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Le moyen âge, la Renaissance, l’architecture des races latines, celle des races sémitiques, non moins intéressante malgré l’indifférence que l’on a pour elle, l’ab— ■ sorbaient entièrement. M. Duc observait, comparait. Le premier travail qui donna de ces études immenses une certaine idée, ce fut le Cotisée, son dernier envoi de Rome (1829), que nous avons revu à l’Exposition de 1855 et qui, à cette époque, valut à l’auteur une médaille de ire classe. Celte page magistrale révélait une connaissance profonde ou passé, une érudition vaste et l’instinct du beau ; aussi fit-elle sensation dans le monde artistique. Quant au public et aux journaux, ils parurent ne pas se douter de ce succès. On fut, par conséquent, bien surplis de le voir, à son retour à Paris, en 1S31, chargé avec Alavoine du Monument de Juillet. Ce qu’il mit d’activité et de talent dans ce travail fut tout aussi ignoré ; mais, dans les régions administratives, le jeune maître était jugé depuis longtemps et sa valeur bien connue. Il fut associé à M. Labrouste, en 1848, pour diriger les funérailles des victimes de Juin ; mais c’est on 1850 que s’offrit pour lui l’occasion do Montrer enfin son talent tout entier : nous voulons parler de la restauration de l’horloge du Palais de justice. Bien qu’il dût partager ce travail avec M. Dommay, c’est il lui qu’en est revenu le mérite, parce que c’est lui surtout qui l’a dirigé. C’est avec le mémo confrère, et aussi avec la méine part d’initiative, qu’il entreprit, en 1S54, l’agrandissement et l’isolement du Palais de justice même. Les dessins et les projets de ce travail colossal, qui est aujourd’hui l’un des beaux monuments de l’architecture moderne, furent exposés, en 1855, avec le Cotisée, dont nous avons déjà parlé. L’année suivante (1856), et pendant qu’il conduisait ses travaux de Paris, il fut appelé à Marseille, avec M. Léon Vaudoyer, pour la construction de la cathédrale ; niais bientôt il revint se consacrer tout entier au Palais de justice, cette œuvre qui lui a coûté douze années de création incessante, d’incessante activité. Dans l’étude spéciale que nous aurons à faire sur le. Palais de justice, nous dirons les immenses difficultés de ce monument grandiose, qui a valu à l’auteur une récompense exceptionnelle, lo prix de 100, 000 francs fondé par Napoléon III un 18G9, et dont M. Duc est le premier titufaire. M. Duc est chevalier de la Légion d’honneur depuis 1840, officier depuis 1862.

DUC (Jean lk), peintre et graveur français. V. Leduc.

DUC (Jean lu), ministre protestant français. V. Leduc.

DUC (Gabriel le), architecte français. V. Leduc.

DUC DE LA CHAPELLE (AnneJean-Pascal-Chrysostome), astronome français, né à

Montauban en 1765, mort en 1814. Pour étudier les sciences exactes, il se rendit à Paris, suivit les leçons de Lalande, puis retourna dans sa ville natale, dont il fut nommé maire en 1811. Duc de La Chapelle était membre correspondant de l’Institut, dans le recueil duquel il a inséré plusieurs mémoires. Il a publie en outre : Métrologie française ou Truite du système métrique décimal (Montauban, 1807, in-8°).

DUCA (Giacomo del), sculpteur et architecte italien, né en Sicile au commencement du xviû siècle. Il se rendit à Rome, où il entra dans l’atelier de Michel — Ange, puis construisit plusieurs monuments dans cette ville et finit par retourner en Sicile, où il devint ingénieur en chef et périt assassiné par un de ses rivaux. Del Duca a peu produit comme sculpteur, mais beaucoup comme architecte. Parmi les édifices qu’il bâtit à Rome, nous citerons le palais Strozzi, la villa Mattei, le palais Panfili. Cet artiste manquait de goût. C’est lui qui éleva l’énorme et bizarre lanterne qui écrase la coupole de Notre-Dame-de-Lorette.

DUCAL, ALE adj. (du-kal, a-le — rad. duc). Qui appartient, qui est propre à un duc, à une duchesse : Couronne ùucale. Manteau ducal. Palais ducal. Droits ducaux. Prérogatives DUCALES.

— s. f. Hist. Lettre patente du sénat de Venise..


DU CAMP (Théodore-Joseph), chirurgien français, né à Bordeaux en 1793, mort à Paris en 1824. Après avoir été successivement attaché, en qualité de chirurgien militaire, aux hôpitaux de Strasbourg, du Val-do-Gràce, à Paris, et au service de la garde impériale, il passa son doctorat en 1815 et fut reçu, en 1820, membre de la Société de médecine. Doué d’un génie inventif, possédant un rare talent d’observation, il semblait appelé à faire avancer son art et à conquérir une position brillante, lorsqu’il fut prématurément emporté par une maladie de poitrine. Du Camp s’attacha surtout à l’étude des maladies des voies urinaires. Il imagina un des premiers de saisir les calculs au lieu de pratiquer l’opération de la taille, perfectionna la méthode de la cautérisation, etc. On lui doit également l’invention d’un instrument fort ingénieux pour replacer le cordon ombilical dans les accouchements, lorsqu’il est prématurément sorti. Outre des articles insérés dans le Journal général de médecine,

DUCA

Du Camp a publié:Des polypes de la Matrice et du vagin (Paris, 1815) ; Réflexions critiques sur un écrit de M. Cliomel (Paris, 1820); Traité des rétentions d’urine (Paris, 1822, in-s<>).


DU CAMP (Maxime), littérateur et voyageur français, fils du précédent, né à Paris en 1822. Au sortir du collège, il s’occupa un instant de peinture ; puis il fit un premier voyage en Orient, visitant la Turquie d’Europe et d’Asie, l’Archipel et l’Algérie (1844-1845). De retour, il publia son premier ouvrage : Souvenirs et paysages d’OriLarousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 6, part. 4, Domm-Dz.djvu/254ent (1848, 1 vol. in-8°), dans lequel il décrit ses excursions à Smyrne, à Éphèse, à Magnésie, à Constantinople, à Scio. Les journées de Juin le trouvèrent à Paris. Il fut grièvement blessé dans les rangs de la garde nationale, à la barricade du faubourg Poissonnière et reçut la décoration des mains du général Cavaignac. À peine guéri, il court visiter le Maroc. En 1849, il part de nouveau avec une mission spéciale du ministre de l’instruction publique. Cette fois, il reste trois années absent, parcourt l’Égypte, la Nubie, les bords de la mer Rouge, la Palestine, la Syrie, Chypre, Rhodes, la Caramanie, l’Asie-Mineure, la Turquie d’Europe, la Grèce et l’Épire, rassemblant en chemin une immense collection de clichés photographiques et préparant ainsi le premier ouvrage qui ait allié la typographie au daguerréotype.

C’est pour avoir mené à bonne fin et accompli (gratuitement) sa mission archéologique dans ces divers pays qu’il fut promu au grade d’officier de la Légion d’honneur, en 1851, sous la République, et non en 1853 et sous l’empire, comme le dit M. Vapereau. Il publia la relation de ce troisième voyage sous ce titre : Égypte, Nubie, Palestine et Syrie (1852, in-fol.) M. Du Camp figura ensuite au nombre des cinq fondateurs de la seconde Revue de Paris, à laquelle il collabora activement jusqu’à sa suppression (17 janvier 1858), amenée par un article sur l’attentat d’Orsini. En 1853, il fit paraître le Livre posthume ou Mémoires d’un suicidé (gr. in-18 ; 2e édit., 1855, in-16). Ce livre offre un intérêt très-dramatique, et le public se plut à y voir une autobiographie de l’auteur. À cause du prix (500 fr.), le second ouvrage de M. Du Camp : Égypte, Nubie, etc., n’était accessible qu’à un petit nombre de bourses. Notre voyageur l’a mis à la portée de tous en publiant le Nil ou Lettres sur l’Égypte et la Nubie (1854, in-12). Viennent ensuite les Chants modernes, Poésies (1855, in-8°), dont l’apparition fit du bruit dans le camp de la critique. Le poète rompt en visière avec toutes les traditions poétiques conservées jusqu’à nos jours. La poésie, d’après lui, et nous sommes un peu de son avis, ne saurait avoir désormais une vitalité sérieuse qu’à la condition de diriger le mouvement des idées modernes. C’est la thèse soutenue depuis par M. Laurent Pichat dans ses Poëtes de combat : « Je n’admets pas, dit M. Du Camp, qu’à l’heure où la société est en marche, le poëte reste au dernier rang avec les vivandières et les fourgons pleins de malades ; je n’admets pas même que, pendant la fusillade, il se contente de battre la charge à la queue des pelotons : je le veux toujours en tête, chantant et luttant. » Plus tard, M. Maxime Du Camp affirma de nouveau sa théorie dans un autre volume de vers, intitulé : Mes Convictions (1858, in-8°.). En 1860, il a fait mieux encore : il s’est fait le soldat de son idée et a pris part à la glorieuse expédition des Deux-Siciles.

Le livre de critique intitulé les Beaux-arts à l’Exposition de 1855 (in-16), est contemporain des Chants modernes. Dans le même ordre d’idées, citons : le Salon de 1857 (gr. in-18) ; le Salon de 1859 (gr. in-18) ; le Salon de 1861 (gr. in-18) ; les Beaux-arts à l’Exposition universelle et aux Salons de 1863, 1864, 1865, 1866 et 1867 (gr. in-18). M. Maxime Du Camp connaît à fond les choses dont il parle, et ses jugements en matière d’art font autorité. Toutefois, nous ne saurions admettre sa levée de boucliers contre l’école française actuelle. « On put dès lors, écrit-il (1855), prédire ce que nous voyons aujourd’hui, c’est-à-dire l’abandon du dessin pour la couleur, de la tradition pour la fantaisie, de l’étude pour le laisser-aller, et que la nature servirait de modèle au lieu de n’être qu’un document. Or le dessin, la tradition, l’étude, sont à une œuvre d’art ce que la charpente est aux muscles, ce que l’expérience et le raisonnement sont à l’esprit. Quant à la nature, si elle n’est que le but d’une imitation servile, si elle s’impose au lieu d’inspirer, la photographie est supérieure à la peinture. » (Les Beaux-arts à l’Exposition universelle, etc., Salon de 1863). Il y a dans ces lignes une contradiction flagrante avec les idées qu’il a émises dans sa préface des Chants modernes. Tous les arts se tiennent ; la peinture donne la main à la poésie. Or pourquoi M. Du Camp veut-il imposer aux peintres la tradition dont il prêche aux poètes abolition ? L’époque actuelle veut la vérité partout, elle a horreur de l’abstraction et du mythologisme. Du Camp, si moderne, si actuel, si progressif dans sa littérature, manque complètement de logique en imposant à la peinture la loi de la tradition, l’académisme et la convention du passé.

En 1856, M. Du Camp avait publié l’Eunuque, mœurs musulmanes. Il fit paraître l’année suivante un nouveau roman : les Six aventures (1 vol. gr. in-8°). En 1859 se place la relation d’une excursion dans les pays bataves : En Hollande, Lettres à un ami (in-12). Nous le retrouvons ensuite à Palerme, puis à Naples, dans l’état-major du général Türr, avec le rang nominatif de colonel, payant de sa personne à la journée du 1er octobre 1860. À son retour, il publia l’Expédition des Deux-Siciles (1861, gr. in-18), un de ses plus beaux livres, sinon le meilleur. Rappelons à cette occasion que déjà en 1859 M. Du Camp allait embrasser en Hongrie la cause du parti national, quand l’armistice et la paix de Villafranca vinrent arrêter les plans d’insurrection formés contre l’Autriche.

Notons, en passant, deux autres romans l’Homme aux bracelets d’or (1862, 1 vol. in-18), et le Chevalier du cœur saignant (1862, 1 vol. in-18). En 1865-1866, l’écrivain dont nous traçons la biographie a donné plusieurs articles à la Revue nationale, entre autres : la Justice révolutionnaire, travail très-apprécié, puis un roman, les Forces perdues, réuni en volume (1867, in-18). Après la suppression de la Revue de Paris, il est entré à la Revue des Deux-Mondes et plus tard au Journal des Débats. Il a commencé et continue dans la Revue' de M. Buloz une longue série d’articles sur Paris et son organisation : Administration des postes, télégraphes, navigation fluviale, etc.

M. Maxime Du Camp paraît avoir renoncé au roman. Nous ne rechercherons pas le motif de cette détermination ; mais qu’il nous soit permis de regretter la détermination elle-même. L’auteur des Buveurs de cendres, un de ses derniers ouvrages, nous semble, en effet, avoir merveilleusement compris la mission nouvelle et toute sociale du romancier. Voici l’origine de cette production remarquable. En 1860, pendant son séjour en Sicile, l’auteur avait appris d’un ami l’étrange histoire d’un « investi », ou chef de société secrète. Il choisit trois épisodes de cette histoire et les fit éditer (1866, 1 vol. in-18). Ce titre bizarre mais exact, de Buveurs de cendres, est la traduction du mot grec téphrapotes, nom et mot de ralliement adopté par les adhérents d’une société secrète dont les trois premiers fondateurs, disciples de Savonarole, après avoir bu du vin où étaient mêlées des parcelles de la cendre du réformateur et du sang humain, avaient juré de combattre jusqu’à ce qu’ils eussent rayé de la surface de la terre le pouvoir pontifical et les puissances qui en dérivent. L’introduction est une étude historique, neuve et fort attrayante, où l’auteur indique à grands traits le rôle politique des téphrapotes en Europe, depuis Savonarole jusqu’aux temps actuels : en Orient contre les Turcs, en Allemagne contre l’Autriche, en Italie contre le pouvoir temporel du pape, et en France contre les vestiges du droit divin. Il y a dans cette étude une page des plus curieuses sur les événements qui suivirent immédiatement le supplice du grand réformateur florentin.

Dans son livre, M. Du Camp s’est posé cette question : puisque les idées abstraites, si pures qu’elles soient, deviennent presque toujours relatives et parfois odieusement relatives, lorsque les hommes tentent de les appliquer, y a-t-il des natures assez fortement trempées pour que la vérité abstraite puisse leur suffire ? En d’autres termes, peut-il exister des apôtres politiques ayant une « âme assez impersonnelle » pour vouer leur existence à des abstractions et « mourir en paix dans leur foi inébranlable ? » pour réaliser le justum ac tenacem propositi virum, et jamais « ne rien donner de leur cerveau » à une faiblesse humaine quelconque ? pour renoncer au bonheur et « chercher par une vie de labeurs sans exemple et de fatigues sans pareilles quelque chose de plus introuvable encore, la justice ? » Il est inutile, ce nous semble, de faire ressortir la portée sociale de cette thèse, que l’auteur résout affirmativement, avec Fédor dans Vasilissa, avec Flavio Mastarna dans Sylvérine, et avec Samla dans Jeanne. La réponse est dans la lettre si belle et si noble que Flavio, au moment de marcher à la mort, écrit à Sylvérine : « Ce n’est pas une folie de sauver l’homme malgré lui-même, c’est un devoir, un devoir absolu de guider les troupeaux vers la lumière… On les a volontairement enveloppés d’obscurités confuses, afin de les conduire et de les maintenir dans les abrutissants chemins de la servitude. C’est à nous qu’il appartient d’apporter le flambeau, la torche au besoin. C’est notre devoir, notre seul devoir ; celui qui y manque est coupable… Ce sont les ténèbres qui empêchent l’humanité de reconnaître sa vraie route. À tout prix, il faut les dissiper, à tout prix !… »

Les Buveurs de cendres (1866, in-18) sont écrits dans une belle langue, claire et harmonieuse ; on y heurte à chaque mot le poëte des Chants modernes ; le même souffle généreux circule à travers ces pages. Cependant l’auteur a tort, selon nous, de placer la femme à un rang inférieur et de la croire seulement accessible aux sentiments du cœur, par conséquent rebelle aux théories abstraites d’une cause ou d’un parti, capable seulement de se dévouer pour un homme et plaçant son amour au-dessus des idées de patrie et de justice.

Tour à tour peintre, voyageur, soldat, poète, romancier et journaliste, M. Maxime Du Camp est certainement une des physionomies intéressantes et sympathiques de notre génération. Quoiqu’il vive aujourd’hui à l’écart, l’avenir lui garde une belle place parmi les écrivains du progrès.

Ajoutons à la liste des ouvrages que nous avons cités : les Beaux-arts à l’Exposition universelle de 1867 (1867, in-18) ; l'Orient et l’Italie (1868, in-18), souvenirs de voyages ; Paris, ses organes, ses fonctions et sa vie (1869, in-8°, 1er vol.), série d’études intéressantes et très-remarquées, qui ont paru dans la Revue des Deux-Mondes, et dont la suite est en cours de publication.


DUCANCEL (Charles-Pierre), auteur dramatique français et avocat, né à Beauvais (Oise) en 1766, mort en 1835. Il était complètement étranger au théâtre, lorsque se produisit la réaction thermidorienne. l’artisan

irréfléchi de cette réaction, il écrivit en sa
faveur une comédie qui lui fit une rapide ce— ; lébrité. Ce véhément factum en trois actes,

j composé, appris et joué dans l’espace de I.vingt-sept jours, parut le 27 avril 1795, au théâtre de la Cité, sous le titre de l’Intérieur

! des comités révolutionnaires ou les Arrstides

modernes. Le comité révolutionnaire où Du-I eancel introduisait le spectateur, et qu’il faij sait siéger à Dijon, est composé de hideux brigands affublés de noms antiques et qui, pour la plupart, ne savent ni lire ni écrire. Dans cette pièce, que nous analysons à son ordre, il ne faut chercher ni l’art ni l’action. Le style est dans lo goût déclamatoire du temps, et la passion politique emporte au delà des bornes l’auteur inexpérimenté. Quoi qu’il en soit, l’Intérieur des comités révolutionnaires est resté une curiosité littéraire. L’ouvrage fut joué plus de deux cents fois, tant au théâtre de la Cité qu’à la salle Montansier, où on lo reprit ; il fit également fureur dans les départements. C’était la. revanche des pièces

jacobines, qui, elles aussi, avaient excité tant de bravos frénétiques, en d’autres temps. Ducancel a composé un second ouvrage, le Tribunal révolutionnaire ou l’Ai » II, drame qui était la suite du premier et qui allait être représenté au théâtre Feydeau en 1796, quand il fut interdit par un ordre de la police. La même année, lo théâtre Montansier joua une douzaine de fois un petit acte de lui, tableauun peu pâle des mœurs du jour, le Thi à la mode ou le Million de sucre. Ce fut inutilement que l’auteur multiplia les démarches sous les gouvernements suivants, y compris celui de la Restauration, pour que sou drame le Tribunal révolutionnaire, reçu en 1823 à la Porte-Saint-Martin, vît le jour de la rampe. Il l’a réuni à ses deux autres pièces dans un volume qui contient en outre des notes historiques curieuses. Ce volume a paru en 1830, à la veilla d’une nouvelle révolution. Sans avoir une valeur littéraire intrinsèque, ses deux pièces principales sont à consulter, et son Comité révolutionnaire eut incontestablement sa part d’influence sur l’opinion publique, si prompte dans ses étranges revirements. Ducancel, qui avait été nommé en 1815 sous-préfet de Clermont (Oise), fut révoqué l’année suivante, après la dissolution de la Chambre, dite introuvable, pour avoir servi, dans les élections, l’opinion ultraroyaliste, au lieu de seconder le ministère.


DU CANGE (Charles du Fresne, seigneur), historien, philologue, glossateur et l’homme le plus savant de son siècle, né à Amiens en 1610, d’une ancienne famille de noblesse militaire qui, expulsée de Calais en 1347 par les Anglais,.qu’elle avait héroïquement combattus, était venue s’établir à Amiens vers la fin du xv » siècle. Ruinés par la guerre, les ancêtres de Du Cange avaient obtenu des offices de judicature et tenaient encore un rang considérable dans la province de Picardie. Après avoir fait de bonnes études au collège de sa ville natale, alors dirigé par les jésuites, il alla étudier le droit à cette école d’Orléans qui avait conservé les traditions savantes du xvie siècle, et fut reçu avocat au parlement de Paris en 1631. Quelque sérieuses que fussent pour lui les occupations du barreau, elles ne suffisaient cependant pas à la puissante activité de son esprit, ni à cette soif immense de recherches érudites qui tendait à l’absorber tout entier. Aussi abandonna-t-il bientôt cette carrière, qui l’eût bien certainement conduit à un siège de magistrat, pour se retirer dans son pays natal et se plonger dans les études les plus profondes sur l’histoire, la géographie, la législation, la philologie, la philosophie, la numismatique, la paléographie, l’épigraphie et toutes les parties de l’archéologie. Ainsi s’écoulèrent pour lui de nombreuses années dans l’obscurité et le bonheur du foyer domestique, ainsi que dans l’exécution des plus vastes travaux que l’érudition ait jamais entrepris. Les occupations de l’esprit, qui épuisent à la longue les intelligences les plus riches, étaient pour lui comme un délassement, et il semblait même y puiser une sève nouvelle. On est épouvanté quand on songe au nombre presque infini de matériaux de tous genres et de manuscrits qu’il dut non-seulement consulter, mais déchiffrer, interpréter et dépouiller, afin de rassembler les documents nécessaires à la rédaction de ses ouvrages. Aussi modeste qu’il était laborieux, il n avait encore rien donné au public