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plus grande, qui est presque un crime, c’est son animosité contre Racine, animosité qui la porta à préférer à la Phèdre de ce grand poète la Phèdre de Pradon, et, pour défendre celui-ci, à insulter celui-là. Les critiques ont beaucoup ergoté sur la cause de ces injustices de Mme Deshoulières envers Racine. Kilo se trouve, croyons-nous, tout entière dans ce récit fait par Mlle Deshoulières, le 4 juin 1711, à Brossette, qui lui demandait pourquoi sa mère n’aimait point Boileau : « M. Racine en étoit la cause, car, pour M. Despréaux, il n’y étoit pas intéressé personnellement. Dans le temps que M. Racine faisoit des tragédies, Pradon en faisoit aussi. Quoique M. Racine fût bien au-dessus de Pradon, il ne laissoit pas de le regarder comme une espèce de concurrent, surtout quand il sut que Pradon composoit en même temps que lui la tragédie de Phèdre... Pradon yenoit souvent chez ma mère, pour laquelle il avoit beaucoup de considération, et au goût de qui il avait assez de confiance pour la consulter sur les ouvrages qu’il faisoit... La Phèdre de M. Racine et celle de M. Pradon furent prêtes à être jouées en même temps. Celle de Racine fut promise et annoncée pour le premier jour de l’année 1677 ; celle de Pradon fut jouée quelques jours après à l’hôtel de Guénégaud. Ma mère voulut voir la première représentation de la Phèdre de Racine. Elle envoya retenir une loge quelques jours à l’avance à l’hôtel de Bourgogne ; mais Champmeslé, qui avoit soin des loges, fit toujours dire aux gens qui venoient de la part de Mm» Deshoulières qu’il n’y avoit pas de places et que toutes les loges étoient retenues. Ma mère sentit l’affectation de ce refus et en fut piquée. « J’irai pourtant en dépit d’eux, ditelle, et je verrai la première représenta> tion. » Quand l’heure de la comédie fut venue, elle se mit en négligé, avec une de ses amies qui prit des billets ; elle se cacha tout de son mieux sous une grande coiffe de taffetas, et, au lieu d’entrer par la grande porte du théâtre, comme elle avoit accoutumé de le faire, elle entra par la porte des loges et s’alla placer au fond des secondes loges, car toutes les autres étoient remplies.

Elle vit la pièce, qui fut jouée en perfection. Elle revint souper chez elle, au logis, avec cinq ou six personnes, du nombre desquelles étoit Pradon. On ne parla d’autre chose pendant tout le souper ; chacun dit son sentiment sur la tragédie et l’on se trouva plus disposé à la critique qu’à la louange. Ce fut pendant ce même souper que ma inère fit ce fameux sonnet : Dans un fauteuil doré, Phèdre, tremblante et blême, etc. »

Refuser une loge à une femme, bien plus, à une femme à la mode, à une femme poète, à une précieuse, voila bien une raison suffisante, pour celle qui a subi l’affront, d’écrire :

Dans un fauteuil doré, Phèdre, tremblante et blême, Dit des vers où d’abord personne n’entend rien.

Et le reste tout aussi méchant, tout aussi plein de fiel ; si bien qu’on dit à ce propos : « Cette douce et intéressante bergère, qui parlait si tendrement aux moutons, aux fleurs, aux oiseaux, changea en cette occasion sa houlette en serpent. »

Nous le répétons, c’était là une faute, faute d’autant plus grave que Mme Deshoulières, la houlette enrubannée dans la main, à la suite de son troupeau, écoutant Zéphire, aspirant les fleurs, chantant les matinées du printemps et les soirs d’automne, les rossignols, les fauvettes, traduisant les soupirs du berger, lesneimù do la bergère, est charmante, tendre avec naïveté, émue, artiste en poésie. Écoutez :

L’aimable printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs. Tremblez, tremblez, jeunes cœurs : Des qu’il commence a paraître, 11 fait cesser les froideurs ; Mais ce qu’il n de douceurB Vous coûtera cher peut-être. Tremblez, trembles, jeunes cœurs : L’aimable printemps fait naître Autant d’amours que de fleurs.

Et cet autre couplet — nous disons couplet, parce que tout cela a dû se chanter — cet autre couplet mélodieux ;

Aimables habitants de ce naissant feuillage Qui Bemble fait exprès pour cacher vos amours,

Rossignols, dont le doux ramage Aux douceurs du sommeil m’arrache tous les jours,

Que votre chant est tendre ! Est-il quelques ennuis qu’il ne puisse charmer ? Mais, hélas ! n’est-il pas dangereux de l’entendre

Quand on ne veut plus rien aimer ?

Mais voici que peu à peu le sourire va s’effacer sur la gracieuse figure de Mme Deshoulières. Celle qui écrivait à Condé n’est déjà plus. Voici le moraliste ; tout à l’heure apparaîtra la femme chrétienne.

Malgré ses injustices contre Racine, nous dit Sainte :Beuve, malgré l’inimitié de Boileau et les allusions vengeresses du satirique peu galant, elle a survécu ; elle a joui longtemps de la première place parmi les femmes poètes, et ce n’est que devant un goût plus nouveau et dédaigneux que sa renommée est venue mourir. On s’est impatienté à la fin de ses petits moulons toujours ramenés ; on avait’ commencé par les lui contester et l’accuser sérieusement de les avoir dérobés ailleursmais il a suffi, sans tant y prendre garde, de

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les lui attribuer pour la faire paraître insipide. Elle vaut, elle valait beaucoup mieux que sa réputation aujourd’hui. Quand on lit un choix bien fait de ses vers, desquels il faut retrancher absolument et ignorer tant de fadaises de société sur sa chatte et sur son chien, on est frappé chez elle de qualités autres encore que celles qu’on lui accordait jadis. Elle semble plus moraliste qu’il ne convient à une bergère ; il y a des pensées sous ses rubans et ses fleurs. Elle est une digne contemporaine de M. de La Rochefoucauld ; on s’aperçoit qu’elle savait le fond des choses de la vie, qu’elle avait un esprit très-ami du vrai, du positif même ; on ne s’en serait pas douté à lui en voir souvent si peu dans 1 expression ; mais ces contraires se concilient. On s’appelle fris ou Climène, ou, de nos jours, de quelque nom à la Médora : la nature retrouve son compte là-dessous. •

Elle est digne contemporaine de La Rochefoucauld, dit le critique ; en effet, à chaque page de son œuvre nous trouvons des maximes qu’en vérité on pourrait croire de ce moraliste. Citons les vers Sur le jeu : Les plaisirs sont amers sitôt qu’on en abuse.

Il est bon de jouer un peu ; Mais il faut seulement que le jeu nous amuse.

Un joueur, d’un commun aveu,

N’a rien d’humain que l’apparence, • Et d’ailleurs il n’est pas si facile qu’on pensa D’être fort honnête homme et de jouer gros jeu. Le désir de gagner, qui, nuit et jour, occupe,

Est un dangereux aiguillon. Souvent, quoique l’esprit, quoique le cœur «oit bon,

On commence par être dupe,

On finit par être fripon.

Et ceux-ci, k propos de l’àmour-propre :

Nul n’est content de sa fortune,

Ni’mêcontent de son esprit. C’est encore elle qui a écrit cette strophe : Misérable jouet de l’aveugle fortune,

Victime des maux et des lois,

Homme, toi qui, par mille endroits,

Dois trouver la vie importune. D’où vient que de la mort tu crains tant le pouvoir ? Lâche, regarde-la sans changer de visage ;

Songe que, si c’est un outrage,

C’est le dernier a recevoir ! Pour arriver à cette force d’ :me, à ce stoïcisme, Mme Deshoulières avait subi bien des épreuves. Nous ne voulons pas parler ici de ses tentatives pour aborder le théâtre. À son Genséric, qui eut un assez grand nombre de représentations, succédèrent Jules-Antoine (autre tragédie), une comédie et un opéra ébauchés ; après quoi Mme Deshoulières renonça complètement à un genre pour lequel elle n’était point faite. Mais depuis son voyage dans les Pays-Bas, depuis son incarcération, elle n’avait pu relever sa fortune, très-compromise, et elle vivait dans un état voisin de la gène ; delà ses nombreuses plaintes. «Mais, dit Sauvigny, ces plaintes étoient bien pardonnables à une mère tendre, qui s’envisageoit moins elle-même qu’elle ne considéroit le sort de ses enfants après sa mort. » Parmi ces placets ingénieux, charmants, citons celui qui commence par ces vers : Dans ces prés fleuris Qu’arrose la Seine, Cherchez qui vous mène, Mes chères brebis. Et à ce propos nous devons ouvrir une parenthèse. Cette idylle, facile et gracieuse autant qu’en est fine et délicate l’allégorie, aurait été pillée, volée à un vieux poète, Coûte !, par Mme Deshoulières. C’est en 1735, et dans son numéro d’avril, que le Mercure suisse dénonçait le plagiat, et un peu auparavant, en janvier et février 1735, le baron doLaBastie et le président Bouhier, dans les Lettres à l’abbé Le Clerc, émettaient la même accusation (t. V des Nouveaux mémoires d’histoire, de critique et de littérature, par l’abbé d’Artigny). Depuis, bien des chercheurs ont remis la question sur le tapis et essayé de l’éclaircir, depuis Fréron et Lemontey jusqu’à M. Viollet-le-Duc qui, dans sa Bibliothèque poétique (1843), cite, à l’article Coutel, la pièce de ce dernier. Le débat n’est point clos.

Dans ses autres idylles, on remarque, comme dans celle que nous venons de citer, une inspiration très-positive enveloppée avec grâce. « Presque toujours, remarque Sainte-Beuve, une plainte est au fond. » Mais, nous le répétons, Mme Deshoulières était dans une grande gène, elle était veuve et avait des enfants ; et puis elle souffrait, elle souffrait sans cesse d’un mal incurable, d’un cancer au sein qui devait l’emporter. C’est à cette dernière époque de sa vie, à ce temps si triste que nous devons ses poésies morales et ses poésies religieuses, c’est-à-dire les plus belles pages de son œuvre.

Elle n avait pas toujours été chrétienne parfaitement orthodoxe, et Bayle, à son article Spinosa, a cité d’elle certaine pièce intitulée le Ruisseau, et qui se termine ainsi : Courez, ruisseau, courez, fuyez-nous, reportez Vos ondes dans le sein des mers dont vous sortez ; Tandis que, pour remplir la dure destinée

Où nous sommes assujettis, Nous irons reporter la vie infortunée

Que te hasard nous a donnée Dans le sein du niant d’où nous sommes sortis. Mais l’âge, les misères, la douleur sont venus, et avec eux les impressions de tristesse,

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les pensées sérieuses ; sa plume ne badinera plus avec l’amour ou avec le ruban de sa houlette ; elle paraphrasera les psaumes, elle écrira, et cela dès 1686, huit ans avant que sa voix s’éteigne, des odes religieuses, celle par exemple où doit être remarqué ce vers : Ote-moi cet esprit dont ma foi se défie.

Et cette autre où est développée la même pensée :

Homme, vanta moins ta raison. Vois l’inutilité de ce présent céleste, Pour qui tu dois, dit-on, mépriser tout le reste. Aussi faible que toi dans ta jeune saison.

Elle est chancelante, imbécile ; Dans l’âge où tout t’appelle à des plaisirs divers, Vile esclave des sens, elle t’est inutile ; Quand le sort t’a laissé compter cinquante hivers,

Elle n’est qu’en chagrins fertile,

Et quand tu vieillis, tu la perds. Voici encore quelques vers, écrits au milieu d’horribles souffrances, et dont le ton est élevé autant que la pensée en est sérieuse : Que l’homme connaît peu la mort qu’il appréhende

Quand il dit qu’elle le surprend ! Elle naît avec lui, sans cesse lui demande Un tribut dont en vain son orgueil se défend. Il commence à mourir longtemps nvantqu’il meure ; Il périt en détail imperceptiblement ; Le nom de mort qu’on donne à notre dernière heure

N’en est que l’accomplissement. Cette dernière heure sonna pour l’aimable poète, qui était devenue presque un grand poète : Mmo Deshoulières mourut le 17 février 1694.

Alors qu’elle no pensait point encore comme Hénault son maître sur l’inanité de la gloire d’outre-tombe, elle avait écrit ceci : Tandis que le soleil se lève encor pour nous,

Je conviens que rien n’est plus doux

Que de pouvoir sùremerrt croire Qu’après qu’un froid nuage aura couvert nos jeux

Rien de lâche, rien d’odieux

Ne souillera notre mémoire ;

Que, regrettés par nos amis.

Dans leur cœur nous vivrons encore. Pour un tel avenir, tous les soins sont permis : C’est par cet endroit seul que l’amour-propre honore ; Il faut laisser le reste entre les mains du sort.

Était-ce un pressentiment ? On a, en effet, contesté bien des fois à Mme Deshoulières le titre de poète. Vous connaissez tous lès traits que lui a lancés Boileau. J.-B. Rousseau, à son tdnr, disait (lettre à Brossette du 4 juillet 1730) : « Il y a plus de substance dans le moindre quatrain de M’o Cheron que dans tout ce qu a fait en sa vie Mmo Deshoulières. » Nous avons aussi parlé du procès, pendant encore, de l’idylle des moutons. Pourtant Mme Deshoulières a de quoi se consoler ; assez grande a été sa part de gloire comme poète, d’affections comme femme. Voltaire, qui certes s’y connaissait, a dit, dans son Temple du goit : ■ Le doux, mais faible Pavillon, faisait sa cour humblement à Mme Deshoulières, qui est placée fort au-dessus de lui. ■ Elle fut reçue en même temps que F16chier membre de l’Académie des llicoorati ; elle l’était aussi de celle d’Arles. Voilà, avec ce que le lecteur en sait déjà, voilà pour la gloire ; pour les affections, écoutez ce que dit Sainte-Beuve : « Elle fut très-sensible à l’amitié ; on la trouve entourée do mille noms alors en vogue, dont quelques-uns ont pâli sans doute ; mais, pour la douceur de la vie, il n’est pas nécessaire d’avoir affaire aux seuls immortels. Ellejouissaitdetous : on ne dit pas que, comme Mme de La Fayette, elle se soit singulièrement attachée à aucun. Elle semblait leur dire, au milieu des fleurs qu’elle en recevait, comme à l’abbé de Lavau :

Que vous donner donc en leur place ?

Un simple bonjour ? C’est trop peu ; Mon cœur, c’est un peu trop, quoique sa saison passe. Des noms graves s’y mêlaient, et sous un reflet très-radouci. Elle a écrit à Mascaron une épître badine datée des bords mêmes du Lignon. Elle cultiva précieusement Fléchier, qui le lui rendit ; Fléchier, caractère noble, esprit galant, qui n’a d’autre tort que d’avoir été trop comparé par les rhéteurs à Bossuet, qu’il fallait seulement (à part son éclair sur Turenne) rapprocher de Bussy, de Pellisson, de Bouhours, et dont le portrait par lui-mêmo est bien la plus jolie pièce sortie de la littérature Rambouillet. Ce n’est pas à Mme Deshoulières, mais à sa fille (ou du moins à une demoiselle de ce même cercle) qu’il l’adressa. Vivant dans ses diocèses, à Lavaur, à Nîmes, c’est-à-dire en province, il regrettait quelque peu le monde de Paris et les belles compagnies lettrées ; il avait d’autant mieux gardé le premier goûtde sajeunesse. llcorrespondait a ses loisirs avec Mme Deshoulières, qui se plaignait quelquefois en vers de ses involontaires négligences :

Damon, que vous êtes peu tendre !

Elle le traite comme un sage du Portique et le menace d’appeler l’amour au secours de l’amitié : Un sage être amoureux ! Qu’est-ce qu’on en dirait ?

Fléchier lui envoyait en offrande, « pour l’apaiser, du miel de Narbomie. »

Les œuvres de Mme Deshoulières, composées d’idylles, d’églogues, d’odes, do la tragédie de Genséric, que nous avons cru devoir seulement noter au passage, d’épigrammes, de chansons, de madrigaux et d’élégies,

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pafurent pour la première fois, en un seul volume, en 16SS, du vivant de leur auteur ; le second volume fut imprimé par les soins, de sa fille, un an après la mort du poète, en 1695. La seconde édition, complète et en 2 vol. in-8°, fut publiée en 1724, avec le portrait de Mme Deshoulières. Au bas de ce portrait on lisait cet ingénieux quatrain ; Si Corinne en beauté fut célèbre autrefois, Si des vers de Pindare elle effaça la gloire, Quel rang doivent tenir au temple de mémoire Les vers que tu vas lire et les traits que tu vois ?

DESHOULIÈRES (Mlle Antoinette-Thérèse), fille de la précédente, née à Paris en 1002, morte dans la même ville en 1718. La fille de l’aimable auteur des Idylles hérita de ses qualités et de ses vertus, mais non de son talent poétique. Elle rima un peu malgré Minerve, quoique, pour ses débuts, elle eût remporté le prix de l’Académie française, qui avait donné pour sujet : Ode sur te soin que le roi prend de l’éducation de la noblesse dans les places et dans Saint - Cyr. L’ode de Mile Deshoulières ne brille guère cependant par la poésie ; ce n’est qu’une œuvre de courtisan, un amas ridicule de métaphores alambiquées et de louanges emphatiques. Fontanelle, qui avait aussi pris part à ce concours, n’obtint que le premier accessit.

Mlle Deshoulières ajouta un second volume aux œuvres de sa mère, avec une préface gui se termine ainsi : « On s’étonnera peut-être que j’ose mettre le peu d’ouvrages que j’ai faits à la suite de ceux de ma mère. J’en connais toute la différence ; mais quand je joins, dans un même volume, mes vers aux siens, je ne fais que suivre son intention : heureuse de leur procurer par là le seul moyen qu’ils ont de passer à la postérité. » Le procédé, en effet, ne manque pas d’une certaine habileté, mais MU" Deshoulières oubliait le contraste et les effets désagréables qu’il produit souvent ; elle ne songeait pas qu’elle allait remplir le modeste rôle de l’ombre par rapport au tableau.

Mlle Deshoulières, sans fortune, ne vivait que des bienfaits de Louis XIV ; elle fut cependant recherchée en mariage par un jeuno officier plein de mérite, M, Caze, qui fut tué à la guerre en 1692. Plus tard, on voulut lui faire épouser un gentilhomme provençal, M. d’Audiffret ; mais des obstacles restés ignorés empêchèrent cette union. Ce fut ce même d’Audiffret qui la fit admettre à l’Académie des Iiicovrati (1C99). M"= Deshoulières, d’un esprit aimable, cultivé, d’un commerce charmant dans la société, avait un grand nombre d’amis, et des plus distingués, parmi lesquels nous pouvons citer l’abbé Vertot, La Monnoye, Fléchier et Mascaron. Le même mal qui avait emporté sa mère (un cancer au sein) la conduisit au tombeau, et, comme sa mère, elle mourut à cinquante-six ans. Elle fut inhumée dans l’église de Saint-Roch, auprès de Mme Deshoulières.

Mlle Deshoulières a laissé des épitres, des chansons, des madrigaux, et une sorte de tragédie burlesque, la Mort de Cochon, chien du maréchal de Vivonne. Si l’on en croit Sauvigny, elle entreprit aussi décrire un opéra sous le titre de Callirhoé ; mais, ayant appris que Roy traitait le même sujet, elle abandonna son ébauche.

Pour donner au lecteur une idée de la poésie de MHe Deshoulières, nous reproduisons ici la dernière des Stances que lui inspira la mort do sa mère :

Muses, ne cherchez plus cet esprit admirable, L’honneur de notre siècle et du sacré vallon.

De cette perte irréparable

Chargez les fastes d’Apollon,

Allez aux bords de l’IIippocrène, Par des torrents de pleurs célébrer son trépas ;

Et si ma douleur vous ramène, Respectez ma douleur, ne me consolez pas.

DÉSHUILÉ, ÉB (dé-zui-lé) part, passé du v. Déshuiler : Papier déshuilk. *

DÉSHUILER v. a. ou tr. (dé-zui-lé — du* préf. dés, et de huiler). Enlever l’huile de : Déshuiler de la laine. |] Peu usité.

DESHUTTES ou DESUTTES (Jacques-Antoine-Joseph), maréchal de camp français, mort à Lyon en 1834. On a de lui :Jiéponse à un écrit intitulé : Lyon en 1817, par le colonel Fabvier (Paris, 1818, in-S°). Deshuttes était frero du garde du corps qui fut tué avec M. de Varicourt aux journées des 5 et 6 octobre, sur les marches de l’escalier de la Reine.

DÉSHYDRATATION s. f. (dé-zi-dra-ta-sion — rad. déshydrater). Chim. Action de déshydrater : La DÉSHYDRATATION des sels.

DÉSHYDRATÉ, ÉE (dé-zi-dra-té) part, passé du v. Déshydrater : Corps déshydraté.

Chaux DÊS1IYORATÉE.

DÉSHYDRATER v. a. ou tr. (dé-zi-dra-té — du préf. dés, et de hydrater). Chim. Priver d’eau : Déshydrater de la chaux.

DÉSHYDROGÉNATION s. f. (dé-zi-dro-jéna-si-on — rad. déshydrogéner). Action de déshydrogéner. Il On dit aussi déshydrogéni- 8ATION, mais l’un et l’autre sont peu usités.

DÉSHYDROGÉNÉ.ÉE (dé-zi-dro-gé-né) part. passé du v. Déshydrogéner : Corps déshy-

BROOÉNÉ.

DÉSHYDROGÉNER v. a. ou tr, (dé-zi-drojé-né — du préf. dés, et de hydroyéner). Chim.