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à draguer, que l’on emploie pour opérer à bras d’hommes les draguages en grandes masses.

— Encycl, Cette machine, dont la construction a beaucoup d’analogie avec la noria, se place sur un plancher supporté par des pilotis. Elle se compose de deux montants verticaux ou jumelles servant de supports à un rouleau de bois ou de fonte, sur lequel s’enroule la chaîne qui porte les hottes. Le fond du cours d’eau à draguer n’ayant pas toujours la même profondeur par rapport au niveau de l’eau, la rouleau supérieur, qui reçoit le mouvement d’un treuil compose, peut glisser entre les jumelles et la chaîne prend ainsi la longueur voulue. Au besoin, on enlève ou on ajoute des hottes, suivant qu’il y a surélévation ou abaissement du système. Bans cette machine, les mailles de la chaîne doivent, être assemblées avec beaucoup de soin et pouvoir être remplacées aussitôt qu’elles prennent trop de jeu, sans quoi les hottes s engageraient par le’flanc, et quelquefois même par le dos, entre le gravier et le rouleau, ce qui les déchirerait ou les écraserait.

DÉLONGÉ, ÉE (dé-lon-jé) part, passé du v. Délonger. À qui on a été sa longe : Faucon DBLONGK.

DÉLONGEB v. a. ou tr. (dé-lon-jé — du privât, , et de longe. Prend un e après le g devant a et o : Nous dëlongeons, je délongeai). Fauconn. Débarrasser de sa longe, en parlant d’un oiseau de proie : Délonger un faucon, n On dit aussi bélongir.

DBLOA’NIA, ville de la Turquie d’Europe. V. Dblvino.

DÉLOQUETÉ, ÉE adj. (dé-io-ke-té — rad. loque). Qui est en loques, en guenilles : Allons, viens ici, que je te remette ta ceinture et ton chapeau, afin qu’on ne dise pas que M. de Beausire laisse aller sonenfant tout déloqueté par les rues. (Alex. Dura.)

DELOKD (Taxile), écrivain et journaliste français, né à Avignon, le 25 novembre 1S15, d’une famille protestante. Après de bonnes études classiques faites au collège royal de Marseille, il débuta dans la vie littéraire par quelques articles insérés dans le Sémaphore (1834-1837). Mais comme il y avait peu de ressources à Marseille pour un jeune homme aspirant à faire son chemin par les lettres, il ne tarda pas à venir chercher fortune à Paris. C’était en 1837 ; il entra de suite au Vert-vert, feuille satirique d’alors, puis au Messager, où on le chargea d’une revue périodique des livres nouveaux. En 18-12, M. Taxile Delord fut appelé à la rédaction en chef du Charivari, qu’il abandonna momentanément pour la reprendre en 1849 et la conserver jusqu’en 1858. Pendant ces dix années, il fit preuve d’une gaieté intarissable, ot l’on se souvient encore du sel gaulois jeté à pleines mains dans les colonnes de ce journal, sous les pseudonymes comiques de Tartempion, Barbanchu, Cabassol, Castorine,

Falempin et Cocomero.

En 1S58, M. Taxile Delord fut chargé de la critique littéraire au Siècle. Il la rédigea avec esprit et indépendance, ne craignant pas de s’attaquer aux célébrités qui lui paraissaient surfaites. Plus d’un des princes de la presse sortit de ses mains quelque peu malmené, et le fameux critique Sainte-Beuve, qui se trouva trop irrévérencieusement traité, engagea avec lui une polémique dans laquelle les convenances et l’esprit no furent point toujours du côté de l’auteur des Causeries du Lundi. Dans ces dernières années, M. Taxile Delord s’est hasardé sur le terrain glissant de la politique. Chargé du bulletin politique du Siècle, il l’a rédigé avec netteté et vigueur, traitant les princes de la terre avec autant de sans-gêne qu’il gourmandait les rois de la littérature. Démocrate avancé, il n’a cessé de soutenir les principes de 89, dont il déduit logiquement les conséquences, et il donne parfois au gouvernement, et surtout à ses agents qui se laissent égarer par un zèle malentendu, des leçons pleines de franchise. L’intolérance religieuse est certaine, partout où elle laisse poindre le bout de l’oreille, de trouver en lui un adversaire inflexible. L’originalité narquoise de sa prose, l’intérêt de ses courriers, lui valurent un succès de vogue qui lui ouvrit l’accès do recueils importants, entre autres le Magasin de librairie de Charpentier, où il demeura lorsqu’il fut transformé en Revue nationale. Ce fut.dans les colonnes du Magasin de librairie et de la Bévue nationale qu’il produisit ses meilleures œuvres. Son article du 25 décembre 18G0 (dans la Bévue nationale) a fait le tour de la presse ; il était intitulé : Des devoirs de la presse. À propos de ces devoirs, il flétrit avec une éloquence passionnée et qu’on ne lui connaissait pas encore, la publicité légère, inventée sous l’Empire pour consoler les esprits de l’absence de la liberté politique dans le3 choses de la pensée : « Pendant 1 absence de la véritable presse, dit-il, il s’est fait, à l’usage de ce triste et nouveau public (les gandins, maintenant les petits cre~ vés), une sorte de journalisme qui l’hébété chaque jour davantage. Le journal s’est mis à rôder dans les ofhces et dans les antichambres, à écouter aux portes, à frayer

avec les valets pour avoir les secrets des maîtres ; il fait la cour à Frontin, il collabore avec lui ; il arrange sa prose. Heureux ■

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encore s’il s’en tenait là ; mais non content de divulguer les secrets de la vie privée des honnêtes gens, il va chercher ces malheureuses femmes, que leur indignité mémo aurait dû protéger, pour les traîner sur la claie de la publicité. Embusqué à leur porte, il note sur son calepin ceux qui entrent chez elles et ceux qui en sortent Le journalisme en question a trouvé moyen de faire lire et vendre à des milliers d exemplaires des obscénités que la police saisirait si elle les trouvait cachées au fond d’une arrièreboutique ; il les étale à tous les coins de rue ; il se glisse en contrebande dans les familles, et plus d’un honnête bourgeois, qui rougirait d entendre sur le prochain le quart de ce que disent les journaux, les lit en riant et se fait une idée de la société d’après un écrivailleur dépravé, qui exploite des turpitudes. »

Ne sentez-vous pas le prédicateur réformé poindre sous la plume de l’écrivain critique ? M. Taxile Delord est une des notabilités du parti protestant, dit libéral, pour le distinguer du parti orthodoxe, dirigé par M. Guizot Comme on le suppose bien chez un rédacteur du Siècle, il n’aime pas l’Église catholique et médit volontiers du clergé. Ses boutades ont souvent une désinvolture pittoresque ; par exemple, après avoir analysé un discours de magistrat rentrant de vacances, ayant à parler d’un miracle, il dira ; • Les miracles aussi font leur rentrée. »

Un jour, à l’occasion de l’élection de Lacordnire à l’Académie française, on lit au-dessous d’un paragraphe intitulé : Domini canes, le réjouissant commentaire que voici : « En entrant au musée de Florence l’année dernière, mes yeux furent frappés par un tableau étrange. Au milieu d’une toile blanche, de grands chiens noirs tachetés de blanc, comme ceux de Desnprtes au musée du Louvre, se ruaient sur des corps sanglants et les dévoraient à belles dents. Au bas de cette toile, on lisait ces mots : Dominicanes (chiens du Seigneur), par allusion au nom latin des dominicains, dominicain. >

M. Taxile Delord avait entrepris d’écrire pour la Beuue nationale une série de monographies dans laquelle il devait comprendre tous les personnages importants delà réforme en France au xvio siècle. C’était une œuvre d’une difficulté inouïe et à l’accomplissement de laquelle du style ne suffit pas, car il y faut joindre beaucoup d’érudition. Il n’a paru que le portrait de Marguerite d’Angoulème, qui devait être le premier d’une suite de portraits de femmes (nos des 25 février et 10 mars 1S60 de la Beuue citée plus haut). M. Taxile Delord est doué d’un esprit alerte et clair, mais qu’il aime trop à surmener : il est dangereux de vouloir produire trop à la fois.

Après avoir abandonné la rédaction du Siè~ de, pour entrer h l’Avenir national, l’ancien rédacteur en chef du Charivari a dû se retirer pendant quelque temps du journalisme dans l’intérêt de sa santé. Il est revenu tout récemment sur la scène. Depuis la mort de

M. Havin, il est aussi rentré au Siècle. Taxile Delord a publié le premier volume d’une Histoire du second Empire (in-so, Paris, 1869), dont une nombreuse édition fut enlevée en quelques jours. Voici, à propos de cet ouvrage, le jugement que porte sur M. Taxile Delord un éininent critique allemand de notre époque, le DrJ.-J. Honegger :

t Taxile Delord estun esprit sérieux, calme, sensé, toujours en quête de la vérité. Chez 3ui, rien de la légèreté française ni de ce style, semblable à celui de la conversation, qui séduit par ses étrangetés ; tout au contraire le sombre regret de cette liberté, à laquelle la nation a si étourdiment renoncé, a donné à sa phrase quelque chose de la gravité allemande.il n’a également rien de saisissant dans le style, mais il émeut toujours, sans

toutefois dépasser la mesure voulue En

somme nous ne trouvons pas dans Delord la puissance d’un historien de grand style, mais en revanche cet esprit de vérité et cette loyauté de conviction dont les plus brillantes qualités ne suffisent pas toujours à compenser l’absence. »

L'Histoire du second empire n’est pas un livre destiné à rester, et l’auteur l’entend bien de cette manière ; c’est plutôt une façon de traiter d’ensemble, ot dans l’intérêt de la situation politique du moment, toutes les questions qui ont ému le public depuis le coup d’État du 2 décembre et amené la situation dans laquelle nous sommes. Du reste, M. Taxile Delord, quoiqu’il se soit présenté comme candidat de 1 opposition aux électeurs de Marseille qui lui accordèrent sept mille suffrages en 1SG3, n’a pas de prétentions politiques. C’est un homme de lettres instruit et d’un coup de plume facile, qui dit volontiers dans un journal l’opinion qu’il a de tous et de toutes choses, mais sans arrière-pensée personnelle.

Outre les travaux déjà cites, on doit à M. Taxile Delord : 10 Physiologie de la Parisienne (Paris, 1851, recueil d’articles) ; 2 » la Fin de la comédie, pièce de théâtre jouée à l’Odéon en 1854 ; 3° un grand nombre de morceaux dans les Français peints par eux-mêmes, dans la Bévue critique, dans l’Histoire des villes de France.

Il a également collaboré au texte des Fleurs animées de Grandville, aux journaux le Prisme, le Courrier, le Peuple.

Citons encore : îo les Troisièmes pages du journal le Siècle, 18G1, 1 vol. in-8°, collection

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de variétés littéraires publiées dans ce journal ; et 2° les Matinées littéraires, composées de revues de quinzaine insérées dans le Magasin de librairie, outre quelques publications de circonstance en collaboration avec M. Louis Jourdan, destinées à être données en prime aux abonnés du Siècle.

DÉ1.0IUER (Bénigne-Claude), littérateur français, né à Dijon en 1785, mort en 1852. Ancien officier de l’Empire, il avait perdu un bras à Waterloo. Il a publié les ouvrages suivants : Loisirs d’un Français, poésies (1819, 2 vol. in-12) ; la Famille de Surville, roman (1825, 4 vol. in-i2)j Becueil de chansons patriotiques et autres poésies (Rouen, 1S30, in-18) ; Contes normands ; les Deux orages ; les Deux châtelains (Rouen, 1834, in-12), etc,

DEl.OBMB (Philibert), célèbre architecte français, né à Lyon vers 1515 (date ignorée jusqu’ici, bien qu’elle résulte d’un passage de son Traité d’architecture), mort à Paris le 8 janvier 1570. Il appartenait probablement à la famille de Pierre et de Toussaint de l’Orme, constructeurs du château de Gaillon. « Dès l’âge de quinze ans, dit-il dans ses iYowvelles inventions, je commencay avoir charge et commander tous les jours à plus de trois cents hommes. » La Renaissance ayant remis l’antiquité en honneur, Delorme dut étudier, dès son enfance, les débris d’architecture romaine conservés à Lyon et aux environs, 11 n’avait pas vingt ans lorsqu’il passa les Alpes pour aller étudier ces monuments à Rome même et les reconstituer, en projet, dans leur splendeur première. Témoin de ses efforts et de ses succès, le cardinal de Sainte-Croix, qui fut depuis le pape Marcel, le protégea et aida même à son instruction. Le jeune artiste s’attachait surtout a l’étude de la construction et à la coupe des pierres dont, plus tard, et le premier en France, il révéla les principes.

En 153G il était de retour dans sa ville natale. À cette époque, 1’exécution de trompes, sortes de voûtes en saillie des maisons supportant un corps de construction qui semble ainsi reposer sur le vide, était un sujet de vanité pour les tailleurs de pierre et le critérium de leur habileté. Il en édifia plusieurs d’une hardiesse où la science se montrait habilement unie a l’art. Dargonville, un auteur qu’on a trop cité, dit que ces œuvres frappèrent tellement le cardinal du Bellay à son retour de Rome qu’il arracha l’artiste à sa ville natale et l’introduisit à la cour. Le puissant cardinal, ami de Rabelais, fut en effet le premier protecteur de l’artiste, qu’avait pu lui recommander le pape Marcel. Plus tard, lorsqu’il résolut de construire son château do Saint-Maur, il le choisit pour architecte.

On ne connaît point au juste l’époque à laquelle Delorme se fixa à Paris ; mais sa fortune y fut rapide. Un acte authentique du 29 janvier 1548 lui donne la qualité « d’architecte du roy, » qu’il à pu avoir déjà sous François Ier, mort l’année précédente. Des lettres d’office, données à Fontainebleau la même année, le nomment inspecteur des bâtiments royaux. Architecte préféré dô Henri II et de Diane de Poitiers surtout, qui n’aimait pas les Italiens, il exécuta des travaux importants, pour la plupart détruits ou transformés, mais qui lui valurent une large part dans la distribution des bénéfices et des charges que la royauté octroyait, en manière de récompenses, à ses serviteurs. Il fut ainsi conseiller et aumônier ordinaire du roi, abbé commendataire de Geveton en Valois, de Saint-Barthélemy-lez-Noyon et d’Ivry, au diocèse d’Evreux. En 1560, ayant renoncé en faveur de Jacques de Poitiers, frère de Diane, à l’abbaye de Saint-Barthélémy, celle de Saint-Serge-lez-Angers le récompensa de sa déférence aux vœux de la favorite, et le titre d’abbé de Saint-Serge fut celui qu’il porta le plus ordinairement.

Philibert Delorme était trop bien en cour pour ne pas avoir des envieux et par conséquent des ennemis. Il supportait impatiemment les prétentions des Italiens s’appliquant, de par la faveur royale, à vicier les inclinations naturelles et les croyances de l’art français, et par-dessus tout la présence du Primatice, chargé de la direction suprême des travaux royaux, alors qu’à cette époque l’Italie entière n’avait plus un seul architecte digne de lui être comparé. Toutefois, même parmi ses compatriotes, Delorme s’attira de violentes inimitiés. Peut-être n’eut-il point le tact de jouir avec modération de sa faveur. A en juger par ses écrits, d’où la modestie est absente, il a pu montrer cotte morgue, cette hauteur dont l’accusent, entre autres, Ronsard et Bernard de Palissy. Le premier, dans une Satire intitulée la Truelle cassée, blâme le roi de ce que ■ les, bénéfices se donnent à des maçons et autres plus viles personnes. » Delorme se vengea en faisant refuser au poëte, qui suivait la reine dans une promenade aux Tuileries, l’entrée du jardin. Ronsard écrivit alors sur la porto en lettres capitales ces trois mots : fort, révèrent, iiabe. Au retour l’artiste lut l’inscription, et, la prenant pour du français, il crut y voir une injure et se plaignit à la reine. Celle-ci aida Ronsard à se venger, car elle tança aigrement Delorme de n’avoir pas compris que ces trois mots étaient latins et l’abréviation d’un distique d’Ausone qui conseille la mo DELO

destie à l’homme que la fortune a soudainement élevé :

Forlunam reverenter habe, quicttmque repente Dincs ab exiii progrediere loco.

Bernard de Palissy fait allusion à notre artiste et à une mésaventure qui lui advint lors do la construction du château de Meudon, par ces paroles qu’il met dans la bouche de Practique : « Aussi je scay qu’il y a eu de nostre temps un architecte françois qui se faisoit quasi appeler le dieu des maçons ou architectes, et d’autant qu’il possôdoit vint mil escus en bénéfices, et qu’il se sçavoit bien comodé à la cour ; il advint quelquefois qu’il se vanta de faire monter l’eau tant haut qu’il voudroit par le moyen des pompes ou machines, et par telle jactance incita un grand seigneur à vouloir faire monter l’eau d’une rivière en un haut jardin sans réussir. »

La bienveillance de Henri II était lo principal appui de Delorme et tint ses ennemis en échec ; mais le roi venait à peine de mourir (1559) qu’ils parvinrent à le déposséder de sa charge de surintendant des bâtiments au profit du Primatice, qui fut, paraît-il, l’âme de cette cabale. On no se bornait pas à nier son talent, on feignait de suspecter sa probité. « Je fus, dit-il, non sans amertume, depesché et calomnié avec une infinité de mensonges, voire jusques à estre de telle sorte rendu suspect, comme si je dérobois les deniers publics ; mais jamais n’en ai manié aucuns, sinon ceux qu’il a pieu à Dieu me donner. » Et plus loin, parlant d’une de ses inventions, il en démontrera l’utilité « s’il plaît à Dieu, dit-il, me donner l’esprit plus libre et me mettre hors do tous ennuicts et traverses que l’on m’a donné depuis le trespas du feu roy Henry, mon très-souverain et bon maistre. • Enfin il ne ménage point les peintres qui se mêlent d’architecture et qui, dit-il, « sçavent plustot bien farder, laver, ombrager et colorer leurs portraits (plans) que bien faire et ordonner avecques toutes leurs mesures ; < malice bien permise à l’homme, consommé dans le métier, qui venait d’être supplanté par le Primatice.

À la fin cependant les nuages amoncelés sur sa tête se dissipèrent ; il recouvra une partie de sa faveur. En 1564 il commença pour la reine mère, Catherine de Médicis, le palais des Tuileries, la plus importante de ses œuvres, s’il lui eût été donné de la terminer. Il y résuma la plupart des principes dont il développe la théorie dans ses ouvrages et s’efforça d’y réaliser l’idée, qu’il a eue le premier, d’un ordre français, à l’aide de colonnes composées de quatre ou cinq tambours superposés et dont les joints étaient dissimulés par des moulures. De ces constructions du palais, il ne reste que l’ordre inférieur du pavillon du milieu et celui do l’aile droite. Los pavillons contigus aux ailes furent élevés à la même époque par Jean Bullant. Delorme travailla aux Tuileries jusqu’à l’époque de sa mort (1570).

La plupart des édifices bâtis par lui qui subsistent encore, les Tuileries, par exemple, ont subi des modifications considérables, ce qui ne permet point de se former une idée complète de son talent. Le château d’Anet, qu’il commença en 1552, est son œuvre la plus •remarquable ; sa chapelle et le portail transporté à l’École des beaux-arts figurent certainement parmi les plus belles créations de l’architecture française. On ne peut toutefois leur assigner le premier rang : • Deforme, visant sans cesse à la majesté, dit M. Ad. Berty, n’atteignit souvent que la lourdeur. Sous le rapport de l’imagination, il ne saurait être égalé à Jacques Androuet, sous le rapport de la pureté de style à Pierre Lcscot, ni sous le rapport de la science d’agencement à Jean Bullant. Trop préoccupé

do la recherche d’une beauté rationnelle qu’il demandait plutôt au calcul qu’au sentiment, il ne put éviter les bizarreries et même les gaucheries dans ses conceptions….. Et cependant il mérite la célébrité attachée à son nom, parce qu’à côté de ses études sur les styles et la forme il en a fait de considérables sur la construction, dont le premier il a publiquement révélé les secrets en France. De grands progrès réalisés en technique, voilà le principal fleuron de la couronne do Delorme, et c est sur le terrain de la science

? [u’il a vraiment dominé tous ses rivaux. »

Les Grands architectes de la Benaissance.)

C’est Philibert Delorme qui a inventé le genre de construction en planches sur champ pour les voûtes légères et les combles, qu’il nomme dans ses ouvrages : moyen de construire à petits frais. Ses deux livres, où il est traité de la coupe des pierres, ont répandu cette science demeurée depuis le moyen àgo le privilège d’un petit nombre de constructeurs qui ne voulaient y initier que leurs apprentis. Ses ouvrages ont été pendant plus d’un siècle le meilleur et presque Punique traité de l’art do la construction. Le premier est intitulé : Nouvelles inventions pour bien bastir et à petits frais trouvées naguères par Philibert de Lorme, Lyonnois (Paris, 1561), et le second, dont le premier volume seulement fut terminé : Le premier tome de l’architecture de Philibert de L’Orme (Paris, 1567).

Indépendamment des édifices construits par cet éminent architecte et cités ci-dessus, nous devons mentionner : le portail, en style français, de la chapelle du parc de Villers-Cotte-