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dans la mêlée pour l’arracher à la mort, et penché ensuite à l’ambulance sur son lit sanglant, obsédait sans cesse son souvenir. Quand Dumouriez eut fui à l’étranger, et que l’armée eut perdu la trace des deux jeunes guerrières qu’il avait entraînées dans ses infortunes et dans son exil, Vander Walen quitta le service militaire, et voyagea en Allemagne à la recherche de sa libératrice. Il parcourut longtemps en vain les principales villes du Nord sans pouvoir obtenir aucun renseignement sur la famille de Fernig. Il la découvrit enfin réfugiée au fond du Danemark. Sa reconnaissance se changea en amour pour la jeune fille, qui avait repris les habits, les grâces, la modestie de son sexe. Il l’épousa et la ramena dans Sa patrie. »

On croirait lire un roman. Deux lettres, écrites par les deux sœurs au secrétaire général de la préfecture de la Seine, Méjean, datées du 28 thermidor an VIII, et qui ont été conservées dans les collections d’autographes, montrent combien leur position était touchante et triste à cette époque. « Ainsi donc, y est-il dit, la misère nous chasse... d’une patrie pour qui nous avons tout sacrifié ! Nous partons en l’adorant toujours. Abattues par le chagrin le plus dévorant, nous retournons en Hollande, cette terre hospitalière, y consoler notre famille languissante. » En 1802, Félicité et Théophile rentrèrent en France. Théophile suivit ensuite Félicité, sa sœur et sa compagne de gloire, à Bruxelles. Elle y mourut, âgée seulement de trente-neuf ans, en 1818, sans avoir été mariée. Elle cultivait les arts. Musicienne et poète, elle a laissé des poésies empreintes d’une mâle énergie et d’une sensibilité féminine. Félicité, devenue Mme Vander Walen, vivait encore à Bruxelles en 1831. Elle est morte depuis, et les deux sœurs, inséparables dans la vie, dans la mort, comme sur les champs de bataille, reposent ensemble sur la terre de Belgique. Quant a leur père, il avait été nommé greffier à Mortagne.

La Société d’agriculture de Valenciennes possède : 1° un portrait de Théophile et de Félicité de Fernig, d’après une toile du musée de Versailles ; 2° une esquisse : Le capitaine Ferning reconnaissant ses deux filles enrôlées à son insu dans la compagnie de garde nationale qu’il commandait. Théophile Fernig figure parmi les personnages d’un drame militaire, la Révolution. Outre les Girondins, on peut citer encore plusieurs ouvrages où il est question des charmantes aides de camp de Dumouriez, notamment les Archives historiques et littéraires du Nord de la France, par MM. Dinaux, Leglay, etc., et le Dictionnaire encyclopédique de la France, de Philippe Lebas.

Le lieutenant général comte de Fernig (Louis-Joseph-César), né à Mortagne (Nord) en 1772, mort le 24 août 1847, était frère des précédentes. Une de leurs jeunes sœurs devint la femme du général Guilleminot. Un fils de Mme Vander Walen (Félicité) est conseiller à la cour d’appel de Douai ; un autre fils est directeur de la maison de force à Vilvorde (Belgique).


FERNO ou FERNUS (Michel), historien et biographe italien, mort en 1513. Il fut successivement avocat à Milan et à Rome, puis entra dans les ordres et obtint un canonicat. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Historia nova Alexandri VI (Rome, 1493, in-4o) ; De légalionibus italicis ad Alexandrum VI (1493) ; Epitome de regno Siciliae et Apuliaes (1496, in-4o).

FERNOW(Charles-Louis), critique et archéologue allemand, ’ né à Blumenhagen (Poméranie prussienne) en 17C3, mort en 1808. Il était fils d’un domestique. Sa vive intelligence attira l’attention d’une personne bienfaisante, qui lui fit donner de l’éducation. Il devint ensuite clerc de notaire, puis entra dans l’officine d’un pharmacien. Là, il eut le malheur dé tuer, par un acte d’imprudence, un chasseur qui lui avait confié son fusil ; mais, grâce à l’intervention de son patron, il ne fut point inquiété par la justice. Son apprentissage terminé, il se rendit à Lubeck, où il obtint un emploi, fit la connaissance du peintre Carstens, au contact^duquel il développa son goût pour la peinture et la poésie, et finit par abandonner entièrement la pharmacie pour se livrer à ses études de prédilection. Il se fit professeur de dessin et se mit à composer des vers. S’étant épris d’une jeune fille, il la suivit à Weimar, demanda vainement sa main à ses parents et se retira alors à Iéna, où il entra en relations avec Reinhold et de Baggesen. Sur la proposition de ce dernier, il fit avec lui un voyage en Italie et en Suisse, rencontra à Rome son ancien ami Carstens, sous la direction duquel il étudia la théorie et l’histoiro de l’art, et, de retour en Allemagne, en 1803, il obtint une chaire de littérature italienne à l’université d’Iéna. L’année suivante, la duchesse douairière de Weimar le nomma conservateur de sa bibliothèque, place qui lui fit des loisirs et lui permit de vivre à l’abri du besoin. On a de lui plusieurs ouvrages, notamment : Cours de langue ita- . tienne à l’usagedesAltemands(Tubingne, S(H, 2 vol.) ; Études romaines (1806-1808) ; Vie de l’artiste Carstens (1800) ; Vie de l’Arioste (180B), etc. Qn a publié ses œuvres complètes à Leipzig (1829).

FERNS, ville d’Irlande, dans le comté de Wexford, à 24 kilom. de cette ville, sur le Ban, siège d’un évêché catholique et d’un

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évêché anglican ; c’était autrefois la capitale du royaume de Leinster. La cathédrale, bâtie en 1810, n’a aucune valeur architecturale. Ruines pittoresques d’une abbaye dont la tradition fait remonter la fondation à un roi du nom de Dermod Mac-Morrog, dont le palais s’élevait au sommet de la colline qui domine la ville. Vestiges d’un vieux château démantelé en 1641.

FÉROCE adj. (fé-ro-se — lat. ferocem, accusatif de ferox, dérivé de fera, bête sauvage, en grec thêr et phèr, en allemand thier, sui- | vant Eichhoff du sanscrit bharas, produit, I de la racine"bkar, porter, produire. D’autres ont recours a la racine dhars, oser, braver, le dh sanscrit et le th grec devenant très-sou- j vent le f latin). Sauvage et sanguinaire, en parlant des animaux : Un pays peuplé de bê- I tes féroces. Dans presque tous les animaux • sauvages, le mâle devient plus ou moins féroce lorsqu’il cherfhe à s’accoupler. (Buff.) L’homme presque sauvage est un être plus méchant que les animaux les plus féroces. (La Peyrouse.)

— Par anal. Sanguinaire, barbare, en parlant des hommes : Les hommes sensibles ne sauraient être féroces. (B.-Const.) La femme sans pudeur est féroce dans la même proportion qu’elle est débauchée. (Le P. Ventura.)

Il Qui annonce de la férocité, de la cruauté : Un air FÉROCE. Des regards féroces.

— Par ext. Exagéré, déréglé, impitoyable, en parlant des passions, des sentiments :

Je hais l’honneur féroce et la vertu chagrine.

BoURSAULT.

— Antonymes. Apprivoisé, bénin, doux, inoffensit’, timide.

Féroce chaueur, Ballade de Burger. V.

BALLADE.

FÉROCEMENT adv. (fé-ro-se-man — rad. féroce). D’une manière féroce, sauvage : Un homme férocement cruel.

FÉROCITÉ s. f. (fé-ro-si-té — lat. ferociias ; de ferox, féroce). Naturel d’un animal féroce : Bien ne peut dompter la férocité de certains animaux. Les rois de féerie doivent joindre la férocité du tigre à la stupidité du dindon. (P. de St-Victor.)

— Par anal.- Caractère féroce, cruel, violent, sanguinaire, en parlant des hommes : La férocité naturelle fait moins de cruels que l’amour. (La Rochef.) La férocité est le cynisme du cœur. (Lamart.)

— Syn. Férocité, barbarie, cruautéj inhumanité. V. BARBARIE.

— Antonymes. Bénignité, douceur, innocuité, timidité.

FÉROCOSSE s. m. (fé-ro-ko-se). Bot. Espèce de chou palmiste de Madagascar.

FÉROË (les), en danois Fœr-Œérne, c’est-à-dire îles des brebis, groupe d’îles appartenant au Danemark et formant un archipel situé dans l’océan Atlantique entre 01° 20’, 620 21’ de lat. N., et 7055’, 10° 25’ de long. O. ; ù 300 kilom. N.-O. de l’extrémité septentrionale de l’Écosse, et à environ 512 kilom. des côtes de Norvège. On y compte vingt-deux ou, selon d’autres, trente-cinq îles, dont dix-sept seulement sont habitées. Celle de Stromoe est la plus grande : elle a 55 kilom. de longueur sur 20 kilom. de largeur ; les îles non habitées sont très-petites et apparaissent ça et là comme les points culminants de montagnes sous-marines. La surface de l’archipel est de 128,200 hectares.

Climat, aspect et état du sol. Productions dans les trois règnes. Le climat des Féroe est plus tempéré que ne le comporte la latitude : il est a peu près semblable à celui du Danemark. Dans les deux mois d’été, juillet et août, les plus longs jours durent vingt heures ; en hiver, les plus courts n’en ont que quatre. Les brumes épaisses y sont fréquentes. Il n’y a qu’un mois de gelée, et les baies ne sont prises que dans les hivers les plus rigoureux ; mais il s’y déchaîne souvent de terribles ouragans, surtout quand le vent souffle dé l’Islande, ouragans qui renversent les cabanes, les rochers, les arbustes ; des trombes enlèvent des masses d’eau de mer et les transportent, avec des poissons, à de grandes.distances dans les terres.

Les côtes, eu beaucoup d’endroits, présentent des falaises de rochers perpendiculaires ; aussi, sur certains points, les habitants, pour aller à la mer ou en revenir, sont forcés de monter et de descendre à l’aide de cordes. Les détroits entre les lies sont parsemés de rochers découpés ou percés à jour par les flots de la manière la plus variée. La mer est presque toujours tourmentée dans ces parages ; à l’O., les marées montent de 7 brasses environ (14 mètres), et de 3 seulement à l’E. Aussi la navigation est-elle rendue dangereuse dans ces détroits par des courants rapides ; on y trouve aussi plusieurs gouffres et tourbillons, entre autres le Suderoe, près de l’Ile de ce nom, d’une profondeur au centre de 61 brasses ; on y observe quatre tournants impétueux au milieu d’une spirale de roches. Dans les calmes, et par.le reflux, les pêcheurs se hasardent sur les bords, attirés par l’abondance du poisson. On trouve cependant sur les rivages des grandes Iles des baies et de bons mouillages, tels que les ports de Westmanshavn à l’O. de Stromoe et de Koningshavn dans OsteroS.

Les Féroe sont formées par un groupe de monticules, presque tous coniques et très-FERO

rapprochés. Le plus haut sommet est le Sko- j linsfield, au S, de Stromoe, qui s’élève à 683 mètres. On ne trouve dans l’archipel ni cratères ni traces volcaniques. La masse des montagnes y est formée de granit, de basaltes, de dolérite ; on y rencontre des plateaux étendus, mais stériles et dénudés de terre végétale par la" violence des vents et la fonte des neiges. Le sol, dont un soixantième seulement est susceptible de culture, offre une terre sablonneuse noirâtre, plus convenable, en général, aux pâturages qu’aux céréales ; il est parsemé d’un grand nombre de lacs et arrose de cours d’eau peu larges, mais très-rapides, formant des cascades très-nombreuses dont on tire parti pour établir des moulins. Ily a plusieurs sources d’eau chaude : la plus remarquable est celle de Varmakielde, en Osteroe. La terre renferme du fer, du cuivre, du jaspe, de la houille, de la tourbe. On y rencontre aussi des opales communes, dites opales de Féroe. Ces îles produisent de l’orge, du seigle, des légumes, un peu de blé qui mûrit difficilement dans les îles du sud, des plantes antiscorbutiques ; les arbres y font presque entièrement défaut : la violence des ouragans s’oppose à leur croissance, et laisse seulement ça et lk quelques tiges rabougries s’élever à 5 ou 6 urètres. Les bêtes à cornes, de petite taille, y deviennent très-grasses ; les chevaux y sont également petits, mais forts et légers. De nombreux moutons blancs et noirs y sont répandus ; la laine des derniers est assez finé. Les chiens y sont d’une race estimée. Parmi les oiseaux, on y trouve l’aigle cendré, l’épervier, le corbeau, la corneille, une espèce de hibou, le pigeon ramier, l’étourneau, la bergeronnette, le.roitelet ; l’hirondelle et 1 ortolan y sont de passage. Le héron y apparaît quelquefois ; la spatule y est commune. Sur les côtes, une multitude innombrable d’oiseaux de mer et de rivage : puffins, pingouins, guillemots, la gerfaut à certaines époques del’année, le grisard ou skua, le goéland, le bourgmestre, Je pétrel, le plongeon du nord, le cygne, Toie sauvage, 1 eider ou canard h édredon, le canard à longue queue, le gosland bleu, le cormoran.

Population, gouvernement, induttrie, moeurs et coutumes.Ên 1801, ces îles comptaient 5,265 habitants, et 7,400 en 1850. Elles font partie, aux états, de la division politique dés lies (provincial Staender), et nomment, avec l’Islande, trois députés. Elles sont subdivisées en six syssels ou districts, comprenant dix-sept paroisses. Ce sont : Stromoe, Norderoe, Osteroe, Sandoo, Vaaggoë, Suderoe. A leur tête est un gouverneur (amtmand) ; la justice y est rendue par un tribunal de huit juges, présidé par un magistrat ; les appels se portent à la chancellerie de Copenhague. Ce magistrat préside aussi le consistoire qui dépend de l’évêché de Seeland. Le gouvernement danois dépense pour ces lies plus qu’il n’en tire. Les autorités dont nous venons de parler résident a Thorshavn, capitale et seule ville de l’archipel, dans Stromoe. Frederiks-Vaag était autrefois une petite ville de commerce assez florissante, surtout pendant la guerre de l’indépendance américaine ; elle servait d’entrepôt aux marchandises danoises’ venant des Indes orientales et occidentales ; mais elle est complètement déchue. Dans la capitale de l’archipel, la plupart des maisons, excepté celles des fonctionnaires, ne sont que de pauvres cabanes de planches que l’on amarre l’hiver avec des cordes pour qu’elles ne soient pas emportées par le vent ; elles n’ont qu’un rez-de-chaussée et sont simplement partagées eh deux par une cloison ; d’un côté est la cuisine, qui ne prend de jour que par laporte^ou par la cheminée ; de 1 autre la salle, garnie de quelques vitres et remplie de la fumée d’un feu de tourbe, où se tient et travaille la famille. Les habitations rurales valent mieux que celles de la ville : elles sont mi-parties de bois et de pierre ; auprès se voient l’étable, la grange, le four et de petites huttes a claire-voie, où l’on met sécher à l’air vif et froid du mois de novembre la chair de mouton ; elle peut ensuite se manger sans cuisson et sans sel. La plus belle de ces habitations est Kirkeboe, ancienne résidence de l’évêque catholique et d’une congrégation de moines. On voit auprès les ruines d une église restée inachevée lors de l’introduction du luthéranisme, au xvie siècle.

Les habitants des FéroS présentent le type norvégien ; ils sont vigoureux, et c’est en somme une belle population ; leur langue est un mélange d’islandais, de norvégien et de danois ; ils comprennent et parlent également cette dernière langue, qui est la seule employée dans les églises et pour la rédaction des actes publics et privés. Les hommes sont vêtus d’une veste bleue ou verte, d’un "gilet de laine à boutons brillants, d’une culotte de peau de mouton. Quelques-uns tressent leurs cheveux, qu’ils laissent croître. Les femmes ont des mantelets de tricot à manches courtes, serrés à la taille. Autrefois, dans les Grandes occasions, elles portaient des robes e damas, des manchettes de dentelles, des cheveux poudrés et des ornements d’or et d’argent, comme les Islandaises. « Les FéroS, dit un voyageur, sont habitées, par des hommes doux, honnêtes et laborieux, qui ont conservé une innocence vraiment patriarcale. Il y a, dans les relations des deux sexes, une liberté si chaste, uneconfiance si pleine d’abandon et de réserve qu’elle rappelle les premiers âges du monde. Toutes les femmes assistent

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au déshabillé et a la toilette de leurs commensaux et les aident à se lever et a se coucher. On s’embrasse le soir en se quittant, le matin en se revoyant, avant et après chaque repas. Ces femmes, en apparence si faciles, sont cependant d’une vertu exemplaire. Las domestiques des deux sexes couchent dans la même chambre, dans le même lit, sans qu’il en résulte de naissances illégitimes. » Cette population est profondément religieuse : il n y a que sept prêtres, qui se trouvent fort occupés, et, comme le médecin, doivent souvent exposer leurs jours pour remplir leur ministère. Autrefois, ces prêtres bénissaient des sources sur divers points des îles, où on allait baptiser les nouveaux nés ; mais maintenant il faut les leur amener, non sans risque pour les enfants, qui périssent quelquefois dans le trajet. Les habitants des Pérou ont un assez grand nombre de superstitions : ils croient aux esprits follets, protecteurs de la maison près de laquelle ils sont établis ; aux huldefolk, génies des montagnes qui ont des troupeaux invisibles et vivent de la vie des hommes, etc. Ils n’ont point d’instruments de musique ; leurs danses s’exécutent avec accompagnement de chants nationaux, transmis

de bouche en bouche depuis des siècles. L’élève des bestiaux, surtout des moutons, est la grande industrie des Féroe. Les moutons restent en toute saison, la nuit comme le jour, en plein air ; lorsque la neige est durcie et qu’ils ne peuvent plus chercher leur nourriture, ils sont exposés a mourir de faim ; alors ils se réfugient dans des cavernes, où la neige poussée par le vent les enferme souvent pour des semaines ; on en a trouvé qui en étaient venus à se ronger la toison. Au mois de juin, le paysan se met a la recherche de son troupeau avec des, chiens dressés exprès ; il reconnaît ses bêtes à sa marque ; puis il les tond en arrachant la laine à la main ; quelquefois l’animal se trouve tout en sang ; il les rend ensuite à la vie sauvage. Les plus riches fermiers, mais en petit nombre, ont des troupeaux de six cents têtes. Les chevaux errent également en liberté. On va les chercher deux fois par an pour porter les engrais dans les prairies et la tourbe dans les habitations. Les vaches seules ont des étables, grâce au produit journalier de leur lait.

La pêche et la chasse des oiseaux aquatiques sont une source non moins importante de produits ; cette dernière est des plus dangereuses : les chasseurs se font descendre du haut des falaises avec une corde., par leurs camarades, pour explorer les cavités où sont les nids, ou bien ils se hissent deux a deux et tour à tour de bas en haut ; ces chasses durent quelquefois une semaine. Rarement les baleines s’approchent maintenant de ces îles ; mais la chasse au phoque est assez fructueuse en septembre ; l’apparition d’une troupe de dauphins est surtout une bonne fortune. Sitôt qu’un pêcheur en a reconnu une dans les eaux, il hisse un pavillon particulier ; des signaux de feu se répètent à terre, et de toutes les îles se rassemblent les habitants, le gouverneur en tête, pour cerner les dauphins et les pousser vers le rivage. Le nombre de ceux que l’on parvient à tuer se compte quelquefois par centaines. On prélève la part du roi, de l’Église et dos prêtres, et celle des fonctionnaires. La chair et le lard forment des provisions de bouche ; avec la graisse on fait de l’huile. Un dauphin moyen peut en donner une tonne, qui vaut de 30 à 40 fr. a Thorshavn.

En fait de fabrication, on ne connaît dans ces Iles que celle des bas de laine à l’aiguille et d’assez bons bateaux de pêche. Un véritable fléau pour ces pauvres insulaires était le monopole de la navigation et du commerce, que s étaient arrogé les rois do Danemark depuis Frédéric II. Les habitants étaient forcés de venir vendre leurs.denrées à Obhorshavn ou à un des trois autres entrepôts, selon un tarif qui les estimait à 70 pour 100 au-dessous de leur valeur. En 1790, lo roi promit l’abolition de ce tarif à la première occasion favorable ; il paraît qu’elle se fit longtemps attendre. Comme les vaisseaux danois n’arrivent qu’en mai, et que leur dernier voyage est en septembre, tout le reste de l’année les insulaires des Féroe étaient séparés du monde entier ; car ils n’avaient pas encore pu obtenir la permission de recevoir l’hiver des lettres ou journaux des lies Shetland. Ce malheureux système paralysait toute industrie. Une loi promulguée en avril 1855 a déclaré qu’à partir du l°r janvier 1856 Que les navires de toute nation seront admis dans les ports des Féroe et auront le droit d’y faire tout genre de commerce avec les négociants établis et d’y créer des dépôts permanents. Pendant le mois qui suivra leur arrivée, ces bâtiments pourront même vendre leurs marchandises en détail à tous les habitants indistinctement, pourvu que ce débit se fasse à bord même des navires. Les navires étrangers seront tenus de relâcher à Thorshavn ou à Tangisvaeg avant de se rendre aux autres ports. Outre les papiers constatant leur nationalité, ils devront être munis d’un manifeste en règle et d’une carte de santé ; une visite faite par les médecins du port d’arrivée pourra suppléera cette dernière pièce. Les étrangers seront même admis à faire le cabotage entre les îles Féroe, ainsi qu’entre ces îles et les autres parties de la monarchie danoise, mais avec des navires jaugeant plus de 15 tonneaux. Les navires étrangers qui entreront dans les