Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/137

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è-le — rad. fonction). Physiol. Qui a rapport aux fonctions organiques : Les troubles fonctionnels qui surviennent dans les organes digestifs sont, chez les femmes, des signes de grossesse. (Cazeaux.) || Balancement fonctionnel, Rapport entre l’énergie ou l’activité de deux ou de plusieurs fonctions.

FONCTIONNEMENT s. m. (fon-ksi-o-neman — rad. fonctionner). Action d’une machine en mouvement ; action d’un objet combiné pour agir dans un but d’ensemble : Le fonctionnement de l’administration militaire.

FONCTIONNER v. n. ou intr. (fon-ksi-o-né — rad. fonction). Remplir sa fonction, agir dans le but pour lequel on a été fuit : Tout fonctionne, dans la nature, dans un but d’ensemble. Une machine fonctionne bien lorsqu’elle exécute parfaitement ses mouvements. (Moléon.)

— Fig. Agir, être mis en action : C’est pour le service des électeurs que fonctionne le gouvernement. (Proudh.)

FOND s. m. (fon — lat. fundus, qui signifie proprement creux, d’où l’acception de fond, l’endroit le plus bas d’une chose creuse, et fonds, le sol d’une terre, d’un champ, d’un héritage. Les étymologistes rapprochent de fundus le grec puthmên, fond, base, pundax, creux d’un vase, sanscrit budhna, toutes formes qui se rapportent sans aucun doute à la racine sanscrite bundh, budh, creuser). Partie la plus basse d’un objet ou d’un lieu : Le fond d’un puits. Le fond d’une vallée. Le fond d’un précipice. Le fond d’un bassin.

Quel bruit s’est élevé des forêts ébranlées,
Du rivage des mers et du fond des vallées ?
Saint-Lambert.

|| Partie solide sur laquelle se trouve une grande masse d’eau : Le fond de la mer. Ne pas toucher fond. Perdre fond. Aller au fond. Un fond de suble, de vase, de gravier. Nous ignorons en partie ce qui se trouve au fond des mers. (Buff.)

— Lieu le plus reculé, le plus éloigné : Le fond d’une boutique. Le fond d’un cloître. Le fond d’un cachot. Le fond d’un jardin. Le fond d’un bois. Le fond des déserts.

Je t’ai cherché moi-même au fond de tes provinces.
Racine.

— Partie d’un objet opposée à son ouverture : Le fond d’une boite, d’une armoire. Le fond d’un sac, d’une bourse, d’une poche. Le fond d’un chapeau. Le fond d’une bouteille. Le fond de l’œil est comme une toile sur laquelle se peignent les objets. (Buff.)

Le cœur d’un homme vierge est un vase profond :
Lorsque la première eau qu’on y verse est impure,
La mer y passerait sans laver la soullure,
Car l’aulme est immense et la tache est au fond.
A. de Musset.

— Partie plane qui termine un tonneau à chacune de ses extrémités : Les fonds d’un tonneau.

— Par ext. Liquide qui reste au fond d’un vase : Un fond de bouteille. Un fond de tonneau. Le fond du calice.

— Par anal. Terrain sur lequel on assied un édifice : Un fond d’argile, de sable. Un fond mouvant. Un fond solide.

— Fig. Raison solide ; essence, nature intime ; ensemble du caractère : Il y a des esprits qui n’ont que de la surface sans fond. (Nicole.) Les faiblesses’, c’est le fond de la créature. (Boss.) Alors même que l’homme est heureux, il y a dans ses plaisirs un fond d’amertume. (Chateaub.) || Ce qu’il y a de plus intime, de plus profond : Le fond du cœur. Le fond de l’âme. Aimer quelqu’un du fond du cœur. Etudier le fond de son cœur. Le cœur d’une mère est un abime au fond duquel il se trouve toujours un pardon. (Balz.)

Le jour n’est pas plus pur que le fond de mon cœur.
Racine.
J’aime qu’on soit sincère, et qu’en toute rencontre
Le fond de notre cœur en nos discours se montre.
Molière.

Fond de culotte, de pantalon, Partie d’une culotte, d’un pantalon qui est située au siège : Mettre un fond à un pantalon. User des fonds de culotte.

Fond de carosse ou simplement Fond, Partie du carosse qui se trouve en arrière, du côté opposé aux chevaux : S’asseoir au fond. Offrir le fond aux dames. D’où vient qu’il me salue ? Nest-ce pas pour être vu dans le même fond avec un grand ? (La Bruy.)

Fond de train, Plus grande vitesse possible : Courir à fond de train.

Fond de bain, Linge dont on couvre toute une baignoire pour prendre le bain par-dessus, sans toucher aux parois de la baignoire.

Fond du sac, Ce qu’il y a de plus secret : Voilà un long discours, mais j’ai voulu vous faire voir le fond du sac. (Mme de Sév.)

Le fond de la coupe, du calice, Ce qu’il y a de plus cruel à supporter : Boire le fond de la coupe des humiliations. Ceux qui veulent boire jusqu’au fond la coupe de la vie doivent s’attendre à y trouver de la lie. (Franklin.)

— Fam. Fin fond, Partie la plus reculée, extrême fond : Le fin fond d’une province. Le fin fond des enfers.

Boite à double fond, Boite dans laquelle il y a deux couvercles opposés qui peuvent servir de fond, ou une division intérieure qui peut s’ouvrir et qui, fermée, semble constituer le véritable fond : Les boites à double fond jouent un grand rôle dans l’escamotage.

Faire fond sur, Compter sur, mettre sa confiance en : Je ne fais pas grand fond sur sa parole. Je sais que je puis faire fond sur vous. Quel fond peut-on faire sur la vie ? (Mass.)

— B.-arts. Champ de tableau sur lequel se détache le sujet, et qui représente le plus souvent des objets plus ou moins lointains : Un fond de paysage.

— Archit. Fond de cuve, Angle rentrant arrondi, || De fond, En partant du sol, et non par encorbellement : Tourelle, tribune montant de fond.

— Mus. Jeux de fond, Nom donné à certains jeux d’orgue à bouche : Les jeux de fond sont ouverts ou bouchés ; dans le premier 'cas, ils tirent leur nom de leur premier tuyau ; dans le second, ils sont appelés bourdons. (F. Clément.)

— Théâtre. Décoration qui ferme la scène dans la partie opposée à la salle : Le fond est censé un prolongement de la scène. Les toiles de fond doivent toujours être peintes un peu lâchement.

— Manège. Avoir du fond, En parlant du cheval, Supporter sans grande fatigue un long exercice : Les chevaux qui n’ont pas de fond ou qui n’ont pas de jambes s’arrêtent dès qu’on leur rend la main. (E. de Gir.)

— Natat. Fond de bois, Plancher mobile qu’on place, dans les écoles de natation, pour maintenir une profondeur régulière, et qui est disposé de manière à s’élever ou s’abaisser, avec le bateau sur lequel il est attaché, suivant les crues ou le rabais de l’eau : Bains à quatre sous et à fonds de bois pour dames.

— Mar. Terrain situé au-dessous de l’eau de la mer : Fond de roches, de vase. À l’aide de quelques brises folles, le Corporal Trim y mouilla bientôt par dix-huit brasses, fond de sable. (Dumont-d’Urville.) || L’auteur de l’eau : Il y avait malheureusement trop de fond pour pouvoir jeter L’ancre. (Chardin.)’ || Petit fond, Petite profondeur d’eau, et aussi Partie de la coque comprise entre la quille et l’extrémité supérieure des varangues, || Fond de bonne tenue, Fond sur lequel l’ancre s’enfonce et mord aisément. || Donner fond, Laisser tomber l’ancre. || Bas-fond, Endroit où la hauteur de l’eau est trop petite pour qu’un navire puisse passer dessus sans échouer. || Fond de cale, Partie la plus basse de l’intérieur d’un bâtiment : Ainsi, on ne sait par quel instinct le requin s’attache à suivre de préférence les navires négriers, où l’entassement d’êtres humains à fond de cale provoque une si incessante mortalité. (Dumont-d’Urville.) ||Être à fond de cale, Se trouver dans une position désespérée, ne plus avoir d’argent : Le Marseillais retourna ses poches ; » Je suis à fond de cale, » dit-il. (E. Sue.) || Fond d’un navire, Partie extérieure la plus rapprochée de la quille, de la coque d’un navire. || Bordages de fond, Ceux qui recouvrent les fonds du navire. ||Fond de hune, Bordages formant la plate-forme d’une hune, || Fond d’une voile, Partie inférieure de la voile. || Ralingue de fond, Cordage servant de bordure au côté le plus bas d’une voile. || Cargue de fond. Manœuvre fixée à la ralingue de fond et servant à la porter sur la vergue quand on veut serrer la voile. || Perdre le fond, Ne plus pouvoir sonder, par suite de la trop grande profondeur de l’eau, || Retrouver le fond. Se rapprocher assez de la côte pour que le plomb de sonde arrive au fond de la mer. || Être sur le fond, Se trouver sur un point où la profondeur de l’eau permet de mouiller. || Se pousser de fond, Avancer en prenant son point d’appui sur le sol recouvert par l’eau : Il avançait donc, mes garçons, comme je vous le dis, en se poussant de fond avec une gaffe. (E. Sue.)

— Artill. Fond d’affût, Ensemble des pièces de bois placées à la partie inférieure d’un affût et servant à relier les deux flasques.

— Pèche. Sorte d’abri pour les poissons, formé de planches posées sur des pierres. || Pêcher par fond, Disposer des filets ou des lignes autour d’un fond.

— Min. Travaux du fond, Ensemble des travaux intérieurs d’une mine.

— Techn. Syn. de fonçailles. || Première et plus basse tissure d’une étoffe : Étoffe à fond de soie, à fond d’or. || Étoffe sur laquelle on exécute des ornements : Une étoffe brodée d’or sur FOND de velours. || Tête ou ganse d’une frange, sur laquelle on monte les ornements. || Point bouclé fait avec un fil plus gros que celui des autres points, dans le point d’Alençon. || Réseau qui décompose en carrés le dessin d’un ouvrage à l’aiguille ou d’une dentelle. || Morceau de gaze qu’on place dans un bonnet de dame, pour couvrir le derrière de la tête. || Table de dessous d’un violon ou d’une guitare. || Première couche de peinture sur laquelle on en étend d’autres appelées couches de teintes. || Fond de cuve, Garde de serrure de l’espèce des rouets, qui est plus ou moins inclinée. || Fond de cuve en dedans, Celui dont l’inclinaison a lieu vers la tige de la clef. || Fond de cuve en dehors, Celui dont l’inclinaison a lieu du côté opposé. || Fond de miroir, Derrière de miroir. || Faux fond, Plaque circulaire rapportée sur le palâtre d’une serrure, et sous laquelle la broche est rivée. || Cartes de premier fond, Cartes qui donnent la première nuance de blancheur et de finesse. || Cartes de second fond, Celles dont les blancs tirent sur le gris. || Donner du fond à, En parlant des feuilles de baudruche employées par les batteurs d’or, Les humecter avec une liqueur aromatique, et, en parlant des peaux, Les tremper à froid et les fouler dans un liquide qui leur donne du lustre. || Faire les fonds, Préparer les fonds, Dans le raffinage du sucre, Préparer les pains à subir le serrage, opération qui consiste à enlever de la base de chaque pain toute la partie superficielle qui est fort dure, et à la remplacer par une couche de sucre blanc en poudre, que l’on tasse fortement en l’égalisant avec une truelle. C’est cette couche de sucre en poudre qui constitue proprement le fond.

— Procéd. Matière essentielle du procès : Procéder sur le fond. Le fond du procès est une question de mur mitoyen.

— Loc. adv. À fond, Complètement, tout à fait, absolument, dans ce qu’il y a de plus intime : Connaître une affaire à fond. Traiter un sujet à fond. Il vaut mieux que les enfants sachent peu de choses, pourvu qu’ils les sachent à fond et pour toujours. (Rollin.) Il faut toujours connaître les enfants à fond avant de les corriger. (Fén.)

— Mar. Couler à fond, Submerger, faire tomber au fond de l’eau, en parlant d’un bâtiment : Une bordée de boulets les cribla et les coula à fond. || Être submergé, tomber au fond de l’eau, en parlant d’un bâtiment : Notre navire coula à fond.

— Fam. Couler quelqu’un à fond, Le ruiner ou le réduire à l’impuissance. || Couler une affaire à fond, L’empêcher définitivement de réussir, ou, dans un autre sens, la terminer, en finir avec elle. || Couler une matière à fond, L’épuiser, la traiter complètement.

Au fond, Dans le fond, En réalité, après tout, en y bien regardant : L’honneur n’est au fond que l’opinion régnante, c’est-à-dire rien de respectable. (J. Simon.)

De fond en comble, Des fondations au toit, de la base au sommet ; dans toutes les parties : Démolir une maison de fond en comble. Nabuchodonosor renversa Jérusalem de fond en comble. (Chateaub.) || Fig. Absolument, tout à fait, en parlant d’un objet que l’on trouble, que l’on dérange : Mettre la liberté de la presse à la discrétion des cours de justice, c’est la détruire de fond en comble. (Le chancelier Campden.) La Révolution a bouleversé de fond en comble, depuis le palais des rois jusqu’à ta chaumière, tout cet ordre social. (X. Marinier.)

Syn. Fond, fonds. La distinction du sens de ces deux mots est une des plus sérieuses difficultés de la langue. Ils ont la même étymologie et ont été primitivement de simples variétés orthographiques d’un même mot. Aujourd’hui, fond est arrivé à désigner la partie la plus éloignée d’une ouverture ou d’une surface ; fonds, une terre considérée comme capital productif. Rien de plus net que la distinction entre ces deux sens si éloignés, rien de plus confus que la distinction entre les sens figurés qui en dérivent. Ainsi fond, après avoir désigné la surface opposée à l’ouverture, en est venu à désigner la surface placée dessous, par rapport aux accidents qui font saillie sur cette surface ou qui la décorent, comme dans fond de broderie, fond de tableau ; et ceci nous rapproche déjà du champ dont les produits sont comme les accidents. Mais il y a mieux : du sens qui précède, fond a passé à celui d’objet principal, caractéristique, essentiel, comme dans le fond du caractère espagnol ; de son côté, fonds en est venu à signifier source, cause, capital moral, et ici la confusion est presque inévitable. Le seul moyen de l’éviter est de rapporter à la première forme tout ce qui désigne la partie fondamentale, réelle et plus au moins cachée, dont le reste n’est qu’un accident ou un fait extérieur, et à la seconde la partie causative, dont le reste est le résultat. Ainsi l’on dira : Sous ce caractère malin, il y a un fond de bonhomie ; et : Il a un fonds de bonhomie dont ses amis tirent bon parti.

Pour aider le lecteur à reconnaître les cas où il devra écrire fond ou fonds, nous allons citer, d’après le Code orthographique d’Albert Hétrel, un certain nombre d’exemples :

« 1° Fond. Sens propre : Le fond du sac, le fond du bois, etc. — Sens figuré : Le fond de cet ouvrage l’emporte sur la forme. Le fond des choses, d’une question, histoire, affaire, roman, comédie, etc. Un fond de vérité, de raison, de bonté. Faire fond sur quelqu’un, sur quelque chose. Ce cheval a du fond. A fond de train. Ce procès n’a ni fond ni rive, c’est-à-dire : il est fort embrouillé. L’apparence est contre lui, mais le fond est bon. Le fond de sa doctrine est dangereux. Si cette méthode pèche par la forme, le fond n’en est pas moins bon.

» On voit que, pris figurément, fond signifie ce qu’il y a d’essentiel dans une chose, ce qui la constitue principalement, par opposition à la forme, à l’accessoire.

» 2° Fonds. Idée de possession. 1° Personnes : Cet homme, cette femme a un fonds de capacité, un grand fonds de bienfaisance, d’érudition, de gaieté, de jugement, malice, probité, raison, santé, savoir, vertu, etc. Il a tiré cela de son propre fonds. Le bon fonds de garçon qu’Auguste ! Toutes ces belles pensées partent du fonds le plus élevé. Le fonds de son caractère fait que l’on a un grand fonds d’estime pour lui. Le fonds d’iniquité de ce misérable. Le fonds d’une nation, c’est-à-dire ce qu’elle possède en vertus et en vices. — 2° Choses : Le fonds d’une propriété, d’une terre, d’un héritage. Un fonds de boutique, de magasin, bien achalandé. Fonds riche à exploiter. Bâtir sur son fonds, sur le fonds d’autrui. Ouvrage de fonds. Article de fonds. Le fonds social. Être en fonds. Savoir le fonds et le tréfonds d’une affaire. Ce livre est dans l’ancien fonds n°79 de la bibliothèque de l’Institut. »

A fond, foncièrement. V. foncièrement.

Antonymes. Bord, dessus, superficie, surface. — Entrée.

Encycl. Mar. et géogr. Les continents se prolongent sous les mers en formant des plaines qui présentent, comme les parties découvertes, leurs vallées et leurs montagnes dont les îles, les écueils, sont les sommets. M. Saigey attribue aux grandes mers une profondeur moyenne de 600 mètres au-dessous du niveau moyen. Les sondages ont démontré que, dans certains points, le fond était à une distance bien plus considérable de la surface. Le commandant Bérard a trouvé le fond à 2,600 mètres dans la Méditerranée, et le capitaine Ross, à 900 milles à l’ouest de Sainte-Hélène, a exécuté un sondage de 9,143 mètres ; près du pôle nord, une nouvelle expérience a donné 8,000 mètres. De nombreux sondages exécutés par les officiers de la marine des États-Unis, entre l’Amérique et l’ancien continent, et centralisés par le lieutenant Maury, ont fourni des documents fort utiles aux marins. Parmi ces sondages, l’un d’eux atteignit 10,059 mètres, réduits à 8,834 mètres par la correction de l’inclinaison de la ligne de sonde. Le capitaine Barrow assure que, lorsqu’on toucha le fond, la ligne avait mis 2 heures 44 minutes 28 secondes à filer ; elle portait deux plombs de 14 kilogr. 500. Le point auquel correspond ce sondage est par 32° 6’ de latitude nord, et 44° 47’de longitude ouest. À la suite d’expériences nombreuses, les officiers chargés des sondages par le lieutenant Maury ont reconnu que, pour les grandes profondeurs, il est à peu près impossible de sentir le choc du plomb de sonde sur le fond. D’un autre côté, les courants sous-marins entraînent la ligne, qui semble descendre toujours. Aux États-Unis, on emploie pour plomb de sonde un boulet de 17 ou de 30 kilogrammes, attaché à une ligne de sonde préparée de telle façon qu’elle a partout des dimensions uniformes. De petits morceaux d’étamine, attachés de distance en distance, donnent, à la simple inspection, le nombre de mètres déroulés. De nombreuses observations ont fait connaître le temps nécessaire pour la descente du boulet dans une eau moyennement calme et à des profondeurs données. On en a déduit la loi de la descente. On doit sonder non du navire, mais d’une embarcation, qui se maintient plus aisément immobile, et laisser descendre le plomb aussi vite que son poids le comporte. À mesure que la ligne se déroule sous la traction du boulet, on note les heures auxquelles passent les morceaux d’étamine. À partir du moment où le plomb a touché le fond, la ligne n’est plus qu’entraînée par les courants sous-marins, la loi de la descente ne se vérifie plus, et on arrête l’opération. Le boulet est traversé par une tige à laquelle il est réuni par un déclic ; au moment où il touche le fond, les deux crochets s’abattent, le boulet se détache et ta tige remonte seule, avec les corps qui y adhèrent.

Comme le sol des continents, le fond de la mer présente des variétés infinies dans sa composition. Il est dit de vase, de sable, d’argile, de roches, de gravier, de corail, selon la nature des objets que le plomb de sonde rapporte à la surface. Il y a des volcans sous-marins qui, dans leurs éruptions, font parfois surgir des îles. La plupart de celles qui composent l’archipel de Santorin ont une semblable origine, et nous avons vu, il y a quelques années à peine, une île à laquelle on a donné le nom de Julia, surgir tout à coup au milieu de la Méditerranée, puis disparaître au bout de quelque temps. Parfois les éruptions volcaniques ne se manifestent pas au-dessus de la surface, et il se produit alors des mouvements violents d’une durée et d’une étendue plus ou moins grande. C’est par des phénomènes de cette nature qu’on est conduit à admettre sous l’équateur, par 20° de longitude ouest, un volcan sous-marin en pleine activité. Outre les îles qui s’élèvent subitement du fond de la mer, il en est d’autres qui se forment lentement, par couches successives, et finissent par arriver à la surface ; telles sont ces îles madréporiques créées au milieu des mers par les polypes dont les cellules, en s’agglomérant, composent une masse solide. Le fond de la mer est quelquefois couvert par une végétation puissante. Voici comment Dumont-d’Urville décrit ces immenses prairies qu’on rencontre surtout aux environs de l’équateur : « Le lendemain, à notre première apparition sur le pont, la mer offrait un aspect tout autre, mais non moins singulier : elle n’était plus lumineuse, mais verdoyante ; on eût dit que le navire fendait une vaste cressonnière ou une prairie flottante. Des couches épaisses de varechs ou sargasses, d’un vert sombre passant au jaune