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pas moins merveilleuse. Tant de richesses ont fait naître bien des cupidités ; si le trésor de Delphes a été pillé par les Phocéens, la ville éternelle a été saccagée par les barbares et par le connétable de Bourbon, et La Mecque ne doit qu’à son isolement au milieu du désert de n’avoir vu dans son sein que des troubles religieux. Bien souvent aussi les pèlerins se rendant à ces divers temples avaient à redouter.les impôts forcés et les exactions : les habitants de Cyrrha exigeaient un droit de péage des Grecs qui débarquaient chez eux pour aller à Delphes ; les pirates et les brigands de la campagne romaine étaient la terreur des pénitents qui se rendaient aux fêtes du jubilé ; aujourd’hui encore les caravanes qui chaque année se dirigent vers La Mecque sont la proie de bandes de pillards répandues dans les déserts de l’Arabie, et les Persans q ui veulent prendre la route du Nedjed et s assurer contre la cupidité des "Wahabites doivent payer au roi Feysul un impôt qui ne monte pas à moins de 150 tomans(r, 5û0 francs), ce qui est assez dur pour des gens qui accomplissent un devoir religieux.

Enfin, un dernier trait de ressemblance, c’est la corruption qui a régné dans ces trois villes, où les pèlerins ont très-bien su allier ladébauche à la dévotion. Aujourd’hui Rome est réputée pour le relâchement de ses mœurs ; mais combien était plus grand le débordement qui y régnait au xve et a<i xvic siècle, alors qu’elle était dans le monde moderne ce que Corinthéétait dans le monde ancien ? Quant à La Mecque, c’est le centre de la débauche la plus éhontée, et tous ceux qui en reviennent peuvent dire avec le poète arabe:« Je partis avec l’espoir d’alléger le fardeau de mes fautes, et je revins chargé du poids plus lourd encore de mes transgressions nouvelles. • L’oracle de Delphes se tut quand la voix des philosophes fit entendre la raison à l’oreille des Grecs ; aujourd’hui on ne fait plus à Rome que des voyages de curiosité; seule La Mecque a gardé sa nombreuse et fervente clientèle.

Deiphe* (attaque de), par les Gaulois, l’an 279 avant"’J.-C. Les Gaulois faisaient pour ta secoii’le fois une invasion en Grèce ; vaincus aux Thermopyles, ils ne réussirent pas moins, quelques jours après, a franchir ces redoutables défilés et à marcher sur Delphes, où les poussait irrésistiblement l’espoir

de piller les immenses richesses amassées

dans le temple d’Apollon. La ville de Delphes n’uvait pour se protéger ni murailles ni ouvrages fortifiés ; elle se croyait sauvegardée pur sa situutioii et surtout par le respect religieux qu’inspirait à tous ce temple fameux, où l’oracle le plus célèbre de l’antiquité faisait entendre les iirrêts du destin. Mais là terreur qu’avaient répandue les Gaulois dans toute la Grèce et la vue de ces redoutables ennemis tirent comprendre aux Delphiens qu’ils ne se laisseraient point fléchir par des considérations de ce genre. Cependant l’idée seule que des étrangers, des barbares, allaient profaner et dépouiller ce lieu si universellement révér « les épouvantait et les affligeait tellement qu’ils envoyèrent au brenn des députés pour le détourner de ce qu’ils considéraient connue un acte sacrilège et lui inspirer quelques craintes superstitieuses. La brenn leur répondit en raillant « que les dieux, riches, devaient faire des largesses aux hommes. Les immortels, ajouta-t-il, n’ont pas besoin que vous leur amassiez des biens, quand leur occupation journalière est de les répartir parmi les humains. » Déjà les Gaulois apercevaient la ville et le temple, dont les avenues,.ornées d’une multitude de statues, de vases, de chars tout brillants d’or, réverbéraient au loin l’éclat du soleil. Ce temple frappa tout d’abord les regards des Gaulois, qui le voyaient entouré de monuments votifs étincelants et qui leur sembleront être d’or massif. Ce n’était cependant âue de l’airain recouvert d’une légère couchaor ; mais le brenn, qui connaissait la vérité,

e garda bien de les détromper, dans la crainte de refroidir leur ardeur. Après avoir rangé ses troupes en bataille, il donna le signal de l’assaut, qui fut impétueux, mais, vaillamment soutenu par les troupes grecques qui se trouvaient dons la ville. Les assaillants ayant-à gravir une pente roide et étroite pour arriver jusqu’à Delphes, les assiégés firent pleuvoir sur eux une multitude de traits et de pierres ; mais cela n’arrêta pas les Gaulois, dont l’impétuosité naturelle était encore augmentée par l’appât du butin. Ils forcèrent le passage et se précipitèrent comme un torrent dans l’avenue qui conduisait au temple, qu’ils se mirent à piller.

« On était alors en automne, dit M. Amédée Thierry (Histoire des Gaulois), et durant le combat il s’était formé un de ces orages soudains, si fréquents dans les hautes chaînes de la Hellade ; il éclata tout à coup, versant sur la montagne des torrents de pluie et de grêle. Les prêtres et les devins attachés au temple d’Apollon se saisirent d’un incident propre à frapper l’esprit superstitieux des Grecs. L’œil hagard, la chevelure hérissée, esprit comme aliéné, ils se répandirent dans fa ville et dans les rangs de l’armée, criant que le dieu était arrivé. « 11 est ici, disaient « ils j nous l’avons vu s’élancer à travers la

« voûte du temple, qui s’est fendue sous ses pieds:deux vierges armées, Minerve et Diane, l’accompagnent. Nous avons entendu

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« le sifflement de leurs arcs et le cliquetis de leurs lances. Accourez, ô Grecs, sur les pas

« de vos dieux, si vous voulez partager leur victoire. •

À ces paroles fatidiques, au spectacle des éclairs qui illuminaient la ville de leurs lueurs sinistres, au bruit de la foudre dont les éclats retentissaient jusqu’au fond des montagnes, les Hellènes se sentent transportés d’un enthousiasme surnaturel ; ils se réforment en bataille et marchent l’épée haute sur les Gaulois, qui ressentaient les mêmes terreurs superstitieuses, mais en se disant que le déchaînement du ciel allait punir leur impiété. A l’aspect de la foudre, qui s’abattit plusieurs fois sur leurs bataillons, et au fracas du tonnerre, qui les empêchait d’entendre la voix de leurs chefs, ils crurent reconnaître le pouvoir d’une divinité, et d’une divinité irritée. Pausanias raconte que ceux qui avaient pénétré dans le temple crurent sentir le pavé trembler sous leurs pas et qu’ils furent saisis par une vapeur épaisse et méphitique, qui les consumait et les faisait tomber dans un délire violent. Le même écrivain et d’autres historiens après lui répètent qu’au milieu de cette effroyable tempête on vit apparaître trois guerriers d’un aspect sinistre, d’une taille surhumaine, couverts de vieilles armures, et qui perçaient les Gaulois à coups de lance. Ces récits merveilleux méritent peu do foi assurément ; mais il est certain que les Gaulois, saisis d’une terreur panique, s’enfuirent en désordre et regagnèrent leur camp avec précipitation, accablés par les traits des Grecs et par des rocs énormes qui roulaient sur eux du haut du Parnasse. La nuit qui suivit ne fut pas moins meurtrière pour les assiégeants ; beaucoup succombèrent à la rigueur du froid qui succéda à l’orage ; les quartiers de rocs continuaient à bondir sur les flancs delà montagne, arrivaient jusqu’au camp et écrasaient parfois trente ou quarante hommes d’un seul coup. Dès qu’il fit jour, les Grecs, renforcés par de nouvelles troupes arrivées pendant la nuit, exécutèrent une sortie vigoureuse et tombèrent résolument, do front et de flanc, sur les Gaulois découragés, engourdis par le froid et la fatigue. Ceux-ci, néanmoins, soutinrent vaillamment le choc, surtout les guerriers d’élite qui combattaient autour du brenn et lui servaient de gardes. Mais le brenn ayant été lui-même blessé dangereusement, les autres chefs donnèrent le

signal de la retraite, après avoir fait égorger tous les blessés paur ne pas les laisser entre les mains de l’ennemi. Les Gaulois se dirigèrent alors, sans cesse harcelés par les Grecs, vers la frontière septentrionale de la Macédoine, qu’ils n’atteignirent qu’après avoir vu la moitié d’entre eux tomber sous le fer de ceux qu’ils étaient venus braver dans leurs foyers.

DELPHI, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État d’Indiana, à 60 kilom. N.-O. d Indianopolis, sur le canal de Wosbash à l’Erié, au milieu d’une contrée fertile} 2, 787 hab. Commerce actif; tanneries, fabriques de tissus de coton.

DELPHICOS, surnom donné à Apollon, parce qu’il avait un temple à Delphes.

DELPHIDIUS {Attius-Tiro), rhéteur galloromain duive siècle. Il avait pour père un rhéteur appelé Attius Patère. Il était fort jeune encore lorsqu’il acquit, comme poète et commo orateur, une grande renommée, qui, de Bordeaux où il habitait, se répandit rapidement dans les Gaules. Ausone, Ammien Marcellin et saint Jérôme ont fait de ses talents les plus grands éloges. À dix-huit ans, Delphidius, qui était païen, composa en l’honneur de Jupiter un poème fort remarquable, au dire de ses contemporains. Plus tard, il embrassa la carrière du barreau et plaida, en 358, devant Julien, alors César, contre le préfet de la Narbonnaise, Numerius, accusé de concussion. Comme celui-ci niait les faits au sujet desquels il était incriminé : « Quel coupable, s’écria Delphidius, ne passera pas pour innocent s’il lui suffit de nier ses crimes ? » C’estenentendant ces motsque Julien lui fit cette réponse restée célèbre : « Et quel innocent ne passera pas pour coupable, s’il suffit d’être accusé ? • Quelques années après, Delphidius embrassa le parti de Procope, révolté contre l’empereur Valens (365). Il fallut les supplications et les larmes de son père pour détourner de sa tête le châtiment dont il allait être frappé. À partir de ce moment, il renonça à se mêler de politique et ouvrit une école d’éloquence qui jouit d’une grande célébrité. Delphidius fut enlevé par une mort prématurée. Sa veuve et sa fille embrassèrent le christianisme, puis tombèrent dans l’hérésie des priseillianistes. Sa fille fut déshonorée par Priscille, et sa veuve eut la tête tranchée à Cologne, comme hérétique, par l’ordre de Maxime, en 388.

DELPHIEN, IENNB s. et adj. (dèl-flain, iè-ne). Géogr. Habitant de Delpnes ; qui appartient à Delphes ou à ses habitants : Les Delphiens. L’oracle delphien,

— Mytbol. Surnom d’Apollon, adoré à Delphes.

DELPHIN ou DELPHINUS, puissante famille gallo-romaine établie à Lyon et qui se disait elle-même romaine, non parce qu’elle tirait son origine de Rome ou d’Italie, mais parce qu’elle ne descendait nidesGoths, ni des Bourguignons, ni des Francs, et qu’elle avait

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été riche et puissante sous la domination romaine, avant l’irruption de ces divers peuples dans les Gaules. Ce sont les Delphins, seigneurs de la Tour-du-Pin, Bourgoin et autres lieux, qui ont donné, dit-on, leur nom à la province du Dauphiné et, par suite, aux fils aînés des rois de France. (Le titre de dauphin a, comme on sait, continué d’être appliqué jusqu’en 1830). — Sigonius Delphinus, nommé duc, c’est-à-dire gouverneur de Lyon par le roi Dagobert, fut le père de saint Ennemond, évêque de Lyon, et de Delphin, qui succéda à son père dans le gouvernement de cette ville. Les deux frères furent très-aimés de Clovis II, qui voulut que Clotaire, son fils, fût tenu sur les fonts baptismaux par le saint évêque Ennemond. Mais, sous ce même Clotaire, les choses changèrent de face pour Ennemond et son frère Delphin. Les richesses et le crédit des deux frères offusquèrent Ebroin, maire du palais de Clotaire. Ils avaient protesté, comme tout porte aie croire, contre les actes de violence et les injustices fréquentes que la province lyonnaiséavait eu a subir : cette protestation devint, aux yeux d’Ebroin, un crime capital. Il fit comparaître Delphin devant une assemblée, convoquée à Orléans, et le fit condamner par cette assemblée, comme coupable d’avoir conspiré contre son souverain. Il eut la tête tranchée ; son corps fut apporté à Lyon. Le peuple le regarda comme un martyr, mort pour la cause de la justice et de l’honneur, et l’enterra avec vénération dans l’église de Saint-Nizier. Quant à saint Ennemond, il fut assassiné quelque temps après, par l’ordre d’Ebroin, près de Chalon-sur-Saône.

DELPHINAL, ALE adj. (dèl-fi-nalr a-ledu lat. delphinus, dauphin). Hist. Qui appartient.aux dauphins du Viennois ou d’Auvergne, ou au dauuhin, fils aîné du roi de France, il Statut delphinal. Charte octroyée par le dauphin du Viennois en 1338.

DELPHINAPTÈRE s. m. (dèl-fl-na-ptè-re

— du gr. delphin, dauphin ; apteros, sans ailes). Mamra. Genre de mammifères.cétacés, de la famille des delphiniens, foîmé aux dépens des dauphins, comprenant une seule espèce, caractérisée surtout par’l’absence de nageoire dorsale.

— Encycl. Les delphinaptères ont la tête obtuse. Le museau, court, conique ou terminé en bec allongé, est séparé du crâne par un sillon profond ; le nombre des dents varie. Les espèces de ce genre sont peu nombreuses. La mieux connue est le delphinaptère de Péron (delphinapterus Peronii). 11 est long de près de 2 mètres. Il a trente-neuf dents de chaque côté, à chaque mâchoire ; ses yeux ont l’iris vert. Arrondi dans ses contours, gracieux dans ses formes, lisse dans toutes ses parties, ce cétacé est couvert d’un véritable camail d’un bleu noir, qui prend sur le sommet de la tête, entre les yeux, se recourbe sur les flancs et se continue sur la partie supérieure du dos. Le bout du museau, les

flancs-et les nageoires pectorales et caudales sont d’un blanc argentin ; le rebord des nageoires est brun. Ce delphinaptère, rangé autrefois parmi les marsouins, habite les mers antarctiques, principalement vers le 45° degré de latitude australe ; il est surtout commun aux environs de la Terre de Van-Diémen ; il vit en troupes nombreuses et nage avec une extrême rapidité. Le delpkinaptire senedette (delpttinvpterus senedetta) n’est guère connu que par un squelette. Lacépède lui attribue de grandes dimensions et dit qu’il habite l’Océan et la Méditerranée ; il lui donne un museau long et pointu et des nageoires pectorales très-larges. Cuvier n’hésite pas à regarder cette espèce comme purement fictive.

Plusieurs auteurs réunissent à ce genre le béluga (delphinaplerus leucas), qui ne se distingue guère en effet des vrais detphinaptères qu’en ce que son museau n’est pas séparé du crâne par un sillon. Le béluga a une longueur de 4 a 6 mètres, sur 1 mètre de diamètre. Son corps est cylindrique et présente au milieu du dos une gibbosité que l’on a prise pour un rudiment de nageoire. Cet animal est brun dès sa naissance, puis il devient blanc, tacheté de gris et de brun et atteint enfin un blanc d’ivoire. Le béluga est répandu dans les mers du pôle boréal.

DELPHINATE s. m. (dèl-fl-na-te — rad. delphinine). Chim. Sel produit par la combinaison de l’acide delphinique avec une base.

DELPHINATBS, nom latin du Dauphiné.

DELPHINE s. f. (dèl-fi-ne —do delphmium, dauphinelle). Chim. Alcaloïde découvert dans la.st&phisa.igre {delphiniumstaphisagria). |] On l’appelle aussi helphinine, mais-il vaut mieux réserver ce dernier nom pour une substance extraite de l’huile du dauphin.

— Encycl. Cet alcaloïde fut découvert à peu près en même temps par Lassaigne, par Feneulle et par Brandes, dans les semences de staphisaigre (delphinium staphisagria), où il se trouve à l’état de bimalate. On le prépare en faisant un extrait alcoolique de ces semences, et épuisant cet extrait par de l’eau aiguisée d’acide sulfurique. Le liquide filtré est alors additionné d’acide nitrique étendu, qui en précipite une matière résineuse noire et le décolore, puis éclairci par le repos, décanté et décomposé par la potasse, qui précipite la delphine impure. Cet alcali est puri DELP

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fié par des lavages à l’eau bouillante et traité par l’éther, qui le dissout, en abandonnant les impuretés, et le dépose par évaporation. C’est une poudre blanche ou jaunâtre et résineuse, qui ne cristallise pas. Elle entre en fusion à 120° et se décompose aune température plus élevée. Refroidie, elle devient dure et cassante. Suivant Couerbe, 100 parties de delphine renferment 77, 69 de carbone, 8, 89 d’hydrogène, 5, 93 d’azote et 7, 49 d’oxygène.

La delphine est légèrement jaune, mais donne une poudre presque blanche. Son goût est acre et amer, 1 eau la dissout en petites proportions ; l’alcool et l’éther la dissolvent rapidement. La solution alcoolique rend vert le sirop de violettes et ramène au blfeu la teinture de.tournesol rougie par un acide. Elle forme avec les acides des sels neutres ; les alcalis précipitent la delphine à l’état do

fêlée blanche comme l’albumine. Le sulfate e delphine ne cristallise pas, mais se forme en masses transparentes comme la gomme. Il se dissout dans l’alcool et l’éther, et, sa solution a un goût amer et acre. Le nitrate de delphine, évaporé jusqu’à siccité, est une masse jaune et cristalline : traité par un excès d’acide nitrique, il se convertit en une masse jaune, peu soluble dans l’eau, mais soluble dans 1 alcool bouillant. La solution est amère, n’est point précipitée par la potasse, l’ammoniaque ni l’eau de chaux, et ne paraît point contenir d’acide nitrique, quoiqu’elle ne soit point alcaline. Elle n’est point détruite par addition d’acide nitrique et na forme point d’acide oxalique.

La delphine se distingue de la strychnine et de la morphine en ce qu’elle ne rougit point lorsqu’elle est traitée par l’acide nitrique.

L’nydrochlorate est très-soluble dansJ’eau. L’acétate de delphine ne cristallise point, mais forme des masses peu transparentes, acres et amères, et aisément décomposées par l’acide sulfurique à froid. L’oxalate sa présente en petites lames blanches dont le goût ressemble à celui des sels précédents.

La delphine, prise intérieurement, produit des nausées ; quand on s’en sert pour frotter la peau, elle y produit une sensation piquanto. On croit qu’elle agit sur le système nerveux, et elle est employée comme remède pour les engorgements chroniques des glandes.

DELPHINE (sainte), fille de Guillaume de Cite et de Delphine de Puimichel, née en 1284, morte en 1360. Ayant été unie par les liens du mariage à Elzéar de Sabran, elle garda, du consentement de son époux, une perpétuelle virginité. Devenue veuve en 1323, elle se consacra plus que jamais à la pénitence, à la visite des hôpitaux, des prisons, des maladreries et de tous les établissements do charité. Elle ne voulut plus loger dans ses châteaux ni même jouir du produit de ses rentes. La vente qu’elle fit faire de ses biens produisit des sommes considérables, avec lesquelles elle dota et maria un grand nombre de filles orphelines et soulagea bien des familles. On ne l’appelait point en Provence autrement que la sainte comtesse. Elle passa à Api les quinze dernières années de sa vie. L’Église honore sa mémoire le 27 septembre.

Delphine, roman de M’e de Staël, publié en 1803. C’est un roman par lettres. On suppose que l’auteur a tracé l’histoire de son propre cœur, abstraction faite de ce qui est trop idéal pour avoir jamais pu être une réalité. Le plan de Delphine est peu compliqué, peu surchargé d’événements ; Delphine appartient à la classe dos romans qui, comme Clarisse et la Nouvelle Hêloïse, consistent plus dans le développement dos caractères et des passions que dans la multiplicité des faits. L’amour contrarié par des positions sociales, tel est le ressort principal que l’auteur met en jeu, et c’est à travers les imprudences, les excès, les fureurs de cette passion qu’on arrive à une épouvantable catastrophe, terme du roman. Le suicide de

Delphine, qui forme le dônoùment, fut blâmé comme une innovation d’autant plus malheureuse que M""* de Staël avait composé un autre dénoùment, retrouvé depuis dans ses manuscrits. Voici l’intrigue »

Une jeune femme, veuve d’un homme dont elle respecte la mémoire, chère à son cœur, s’attache à un étranger dont la main est promise à une cousine. À peine cet étranger a-t-iî vu Delphine, ou Mmc d’Albémar, qu’il se repent des engagements contractés par sa famille avec Mathilde ; il devient éperdumerït amoureux de Delphine. La mère do Delphine, femme adroite et perfide, entrave les nouvelles vues de mariage du héros. Mme de Vernon trouve dans l’opposition des principes de. Léonce avec ceux de Delphine un moyen de les séparer momentanément l’un de l’autre. Delphine s’est fait une règle de conduite de braver l’opinion toutes les fois que sa conscience ne lui reproche rien ; Léonce, au contraire, se place dans une telle dépendance du respect humain qu’il lui sacrifie ses devoirs et ses passions. Un tel homme peut-il aimer ? Quoi qu’il en soit, dans’ un moment où les torts de Delphine paraissent de la nature la plus grave, Léonce devient, par un dépit d’orgueil, le jouet do Mme de Vernon ; il épouse Mathilde, mais il aime encore Delphine. Cependant M"10 de Vernon, en mourant, justifie Delphine. Plus épris que jamais, les deux amants redoublent d imprudence, s’écrivent les lettres les plus passionnées et se donnent des rendez-vous.