d’avoir rappelé les premiers l’attention sur ce chef-d’œuvre de notre art primitif.
En 1470, Louis XI, après avoir créé l’ordre de Saint-Michel, mit à contribution le pinceau de Fouquet à l’occasion des cérémonies qui accompagnèrent l’installation des nouveaux chevaliers. En 1472, il le chargea de l’enluminure d’un livre d’heures pour Marie de Clèves, duchesse d’Orléans. En 1474, il commanda à Michel Colomb, son premier sculpteur, et à Jean Fouquet, son premier peintre, de lui soumettre chacun un modèle de tombeau : le modèle du premier devait être sculpté, celui du second devait être peint. À ces renseignements qui nous sont fournis par les comptes des dépenses royales, conservés manuscrits à la Bibliothèque nationale, se borne tout ce que l’on a pu recueillir concernant les travaux exécutés par Jean Fouquet pour Louis XI ; de ces travaux eux-mêmes il ne nous est rien parvenu. Les mêmes comptes font encore mention du maître de Tours en 1475. Enfin, le manuscrit de Florio, cité au commencement de cet article et que l’on croit dater de 1477, nous apprend qu’à cette époque Fouquet était parvenu à l’apogée de sa réputation. M. Valet de Viriville et d’autres savants pensent qu’il dut mourir vers 1483. Il laissa de nombreux et habiles élèves, parmi lesquels on cite Louis et François, ses deux fils, Jean Poyet, Jean d’Amboise, Bernard et Jean de Posay. Il est probable que c’est à ces élèves, dont quelques-uns durent être les collaborateurs du maître, qu’il faut attribuer les miniatures de divers manuscrits qui ont été regardées par quelques archéologues comme l’œuvre de Fouquet lui-même. L’imitation du style de ce grand artiste éclate dans les enluminures de deux volumes in-folio de la Bibliothèque nationale, contenant la traduction, par Guillaume Coquillard, des Antiquités des Juifs, de Josèphe, volumes dont la transcription, commencée en 1460, fut terminée à Reims en 1464.
Jean Fouquet eut sur les peintres français de son temps une influence considérable : il fut le Van Eyck de notre école. Malheureusement, il subit le sort de toutes nos illustrations du moyen âge : sa gloire fut ensevelie dans le triomphe des artistes étrangers. Notre époque a commencé à lui rendre le rang élevé qui lui est dû dans l’histoire de l’art français. Un des savants qui ont contribué à la réhabilitation de son génie, M. de Bastard, écrivait en 1837 : « Digne précurseur de Léonard de Vinci, d’Albert Dürer, d’Holbein et de Raphaël, Fouquet prend un vol si élevé qu’on doit lui donner place parmi ces grands maîtres et le nommer désormais avec eux. » Sans accorder une place si haute au peintre de Tours, M. Paul de Saint-Victor reconnaît les qualités éminentes de cet initiateur de l’école française : « Jean Fouquet est à la France, dit-il, ce que le Pérugin fut à l’Italie, mais un Pérugin sans Raphaël, et qui, à part quelques rares tableaux, ensevelit son génie dans l’illustration de ces manuscrits qui ferment sous leurs scellés tant de grands artistes. Pour le charme de la composition, la douceur du coloris, l’expression fine et vivante des physionomies et des gestes, la manière d’ajuster large et vraie, le goût parfait de l’ameublement et du paysage, Jean Fouquet eut peu d’égaux de son temps, même en Italie. Français par le caractère de ses types et l’originalité locale de ses airs de tête, Italien par le sentiment de l’ordonnance et l’exquise élégance du style, il semble peindre entre le crépuscule du moyen âge et l’aurore de la Renaissance : ses peintures, empreintes d’un éclat si vif et si doux, semblent garder ce double reflet. »
FOUQUET ou FOUCQUET (François), vicomte de Vaux, magistrat français, né en 1587, mort en 1640. C’était un riche armateur breton que Richelieu appela à faire partie
du conseil de la marine et du commerce. Il devint successivement conseiller au parlement, maître des requêtes, ambassadeur en
Suisse, etc., et acquit la réputation d’un homme habile et intègre. François Fouquet avait épousé Marie de Maupeou, née en 1590, morte en 1681, dont il eut douze enfants, entre autres Nicolas, le surintendant des finances. D’une charité extrême, elle se consacra au service des pauvres et des malades, à qui elle donnait des remèdes composés par elle. On a d’elle un Recueil de recettes choisires, expérimentées et approuvées (Villefranche,
J663, in-12).
FOUQUET (Nicolas), vicomte de Melun et de Vaux, marquis de Belle-Isle, célèbre surintendant des finances, né à Paris en 1615,
mort suivant toute probabilité en 1680. Maître
des requêtes à l’âge de vingt ans, il
acheta, en 1650, la charge de procureur général
au parlement de Paris, rendit de grands
services à Mazarin, à la reine mère et au
parti de la cour pendant la Fronde, et fut
nommé avec Servien surintendant des finances
en 1653. Il absorba, au reste, à peu près
tout le pouvoir, et son collègue étant mort en
1659, il demeura seul maître de l’immense
administration des finances. Il eut d’abord à
faire face à une situation très-difficile ; l’épargne
était vide, et il dut emprunter des
sommes énormes et même engager une partie
de ses biens pour fournir aux frais de la
cour et des armées. Mais il sut bientôt recouvrer
ses avances et puiser à pleines mains
dans le trésor public pour s’enrichir, acheter
des créatures et satisfaire à ses prodigalités
inouïes. On sait quel désordre et quelle anarchie
régnaient dans nos finances sous l’ancienne
monarchie. Les ministres n’étaient le
plus souvent que les complices des traitants qui
dévoraient le pays, et recevait d’énormes pots-de-vin en échange de ses concessions et de
ses complaisances. C’était une révoltante immoralité,
mais consacrée par l’usage, et Fouquet
ne faisait pas autre chose que ce que
faisait Mazarin lui-même et que ce qu’avaient
fait tous les ministres avant lui. Seulement,
ses dilapidations étaient plus considérables et
plus scandaleuses encore, et il s’engagea avec
les traitants dans une association qui organisait
le vol des deniers publics par une bande
de malfaiteurs sûrs de l’impunité. Fouquet
couvrait de son pouvoir et de son nom les
plus honteuses opérations et recevait des traitants,
en payement de leurs marchés, des papiers
décriés et sans valeur dont l’État supportait
la perte pendant qu’il partageait avec ses
complices le bénéfice acquis. Cependant Mazarin
cessa de ménager le surintendant quand
il cessa d’avoir besoin de lui, et celui-ci, craignant
d’être à la fin sacrifié, s’efforça de se
mettre en mesure de balancer le crédit du
cardinal et même de le remplacer comme premier
ministre. Il répandit l’or à profusion pour
se créer des partisans ; il acheta Belle-Isle
pour s’en faire une place de sûreté et il en fit
augmenter les fortifications et les provisions
de guerre. C’est aussi à cette époque qu’il
rédigea une sorte de plan de conduite pour
les membres de sa famille dans le cas où il
serait arrêté. Plus tard, on se fit de cette
pièce une arme contre lui, et il ne fut pas
difficile de transformer ses mesures de précaution
en actes de révolte. Puissance irrésistible
de l’or ! ce dilapidateur, dont la vie
privée était aussi scandaleuse que la vie publique,
avait pour lui les personnages les plus
considérables et les renommées les plus éclatantes.
Il avait gagné Créqui, général des
galères ; Nuchèze, chef de l’escadre de l’Océan ;
le ministre de Lionne, les d’Aumont,
les Gramont, les Soissons, la plupart des filles
d’honneur de la reine, le confesseur de la
reine mère, etc. Il avait même cherché à corrompre
le confesseur du roi. Le troupeau servile
des gens de lettres et des artistes était
entièrement à lui, grâce à ses abondantes
libéralités. Son faste dépassait celui du roi.
Il avait créé à Vaux un palais et des jardins
dont la magnificence était célèbre dans toute
l’Europe et qui, suivant l’estimation de Voltaire,
lui avaient coûté 18 millions. M. Sainte-Beuve
remarque ingénieusement que c’était
là comme un Versailles anticipé. Avant
Louis XIV, il avait Le Vau pour architecte,
Le Brun pour peintre, Le Notre pour dessinateur
de jardins, Molière et La Fontaine
pour poètes, Pellisson pour secrétaire, Vatel
pour maître d’hôtel, etc. Il y avait dans ce
luxe effréné, dans cette existence plus que
princière et presque indépendante, de quoi
exciter la jalousie du roi lui-même. Toutefois,
Mazarin mourut sans avoir renversé Fouquet,
mais non sans l’avoir perdu dans l’esprit de
Louis XIV, qui déclara devant le conseil qu’il
se passerait désormais de premier ministre et
gouvernerait par lui-même. Le surintendant
déçu espéra lasser le monarque de l’examen
des affaires en falsifiant à dessein ses états
de recettes et de dépenses ; mais cette intrigue
même acheva de le perdre. Il avait dans
Colbert un ardent ennemi qui aspirait à le
remplacer et qui, tous les soirs, contrôlait ses
opérations et en démontrait à Louis XIV l’irrégularité.
La résolution de le frapper fut
dès lors irrévocablement arrêtée. Mais sa
puissance commandait des ménagements.
Aussi Colbert et le monarque dissimulèrent
habilement. Ce dernier même s’attacha à endormir
les défiances du surintendant en redoublant
à son égard d’attentions délicates
et de caresses, en assistant à une fête splendide
qu’il lui offrit dans son château de Vaux
et en lui témoignant une préférence dont
l’affectation eût dû cependant éclairer le ministre.
C’est au milieu même de cette fête,
dont l’éclat fastueux acheva de pousser au
comble son irritation, qu’il devait donner l’ordre
de l’arrêter. « Ah ! madame ! dit-il à la
reine mère en contemplant la magnificence
de cette habitation qui faisait pâlir celle des
résidences royales, est-ce que nous ne ferons
pas rendre gorge à tous ces gens-là ? » Lui-même
nous fournit, dans ses Mémoires et instructions pour le dauphin, la preuve de l’envieuse
colère qu’excitait en lui ce luxe insolent.
On a prétendu aussi que Fouquet, dont
les galanteries ne respectaient personne, avait
lui-même aggravé la haine dont il était l’objet
en osant lever les yeux sur Mlle de La
Vallière, à qui il aurait fait secrètement offrir
20,000 pistoles. Quoi qu’il en soit, peu de
temps après la fête de Vaux, le roi partit pour
Nantes (1661) ; là, sûr de lui, il laissa éclater
sa colère et ordonna enfin l’arrestation du surintendant,
qui l’y avait suivi, comptant toujours,
en cas de disgrâce, avoir le temps de
s’enfuir à Belle-Isle. Mais la rapidité de l’exécution
déjoua tous ses projets. Il supporta du
moins son malheur avec quelque dignité. Les scellés furent apposés dans toutes ses maisons, et le roi voulut faire lui-même le dépouillement de tous les papiers saisis. Outre les
papiers d’État, il y trouva des lettres fort
compromettantes de presque toutes les dames
de la cour. « Peu de personnes de la cour, dit
Mme de Motteville, furent exemptes d’avoir été
sacrifier à ce veau d’or. » Faudrait-il croire que
cette circonstance, en s’ajoutant aux raisons
d’État, ne fut pas étrangère à l’acharnement
avec lequel on poursuivit la condamnation de
Fouquet, aussi bien qu’à la chaleur que mirent
certaines personnes à le défendre ? Transféré
au château d’Angers, puis à Amboise, à Vincennes,
enfin à la Bastille, le prisonnier vit
enfin commencer son procès, qui dura quatre
ans. Outre l’accusation de péculat, qui n’était
que trop justifiée, le mémoire trouvé chez
lui, et où il indiquait à sa famille toute une
série de moyens de résistance pour le cas où
il serait arrêté, le fit accuser aussi de rébellion.
Dans cette pièce imprudente, écrite
d’ailleurs du vivant de Mazarin, il recommandait
à sa femme de s’enfermer dans un couvent,
à son gendre de se fortifier à Belle-Isle,
à ses frères d’agir sur le clergé, de réclamer
l’appui du parlement, etc. Jugé par une commission
nommée par le roi et composée de ses
plus ardents ennemis, il fut reconnu coupable
sur tous les points et condamné. Il l’était à
l’avance. Cependant Colbert et Louis XIV
furent déçus, en ce sens que leur tribunal
n’appliqua au condamné que le bannissement
et la confiscation des biens : on avait espéré
la mort, et l’avocat général Talon avait requis
un supplice infamant, la potence. Coupable,
Fouquet l’était ; il avait, suivant l’expression
de Voltaire, usé des finances de l’État
comme des siennes propres ; mais l’iniquité
de la procédure suivie à son égard, l’acharnement
de ses ennemis ramenèrent l’opinion
en sa faveur, d’autant plus qu’une foule de
ministres tout aussi coupables n’avaient jamais
été punis, et notamment Mazarin, ce qui
prouve, ajoute encore Voltaire, qu’il n’appartient
pas à tout le monde de faire les mêmes
fautes. Louis XIV, jugeant qu’il était dangereux
de laisser sortir du royaume un tel condamné,
vu la connaissance qu’il avait des
affaires les plus importantes de l’État, commua la peine du bannissement en celle de la
prison perpétuelle. Cette commutation dérisoire
fut accueillie par le mécontentement
public. Mais les amis et les clients de Fouquet
s’agitèrent en vain. Pellisson publia pour sa
défense quatre mémoires éloquents qui le
firent jeter à la Bastille ; La Fontaine adressa
au roi une élégie qui serait plus touchante
encore si elle n’avait pas été faite en faveur
d’un concussionnaire gorgé d’or ; Hesnaut fit
contre Colbert un sonnet sanglant ; Saint-Evremond,
Mlle de Scudéry, Brébeuf, Loret, Mme de Sévigné, etc., se prononcèrent en faveur du surintendant ? rien n’y fit. Il fut
transféré au château de Pignerol, confié à la
garde de Saint-Mars, et subit pendant dix-neuf
ans la captivité la plus étroite et la plus
dure. Il occupait les loisirs que lui faisait sa
captivité à apprendre le latin et la pharmacie
à ses domestiques ; il composait des vers pieux
à l’aide du Dictionnaire des rimes, et inventait
des remèdes et onguents pour certaines
maladies. Louvois ne craignait pas de lui demander
pour ses yeux de l’eau de casse-lunette et un mémoire sur la manière de la préparer. On croit assez généralement qu’il mourut
en 1680. Quoique son corps ait été rendu
à sa famille, quelques personnes ont pensé
qu’il n’était pas mort à cette époque et l’ont
confondu avec l’homme au masque de fer,
qui commence à poindre dans l’histoire vers
cette date. Mais cette opinion, reproduite de
nos jours par M. Paul Lacroix, paraît complètement
abandonnée aujourd’hui. On attribue
à Fouquet quelques livres de piété et de morale
qu’il aurait composés dans sa prison ; ce
sont des productions assez médiocres ; mais
d’autres en font honneur au jésuite Boutald,
qui les a éditées. M. Paul Lacroix affirme que
Fouquet est véritablement l’auteur de ces ouvrages.
V. Vie de Fouquet, par d’Auvigny ;
Paroletti, Sur la mort de Fouquet, notes recueillies à Pignerol ; Sainte-Beuve, le Surintendant Fouquet, dans les Causeries du lundi ; P. Clément, Fouquet, dans l’Histoire de Colbert, etc.
Fouquet (défenses en faveur de), par Pellisson, publiées en 1661, sous ce titre : Discours au Roi par un de ses fidèles sujets. Dépositaire des secrets de son bienfaiteur, Pellisson, alors enfermé à la Bastille, composa, malgré les surveillants qui l’entouraient, trois plaidoyers qui, par l’intérêt du sujet, par les ressources du génie, par une élocution abondante et soutenue, méritent d’être comparés aux harangues de Cicéron. Louis XIV ne put lire sans émotion cette sublime défense. Dans ces courageux mémoires, qui sont, dit Voltaire, un mélange d’affaires judiciaires et d’affaires d’État, traitées solidement, le confident de Fouquet s’ingénie avec l’éloquence du cœur à exposer tout ce qui peut justifier le surintendant en disgrâce et atténuer ses torts, s’appliquant avec une certaine adresse à faire ressortir les importants services qu’il a rendus sous Mazarin, sa fidélité au sein du parlement sur la fin de la Fronde, ses ressources de financier dans les temps de guerre, enfin sa vigueur, son adresse, son courage, son génie naturel, « cheval trop emporté, mais généreux, » suivant sa poétique expression.
La première Défense pour Fouquet, dont l’origine était inconnue, fit une profonde impression sur le public. Elle ranima la haine des ennemis du surintendant. Cet accroissement de péril redoubla l’énergie de Pellisson. Sa seconde Défense s’adresse, non au roi, mais à l’opinion publique. C’est un factum, une brochure, sans plan méthodiquement arrêté. L’auteur s’efforce d’intéresser les gens d’affaires en faveur de son malheureux ami, en examinant devant eux, dans les cinq parties de son travail : 1° la question de compétence ; 2° l’énormité des profits tirés des avances d’argent faites au roi, avances qui sont des services rendus à l’État, et non des prêts usuraires ; 3° la nature et les garanties du privilège qui exempte le surintendant de la reddition de ses comptes ; 4° une affaire embrouillée concernant 6 millions, somme fictive, représentée par des billets sans valeur, et regardés comme un vol fait au Trésor ; 5° la critique des abus inhérents à l’administration de la justice aussi bien qu’à celle du Trésor. L’essentiel était d’assurer la circulation de cet écrit ; quelques éloges au roi, où la leçon et la prière s’entremêlent habilement, lui servirent de passe-port. Pellisson dit du roi, en parlant au roi lui-même : « Qu’il soit formidable à ses ennemis, mais que pas un de ses sujets n’en ait rien à craindre. Qu’il soit permis de dire, d’écrire, de publier tout ce qui, sans blesser cette autorité que rien n’égale et cette gloire que rien n’approche, peut soulager l’accablement et l’opprobre d’un malheureux. » Dans le troisième plaidoyer : Considérations sur le procès de M. Fouquet, l’avocat anonyme prend soin de donner le change sur son compte, en supposant des voyages pour l’impression de ses mémoires.
Ces Défenses ont un caractère d’éloquence incontestable ; la logique y est à la fois entraînante et parfaitement claire ; on admire surtout l’habileté dont le généreux avocat fait preuve en sachant intéresser continuellement la gloire du monarque à l’absolution de son ministre, réclamer la justice tout en implorant la clémence, et rejeter sur les malheurs des temps et l’impitoyable nécessité les actes injustifiables. Ces discours méritent donc d’être rangés parmi les chefs-d’œuvre oratoires ; mais il faut reconnaître qu’ils manquent souvent du fini et de la correction antiques. On y a justement signalé des abus de figures touchant à la déclamation, des fautes de construction, des phrases longues et embarrassées, une multiplicité de parenthèses fatigantes. Ces défauts sont surtout sensibles dans la seconde Défense, plus négligée que la première. Ce qu’il y a de remarquable dans les mémoires de Pellisson, c’est que l’éloquence du barreau y fut dépouillée pour la première fois du pédantisme de l’âge précédent, et s’appliqua à parler enfin le langage de la nature et de la raison.
FOUQUET, duc de Belle-Isle, maréchal de France. V. Belle-Isle.
FOUQUET, comte de Belle-Isle, général. V. Belle-Isle.
FOUQUET (Jean-François), jésuite et missionnaire français, mort dans la première moitié du XVIIIe siècle. Il se rendit en Chine, en 1690, apprit la langue du pays, étudia le
livre sacré de Confucius, le Chou-King, fut
frappé de certains passages dans lesquels il
voyait de grandes analogies avec les idées
chrétiennes, s’attacha à y retrouver les mystères
et les dogmes du christianisme, et en
arriva bientôt à prétendre que le Chou-King
est une allégorie perpétuelle où les dogmes
de la religion du Christ sont exposés parfois
aussi clairement que dans la Bible et les
Évangiles. Ce système eut beaucoup de succès
auprès des Chinois et facilita le prosélytisme,
mais il ne fut point approuvé des
théologiens austères. De retour en Europe,
le P. Fouquet se rendit à Rome (1720), et
reçut le titre d’évêque d’Eleuthéropolis. Son
principal écrit a pour titre Tabula chronologica historiæ sinicæ (1729), œuvre dans laquelle
il donne le nom des princes et l’indication
des événements les plus importants de
l’histoire de la Chine ; on y trouve la première
série, donnée en Europe, des Nian-hao,
ou noms d’années, si nécessaires pour la lecture des historiens chinois.
FOUQUET (Henri), médecin français, né
à Montpellier en 1727, mort dans cette villa
en 1806. Il était secrétaire général de l’intendance
de Roussillon et âgé de trente-deux
ans lorsqu’il résolut d’étudier la médecine.
En 1759, il reçut le titre de bachelier, se rendit
à Marseille, où il exerça son art pendant
quelques années, puis il retourna dans
sa ville natale (1766), fut nommé médecin
de l’hôpital militaire, et devint ensuite
professeur à la Faculté. Fouquet a laissé la
réputation d’un des hommes de son temps les
plus versés dans la théorie et les plus habiles
dans la pratique de l’art médical. Le mode
d’enseignement qu’il adopta comme professeur
de médecine clinique fut aussitôt suivi
dans les universités étrangères, où ses ouvrages
avaient porté sa renommée. Les principaux
écrits de Fouquet sont : Essai sur le
pouls considéré par rapport aux affections des
principaux organes (Montpellier, 1768) ; Traitement de la petite vérole des enfants (1772, in-12) ; Prælectiones medicæ decem in Ludovicæo Monspeliensi (1777, in-4o) ; De nonnullis morbis convulsivis æsophagii (1778, in-4o) ; Discours
sur la clinique (1803, in-4o).
FOUQUET (Guillaume), marquis de la Varenne, diplomate français. V. La Varenne.
FOUQUIER (Pierre-Éloi), médecin français,
né à Maissemy (Picardie) en 1776, mort