Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 3, Frit-Gild.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

GALA

terie mon esclavage. Il avait trouvé charmant que je voulusse ressusciter les beaux jours d’.Amadis et de Galaor, à propos d’une beauté si peu pastorale. »

Louis Ulbach. « Douze lieues à franc étrier pour venir dire adieu à une femme et tout au plus lui baiser la main I Je ne me lasse pas de le répéter, c’est courtois, c’est galant, c’est chevaleresque ; il y a là de l’Amadis ou plutôt du Galaor. »

Ch. de Bernard.

GALAPAGOS ( !les), c’est-à-dire îles des Tortues, archipel du Grand Océan équinoxial, à iOÛ kilom. 0. des côtes du Pérou ; par 1° 43’ de lat. N., lo 25f de !at. S., 90» 24’ et 94° 22’ de long. O. Cet archipel appartenait, avant

!854, à la république de 1 Equateur, qui en

avait fait un lieu de déportation pour les malfaiteurs ; les États-Unis l’ont acquis pour une somme de 15 millions de francs. Les Sles principales de l’archipel de Galapagos, sont ; Albemarle. Chatham, Norfolk, Bindloes, Cowley, Abingdon, Cnkhvel, Narborough. Ces îles, qui couvrent ensemble une superficie de U7 myriamètres carrés, sont d origine volcanique (l’île d’Albemarle a cinq volcans) et offrent un aspect sauvage et imposant. Sur plusieurs points des côtes, des masses énormes de lave noire ont formé des rochers extrêmement élevés. On y recueille près de 200 espèces de plantes, parmi lesquelles il en est un grand nombre que l’on ne rencontre sur aucun autre point du globe. Les tortues y abondent ; elles sont vraisemblablement l’espèce la plus grande que l’on connaisse. Quelques-unes pèsent, dit-on, 200 à 300 kilogrammes et sont excellentes à manger..

C’est au xvio siècle que les Espagnols découvrirent les îles Galapagos ; mais ils ne s’y établirent pas.

GALAPENTIN s. m. (ga-la-pan-tain). Ancienne arme blanche dont le nom seul noua est connu.

GALAPIAT s. m. (ga-la-pia). Pop. Vaurien, vagabond. Il Mot patois. On du ùalapian dan# certaines provinces.

GALAtt, nain ou divèryar qui, dans la mythologie Scandinave, de complicité avec Fialur, un autre nain, tua Kwaser ou Kouaeer, et du mélange de son sang avec du miel prépara le met h divin. C’est ce melh qui donnait l’inspiration poétique et le don de prophétie. Odin, tout en punissant le crime, chercha à s’emparer de la préparation magique. Il envoya Suttoung, le fils de Kwaser, à la recherche des deux meurtriers ; celui-ci les découvrit et les jeta au milieu de la mer, où 113 coururent risque de se noyer. Il ne leur "accorda la vie que lorsqu’ils eurent promis de remettre la divine liqueur ejitre ses inains. GALAEDIE s. f..(ga-lar-dî — altér. de gaillardfe). Bot. Syn. de gaillardik.

GALABICIDE s. f. (ga-la-ri-si-de). Bot. Autre nom de ia oalactik.

GALARIN s. m. (ga-la-rain). Ornith. Nom v ulgaire de ia macris.

GALARIPS s. m. (ga-la-ripss). Bot. Genre de plantes grimpantes, de la famille des apocynées, appelées aussi lianes à lait.

GALASIIIElS, bourg d’Écosse, partie dans e comte de Selkirk, partie dans celui do Roxburgh, sur la Gala, près de son embouchure dans la Tweed ; 4,000 hab. Importantes fabriques de draps ; manufactures de tartans, de tweeds et de châles. Les environs ont été décrits par Walter Scott, dans le Monastère.

GALASIE s. f. (ga-la-zl — altér. de néla- sie). Bot. V. GÉLASIE.

GALATA. V. ConstantiROple (faubourgs de). D

GALATARQUE s. in. (ga-la-tar-ke — de Galate, et du gr. archos, chef). Hist. Chef de la confédération des Galates. Il Grand prêtre des Galates.

CALATES, habitants da l’ancienne Galatie. V. ce mot.

flalaiPB (iïpitru aux), de saint Paul. V.

UI’ÎTRK.

GoIrioq, opéra italien en deux actes, livret de Métastase. Cet ouvrage célèbre a été mis en musique par Bianchi, Namnann, Hœndol, Haydn. (V, Acis et Galatée.) Sous le titre de Galatea vindicata {Gaiatée vengée), François Coati fit jouer cet opéra à Vienne en 1727. 11 paraît avoir été le premier qui en ait écrit la musique. Les personnages de la pièce sont :Galatea, Acide, Polifemo, Glauce, Tetide. L action se passe en Sicile, près de la mer, au pied du mont Etna. Les airs les plus remarquables de cette charmante pastorale sont les suivants ; Timor roi scaccia ; Varca il viar di spnnda in sponda : La toriora innocente, par Galatea ; Quel lanyuidetto giglio ; Vicino a quel ciglio ; Alla stagion novello ; Clti sente intorno al core, par Acide ; Se scordato il primo amore ; Smmo l’onde, e fan l’arène ; Alira il monte, e -oedi, corne ; Dalla spelunca usctie, par Polifemo ; Benchè ti sia crudel ; Se vi traccia del placer, — Le diro, -cke vago set, par Glauce ; Più bella aurora, par Tetide ; le duetto Se vedrai co’ primi albori, par Galatea, et enfin le cœur linal : Faccium di lieli acr.enti. Le dénoûment terrible de la fable a été

GALA ■

nécessairement épargné aux spectateurs trop sensibles du xvme siècle. Thétis protège les deux amants et soustrait Acis à la jalousie du cyclope. Tous deux fuient l’île inhospitalière sur la conque marine do la déesse.

GALATÉADÉ, ÉE adj. (ga-la-té-a-dé). Crust. Syn. de gai.atiiéide.

•GALATÉE s. f. (ga-la-té — du gr. gala,

lait). Bot. V. GALATELLIi.

— Crust. V. GALATHÉK.

— Moll. Syn. de galathëk.

— Entom. Genre de lépidoptères.

GALATEE, la plus belle et la plus tendre des" néréides. Elle fut aimée dePolyphème, auquel elle préféra le bel Acis, jeune berger de Sicile, fils du dieu Faune et do la nymphe Syméthis. Polyphème les ay&nt surpris’ensemble, retirés dans une grotte mystérieuse au bord de la mer, éprouva un tel accès de jalousie furieuse, qu’il écrasa son rival sous un rocher. Gaiatée, tremblante de frayeur, se précipita dans la mer et alla rejoindre les néréides ses sœurs. Acis fut changé en fleuve par les dieux, quelques-uns disent en rocher.

Ovide a poétiquement retracé cet épisode mythologique ; nous n’en reproduirons ici que les principaux traits. C’est Gaiatée elle-même qui parle (Métam., liv. XIII, trad. Desaintange) :

Acis. de ses parercto et l’idole et l’amour, ue Faune et de Simèthe avait reçu te jour : Acis, cher à tous deux, me fut plus cher encore. Beau de sa puberté dont la (leur vient d’éolore, 11 me vit, il m’aima ; je ne l’aimai pas moins, Et mon empressement répondit a ses soins. Je ne cherchais que lui ; mais, ô malheur extrême ! Je charmais le cyclope ; il me cherchait de même. Qu’il m’était odieux ! 0 toi que j’adorais 1, Je no t’aimais pas plus que je ne l’abhorrais, O Vénus ! quelle est donc ta puissance invincible ? Ce géant redouté, ce cyclope terrible, Monstre hideux, l’horreur des monstres des forêts, Que sans trouver la mort nul n’aborda jamais, Cet ennemi des dieux que son orgueil blasphème. Soumis 4 ton empire, il est sensible, il aime. Consumé de tes feux, de mes charmes épris, Il oublie et son autre et ses chères brebis. Ce difforme géant, soigneux île sa parure, Peigne avec un râteau sa noire chevelure, Et sa barbe au poil dur tombe sous une faux. Il va se contempler dans le miroir des eaux ; Il cherche à prendre un air moins dur et moins farouche. L’ardente soif du sang n’altère plus sa bouche. Moins affamé de meurtre, il perd sa cruauté : Le nocher dans son île aborde en sûreté.

Non loin de la s’élève une roche pointue, Par la vague à ses pieds des deux côtés battue ; C’est là que le cyclope, en ses chagrins amers, • Vient s’asseoir sur lu roc qui domine les mers. La ses brebis sans guide avaient suivi leur maître. À ses pieds est un pin, sa houlette champêtre, Arbre noueux, égal au grand mat des vaisseaux. Sa flûte pastorale, aux tubes inégaux, Forme de cent roseaux un assemblage énorme. Il la remplit du vent de sa bouche difforme. Aux sifflements aigus de son rauque hautbois, Vous eussiez vu frémir et les eaux et les bois. Moi, sous les flancs d’un roc, a ses regards cachée. Assise auprès d’Acis et dans ses bras penchée, J’écoutais le cyclope, attentive a ses sons. Et sans rien oublier, je retins ses chansons.

■ Demnustier, qui a imité.Ovide dans tout cet épisode, reproduit ainsi les-plaintes que le cyclope exhalait d’une voix terriblement tendre :

De mon esprit et de mon cœur

Gaiatée est la souveraine. Plus leste qu’un chevreuil et plusdroite qu’un chêne, Elle efface, au printemps, l’éclat et la blancheur

De l’églantier et du troène.

Le lait pur a moins de douceur, Le verre est moins brillant, la pomme, moins ver Le raisin jauni sur la treille [meille ;

A moins d’esprit et de saveur ;

Le cèdre "est moins superbe qu’elle. Ses regards font pâlir la lumière du jour. Elle serait parfaite, enfin, si la crueïle

Savait répondre a. mon amour.

Mais, plus inconstante que IVnde, Plus dure que le roc, plus souple que l’osier,

Plus piquante que le rosier, Elle irrite, elle aigrit ma blessure profonde. L’impétueux torrent, le coursier indompté, La flamme du bûcher qu’embrase une étincelle, Sont moins fougueux, sont moins emportés qu’elle ;

Le tigre a moins de cruauté,

L’ours a moins de férocité

Et le paon moins de vanité.

Et le galant Polyphème continue lontemps encore sur le même ton, tandis qu’Acis et Gaiatée l’éeoutent fort tranquillement et se regardent en souriant ; mais tout à coup le cyclope arrive sur le rocher qui surplombe la grotte, et il voit les deux, amants... Reprenons le récit d’Ovide :

4 «Je vais donc me venger !

Mettez bien a profit l’instant qui vous rassemble : Ce sera le dernier. • 11 parle, la mer tremble. Figurez-vous la voix d’un cyclope en fureur : L’Etna dans ses rochers en a’frémi d’horreur. Au fond des flots voisins je rentre épouvantée.

Acis est poursuivi ; le cyclope lui lance Un débris de rocher d’une grosseur immense. Acis fuyait en vain. Sous le bloc meurtrier 11 meurt, par cette masse écrasé tout entier.

GALA

Je fais alors pour lui ce que je pouvais faire : J’obtiens que, nouveau fleuve, il puisse encor me plaire. Bu sang qui, sous le roc glisse a flots empourprés. La couleur en son cours s’efface par degrés ;-Tel après un orage, altéré pur la fange, Un torrent de ses flots épure le mélange. Le rocher au dehors se couvre de roseaux, Et bruit au dedans du murmure des eaux. Enfin, le croiriez-vousî le prodige s’achève, Et, du fond du canal, un jeune homme s’élève, Semblable et différent, sa taille s’agrandit, Et de joncs couronnés son visage verdit. C’est Acis : Il est fleuve, et son onde nouvelle Conserve de son nom le souvenir fidèle.

Les bords du fleuve Acis, il est superflu de le dire, eurent souvent lu visite de Gaiatée. , dit Dcmoustior :

La, chaque soir, pour charmer son veuvage, Elle venait pleurer sur le rivage ; Et quand la nuit ramenait les désirs, La nuit jadis si féconde en délices ! L’illusion, les ténèbres propices, Jusques au jour lui rendaient ses plaisirs ; Et se plongeant tant qu’arrivait l’aurore, Dans ses flots caressants et doux, Elle croyait sentir encoro Les caresses de son époux. La fontaine du Luxembourg, à Paris, si connue sous le nom de Fontaine de Médicis, représente Acis et Gaiatée au moment où ils sont surpris par Polyphème.

Galatce sur les eaux OU le Triomphe de

Gnloiée, célèbre fresque de Raphaël ; au palais de la Farnésine, à Rome. Le sujet de ce chefd’œuvre est emprunté au récit du cyclope dans Philostrate. La blanche néréide, qui enflamma d’amour Polyphème, vogue sur la mer, debout sur une large conque armée de roues et attelée de deux, dauphins que l’Amour dirige et dont elle cherche elle-même à modéreur l’ardeur, à l’aide des rênes. Mais, tandis que ses bras sont tendus en avant par l’effort, elle rejette sa tête en arrière, et ses yeux, pleins d’une douce mélancolie, se dirigent vers le ciel, foyer des nobles inclinations. Elle semble ainsi protester, par un élan vers l’infini, contre la puissance qui l’entraîne vers les jouissances d’ici-bas. Le Zêphyre déroule sa blonde chevelure, gonfle sa draperie de pourpre, découvre et caresse son corps charmant. L’Amour, suspendu des deux, mains aux nageoires de l’un des dauphins, est couché de côté sur une légère draperie rose qui flotte à la surface de l’eau ; son corps, que des ailes légères soutiennent et protègent, se cambre avec une grâce et une flexibilité ravissante ; sa tête, penchée en arrrière, comme celle de Gaiatée, a la même expression de sensibilité délicate et de vague tristesse. De chaque côté du groupe principal, trois figures de divinités marines complètent le tableau avec une heureuse symétrie. À gauche, un triton, aux formes miisculeuses, enlace une néréide qui résiste à ses caresses avec plus de coquetterie que de décision, ramenant au-dessus de sa tête une draperie jaune que le vent gonfle et arrondit en forme de voile ; au second plan, un jeune dieu marin, monté sur un hippocampe, souffle à pleines joues dans un large coquillage. A droite, un triton, coiffé de pampres à la manière des suivants de Bacchus, sonne aussi de la conque ; derrière lui, une néréide, assise sur le dos d’un centaure marin qui se dirige vers le fond du tableau, s’appuie avec un. voluptueux abandon sur l’épaule de son ravisseur et sourit à ses regards passionnés. Dans le ciel enfin, du haut des nuages, trois petits Amours décochent des traits contre les néréides ; un quatrième, dont on ne voit que le visage irrité, les mains et le bout des ailes, apporte uns provision de flèches.

Ce tableau, si simple dans son ordonnance et si clair dans son esprit, n’a d’autre horizon que la vaste mer et l’azur limpide de la voûte céleste.

« C’est ainsi, a dit M. Gruyer, que Raphaël a tiré du très-insignifiant ’récit de Philostrate une composition qui restera comme une des merveilles de l’art... Gaiatée apparaît là comme une étoile qui sort du sein des eaux pour.remonter au ciel, et oui, dans sa trajectoire lumineuse, rencontre les passions vulgaires et les appétits grossiers. L’idéal rayonne dans cet accord divin de la douleur. et de la beauté, et c’est avec raison que cette peinture a traversé les âges sous le nom de Triomphe de Gaiatée. Nulle image ne résume mieux que celle de Gaiatée elle-même le sentiment profond de la femme. Quelle noblesse dans ces traits que la douleur exalte, et quelle éloquence dans ce regard qui semble chercher en haut un secours et une consolation ! Quelle exquise suavité dans la courbe du cou, et quelle grâce touchante dans la manière dont la tète s’élève en s’inclinant vers la droite ! Quelle est expressive en son désordre cette blonde chevelure que le vent agite en arrière et fait flotter en longues tresses, semblables à des flammes qui couronnent et entraînent cette tète charmante I Quelle heureuse ondulation cadence les lignes de l’épaule et du dos, de la hanche et des cuisses ! Quelle rondeur et quel modelé dans les bras ! Quelle beauté dans les mains ! Comme toutes les articulations sont justes et aveu quelle netteté, exempte d’emphase, elles sont accusée ? ! Combien les jambes sont élégantes ! Quelle spontanéité dans le mouve GALA

935

ment de la cuisse et de la jambe gauches, et comme co mouvement, à travers ia draperie qui le couvre, a quelque chose de décisif pour l’expression de toute la figure ! Quello délicatesse dans ce pied qui sort du frôle esquif et qui, rasant les flots, tend vainement à s’opposer à un entraînement irrésistible ! Enfin, quoi de plus simple et en même temps . quoi de plus grandiose que le jet de cette draperie rouge qui s’envole par derrière, en découvrant la poitrine, l’épaule, lu hanche et la jambe droites et en projetant sur les chairs des teintes chaudes et transparentes ! On dirait des ailes puissantes qui vont porter Gaiatée au plus haut du céleste séjour... Les dauphins qui entraînent Gaiatée sont rapides et légers, soumis et pleins d’ardeur ; leurs corps, souples et arrondis, se dessinent en de belles courbes. Quant à l’Amour qui guide cesdauphins, il est d’une prodigieuse beauté, et l’art moderne n’a rien produit de plus exquis comme forme et de plus élevé comme style... Le groupe du centaure marin qui enlève une néréide (à droite) est admirable aussi... On sent deux êtres de sexe différent, mais de même nature, dominés par la même passion, emportés par le même délire. Leurs corps se confondent et se complètent mutuellement, la poitrine du centaure faisant valoir le dos de la nymphe, la force et la musculature de l’un formant avec la souplesse et l’agilité de l’autre un contraste éloquent et une opposition heureuse. Le profil de la nymphe se marié admirablement avec la face du centaure. Leurs regards s’attirent, se parlent, se répondent, et ce muet langage, si délicat et si difficile à traduire, n’a rieu qui choque la convenance ni qui blesse l’esprit. »

Raphaël nous apprend lui-même que, n’ayant pu trouver dans la nature des modèles assez parfaits, il se servit d’une certaine idée, ou idéal, pour peindre les figures de son tableau : «Quant à la Gaiatée, écrivait-il à son ami le comte CaStig !ioner je me croirais un grand maître, si elle avait seulement la moitié des qualités que Votre Seigneurie lui reconnaît ; mais je lis dans vos taroles l’affection que vous me portez. Et jo dirai que, pour peindre une belle femme, il faudrait en voir plusieurs, à la condition encore que vous fussiez avec moi1 pour m’aider à choisir ; mais comme il y a peu de bons juges et de belles femmes, je me sers d’une certaine idée qui me. vient à l’esprit. Si cette id<b a quelque excellence sous le rapport de l’art, je ne sais, mais je m’efforce d’y atteindre. »

Le Triomphe de Galatce fut peint en 15H, dans une salle de la villa bâtie par Baldassare Peruzzi pour Agostino Chigi et que l’on a appelée depuis la Farnesina, du nom de la famille Fainèse dont elle devint L propriété. Cette magnifique peinture fut presque entièrement exécutée par Raphaël lui-même : il n’y a guère que le triton avec la néréide du premier plan, àgauche, où des imperfections de dessin et de couleur trahissant la main d’un élève. Bien que les injure» du temps aient altéré quelques parties de l’ouvrage, notamment la tête, la poitrine, l’épaule et le bras droit de Gaiatée, cette fresque est demeurée une des plus limpides, des plus pures, des plus harmonieuses qu’il y ait un monde. Elle a été gravée par Marc-Antoine, sous la direction même de Raphaël, par Marco da Ravenna, H. Golzius(1502), Nicolas Boequet, Nicolas Dorigny (1693), boni. Cunego, J.-T. Richomme (1820), Ant. Ricciari (1827), L. Ceroni (Salon de 1827), etc.

On voit dans la galerie de M. Suermondt, à Aix-la-Chapelle, une très-belle copie du Triomphe de Gaiatée ; les dimensions sont à peu près de moitié moindres que celles de l’original. Le docteur Waagen pense qu’elle a dû être exécutée par l’Albane.

Gnintéc (le triomphe de), peinture d’Annibal Carrache ; au palais Farnèsie, k Rome. La néréide, entièrement nue, ’esc assise sur un dauphin dont on ne voit guère que la tête ut les nageoires ; elle s’appuie, avec une gracieuse nonchalance, sur un triton qui, cfuii bras, la tient enlacée et, de l’autre, lui cache le bas du corps au moyen d’une large draperie. Le dieu marin allonge son cou sous l’épaule de Gaiatée ; son visage brun, aux traits rustiques, forme un contraste piquant avec la. tête blonde et souriante de la belle néréide. Un second triton sonne de la conque. À droite, deux jeunes nymphes sont assises dos a dos sur un monstre marin. Dans les airs appa- ’ raissent quatre Amours dont l’un décoche une flèche k Gaiatée.

Cette composition, très-habilement ordonnée, est charmante ; mais quelle différence avec celle que Raphatil a faite sur lo même sujet ! «Tandis qu’à la Farnésine, dit M. Gruyer, Gaiatée apparaît comme une allégorie du triomphe de l’âme sur la matière, elle se montre au palais Farnèse sous la forme d’une néréide vulgaire qui s’abandonne entre les bras d’un triton grossier. Ce n’est plus la nymphe éplorée qui aspire au ciel ; c’est la ménade qui se livre au satyre. Tous les personnages accessoires, Amours, nymphes, hippocampes, nous laissent également indifférent. Rien de profond, d’élevé, c’.e vraiment noble. On rencontre partout de belles lignes, mais on cherche vainement une belle âme. »

La peinture d’Annibal Carracle n’en est pas moins une œuvre très-remarquable. Elle a été gravée par Carlo Cesio, D, Cunego, Jacques Belly, etc. A. Carrache o. peint dans