Aller au contenu

Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 1, F-Fi.djvu/319

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quefois lisse ; leur pulpe est marbrée, colorée en rose et renferme en abondance une graine aromatique analogue au beurre de muscade. L’odeur de ce fruit rappelle à la fois le sassafras et la muscade. Conservé, il se givre, comme la vanille, en se couvrant de petits cristaux d’un acide dont la nature est encore indéterminée. La semence pichurim bâtarde est presque toujours entière et formée par deux lobes cotylédonaires que réunit un épisperme rugueux et rougeâtre. Elle est plus courte et plus ramassée que la vraie. Lorsque l’épisperme a été enlevé, elle est noirâtre. Son odeur est peu prononcée et ne devient sensible que lorsqu’on la brise. Elle ne se givre pas. M. Martins attribue les deux sortes de fèves pichurim à deux espèces d’ocotea, l’ocotea pichury major et l’ocotea pichury minor. D’après M. Guibourt, la première proviendrait de l’ocotea cymbarum des forêts de l’Orénoque, et la seconde de l’ocotea pichurim, qui a été rencontré par MM. de Humboldt et Bonpland, dans la province de Venezuela, et qui, suivant ces voyageurs, peut fournir la fève pichurim.

Fèoe purgative, Nom vulgaire de la semence du ricin commun.

Fève de Pythagore. V. fève funéraire.

Fève de Saint-Ignace. On donne ce nom à deux semences très-différentes.’ L’une appartient à certaines cucurbitacées du genre fevillea ; elle est très-recherchée au Brésil, soit pour en extraire une huile propre à l’éclairage, soit pour combattre les dangereux effets de la morsure des serpents et de l’empoisonnement par le mancenillier. On l’appelle aux Antilles nandhirobe. L’autre est la semence d’une plante de la famille des loganiacées : c’est un des poisons les plus violents que l’on connaisse. Cette dernière espèce nous occupera spécialement ici. On la nomme encore fève igasurique, noix igasurique, du mot malais igasur, sous lequel on la désigne dans l'Inde. Elle a porté autrefois le nom de fève des jésuites, son introduction en Europe ayant été faite, vers la fin du XVIIe siècle, par le P. Cameili, jésuite, le même qui rapporta la jolie Heur connue sous le nom de camellia. La plante qui fournit la fève des jésuites a été décrite, en 1699, par Ray et Petiver, elle a été appelée, par Linné fils, ignatia amara. Elle est originaire des Philippines ; c’est une plante grimpante, qui monte de branche en branche jusqu’au sommet des arbres les plus élevés ; son tronc ligneux atteint quelquefois 0m,15 de diamètre ; ses feuilles sont opposées, ovales, entières et pourvues de cinq nervures longitudinales ; Ses fleurs, qui ressemblent à celles du grenadier, sont disposées en ombelles axillaires pédonculées ; elles ont une corolle penchée, longue, blanche et agréablement parfumée d’une odeur rappelant le jasmin ; ses fruits, couverts d’une écorce sèche et glabre, sont grands, arrondis, atténués en col, secs, uniloculaires et renfermant de vingt à vingt-quatre semences. Ces semences, dites de Saint-Ignace, sont abondantes dans le commerce ; plus grosses que des olives, arrondies et convexes du côté qui, dans le fruit, regardait l’extérieur, anguleuses du côté opposé, elles sont souvent plus grosses à celle des deux extrémités qui porte la dépression embryonnaire, et presque toujours recouvertes d’un duvet argenté. Leur endosperme est dur, corné, translucide, inodore et d’une saveur amère insupportable. Elles ont des propriétés médicinales importantes, purgatives en même temps que fébrifuges, dans certains cas ; elles constituent surtout un poison narcotico-âcre des plus actifs et ne doivent être employées qu’avec la plus grande réserve, une dose relativement faible pouvant donner lieu à des accidents terribles. Pelletier et Caventou ont fait l’étude chimique de la fève de Saint-Ignace. Ils ont découvert dans cette semence la strychnine, alcali organique cristallisé qui lui communique ses propriétés toxiques ; cet alcaloïde s’y trouve combiné à un acide décrit sous le nom d’acide igasurique. La strychnine se rencontre aussi dans divers produits fournis par des plantes de la famille des loganiacées, notamment dans la noix vomique et dans le bois de couleuvre (v. STRYCHNINE). La fève de Saint-Ignace renferme encore de l’amidon et diverses matières grasses ou gommeuses.

Fève de senteur, Nom vulgaire du lupin de Sicile.

Fève tête-de-nègre, Nom donné à la fève de l’Inde.

Fève Tonka, Semence du coumarouna odorata d’Aublet, arbre de la famille des légumineuses, tribu des geoffrées. Ce végétal croît à la Guyane, où il porte le nom de bois de gaïac, à cause de la dureté de son bois, qui ressemble assez à celui du gaïac véritable et est employé à des usages analogues. Le fruit, la fève Tonka, ressemble à une grosse amande recouverte de son brou. La semence, enveloppée d’un endocarpe semi-ligneux, a la forme d’un haricot allongé ; son apparence est grasse et onctueuse ; elle renferme un germe très-volumineux. Les cotylédons ont une saveur douce, huileuse, légèrement aromatique et une odeur analogue à celle du mélilot. Cette odeur a été attribuée longtemps à de l’acide benzoïque, mais M. Guibourt a montré qu’elle est due à une matière particulière, la coumarine. La fève Tonka est usitée pour parfumer le tabac à priser : on la mélange à celui-ci après l’avoir pulvérisée, ou bien on la met entière, soit dans le vase où on renferme le tabac, soit simplement dans la tabatière.

Fève de trèfle, Nom vulgaire du fruit de l’anagyris fétide ou bois puant.

Fève à visage, Nom vulgaire du haricot commun.

Fève de l’Yémen, Nom que l’on a donné autrefois au café.

— Art culin. Cuites ou crues, les fèves constituent un aliment nourrissant, mais venteux et de difficile digestion ; elles augmentent, dit-on, la difficulté de respirer, resserrent le ventre et produisent des obstructions.

Les petites fèves tendres ont de tout temps été du goût des Français ; vers la fin du moyen âge, on ne donnait pas un régal, pendant la saison de ce légume, sans qu’il y parût avec honneur. Les Parisiens ne manquaient jamais de s’en faire servir à l’époque de la foire du Landit, ce qui avait fait donner aux petites fèves le nom de fèves du Landit.

Mais, alors comme aujourd’hui, les fèves sèches n’entraient qu’exceptionnellement dans la consommation ; il n’y a guère que les équipages de navires qui en fassent un usage habituel. Il est probable que si, au lieu de les laisser sécher au soleil, on les cueillait à l’état vert et qu’on les conservât ensuite par la dessiccation, elles seraient bien meilleures, plus recherchées, plus tendres, plus faciles à cuire.

Les fèves destinées à la cuisine doivent être fraîchement cueillies ; à Paris, on n’aime guère que les fèves de marais, récoltées en juin ; elles sont d’une agréable amertume. On les fait cuire avec leur robe, en leur enlevant la tête, parce qu’elle est trop amère ; on les préfère à demi-grosseur ; plus grosses, elles doivent être vertes et tendres ; alors on les débarrasse complètement de leur robe et on les met cuire à grande eau bouillante, avec du sel et une très-petite branche de sarriette. Dans certains pays du Midi, on les sert dans ce bouillon dans lequel a cuit en même temps du lard ou quelque autre viande ; mais, à Paris, l’eau de cuisson sert à donner du goût à une soupe aux légumes. Les fèves sont ensuite égouttées et assaisonnées de l’une des manières suivantes :

À la bourgeoise. Avec un morceau de beurre, une cuillerée de farine, de l’eau de cuisson, sel, poivre ; on donne deux ou trois bouillons.

À la Béchamel. Au lieu d’eau de cuisson, on emploie du lait.

Au lard. On ajoute quelques petits morceaux de lard À l’eau de cuisson, et on donne deux ou trois bouillons,

À la macédoine. Un hachis de persil, ciboules et champignons est passé à la casserole avec un morceau de beurre et une pincée de farine ; au lieu de bouillon, on met sur les fèoes un peu de vin blanc ; on fait bouillir le tout à petit feu. On y ajoute ensuite quelques fonds d’artichauts blanchis et coupés en petits dés ; on sale, on poivre et on sert à courte sauce.

À la poulette. On sale peu, on sucre davantage, on mouille d’un peu d’eau de cuisson, avec sel, poivre ; on lie de deux jaunes d’œufs.

Purée de fèves. La purée de fèves, dont on fait des potages savoureux, s’obtient avec de grosses fèves que l’on débarrasse de leurs robes et que l’on jette dans de l’eau bouillante et salée. Au bout d’un quart d’heure, on les égoutte et on les jette dans de l’eau froide pour qu’elles restent vertes. Égouttées de nouveau, on les passe à la casserole avec beurre, sel, poivre et un peu de farine ; on mouille d’un peu d’eau, on ajoute un bouquet de persil et de ciboules. Lorsque les fèves sont bien cuites, on les écrase et on les passe en purée.

Outre les potages, la purée de fèves peut faire un assez bon entremets, réchauffée avec un peu de beurre,

À la croque-au-sel. Petites, tendres, fraîchement cueillies, les fèves, débarrassées de leurs robes, se mangent crues et sont délicates ; on les assaisonne tout simplement d’un peu de sel ; nous recommandons ce hors-d’œuvre inconnu aux Parisiens, ou, au moins, peu connu d’eux ; les campagnards s’en montrent très-friands.

— Mœurs et cout. Roi de la fève. Cette coutume bizarre remonte vraisemblablement à la plus haute antiquité. Chez les Hébreux, on choisissait un roi du festin, comme le témoigne l'Ecclésiaste. Chez les Grecs, le sort désignait celui des convives qui devait exercer cette royauté éphémère autant qu’innocente. Le sort se tirait avec des fèves, par imitation sans doute des fèves noires et blanches qui servaient à l’élection des magistrats. Les Romains employaient souvent les dés. Ce roi du festin prescrivait des lois à table, réglait qui devait tour à tour chanter, déclamer, etc. Pendant les Saturnales, à la fin de décembre, les enfants tiraient au sort avec des fèves à qui serait roi. Les chrétiens ont gardé cette coutume, mais pour un seul jour de l’année, fixé par l’usage à la fête de l’Épiphanie, commémorative de l’adoration des mages. Ce jour-là, dans chaque famille, on tire le gâteau des rois, dans lequel se trouve une seule fève ; les parts sont distribuées au hasard, et celui qui trouve la fève est proclamé roi de la fève et se choisit une reine. Cette dernière coutume existait aussi chez les Romains, comme le prouvent plusieurs passages des comédies de Plaute. La fixation de cette cérémonie païenne au jour de l’Épiphanie est entièrement arbitraire. V. ÉPIPHANIE.

Fête des fèves. Cette fête populaire est célébrée chaque année par les Nègres d’Alger sous le nom de Aïd el FouL ; elle a toujours lieu un mercredi, à l’époque appelée Nissam par les indigènes, et qui est celle où les fèves commencent À noircir. Jusque-là les nègres s’abstiennent religieusement de manger de ce légume. L’endroit où les nègres se réunissent pour la célébration de cette fête est sur le bord de la mer, un peu au delà de la plaine de Mustapha, à côté de l’Oued-Kius. Là se trouvent deux petites construcTions fort simples : l’une est une étroite enceinte de murailles À hauteur d’appui et crénelées à la moresque, au milieu de laquelle s’élèvent quelques aloès. C’est le lieu consacré à Sidi Belal, dont les nègres se sont fait un patron. Un peu plus loin, on remarque un bassin carré, rempli d’eau, consacré à Lella Haoua, sainte femme qui est également en grande vénération parmi les enfants du Soudan. Quant au Sidi Belal, si fort en honneur parmi les nègres, les traditions ne sont nullement d’accord ; quelques-unes croient pouvoir le rattacher à Belal, esclave noir de Mohammed, qui fut un des premiers à embrasser l’islamisme. Cette version ne paraît guère admissible, malgré l’identité du nom de Belal, qui fut effectivement le premier noir musulman. Affranchi par Mohammed, il avait été chargé par lui de la surveillance des fontaines. Mais les sacrifices et les cérémonies de la fête s’accordent peu avec l’honneur que l’on veut lui faire. Les nègres, dans leur pays natal, sont encore tous adonnés à l’idolâtrie ; ils ne reconnaissent en rien la religion de Mohammed, à laquelle ils ne sont initiés qu’après être tombés au pouvoir des musulmans. En reproduisant donc à Alger une fête qui leur rappelle le pays natal, il est peu probable qu’ils aient eu en vue de glorifier un souvenir des premiers jours de l’islamisme. Si l’on considère, en outre, que, sous le gouvernement turc, alors que toutes les fêtes musulmanes étaient célébrées avec une rigoureuse exactitude, jamais les nègres n’avaient évoqué la mémoire de leur patron, et qu’ils n’ont commencé à le faire qu'à l’abri de la tolérance que nous accordons à tous les cultes, on sera conduit à en chercher une autre origine. Le nom de Belal semble rappeler Belus, ou Baal, ou Bel, ce dieu importé en Afrique par les Phéniciens, et à qui l’on offrait des sacrifices d’animaux de toute espèce, et l’Aïd el Foul pourrait bien n’être autre chose qu’une trace persistante, à travers les siècles, du culte renduàk ce dieu. Du reste, le sacré est mêlé au profane dans le cérémonial de cette fête, qui consiste d’abord à réciter le Fatcha, ou prière initiale du Coran, et à égorger ensuite un bœuf, des montons et des poulets, au milieu de danses et de chants. Le bœuf destiné au sacrifice est préalablement couvert de fleurs ; sa tête est ornée de foulards, et ce n’est qu’après que les sacrificateurs ont exécuté des danses, dans lesquelles ils tournent sept fois dans un sens et sept fois dans un autre, que la victime reçoit le coup mortel. La manière dont l’animal subit la mort, soit qu’il tombe subitement sous le couteau qui l'a frappé, soit qu’il s’agite dans une lente et pénible agonie, est le sujet de pronostics heureux ou malheureux qu’interprètent aussitôt les noirs aruspices. Après le sacrifice, commence la danse nègre. La troupe des enfants du Soudan se dirige vers le bassin de Lalla Haoua ; dans ce moment, on voit des individus, que le trémoussement appelé djedeb a violemment impressionnés, se précipiter, ruisselants de sueur, dans les flots de la mer, d’où leurs compagnons ont souvent grand’peine à les retirer. D’un autre côté, et sous des tentes improvisées, les négresses s’occupent à faire cuire des fèves, les premières que les nègres doivent manger de l’année et qui servent d’assaisonnement au mouton et au couscoussou, base du festin. Tout le reste de la journée se passe en danses et en chants, auxquels la dhordeba, la musique, ou pour mieux dire l’horrible tapage si aimé des nègres, sert d’accompagnement. Les autres musulmans, habitants d’Alger, s’abstiennent, en général, d’assister à ce spectacle. Il n’en est pas de même des femmes, qui, probablement excitées par les récits de leurs négresses, y viennent en foule et s’y livrent à une gaieté folâtre, et raccourcissent quelque peu le long voile qui cache leurs traits. Il est juste de dire, cependant, que les femmes qui appartiennent aux principales familles ne figurent pas dans ces réunions.


FÈVE, rivière des États-Unis d’Amérique, dans l’État de l’Arkansas, se jette dans la rivière du même nom, après un cours de 350 kilom., dont 160 sont navigables.


FEVÉDA, île du grand Océan, sur la côte N.-O. de l’Amérique du Nord ; entre le continent et l’île de Quadra-et-Vancouver, baignée par les eaux du golfe de Géorgie ; 58 kilom. sur 5. Découverte par les Espagnols en 1791.

FÉVEROLE s. f..(fé-ve-ro-le —dimin. de

FEVE

315

fève). Bot. Nom vulgaire d’une variété do fève : Le hersage est très-utile aux féveroles aux pois et aux vesces. (Matth. de Dombasle.)

— Moll. Nom de plusieurs petites coquilles bivalves voisines des cames.

— Encycl, Agric. Parmi les différents modes de semailles en lignes, celui que l|on recommande pour la féverole n’exige aucun luxe d’instruments : on ne herse pas après le labour de semaille ; un ouvrier, muni d’un plantoir, fait, au fond de la première raie, à om, i de distance les uns des autres, des trous profonds de om,03 au plus. Un autre qui le suit dépose une seule fève dans chaque trou. On plante ainsi deux raies de suite, où laisse vide la troisième, et on continue de la sorte k planter deux raies séparées par un intervalle d’une seule. On enterre ensuite la semence par un seul coup de herse donné en. long. Cemode de semailles ou plutôt de plantation des féoeroles n’exige pas plus de ISO litres de semence par hectare. Las féveroles se plaisent dans les terres fortes. Leur place est entre deux céréales. Leur plantation est précédée de trois labours, dont deux profonds ; tous ’.es trois doivent être exécutés k l’automne. La fumure abondante donnée au champ est destinée non-seulement aux féveroles, qui en profitent largement, mais encore au froment qui doit leur succéder invariablement. Comme le but de la culture des fèverôles en lignes est de remplacer la jachère et de préparer la terre pour une céréale hivernale, on ne saurait jamais semer trop tôt cette précieuse légumineuse ; car, mise tardivement au printemps, elle n’arriverait k maturité qu’en septembre, ce qui est un inconvénient, si l’on veut taire suivre du blé. Dans le Midi, on sème en automne la fève de printemps, et elle traverse sans avarie la plupart des hivers do ces climats ; mais, dans le Nord, on ne peut la semer que lorsque les grands froids sont passés, Heureusement, on peut cultiver une variété plus rustique, la féverole d’hiver, qui, semée en septembre, a le trrantl avantage de donner ses produits en juillet. Sauf l’époque de la semaille, les procédés de la culture sont les mêmes que pour la féverole de printemps.

Les féveroles d’automne se binent dès le mois de mars ; mais celles que l’on a semées en février ne reçoivent de binages qu’k lu fin d’avril, si elles ont eu en mars un deuxième hersage énergique, qui équivaut à un binage, alors qu’elles ont atteint une hauteur de om, 03 et quelles marquent leur race. Si l’herbe ne se montre pas encore, on peut même retarder ce binage jusqu’aux premiers jours de mai. Lorsque les fèves ont été semées en lignes doubles, telles que nous les avons décrites, la houe à cheval fait le plus fort de ce travail, qu’il n’y a plus qu’k compléter en passant avec la binette à bras dans le double rang de fèves. La maturité des féveroles se reconnaît à la teinte noirâtre que prennent les tiges et les gousses. La récolte s’en fait plutôt à la faucille qu’k la faux. On les laisse quelques jours en javelle, et on les lie ensuite en petites gerbes avec des liens que l’on fait d’une seule longueur de paille. On réunit les gerbes en les adossant debout par dizaines, et on ne les rentre que lorsque leurs tiges sont parfaitement sechées. Le produit moyen d’un hectare de fèves d’hiver bien fumées est de 26 hectolitres du poids de 80 kilogrammes ; c’est un des grains les plus lourds. La paille, d’un poids égal k celle du grain, n’est guère moins estimée comme fourrage qu’une égale quantité de foin. Le rendement, dans des conditions favorables, peut s’élever jusqu’à 45 hectolitres. La féverole de printemps est un peu moins productive, mais sa paille est préférée par les bestiaux. Sa récolte, par suite des pluies d’automne, est plus chanceuse que celle de la fève d’hiver.

On -cultive beaucoup la féverole sur les terres argileuses, rendues, pur leur trop grande ténacité, impropres k la végétation des plantes que l’on doit intercaler aux récoltes de blé. Comme plante fourragère, elle est le meilleur des fourrages pour les chevaux qui supportent de rudes fatigues, et qui deviendraient promptement poussifs s’ils mangeaient trop de foin. On la fauche au moment où les sommités sont encore fleuries et où les cosses du bas de la tige sont déjà remplies de petites fèves à demi formées. On la lie en bottes qu’on laisse sécher debout, eu moyettes, sur le champ qui les a produites, avant de les mettre en meules ou en grange pour les conserver. C’est un fourrage très-nourrissant, qu’il faut distribuer avec précaution aux bestiaux, en l’associant k d’autres moins substantiels. Il y a avantage à couper k la faucille le haut des tiges lorsque les fleurs sont passées : on a ainsi une nourriture verte très-riche, et les féveroles ont un plus grand nombre de belles gousses et des grains mieux nourris. Les grains ont une très-haute valeur nutritive : ils entrent pour une grande proportion dans l’alimentation ; réduits en farine, ila entrent dans la composition du pain, qu’ils améliorent. Entiers, secs ou cuits, plus souvent concassés ou geimés, ils sont donnés k tous les animaux domestiques, particulièrement aux chevaux.

La f.éveroCe n’est pas une plante épuisante pour le sol ; cette légumineuse emprunte beaucoup à l’atmosphère et consomme peu de fumier. Bien binée, tenue proprement, c’est une