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temps après la bataille, et par M. Andrieux, dans un tableau qui a figuré à l’Exposition universelle de 1855.

FONTENOY-LE-CHÂTEAU, bourg et comm, de Franco (Vosges), cant. de Bains, arrond. et à 33 kilom. S.-O. d’Epinal, dans une situation délicieuse, entre deux coteaux couverts de cerisiers ; pop. aggl., 1,756 hab. — pop. tot., 2,560 hab. Fabrication de broderies fines ; tréfilerie ; fabriques de couverts ; kirsch-wasser ; brasseries. L’église renferme le tombeau de la princesse Yolande de Ligne. Le poète Gilbert, dont la mort éveille de si pénibles souvenirs, est né au hameau de Molières, dépendant de la commune de Fontenoy-le-Château.

FONTENOY-SUR-MOSELLE, village et comm. de France (Meurthe), cant., arrond. et à 10 kilom. de Toul, sur la rive droite de la Moselle et sur le canal de la Marne au Rhin ; 264 hab. Ruines d’un château fortifié de murailles et de tours, dont une seule est encore debout. Dans l’église, vitraux bien conservés et sépultures des comtes de Fontenoy.

FONTENOY ou FONTENAY-EN-PUYSAYE, village et comm. de France (Yonne), cant. de Saint-Sauveur, arrond. et à 30 kilom. d’Auxerre ; 872 hab. Un obélisque de 10 mètres de hauteur a été-érigé, en 1860, à Fontenoy, en mémoire de la bataille du 25 juin 841, qui se livra dans les environs, entre les fils de Louis le Débonnaire. V. Fontenailles (bataille de).

FONTENU, village et comm. de France (Jura), cant. de Clairvaux, arrond. et à 29 kilom. de Laons-le-Saunier ; 215 hab. À l’est du village, au milieu de beaux arbres et de magnifiques prairies, s’élève le château de Chalin, reconstruit au xve et au xvie siècle. On y remarque la chapelle dans la tour de l’Ouest, la cheminée monumentale de la cuisine, les boiseries et les peintures du salon du premier étage. Le lac de Chalin, qui couvre une superficie de 220 hectares, est formé par les eaux d’une source qui jaillit près du château, à la base d’un curieux rocher.

FONTENU (Louis-François de), archéologue français, né en Gâtinais en 1667, mort en 1759. Il entra dans les ordres, accompagna le cardinal Janson à Rome en 1700, y prit le goût de l’archéologie et de l’histoire naturelle, puis se fixa à Paris, où il vécut dans la société de Fontenelle et de Mme de Lambert. Reçu membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1714, il publia dans le recueil de cette compagnie un assez grand nombre de mémoires élégamment écrits sur divers sujets de mythologie, sur des médailles, sur les lieux connus en France sous le nom de camps de César, etc. On lui attribue une traduction de Théagène et Chariclée (Paris, 1727, 2 vol. in-12).

FONTENY (Jacques dis), auteur dramatique et poète français de la deuxième moitié du xvie siècle. Il était membre d’une société des confrères de la Passion. On a de lui : le Bocage d’amour (Paris, 1578), contenant la Chaste bergère, pastorale en cinq actes et en vers ; les Esbats poétiques (Paris, 1587), où l’on trouve la pastorale du Beau berger ; les Ressentiments de Jacques de Fonteny pour sa céleste (1587), où se trouve la Galatée divinement délivrée, pastorale en cinq actes et en vers ; Anagrammes et sonnets (Paris, 1606, in-4°). On attribue à Jacques de Fonteny ou à un homonyme : Antiquités, fondations et singularités des villes et châteaux du royaume de France (Paris, 1611), et Sommaire description de tous les chanceliers et gardes des sceaux depuis le règne de Mêrovèe jusqu’au règne de Louis XIII, publiée dans la Bibliothèque du droit français de L. Bouchel (1667, in-fol.).

FONTETTE (Charles-Marie Fevret de), bibliographe français. V. Fevret.

FONTEVRAULT, en latin Fons Ebraldi, bourg et comm. de France (Maine-et-Loire), canton sud, arrond. et à 16 kilom. de Saumur, au milieu d’une forêt, dans un vallon où coule une belle fontaine intarissable ; pop. aggl., 860 hab. — pop. tot., 3,581 hab. Carrières de tuffeau blanc ; tuileries, poteries, corderies ; rouenneries ; fabriques de toiles ; exploitation de bois de charpente ; commerce de chevaux, de grains et de bestiaux. Ce bourg, bâti au fond d’un vallon, doit son origine à une des plus riches abbayes de France. Cette abbaye fut fondée par Robert d’Arbrissel, célèbre docteur, qui, de pauvre paysan breton, sut s’élever à un rang illustre par le travail et la science. Rappelé dans son pays natal par Sylvestre de La Guerche, chancelier du duc Conon II de Bretagne, devenu évêque de Rennes, qui avait jeté les yeux sur lui pour se décharger du soin de son diocèse, Robert d’Arbrissel avait commencé par y introduire des réformes que le libertinage du clergé de Rennes ne rendait que trop nécessaires. Tant que Sylvestre de La Guerche vécut, Robert continua son œuvre de discipline, sans s’occuper ni s’inquiéter des colères et des haines qu’elle soulevait. Mais ce protecteur une fois mort, le réformateur dut s’enfuir à Angers, puis dans la forêt de Craon, où il commença a jeter les premières bases d’un ordre religieux. Le bruit de sa parole éloquente, qui faisait chaque jour de nouveaux prosélytes, vint aux oreilles du pape Urbain II, qui l’appela à lui et le chargea de prêcher la croisade dans les villes et les bourgs. Robert d’Arbrissel obéit et parcourut les campagnes, exhortant ceux qui ne pouvaient aller en Palestine à vouer du moins leur vie au service du Seigneur. Il réunit bientôt un groupe considérable de disciples ardents et vint fonder aussitôt, sur la limite de l’Anjou et du Poitou, à une lieue de Candes, où mourut saint Martin, au lieu dit Fontevrault, un oratoire ou communauté composée d’hommes et de femmes. Ce mélange des sexes est le caractère distinctif et spécial de la fondation de Fontevrault. Les hommes furent chargés du soin de défricher la terre et de pourvoir aux besoins de tous ; les femmes, pendant ce temps, priaient et chantaient les louanges de Dieu. La communauté fut d’abord connue sous le nom des Pauvres de Jésus-Christ. Mais peu à peu le nombre des prosélytes s’accrut, et l’oratoire, trop petit pour les contenir tous, devint une abbaye. Robert d’Arbrissel fit construire sous la même clôture trois monastères destinés spécialement aux femmes, et dont voici les noms et divisions : Grand Moutier, pour les veuves et les vierges ; Saint-Lazare, pour les lépreuses ; Magdelaine, pour les pécheresses. Les hommes occupèrent aussi un local spécial (1099). Un an plus tard, le concile de Poitiers jetait les bases définitives de la nouvelle communauté, placée sous la règle de Saint-Benoît. Contrairement à l’usage adopté dans toutes les autres maisons religieuses, à Fontevrault les hommes étaient soumis aux femmes ; une abbesse générale dirigeait toute la communauté, hommes et femmes, et avait seule le pouvoir suprême. Cette suprématie de la femme fut adoptée en souvenir du culte pieux de l’apôtre Pierre pour la mère du Christ. La première abbesse de Fontevrault fut Herlande de Champagne, veuve de M. de Montsoreau et parente du comte d’Anjou. Mais une fois l’ordre ainsi constitué d’une manière définitive, Robert d’Arbrissel, infatigable, ne s’occupa plus que de donner une extension nouvelle à l’ordre qu’il avait fondé. Il établit en peu de temps, outre le couvent du vallon de Fontevrault, ceux des Loges, de Chantenois, de Lencloître, de La Puïe, de La Lande, de Tuçon, en Poitou ; d’Orsan, dans le Berry ; de la Madeleine d’Orléans, sur la Loire ; de Boubon ; le prieuré de la Gasconière, le couvent de Cadouin et enfin celui de Haute-Bruyère, près de Chartres. La jalousie ne tarda pas à s’attaquer à la fortune de Robert d’Arbrissel. À la suite de quelques scandales, dont il n’était peut-être pas responsable directement, mais qui n’en sont pas moins constants, tels, par exemple, que commerce libertin entre quelques religieuses et quelques frères, accouchements clandestins, etc., l’évêque de Rennes, Marbodus, écrivit à Robert d’Arbrissel une longue et sévère lettre de reproches. Geoffroy, abbé de Vendôme, allant plus loin encore, l’accusa ouvertement (nous copions textuellement la phrase dans l’Histoire des ordres monastiques du Père Elyot, ouvrage qu’on ne saurait suspecter de partialité) « de coucher avec elles sous prétexte de se mortifier en souffrant les aiguillons de la chair, martyre inouï, dangereux et de mauvais exemple. » Robert d’Arbrissel soutint hardiment ce double choc, se lava triomphalement des accusations portées contre lui, et, dit l’historien cité plus haut, « confondit la calomnie. » L’abbaye de Fontevrault continua donc à prospérer. Lorsque Robert d’Arbrissel mourut, elle comptait environ 3,000 membres, chiffre énorme, même pour l’époque, et qui augmenta encore par la suite. De nouvelles fondations vinrent étendre au loin la renommée de l’abbaye, non-seulement en France, mais encore en Espagne et en Angleterre. Dès l’origine, Fontevrault avait été, de la part du souverain pontife, l’objet de privilèges spéciaux : en 1145, le pape Eugène III affranchit les religieux des terribles épreuves que leur avait imposées Robert d’Arbrissel, telles que l’eau bouillante, les fers chauds, etc. L’ordre n’en demeura pas moins soumis à une discipline sévère, où les jeûnes prolongés, les veilles et les offices de nuit tenaient une grande place. En 1459 cependant, quelques dissensions s’établirent dans l’ordre à propos de réformes que voulait y introduire la nouvelle abbesse. Jusque-là soumis à la règle de Saint-Benoit, les religieux, oubliant leur origine, s’étaient qualifiés de chanoines réguliers et avaient embrassé, sous une abbesse trop facile, la règle de Saint-Augustin. Marie de Bretagne, vingt-sixième abbesse de Fontevrault, entreprit de réformer cet ordre de choses et de rendre à la communauté ses bases primives. Mais tout d’abord forcée de céder devant les résistances qu’elle rencontra, elle se retira à la Madeleine d’Orléans, fondation de Fontevrault. Ce fut là qu’elle composa une sorte de règle mixte ou composite, mélange habile des traditions de Robert d’Arbrissel et des règles de Saint-Benoît et de Saint-Augustin. Elle soumit bientôt (1475) cette nouvelle règle au jugement de Sixte IV, qui l’approuva, et, en 1507, après renvoi impitoyable des derniers récalcitrants de Fontevrault qui refusaient de s’y conformer, elle fut définitivement adoptée. L’abbesse, dès 1505, avait d’ailleurs donné l’exemple la première en faisant vœu de clôture entre les mains de Louis de Bourbon, évêque d’Avranches. En 1520, à la suite de nouveaux démêlés qui avaient pour but, de la part des religieux, de restreindre l’autorité suprême de l’abbesse et de la soumettre à un contrôle, un arrêt du grand conseil intervint, qui donna gain de cause à l’abbesse. Cet arrêt fut approuvé et confirmé trois ans après (1523) par Clément VII. Des tentatives analogues s’étant reproduites plus tard sous le gouvernement de l’abbesse Jeanne de Bourbon, amenèrent un véritable conflit : les religieux publièrent un factum violent, et le pape Urbain VIII prit parti pour eux. Mais, le 8 octobre 1641, intervint un nouvel arrêt de Louis XIII prescrivant l’exécution stricte et entière de l’ancienne bulle d’approbation de Sixte IV, et ordonnant la destruction du factum injurieux. Ce fut là la dernière convulsion de Fontevrault.

C’est dans cette puissante abbaye que se faisait jadis l’éducation des filles de France. Le titre d’abbesse de Fontevrault était habituellement conféré à une femme du sang royal, soit légitimement, soit illégitimement. C’est ainsi que la dernière abbesse était, en 1789, Mme de Pardaillan d’Antin, nièce de Mme de Montespan, et telle était à cette époque la richesse de l’abbaye de Fontevrault qu’elle en tirait annuellement un revenu de plus de 100,000 livres d’alors, chiffre dont il est inutile de faire ressortir l’importance. Au surplus, on se l’expliquera quand nous aurons dit que la maison de Fontevrault formait un véritable gouvernement, divisé en quatre provinces : France, comprenant cinq prieurés ; Aquitaine, quatorze ; Auvergne, treize, et Bretagne, nombre égal.

L’abbaye de Fontevrault renfermait jadis cinq églises ; une seule, la plus grande, reste aujourd’hui debout. C’est un des plus curieux monuments du xiie siècle, par son style exceptionnel. En effet, tandis que, dans le plus grand nombre des constructions de cette époque, les voûtes sont invariablement en ogives avec nervures sur les arêtes, à Fontevrault, au contraire, les voûtes sont sphériques et portées sur des arcs à plein cintre, ce qui leur donne une apparence de simplicité et en même temps de solidité toute spéciale. Ajoutons que depuis longtemps ce monument a cessé de servir à sa destination première : l’ancienne église de Fontevrault est aujourd’hui convertie en maison de détention pour onze départements.

Dans la deuxième cour de l’abbaye, on peut encore voir un débris curieux : c’est la vieille tour d’Evrault, dont la couleur brune et la masse pyramidale contrastent d’une manière pittoresque avec les bâtiments neufs de la maison centrale. La construction de cette tour est bizarre. Elle s’élève sur trois plans : le premier octogone, le deuxième carré, le troisième encore octogone, les angles répondant au milieu des faces du premier. Chaque face du premier plan est percée d’une arcade en ogive portée par deux colonnes, et donne entrée dans une chapelle demi-circulaire éclairée de trois petites fenêtres. Suivant toute apparence, c’était jadis une chapelle sépulcrale située au milieu d’un cimetière. Cette tour doit remonter au xiie siècle environ. Tout près de là est l’ancien cimetière des rois d’Angleterre (Plantagenets), comtes d’Anjou : quatre tombeaux, surmontés de leurs statues couchées, existent encore ;, ce sont ceux de Henri II, de Richard Cœur de Lion, son fils ; d’Aliénor ou Éléonore de Guyenne, femme du premier et mère du second, et d’Elisabeth, femme de Jean sans Terre. Ces tombeaux, longtemps négligés, en butte à toutes les injures du temps, et pourtant si curieux par les souvenirs qu’ils évoquent, ont dû d’échapper à une ruine complète à M. Félix Bodin, auteur de consciencieux travaux historiques, qui a le premier attiré sur eux l’attention du gouvernement. Il y a quelques années, les tombeaux de Fontevrault ont donné lieu de la part de l’Angleterre à une réclamation singulière : elle demanda, sérieusement et avec une simplicité qui ne prévoyait pas de refus possible, la simplicité du droit, la permission de faire enlever ces quatre monuments historiques, suivant elle sa propriété. La commission française repoussa purement et simplement cette prétention, dans laquelle il est juste de dire que l’Angleterre ne crut pas devoir persister. Il est bon que ces tombeaux demeurent en France comme un vivant souvenir du temps de nos vieilles guerres, comme un gage de l’indépendance de notre pays, et l’Angleterre aurait dû comprendre d’elle-même que nous avions assez chèrement payé pendant plus de deux siècles la possession de quelques pierres tumulaires et de quelques statues.

FONTEYRAUD (Alcide), économiste français, né à l’île Maurice en 1822, mort à Paris en 1849. Envoyé par sa famille dans cette ville pour y faire ses études, il entra à l’école spéciale de commerce et fut appelé bientôt à en devenir un des professeurs. Les questions d’économie politique occupèrent surtout sa vive et pénétrante intelligence. En 1845, il se rendit en Angleterre, où il vit se former la ligue célèbre dont Cobden était l’âme. De retour en France ; Fonteyraud devint un des fondateurs de l’Association française destinée à propager les idées des libres échangistes, qui avaient en lui un partisan des plus chauds. Malheureusement pour la science, ce jeune économiste, qui donnait les plus belles espérances, fut emporté par une attaque de choléra à l’âge de vingt-sept ans. Outre les traductions de divers ouvrages anglais de Malthus et de Ricardo, publiées dans la Col- lection des principaux économistes, on a de lui : une remarquable Notice sur la vie et les écrits de Ricardo ; la Ligue anglaise, étude insérée dans la Revue britannique ; la Vérité sur l’économie politique, dans le Journal des économistes. Enfin il a composé, en collaboration avec M. Wolowski, un traité Sur les principes d’économie politique, inséré dans le recueil des Cent traités pour les connaissances les plus indispensables.

FONTGOMBAUD, village et commune de France (Indre), cant. de Tournon, arrond. et à 8 kilom. du Blanc, sur la rive droite de la Creuse ; 569 hab L’abbaye de Fontgombaud fut une des plus importantes de l’ordre de Saint-Benoît. Sa fondation, comme celle de la plupart des abbayes du temps, est entourée de légendes : elle dut son nom à une fontaine, auprès de laquelle vint, au xie siècle, s’installer un solitaire, et qui s’appela, de lui, la Font-Gombaud. Des grottes naturelles, groupées autour de la source, reçurent bientôt d’autres anachorètes ; une chapelle s’éleva, et l’établissement devint un monastère. Le premier abbé connu s’appelait Pierre de l’Estoile, et mourut de la peste en 1114 ; il avait fait commencer les bâtiments du cloître, qui furent solennellement inaugurés le 5 octobre 1141. L’abbaye eut de longs jours de prospérité : ses richesses s’accrurent avec les libéralités qu’enfantèrent les croisades, et au xve siècle elle avait atteint l’apogée de sa puissance. Ses charges étaient, en revanche, assez nombreuses. Parmi celles qui lui coûtaient le moins, on cite la curieuse redevance de 25 pintes de vin et de 4 jambons qu’elle était obligée de fournir aux processions qui des paroisses voisines se rendaient à certaines fêtes pour honorer les statues miraculeuses de la Vierge que recelait la crypte de la chapelle des Ermites, en l’église abbatiale. Ces statues existent encore, et ont été depuis transférées dans l’église paroissiale.

L’abbaye de Fontgombaud, réduite à cinq religieux, supprimée par l’archevêque de Bourges la 5 octobre 1741, était devenue une maison de missionnaires quand la Révolution s’abattit sur ses murs centenaires : l’antique couvent déserté fut vendu et livré à la démolition. Les ruines qui subsistent encore sont dignes de l’attention de l’antiquaire. La basilique surtout offre des parties restées dans un état de conservation presque parfait, et montre un remarquable mélange du style roman et du style ogival. La façade est considérée comme un des chefs-d’œuvre de l’art roman. La nef, jadis divisée en trois parties, a vu ses voûtes disparaître : seuls ses murs latéraux ont résisté aux efforts du temps et des hommes jusqu’à la hauteur des vastes fenêtres en glacis qui l’éclairaient. Chose singulière, deux rangs d’arbres ont remplacé les solides piliers cylindriques qui soutenaient les nervures et les arcs-doubleaux. Ces débris seront conservés : un projet primitif, émis en 1846, consistait à acheter l’église abbatiale pour en faire l’église paroissiale de Fontgombaud ; une somme de 12,000 fr. fut allouée dans ce but par le ministère des cultes, et sur le crédit des monuments historiques, une autre somme de 10,000 fut accordée par le ministère de l’intérieur pour commencer les travaux de restauration les plus urgents. Mais depuis l’acquisition qu’en firent vers le même temps les Pères trappistes de Bellefontaine, la dernière somme a seule été maintenue. Une colonie agricole est aujourd’hui installée à Fontgombaud par les soins des acquéreurs, et les ruines de la vieille abbaye sont aujourd’hui à l’abri des injures du temps.

FONTICULE s. m. (fon-ti-ku-le — dimin. du lat. fons, fontis, fontaine). Chir. Petit ulcère artificiel pratiqué par le chirurgien, soit avec un instrument tranchant, soit avec un caustique : La suppression d’un fonticule ou d’un vésicatoire établi depuis longtemps est une cause occasionnelle de maladie. (Chomel.) || On dit plus ordinairement cautère.

FONTINAL, ALE adj. (fon-ti-nal, a-le — lat. fontinalis ; de fons, fontaine). Hist. nat. Se dit des animaux et des végétaux qui habitent les eaux ou les bords des fontaines.

— Géol. Formations fontinales, Formations dues au dépôt de matières que les eaux tenaient en dissolution.

— s. f. Bot. Genre de mousses comprenant cinq ou six espèces, qui croissent dans les eaux courantes ou stagnantes : Les fontinales ont une coiffe de la longueur de l’urne. (C. d’Orbigny.)

— Encycl. Bot. Les fontinales forment un des genres les plus intéressants de la famille des mousses. Ce sont des plantes vivaces, qui croissent par touffes ; elles ont des urnes sessiles, tubuleuses, recouvertes d’une coiffe campanulée. Comme leur nom l’indique, ces mousses se trouvent généralement dans les eaux courantes des fontaines et des sources, quelquefois aussi dans les eaux stagnantes. Au moment de la floraison, elles élèvent leurs sommités à la surface de l’eau, et s’enfoncent ensuite sous le liquide pour mûrir leurs spores ou graines. On connaît cinq ou six espèces de fontinales, qui sont répandues dans les régions tempérées et froides de l’hémisphère nord. Elles produisent de nombreuses ramifications, et atteignent ainsi des dimensions en longueur très-remarquables dans cette famille. L’espèce la plus intéressante est la fontinale incombustible ; elle croit