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du siège de Sébastopol, d’un rapatriement pour faire disparaître, non pas la fistule (elle persistera tant qu’il restera un point d’os malade), mais l’accident qui la complique. Ces dispositions fongueuses ne s’observent pas seulement à la guerre ; on sait avec quelle facilité elles apparaissent chez les sujets malades ou débilités atteints de fistule à l’anus ou de fistule à trajet ossifluent. Les ulcères simples fongueux s’observent presque toujours chez les vieillards, et leur siège de prédilection est la jambe. Dans ce cas comme dans les autres, du reste, la véritable cause de l’état fongueux est la faiblesse de la constitution. C’est donc à tort que l’on voudrait faire de ces sortes d’ulcères une classe à part, distincte des ulcères variqueux : un ulcère variqueux peut toujours devenir fongueux. C’est spécialement dans les grands centres de population, là où de mauvaises conditions d’habitation et de nourriture s’ajoutent à l’intempérance et au chômage qui le précède ou qui le suit, que l’on voit les ulcères devenir fongueux. Dans la classe aisée, cet accident, pour être plus rare, n’est pas pour cela inconnu ; il dépend alors moins des conditions hygiéniques que des causes pathologiques de débilitation, telles que la tuberculose, le diabète, l’albuminurie, etc. Contre de pareils ulcères, le traitement topique est encore moins efficace que de coutume ; si l’on persiste à l’employer, il aggrave même parfois la situation. C’est un traitement général, tonique et réparateur qui est indiqué. Les ulcères fongueux d’origine vénérienne sont très-fréquents chez les jeunes gens lymphatiques. Presque inconnus dans les campagnes, ils font de grands ravages au sein des villes populeuses. L’ulcère s’étend d’abord, avec une certaine rapidité, à la verge, et quand il a atteint certaines dimensions, qui égalent parfois celle des ulcères phagédéniques, ils s’arrêtent ; leur surface, primitivement rouge, pâlit, cesse de produire un pus abondant et bien lié ; elle se couvre, surtout à sa périphérie, d’élévations mamelonnées, qui cessent bientôt d’augmenter et n’ont aucune tendance à diminuer. Cet état peut durer des mois entiers. On voit parfois, soit à la suite d’un excès de marche ou d’équitation, soit à la suite de l’application intempestive d’un topique, les ganglions correspondants de l’aine s’engorger et devenir douloureux. Ils suppurent aisément, et, après leur incision, on trouve, chose curieuse, un fond de plaie décoloré et semblable absolument à l’ulcère qui a donné naissance à l’adénite. La marche de tous ces accidents est absolument chronique et peut durer indéfiniment. Le traitement réparateur n’a pas toujours un effet immédiat ; mais, chez certains sujets, on voit, au bout de peu de semaines, la surface redevenir rouge et plus douloureuse au contact ; la suppuration devient abondante, les douleurs de démangeaison apparaissent en même temps que les productions fongueuses s’affaissent, des bourgeons de bonne nature surviennent, et, à partir de ce moment, la plaie marche vers la cicatrisation avec rapidité, du côté de l’adénite suppurée comme du côté de la verge.

FONGUS s. m. (fon-guss — lat. fungus, champignon). Méd. Excroissance molle, baveuse, spongieuse, qui s’élève sur la peau, sur une membrane, particulièrement au bord des lèvres d’une plaie : Les fongus peuvent se développer dans l’épaisseur de nos parties, sans qu’il y ait d’ulcération à l’intérieur. (Breschet.)

Art. vétér. Portion de l’uvée qui passe de la chambre postérieure de l’œil dans la chambre intérieure, et forme de petites pelottes au bord de la pupille.

Encycl. Chir. On connaît le fongus de la mamelle, le fongus, du testicule et celui de la dure-mère. Si le fongus du testicule constitue, ainsi qu’on le verra, une maladie à part, caractérisée par la production d’une tumeur identique avec d’autres, le fongus de la mamelle comprend un état anatomique beaucoup moins précis ; il ne s’applique, à proprement parler, qu’à des terminaisons de tumeurs différentes. Ces tumeurs sont le cancer encéphaloïde et l’adénome. Quand une tumeur se développe avec rapidité dans la mamelle, elle fait bientôt saillie en avant de l’organe ; tantôt elle envahit la peau, et l’ulcération de cette dernière n’est que la conséquence du travail qui absorbe et décompose l’organe tout entier ; tantôt elle n’affecte pas la peau, au-dessous de laquelle elle roule librement sous le doigt ; mais, à la suite de l’accroissement rapide de son volume, la tumeur se fixe sous la peau, qu’elle distend. Cette distension amène promptement un sphacèle, à la suite duquel la production, désormais sans obstacle, trouvera à travers cette ouverture un champ de développement très-libre. Cette expansion de l’adénome ou du cancer à travers une ouverture accidentelle à la peau est ce que l’on appelle le fongus. Mais, ainsi apparu et constitué, le fongus présentera des différences suivant la nature anatomique du pseudoplasme ou tumeur qui aura causé occasionnellement sa venue. S’agit - il d’un cancer encéphaloïde, on verra le fongus s’étendre sûrement, invariablement ; la peau de la mamelle sera envahie et l’extension en largeur se fera simultanément avec l’extension en saillie ; on reconnaîtra, en un mot, tous les caractères du cancer encéphaloïde dans cette production fongueuse. Dans l’adénome, le développement est plus rapide, car Son énergie a suffi pour sphacéler un tégument que le cancer n’a traversé que grâce à l’ulcération ; on verra donc la tumeur être tout d’abord plus saillante ; mais l’orifice cutané, ne s’ulcérant pas, étranglera légèrement le pied du fongus, qui, par cela même, se distinguera du précédent en ce qu’il sera pédicule. Cet étranglement est-il poussé à l’extrême, le fongus, privé de toute communication vasculaire, se gangrènera au niveau de son pédicule. Cette marche et ce mode d’évolution distingueraient nettement déjà les deux espèces de fongus en l’absence de tout examen physique. L’observation de la surface, de la consistance, du pus produit permettra de déterminer à coup sur s’il s’agit d’un fongus adénoïde ou bénin, ou d’un fongus cancéreux, c’est-à-dire de nature maligne. On retrouve également, dans le testicule, ces deux variétés de fongus bénin et de fongus malin ; mais le fongus bénin ne correspond plus, comme au sein, au fongus adénoïde. La présence d’une tumeur qui, après être plus ou moins longtemps demeurée au-dessous des téguments des bourses, qu’elle comprime, fait issue au dehors et prend un développement exagéré, devra faire songer à un fongus. La douleur est peu vive ; dans tous les cas, elle n’a pas ce caractère lancinant et acéré qui caractérise presque le cancer ; le moindre contact ou le plus faible choc amène une hémorragie en nappe qui cesse bientôt spontanément, mais qui, par sa répétition, jette le patient dans un état d’anémie qu’il faut prévenir à tout prix. Quand le fongus est bénin, il est indiqué de pratiquer rapidement l’ablation de la tumeur. Cette opération ne présente aucune espèce de danger, et, quand elle a été radicale, on voit souvent la plaie des bourses se fermer et se cicatriser d’une manière définitive. Quand, au contraire, le fongus est de nature maligne, si l’opération n’ajoute aucune gravité à l’état du patient, elle ne doit être suivie d’aucun résultat durable ; car on voit souvent reparaître le fongus avec plus d’énergie encore. On doit alors simplement songer à soutenir le malade et à prévenir les causes d’hémorragie.

Les fongus de la dure-mère sont presque toujours des tumeurs encéphaloïdes dont l’origine est tantôt intracranienne et tantôt extracranienne. Dans le premier cas, c’est en marchant de dedans en dehors qu’elles perforent les os du crâne ; dans le second, c’est de dehors en dedans. Elles sont particulièrement graves à cause de leur situation près du cerveau, qu’elles peuvent enflammer ou comprimer. Leur nature cancéreuse en fait des lésions presque fatalement incurables.

FONG-YANG ou FOUNG-YANG, ville de l’empire chinois, dans la province de Ngan-Hoéi, à 124 kilom. N.-O. de Nanking, sur une montagne qui domine le Hoang-ho ou fleuve Jaune, ch.-l. du département de son nom. Au xive siècle de notre ère, un empereur de la Chine voulut faire de cette ville la capitale de son vaste empire ; mais l’inégalité du terrain et surtout le manque d’eau douce firent échouer ce projet. Il reste, du séjour de ce souverain à Fong-Yang, des monuments magnifiques : le Hoan-lin ou tombeau royal, que ce prince fit élever à son père ; un haut donjon de forme carrée qui occupe le centre de la ville et un temple superbe consacré à Bouddha.

FONKES s. m. (fon-ke). Mamm. Un des noms vulgaires du loris ou mococo.

FONNI, bourg d’Italie, dans l’île de Sardaigne, province et à 19 kilom. S. de Nuoro ; 2,764 hab. Fabrication de tapis et de couvertures ; commerce de lainages.

FONS, mot latin qui signifie fontaine, source, et qui entre dans la composition d’un grand nombre de noms géographiques : Fons Aponi, actuellement Albano ; Fons Belluqueus, Fontainebleau ; Fons Bellus, aujourd’hui Scheenbrunn ; Fons Ebraldius, Fontevrault ; Fons Padiræ, Paderborn ; Fons Rapidus, Fontarabie ; Fons Tungrorum, Spa, etc.

FONSAGRADA, ville d’Espagne, prov. et à 58 kilom. N.-E. de Lugo ; 3,200 hab. Moulins à farine ; métiers à tisser ; fabrication de fromages. Commerce de bestiaux et de salaisons.

FONSECA (golfe de), vaste baie formée par l’océan Pacifique dans le territoire de la république de Nicaragua, par 13° 40’ de lat. N., et par 90° de long. 0. Son étendue est de 52 kilom. sur 24.

FONSECA (Jean-Rodrigue-de), homme d’État et prélat espagnol, né à Toro en 1451, mort à Burgos en 1524. Tour à tour doyen de Séville, évêque de Badajoz, de Cordoue, de Burgos, archevêque de Rosana, chargé de missions diplomatiques, ministre d’Isabelle, il exerça une grande influence sur les affaires de son temps et de son pays. C’était un homme violent et fanatique. Après s’être opposé de tout son pouvoir à l’expédition de Christophe Colomb, en le traitant de visionnaire, il ne lui pardonna jamais d’avoir réussi et le poursuivit constamment de sa haine. Il ne se montra pas moins hostile aux projets du vertueux Las Casas, défenseur des Indiens opprimés. Fonseca prétendait que, pour con vertir ces idolâtres, il fallait un baptême de sang.

FONSECA (Antonio da), écrivain et prédicateur portugais, né à Lisbonne en 1517, mort en 1588. Il entra dans l’ordre des dominicains, puis se rendit à Paris, où il prit le grade de docteur, et, de retour dans sa patrie, il acquit une grande réputation comme professeur à l’université de Coïmbre et comme orateur de la chaire. Fonseca ramena à la simplicité le style de la chaire, qui, avant lui, était allégorique, figuré, plein de déclamations. On a de lui : Annotationes marginales in commentaria Thomæ de Vio cardinalis Caietani in Pentaieuchum (Paris, 1539, in-fol.).

FONSECA (Pedro da), jésuite et philosophe portugais, né à Cortizada, près de Crato, en 1528, mort en 1599. Il suivit à l’université d’Evora les leçons de Barthélémy des Martyrs, se fit recevoir docteur (1570), et se livra à l’enseignement avec un tel éclat qu’il reçut le surnom d’Aristote portugais. Lorsque Mercuriano fut élu général de l’ordre des jésuites, il choisit comme assistant Fonseca, qui le suivit à Rome. Ce dernier devint, dans la suite, visiteur de la province de Portugal, supérieur de la maison professe, et fut chargé, par Grégoire XIII, d’affaires de la plus haute importance. Ce fut Fonseca qui établit à Lisbonne la maison des catéchumènes, celle des converties, l’orphelinat, le collège des Irlandais, le couvent de Sainte-Marthe. On a de lui : Institutiones dialecticarum libri VIII (Lisbonne, 1564, in-4o) ; In libros metaphysicorum Aristotelis Stagiritæ, ouvrage publié en 4 vol. in-4o, réimprimé à Strasbourg (1594). Fonseca avait donné le nom de science moyenne à une méthode par laquelle il prétendait concilier le libre arbitre et la prédestination.

FONSECA (Rodrigo da), médecin portugais, né à Lisbonne, mort en 1642. Sa grande réputation le fit appeler en Italie, où il fut successivement professeur à l’université de Pise et à celle de Padoue. Il est auteur de plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : De calculorum, remediis (Rome, 1586, in-4o) ; De venenis eorumque curatione (Rome, 1587, in-4o) ; De tuenda valetudine et producenda vita (Florence, 1602) ; Consultationes medicæ, singularibus remediis refertæ (Venise, 1618, in-fol.) ; Tractatus de febrium acutarum et pestilentium remediis (Venise, 1621, in-4o). — Son neveu, Gabriel Fonseca, né à Lamego, mort en 1668, fut professeur de philosophie à Pise ; il enseigna aussi la médecine à Rome, et devint premier médecin du pape Innocent X. Il a laissé quelques ouvrages depuis longtemps oubliés.

FONSECA (Éléonore Pimentel, marquise de), femme célèbre par sa beauté et par son esprit, née à Naples en 1768, morte en 1799. Issue de l’une des plus illustres familles du royaume de Naples, elle était douée d’une beauté peu commune, et joignait à ses grâces naturelles un esprit pénétrant. Une éducation des plus soignées lui permit d’aborder, quoique bien jeune encore, l’étude des sciences naturelles, sous la direction de Spallanzani.

En 1784, Éléonore épousa le marquis de Fonseca, descendant d’une ancienne famille espagnole qui s’était déjà depuis quelques années établie à Naples. Présentée par son mari à la cour de Ferdinand IV et de Marie-Caroline, Éléonore y fut parfaitement accueillie ; les grâces de sa personne et de son esprit plurent beaucoup à la reine, qui l’attacha à sa personne avec le titre de dame d’honneur. Cette bonne intelligence dura peu de temps ; la marquise, femme d’un caractère noble, ayant conscience de son mérite, ne put s’habituer à courber la tête devant les exigences continuelles d’une cour corrompue.

Quelques propos tenus par elle sur la reine Caroline, au sujet de la liaison très-intime qui unissait celle-ci et son ministre Acton, furent complaisamment rapportés, et la marquise de Fonseca reçut l’ordre de ne plus se présenter à la cour. Jusqu’alors, elle n’avait joué aucun rôle politique ; rendue à ses études par cette disgrâce, elle se lia plus intimement avec son ancien maître Spallanzani ; elle l’aida dans ses recherches anatomiques. La Révolution française, qui la surprit au milieu de ses travaux paisibles, l’enflamma d’un ardent amour pour les principes féconds qu’elle allait propager dans le monde entier.

La marquise de Fonseca ouvrit ses salons à toute une société d’élite qui adoptait les idées françaises et reconnaissait la supériorité d’un gouvernement républicain ; elle sut bientôt communiquer à tous ses amis l’amour qu’elle éprouvait pour la France, et, en 1798, la noblesse napolitaine salua avec bonheur le drapeau tricolore, lequel, aux mains de Championnet, s’avançait sur Naples.

La marquise voyait tous ses vœux se réaliser ; les principes qu’elle professait allaient triompher par le concours des troupes françaises, et la famille royale, qu’elle détestait, allait être obligée de fuir en exil. Ferdinand IV, en effet, loin d’opposer la moindre résistance à la marche triomphante de l’armée française, prit la fuite un mois avant son arrivée, et alla se réfugier à Palerme dès le 24 décembre 1798.

Aussitôt après son départ, Naples devint le théâtre de la plus horrible anarchie ; les lazzavoni, maîtres de la ville, pillaient et volaient partout, sous prétexte de s’opposer à l’occupation de la ville par les Français. Leur haine et leurs violences s’attachèrent surtout aux personnes qui s’étaient montrées favorables aux idées françaises. La marquise de Fonseca ne fut pas oubliée ; les lazzaroni se préparaient déjà à incendier son hôtel pour la mettre elle-même à mort. Avertie à temps, elle sortit avec calme, entourée de quelques dames de ses amies, en imposa par sa ferme contenance à la populace irritée, et, traversant la foule avec dignité, elle alla chercher un refuge dans le fort Saint-Elme. Elle ne retrouva sa liberté qu’après l’établissement de la République parthénopéenne (23 janvier 1799).

Tout le temps que dura ce gouvernement, l’hôtel de la marquise fut le rendez-vous des patriotes napolitains et le foyer du libéralisme : on y rédigeait un journal qui, sous le titre de Moniteur napolitain, eut pour mission de défendre et de propager les principes de la Révolution. Éléonore travaillait elle-même à la rédaction de la feuille antiroyaliste, qui acquit bientôt une très-grande vogue. Grâce à son influence, les Français virent, en quelques jours, le nombre de leurs partisans s’accroître considérablement.

Bientôt après commencèrent les revers ; les généraux français ne purent s’entendre, et le parti royaliste profita de leur division pour tenter un effort en faveur de Ferdinand ; d’un autre côté, le gouvernement français destitua Championnet, et les troupes, abandonnées aux ordres de généraux incapables, furent obligées d’évacuer Naples en présence de l’armée du cardinal Ruffo (7 mai 1799). L’armée royaliste ramena le gouvernement de Ferdinand IV. Avec la république mouraient tous les rêves de liberté et d’indépendance qui avaient si longtemps été l’espérance de la marquise de Fonseca. Les partisans des principes révolutionnaires prirent la fuite pour échapper aux vengeances de la réaction, et bientôt Éléonore se trouva seule à Naples, en face de Ferdinand IV et de la reine Caroline. En se retirant, les généraux français avaient stipulé, comme clause fondamentale, qu’il ne serait exercé aucune poursuite contre les Napolitains coupables seulement d’avoir montré des sympathies pour les idées républicaines ; mais, dés que la ville de Naples fut occupée par les soldats royaux, Ferdinand, qui n’osait pas encore entrer dans ses États, chargea le fameux Speciale d’ouvrir les plus sévères enquêtes à l’égard des individus qui avaient pris part à la Révolution. On sait avec quelle lâche cruauté ce ministre d’un tyran abusa des pouvoirs qui lui avaient été accordés. Pour le rôle politique qu’elle avait joué pendant l’occupation française, pour l’inimitié bien connue qu’elle nourrissait toujours contre la reine Marie-Caroline, la marquise devait s’attendre à des persécutions ; ses amis l’engagèrent à fuir, mais elle n’écouta aucun conseil ; quelques partisans de ses principes révolutionnaires étaient encore à Naples, elle ne voulut pas les abandonner au moment du péril ; elle crut, au contraire, pouvoir, par sa présence, ranimer leur courage de façon à constituer avec ces éléments un cercle d’opposition politique. Les prévisions de ses amis ne tardèrent pas à se réaliser. La marquise fut arrêtée et conduite, pour y être jugée, devant la junte d’État. Le principal grief relevé contre elle par l’acte d’accusation fut d’avoir travaillé à la rédaction du Moniteur napolitain. La peine capitale fut prononcée, et la marquise en écouta la lecture avec le plus grand calme. Sa famille et les principaux personnages du royaume firent tout ce qu’ils purent auprès de Ferdinand IV pour en obtenir au moins une commutation de peine ; mais, poussé par Marie-Caroline, le roi se montra inflexible. La marquise paya donc de sa tête le rôle qu’elle avait joué dans la Révolution. Pendant les quelques jours qui précédèrent l’exécution, elle montra une fermeté et un courage qui ne se démentirent pas un instant. Elle ne manifestait qu’un, seul regret : c’était de voir succomber, par le retour de Ferdinand IV, les nobles principes qu’elle avait si vaillamment soutenus pendant toute l’occupation française. Au pied de l’échafaud, la populace exigeait qu’elle criât : Vive Ferdinand IV ! Elle s’y refusa et voulut prononcer quelques paroles ; mais la républicaine comptait encore trop de partisans ; aussi l’exécuteur, craignant quelque manifestation, peut-être même un soulèvement, hâta le plus qu’il put ses derniers moments. La marquise de Fonseca subit son supplice le 20 juillet 1799, à l’âge de trente et un ans ; elle n’avait survécu que quelques mois à son illustre maître Spallanzani. Sa mort fut le signal des massacres. En quelques jours, Naples vit tomber, par ordre de Ferdinand, dix de ses plus illustres têtes ; trente mille personnes furent emprisonnées. Le roi n’avait pas encore osé rentrer dans sa capitale ; il s’était fait seulement conduire, sur un navire, en vue de la ville, et, de là, il assistait au meurtre juridique du peuple qu’il venait de reconquérir par la force des armes.

On peut consulter sur la marquise de Fonseca les ouvrages suivants : Alto Vanucci, I martiri delta libertà italiana ; Bottu, Storia d’Italiu ; Colettà, Storia del reame di Napoli ; Vincenzo Cuoco, Saggio storico sulla rivoluzione napolitana del 1799.