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Bouchain et Denain ; un gros de cavalerie retournait franchir la Selle et gardait les passages de cette rivière, tandis que les hussards français battaient les plaines pour arrêter les donneurs d’avis et les éclaireurs ; puis voila que tout à coup le gros do l’armée lait demitour à gauche et suit ces détachements, au grand mécontentement des soldats et des officiers supérieurs, qui crurent un instant qu’il y avait méprise et qui hésitèrent à obéir, s’imaginant qu’on tournait le dos à l’ennemi. Bientôt pourtant ils comprirent qu’on marchait sur Denain ; la confiance et la bonne humour renaquirent de toutes parts. « M. de Villars était perdu, dit le maréchal de Saxe dans ses nêoeries, si le prince Eugène eût marché a lui lorsqu’il passait la rivière en sa présence, en lui prêtant le flanc ; le prince ne put jamais se figurer que le maréchal fît cette manœuvre à sa barbe, et c’est ce qui le trompa. Le maréchal de Villars avait très-adroitement masqué sa marche ; le prince Eugène le regarda, 1 examina jusqu’àonze heures sans y rien comprendre, et laissa ses soldats l’arme aux pieds. S’il avait fait un mouvement en avant, toute l’armée française était perdue, parce qu’elle prétait le flanc, et qu’une grande partie avait déjà passé l’Escaut. Le prince Eugène dit a onze heures : « Je crois qu’il vaut mieux aller dîner ; » et il fit retirer ses troupes.

À peine fut-il a table, que mylord d’Albemarle lui fit dire que la tète de 1 armée française paraissait de l’autre côté de l’Escaut et faisait mine do vouloir l’attaquer. Il était encore temps de marcher, et, si on l’eût fait, un grand tiers de l’armée française était perdu. Lo prince Eugène donna seulement ordre à quelques brigades de sa droite de se rendre aux retranchements de Denain, à quatre lieues de la. Pour lui, il s’y transporta à toutes jambes, ne pouvant encore se persuader que ce fût la tète de l’armée française. Enfin, il l’aperçoit et lui voit faire sa disposition pour attaquer ; dans le moment, il jugea lo retranchement perdu et forcé. Il examina l’ennemi pendant quelques instants en mordant de dépit son gant-, et il n’eut rien de plus pressé que de donner ordre qu’on retirât la cavalerie do ce poste. »

Après avoir franchi l’Escaut sans difficulté, les Français continuèrent leur marche offensive, malgré un marais profond qu’ils rencontrèrent au delà, du fleuve, et où le soldat, qui avait de l’eau et de la vase jusqu’à la ceinture, ne laissa pas de suivre son chef avec une impétueuse ardeur. Enfin on aborda ces fameuses lignes qui formaient le chemin de Paris. C’était un double retranchement de deux lieues de longueur, qui aboutissait au cainp de Denain, et au milieu duquel passaient les convois qui venaient de Marchiennes. Il fut emporté a la baïonnette, malgré les redoutes qui le défendaient, et l’infanterie put se ranger en bataille dans 1 intervalle des deux lignes, pour se préparer à l’attaque du camp do Denain.

Cependant Eugène, bien obligé enfin de croire les rapports qui lui arrivaient à chaque instant’, accourait à toute bride avec son état-major. Il renforça à la hâte Albemarlo au moyen de quelques bataillons établis vers Thian, à la droite de l’Escaut, et conjura ce général de faire les plus héroïques efforts pour soutenir l’attaque jusqu’à 1 arrivée du gros des alliés, dont les têtes de colonnes apparaissaient déjà au loin sur les plateaux ; puis lui-même alla se placer sur une hauteur pour voir venir et diriger ses forces.

Mais Villars ne les attendit pas : il sentait qu’il fallait enlever la victoire au pas de course, et il donna l’ordre do marcher en avant. Un de ses généraux lui proposant do faire des fascines pour combler les retranchements du camp de Denain : à Croyez-vous, lui répondit-il en lui montrant l’arméé ennemie qui s’avançait de l’autre côté de l’Escaut, croyezvous que ces messieurs nous en laisseront le temps ? Les corps de nos gens nous serviront de fascines ; marchons ! • On fit halte un instant pouf la prière, puis l’infanterie s’avança sur quatre lignes, et fut accueillie, à cinquante pas, par un effroyable feu d’artillerie et de mousqueterie ; à vin’gtpas, les décharges redoublèrent ; mais rien ne put arrêter l’impétuosité de nos soldats. Arrivés sur le bord du fossé, ils s’y jetèrent intrépidement et gravirent le retranchement avec un élan irrésistible, marchant sur les vivants et sur les morts. Tout plia sous le torrent. La cavalerie parvint à s’ouvrir un débouché sur un autre point et à pénétrer elle-même dans le retranchement ; alors le désastre de l’ennemi

fut irrémédiable. Il essaya inutilement de se rallier dans le village et l’abbaye de Denain ; partout il se vit forcé. D’Albemarle fut fait prisonnier sous les pieds mêmes du cheval de Villars ; deux princes de Nassau, un prince de Holstein, un prince d’Anhalt, tous les généraux et tous les officiers durent également rendre leur épée. Le reste des ennemis se précipita dans un épouvantable désordre vers le pont da bateaux qu’ils avaient sur l’Escaut ; mais le pont croula sous les mouvements désordonnés des fuyards, qui furent tous pris ou noyés. Quatre généraux périrent ; les dix-sept bataillons chargés de défendre les retranchements furent pour ainsi dire anéantis sous les yeux mêmes d’Eugène, qui contemlait, pâle de colère et froissant ses dentelles, écueîl où venait de se briser sa gloire militaire. Ce prince, exaspéré, se mit alors à la tète de ses premières colonnes et essaya de

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rentrer dans Denain par le pont de Prouvy, établi par les alliés entre Denain et Valenciennes ; mais déjà ce pont était tombé au pouvoir des Français, et Eugène ne réussit qu’à faire tuer encore inutilement quelques centaines de ses soldats :- Il se résigna enfin à donner l’ordre de la retraite et à se retirer, la rage dans le cœur, car son coup d’ceil sûr et rapide lui révélait déjà les incalculables conséquences de sa défaite. Il avait perdu 8,000 hommes et 12 canons, Villars pas plus de 500 hommes. 60 drapeaux tombèrent entre nos mains ; le vainqueur les envoya à Versailles, où depuis longtemps on n’avait pu contempler de si glorieux trophées (24 juillet 1712).

o On était si accoutumé au malheur, dit M. H. Martin, qu’on ne pouvait croire à ce retour de fortune. Il semblait que ce fût quelque rêve des beaux jours passés ; on craignait de s’éveiller. Beaucoup de gens s’étaient d’abord imaginé que l’affaire de Denain n’était qu’un petit succès enflé par la vanité de Villars. Il fallut pourtant bien finir par reconnaître que le terrible vainqueur de H ochstsedt, de Turin, d’Oudenarde et de Malplaquet était vaincu à son tour, et que la France militaire s’était enfin retrouvée elle-même. •

Les résultats militaires de la victoire do Denain furent immenses ; elle produisit immédiatement une différence de cent bataillons sur les deux armées, car le prince Eugène se vit obligé de jeter des troupes dans toutes les places vaincues et se trouva dans l’impossibilité de tenir la campagne devant Villars, dont l’armée se grossissait tous les jours des garnisons d’un grand nombre do villes, que l’ennemi, en retraite sur tous les points, cessait de menacer. Saint-Amand, Anchin, Montagne, ainsi que tous les postes occupés par l’ennemi lelongde laScarpe, furenttourà tour assaillis et emportés. Les efforts de Villars se concentrèrent alors sur Marchiennes, centre de tous les approvisionnements de l’ennemi. La, place se rendit le 30 juillet, et l’on y prit 4,000 soldats, 1,500 mariniers qui faisaient te service des convois par eau, une multitude de chevaux et de provisions et 100 canons, dont 60 de siège. Eugène ne put rien tenter pour empêcher la destruction de tout co que les alliés avaient de troupes sur la gauche de l’Escaut : en six jours, ils perdirent 14 à 15,000 hommes, car l’infatigable Villars savait vaincre et profiter de la victoire. Après avoir pris Marchiennes et rasé les retranchements élevés par l’ennemi le long de l’Escaut, il alla investir Douai (31 juillet). Eugène, qui venait déjà d’être forcé de lever le siège de Landrecies, accourut au secours de Douai ; il tourna, comme un lion rugissant, autour du camp de Villars ; mais il le vit retranché d’une manière si formidable qu’il n’osa l’attaquer et se retira. Lo-8 septembre, Douai ouvrit ses portes, après un assaut terrible qui avait livré aux Français tous les dehors de la place. On y fit encore 3,000 prisonniers. Eugène, prévoyant la chute de Douai, voulut du moins sauver le Quesnoy, où il avait abrité tous ses canons après la bataille de Denain ; mais il avait affaire à un adversaire aussi actif, aussi entreprenant que lui, et, lorsqu’il arriva en vue du Quesnoy, il se heurta contre les Français, déjà établis entre lui et la ville : Villars, devinant son dessein, s’était porté à marches forcées sur cette place, ne laissant devant Douai prêt à succomber que le nombre de troupes nécessaire pour assurer sa chute. Eugène dut reconnaître de nouveau son impuissance à prévenir l’événement qui allait compléter sa ruine, et il se hâta de se retirer pour ne pas en être le témoin : le 19 octobre, le Quesnoy capitula et mit entre nos mains tout le matériel de siège du prince Eugène, 116 gros canons, sans compter les pièces de campagne, 140 mortiers et des munitions immenses. • Ce fut le couronnement de cette fameuse campagne de 1712, qui avait, tout à coup et sans transition, reporté la Franco du fond de l’abîme jusque sur les hauteurs glorieuses d’où elle était depuis longtemps descendue. » (H.Martin.)

La victoire de Denain est le plus beau titre de la gloire militaire de Villars ; elle eut pour résultat immédiat de rendre enfin plus dociles les Hollandais et d’aplanir toutes les difficultés qui s’opposaient encore à la paix d’Utrecht. Aux conférences de Gertruydenberg, la Hollande avait montré envers nos ambassadeurs une outrecuidance révoltante ; mais la bataille de Denain changea brusquement les^ situations. ■ Nous prenons, écrivait l’abbé de Polignac, la figure que les Hollandais avaient à Gertruydenberg, et ils prennent la nôtre : c’est une revanche complète. ■ Un autre propos, attribué aussi à l’abbé de Polignac, est également resté célèbre : comme les Hollandais, excités par l’ambassadeur autrichien Sinzendorf, rejetaient les propositions de la France et menaçaient de rompre le congrès, Polignac leur dit fièrement : «Nous traiterons de vous, nous traiterons chez vous et nous traiterons sans vous. » Quoi qu’il en soit, le traité d’Utrecht ne tarda pas à être signé, et illumina d’un dernier rayon la carrière si longue et si agitée du grand roi.

DENAIN (Léontine-Pauline -Elisa-Désirée Message, dite M’ie Elisa), actrice française, née à Paris en 1823. Après trois années d’études au Conservatoire, où elle obtint lo premier prix do comédie en 1840, elle parut d’à DENA

bord sur le théâtre de l’hôtel Castellane et débuta ensuite d’une façon très-heureuse à la Comédie-Française par le rôle d’Agnès do Y École des femmes, et celui de Rosine dans le Barbier de Séaille (8 juin 1840). Engagée la même ;.nnée, elle créa M06 de Nohan, dans le Mari à la campagne, et parut dans les Burgraoes et Oscar. Reçue sociétaire en 1S45, lors du départ de M110 Plessy pour Saint-Pétersbourg, elle succéda à la belle fugitive dans ses créations les plus importantes, et comme celle-ci elle aborda, mais sans beaucoup de succès, le rôle de Côlimène du Misanthrope, rendu si difficile par le souvenir encore vivant de Mlle Mars. Au commencement de 1856, à l’expiration des dix années de service qui lui donnaient droit au titre de sociétaire retirée, M !1<> Denain quitta brusquement le théâtre. Une de ses dernières et aussi une de ses meilleures créations avait été la Délie des Trois amours de Tibulle. Dans le répertoire classique, elle excellait surtout à représenter l’Elmire de Tartufe. Sans être absolument jolie, cette actrice plaisait dans les rôles de coquettes et d’amoureuses par une voix douce, de la grâce, de l’élégance et beaucoup de distinction.

DÉNAIRE adj. (dé-nè-re — lat. denarius, de dent, dix). Qui a rapport au nombre dix : Nombre dénaîre. Système dénaire.

DENAISICS (Pierre), jurisconsulte allemand, né à Strasbourg en 1561, mort à Heidelberg en 1010. Il se fit recevoir docteur en droit, puis devint conseiller de l’électeur palatin, pour lequel il remplit diverses missions diplomatiques en Pologne et en Angleterre. En 1590, Denaisius reçut la charge d’assesseur près la chambre impériale de Spire. Outre des vers allemands écrits avec élégance, des ouvrages sur ia théologie et la politique, on a de lui divers traités, parmi lesquels nous citerons : Jus camerale, sive nooissimijurîs Compendxum (Strasbourg, 1600, in-4°) ; Àssertio juridictions eamerœ impérialis (Heidelberg, 1G00, in-4o), etc.

DENAMBUC (Diel), marin normand, mort en 1636. Il prit possession, au nom de la France, de l’île de Saint-Christophe, et bâtit à la Martinique le fort Saint-Pierre, en 1635.

DÉNANTI, 1E (dé-nan-li) part, passé du v. Dénantir : Créancier dénanti.

DÉNANTIR v. a. ou tr. (dé-nan-tir — du préf. privât, , et de nantir). Enlever son nantissement à : Dénantir ses créanciers.

Se dénantir v. pr. Abandonner son nantissement.

— Par ext. Se dépouiller, se démunir : Il ne faut pas se dénantir de ce qu’on possède.

DÉNAïUAL s. m. (dè-na-ri-al — bas lat. denarialis ; de denarius, denier). Hist. Nom que l’on donnait aux affranchis de l’une des. trois classes reconnues par la loi franque.

— Encycl. Il y avait chez les Francs trois catégories d’affranchis : les dénariaux, affranchis devant le roi ; les tabulaires, affranchis devant l’Église ; les ckartuluires, affranchis par une simple charte où était consignée la valonté du maître. Les premiers tiraient leur nom de la cérémonie pieme de l’affranchissement. Le maître amenait son esclave devant le roi ; l’esclave tenait dans sa main un denier ; le roi, en lui frappant la main, lui faisait sauter le denier au visage et le déclarait libre. L’obscurité des textes a fait naître quelque diversité d’opinions sur les détails de la cérémonie. Quelques historiens pensent que la roi tenait lui-même le denier et le jetait sur la tête de l’esclave ; selon d’autres, l’esclave lançait le denier contre le sein du roi. Quoi qu’il en soit, l’esclave ainsiaffranchijouissaitd’une assez grande liberté. • Si quelqu’un, dit la loi des Ripuaires, a affranchi son esclave par lo denier, en présence du roi, nous ne voulons pas que cet affranchi penche de nouveau vers la servitude ; il demeurera libre comme les autres Ripuaires. > Mais cette loi, qui accorde aux dénariaux le même toehrgeld qu’aux hommes libres, ordonne que les biens du dénarial mort sans enfant retourneront au fisc, et un capitulaire de Charlemagne porte que le wehrgeld du pour le meurtre d’un dénarial sera payé, non a sa famille, mais au roi. Un autre capitulaire prive les dénariaux du droit d’hériter de leurs parents au premier, au second et au troisième degré.

DENARO s. m. (dé-na-ro — lat. denarius, as, monnaie de cuivre, d’où est venu aussi le mot français denier, rad. déni, dix). Métrol. Monnaie de compte de plusieurs États de l’Italie, à l’époque où l’Italie était divisée en États. Il Subdivision de la livre poids, valant 1/288 de l’unité, il Monnaie d’argent du Chili, d’une valeur courante de 54 centimes de France : Le denaro chilien est au titre de 901 millièmes, pèse 2gf,70 et forme le dixième de la piastre ; la valeur au change des monnaies est, sur le pied de 198 fr. 725, de 53 centimes. 11 PI. denari : La livre italienne valait 188 de-

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DÉNASALÉ, ÉE (dé-na-za-lé) part, passé du v. Dénasaler, Qui a perdu le son nasal : Syllabe dénasalée. Les voyelles nasales finales se trouvent rarement dénasalées quand le mot suivant commence par une voyelle : Ainsi o, dans bon, reste nasal dans bon et doux.

DÉNASALEMENT s. m. (dé-na-za-le-man

— rad. dénasaler). Action de dénasaler : DÉmasalement d’une syllabe, d’une voyelle.

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DÉNASALER v. a. outr. (dé-na-za-lê — du préf. privât, , et de nasal). Oter le son nasal à : Dénasaler une syllabe, une voyelle. Les Gascons dénasalent toutes les nasales finales devant un mot qui commence par une voyelle, et disent bonnet doux, pour bon et doux, granet gros pour grand et gros, un âue entier pour un an entier.

DÉNATIONALISATION s. f. (dé-na-si-o-nali-za-si-on

— rad. dénationaliser). Action do dénationaliser ; résultat de cette action : La conquête commande ta guerre ; la guerre les détrânements et les dénationalisations. (Lamart.)

DÉNATIONALISÉ, ÉE (dé-na-si-o-na-li-zé) part, passé du v. Dénationaliser : Paya dénationalisa.

DÉNATIONALISER v. a. ou tr. (dé-na-sto-na-li-zé

— du préf. privât, , et de nationaliser). Dépouiller du caractère ou de l’esprit national : Dénationaliser un pays. Il Fairo perdre le titre de citoyen, fairo changer do nationalité à : Je demande comment un consul pourrait dénationaliser des Français. (Thiers.)

— Détruire Activement la nationalité de : Dénationaliser une marchandise.

Se dénationaliser v. pr. Être dénationalisé ; perdre le caractère national : Notre noblesse, ruinée et décimée par les exactions, les combats et les supplices, a été forcée de s’expatrier ou de se dénationaliser, en abjurant ses origines, en germanisant ses noms et en renonçant à la liberté de ses croyances religieuses. (G. Sand.)

DENATTE (François), théologien français, né à Ligny-en-Barrois en 1696, mort en 1765. Il devint curé àSaint-Pierre-en-Chàteau, près d’Auxerre. Il a publié : Vidée de ta conversion dit pécheur (1732, 2 vol. in-12), paraphrase d’un ouvrage latin d’Opstraet sur le même sujet.

DÉNATTÉ, ÉE (dé-na-té) part, passé du v. Dénatter. Qui n’est plus en nattes : Cheveux dénattés. Tresse dénattée. Les cheveux épars et dénattés étaient collés à ses joues ou flottaient sur ses épaules. (Saintine.)

DÉNATTER v. a. ou tr. (dé-na-té — du préf. privât, , et de natter). Défaire, en parlant d’une chose nattée : Dénatter jm cheveux. Dénatter une mèche de fouet.

Se dénatter v. pr. Être, devenir dénatté : Mes cheveux su denattent facilement.

— Dénatter ses cheveux : Cette dame s’est dénattée.

DÉNATURALISATION s. f. (dé-na-tu-ra-liza-si-on

— rad. dénaturaliser). Action de dénaturaliser ; perte du droit de naturalisation.

DÉNATURALISÉ, ÉE (dé-na-tu-ra-li-zé) part, passé du v. Dénaturaliser. Privé des droits de naturalisation : Personne dénaturalisée.

DÉNATURALISER v. a. ou tr. (dé-na-tura-li-zé

— du préf. privât, , et de naturaliser). Priver de la naturalisation : Dénaturaliser un individu.

Se dénaturaliser v. pr. Être dénaturalisé ; perdre les droits acquis par la naturalisation.

De natura reram (De la nature des choses), poème philosophique de Lucrèce. V. Nature des choses (de la).

DÉNATURATION s. f. (dé-na-tu-ra-si-onrad. dénaturer). Action de dénaturer : Le gouvernement a dégrevé des quatre cinquièmes le sel employé dans l’agriculture, et sous condition de dénaturatio’n. (Proudh.)

DÉNATURÉ, ÉE (dé-na-tu-ré) part, passé du v. Dénaturer. Dont on a changé la nature, le caractère propre : Histoire dénaturée. Ces faits sont dénaturés.

Le peuple de Venise est tout dénaturé.

A. Barbier.

— Fig. Qui manque aux sentiments que la nature a mis au cœur de l’homme : Fils dénaturé. Pare dénaturé.

Seigneur, mon sang m’est cher, le vOtro m’est sacré ; Serai-je sacrilège ou bien dénaturé ?

Racine.

| Qui sert à un aote méchant et contre nature :

Vos bras dénaturés déchirent votre mère.

Delille.

Il Contraire aux lois de nature ; qui répugne à la nature : Goût dénaturé. Passion dénaturée. L’athéisme est une option dénaturée. (Montaigne.)

— Substantiv. Personne dénaturée : Un dénaturé. Un homme dénaturé. Quelle dénaturée que cette femme/

DÉNATUREMENT s. m. (dô-na-tu-re-man

— rad. dénaturer). Action de dénaturer : Nous ne nous sommes étendu sur ce sujet que pour faire une fois pour toutes connaître notre opinion sur ces dénaturements de mots. (Ragon.) Il Peu usité.

DÉNATURER v. a. ou tr. (dé-na-tu-rédu préf. privât, , et de nature). Transformer, changer la nature, le caractère propro de : Dénaturer hb objet volé. Pour faire du christianisme un allié du despotisme, il a fallu le dénaturer. (B. Const.)

— Fig. Donner une fausse apparence à. :’ Dénaturer un fait. Dénaturer le sens d’une

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