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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/160

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les fontanelles sont constituées par la peau et une membrane mince dans laquelle devront se développer plus tard le péricrâne, le périoste et les os ; immédiatement au-dessous se trouvent les méninges et le cerveau, dont les soulèvements, à chaque battement du cœur, sont très-manifestes. Indépendamment de ces mouvements qui coïncident avec le pouls, on voit les fontanelles transmettre un mouvement qui coïncide avec chaque inspiration et qui est dû aux oscillations du liquide céphalo-rachidien. Les rapports intimes qui unissent les fontanelles avec le cerveau justifient les soins avec lesquels on épargne aux enfants toute cause de pression en ce point ; car, si la souplesse des parois du crâne peut être impunément mise à l’épreuve au moment de la naissance, il n’en est plus de même chez un enfant plus âgé ; une pression continue sur les fontanelles amènerait certainement la mort. Les fontanelles sont comblées vers l’âge de cinq ans ; mais l’os ne les remplace pas immédiatement ; le tissu cartilagineux qui le précède ne disparaît absolument que vers la seizième ou la dix-huitième année.

FONTANELLE (DUBOIS-), littérateur et poète français. V. Dubois-Fontanelle.

FONTANELLI (Alphonse), diplomate italien, né à Reggio (Lombardie) en 1557, mort en 1621. Il fut chambellan d’Alphonse d’Este, puis remplit le poste d’ambassadeur à Rome et en Espagne. Il venait de recevoir le titre de marquis, lorsqu’il abandonna le monde en 1613 pour entrer dans les ordres. On a de lui quelques écrits : Discours, poésies et lettres.

— Alphonse - Vincent, marquis de Fontanelli, parent du précédent, né à Reggio en 1700, mort à Modène en 1777, visita les principaux États de l’Europe, entra en relation avec les littérateurs et les savants les plus distingués, se rendit à Modène, reçut du duc de cette ville le titre de conseiller intime et fut chargé par lui de diverses missions importantes. Nommé colonel du régiment de la Mirandole en 1740, gouverneur du duché de Massa-Carrara en 1741, membre de la junte de gouvernement, lorsque le duc de Modène dut quitter ses États, Fontanelli se montra a la hauteur de toutes ses fonctions par son habileté et ses talents. La ville de Modène lui doit de nombreux embellissements et la construction de son magnifique arsenal. Le marquis de Fontanelli a composé des poésies insérées dans les recueils du temps et laissé divers ouvrages manuscrits. — Alphonse-François Fontanelli, né à Bologne en 1720, mort en 1782, parent du précédent, a écrit une histoire de la famille Fontanelli (Reggio, 1773, in-4o).

FONTANES (Louis de), littérateur et homme d’État, né à Niort en 1757, mort en 1821. Son père était protestant et sa mère catholique ; il fut élevé dans ce dernier culte. Peu fortunée, sa famille lui fit cependant donner chez les oratoriens de Niort une forte éducation. Il vint fort pauvre à Paris. Comme il est rare que le succès récompense les jeunes espérances et les audaces de la vingtième année, Fontanes reçut de la misère quelques leçons d’expérience qui, en le rendant circonspect, ne diminuèrent pas son enthousiasme pour la poésie. La Forêt de Navarre parut en 1778 et fit une certaine sensation. MM. de Marnésia, de Boisjolin, Joubert et de Lanjeac encouragèrent le jeune débutant et lui montrèrent complaisamment l’horizon tout illuminé de la gloire qu’il rêvait de conquérir. Le Jour des Morts à la campagne et le Verger, poèmes qui ne sont pas sans mérite, soutinrent sa réputation naissante. Fontanes fut, dès cette époque, un des colloborateurs assidus de l’Almanach des Muses.

Un séjour qu’il fit en Angleterre lui donna l’idée de traduire l’Essai sur l’homme, de Pope. C’est un travail correct, ingénieux ; aussi La Harpe, Marmontel et les amis de l’auteur n’hésitèrent pas à mettre celui-ci à côté de Delille comme poète et à lui assigner dans la prose un des rangs des plus distingués à cause de la préface de l’ouvrage. l’Èpitre sur l’édit en faveur des non-catholiques fut couronnée par l’Académie française. Un poème daté des premiers jours de la Révolution : Poème séculaire sur la fédération de 1790, prouve que l’âme de Fontanes était alors capable d’enthousiasme patriotique. Ce fut aussi vers cette époque qu’il attacha son nom à un journal, le Modérateur. Le titre de cette feuille était une déclamation de principes, et il n’était pas disposé à le démentir, quand un mariage très-avantageux l’attira à Lyon et lui constitua une vie indépendante. Il se trouvait dans cette ville pendant qu’on l’assiégeait et il y resta, au milieu des bombes et des obus qui pleuvaient de tous côtés, avec sa femme enceinte de huit mois. Après la reddition de la ville, ému d’une courageuse pitié, Fontanes prit la plume et adressa une pétition énergique apportée à la barre de la Convention par trois Lyonnais. Collot-d’Herbois trembla un instant, et Fouché fit proscrire l’audacieux modérateur, qui réussit à se cacher et ne reparut plus qu’après le 9 thermidor. Rentré à Paris, il fut nommé membre de l’Institut (classe de la langue et de la littérature française), et fonda bientôt après le Mercure avec La Harpe, Esménard et de Bonald. Cette publication obtint un succès qui ne fut balancé que par le Journal des Débats. Napoléon avait déjà remarqué Fontanes, et le talent de, l’écrivain lui plaisait beaucoup. Il pensa donc a se l’attacher. Successivement créé chevalier de la Légion d’honneur, lors de l’institution de l’ordre, puis commandeur, Fontanes fut enfin appelé à la présidence annuelle du Corps législatif. En cette qualité, il harangua souvent l’empereur et ne recula jamais devant l’éloge hyperbolique ; il félicitait, par exemple, Napoléon, ce grand tueur d’hommes, des scrupules qu’il avait à verser le sang. Plus tard, ses amis prétendirent qu’il y avait sous cette phrase, comme sous bien d’autres de ses discours officiels, toutes sortes de finesses ironiques, et Chateaubriand dit de lui : « Il maintint la dignité de la parole sous un maître qui commandait un silence servile. » Reprochons-lui tout au moins ces compliments à double entente où l’on petit voir à volonté des adulations ou des sarcasmes. Vers 1808, il fut fait grand maître de l’Université, et, le 5 février 1812, il entra au Sénat. L’administration de Fontanes dans l’Université ne fut pas très-heureuse. Sous prétexte de réformer les mœurs des maisons d’éducation, il appela une foule d’abbés plus ou moins illustres à la commission des livres classiques, ce qui ne l’empêcha pas de s’aliéner le clergé, qui ne le trouvait pas encore assez religieux.

Fontanes était appelé à tous les conseils ; dans toutes les affaires, sa voix avait une très-grande autorité ; Napoléon aimait et recherchait sa conversation. Cependant il se rallia au vote de déchéance de l’empereur (1814). Fontanes menait une vie luxueuse ; il aimait à avoir une maison splendidement tenue, un nombreux domestique, à donner de grandes réceptions, des dîners fins, et il ne voulait rien retrancher de ses habitudes pour si peu de chose qu’un changement de dynastie. Resté investi, par ordre du gouvernement provisoire, des fonctions de grand maître de l’Université, il harangua officiellement le comte d’Artois, lors de l’entrée des alliés à Paris : on fut stupéfait de l’entendre acclamer les Bourbons à peu près dans les mêmes termes qu’auparavant Napoléon. Louis XVIII le nomma membre de la commission de la Charte, puis pair de France, mais supprima les fonctions de grand maître, que son entourage voulait enlever à Fontanes, et lui donna par compensation le grand cordon de la Légion d’honneur. C’était une disgrâce cachée ; aussi, lorsque Napoléon revint de l’île d’Elbe et fit appel à ceux qu’avait blessés la Restauration, n’oublia-t-il pas Fontanes. Celui-ci lui répondit en quittant Paris et resta durant les Cent-Jours à l’écart des affaires. C’était montrer un flair remarquable ; il fut récompensé de cette attitude par la nomination de ministre d’État et de membre du conseil privé que lui conféra Louis XVIII. Toutefois, quand survint le fameux procès de Ney, Fontanes protesta contre le vote fatal et ne put malheureusement sauver le héros de la Moskowa.

Cette carrière remplie d’honneurs et de dignités se termina brusquement le 17 mars 1821. Fontanes sortait de table, après un copieux déjeuner, lorsqu’il apprit tout à coup la mort, en duel, de M. de Saint-Marcellin, jeune homme qu’il aimait d’une affection toute paternelle. Cette brusque nouvelle le foudroya ; sa santé s’affaiblit et il expira quelque temps après d’une attaque d’apoplexie. Son corps fut porté au cimetière de l’Est, et M. Roger prononça sur sa tombe un discours au nom de l’Académie française. M. Villemain lui succéda au fauteuil académique.

Fontanes a laissé le renom d’un écrivain délicat et d’un courtisan habile ; mais l’homme en place, parvenu au faîte des honneurs, a fait tort à l’écrivain et au poète, qu’on ne lit plus guère. Comme grand maître de l’Université, son rôle fut assez médiocre, car il se laissa dominer par le clergé ; aussi la mesure qui prescrivit de donner son nom à l’un des lycées de Paris en 1871, mesura qui semblait l’offrir comme un exemple à la jeunesse, souleva-t-elle, et avec raison, de vives réclamations.

Voici la liste des ouvrages de M. de Fontanes : Traduction en vers de l’Essai sur l’homme, de Pope ; le Verger, poème ; Poème sur l’édit en faveur des non-catholiques ; Poème séculaire ou Chant pour la fédération du 14 juillet 1790 ; la Journée des Morts, poème ; Éloge de Washington ; Extraits critiques du Génie du christianisme, de M. de Chateaubriand ; les Tombeaux de Saint-Denis ou le Retour de l’exilé ; Collection complète des discours de M. de Fontanes ; Essai sur l’astronomie ; Fragment historique de la vie de Louis XI.

FONTANÉSIE s. f. (fon-ta-né-zî—de Desfontaines, bot. fr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des oléinées, tribu des fraxinées, dont l’espèce type croît en Syrie.

— Encycl. La fontanésie est un joli arbrisseau, haut de 4 à 5 mètres, à rameaux tétragones, portant des feuilles opposées, ovales, oblongues et persistantes ; ses fleurs, petites, en grappes, d’abord blanches, puis rougeâtres, paraissent en mai. Cet arbrisseau, originaire de Syrie, croît en pleine terre jusque sous le climat de Paris ; mais, dans le Nord, il perd souvent ses feuilles par les hivers, rigoureux. Peu difficile pour le sol et l’exposition, il préfère néanmoins les terrains meubles et exposés au midi. On multiplie la fontanésie de graines, et plus souvent de marcottes. On la place dans les massifs ou contre les murs et on en fait aussi des palissades dans les jardins. Dans les pays chauds, on emploie ce végétal pour teindre en jaune ; on ne l’a pas encore, en France, fait servir à cet usage.

FONTANEY (Jean de), missionnaire et savant français. Il vivait dans la seconde moitié du xviie siècle et dans la première du xviiie siècle. Membre de la compagnie de Jésus, ses travaux en mathématiques et en astronomie lui avaient valu le titre de membre correspondant de l’Académie des sciences, lorsqu’il fut appelé, en 1684, conjointement avec les PP. Gerbillon, Tachard, Lecomte, Bouvet, Visdelou, à faire partie d’une mission envoyée en Chine dans le double but d’y propager le christianisme et de faire connaître par des travaux et par des recherches les contrées orientales de l’Asie. Le P. Fontaney se signala par un zèle infatigable. Il adressa à son ami, le célèbre Cassini, de nombreuses observations astronomiques et météorologiques, observa à Siam une éclipse totale de lune(1655), essaya vainement de gagner Macao, se rendit à Pékin en 1687, passa de là à Nankin (1688), où, pendant plus de deux ans, il se livra à ses travaux apostoliques, puis alla à Canton, afin d’obtenir justice contre les Portugais, qui lui suscitaient toutes sortes d’entraves et interceptaient même ses communications avec l’Europe. Ses réclamations n’ayant point été écoutées, il partit pour Pékin dans l’intention de s’adresser à l’empereur, Ching-Tsou, Ce souverain, grâce à des remèdes apportés d’Europe par le P. Fontaney, avait été guéri d’une grave maladie ; aussi logea-t-il dans son propre palais le missionnaire et ses compagnons. En 1699, le P. Fontaney quitta Pékin pour revenir en Europe. En 1701, il était de retour en Chine, où il resta deux ans. Appelé de nouveau en Europe pour y rendre compte du résultat de sa mission et pour prendre divers arrangements à ce sujet, il arriva à Londres en 1704, puis reprit pour la troisième fois la route de l’Asie et revint définitivement en France en 1720. Les Lettres édifiantes contiennent deux lettres de ce missionnaire, et plusieurs de ses observations scientifiques se trouvent consignées dans le voyage du P. Gerbillon. Ce fut le P. Fontaney qui fit présent à la Bibliothèque du roi des premiers ouvrages chinois apportés en France.

FONTANEY (A.), littérateur et critique français, mort en 1837. Il fut un des collaborateurs de la Bévue des Deux-Mondes, se fit remarquer notamment par ses vives attaques contre les femmes auteurs, et publia des poésies qui furent remarquées. Fontaney a réuni ses articles en volumes : Ballades, mélodies et poésies diverses (Paris, 1829, in-18) ; Scènes de la vie castillane et andalouse (Paris, 1835, in-8o).

FONTANGE s. f. (fon-tan-je — V. l’étym. à la partie encycl.). Modes. Nœud de rubans que les femmes portaient autrefois sur leur coiffure : Une chose qui a plus donné de peine à Sa Majesté que ses dernières conquêtes, c’est la défaite des fontanges ; on fait usage de ses cheveux comme on faisait il y a dix ans. (Mme de Sév.) || Sorte d’édifice à plusieurs étages, en fil d’archal, qui fut une modification progressive de l’ornement précédent.

Combien n’a-t-on point vu de belles aux doux yeux
...............................................................................
Et découvrant l’orgueil de leurs rudes esprits,
Sous leur fontange altière asservir leurs maris ?
Boileau.

— Encycl. La fontange est une mode du xviie siècle et du xviiie siècle. Les femmes portaient ce nœud sur le devant de leurs coiffures, un peu au-dessus du front. Ce fut la belle duchesse de Fontange, maîtresse de Louis XIV, qui inventa, par hasard, cette coiffure au retour d’une partie de chasse, et lui donna son nom. « Le soir, comme on se retiroit, raconte Bussy-Rabutin, il s’éleva un petit vent qui obligea Mlle de Fontange, à quitter sa capeline ; elle fit attacher sa coiffure par un ruban dont les nœuds tombaient sur le front, et cet ornement de tête plut si fort au roi qu’il la pria de ne se coiffer point autrement de tout ce soir. Le lendemain, toutes les dames de la cour parurent coiffées de la même manière. Voilà l’origine de ces grandes coiffures qu’on porte encore, et qui, de la cour de France, ont passé dans presque toutes les cours de l’Europe. » D’autres chroniqueurs disent que, pour ruban, elle prit tout simplement sa jarretière. Les fontanges firent fureur ; c’était simple, coquet et cela prêtait à la beauté une séduction de plus. Ce fut tout ce qui resta de la belle duchesse, morte à vingt ans et bientôt oubliée.

La mode des fontanges se prolongea jusqu’après la mort du grand roi ; on les rencontre encore dans le Vocabulaire des toilettes du XVIIIe siècle, mais elles avaient subi des modifications. On les adaptait, sous Louis XIV, et malgré lui, paraît-il, à un vaste édifice capillaire, soutenu par une carcasse de fil de laiton, qui faisait alors de la coiffure une pyramide ridicule. Une coiffure basse, venue d’Angleterre, succéda à cet engouement. Louis XIV en fut frappé : « J’avoue, s’écriat-il dans un jour d’humeur, que je suis piqué quand je vois qu’avec toute mon autorité de roi j’ai eu beau crier contre les coiffures trop hautes ; pas une personne n’a eu la moindre envie, par complaisance pour moi, de les baisser. On voit arriver une inconnue, une guenille d’Angleterre, avec une petite coiffure basse ; tout d’un coup toutes les princesses vont d’une extrémité à l’autre ! » Le monarque le plus absolu qui fut jamais trouvait quelque chose de plus fort que lui : la mode.

La fontange a inspiré la verve des satiriques et des auteurs comiques ; en 1693, on imprima à Amsterdam une comédie, intitulée : la Fontange ou les façonnières. Elle inspira aussi à Fontenelle un joli quatrain. À Sceaux, où la duchesse du Maine tenait sa cour, dans une de ces nuits passées tout entières à des jeux d’esprit, la duchesse donna à Fontenelle les quatre rimes suivantes, pour en faire des bouts rimes : fontange, collier, orange, soulier. Le spirituel vieillard s’acquitta assez lestement de sa tâche, et débita les quatre vers suivants en regardant fixement une des plus jolies femmes de l’assemblée :

Que vous montrez d’appas depuis vos deux fontanges
Jusqu’à votre collier !
Mais que vous en cachez depuis vos deux oranges
Jusqu’à votre soulier !

FONTANGES, bourg et comm. de France (Cantal), cant. de Salers, arrond. et à 23 kilom. S.-E. de Mauriac, sur l’Aspre ; 1,011 hab. Mines de houille et d’alun ; blanchiment de toiles et de fils. Commerce de fromages et de bestiaux. Eaux minérales froides et intermittentes, à la Bastide. Aux environs, on voit, sur un rocher escarpé, les ruines de l’ancien château de Fontanges, qui a donné son nom à l’une des plus nobles maisons de l’Auvergne, et qui fut le berceau de la belle duchesse de Fontanges, une des nombreuses maîtresses de Louis XIV. Au hameau de Peyre-del-Cros, dépendance de cette commune, on trouve un grand escarpement renfermant une grotte très-curieuse, tapissée d’efflorescences de sulfate de fer et renfermant deux arbres fossiles. L’église, qui date de la seconde moitié du xvie siècle, renferme un ancien tableau représentant l’Assomption. A 2 kilom. en aval de Fontanges, l’Aspre se réunit à la Maronne, dans un site des plus remarquables, au pied d’un rocher qui porte le château de Paiement, surmonté d’une tour crénelée du xve siècle.

FONTANGES (Marie-Angélique de Scoraille de Roussille, duchesse de), une des maîtresses célèbres de Louis XIV. Elle succédait à Mlle de Ludre, et à cette série de caprices auxquels succomba le monarque pendant la faveur même de Mme de Montespan. La duchesse de Fontanges tint seule en échec pendant quelques mois la puissante favorite, et réussit à la supplanter réellement.

Née en 1661, d’une ancienne famille d’Auvergne, elle fut toute jeune attachée comme fille d’honneur à la personne de la seconde Madame ; c’est chez cette princesse qu’elle fut rencontrée pour la première fois par Louis XIV. « Bon, voici un loup qui ne me mangera point, » dit le roi. La future favorite n’avait, en effet, rien de bien séduisant au premier abord. Elle était belle, mais d’une beauté trop correcte, froide, glaciale ; on disait d’elle à la cour qu’elle ressemblait a une statue de marbre. A en croire bien de gens, elle manquait surtout d esprit. Cependant elle était certaine de sa haute destinée.

Une nuit, peu de temps avant qu’elle fût présentée à la cour, « elle rêva, rapportent les chroniqueurs, qu’elle montait à la cime d’une montagne très-élevée et qu’arrivée sur cette cime, après avoir été comme éblouie par un nuage resplendissant, elle se trouvait tout à coup dans une obscurité si profonde, qu’elle se réveilla de frayeur. Ce rêve lui fit une grande impression ; elle le raconta à son confesseur, lequel, se mêlant probablement de divination, lui répondit. « Prenez garde à vous, » ma fille ; cette montagne est la cour, où il » vous arrivera un grand éclat. Cet éclat sera » de très-peu de durée si vous abandonnez » Dieu, car alors Dieu vous abandonnera et vous tomberez dans d’éternelles ténèbres, » (Alexandre Dumas, Siècle de Louis XIV.)

Cette prédiction devait se réaliser. Quelques historiens ont prétendu qu’à cette date. Mme de Montespan usait, près de Louis XIV, du moyen expérimenté plus tard par la Du Barry sur Louis XV elle lui ménageait des plaisirs d’un instant qui lui ramenaient ensuite son amant plus soumis. C’est ainsi que, dans une partie de chasse, elle lui présenta Mlle de Fontanges. Elle faillit, à ce jeu plein de dangers, perdre la partie. Sous son apparente parente froideur, Mlle de Fontanges était pleine d’habileté, et elle s’empara tout à fait de l’esprit et du cœur du monarque. Louis XIV l’aima à la folie, au point de ne pas cacher ses transports, même à la Montespan ; il fit de sa nouvelle maîtresse une duchesse, et lui donna un appartement tendu de tapisseries qui représentaient ses victoires. Saint-Aignan fit là-dessus les vers suivants :

La plus grand des héros parait dans cette histoire.
Mais quoi ! je n’y vois pas sa dernière victoire !
De tous les coups qu’a faits ce généreux vainqueur
Soit pour prendre une ville ou pour gagner un cœur,
Le plus beau, le plus grand et le plus difficile
Fut la prise d’un cœur qui, sans doute, en vaut
Du cœur d’Iris enfin, qui mille et mille fuis [mille,
Avoit brave l’amour et méprisé ses lois.

Une fois en faveur, Mlle de Fontanges se montra d’une avidité insatiable ; 100,000 écus par mois ne pouvaient suffire à ses dépenses. Fort peu sensible, elle ne témoigna à ses amis