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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 2, Fj-Fris.djvu/388

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magne, Frédéric de Bade prononça un discours rempli d’une basse adulation, dans lequel il félicitait Guillaume Ier d’avoir restauré l’empire germanique, accepté la dignité impériale vacante depuis soixante ans et placé l’Allemagne sous le vasselage du militarisme prussien.

Nous avons dit que ce prince a une sœur et un frère nés avant lui. Il a, en outre, deux frères et deux sœurs plus jeunes que lui : Guillaume, né le 18 décembre 1820, marié, en 1826, à la princesse Marie, fille du duc de Leuchtenberg ; Charles, né le 9 mars 1832 ; Marie-Amélie, née en 1834, mariée, en 1858, au prince Ernest de Linange, et Cécile, née le 20 septembre 1839, mariée, en 1857, au grand-duc Michel de Russie.

Le grand-duc avait, en outre, pour cousine, la grande-duchesse Stéphanie de Beauharnais, née en 1789, fille adoptive de Napoléon Ier, et qui, en 1806, épousa la grand-duc Charles, cousin germain du duc régnant actuel : il est donc petit-cousin de la duchesse Hamilton, l’un des deux enfants que laissa Stéphanie de Beauharnais.


FRÉDÉRIC (Guillaume-Charles), prince des Pays-Bas, second fils du roi Guillaume Ier, né le 28 février 1797, après que sa famille eut été obligée de quitter la Hollande. Il fut élevé à Berlin, où il reçut des leçons du célèbre Niebuhr, qui, depuis, devint son ami le plus intime. En 1813, le jeune prince retourna en Hollande, et, par le décret du 4 avril 1815, fut déclaré héritier présomptif des possessions allemandes de la maison d’Orange. Mais la révolution belge de 1830 le priva de ce titre, et il dut désormais se contenter de celui de prince des Pays-Bas. Frédéric-Guillaume commandait les troupes royales à Bruxelles pendant les journées des 25 et 27 septembre 1830, où, après de sanglants combats, l’armée hollandaise dut battre en retraite. Depuis cette époque, ce prince a entièrement renoncé à la carrière militaire et s’est mis à voyager ou à s’occuper de travaux littéraires. Le 21 mai 1825, il a épousé la princesse Louise de Prusse, fille de Frédéric-Guillaume III, dont il a eu deux filles : la princesse Louise, née le 5 août 1828 et mariée, en 1850, au prince royal de Suède, et la princesse Marie, née le 5 juillet 1841.


FRÉDÉRIC (Émile-Auguste), prince de Noër, né à Copenhague en 1800, mort en 1865. Il était frère du prince Christian-Auguste de Slesvig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg. Nommé par son beau-frère, le roi Christian VIII de Danemark, commandant en chef des troupes du Slesvig-Holstein (1842), il se démit de ces fonctions en 1846, lors de la promulgation de la lettre patente qui établissait le principe de l’intégrité perpétuelle de la monarchie danoise. Deux ans plus tard, il devint membre du gouvernement provisoire et ministre de la guerre du Slesvig-Holstein, commanda les troupes des duchés pendant la guerre contre le Danemark, fut, pour ce motif, privé de ses titres et dignités par le roi Christian, et excepté de l’amnistie accordée aux duchés en 1851.


FRÉDÉRIC-CHARLES (Nicolas), prince prussien, fils de Charles, frère du roi Guillaume Ier de Prusse, né en 1828. Il prit part aux expéditions dirigées, en 1848, contre le Slesvig-Holstein, et, en 1849, contre le grand-duché de Bade, pour y étouffer la république. Depuis sa jeunesse, le prince Frédéric-Charles n’a cessé de s’occuper de l’art militaire, particulièrement de la façon dont les Français combattent, et il fit connaître le résultat de ses études sur ce sujet, soit par des discours, soit par des notes lithographiées, communiquées à des officiers prussiens. Un jeune officier, à qui ces études du prince furent montrées, composa un écrit intitulé : l’Art de combattre des Français, qui parut à Francfort, et qui était signé des initiales P. F.-C. Ces initiales et le sujet même de l’ouvrage firent croire que c’était le prince Frédéric-Charles qui en était l’auteur. Cet écrit produisit une assez grande sensation en France et en Allemagne, surtout à cause du titre, qui prête à l’équivoque, et qui signifie également l’art de combattre les Français et l’art des Français pour combattre. Pour mettre fin aux commentaires de la presse et aux interprétations qui avaient cours, il fallut que le jeune officier dont nous venons de parler se déclarât publiquement l’auteur de l’opuscule et expliquât son titre dans un sens qui ne présentait plus rien d’hostile contre la France. De son côté, le prince Frédéric-Charles repoussa toute participation à la publication de cet écrit.

En 1864, le prince commanda un corps dans la guerre contre le Danemark. Il se distingua au passage du Schlei, effectué le 6 février, et força les Danois à évacuer la grande forteresse de Danewerk ; ensuite il les attaqua dans leurs retranchements de Düppel, qu’il prit d’assaut le 18 février (1864). Il devint alors commandant supérieur de l’armée alliée. En cette qualité, il donna l’ordre au général Bittenfeld de prendre possession de l’île Alsen, qui fut conquise immédiatement. Le prince Frédéric-Charles s’est conduit avec une grande distinction, en 1866, dans la guerre de la Prusse contre l’Autriche. Il commanda un corps d’armée à la bataille de Sadowa, prit une grande part à la victoire des Prussiens, et, par sa décision, par la promptitude de ses manœuvres, il contribua au rapide succès de cette guerre mémorable. Sa réputation comme homme de guerre était faite lorsque, en 1870, la France et la Prusse en vinrent aux mains. Mis alors à la tête de la première armée, forte d’environ 150,000 hommes, et formant l’aile droite des forces prussiennes, il quitta Sarrelouis dans les premiers jours du mois d’août, et franchit la frontière française entre Sierck et Thionville, pendant que l’armée du centre, sous les ordres de Steinmetz, poursuivait les corps de Frossard et de Bazaine, qui se repliaient sur Metz. Opérant de concert avec Steinmetz, Frédéric-Charles s’avança vers cette dernière ville, où Bazaine avait rallié cinq corps d’armée sous son commandement suprême. Le 14 août commença, entre les armées française et prussienne, une série de combats acharnés près de Metz. Le 16, Bazaine, ayant tenté de se replier de Metz sur Verdun, fut attaqué, entre Doncourt et Vionville, par le gros des troupes de Frédéric-Charles et de Steinmetz, qui subirent des pertes énormes. Le 18, eut lieu la bataille de Gravelotte, encore plus sanglante et plus acharnée, à la suite de laquelle le maréchal Bazaine s’établit dans un camp sous Metz, et se trouva complètement investi, ainsi que cette place forte (19 août). Le prince Frédéric-Charles reçut l’ordre de maintenir dans cette situation les cinq corps de Bazaine, tandis que les armées de Guillaume, du prince de Saxe et du prince royal marchaient contre l’année formée à Châlons, et dont Mac-Mahon était commandant en chef. Pendant qu’avaient lieu la bataille de Carignan et la capitulation de Sedan, Bazaine tenta de rompre les lignes prussiennes le 31 août et le 1er septembre, mais il dirigea ses mouvements avec mollesse. Frédéric-Charles lui opposa une vive résistance, et Bazaine rentra dans ses campements, où le prince le tint enfermé-jusqu’au 27 octobre. À cette époque, le prince Frédéric-Charles, qui avait réuni à son commandement celui de l’armée de Steinmetz, tombé en disgrâce, reçut la visite du général Changarnier, chargé par Bazaine de négocier une capitulation. Il accueillit avec courtoisie le négociateur, mais se montra inflexible dans ses exigences, et, le 27, après un investissement de soixante-dix jours, Bazaine capitulait avec 173,000 hommes, les meilleurs soldats de la France, rendait Metz, qui jamais auparavant n’avait été prise, et livrait aux vainqueurs un immense matériel de guerre. Le même jour, le prince allemand adressait à son armée une proclamation dans laquelle il la félicitait d’être la cause d’un événement qui devait avoir une immense influence sur l’issue de la guerre, et qui, disait-il à ses soldats, « rendait possible la grande œuvre qu’avec l’assistance de Dieu ils avaient accomplie, — l’annihilation de la puissance de la France. » À la nouvelle de cette capitulation, le roi de Prusse éleva son neveu à la dignité de général feld-maréchal (28 octobre).

Comme on le sait, à cette époque, le gouvernement de la défense nationale entama des négociations de paix avec le roi de Prusse ; mais les exigences du vainqueur empêchèrent la mission de M. Thiers d’aboutir, et la guerre à outrance fut résolue. Dès le 9 novembre, l’armée de la Loire, commandée par d’Aurelles de Paladines, prenait l’offensive, battait les Prussiens à Baccon, à Coulmiers, reprenait Orléans et forçait le général von der Tann à battre en retraite. Le roi de Prusse résolut alors d’écraser cette armée, dont les forces augmentaient sans cesse, et chargea de ce soin Frédéric-Charles, qu’il nomma commandant en chef de l’armée du centre, forte d’environ 200,000 hommes. Jusqu’à la fin du mois de novembre, ce prince concentra ses forces pour frapper un grand coup. Après avoir remporté quelques avantages, notamment à Neuville, à Patay, à Beaune-la-Rolande (28 novembre), l’armée de la Loire marchait en avant pour opérer sa jonction avec l’armée de Paris, lorsque Frédéric-Charles fondit sur elle, la repoussa au delà d’Orléans, qui retomba pour la seconde fois au pouvoir des Prussiens (5 décembre) ; puis il fit poursuivre, par le duc de Mecklembourg, cette armée, dont le commandement venait d’être donné à Chanzy. Ce dernier opéra habilement sa retraite sur le Mans, en faisant subir de grandes pertes à l’ennemi dans une série de combats (7-17 décembre), et y reconstitua son armée. Mais, le 11 janvier 1871, Frédéric-Charles, à la tête de forces considérables, s’avança jusque sous les murs du Mans, attaqua de nouveau Chanzy, le força encore une fois à battre en retraite, à la suite d’une défaite due en partie à une panique des mobilisés de la Bretagne, et à se replier en arrière sur Laval. Peu après, la capitulation de Paris mettait fin à la guerre (25 janvier). Le prince Frédéric-Charles passe pour être un des meilleurs généraux de la Prusse. Comme le roi Guillaume, comme de Moltke et Bismark, il professe une aversion profonde contre la France, qu’il eût voulu voir définitivement écrasée, et qu’il a livrée à la plus sauvage dévastation partout où ses soldats ont passé.


FRÉDÉRIC (Christian-Auguste), prince héréditaire de Slesvig-Holstein-Sonderbourg-Augustenbourg, né au château d’Augustenbourg, dans l’île d’Alsen, en 1829. Il est le fils aîné du prince Chrétien ou Christian. Il venait de terminer son éducation et se disposait à partir pour l’université, avec son plus jeune frère Christian, au printemps de l’année 1848, lorsque arriva la nouvelle du soulèvement du Slesvig-Holstein. Les deux frères, ne se croyant pas, et avec raison, en sûreté dans l’île d’Alsen, en face de la flotte danoise, s’enfuirent de cette île le 20 mars, gagnèrent le continent et se rendirent à Rendsbourg, où ils entrèrent dans l’armée holsteinoise. Le prince Frédéric fit cette guerre de trois ans contre le Danemark, en qualité d’officier de l’état-major général, et fut chargé, comme tel, par le gouvernement des duchés, en avril 1840, de porter aux autorités fédérales allemandes, à Francfort-sur-le-Mein, le pavillon du vaisseau de guerre danois le Christian VIII. Après le rétablissement de la domination danoise, toute la famille d’Augustenbourg fut bannie des duchés. Le prince Frédéric fréquenta alors pendant deux années l’université de Bonn et entra dans l’armée prussienne, qu’il quitta en 1856, avec le grade de major à la suite dans le premier régiment de la garde à pied. Il acheta à cette époque la propriété de Dolzig, dans la basse Lusace, et épousa, le 11 septembre de la même année, la princesse Adélaïde de Hohenlohe-Langenbourg. Il vécut dès lors dans une profonde retraite, d’où il ne sortit qu’une fois, en janvier 1859, pour adresser au roi Frédéric VII de Danemark une lettre destinée à sauvegarder ses droits héréditaires.

À la mort de Frédéric VII, il fit tout à coup sa rentrée sur la scène politique par une proclamation, datée du 16 novembre 1863, dans laquelle il déclarait que, vu le désistement de son père et sa qualité d’héritier immédiat, il prenait en main le gouvernement des duchés de Slesvig-Holstein ; il élevait en même temps des prétentions sur le Lauenbourg. Par un décret daté du 5 décembre et signé : « le duc Frédéric VIII, » il ordonna la levée d’un impôt volontaire, destiné à fournir les fonds nécessaires à la formation et à l’entretien d’une armée holsteinoise. Un certain nombre de princes allemands reconnurent aussitôt te nouveau duc ; mais la diète germanique différa sa décision. Dans les duchés, une grande partie de la population se déclara pour le nouveau souverain, et à peine les troupes de la Confédération eurent-elles forcé les Danois d’évacuer le Holstein qu’il fut proclamé duc, non-seulement dans diverses localités, mais encore dans la grande assemblée nationale qui fut tenue à Élmhorst le 27 décembre. Le prince entra le 30 décembre 1863 à Glukstœdt, se rendit de là à Kiel, et résida alternativement à l’hôtel de ville et dans une villa voisine, à Dusternbrook. Mais l’espérance qu’on avait de le voir prendre aussitôt en main le gouvernement ne se réalisa pas, vraisemblablement parce que le prince et ses deux conseillers, Samwer et Francke, comptaient que la diète germanique reconnaîtrait promptement le nouveau duc. Ce fut ainsi que l’enthousiasme du moment et l’occasion favorable qui s’offrait demeurèrent inutilisés, et bientôt l’intervention énergique des deux grandes puissances allemandes rendit impossible toute action de la part du pays lui-même. Le prince se vit cependant proclamé duc dans diverses villes du Slesvig ; plusieurs députations vinrent même à Kiel lui rendre hommage, et dans la grande assemblée du peuple, tenue à Rendsbourg le 8 mai 1884, on annonça encore une fois comme programme national « un Slesvig-Holstein libre, sous la souveraineté du duc légitime Frédéric VIII. » Mais on ne put se dissimuler plus longtemps que l’on ne pouvait rien entreprendre sans l’assentiment ou contre l’assentiment des grandes puissances allemandes. Du reste, la Confédération germanique avait depuis longtemps renoncé à toute initiative, tout au moins depuis que la proposition, faite par la Bavière, d’une prompte installation du prince comme duc de Holstein, avait été repoussée. Un moment néanmoins les circonstances semblèrent prendre une tournure plus favorable ; ce fut lorsque, à la conférence de Londres, l’Autriche, la Prusse et la Confédération mirent en avant, comme solution pacifique éventuelle de la question, l’installation immédiate du prince héréditaire comme duc du Slesvig-Holstein ; mais cette proposition fut rojetée par le Danemark, et l’on n’en parla plus. En même temps, le prince héréditaire s’aliénait le gouvernement prussien, et, d’un autre côté, surgissait un nouveau prétendant, le grand-duc d’Oldenbourg. La Confédération invita les deux rivaux à établir leurs droits. Le prince Frédéric adressa, les 1er septembre et 3 novembre 1864, à la diète germanique, le mémoire où il faisait valoir les siens ; mais déjà la question avait été tranchée, sinon en droit, du moins en fait, par la Prusse et l’Autriche, que la paix de Vienne et la retraite des troupes de la Confédération mirent en la possession exclusive des duchés de Slesvig-Holstein et de Lauenbourg. V. Slesvig-Holstein.


FRÉDÉRIC-GUILLAUME (Nicolas-Charles), prince royal de Prusse, héritier présomptif de la couronne, né le 18 octobre 1831. Il est le fils de Guillaume Ier, proclamé empereur d’Allemagne en janvier 1871. Sous-lieutenant dès l'âge de dix ans, il fut, comme tous les princes, rapidement élevé aux premiers grades de l’armée, et compléta son instruction militaire surtout en visitant les principales capitales de l’Europe. En 1858, il épousa la fille aînée de la reine d’Angleterre, la princesse Victoria, dont il a eu plusieurs enfants. Le prince Frédéric-Guillaume ou, comme disent les Allemands, le prince Fritz, était plus connu par son caractère simple, débonnaire, aux allures un peu bourgeoises, que par ses goûts militaires, lorsqu’il fit, en 1864, sa première campagne contre le Danemark. Dans cette guerre injuste contre un petit peuple, dans cet écrasement du faible par le fort, il ne fallait point parier de gloire à recueillir. Son rôle fut autrement important lorsque éclata, en 1866, la guerre entre la Prusse et l’Autriche. À cette époque, le prince Fritz, chef d’un régiment de hussards russes, propriétaire d’un régiment d’infanterie autrichienne, inspecteur de la première division de l’armée, lieutenant général, etc., reçut le commandement en chef de l’armée de l’Oder, à la tête de laquelle il prit une part importante à la brillante campagne qui aboutit, en quelques semaines, à la victoire décisive de Sadowa (3 juillet 1866). Le prince royal eut l’honneur de contribuer personnellement au succès de cette grande bataille. Au mois de juin de l’année suivante, il se rendit à Paris pour y visiter l’Exposition universelle, et reçut de Napoléon III l’accueil le plus amical. Trois ans plus tard, la candidature du prince de Hohenzollern était le prétexte d’une rupture entre la Prusse et la France, et une guerre terrible s’ensuivait.

Mis à la tête de la troisième armée, composée de troupes prussiennes, bavaroises, wurtembergeoises et badoises, le prince Frédéric-Guillaume quitta, le 4 août 1870, son quartier général de Landau et marcha sur Wissembourg, où campait la division du général Abel Douay. Comme on le sait, Napoléon III, dans son impéritie, ne tenant aucun compte de la principale cause des succès des Prussiens contre l’Autriche en 1866, avait éparpillé ses corps d’armée, au lieu d’opposer des masses compactes aux formidables armées de la Prusse. À la tête d’environ 80,000 hommes, le prince royal attaqua, le 4 août, les 8,000 ou 10,000 hommes commandés par Douay. Malgré des prodiges de valeur, écrasés par le nombre, les Français furent battus et durent opérer leur retraite en laissant 500 prisonniers entre les mains de l’ennemi. Poursuivant alors avec rapidité sa marche en avant, le prince Frédéric-Guillaume, dont les forces s’étaient encore accrues, rencontra, le 6 août, à Froeschwiller, près de Reichshofen, le corps d’armée de Mac-Mahon. Ce dernier, n’ayant que 30,000 hommes à opposer à 100,000 Prussiens, servis par un nombre de canons quadruple du nôtre, fit tout ce qu’il était humainement possible de faire pour éviter un échec. De sept heures du matin à quatre heures du soir, ses soldats se battirent comme des lions ; mais, ayant eu sa droite débordée, il dut battre en retraite vers Saverne. On raconte que le prince royal, en voyant défiler devant lui des Français faits prisonniers dans cette lutte héroïque, se découvrit respectueusement, et, se tournant vers son état-major : « Saluez le courage, messieurs, dit-il. Je n’ai de ma vie rien vu d’aussi brave que ces soldats que la fortune a trahis. » Il poursuivit alors Mac-Mahon jusqu’à Ingwiller, puis s’avança à travers les Vosges, pendant que ce dernier opérait sa retraite vers Châlons.

Par sa marche stratégique en avant, le prince Fritz couvrit le flanc gauche de la principale armée prussienne, de façon qu’elle pût, en toute sécurité, tenir en échec l’armée de Bazaine. Puis, changeant brusquement de direction, il s’avança à marches forcées par Commercy, Bar-le-Duc, Saint-Dizier et Vitry dans le pays qui s’étend entre la Marne et l’Aube, pour atteindre par derrière Mac-Mahon, en marche sur Sedan. Pendant la bataille de quatre jours (30 août-2 septembre) qui se termina par la funeste capitulation de Sedan, le prince royal aida puissamment l’armée prussienne, commandée par le roi Guillaume, et celle du duc de Saxe à amener ce résultat si triste pour nos armes. Après ces succès inespérés, le prince royal alla compléter avec son armée l’investissement de Paris. C’est pendant le cours de cet investissement qu’en apprenant la capitulation de l’armée de Bazaine et de Metz le roi Guillaume résolut de donner un témoignage public de sa satisfaction à son neveu et à son fils, dont les succès avaient été si éclatants. Dans une lettre, datée de Versailles le 28 octobre 1870, le roi de Prusse, rappelant les victoires et les opérations de guerre dirigées par le prince royal : « Tout cela, dit-il, pris dans son ensemble, signale en toi le grand capitaine chéri de la fortune. Aussi mérites-tu d’occuper le rang le plus élevé dans la hiérarchie militaire, et je te nomme, par la présente, général feld-maréchal. C’est pour la première fois que cette distinction, que je confère également au prince Frédéric-Charles, échoit en partage à des princes de notre maison. » S’il est difficile de voir dans le prince royal de Prusse un « grand capitaine, » on ne saurait nier toutefois qu’il n’ait montré de sérieuses qualités militaires, et qu’il n’ait rempli avec habileté le rôle qui lui était assigné dans le plan si remarquablement conçu par le général de Moltke. Ce prince, du reste, conserva, paraît-il, dans la victoire cet esprit de modération qui manqua si comètement