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France, Marie de Médicis. Les deux enfanta grandirent ensemble, s’attachèrent l’une à "autre, et’se lièrent pour la vie ; mais l’une, faible d’esprit et d’âme, par soumission, c’était la princesse ; l’autre, par ambition, c’était la fille du peuple. Lorsqu’on lui demanda coinmont elle avait ensorcelé la reine, Léonora put répondre hardiment r « Mon charme fut celui des âmes fortes sur les esprits faibles. » Cette Léonora, cependant, n’avait rien en elle des charmes qui attirent, des séductions qui retiennent ; elle était, au contraire, d’une laideur caractéristique. « C’était, dit Michelet, une sorte de naine noire avec des yeux sinistres comme des charbons d’enfer. Cette figure peu rassurante n’était pourtant pas un diable. C’était, au fond, le personnage important de cette cour... Elle avait beaucoup d’esprit, gouvernait la princesse comme elle voulait, remuait à droite ou à" gauche cette pesante masse de chair...

Si Léonora faisait peur, elle était encore plus peureuse ; elle révaiten pleinjour. Triste hibou, nsphyxié de bonne heure dans l’obscurité malsaine des alcôves et des cabinets, elle croyait que quiconque la regardait lui jetait un sort. Elle portait toujours un voile, de crainte du mauvais œil. La France, maligne et rieuse, lui devait être odieuse. Elle devait ici s’assombrir et se pervertir, et de plus en plus devenir méchante...

Ce nain noir, ce hibou, ce monstre de laideur osa cependant, un jour, jeter les yeux sur le cavalier do la cour de la reine le plus beau, le plus élégant, le plus charmant, le plus fin, aussi le plus vain, le plus insolent, sur Concini ; or Concini, outre ses qualités Brillantes dans une cour, était le chevalier servant en titre, ou, pour parler sans détour, l’amant connu, presque avoué de la reine. C’est pour cette raison que Marie de Médicis servit sa chère Léonora et ordonna à Concini de la prendre pour épouse. Comment Henri IV pourrait-il se défier désormais, car déjà il le prenait d’assez haut à propos de ce Bigisbé, comment pourrait-il se défier du mari de la plus laide femme de son royaume, du mari de l’amie, de la sœur de lait, presque de la sœur de son épouse ? »

Concini jouissait avec scandale de sa faveur. Léonora, sage et modeste, comme, dit Michelet, n’aurait visé qu’à l’argent ; mais Concini, un fat, un fou, visait, lui, non-seulement à l’argent, mais encore aux honneurs, à la domination ; il jouait au mari de la reine, avant d’essayer de lui succéder. ■ De ses petites épargnes, il allait acheter pour un million une terre princière, la Ferté- Le roi, si patient, eut peur cependant du bruit que cela ferait, et il prit la liberté, non de dire (il n’eût osé), mais de faire dire à la reine, par Mme de Sully, que cela lui ferait du tort et qu’on pourrait en jaser.

« Cet avis timide, ménagé par la dame autant qu’elle put, jeta le signor Concini dans une épouvantable fureur. Une telle révolte du mari contre le chevalier servant était, dans les mœurs italiennes, chose inouïe, intolérable. Le roi s’était mépris ; on le lui fit voir. Non-seulement Concini lava la tête à la dame, mais dit qu’il se moquait du roi, qu’il n’avait pas peur du roi, et que, si le roi bougeait, il lui arriverait malheur. Concini, dont le grand mérite, outre sa jolie figure, était sa bonne grâce a cheval, voulut, exigea qu’on, lui arrangeât une fête où il pût se montrer solennellement. U ne prit pas un lieu obscur, mais royalement la place historique du fameux tournoi de Henri II, les lices de la grande rue Saint-Antoine devant la Bastille. Du moins, ce n’était pas cette fois un combat bien dangereux, mais tout bonnement une course de bagues. Du reste, la même dépense, et guère moins d’émotion. Les vives rivalités des hommes, la faveur des dames pour celui-ci ou celui-là, leurs palpitations, tout était de môme, et pour un jeu puéril de sauteurs et d’écuvers.

L’heureux faquin, brillant d’audace, tint la partie contre les princes et tous les plus grands de France, envié et admiré, sous les yeux de la reine, qui siégeait la. comme juge et dame du tournoi, et qui, de sa faveur visible, l’avouait pour son cavalier.

■ Il fut très-amer au roi qu’on se gênât si peu pour lui ; cela touchait à l’outrage public. 11 n’en parla qu’à Sully, mais d’autres le devinèrent, et quelqu’un" lui demanda s’il voulait qu’on tuât Concini. »

Léonora « sage et modeste » peu à peu fut entraînée ; elle rivalisa avec son époux de hauteur et d’arrogance. On raconte qu’un jour Louis XIII, enfant, s’amusait à depetitsjeux dans son appartement, au-dessus duquel lofeait la maréchale d’Ancre ; celle-ci lui fit ire de faire moins de bruit, parce qu’elle avait la migraine. « Dites à Mme la maréchale, répondit l’enfant, que si sa chambre est exposée au bruit, Paris est assez grand pour qu’elle puisse y en trouver une autre. »

Concini, ainsi qu’il le raconta lui-même à Bassompierre, avait tiré de « la -grosse dame » les vastes terres d’Ancre et de Lésigny, deux hôtels dans Paris, le bâton de maréchal de France, la charge d’intendant de la maison de la reine, les gouvernements d’Amiens, Pèronne, etc. ; un argent fabuleux, 500,000 écus à Florence, et à. Rome 600,000, placés chez un financier, et 1 million ailleurs. 11 était en mesure d’acheter pour sa vie la souveraineté de Ferrure. N’oublions pas le meilleur, la boutique que tenait sa Léonora,

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son trafic de places, d’offices, d’ordonnances même.

À la mort de Henri IV, il éleva encore ses prétentions hautaines. « Il voulait donner sa tille au fils du premier prince du sang. Pourquoi pas ? Visiblement, il succédait à Henri IV. 11 voulait au midi avoir Bourg-en-Bresse, la barrière contre la Savoie. Ainsi le royaume n’avait rien perdu ; sous l’épée de Concini, au défaut de celle du roi, il pouvait dormir en paix. •

Toute cette puissance s’écroula. Le 24 avril 1GL7, Concini est tué sur le Pont-Neuf par les gardes commandés par Vitry, dirigés par Luynes. « Léonora, tremblante, raconte Michelet, demande asile à Marie de Médicis ; celle-ci refusa. Alors cette femme, chez qui la reine tenait les diamants de la couronne (comme ressource en cas de malheur), se déshabilla et se mit au lit, en cachant ces diamants sous elle. On la tira du lit ; on fouilla tout, on mit lu chambre au pillage, on la mena k la Conciergerie... Le procès si facile qu’on pouvait faire k Concini et à sa femme (spécialement pour certaines intelligences avec l’ennemi, que la reine avait pardonnées), Ce procès fut habilement étouffé, détourné. On en fit un procès de sorcellerie. C’était l’usage, du reste, de ce siècle. Les tyrannies libidineuses des prêtres dans les couvents de femmes, quand par hasard elles éclatent, tournent en sorcellerie, et le diable est chargé de tout.

Léonora elle-même se croyait le diable au corps, et elle s’était fait exorciser par des prêtres qu’elle rit venir d’Italie, dans l’église des Augustins. Comme elle souffrait cruellement de la tête, Montalte, son médecin juif, fit tuer un coq, et le lui appliqua tout chaud, ce qu’on interpréta comme un sacrifice à l’enfer. On trouva aussi chez elle une pièce astrologique, la nativité de la reine et de ses enfants. Il n’est nullement improbable qu’elle ait cherché, quand son crédit fut ébranlé, à retenir la reine par la sorcellerie. C’était la folie générale du temps. Luynes y croyait aussi. Il avait fait venir, dit Richelieu, deux magiciens piémontais pour lui trouver des

Êoudres à mettre dans les habits du roi et’des erbes dans ses souliers. »

Anquetil, dans son livre intitulé : Intrigues du cabinet sous Henri IV et Louis XIII, donne quelques détails intéressants sur le procès de Léonora, qui s’ouvrit le 3 mai 1617. « On est surpris, dit-il, quand on voit sur quoi roule l’interrogatoire d’une femme qui avait, pour ainsi dire, tenu le timon de l’État. On passa très-légèrement, sans doute faute d’indices et de preuves, sur ce qui aurait dû faire l’objet principal du procès, sur les concussions et les correspondances avec les étrangers. Elle répondit fermement que jamais elle n’était entrée dans aucune affaire de finance ; que jamais elle n’avait eu de liaisons avec les ministres étrangers, sinon par fiermission et par ordre de la reine. Les juges a questionnèrent sur la mort de Henri IV : d’où elle avait reçu avis d’avertir le roi de se garder du péril ; pourquoi elle avait dit auparavant qu’il arriverait incessamment de grands changements dans le royaume, et pourquoi elle avait empêché de rechercher les auteurs de l’assassinat. » Léonora fut ferme devant ses juges ; elle répondit aux questions qui lui furent adressées hautement, fièrement, et même avec un certain air de dédain, avec ironie, lorsqu’on l’accusa de manger de la chair de porc, de ne point entendre la messe le samedi, d’avoir fait venir des religieux lorrains et. milanais, avec lesquels elle se serait renfermée dans des églises, pour se livrer à des pratiques superstitieuses. Le jugement fut prononcé le 8 juillet. » Elle voulut, continue Anquetil, s’envelopper de Ses coiffes ; mais on la contraignit d écouter à visage découvert la lecture de sa condamnation. L’arrêt déclarait Éléonore Galigaï coupable de lèse-majesté divine et humaine. Il y était porté qu’en réparation de ses crimes, sa tête serait séparée de son corps sur un échafaud dressé on place de Grève ; que l’un et l’autre seraient brûlés, et les cendres jetées au vent... Elle fut donc traînée au supplice, comme la plus vile criminelle, à travers un peuple nombreux qui gardait le silence et semblait avoir oublié sa haine. Peu occupée de cette foule, Éléonore ne parut pas déconcertée de ses regards, ni de la vue des flammes qui embrasaient le bûcher où son corps allait être consumé ; intrépide, mais modeste, elle mourut sans bravade et sans frayeur. »

Léonora Galigaï laissait un fils et une fille ; celle-ci ne survécut pas à l’assassinat de son père et au supplice de sa mère ; le fils prit la fuite après la catastrophe de sa famille et alla vivre à Florence de quelques milliers de livres de rente placés par son père chez un banquier de cette ville. Le frère de Galigaï, venu d’Italie en France pour profiter de la haute fortune de sa sœur, et devenu évêque de Tours et abbé do Marmoutier, fut lui-même obligé de reprendre le chemin de sa patrie, où il vécut de la vente de ses deux bénéfices.

La mort de Galigaï a fourni matière a une tragédie en quatre actes et en vers, tragédie sans style, sans esprit et, de plus, d’une repoussante grossièreté ; elle est intitulée : la Magicienne élrawjère (Rouen, 1G17, in-8°). La relation de cette mort et de celle du ma GALI

réchal d’Ancre se trouve aussi dans l’Histoire des favoris de du Puy.

Onllpnnni’a Messenger (THE), c’est-à-dire

le Messager de Galiynani, grand journal anglais quotidien, politique, littéraire, commercial, donnant les nouvelles du jour de l’Angleterre et de la France. Fondé en 1814, par MM. Galignani, et publié à Paris, ce journal ne fait que reproduire les articles des autres feuilles. Aussi, malgré son prix élevé, trouvet-il de nombreux lecteurs a cause de l’étendue presque universelle et de l’exactitude de ses informations. Chaque jour il donne des extraits des journaux de Londres et de Paris, le cours des deux bourses et les faits divers. La modération et l’impartialité de sa rédaction lui ont fait traverser sans encombre tous les régimes depuis sa fondation. C’est encore un excellent journal au point de vue des annonces sérieuses.

GALIGUE s. m. (ga-li-ghe). Argot des marins. Mauvais garnement : Les Provençaux enfoncèrent à coups de hache les malles et coffres, et battirent même les gens de mon canot, ayant attroupé avec eux plusieurs galiguks de leur connaissance. (De Forbin.)

GALILÉE (Galilxa), ancienne province de la Palestine, au N., entre la Méditerranée et la Phénicie k l’O., le mont Liban et le fleuve Lcontes au N., le Jourdain et le lac de Génésareth à l’E., le torrent de. Kisen au S. Elle contenait les monts Carmel, Thabor et GelboS ; villes principales : Acco ouPtolémaïs (Saint-Jean-d Acre), Séphoris ou Diocésarée, —Nazareth, Cana, Béthulie, Capharnaùm. Elle comprenait le territoire des tribus de Nephtali, d’Aser, de Zabulon et d’Issachar.

C’était dans l’ancienne Galilée, nommée par les Hébreux terre des Gentils, que s’étaient réfugiées, durant la captivité de Babylone, un grand nombre de familles restées fidèles aux croyances juives. Auparavant, la Galilée était considérée comme une terre de malédiction par les prophètes. D’abord elle faisait partie du territoire des tribus révoltées contre l’héritier de Salomon, et des pratiques superstitieuses s’étaient mêlées à celles du culte national. Plus tard, l’invasion assyrienne avait dépeuplé le pays et introduit, fiour remplacer les populations déportées sur es bords de l’Euphrate, des colons assyriens, qui avaient apporté avec eux les cultes corrompus de la Babylonie. La dévastation de la Judée, durant la dernière période de la domination assyrienne, avait changé l’état des choses. Des fugitifs, qui avaient échappé au glaive ou aux chaînes du vainqueur, rattachèrent la Galilée k la tribu de Juda par de nouveaux liens, en allant s’y établir. Le mélange des races et la diversité des cultes avaient, d’ailleurs, fondé là une sorte de liberté de pensée étrangère aux mœurs ordinaires de l’Orient. La Galilée était un terrain très-bien préparé, grâce surtout aux événements qui accompagnèrent l’établissement du christianisme. La plupart des apôtres, des évangélistes, des prophètes et des martyrs des premiers siècles de notre ère ont vu le jour dans les villes et bourgs de cette contrée, qui vit naître aussi Jésus. Ce fut également en Galilée que les doctrines évangéliques prirent racine, que se forma le noyau des croyants "qui allaient convertir le monde grec et romain. Jésus a passé en Galilée plus de trente ans de sa vie, ce qui lui valut le surnom de Galiléen. À l’époque de la prédication évangélique, la Judée était tellement prospère que, suivant Josèphe, il n’y avait pas de bourg qui ne contint au moins 5,000 âmes. Tous les documents s’accordent à considérer la Galilée contemporaine de Jésus comme le paradis de la Syrie. La ville de Nazareth, en particulier, étaitréputée au loin pour la beauté de son climat. «Les environs, d’ailleurs, sont charmants, dit M. Renan, et nul endroit du’ monde ne fut si bien fait pour les rêves de l’absolu bonheur. Même de nos jours, Nazareth est encore un délicieux séjour, le seul endroit peut-être de la Palestine où l’âmo sesente un peu soulagée du fardeau qui l’oppresse au milieu de cette désolation sans égale. À l’O. se déploient les belles lignes du Carmel, terminées par un point abrupt, qui semble plonger dans la mer. Puis se déroulent le double sommet qui domine Mageddo, la montagne du pays de Sichem avec.ses lieux saints de l’âge patriarcal, les monta Gelboë, le petit groupe pittoresque auquel se rattachent les souvenirs gracieux ou terribles de Sulem ou d’Endor, le Thabor avec sa belle forme arrondie que l’antiquité comparait à un sein. Par une dépression entre la montagne de Sulem et le Thabor, s’entrevoient la vallée du Jourdain et les hautes plaines de la Pérée, qui forment du côté de l’E. une ligne continue. ■ Au N., les montagnes deSafed, en s’inclinant vers la mer, dissimulent Saint-Jean-d’Acre, mais laissent se dessiner aux yeux les plaines de Khaïfa. Tel fut l’horizon de Jésus. »

Sous l’empire romain, la Galilée, qui faisait partie du patriarcat de Jérusalem, se couvrit de monuments chrétiens : temples, cathédrales, couvents, ermitages, etc. L’invasion arabe vint couper court k cet épanouissement du culte nouveau. Tout fut mis k feu et k sang. Les Turcs, qui ont succédé aux Arabes, ont des mœurs encore plus destructives. Ils ont remplacé systématiquement les ruines par le désert. Les habitudes pastorales des tribus k demi sauvages, nominalement soumises au joug des Turcs, mais indépendantes, de fait,

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contribuent k laisser la terre en friche, afin d’y créer des pâturages. Ces tribus vivent, en outre, sous la tente. On trouve en Galilée, comme dans la plupart des provinces voisines, des villes grecques ou romaines, abandonnées depuis l’invasion arabe, dans un parfait état de conservation. Du reste, le pays est demeuré ce qu’il était il y a deux mille ans, une terre où, suivant l’Écriture, coulaient des ruisseaux de lait et de miel. Il n’y a qu’un inconvénient, c’est que cette description, qui fait venir l’eau à)a bouche, s’applique aujourd’hui à un pays complètement inculte. La beauté du ciel, la douceur de la température, l’abondance des eau* en avaient fait un paradis terrestre. Quatre ou cinq rivières, tributaires de la Méditerranée, l’arrosent, outre le Jourdain 3t le lac de Tibériade, témoins des miracles et des prédications du Christ et de saint Jean-Baptiste. Les montagnes du Liban le garantissent des vents du nord ; ses neiges y entretiennent une fraîcheur inaltérable. Il est accidenté, semé de collines et de vallées fertiles. On y cultivait tous les végétaux des climats tempérés, fruits, légumes et céréales. Depuis l’époque phénicienne jusqu’au déclin de la civilisation romaine, il servit d’entrepôt et de lieu de transit à un commerce immense, ayant k la fois des ports sur la Méditerranée et un

Erand cours d’eau, l’Euphrate, k proximité ; a Galilée fut pendant des siècles ce que fut l’Égypte, une région privilégiée d’où les essences, les minéraux, les étoffes, les bestiaux, etc., se répandaient sur l’ancienmonde. La pourpre de Tyr et des villes de la côte a été célébrée par les poètes et les historiens. Sa puissance navalea commandé un instant la Méditerranée. Les plantes et les fleurs rares y abondent encore aujourd’hui. On vante toujours la splendeur do ses forêts et l’air embaumé et salutaire de ses campagnes. Les insectes et les abeilles pullulent sur les cèdres, les sycomores, les platanes, les érables et les buissons do roses étages sur les penchants des collines et les versants méridionaux du Liban. On y trouve aussi du, bois de construction pour les vaisseaux. Le lac le plus important est le lac do Tibériade, qui a 18 lieues de long et est traversé par le Jourdain.

La Galilée moderne n’est déparée que par ses habitants et ses bêtes féroces. Ces dernières ont remplacé l’homme dans un grand nombre de lieux. Quant aux Bédouins arabes qui errent dans les campagnes désolées, ilsy font le même effet que le lion et le tigre : ils détruisent tout sur leur passage. Différentes populations de races et de langues diverses y perpétuent la mémoire des peuples qui l’ont habitée. Mais ces tristes débris n’ont ni l’énergie ni les vertus nécessaires pour résister aux tribus du désert et rendre k cette contrée un peu de vie. Ce sont les scories de dix ou quinze civilisations mortes.

Terminons par un rapprochement assez curieux. Le nom de ce pays vient de l’hébreu galil, dont les Grecs ont fait Galilaia et les Latins Galilxa. Il signifie proprement limite, confins, et il fut donné apparemment k ce pays parce qu’il était aux confins delà Palestine. Un fureteur, ou mieux, peut-être, un plaisant, Ménage doublé de Cai ly, a trouvé le singulier rapprochement qui suit au sujet du nom de cette contrée et de l’immortel mathématicien, son homonyme. Le nom francisé

du savant italien se trouve être aussi celui d’une région bien connue de la Palestine. Jusque-là rien de bien étrange. Mais ce qui commence k le devenir, c’est que Galilée signifie littéralement en hébreu gelilah, un cercle comme les cercles administratifs de l’Allemagne (Hheinkreis, Schwsbischer Kreis). Galilée ou Gelilah provient d’une racine hébraïque gll, qui veut dire tourner, et a formé entre autres dérivés : galil, cercle, anneau, région. Le fameux et tant discuté è pur si muouef se trouvait donc virtuellement contenu dans le nom de Galilée. Il faut avouer que si le temps est un grand mc. Ure, le hasard est parfois un singulier plaisant, pour se permettre, k ses moments perdus, d’aussi mauvais calembours.

GALILÉE (principauté db). Elle fut donnée en apanage, k la fin du xtve siècle, par Jacques I«, roi de Chypre, k son sixième fils, Henri de Chypre. Celui-ci, capitaine général de l’armée de son frère Jean II, la transmit k son fils unique, Philippe, père de Charles de Chvpre, dernier prince de Galilée. Celui-ci prit parti pour Charlotte, reino de Chypre, sa cousine germaine, contre Jacques, bâtard de Chypre, et quand ce dernier se fut emparé du-trône, Charles vit ses domaines confisqués, et ne transmit k son fils que le fief de Psimolophe. La descendance des anciens princes de Galilée s’est éteinte au xvie siècle.

Galilée (SOUVERAIN EMPIRE D3). V. BASO-CHE DE LA CHAMBRE DES COMPTKS.

GALILÉE ou CALILEI (Vincent), musicographe italien, né k Florence vers 1533. Il s’attacha k l’étude de la musique, donna quelques compositions qui passent pour les premiers essais de-la musique dramatique moderne, et écrivit, sur l’art qu’il n’avait cessé de cultiver, les ouvrages suivants : Discorso delta musica antica e modema (Florence, 1581, in-fol.) ; Il Fronimo, dialogo sopra l’arte del bene intavolare e rettaments suonare ta musica (Venise, 1583, in-fol-) ; Discorso intorno aile opère di messer Gioseffa Zarlino di

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