous le nom d’Antony, poëte et littérateur français, frère du précédent, né à Paris le 12 mars 1800, mort à Passy en 1869. Il rit ses études au collège d’Orléans, et parcourut bien jeune encore la patrie des arts, l’Italie, qui lui fournit plusieurs sujets d’étude. Sa santé toujours chancelante le rendit de bonne heure mélancolique et presque taciturne. Mêlé, comme son frère Emile, aux jeunes novateurs de l’école romantique, il appartenait. À cette élite d’écrivains que Sainte-Beuve appelait le cénacle. Toutefois, si Antony Deschamps se montrait ardent défenseur des principes littéraires alors si vivement disputes, si par l’art ingénieux de ses théories il combattait au premier rang de l’armée dont Victor Hugo était le chef, sa pensée le rapprochait du style classique. Une traduction en vers de la Divine comédie de Dante, qu’il donna en 1829, est restée son principal titrelittéraire.il est impossible de pousser plus loin le scrupule dans 1 imitation. Tout en fournissant à la Revue des Deux-Mondes plusieurs articles, notamment des Études sur

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l’Italie (1835), il s’essayait dans la satire : Trois satires politiques (1831), avec prologue ; Satires (1834) ; mais la haine et l’ironie allaient mal à son caractère doux et rêveur ; chez lui la critique hésite ; la bienveillance, l’esprit de conciliation l’emportent toujours sur le désir de frapper et de mordre. Il a mieux réussi, ou plutôt il s’est mieux trouvé dans le genre qui convenait à sa nature lorsqu’il a abordé l’élégie. Citons : Dernières paroles (1835) ; Résignation (1839). Les larmes coulent d’elles-mêmes de sa plume ; il intéresse à ses douleurs, qui ont été grandes ; il attache, il émeut lorsqu’il s’écrie, dévoré par un mal étrange :

Depuis longtemps je suis entre deux ennemis : L’un B’appelle la Mort, et l’autre la Folie ; L’un m’a pris ma raison, l’autre prendra ma vie ; Et moi, sans murmurer, je suis calmeiet soumis. 11 convient de rappeler les Études sur l’Italie (1835), choix de pièces détachées, où l’auteur rassemble ses souvenirs de jeune homme. Entre autres morceaux traduits, insérés dans ce volume, on remarque l’Hymne de la résurrection, de Manzoni, et surtout le Roi Lear, de Shakspeare. En 1841, les deux frères ont réuni en un même volume les poésies qu’ils avaient précédemment livrées au public. Celles d’Antony Deschamps, revues, corrigées et augmentées, se divisent en trois livres. Le souffle moderne y circule, mais singulièrement étouffé parfois sous le mysticisme catholique et les préjugés d’éducation du poëte, qui ne laisse passer aucune gloire, aucun fait contemporain sans le saluer de quelques vers. Antony Deschamps apporte une grande sincérité dans ses jugements ; mais, s’il a très-souvent l’éloquence de la douleur, il n’a pas toujours la vigueur de pensée qui fait que les poëtes, les yeux fixés sur l’avenir, sont à de certaines heures des prophètes. Dans le livre intitulé Résignation se trouvent des morceaux remarquables de forme, qui sont aujourd’hui de véritables curiosités historiques : Abd-el-Kader, A M. l’abbé de Lamennais, Au commandant Changarnier, Aux Espagnols, Au comte de Paris, A O’Connell, les Arabes, A Joséphine de Beauharnais, Grâce pour l’homme, les Prisonniers de Ham, supplique au roi. Cette dernière pièce vaut qu’on s’y arrête :

0 roi, pardonne-leur ! que la douce amnistie Passe sa blanche main sur leur tête flétrie ! Qu’on ouvre leur prison, et que la liberté Eclate avec le jour dans leur obscurité" ; Qu’ils sortent, et foulant dans cette.grande ville Le pavé tout brûlant de la guerre civile, S’ils rencontrent parfois, à l’angle d’un chemin, La veuve qu’ils ont faite et le pauvre orphelin, Voyant qu’au lieu de cris et de haine et d’injures Nous plaignons les auteurs de nos larges blessures. Que notre aspect sévère en ce fatal moment Soit désormais pour eux l’unique châtiment !

Les condamnés d’hier aujourd’hui sont absous Et leurs juges demain seront à leurs genoux.

Citons encore Napoléon seul, à Alphonse de Lamartine :

L’empereur était grand, l’empire était infâme ; Proconsuls, sénateurs, race vile et sans âme. Faisant trembler sous eux le pauvre genre humain Et tremblant a leur tour sous la puissante main ; Promenant la rapine et la mort dans les villes, Et d’autant plus cruels qu’ils étaient plus servîtes ; Gens de sang et de boue et faits pour obéir, Ne pouvant point aimer, ne pouvant point haïr ; Force aveugle et brutale et, comme le tonnerre, Sans peine et sans plaisir nés pour brûler la terre. Ah ! ne réveillons pas tout cet âge de deuil ; Qu’il dorme enseveli dans la nuit du cercueil. Avec tous ses muets et leur rage insensée, Sous le marteau funèbre écrasant la pensée, Et traquant en tout lieu la sainte liberté, Qui cachait dans sa main son beau front attristé. Elle était jeune alors, cette vierge divine. Sous sa toge prétexte, et sa faible poitrine Murmurait par instants une plaintive voix, Pour flétrir les bourreaux qui la mettaient en croix. Elle est femme aujourd’hui, mère d’un peuple immense Qui ne veut plus de vous ni de votre silence.

« Je dis ce que je pense et ne sais pas flatter, • a écrit quelque part Antony Deschamps. Cela est vrai : le poëte est partout convaincu. Partout aussi il prêche la résignation, cette vertu chrétienne qui a permis de tout temps aux despotes de gouverner les peuples. Ce n’est certes pas lui qui soutiendra jamais que l’insurrection est le plus saint des devoirs. À propos de l’Irlande qui se tord de faim pendant que l’Anglais, son bourreau, ne sait où porter son or, il ne trouve rien de mieux, parlant à O’Connell, que cette invitation à tendre les deux joues : Et toi, grand citoyen, dont la noble bannière Guide ce pauvre peuple en la sainte carrière, Dis-lui, ei Dieu le veut, qu’il sache attendre en paix. Et, comme le Seigneur, se courber sous le faix ; Dis-lui qu’il se résigne, et qu’il cesse de croire Qu’ici-bas le bon droit suffit pour la victoire : La justice, O’Connell, a son triomphe ailleurs ; La terre est aux plus forts et te ciel aux meilleurs !

Avec de telles théories, les proconsuls et les sénateurs que le poëte fustigeait tout à l’heure auront encore longtemps beau jeu en ce monde.

Antony Deschamps a collaboré à divers recueils, à la Revue de Paris, au Journal des Demoiselles, au Journal des Débats, etc.


DESCHAMPS (Frédéric), jurisconsulte et homme politique français, né à Rouen vers 1806. II débuta en 1829 comme avocat au barreau de sa ville natale, où il occupa bientôt une des premières places. Membre de l’opposition radicale sous la monarchie de Juillet, M. Deschamps se chargea provisoirement, après la révolution de 1848, d’administrer Rouen et le département de la Seine-Inférieure, et fut nommé commissaire général le 26 février. Dans ces difficiles fonctions, il montra autant d’activité que de dévouement ; mais n’ayant pu empêcher l’insurrection du 26 et du 27 avril d’éclater, il donna sa démission et reprit sa place au barreau. On a de lui des scènes dialoguées, intitulées : Bohême en Normandie (1854) et la Vendéenne, opéra (1859).

DESCHAMPSIE s. f. (dè-chan-psl — de Deschamps, nom propre). Bot. Genre de plantes, de la famille des graminées.

DESCHANEL (Emile), littérateur français, né à Paris en 1819. Élève du lycée Louis-le-Grand, il se fit remarquer par ses succès universitaires. Treize fois lauréat au concours

général, il entrait à l’âge de vingt ans à l’Ecole normale, et à vingt-six ans y occupait les fonctions de maître de conférences pour la littérature grecque, qu’il enseignait à des jeunes gens presque aussi âgés que lui. Professeur de rhétorique successivement aux lycées Charlemagne, Bonaparte et Louis-le-Grand, il s’acquittait avec zèle et amour de son travail, passionné pour les beautés de l’antiquité et surtout pour ce parfum de liberté qu’elle exhale. Dans ce commerce avec les grands génies de Rome et d’Athènes, il élevait son âme en même temps qu’il fortifiait son esprit. C’est lui qui a formé cette vaillante génération qui représente dignement, la plume à la main, l’indépendance des libres penseurs, MM. Louis Ratisbonne, Prévost-Paradol, Hippolyte Taine, Jean-Jacques "Weiss, Eugène. Yung, Beulé, de l’Institut, et d’autres célèbres a plus d’un titre, MM. Frédéric Morin, Caro, Alfred Assolant, Edmond About, Francisque Sarcey, Mézières, Nuitter, Hamel, de Montheau, Lambert-Thiboust, Hector Crémieux. Villetard et Chalamel-Lacour, en un mot 1 élite de la jeune littérature contemporaine et des esprits indépendants.

M. Deschanel voulut non-seulement former une armée pour la défense de la liberté, mais il résolut aussi d’éclairer le public par ses écrits, et il envoya des articles à la Revue des Deux-Mondes en 1849, ainsi qu’à la Liberté de

Îienser et au National. C’était au moment de a réaction politico-cléricale, en février 1851 ; M. Deschanel publia une discussion philosophique dans la Liberté de penser. Grand émoi parmi le parti dévot, qui circonvint le ministre. M. Deschanel fut destitué de ses fonctions au lycée Louis-le-Grand et à l’École normale dans des termes peu convenables, qu’il releva vertement. Ses élèves s’émurent à leur tour et rédigèrent deux protestations en sa faveur ; mais 1 autorité supérieure maintint son arrêt en prétendant que sa discussion philosophique sur le catholicisme avait porté le scandale dans le lycée auquel il appartenait. C’était la vérité ; il y avait eu scandale, mais ce scandale avait été causé par l’acte maladroit et arbitraire de l’administration, et non point à cause de l’article. Il fallut s’incliner devant la force, mais on murmura contre l’injustice.

L’homme ainsi incriminé était cependant celui qui, après les fatales journées de Juin, faisait paraître cet hymne au travail, propre à apaiser les esprits :

C’est par lui que l’on plaît a l’Ouvrier du monde, Qui de néant tout pur forgea les cieux vermeils ; Au poëte incréé, de qui la voix féconde Du silence éternel et de la nuit profonde Fit jaillir, comme un chant, des strophes de soleils.

En vain pririez-vous Dieu durant la vie entière Pour être admis un jour en son éternité : Le bon grain se dessèche en tombant sur la pierre ; C’eBt sur le travail seul que fleurit 1» prière, Stérile sur l’oisiveté.

Dieu aime aussi l’encens de ces odeurs sacrées Qui sortent le matin des terres labourées

Et furent au soleil.

Travaillez donc aussi, laboureurs pacifiques ! Debout 1 C’est l’alouette à vos chaumes rustiques, Et non pas le canon, qui chante le réveil 1

Après sa destitution, M. Deschanel collabora activement à divers journaux, où son style simple, naturel, délassait les lecteurs des soucis de la politique. Dans cette nouvelle carrière, il devait encore se voir arrêter presque au début. Quelques jours après le 2 décembre, il fut mis en prison, puis exilé en Belgique. Dans cet asile de la liberté, il ouvrit des conférences publiques, et bientôt Bruxelles, Liège, Anvers, Bruges et Gand se disputèrent ce causeur charmant, qui avait pour auditeurs : Victor Hugo, Edgar Quinet, Étienne Arago, Alexandre Dumas, Emile de Girardin, Lachambeaudie, Alphonse Karr, Mme Charles Reybaud, Vieuxtemps, le prince de Ligne, la princesse Galitzin, MM. Verhaegen, Vervoort, et toute l’élite de la Belgique. La ville de Lausanne lui offrit une chaire de littérature française ; il la remercia avec reconnaissance, préférant celle qu’il avait su se créer.

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Lorsque l’amnistie lui eut rouvert les portes de la patrie, M. Deschanel rentra en France, et en 1859 il remplaça aux Débats son ancien camarade de regrettable mémoire, Hippolyte Rigault, qui lui avait succédé au lycée Louis le-Grand, lors de sa destitution. Depuis cette époque, il publie dans ce journal des voyages, des revues de quinzaine, des critiques, des articles bibliographiques et des fantaisies.

Lorsque furent inaugurées en France les lectures publiques, à l’instar de celles d’Amérique, d’Angleterre et de Belgique, sous la dénomination A’ Entretiens et Lectures, M. Deschanel devint en peu de temps l’orateur favori de la société d’élite qui se pressait dans les salons de la rue de la Paix. Sa vogue s’est toujours soutenue depuis.

M. Deschanel a publié, de 1855 à 1858, plusieurs ouvrages, séries de petites anthologies accompagnées de piquantes réflexions personnelles. Les plus connues sont : les Courtisanes grecques, le Mal qu’on a dit des femmes, le Bien qu’on a dit des femmes, le Bien qu’on a dit de l’amour, le Mal qu’on a dit de l’amour, le Bien et le mal qu’on a dit des enfants, l’Histoire de la conversation (1858), la Vie des comédiens (1860), Christophe Colomb * (1861). Il a réuni aussi en un volume ses Causeries de quinzaine (1861) et ses Impressions de voyage, parues d’abord dans les Débats ; Physiologie des écrivains et artistes, ou Essai de critique naturelle (1861), etc.

En fait de titres honorifiques, M.Deschanel ne compte que celui d’officier de l’Université de France. La mère n’a pu complètement désavouer ce fils, l’une de ses gloires, auquel elle a eu le tort de fermer ses bras.

M. Deschanel est le même comme causeur et comme écrivain. Correction, exactitude, netteté, limpidité, esprit, abondance et facilité extrêmes, élégance parfaite, telles sont ses qualités dominantes. Il intéresse, il plaît, il charme son auditoire. Peut-être pourrait-on lui reprocher, malgré ses études solides, de trop sacrifier aux grâces, de manquer de profondeur ; mais il serait trop sévère d’exiger tous les talents de l’homme qui possède à un si haut degré celui de se faire écouter et toujours applaudir. N’oublions pas d’ailleurs qu’il a combattu pour la- cause de la liberté, qu’il a été persécuté, exilé pour elle, et que, loin de se laisser abattre par l’adversité, il n’est rentré dans sa patrie que plus disposé à porter haut et en avant le drapeau de la démocratie, autour duquel nous sommes fiers

de nous serrer.

DESCHARRIÈRES (Jean-Joseph-Claude), littérateur français, né à Fougeroles en 1744, mort à Strasbourg en 1831. Il fut successivement aumônier d’un régiment d’artillerie, curé de Saint-Loup et aumônier du lycée de Strasbourg. On a de lui les ouvrages suivants : Essai sur l’histoire militaire au bourg de Saint-Loup, dédié aux gardes nationales, par un citoyen (Saint-Loup, 1790, in-8°), extrait d’une Histoire de Saint-Loup qui devait former plusieurs volumes, mais qui n’a point été publiée ; Essai sur l’histoire littéraire de Belfort et du voisinage (Belfort, 1808, in-12) ; Observations sur les anciennes fortifications de la ville de Strasbourg et sur les écoles d’artillerie en France (Strasbourg, 1818, in-8») ; Histoire de la vie de M. François-Félix Pierron, chanoine, curé de Belfort, mort en odeur de sainteté (Strasbourg, 1826, in-12). On a en outre de Descharrières un autre ouvrage sur les fortifications de Strasbourg, un Almanach de Besançon (1786) et une Histoire de l’artillerie moderne, dont la bibliothèque publique de Besançon possède le manuscrit autographe.

DËSCHAUSSAGE s. m. (dè-chô-sa-gerad. déchausser). Présent que la mariée offrait aux garçons le jour de ses noces. Il Vieux mot. On disait aussi deschaussaille.

DESCHIZAUX (Pierre), savant français, né à Mâcon en 1687, mort en 1730. Il fit sas études de médecine, et devint substitut du procureur général du grand conseil. Désireux d’é-. tendre ses connaissances en botanique, il quitta la France en 1723, visita la Norvège, la Livonie, puis se rendit en Russie, où Pierre le Grand lui fit une pension de 300 roubles et le chargea de créer un jardin botanique. Rappelé en France par des affaires de famille, il retourna à Saint-Pétersbourg en 1726, mais n’obtint cette fois qu’une gratification annuelle de 50 roubles. Après avoir voyagé quelque temps dans les provinces russes Deschizaux reprit la route de France. Il est le premier Français qui ait écrit sur la Russie. On a de lui : Mémoire pour servir à l’instruction de l’histoire naturelle des plantes de Russie, etc. (Paris, 1725, in-8»), et Voyage de Moscovie (Paris, 1727, in-8°), relation exacte, mais succincte, et dans^ laquelle il estropie presque tous les noms qu’il cite.

DESCLAIS (Jacques-Alexandre), prêtre et homme politique français, né à Caen en 1801. Il entra dans les ordres au séminaire de Bayeux, puis ouvrit une maison d’éducation a Pont-1 Evêque. Plus tard, il acquit une assez grande popularité par l’esprit de tolérance dont il fit preuve dans les modestes fonctions de desservant de Cresserons, dans le Calvados. Elu représentant du peuple en. 1848, il vota avec les républicains modérés, soutint la politique du général Cavaignac, puis celle de l’Élysée, mais ne fut pas nommé à l’Assemblée législative.

DESCLOIZITE s. f. (dè-klol-zi-te — ’Je