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Ce fut vers l’an 614 que saint Gall, aidé de ses deux disciples Mang et Théodore, jeta les fondements du couvent qui porte son nom, et qu’enrichirent rapidement diverses donations de domaines situés en Brisgau et en Souabe. Sous l’administration de l’abbé Audemar ou Othmar, le nombre des moines s’augmenta considérablement, les bâtiments claustraux s’accrurent, et les donations continuèrent à affluer. Le roi Pépin accorda aux moines de Saint-Gall la libre élection de leur abbé. Vers l’an 759, Sidoine, évêque de Constance, après avoir fait condamner injustement l’abbé Othmar à une détention perpétuelle, incorpora au domaine épisoopal une partie des biens du couvent de Saint-Gall ; de là une suite interminable de différends entre les abbés du monastère et les évêques de Constance, différends qui durèrent jusqu’au règne de Louis le Germanique. Sous le règne de Charlemagne, l’abbé Gozbert fit commencer la reconstruction de l’église et du couvent. En

920, l’abbaye fut donnée, en même temps que l’évéohé de Constance, à Salomon, sous l’administration duquel les architectes de Saint-Gall achevèrent l’église abbatiale et poussèrent très-activement les travaux de construction.de l’abbaye. « Le couvent proprement dit, le dortoir, le noviciat, l’infirmerie, la pharmacie, le jardin botanique et médicinal, l’école interne pour les candidats à la vie monastique, l’école pour les élèves du dehors, l’hôpital, l’hôtel des étrangers, les ateliers, les granges, les écuries, formaient, écrit M. Schrôïll, autant de bâtiments séparés, qui se reliaient néanmoins les uns aux autres et constituaient un grand ensemble. Ce fut aussi daps la seconde moitié du ixe siècle que furent bâties les grandes et belles églises dédiées à saint Othmar et à saint Mang. Les murs de l’église Saint-Othmar, peints à fresque, représentaient la Sagesse, les Sept sages et ln’Foule des saints. L’abbaye fit en outre construire une foule d’autres églises et de —chapelles dans ses divers domaines. » Les moines de Saint-Gall jouirent d’une réputation méritée de science et de sainteté jusqu’au xme siècle, époque à laquelle les abbés commencèrent à donner l’exemple de l’ignorance et de l’immoralité la plus grossière. « Les habitants de l’abbaye, ajoute l’auteur que nous avons cité plus haut, vivaient comme des gentilshommes qui conservaient sous le froc les mœurs de la noblesse de l’époque. La vie commune cessa. Les chanoines vivaient chacun dans sa. maison. Il fallait qu’on les contraignit à recevoir les ordres sacrés ; ils’ne considéraient la vie monastique que comme un bénéfice. Ils étaient tellement ignorants, qu’en 1291 personne dans le chapitre, y compris l’abbé, ne savait écrire. Ils passaient la journée dans les écuries, à la chasse, dans des banquets, a la guerre, et finirent par ne plus porler aucune marque distinctive de leur état sur leur personne. » Ces désordres cessèrent complètement au xvc siècle, sous l’administration de l’abbé Ulrich Roseh. La Réforme, en brisant les liens de l’antique foi, rompit ceux de l’obéissance des vassaux de Saint-Gall. On renversa les images, les églises et les autels j l’abbaye fut dévastée, et l’abbé mourut prisonnier dans son château de Rorschach. La restauration de l’abbaye eut lieu en 1532 ; elle se releva rapidement, et la science et la vertu refleurirent dans son sein. Cette période de prospérité dura jusqu’en 1798 ; a cette époque, un décret du directoire helvétique ordonna la Suppression de la principauté ecclésiastique de Saint-Gall ; l’abbaye elle-même fut abolie en 1805.

Les premières maisons de Saint-Gall se groupèrent autour de l’abbaye dont nous venons de résumer l’histoire. Au commencement du xv> siècle, les bourgeois de cette ville se soulevèrent et entrèrent, en 1454, dans la Confédération helvétique.

GALL (canton de SAINT-), un des vingt-deux cantons de la confédération helvétique, le quatorzième par la date de son admission, ■le cinquième par sa population. Situé à l’E. de la Suisse, il appartient à la partie allemande de cette contrée, et s’étend entre 46» 52’ - <70 30’ de lat. N. et 6° 26’ - 7» 18’ de long. E., sur une largeur de90 à95 kilom. au plus, et une longueur de 72. An N.-O. et au N., il touche au canton de Thurgovie et au lac de Constance ; à l’K., le Rhin le sépare de la partie du Tyrol appelée le Vornrlberg ; au S., il est limité par le canton des Grisons, à l’O. par les cantons de Glaris, Schwitz et Zurich. Ch.-l. Saint-Gall. Superficie, 2,019 kilom. carr. ; 180,411 hab., dont 110,731 catholiques.

Le territoire du canton de Saint-Gall est divisé en deux versants généraux par une ramification des Alpes Lépontiennes, et y projette, outre le Scheibe, la Granhehorn et le C}>urïursU>n, dans la partie méridionale, VAUmaun, le Hooh-Sentis, le Kamoret le Gabris, sur la limite de l’Appenzell ; ces sommets sont, pour la plupart, couverts de neiges éternelles. Les principaux cours d’eau qui l’arrosent sont : le Rhin, la Thur, la Sitter, la Linth ; cette dernière rivière n’est autre chose que le canal qui réunit le lac de Zurich k celui de Wallenstadt, compris en partie dans le territoire du canton de Suint-Gall. La partie S.-O. du canton est la moins fertile ; ses hautes montagnes servent de retraite a des ours, des Ijtit, des chamois et des marmottes ;

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dans la partie N.-E., les montagnes, moins I élevées, sont tapissées de vignes. Le sol est fertile dans les plaines et dans les vallées, et produit du blé, du vin, du chanvre et du maïs ; il renferme de la tourbe, des pierres meulières, des pierres de taille, du fer, des eaux minérales. L’élevage du bétail est favorisé par de gras pâturages. Néanmoins, la population est plus industrielle qu’agricole. Les sièges principaux de l’industrie manufacturière sont : Saint-Gall, constitué en 1798 des anciens domaines de l’abbaye de Saint-Gall, du Rbeinthal ou vallée du Rhin, anr tique conquête des Appenzellois sur les archiducs d’Autriche, des seigneuries de Sax, de Sargans, d’Uznach, de Werdenberg, du Gaster et de la plus grande partie du comté de Toggenbourg ; le canton de Saint-Gall forme une république dont le peuple exerce le pouvoir législatif. Par la constitution de 1831, les pouvoirs législatif, administratif et judiciaire sont séparés ; le principe de la liberté de conscience et des cultes est consacré ; les citoyens jouissent de leurs droits politiques à 21 ans ; les capitulations militaires sont interdites. La représentation nationale est le grand Conseil, composé de 150 membres partagés proportionnellement aux cultes (88 catholiques et 62 protestants), élus pour deux ans, et qui élisent eux-mêmes leur président. Ce grand Conseil s’assemble deux fois par an, nomme les députés à la Diète, et exerce les droits et privilèges de la souveraineté. Le pouvoir exécutif, en même temps administration centrale, est le petit Conseil ou la Régence, composé de sept membres nommés pour quatre ans par le grand Conseil et pris dans son sein. Son président est élu pour six mois et porte le titre de tandamman. Sous le rapport de l’administration, le canton estaujourd hui partagé en 15 district» ou arrondissements, qui possèdent chacun un •tribunal de première instance ; les tribunaux supérieurs sont : la cour suprême du canton, jugeant en appel en toutes matières ; la cour de cassation et le tribunal criminel de première instance, dont les membres sont tous nommés par le grand Conseil. Deux comités, l’un catholique et l’autre réformé, sont charfés de l’administration des cultes et des écoles e leur culte. Le principal établissement d’instruction publique est l’école cantonale, avec gymnase} école industrielle et école normale primaire. Les revenus du canton s’élèvent à 933,036 francs, et les dépenses à 864,071 francs. Le canton de Saint-Gall fournit à l’armée fédérale 2,630 hommes, et à la caisse fédérale une contribution de 39,450 fr.

— GALL (saint), évêque de Clermont. V. Gai, .

GALL (le docteur François-Joseph), célèbre médecin et physiologiste allemand, inventeur du système connu sous le nom de phrénologie, né à Tiefenbrunn, dans le grand-duché de Bade, en 1758, mort à Paris en 1828. Il vint commencer ses études médicales à Strasbourg

Eour les aller finir à Vienne, où il reçut le onnet de docteur en 1785. Il paraît avoir eu d’abord l’intention de devenir un praticien, et même avoir tenté de se former une clientèle. à Vienne, sans qu’on sache au juste s’il réussit ou non. Toujours est-il qu’il n’est question pour la première fois du projet conçu par lui de fonder une science nouvelle, que dans une lettre de 1798, adressée au b, iron de Retzer, et insérée par Wieland dans le journal le Mercure. Bientôt il entreprit de professer publiquement sa doctrine dans la capitale de l’Autriche ; mais son cours fut interdit par ordre supérieur, ce qui fit de lui une victime intéressante et attira sur lui l’attention. Gall n’était pas homme à négliger cette occasion de faire du bruit. Il se rendit à Berlin, où il ouvrit un nouveau cours public en 1805 ; mais quoique l’autorité ne mît aucun obstacle à ses’leçons, elles furent peu goûtées, et il alla chercher fortune à Dresde. Là encore il ne convainquit personne et dut s’éloigner. 11 Colporta successivement sa doctrine en plusieurs villes du nord de l’Allemagne, d’abord à Torgauj puis à Woerlitz, et enfin à Halle, où, dit-on, deux anatomistes, Reil et Loder, se laissèrent persuader par lui. Halle n’était pas un centre suffisant à la publicité que rêvait le docteur Gall. On le vit tour à tour à Iéna, à Copenhague, à Hambourg, à Amsterdam, à Leyde, à Francfort, à Heideluerg, à Munich, à Zurich, puis à Paris. C’était en octobre 1807. Paris était le milieu qu’il lui fallait. Le premier venu, qu’il s’appelle Davenport ou docteur Gall, a droit à l’enthousiasme court, mais bruyant du peuple le plus ’ spirituel de la terre. Gall débuta par s’attribuer l’omniscience. Il avait visité les universités, les maisons d’orphelins et d’enfants trouvés, les hospices d’aliénés, les prisons, les tribunaux ; vu l’homme dans toutes les situations de la vie, depuis l’hôpital jusqu’à l’échafaud. Il avait aussi expérimenté^ beaucoup et se donnait pour un physiologiste de premier ordre. Le gouvernement impérial le laissa faire tout à son aise, et il ne tarda point à exciter une émotion générale. Il est vrai que sa réputation s’était faite dans les salons, c’est-à-dire auprès desgens du monde. Un savant d’outre-Rhin comme lui, G. Spurzheim, en voulant bien lui accorder sa collaboration, lui permit d’aller engager le débat jusque devant l’Institut. Le premier mémoire des deux collaborateurs adressé à cette compagnie est du 14 mai 1808. L’année suivante, Gall publia des Becherch.es sur le système ner-

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veux en général ei sur celui du cerveau en particulier. Enfin son système entier, dont l’exposition lui est commune avec Spurzheim, se résuma dans deux ouvrages d’une étendue considérable. Le premier (1810-1820, 4 vol. in-4») a pour titre : Auatomie et physiologie du système nerveux en gémirai et du cerveau, en particulier, avec des observations sur la possibilité de reconnaître plusieurs dispositions intellectuelles et -morales de l’homme et des animaux par la configuration de leur tête. Le second (1822 à 1825, 6 vol. in-8°) est intitulé : Sur les fonctions du cerveau et sur celles de chacune de ses parties, avec des observations sur la possibilité de reconnaîtra les instincts, les penchants, les talents et les ilispositions morales et intellectuelles des hommes et des animaux par la configuration de leur cerveau et de leur tête.

Gall ne fait guère que reproduire sous uns formule différente, dans cette dernière publication, les théories déjà émises dans l’ouvrage précédent. Elle se compose de quatre parties : la première traite de l’origine des facultés morales et intellectuelles et de leur mode de se manifester ; la seconde, de l’infiuence du cerveau sur la forme du crâne ; la troisième, des instincts, des penchants, des sentiments et des talents qui, chez l’homme et les animaux, résultent de la conformation des organes ; la quatrième est l’exposé d’une philosophie nouvelle, fondée sur les principes émis dans les trois autres.

L’auteur pose d’abord cinq axiomes ou propositions, dans lesquels il résume la phrénologie :

1« Les qualités morales et les facultés intellectuelles sont innées.

2° L’exercice ou la manifestation des facultés morales dépend de l’organisation.

3° Le cerveau est l’organe de tous les penchants, de tous les sentiments et de toutes les facultés.

4° Le cerveau est composé d’autant d’organes particuliers qu’il y a de penchants, de sentiments^ de facultés qui diffèrent essentiellement entre eux.

5° La forme de la tête et du crâne, qui répètent dans la plupart des cas la forme du cerveau, suggère des moyens pour découvrir les qualités et les facultés fondamentales.

Les quatre premières des propositions de l’auteur étant depuis longtemps admises ou supposées par la physiologie médicale, il n’y a réellement que la cinquième, c’est-à-dire celle qui est relative à la multiplicité des organes contenus dans le cerveau, qui soit personnelle au docteur. Au début, à ce qu’il prétend, il n’avait qu’un soupçon de la multiplicité des organes du cerveau et des protubérances à l’aide desquelles il est permis de les reconnaître sans ouvrir le crâne. Afin de vérifier le soupçon, « je rassemblai, dit-il, dans ma maison un certain nombre d’individus pris dans les plus basses classes et se livrant à différentes occupations : des cochers de fiacre, des commissionnaires, etc. J’acquis leur confiance et je les disposai à la franchise en leur donnant quelque argent et en leur faisant distribuer du vin et de la bière. Lorsque je les vis dans une disposition d’esprit favorable, je les engageai à me dire tout ce qu’ils savaient réciproquement, tant de leurs bonnes que de leurs mauvaises qualités, et j’examinai soigneusement les têtes des uns et des autres. Je ne pus point être dérouté par les fausses idées qu’ont les philosophes sur l’origine de nos qualités et de nos facultés. Chez les individus auxquels j’avais affaire, il ne

Eouvait pas être question d’éducation. Des ômmes semblables sont les enfants de la nature. » Les événements de chaque jour procurent une éducation qui n’est point classique, mais qui est aussi réelle que 1 éducation classique. Gall a tort de croire que les sujets qu’il examine n’en ont point. Il est constant, néanmoins, que l’état d’ivresse dans lequel étaient les gens sur lesquels il opérait son examen pouvait avoir des résultats. Il continue : • C’est ainsi que naquit cette carte craniologique, saisie avec tant d’avidité par le public... Les savants, les artrstes, s’en sont bientôt emparés ; ils l’ont exécutée tant bien que mal, sans jamais me consulter, et en ont répandu un grand nombre dans le public, sous toutes sortes de masques. » L’engouement ne préjuge rien, et Gall ne devrait pas s’en prévaloir si, à l’exemple de tant d’autres et dans l’impuissance de justifier son dire, il n’avait recours à des témoignages quelconques. Maintenant, voici comment il procède pour reconnaître un crâne : il s’attache d’abord à rechercher les qualités inférieures et procède par degrés jusqu’aux qualités les plus élevées, qui, étant les plus rares, ne se trouvent pas inscrites sur le crâne du premier venu. Il commence par la région dite cérébelleuse. Suivant lui, le cervelet est l’organe de.la génération. Cette partie du livre est pleine d histoires cyniques et incapable d’être analysée. Le docteur parle o d’un petit garçon de cinq ans qui avait déjà, depuis quelques années, satisfait avec des femmes 1 instinct de la propagation. ■ Sa nuque est large, bombée et robuste. Un autre petit garçon, « âgé de moins de trois ans, » a les mêmes déportements que son confrère de tout à l’heure ; mais il mourut prématurément. < Comme ce petit garçon, dit Gall, était entouré de filles qui se prêtaient à satisfaire ses

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désirs comme à un jeu piquant par sa singularité, il mourut de consomption avant d’avoir atteint la fin de sa quatrième année. » Le docteur a vu cela à Paris. Ce sont les faits positifs et les preuves directes’ qu’il invoque a chaque instant. Puis il cite Charles XII, Newton et liant, dont le cervelet était peu développé, comme il est permis de voir à tout phrénologiste. « Est-il étonnant, après cela, que saint Thomas à Kenipis (qui n’est pas au martyrologe), dans le portrait duquel je reconnais le.même caractère, dit Gall, se soit armé d’un tison pour repousser loin de lui une jeune fille remplie d’attraits ? » Ainsi donc, il est probable que Thomas à Keinpis n’avait pas de cervelet.

La deuxième région explorée par Gall est la région postérieure du cerveau. L’inventeur de la phrénologie y a découvert cinq organes, qui correspondent à l’iunour de la progéniture, à l’amitié, à la défense do soimême, à l’orgueil et au désir de la gloire. Spurzheim y a découvert de plus l’habitativité ou amour d’avoir une maison. Cela a nécessité un remaniement territorial, de peu d’importance du reste, dans la carte du maître. Contrairement à l’assertion de la phrénologie, les physiologistes, à l’unanimité, n’ont vu dans le cervelet qu’un appareil moteur.

La troisième région de la carte craniologique est la région moyenne du cerveau. Gall y place sept organes. Ce sont, en allant de bas en haut : l’instinct carnassier, le sens de la mécanique, le sens de la ruse, le sentiment de la propriété, l’organe de la circonspection ; au sommet de la tête, le sens de la fermeté, et, entre le sommet de la tête et le front, le sens religieux. Ici encore, Spurzheim a opéré des changements sur la carte ; mais poursuivons. La région antérieure du cerveau est un de ses deux pôles, le pôle frontal. Elle contient trois organes importan-s : le sens des mots, le sens- du langage et la mémoire des personnes. Puis, de chaque côté, huit autres facultés : le sens des nombres, celui des couleurs, le sens des localités, la mémoire des choses, le sens des tons, l’esprit caustique, l’esprit métaphysique, enfin la sagacité comparative. De son côté, Spurzheim en trouve seize. Il en met six sous le sourcil ; il n’y a pas beaucoup de place ; mais il les dispose de champ, afin de pouvoir les faire tenir. À propos de chacun des organes et de,1a faculté correspondante, Gall est intarissable. Les anecdotes pleuvent sous sa plume. Arrivé au sens des localités, il s’exprime ainsi : «Une demoiselle avait ou de tout temps une grande envie de voyager ; elle se laissa enlever de la maison paternelle par un officier, d Mengin n’aurait pas mieux dit. Ce n’est pas tout : il vient des remords à la demoiselle. Alors elle fait remarquer à son officier « deux proéminences que les peines qu’elle souffre lui avaient fait pousser au front. Elles étaient tellement effrayantes, qu’elles paraissaient à la pauvre demoiselle un effet de la colère céleste Mais, dans le fait, c’était l’organe

des localités, auquel, auparavant, elle n’avait pas fait attention. » Autre histoire : « Je rencontrai dans une rue de Vienne une femme assez âgée, qui me frappa pur le développement énorme qu’avait acquis chez elle le sens des localités ou de la passion d^s voyages. » Gall l’aborde et lui demande des. nouvelles de ses voyages. Elle n’avait pus voyagé du tout. Elle sétait enfuie de Munich et elle était cuisinière à Vienne. Alors que signifie l’organe des localités ? Voici : < Jusqu’à ce qu’il lui soit donné de voyager, elle change de maître tous les mois ; il lui est impossible de rester longtemps dans la même place. ■

Le résultat général de la doctrine de Gall est que le développement des facultés intellectuelles est proportionnel à celui du front et de la partie supérieure de la tête. On cite volontiers, à l’apjjui de cette théorie, les nègres, qui ont le front fuyant et, par conséquent, l’angle facial très-étroit. L’expérience dément ces conjectures hasardées. On a. vérifié dans les hospices d’aliénés que, la plupart du temps, le développement de la région frontale est plus considérable chez les idiots que chez les gens d’une intelligence ordinaire. Suivant M. Lélut (Mémoire sur le développement du crâne dans ses rapports avec celui de l’intelligence), le front est d’autant plus développé qu’on descend vers l’imbécillité complète. •

En définitive, le système de Gall a fait du bruit comme tout ce qui est nouveau ; mais il est aujourd’hui à peu près abandonné. Cependant, on doit reconnaître qu’il a rendu quelques services à la science. « Il faut distinguer essentiellement dans Gall, dit M. Flourens, l’auteur du système de la phrénologie, et l’observateur profond qui nous a ouvert avec génie l’étude de l’anatomie et de la physiologie du cerveau. » Bichat faisait du cerveau le siège de l’intelligence ; mais il plaçait les

Fassions, les qualités morales, dans, le.cœur, estomac, le foie, etc. Gall, le premier^ montra qu’excepté le cerveau, aucune partie du système nerveux ni d’un nuire système ne peut être considérée comme le siège des passions, des qualités morales, non plus que des facultés intellectuelles. Le premier aussi, il plaça dans le cerveau la cause immédiate de la manie, dé la démence, de l’imbécillité. Enfin, il renferma dans ses vraies limites le rôle des sens externes, exagéré parCondillac et Helvélius. Par sa doctrine toute physiolo-