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diesse sur le canal qui unit la Moïka à la Neva. Ce pont suspendu rappelle un peu, par son extérieur et par la façon dont il est placé, le fameux. Pont des Soupirs, a. Venise. Le théâtre est tout à fait séparé, on le voit, du corps principal du palais et forme un pavillon tout à fuit particulier. La salle, petite, mais divisée et aménagée avec un goût véritable, forma un hémieyele régulier ; elle n’a ni loges ni galeries ; c’est un amphithéâtre à gradins garnis de velours rouge, où l’on place, dans l’espace qui sépare l’orchestre des premiers gradins, des fauteuils pour l’empereur, ’ l’impératrice, la famille impériale et les chefs de mission du corps diplomatique. La scène est profonde sans être vaste, et ne présente aucun caractère particulier.

Jadis, le théâtre de l’Ermitage avait une importance bien plus considérable qu’aujourd’hui. On n’y donne plus maintenant que quelques rares représentations de gala, auxquelles prennent part soit les artistes de la compagnie italienne qui dessert le théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, soit ceux ’le la troupe, française du théâtre Michel. Mais, autrefois, il y avait, spécialement attaché à l’Ermitage, un personnel nombreux d’artistes étrangers, français ou italiens, mi des meilleurs que l’on put rencontrer, soit virtuoses, soit comédiens. On y joua d’abord les chefsd’œuvre de Molière et de Regnard, interprétés par plusieurs comédiens français distingués : Aufrène et sa tille, Eastier, élève de Préville, etc. Puis l’impératrice Catherine, dont le goût était particulièrement porté du côté de la musique italienne, lit venir à son palais le compositeur Sarti, qui composa expressément pour l’Ermitage son opéra d’Armide e Rinaldo. C’est ce musicien qui, chargé d’écrire la musique d’un Te Deum en langue russe pour célébrer la prise d’Oksakow, imagina d y employer des canons qui tiraient à certains intervalles, et donnaient à l’exécution un caractère plus grandiose et plus solennel. C’est à cettéépoque qu’on entendit à la cour le célèbre chanteur Marches ! et la fameuse cantatrice Todi. Lorsque Sarti eut quitté la Russie, Catherine fit venir Paisiello, 1 auteur divin de l’adorable Molinara, qui écrivit pour son théâtre particulier, outre un certain nombre de cantates, quelques-uns de ses meilleurs opéras : la Seroa padronn, il Matrimonio inaspettato, il liarbiêre dif Siviglia, que Rossini devait refaire quarante ans plus tard, i Eilosofi immaginari, là Finta amante, il Afondo délia Lutta, la Niteti, Luanda ed Armidora, Alcide ai Divio, Achille in Sciro. Quelques-uns de ces ouvrages furent écrits pour deux chanteuses fort remarquables : la Bruni et la Pozzi. Lorsque Paisiello eut quitté la Russie, ce fut au tour de l’immortel auteur d’iï Matrimonio segrelo, l’illustre Cimarosa, de jouir des faveurs de l’impératrice Catherine et de travailler pour le théâtre de l’Ermitage. Il composa d’abord une cantate intitulée : la Félicita inaspetlata, puis trois opéras dont voici les titres : Cleopatra, la Vergine del Sole et l’Arène edifîcata ; de plus, et pendant les trois seules années qu’il passa en Russie ; Cimarosa composa, environ cinq cents morceaux de divers genres pour le service de la cour et pour les principaux personnages da la noblesse. Voilà une fécondité étonnante à coup sûr, et dont on aurait tenté de douter s’il ne s’agissait d’un compositeur italien.

Mais les échos du théâtre de l’Ermitage devaient retentir aussi des accents inspirés d’un musicien français. Vers 1804, il sembla qu’une véritable épidémie d’expatriation frappait nos plus grands artistes et les engageait à aller se mettre au service du czar. Quelques chanteurs de l’Opéra - Comique, parmi lesquels Andrieux et la charmante Philis, nos premiers virtuoses, Rode le violoniste, Laniare le violoncelliste et plusieurs autres émigrèrent ainsi à la cour d’Alexandre ; Boieldieu, qui avait déjà donné aux théâtres Feydeau et Favart quelques-uns de ses bons ouvrages : Beniowski, Zoraïme et Zulnare, le Calife de Bagdad, Ma tante Aurore ; Boieldieu, à qui des chagrins domestiques avaient troublé le cœur et Ta cervelle, et qui ne demandait qu’à s’éloigner de la femme à laquelle il avait eu le malheur de donner son nom, partit à son tour pour la Russie afin d’y trouver un dérivatif à ses sombres pensées. Il fut cordialement reçu par le czar, qui le nomma aussitôt son maître de chapelle, et pour le service duquel il s’engagea, par un contrat dûment signé, à écrire chaque année trois opéras. C’est ainsi qu’il composa, pour le théâtre de l’Ermitage, les ouvrages suivants : Jiien de trop ou les Deux paravents (sur un vaudeville de Joseph Pain, transformé en opéra-comique) ; la Jeune femme colère (sur une comédie d’Étienne, aussi arrangée) ; Amour et mystère ; Calypso (sur le poëme que Lesueur avait mis en musique à Paris sous le titre de Télèmaqnë) ; Aline, reine de. Golconde (sur le livret employé déjà par Berton) ; les Voitures versées (sur un ancien vaudeville de Dupaty) ; Un tour de soubrette ; Abderkan, et enfin une musique nouvelle pour les chœurs d’A//i«/ie, de Racine. Plusieurs de ces ouvrages furent ensuite représentés en France, après le retour de Boieldieu ; mais Calypso et Aline ne purent être utilisés par leur auteur, à cause des deux opéras écrits par Lesueur. et Berton sur les mêmes sujets.

On voit qu’en somme l’histoire du théâtre de

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l’Ermitage ne manque pas d’intérêt, puisqu’elle rappelle celle d’un certain nombre de chefsd’œuvre de l’art musical, dus à la plume d’artistes français ou italiens.

ERMITE ou HERMITE s. m. (èr-mi-telat. eremita, gr. erémitês ; de evêmos, désert. D’après Curtius, le mot grec a une racine commune avec eréma, tranquillement ; erèmaios, tranquille ; erémoô, dévaster, dans le sanscrit ram, se réjouir, se reposer, dont les différents composés, aramami, uparamami, ramanas, joignent à l’idée de la puissance, de la délectation, celle du silence et du repos. C’est également de cette racine ram que cet érudit dérive le gothique rimis, calme, tranquille, te lithuanien ramas, qui a le même sens, et ses dérivés). Solitaire retiré dans un lieu désert où il se livre à la prière et à la mortification : La cabane d’un ermite. Il Nom donné à des religieux qui vivaient en communauté, mais isolés dans des cellules ; Ermites de Saint-Augustin. Ermites de SaintJérôme. Ermites 'de Saint-Antoine.

— Par ext. Personne qui vit habituellement seule, qui fréquente peu ou point de monde : Londres n’est qu’une nombreuse collection «l’ermites ; ce n’est pas une capitale. (H. Beyle.)

— Fam. Vivre en ermite, Vivre seul, ne fréquenter personne : Je ne suis pas fuit pour

VIVRE EN ERMITE. Il faut VIVRE EN ERMITE

pour se conseroer libre. (Rigault.) Il Se faire ermite, Se retirer loin du bruit du monde, vivre dans une sorte de solitude, n Revenir de ses égarements, se convertir : Je ne me ■ sens pas d’âge à me faire ermite.

— Prov. Quand le diable est vieux, il se 'ait ermite, L’âge fait rentrer en elles-mêmes es personnes dont la jeunesse a été la plus

folle. On a fait à ce proverbe de nombreuses allusions : Il me parait que le diable n’est pas encore assez vieux pour se faire ermite. (Volt.)

Le diable eut tort quand il se fit ermite.

W»1 DesnotiuÈRKS-Le

diable était bien vieux lorsqu’il se fit ermite ; Je le serai si bien, quand ce jour-là viendra. Que ce sera le jour où l’on m’enterrera.

A. de Musset.

— Entom. Genre d’insectes lépidoptères. || Genre d’insectes coléoptères.

— Crust. Espèce de pagure que l’on appelle aussi Bernard l’ermite.

les

— Antonyme. Cénobite,

— Encycl. Le nom d’ermites fut donné à des religieux qui, à l’origine de leur institution, vivaient dans des cellules isolées et menaient la vie érémitique ; ce nom resta à leur institut, même après qu’ils se furent réunis dans des monastères.

Nous nous bornerons adonner ici de brèves indications sur quelques-unes des congrégations dont les membres ont porté le nom d ermites.

Ermites de Suint-Augustin. Avant le xme siècle, il existait un grand nombre da congrégations d’ermites vivant sous différentes règles et sous diverses observances, bien que prétendant toutes descendre directement de saint Augustin, et agitant souvent l’Église par leurs prétentions et leurs querelles. On distinguait parmi ces congrégations les Jean - bonites, les brittiniens, les sachets et d’autres communautés moins importantes. En 1256, le pape Alexandre IV

unit ces congrégations et en fit un seul ordre, sous le nom d’ermites de Saint-Augustin. Cet ordre s’étendit tellement que plusieurs auteurs assurent qu’il compta jusqu’à deux mille monastères où vivaient plus de trente mille religieux. Ses constitutions furent renouvelées en 1580. L’usage du linge était interdit aux ermites^ de Saint-Augustin ; ils ne pouvaient norter que des chemises de laine ; leurs jeûnes étaient sévères (v. augustins).

Ermites de l’ordre de Snint-Paut. Trois congrégations d’ermites de Saint-Paul furent instituées : la première en Hongrie, la seconde en Portugal, la troisième en France.

L’ordre des ermites de Saint-Paul, en Hongrie, fut fondé en 1250 par un ermite nommé Eusèbe ; cet ordre fut très-puissant en Hongrie ; il s’étendit aussi en Pologne, en Autriche et en Croatie. La congrégation des ermites de Saint-Paul, en Portugal, fut instituée dans le courant du xve siècle, par un gentilhomme nommé Mendo. Gomez de Siinura. Après s’être distingué dans la profession des armes, ce personnage se retira dans une solitude située près de Sétuval et y vécut plusieurs années dan, s l’exercice de la prière et de la pénitence ; plusieurs ermitages s’élevèrent auprès de sa retraite, et la congrégation naissante prit le nom de Saint-Paul, premier ermite ; elle fut Continuée en 1578, par le pape Grégoire XIII.

On ne connaît pas exactement la date de la fondation de cette congrégation en France ; on sait seulement qu’en 1620 elle ne comptait encore que peu d’années d’existence, et qu’à cette époque le père Guillaume Callier, supérieur général de cette congrégation, lui donna des Constitutions. Les religieux de cet institut étaient vulgairement appelés frères de là mort, parce qu’ils portaient sur leur scapufaire noir une tête de mort et deux os en sautoir. Après deux ans de profession, il leur était permis d’aller passer quelques années dans des ermitages dépendant de quelques-uns de leurs couvents et situés au milieu des

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I bois. Ceux de ces religieux qui résidaient dans les villes visitaient les malades et les prisonniers, ensevelissaient les morts et accompagnaient les criminels au supplice. Ils

devaient tous se donner la discipline trois fois par semaine. D’après leurs constitutions, la pensée de la mort devait toujours être présente à leur esprit ; quand deux religieux se rencontraient, ils se saluaient par ces mots : « Pensez à la mort, mon très-cher frère. » Il leur était recommandé de dire aux personnes qui leur demandaient l’aumône de songer qu’il fallait mourir. Avant les repas, ils baisaient tour à tour une tête de mort ; plusieurs en avaient devant eux en mangeant ; ils étaient tenus d’en avoir une dans leur chambre. La cérémonie de la profession était lugubre ; quand un religieux venait de prononcer les vœux, on le mettait dans un cercueil couvert du drap mortuaire, et toute la communauté venait lui jeter de l’eau bénite en chantant le De Profùndis. Le sceau de l’drdre avait pour empreinte une tête de mort, avec deux os en sautoir et cette devise : Mémento mori.

Ermites de Saint-Jérôme. Ces religieux se proposaient d’imiter la vie solitaire que saint Jérôme avait menée dans les déserts de la Palestine. On distinguait quatre congrégations de ce nom : l" les ermites de Saint-Jérôme, en Espagne, institués en 1370 par Thomas de Sienne, du tiers-ordre de Saint-François ; ils possédaient les célèbres couvents de l’Éscurial, de Notre-Dame de Guadalupe et de Saint-Just, où se retira l’empereur Charles-Quint ; ils s’étendirent en Portugal, où ils possédèrent le couvent de Bélem, sépuhure de la famille royale. 2° Les ermites de Saint-Jérôme de l’Observance, fondé en 1424 par Loup d’Olinedo ; l’usage de la viande et du linge était interdit aux religieux de cet institut. 3° Les ermites de Saint-Jérôme, fondés en 13S0, dans l’Oinbrie, par Pierre de Pise, dit Gambacurta ; les religieux de cet institut, bien que vivant avec une austérité extrême, ne commencèrent à faire des vœux qu’en 1569. 4° Les ermites de Saint-Jérôme de la congrégation de Fiesole, institués par Charles de Moutegraneli (v. hiéroNymites).

Pauvres ermites Célestins. En 1294, quelques religieux de l’ordre des Frères mineurs obtinrent du pape Célestin V la permission de vivre dans la solitude, et d’y pratiquer dans toute son austérité primitive la règle de Saint-François. Le pape leur ordonna de Quitter le nom de frères mineurs et de prendre celui de pauvres ermites célestins. Quand Bouiface VIII eut remplacé Célestin V, ces religieux furent poursuivis avec animosité par leurs anciens supérieurs. L’Inquisition les attaqua comme hérétiques et schismatiques, et, bien que leur innocence fût manifeste, plusieurs d’entre eux périrent dans les cachots et dans les tortures.

Ermites camaldules. V. camaldules.

Nous citerons encore, parmi les congrégations d’ermites, les ermites de Notre-Dame de Gonzague ; les ermites de Saint-Jean-Baptiste de la Pénitence ; les ermites de la congrégation de Saint-Jean-Baptiste, en France ; les ermites de la Porte-Angélique, à Rome, et les ermites de Monte-Luco.

Ermite de la ClmuHHÔo-d Aulin (l’), revue

de mœurs publiée par de Jouy, à partir de 1812. C’est un recueil analogue au Spectateur anglais. Les lecteurs d’aujourd’hui peuvent se former une idée assez netU de ce genre d’ouvrage périodique en se figwant une collection ou série de ces articles appelés Chroniques, Causeries, Courriers, etc., par lesjournalistes de notre temps. De Jouy peint, dans ces essais, les mœurs, les ridicules et les travers de la société sous le gouvernement impérial ; il ne fait, dans le principe, que des tableaux de Paris ; il raconte à la capitale ce qu’elle fait et ce qu’elle dit. Il passe ensuite à la province, et, sous la forme de l’itinéraire, il esquisse les opinions, les goûts et les habitudes des départements. Cette partie est moins estimée que la première. L’auteur a travaillé sur des documents étrangers, qu’il a employés sans prendre la peine de les contrôler et même de les refondre ; il commet les erreurs les plus grossières en histoire et en géographie. Au tort grave de se répéter, il joint le défaut de déclamer à chaque page. Pour être juste envers de Jouv, il faut s’en tenir à ses mœurs parisiennes, à VErmite de la Cluutsséed’Antiu ; c’est là que l’on trouve les aïeux de ces portraits, croquis, scènes, fantaisies, articles de genre, ainsi appelés sans doute parce qu’ils ne rentrent dans aucun genre déterminé, articles éphémères qui ont envahi de nos jours les colonnes de la petite et de là grande presse. De douy s’est étudié à rendre les siens attachants par la variété des formes dramatiques ; il a mis en quelque sorte la chronique en action.

Cette chronique a eu la destinée de tous les écrits littéraires improvisés au jour le jour pour flatter les goûts du moment. Accueillie par une vogue européenne et traduite à 1 étranger, elle a connu les faveurs de la gloire et éprouvé les caprices de la fortune inconstante. Aux éloges ont succédé les censures. En 1817, la Biographie des hommes vivants s’exprimait en ces termes trop laudatifs : « La manière de YErmite se fait remarquer en général par l’élégance du style, la finesse des observations, et quelquefois aussi par cette sorte d’atticisme d’expression et de

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pensée qu’un esprit délicat puise dans la connaissance du monde. Cette galerie mouvante de portraits donnerait une idée plus exacte de la physionomie de l’époque à laquelle ils se rattachent, si l’auteur s était délié davantage de son goût pour les caricatures, ou du moins s’il en eût fait usage avec plus d’impartialité. Il est trop aisé de voir qu’en conservant les traits il fait souvent grimacer les figures, pour le seul plaisir d’amuser aux dépens des gens qu’il n aime pas ; et dans cette catégorie il faut ranger presque toujours ceux qui ne partagent pas ses opinions politiques, disposition peu favorable à l’impartialité. • M. de Féletz-a jugé très-sévèrement les esquisses morales de Jouy ; mais d’autres écrivains ne sont pas de son avis.

« Si, dit M. Ernest Legouvé, on peut justement regretter, dans la Vestale et dans les tragédies de l’auteur, je ne sais quel rapport avec le ton un peu sententieux du théâtre de Voltaire, on retrouve dans l’Ermite ce charme de naturel et d’abandon qui fait lire et relire sans cesse les lettres, les romans et aussi les poésies légères de l’auteur du Mondain. C’en la même manière de voir et de peindre la société parisienne, la même ironie mêlée de grâce, la même légèreté de plume, la mémo gaieté d’esprit. Les ridicules du moment s’y décalquent tour à tour en portraits, en tableaux ou en scènes avec la plus agréable variété ; je dis en scènes, car on sent à tout instant l’auteur dramatique dans le moraliste, et il est plus d’un chapitre de XErmite, comme le Parrain, par exemple, qui est devenu le point de départ d’une charmante comédie. Ne demandez pas cependant à l’auteur la profondeur d’observation des grands poètes comiques, qui représentent à la fois ce qu’il y a d’immuable et ce qu’il y a de changeant dans le cœur humain, c’est-à-dire qui laissent apparaître, sous le masque léger et mobile de la physionomie de leur temps, les traits constitutifs et toujours les mêmes de la nature humaine, et font ainsi de la peinture d’une seule époque un tableau qui reste éternellement vrai. L’Ermite ne s attache guère qu’au côté fugitif, aux mœurs ; il ne peint, si j’ose parler ainsi, que le cœur humain de l’Empire ; mais là se trouve un des charmes de ce tableau ; il amusait naguère parce qu’il ressemblait ; il amuse aujourd’hui parce qu’il ne ressemble plus. Les hommes ont autant de surprise et de plaisir à voir qu’ils Sont toujours différents, qu à reconnaître qu’ils sont toujours les mêmes. »

Citons une dernière appréciation, pour bien renseigner le lecteur sur la question controversée du mérite littéraire Je Jouy prosateur : « Jouy avait un certain talent de style, dit M. Ch. Nisard, joint it une qualité d’observateur qui donne une idée assez avantageuse de la sagacité de son esprit et de la justesse de son coup d’œil. On l’a comparé, dans quelques-uns des portraits qu’il a tracés, à Addison et à Steele ; c’est un peu le surfaire, mais, entre eux, il y a cependant des analogies ; il a de la tinesse, mais sans profondeur. ■ Telle est notre conclusion.

Ermite en prière (UN), Chef-d’ffiUVre de

Gérard Dov ; collection Baring, à Londres. Un vieil ermite est agenouillé devant un crucifix et une bible ouverte, sous une voûte en ruine qui laisse filtrer un rayon de lumière. De nombreux accessoires, tels que lanterne, baril, écuelle, remplissent cette cellule, qu’éclaire la lueur vacillante d’une chandelle. Ce tableau, exécuté avec une finesse merveilleuse, a été payé 5,000 florins à la vente de Mme Backer, à Leyde, en 1766 ; 42,000 fr. À la vente Van Leyden, en 1804 ; lâ.oou fr. À la vente Paillet, en 1314. Il est peint sur un panneau cintré, dé 26 pouces environ sur 19.

Gérard Dov a peint souvent des Ermites. Le musée de Munich n’a pas moins de trois tableaux de lui en ce genre. Le musée d’Amsterdam en a un. Au musée de Dresde est une bonne peinture de F. Bol, dans la manière de Rembrandt, représentant un Ermite lisant. La même galerie a des Ermites peints par It. van Moor, Van der Werlf, P. Leermans, A. van Boonen, qui ont plus ou moins imité G. Dov. Nous citerons encore le Dévot ermite, gravé pàrChedel, d’après Boucher ; un Ermileenmédituliou, tableau de Brenet, exposé au Salon de 1769 et dont Diderot a fait l’éloge ; l’ermite endormi, tableau de Vien (1750), qui est au musée du Louvre ; des Ermites cultivant une campagne déserte, gravure de C. -F. Lessing (1839) ; YErmite du mont Cassin et YErmite de la Cava, tableaux de Duval Le Camus père, exposés au Salon de 1846, etc. Le-Louvre possède une1 charmante traduction, par Subleyras, du conte de La Fontaine intitulé YErmite.

ERMITE (Daniel l’), littérateur flamand. V. L’Hermite.

ERMO (saint), évêque de Formies. V. Érasme.

ERMOI.UTS MGELLIJS, poète et historien latin. V. Ermenald.

EKMONTII ou ERMENT, village de la haute Égypte, à 15 kilom. S. des ruines de Thèbes, près de la rive occidentale du Nil. Cette bourgade, insignifiante par elle-même, tire son importance de l’emplacement qu’elle occupe ; elle s’élève, en effet, sur les ruines de l’ancienne Hennonthis, ville autrefois assez importante, chef-lieu d’un nome sous les Ptolémées et les Romains, siège d’une légion au