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PEUR

1640. II était fils posthume de François de Pas, premier chambellan de Henri IV, tué à la bataille d’Ivry en iôuo. Le jeune de Feuquières prit du service à l’âge de treize ans, arriva rapidement aux premiers grades de l’armée, lit huit campagnes comme maréchal de Camp, prit part, eii qualité de lieutenant général, au siège de La Rochelle en 1628, et contribua beaucoup à la reddition de cette place. Après la mort de Gustave-Adolphe (1632), de Feuquières, nommé ambassadeur en Allemagne, parvint à relever le courage des Suédois et des princes de la ligue protestante, forma avec eux une alliance et conclut avec Wallenstein un traité que la mort de cet illustre homme de guerre mit à néant. De retour en France, il fut nommé lieutenant général de Verdun (1636). L’année suivante, fl reçut, conjointement aveu le duc de Saxe-Weiinar, le commandement d’une armée d’Allemands dans la guerre contre l’Autriche, puis fut chargé par Louis XIII de faire le siège de Thionville(1639) avec un corps d’armée qui ne dépassait pas 8,000 hommes. Attaqué par Piccolomini, général des impériaux, il eut ie bras cassé et tomba entre les mains de l’ennemi /après avoir vaillamment soutenu deux attaques dans la même journée. Louis XIII négocia sa rançon. Au bout de neuf mois, il allait être rendu à la liberté, lorsqu’il mourut à Tbionville. De Feuquières a laissé : Lettres et négociations du marquis de Feuquières, ambassadeur du roi en Allemngiie en 1633 et 1634 (Amsterdam [Paris], 1753, 3 vol. in-12), ouvrage intéressant surtout en ce qui concerne les idées de Richelieu contre la puissance de l’Autriche et l’alliance de la France avec la ligue protestante en Allemagne. — Feuquieri ; s (Isaac de Pas de), fils aîné du précédent, fut lieutenaul général, gouverneur de Toul et Verdun, puis ambassadeur en Suède, en Allemagne et enfin à Madrid, où il mourut en 168S. — Feuquières (Antoine de Pas, marquis de), fils du précédent, né à Paris en 1648, mort en 1711, entra au service à dix-huit ans et se signala par sa valeur et ses hautes capaci es militaires. Il lit la campagne de Franche-Comté, assista à la bataille de Senef (1674), se distingua comme colonel sous Turenne, puis sons le maréchal de Créquy, notamment à Bouchain. Lors de la bataille de Saint-Denis (1678), de Feuquières fut chargé de couvrir le quartier du roi et opéra une brillante retraite. Nommé brigadier des armées du roi en 1688, il prit part au siège de Philipsboitrg, puis rit en Francouie et jusqu’aux portes de Nuremberg une course audacieuse pendant laquelle il livra indignement aux flammes plusieurs villes, leva des contributions de guerre considérables et en garda une partie pour lui. Louvois, qui approuva complètement sa conduite, lui donna le grade de maréchal de camp en 1689. De Feuquières combattit ensuite en Piémont, commanda à Pigiieroi, s’empara de Carmagnole (16’J3) et fut Domine lieutenant général eu 1603. Il prit ensuite la plus glorieuse part à la bataille de Nerwinde, puis lit la guerre en Flandre sous Villeroi jusqu’à la paix de Ryswiok (1097), qui mit fin k sa carrière militaire. Lie Feuquières qui, au dire de Voltaire, était un militaire consomme, ne reçut plus de commandement à partir d". cette époque. La liberté avec laquelle il s’était exprimé sur plusieurs généraux en crédit fui. pai ait-il, lu.cause de sa di>grà< e. Pour occuper ses loisirs forcés, de Feuquières assembla des matériaux sur les Opérations des guerre- de sou temps et écrivit pour l’instruction de son fils, .-.ous le titre de .JemuiifS svr lu guerre, un ouvrage qui fin pubbe pour la première fois à Amsterdam (1731. in-12). CestUeiuoires, un des meilleurs livres qui aient paru sur l’art militaire et.-ur la tactique, abondent en ruuseigijeiuents précieux, en jugements pleins de Sagacité et en appréciations >ur les opérations uiiliuiires du temps faites avec une grande liberté de langage. La meilleure édition de cet ouvrage est celle de Pans (1770, 4 vol. iii-4<>).

FEURRE s. m. (feu-re — anc. haut allem. fih.tai, meule sens). Paille de toule sorte de blé : Une gerbe de keukrk. (Acad.j JVe pmirrissez pas comme un /lue uleurë sur te keijkrb de l’mitr. (V. Hugo.) il Paille longue servant k empailler Les chaises.

— Anc. prov. Faire la barhe de (entre à Dira, Frauder dans le payement de la dîme, en donnant une gerbe de paille sans graili, ou une chose quelconque sans valeur :

L’on trompa son prochain, la médisance eut Heu, El l’hypocrite /il barbe de ftntrre à Dieu.

RÉ0NIE&.

FEURS, en latin Forum Sfgiisi(tiiorum, y]e de France (Lmre), ch.-l. de cant., arrond. et à 23 kiluui.-N.-E. de Moiiibrisou, près de la rive droite de la Loire ; pop. aggl., 2,524 hab.— pop. tôt., 3,060 hab. Source ferrugineuse Jite fontaine des Quatre (17» oentigr.j. Coin*merce de grains et de toiles. Cette pet, te vide portait, sous la domination roma.ue, le nom ne Ftimin S’yunianoruni, Au moyen âge, elle fut entourée de remparts flanques detours, dont on voit encore quelques débris. Jusqu’en 1789, Feurs resta la capitale du haut Forez. Un joli pont suspendu relie la ville à la rive gauche de la Loire. On y a découvert de nombreuses antiquités romaines, notait lient une magnifique mosaïque. On re PEUT

marque à Feurs une chapelle expiatoiré élevée par ordre de Louis XVIII en mémoire des victimes de la Révolution et la statue du colonel Combes, par Foyatier.

FEUTIER s. m. (feu-tié — rad. feu). Celui qui, dans Une grande maison, dans un château, est chargé de veiller au chauffagé : Le feutier d’un ministère. Le feutier du palais.

FEUTRABLE adj. (feu-tra-ble — rad. feutrer). Qui peut être feutré : Laine keutrable.

FEUTRAGE s. m. (feu-tra-je — rad. feutrer). Techn. Action de feutrer des poils, de de la laine : Le poil du castor est propre au

FEUTRAGE.

— Encycl. Le feutrage est l’opération que l’on fait subir à l’étoffe légère et vaporeuse que l’on obtient par le bastissage. Il consiste à soumettre à 1 action de rouleaux l’espèce de galette plate ou conique qui a été préalablement bastie ; ceux-ci, par leur mouvement continu, entraînent l’étoffe, en même temps qu’ils exercent sur ses deux faces une friction latérale et alternative.

Cette opération, qui ne peut s’exécuter qu’avec une chaleur humide et suffisamment élevée, se renouvelle plusieurs fois, afin de , resserrer de plus en plus les fibres de l’étoffe et de lui donner ainsi plus d’épaisseur et de consistance.

Le feutrage s’opère au moyen de machines très-ingénieuses, qui se composent de deux séries de rouleaux de bois, animés de deux mouvements très-distincts, l’un rotatif et continu, constamment dans le même sens pour chaque série, et l’autre, au contraire, rectiligne et alternatif, toujours en sens opposé pour les deux séries ; de cette façon, 1 étoffe a feutrer est toujours soumise, pendant qu’elle chemine, à deux pressions énergiques et simultanées, lune dans ie sens longitudinal, l’autre dans le sens transversal.

Pour les chapeaux que l’on bastit sur une forme conique, on les feutre inégalement, c’est-à-dire qu’on les fait plus épais sur les bords que sur le fond. Pour obtenir ce résultat, on plie préalablement les bords extérieurs de la pièce plusieurs fois sur eux-mêmes, afin qu’en passant entre les rouleaux, ils se feutrent davantage que le milieu, et acquièrent, par suite, un peu plus d’épaisseur.

FEUTRE s. m, (feu-tre — bas lat. fellrum ou fittrum, mot qui dérive du germanique : ancien haut allem. felz, anglo-saxon felt, de fel, fell, peau d’animal avec la laine, avec le poil, toison. Ces mots sont les corrélatifs exacts du latin pilns et du grec pilos, même sens, et se rapportent comme eux à la racine sanscrite pul, p/utll, pal phall, croître, être grand). Etoffe dé laine ou de poils non filés, mais foulés et agglutines à l’aide de certaines préparations : Fi-lUTRK de poil de lapin, de castor, de Heure. Cfmpeau de feutre. Semelle, de feutre. Le lupin a pris, en Sibérie, du pnil tuujfu et pelotonné comme du feutrb. (Buff.)

— Par ext. Chapeau de feutre : Oh ! oht l’ami, tu oublies ton vieux Feutre noir, (ttalz.)

Avec un feutre pris, longue bretle au côté. Mon air de Bas-Normand vous aurait enchanté.

RegNarek

— Mar. Etoffe grossière, matelas d etoupes enduites de goudron, qu’on place sur les surfaces de jonction de deux pièces réunies par un écart.

— Techn. Nom des morceaux de drap sur lesquels, dans la fabrication à la main, l’ouvrier coucheur place les feuilles de papier au fur et à mesure que l’ouvreur les produit. On les.appelle aussi, par corruption, klotkks ou fluctues, il Ituurre qu’emploient les selliers pour rembourrer les selles.

— Mamm. Sorte de poil très-serré et enchevêtré qu’on observe chez certains mammifères.

— Encycl. Suivant l’espèce d’animal dont on a employé le p»H, le feutre est d’une qualité différente. Ainsi les feutres de poil de castor sont les plus estimés ; les feutres de lièvre et de lapin viennent ensuite. On utilise la laine d agneau et de chameau pour fabriquer des feutres d’une qualité inférieure. Pour faire servir le poil à la fabrication du feutre, il faut lui faire subir une certaine préparation que l’on nomme séerétaye. La laine de mouton ou de vigogne n’a pas besoin de cette préparation j aussi, -pour former la trame des feutres, même les plus fins, emploie-t-on la laine. Pour fabriquer le feutre, on commence par nettoyer à fond la peau avec une

Fetite carde, que l’on nomme car/et, et que on promène sur le poil. Lorsqu’on a ■terminé cette opération, que l’on nomme détjalage, on bat la peau avec des baguettes, afin d’enlever toute ia poussière. Cela fait, au moyen de grands ciseaux on coupe toute la jarre, c’est-à-dire ie poil long qui croit au milieu du duvet. Le poil étant ainsi nettoyé, on lui fait subir un lavage qui lui donne de la souplesse et le rend plus propre à se tortiller et à se coller. Ce lavage se fait au moyen d’une brosse dure, faite en soies de sanglier, et que l’on promène sur deux tiers de la peau, après l’avoir préalablement trempée dans une solution formée de 64 parties d’acide azotique, S parties de mercure, 4 par PEUT

ties d’arsenic blanc et 2 ou 3 parties de bichlorure de mercure ; on ajoute au tout trois fois son volume d’eau distillée. Lorsque le poil est suffisamment mouillé, on réunit les peaux deux par deux, poil contre poil, et on fait sécher priunptement à l’ètuve ; puis, pour assouplir ie cuir, on ie mouille avec de l’eau de chaux très-étendue, on réunit de nouveau les peaux cuir contre cuir, ou les empile les unes sur les autres, et, après les avoir chargées de poids, ou les laisse sécher pendant un jour ou deux ; on arrache ensuite ie poil. Un procédé qui est meilleur que 1 arrachage est celui de l’abrasion, qui consiste à raser, au moyen d’un couteau à tranchant très-fin, le poil au ras du cuir. Ce procédé, que l’on emploie pour les peaux fines, comme celles du castor, a l’avantage de ne pa’s enlever le bulbe du poil. On pro- ’ cède alors au classement des poils par qualité. Le castor est le plus estimé ; puis vient le lièvre, du poil duquel oh fuit trois catégories : 1» le poil du dos ; 2° celui du cou ; 3° celui du ventre. On passe ensuite séparément à la carde chacune de ces qualités, afin de diviser exactement le poil, avant de les passer k l’arçon qui doit mélanger la laine que l’on môle au poil. Cet instrument se compose d’un arc d’acier qui, par sa partie médiane, . est fixé au sol ; aux deux extrémités de cet are s’attache une corde de boyaux qui est très-tendue, et qui passe à travers une claie d’osier sur laquelle on dispose le poil en tas. La corde, mise en vibration par le coclte, espèce de fuseau terminé en bouton, agite et mélange intimement le poil. Au bout de quelques minutes de mélange, on imprime un mouvement violent à la corde de l’arçon, de sorte que les poils sont- projetés en l’air et retombent très-divisés sur la claie. On répète cet exercice plusieurs fois et on procèdéau bastissage. On divise le poil en plusieurs paquets ou capades ; puis, sur la feutrière, toile forte que l’on humecte préalablement, on étend un-premier paquet, on

place dessus une feuille de papier mouillé, puis on met par-dessus le second paquet, et on plie la feutrière. On plie et replie la taie, en ayant soin de mouiller l’étoffe, atiu d’empêcher l’adhérence du poil à la feutrière, jusqu’à ce que ie poil ait pris assez de consistance pour ne point s’étendre, mais cependant soit assez élastique pour être réuni. Lorsque le poil est suùisuiiniient feutré, on le passe à la foule. Cette opération consiste à tremper la pièce dans une.chaudière contenant un.mélange d’eau et d’acide sulfurique ou d’eau et de lartraie de potasse ; cette solution doit toujours être maintenue à une température de 8u degrés. Lorsqu’on a trempé le feutre, on le fuit egoutier sur un banc de buis, et fit un ouvrier le foule avec un ruuleau de bois, tout en l’arrosant d’eau froide. Cette opération dure quatre heures environ. On commence par fouler le feutre avec les mains, puis avec des uianicles, espèces de semelles en cuir que l’on adapte aux mains, puis on le brosse, ahu de lui enlever la jarre, ce qui lui Uonue du lustre. Lorsque la pièce a été ainsi foulée, ou lui donne la l’orme voulue, selon l’usage auquel le feutre est destiné ; puis-ou le polit, d’abord avec de la pierre pouce, puis avec ne la peau Ue chien.

Ou noinine feutre verni le feutre que 1 on a imprègne n’une certaine quantité d nuile siccative. On s en sert pour la fabrication oes visières et pour faire Ues chapeaux qui présentent un grauu avantage, celui délie unpermeaoïes. La/rulre, pouretre verni, n’exige pas une préparation particulière ; seulement u doit e.re ne très-boune qualité. Le liquide j dont on l’enduit est compose de 100 pur- ; ties d huile, 2 parties de ceruse, 2 parues de lithurge et autant de terre d’ombre. Pour fa- i briquer des. chapeaux de jeutre venu, on place le feutre ordinaire sur une tonne, ou imprègne d’huile siccative et un le seclie à I eluve, puis il est poli au tour. Celte opération est lepetee plusieurs fois ; ensuite on le vernit avec une urosse en queue de morue. Pour les visières, on procède un peu uuléreinuient : on enduit d abord le feutre ne coile de lai nie, et, apreo l’avoir l’ait sécher au tour, on l’enduit n’iiuile siccative à plusieurs reprises, puis on place la visière dans un moule ou une presse la comprime.

Le nettoyage de ce genre de chapeaux est très-simple : il sufrit de laver le feutre, et, après lavoir bien essuyé ou le frotte avec de J’huile, ce qui lui rend son premier lustre.

FEUTRÉ, ÉE (feu-tré) part, passé du v. Feutrer : Laine feutrée. Poils feutrés.

FEUTREMENT s. m. feu-tre-inan — rad. feutre). Techn. Action ou manière de feutrer. : Le FEUTREMENT des poils.

FEUTRER v. a. ou tr. (feu-tré — rad. feutre), Techn. Mettre en feutre, changer en feutre : Feutrer des poils de castor. Feutrer de la lame. Il Rembourrer avec du feutre, de la bourre : Fkutrer une selle.

FEUTRIER, 1ÈRE adj. (feu-trié, iè-rerad. feutre). Techn. Se dit de certains poils ou laines propres à la fabrication du feutre : La laine feutrière est composée Ue deux espèces de poils, tes uns grossiers, longs et tisses comme te.poil de ckètire, les autres plus ou moins fins, courts, doux, frisés irrégulièrement, ou mêlés entre eux ou à ceux de la première espèce. Il Qui fabrique le feutre : Ouvrier FEUTRIER.

PEUT

— s. m. Ouvrier qui fabrique le feutre.

— s. f. Morceau de toile forte sur laquelle le chapelier étale les poils dont il veut faire un chapeau.

FEUTRIER (Jean - François - Hyacinthe), prélat français, pair de France et ministre,né à Paris en 1785, mort en 1830. Par l’influence de sa famille, en grande faveur à la cour, le cardinal Fesch se l’attacha comme secrétaire et le plaça dans les bureaux de la grande aumônerie. U y conserva son emploi après la chute de l’Empire, et ne tarda pas à se faire remarquer par son talent comme prédicateur et par son zèle pour la.dynastie restaurée. La faveur dont il jouit à la cour lui valut d’être nommé successivement curé de la Madeleine à Paris (1823), grand vicaire de ce diocèse et évêque de Beauvais (1826). Au commencement de 1828, lorsque le ministère de Villèle fut remplacé par le cabinet Martignac, l’evèque de Beauvais fut nommé ministre des affaires ecclésiastiques. Dans ces hautes fonctions, il se montra un des hommes les plus éclairés du nouveau ministère ; il y apporta même des idées si libérales qu’il souleva.autour de lui les plaintes de tout le clergé routinier ou réactionnaire. Il soumit les petits séminaires à l’autorisation universitaire (16 juin), lit fermer les établissements d’éducation dirigés par les jésuites, et s’acquit, par ces mesures, une grande popularité ; mais, en butte à la haine des ultramontains, il dut quitter le cabinet avec

M. de Martignac (1829), et retourna à Beauvais après avoir reçu le titrq, de comte et un siège à la Chambre des pairs. Une sorte de tristesse s’empara de lui. Enlevé par une mort subite, peu de jours avant la révolution de 1830, sasfin inattendue donna lieu à des bruits "d’empoisonnement. On a de lui : plusieurs oraisons funèbres ; un Panégyrique de saint Louis, prononcé en 1822 devant l’Académie française ; Ma Éloge historique et religieux de Jeanne Date (182 ;$), etc. Feutrier était doué d’un esprit fin et actif, d’une grande douceur et d’une physionomie remarquablement belle.

FEUTKIËR (Alexis, baron), administrateur et pair de France, frère du précèdent, né à Paris en 1787, mort en 1861. AuUiteur au conseil d’État en 1810, puis sous-intendant militaire en Espagne ! il devint, sous la Restauration, maître des requêtes, préfet de

Saone-el-Loire et ensuite ne Loi-et-liaroniie. Il était à Agen, lorsque tomba le ministère Martignac (1830), dont son frère, évêque de Beauvais, faisait partie. Il partageait les tendances libérales de son fraie et se munirait très-fermement attaché à la politique de M. de Martignac. Quand il vit ie ministère Polignac inaugurer une réaction qui devait être si fatale, il lit un acte d’indépendance aussi rare qu’honorable : il répondit à la circulaire de M. de Polignac que ■ tout l’avenir dépendait pour le troue el pour la France de l’accomplissement des promesses faites par le roi et le cabinet précédent. » Une ordonnance île destitution fut lu seule réponse qu’il reçut ; la di.igrâce et la mort de son itère, sa propre révocation le séparaient du gouvernement. Il se trouva l’un des partisans les plus sincères du gouverniineiii de Juillet, qui, eu 1831 lui duuita la préfecture de l’Ui.-ie, et, en 1835, l’envoya siéger à la Chambre des pairs, où il soiitiut cousiniiinieut ta politique du niinis.ere, Depu s 1848 jus n’ii sa mort, il vécut dans une profonde retraite.


FEUTRY (Amé-Ambroise-Joseph), poëte français, né à Lille eu 1720, iiiori. À bouni en 1789. Ce littérateur de talent, bien nio.iis connu qu’il ne le mérite, fut d’abord uvoci.t à Lloiiai, puis renonça au barreau pour les lettres, auxquelles il se voua exclusivement. U devint conseiller du roi, maire de Chàtillon-sur-Loing, et se pendit dans un accès de

démence. Les meilleurs ouvrages de„ Feulry soiK : le T’-nt/île.de ta Mort, dont ou cite ce vers assez heureux :

Le lemps qui détruit tout en affermit les murs,

et YOiti’ aux nations, couronnée par l’Académie des Jeux floraux de Toulouse. Un a trouve de l’analogie entre la manière de cet auteur et celle de Thomas, membre de l’Académie française. Indépendamment des sujets sérieux, noue auteur cultivait la poésie légère. Reproduisons sou L’pitap/te d’un bossu et une petite Fable z

Après une peine infinie,

— C-nna yoùtti un juste repos ; Car il porta toute sa vie

Un poids énorme sur le dos.

Ce quatrain est imité de don Juan de Yriarte :

Ciimrt jncel : (esstim par est requiescere Cimlam, Virus etiim tergo non lece gessi omis.

Une autre épitaphe épigrummatique plus moderne a imité cette imitation :

Sous ce tombeau gît te bossu Panglose ;

Il vécut quatre-vingt-dix ans.

Comme il porta sa bosse tout ce temps, Il est juste qu’il se repose.

L’apologue est également une épigramme qui a pour litre ; Un financier, son calet de chambre et un protégé :

— Un jeune homme, monsieur, vous apporte une lettre.

— Qu’il attende ! — Il est la des la pointe du joui,