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limon, et dont l’abondance est telle, qu’elle alimente une forge et plusieurs moulins. Ses intermittences ont lieu trois ou quatre fois, pendant l’été seulement.

GARAGE s. m. (ga-ra-je — rad. garer). Action de garer ou de se garer, de mettre ou de se mettre en gare : Le GARKOtt des bateaux. Le garage d’un train de chemin de fer. Le gahage a pour but de rendre lu voie principale libre, afin que tes trains de voyaneurs puisse» ! dépasser les autres trains qui ne marcheraient pas aussi vite, (C. de Fageolles.)

— Voie de garage, Voie de chemin de fer dans laquelle les trains se garent pour laisser passer d autres trains.

GARAGIAO s. m. (ga-ra-jio). Ornith. Petite mouette d’Afrique.

GAIIAGOUSSE, personnage burlesque du théâtre arabe. Nous avons donné, au mot Caraguisuz, une description des marionnettes turques, et on particulier du personnage qui, à Constantinopte, représente notre Polichinelle. Garagousse n’est, en réalité, que le même personnage, dont le nom est prononcé d’une manière un peu différente ; c’est le Polichinelle du théâtre arabe, le principal acteur des ombres chinoises en Algérie, avant 1841, époque où l’autorité française le mit en interdit pour ses méfaits. Cet acteur de carton, qu’un simple til faisait mouvoir, cet incomparable bouffon de l’Orient, qui était à la fois l’Arlequin, le Paillasse, le Polichinelle, le Croquemitaine, le Barbe-Bleue, le Cartouche, le Robert-Macaire et le Mayeux de l’Afrique septentrionale, poussait la licence jusqu’à s’attaquer, dans ses jeux impudiques, à nos soldats, à la police française, à 1 administration. Pendant qu’à Paris, sur les planches de nos théâtres en vogue, nous ridiculisions les vaincus, — pourquoi ne l’nvouerions-nous pas ? — Garagousse, dans la ville d’Aller, devant sou public à dix centimes, se moquait des vainqueurs. Impossible de raconter ici le singulier rôle qu’il faisait jouer à nos troupiers, l’ètrangeté des combats où ils figuraient, de par son bon plaisir, rossés-et aplatis, ni avec quelles armes les canons étaient enlevés comme à la baïonnette. Il paraît que les plaisanteries de Garagousse compromettaient notre influence et menaçaient même l’avenir de notre domination. Garagousse fut donc condamné par arrêt à disparaître. Depuis 1841, la police d’Alger lui a fait une guerre d’extermination telle, qu’il ne reste plus vestige du personnage dans la pro-iiice. Mais rien ne prouve qu’en cachette il n’aille encore porter çà et là, dans le désert, ses grossières et méprisantes railleries contre nous, et surtout ses obscénités toujours bien accueillies des croyants.

On ignore l’origine et l’étymologie du nom de Garagousse. Un savant orientaliste croit qu’un guerrier du grand désert (Sahara), devenu célèbre par ses exploits et sa résistance à l’autorité des deys d’Alger, prit ce nom dérivé de deux mots turcs (kara-geus) qui signifient œil noir, et que plus tard, soit par la ressemblance presque exacte de ce nom avec un autre qui exprime une des facultés procréatrices de l’homme, soit pour idéaliser toutes les passions en un seul type, le peuple arabe en fit son idole, l’orna de toutes les qualités qu’il convoite, institua en son honneur des fetos qui étaient célébrées après l’époque de la prière et de la retraite (le Ramadan), et qu’enfin les générations qui suivirent abolirent cet ancien culte ot le remplacèrent par des représentations dont il n’est possible de donner qu’une idée incomplète, à cause de l’obscénité monstrueuse de la réalité. V. VIllustration du 10 janvier lg-lG, représentant les ombres chinoises à Alger et trois scènes de la pièce intitulée Garagousse.

Le buste du bouffon arabe est deux fois plus grand que celui des autres personnages, représentant ordinairement des juifs et des Européens, quelquefois des raïas. Sa tête est assez souvent ornée d’un grand casque surmonté d’une aigrette ; il porte alors un costume guerrier, dans le genre de celui des anciens soldats romains. En d’autres occasions, il est vêtu en Bédouin, et c’est alors qu’il se livre à toutes sortes d’impudicités. Tantôt il a une conversation railleuse et fort ridicule avec une jeune juive qui se balance mollement ; tantôt il cause avec une femme juive placée à sa fenêtre : puis il est arrêté par la garde. Les exactions des Turcs, la paresse des Maures, l’avarice des juifs, la servilité des Biskris et des nègres lui prêtaient jadis tous les sujets de ses bons mots et de ses sales orgies. Garagousse, comme l’a fort bien dit, dans ses Souvenirs de voyage en Afrique, M. Félix Mornand, à qui nous empruntons ces détails, Garagousse se présente sur la scène, aux yeux émerveillés des Arabes, avec tous les attributs des mauvais génies de la Fable. Grotesque résumé de tous les vices et de toutes les turpitudes, il réunit les types divers inventés en Europe pour effrayer les enfants, amuser la populace, rendre muette l’attention des vieilles femmes aux récits fantastiques.des veillées d’hiver, ou pour poliliquer et censurer les puissants du jour ; mais avec ces qualités, il n’excite encore qu’une faible admiration chez les spectateurs ; c’est comme modèle de libertinage qu’il enlève tous les sutfrages. Ce que le cynisme a de plus repoussant et de plus horrible, il l’ose en scène devaDt un parterre qui trépigne d’aise,

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et pendant que le tambour de basque et la flûte en roseau font assaut d’inharmonie et de discordance, ses paroles, ses actions sont d’une crudité dégoûtante ; outrageant la pudeur et la nature, il va jusqu’à produire les montruosités attribuées par la Fable à Pasiphaé. Dans l’ignoble farce de Garagousse, on ne sait, en somme, ce que l’on doit le plus déplorer, de la dégradation indigène, ou de l’infâme imagination qui peut inventer de pareilles horreurs. Et cependant c’est au sortir de ce divertissement que les sectaires africains de Mahomet se livrent à la prière et écoutent dans un pieux recueillement la voix sonore et imposante du muezzin, qui descend sur eux du haut du minaret de la mosquée comme une bénédiction céleste.

GARAGUAY s. m. (ga-ra-ghé). Ornith. Oiseau de proie peu connu, qui habite l’Amérique du Sud, et se nourrit surtout d’œufs de tortues.

GARAIE s. f. (ga-rè — rad. garer). Navig. Action de faire entrer un bateau dans une gare.

GARAIS s. m. (ga-rè). Bot, Nom vulgaire du fusain. I] On dit aussi garas. GAKAKPOUR, ville de l’Indoustan. V. Go ROUKPOUR.

GARAMANTES, ancien peuple d’Afrique, dans la Libye intérieure, au S.-E. de la Numidie, dont" il était séparé par la chaîne de l’Atlas. Ville principale, Gnraina, aujourd’hui Gherma. Le pays qu’ils occupaient correspond à peu près au Fezzan actuel. Ptolémée vante les vertus des Garainantes. Cornélius Balbus dirigea contre eux, l’an 21 av. J.-C, une expédition célèbre qui étendit les limites des possessions romaines jusqu’au Palus Nuba.

GARAMANTITE s. f. (ga-ra-man-ti-terad. Garamaiiles). Miner. Pierre nommée ainsi par les anciens, et qui parait être le grenat. On la trouvait dans le pays des Garamantes.

GARAMOND s. m. (ga-ra-mon — du nom de l’inventeur Garamond). Typogr. Ancien caractère d’imprimerie semblable au petit romain.

GARAMOND (Claude), célèbre fondeur et graveur en caractères, né à Paris vers la fin du xve siècle, mort en 1561. C’est lui qui le premier expulsa des imprimeries les caractères gothiques et leur substitua les caractères romains, dont il grava d’admirables tjpes qui ont à peine été dépassés depuis. Il a donné son nom à une sorte de caractère qui fut longtemps en usage. Ce fut lui qui grava, par ordre de François I«, les trois sortes de caractères dont Robert Estienne rit usage pour ses éditions grecques, à partir de 1544.

GARAMP1 (Joseph), antiquaire et prélat italien, né à Rimini en 1723, mort à Rome en 1792. Il appartenait à une famille noble, qui lui fit donner une excellente éducation. Il se lia avec Jean Lami à Florence, avec Muratori à Modène, prit, au contact de ces érudits, le goût des études archéologiques, puis se rendit à Rome, où il se fit avantageusement connaître par quelques savantes dissertations. Étant entré dans les ordres, Garainpi fut successivement nommé gardien des archives du Vatican et chanoine de Saint-Pierre par BenoîtXIV, évêque deBérythe et nonce apostoliquo à Varsovie, puis à Vienne par Clément XIV, évêque de Monte-Fiascone, et enfin cardinal (1785) par Pie VI. Pendant des voyages qu’il avait faits en Allemagne, en Hollande, en France et en Angleterre, il avat réuni une bibliothèque considérable dont le catalogue fut publié à Rome, en 1796, par Marino de Romani. Nous citerons parmi les écrits de Garampi : De Nammo argenteo Benedicti III (Rome, 1749, in-4") ; Memorie ecclesiastiche appaitenenti ail’ isloria ed al culto délia beata Ctdara di Rimini (Rome, 1755, in-4o) ; Notizie, régale, etc., in onore de' SS, Murtiri delta liasilica Vaticana (Rome, 1759) ; Il Fiorino d’Oro illustrato, Saggio de osseruazioui sul valore dette antiche monete poniificie (in-4<>, sans date), etc.

GABAN s. m. (ga-ran). Ornith. Nom vulgaire de la grue.

GARANÇAGE s. m. (ga-ran-sa-je — rad. garancer). Techn. Action de garancer : L’influence de la température dans les opérations du garançaGE... (Persoz.) Il Immersion du coton dans de l’eau où l’on a fait tiédir du sang ou de la garance.

— Encycl. Le garançage a pour but d’appliquer aux tissus la couleur rouge donnée par la garance. Polir les tissus végétaux, on leur fait subir le mordançage, puis on les plonge dans le bain, et on élève graduellement la température jusqu’à l’ébullition. La durée de l’opération, ainsi que la température, dépend de la teinte qu’on veut donner à l’étoffe. L’addition dans la liqueur d’une petite quantité de carbonate de chaux contribue à la solidité et à la vivacité de la couleur. Les industriels ne font, dans ce cas, que suppléer à la pauvreté en craie du terrain où Von a récolté la gérance. Le garançay des tissus de soie et de laine demande de grandes précautions ; il se divise en deux opérations secondaires : le bouillon et la rougie. Le bouiltou n’est autre chose que le moroançage de l’étoffe ; il se fait dans un bain de 25 d’alun et 6 de tartre pour 100 de tissus ; ce bain est élevA jusqu’à la température d’ébullition. La rougie est l’opération la plus mi GARA

nutieuse ; elle est suivie d’un lavage à grande eau.

GARANCE (.. f. (ga-ran-se — L’origine de ce mot est douteuse. On la tire généralement du bas latin v&rantia, et Du Cange croit que varantia a ét& dit pour verantia, de verus, vrai, à cause te la beauté naturelle de cette couleur rouge. « Ce qui, dit M. Littré, donne quelque appui à cette conjecture, c’est qu’on trouve dans le bas latin veranter, véritablement, et veraro, vérifier). » Genre de plantes de la famille d ; s rubiacées, tribu desaspérulées : Les liges et les feuilles de la oarancb forment un excellent fourrage. (Millot.) La Garance a ta singulière propriété de teindre les os en rouge. (Flourens.) La culture de la garance a été introduite dans le département de Vaucluse par un Persan nommé Altcu. (Raspail.) il Ra ; ine de cette plante : Les gaRancks ont atteint, cette année, des prix t ?’èséleoés. Il Couleur fournie par cette racine, ou teinte rouge de même nuance : La garance est un rouge très-vif. Il Petite garance, Nom vulgaire de l’uspérule tinctoriale.

— Comm. Garance rodée, Racine de garance dont on a ôté le cœur et la première écorce.

— Adjectiv. Qui a une couleur pareille à celle que fourr.it la garance : Un rouge garance. Un drap garance. Nos soldats partent des pantalons gvrancë. Les étoffes teintes en rouge garance, avec les racines récoltées en Europe, ont rarement le lustre de celles qui le sont avec les redites gui viennent du Levant. (Moléon.)

— Encycl. Bot., Chim. et Indust. La racine de garance est, sans contredit, après l’indigo, la substance tinctoriale la plus importante à tous égards. La couleur rouge qu elle fournit, et qui se fixe très-bien sur les tissus, au moyen des mordants d’alumine, est une des plus belles et des plus solides que l’on connaisse.

Cette plante vient dans toute espèce de terrain ; mais on la cultive de préférence dans les terres meubles et légèrement liuini -des. Ce n’est qu’au bout de trois ans qu’on tire la racine da terre ; dans le Levant, la récolte ne se fait même qu’au bout de cinq à six ans.

La racine se compose de trois parties bien distinctes : d’un cœur ligneux jaune qui la parcourt dans toute sa longueur, d’une partie corticale rouge et d’une pellicule légère et rougeâtre nommée épiderme. Comme c’est surtout dans la partie corticale que réside le principe colorant, on cherche, autant que possible, à l’isoler des deux autres parties. C’est là le but de la mouture qu’on fait subir habituellement L la racine séchée et vannée.

La racine entière est connue, dans le commerce, sous le nom d’alizari. Ce n’est que lorsqu’elle a été pulvérisée qu’où lui donne le nom spécial de garance.

Les alizaris sont très-peu employés pour les opérations de la teinture, et il n y a guère que l’alizari d’Avignon et celui d Auvergne qui se trouvent r.ur les marchés de France ; 1 alizari de Chypre est fort rare ; celui d’Alsace ne s’y montre jamais.

Les poudres dites garances sont distinguées, d’après leur origine, en garance de Hollande, garance d’Alsace et garanre d’Avignon.

10 Garance di Hollande. Son odeur est forte et nauséabonde ; sa saveur est sucrée avec mélange d’amertume ; sa couleur varie et va du rouge brun au rouge orangé. La nuance rouge br jn n’est applicable qu’à la garance mulle dî chaque espèce. On donne le nom de mulle it la dernière qualité de garance. C’est un mélange des plus petites racines, du chevelu et de l’épiderme des grosses racines, de terre et de ce qu’on appelle son ou rebut des blutoirs.

Ordinairement, Sa poudre est en paille, c’est-à-dire que sa trituration est assez grosse pour laisser apercevoir la texture de la racine, et il n’est pas rare d’y trouver des parcelles d’alizari qui n’ont point cédé à la meule. Toutefois, cette trituration grossière n’est point un défaut, puisqu’elle écarte plus facilement la fraude.

Soumise à l’action de l’air, elle en absorbe facilement l’humidité, et, lorsqu’on l’expose au travail de la cuve, son rouge orangé se change en rouge vif, riche en fond. La garance de Hc-’lande travaille plus que les autres, en terme ie commerce, c’est-à-dire qu’elle offre des modifications de couleur plus prononcées par lt contact de l’air humide.

La garance de Hollande est robée ou non robée. Dans le premier cas, les racines ont été dégagées de leur épiderme, ce qui donne plus d éclat à la poudre ; dans le second, elles ont été triturées sans cette précaution j alors la poudre est plus sombre.

Cette garance ns peut être employée jeune ; il lui faut au moins un an de tonneau. A trois ans, elle est dans toute sa vigueur.

La poudre, tencre ou d’un aspect jaune la première année, subit bientôt une fermentation avec l’âge ; alors les parties divisées s’unissent les unes aux autres, s’agglomèrent, puis augmentent de volume, au point qu’après plusieurs années, la dilatation est telle,

?ue les fonds des tonneaux prennent une

orme convexe tr-is-prononcée. Alors la garance est si dure q je, pour l’extraire des fûts, on est obligé d’employer une masse ou un ciseau. Cette garance fermente plus que les autres.

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Elle se conserve plusieurs a., ices, après avoir atteint son degré de vigueur tinctoriale, trois ans environ ; mais alors les couches qui tapissent les parois des tonneaux commencent à perdre leur éclat ; la garance prend un aspect brun blafard ; sa décomposition commence ; le progrès en est lent, mais certain ; plus tard, elle s’éteint tout à fait en se colorant en rouge brun.

Dans le principe de la décomposition, elle peut être encore employée pour les fonds bruns ; mais lorsque la vieillesse a détruit tout principe colorant, elle ne peut plus servir que comme garance multe.

Cette sorte de garance venait jadis de la Hollande en fûts de chêne du puids de 600 kilogrammes. Elle estaujourd nui extrêmement rare, par suite du droit élevé dont le gouvernement l’a frappée à dessein, pour maintenir et encourager les cultures de l’Alsace et du Comtat. Cette garance jouissait d’une vogue méritée, et nul doute que l’emploi n’eu devînt encore général, si les droits équivalents à une prohibition venaient à être réduits,

20 Garance d’Alsace. Cette garance, qui a remplacé dans nos fabriques la garance de Hollande, bien qu’elle n’eu ait pas toutes les qualités, présente les caractères suivants :

Odeur moins large, plus pénétrante que celle de la précédente ; saveur moins sucrée, également amère ; aspect depuis le brun jusqu’au jaune vif ; trituration assez grosse ; elle absorbe assez facilement l’humidité de l’air ; au travail de la cave, de jaune elle devient d’un rouge foncé ; cependant, à l’emploi, elle tire plus sur le jaune. Ainsi que la garance de Hollande, elle n’est point employée jeune ; à deux ans elle est dans sa vigueur. Elle se détériore plus facilement ; sa fermentation est bien moins prononcée ; cependant elle durcit beaucoup dans Je fut, s’agglomère peu à peu et présente les mêmes difficultés pour l’extraction. La maiche de la décomposition est la même ; la gurmice qui l’a subie ne peut être employée que pour les nuances foncées.

Jamais la garance d’Alsace n’est connue sous les dénominations de robée et de non robée, bien que l’opération du i-ubage ait lieu. Les marques seules distinguent les variétés. Les marques connues sur les marchés sont.-O, mulle ; MF, mi-liiie ; FF, fine fine ; isF, surfine ; SFF, surfine fine.

Les garances d’Alsace viennent en fûts de chêne de 700 kilogrammes, eu demi-fûts de 300 kilogrammes, en quarts de 150 kilogrammes et en fûts de 1C0 kilogrammes, ij’est à Strasbourg, Hagueneauet Ueïsselbruiin, qu’on fabrique les garances dites d’Alsace.

Garance d’Avignon, Les garances d’Avignon sont généralement employées aujourd’hui et préférées aux autres sortes, parce que le teinturier et l’inuiemieur trouvent plus facilement dans leur emploi les moyens de varier les rouges suivant leurs besoins. De toutes les garances, cesontcel.es qui ont subi le plus de modifications dans les marnes et les qualités. IL résulte de là que le commerce ne saurait être fixe sur l’appel seul de la marque, qui, dans chaque fabrique, présente une nuance particulière ; aussi ne peut-on acheter lesyuruncrs n’A vignon que vues dessus, c’est-à-dire étendues sur toile.

Les caractères de cette poudre sont :

Odeur agréable et peu pénétrante ; saveur légèrement sucrée avec amertume ; aspect ou rusé, ou rouge, ou rouge brun, suivant les racines employées à la confection et le plus ou moins de mélange ; trituration très-fine ; poudre sèche au tuiioher.

Soumise à l’action de l’air, elle absorbe plus difficilement l’humidité que les autres espèces ; cependant elle ne travaille pas moins, et donne ensuite un rouge tendre ou très-foncé, suivant la teinte de j.’i poudre.

À Avignon, on ne connaît pas les expressions de robée et de non robee. On se sert du mot épuiatton. Une garance est épurée à 3, 5, 7 ou 10 pour 100, même jusqu’à 15 pour 100. Cette manière de s’exprimer est un pur churlatanisme ; car, comment épurer une racine, si ce n’est en la privant de sou épiderme, et comment croire que la racine contienne à volonté plus ou moins d’èphierme pour porter l’épuration quelquefois jusqu’à 15 puur 100 ? Ce serait luire supposer que le poius de l’épiderme est à celui ne la racine comme 1 est à 7, 10 ou 15 ; ce qui n’est pas.

La meilleure garance est faite avec les racines des palus. On donne le nom depatus, à Avignon, aux terresuiicîennemeiitcouvertes de marécages. Ces terres, engraissées de détritus organiques, sont éminemment propres à la culture de la garance, et elles fournissent presque toutes des racines rouges, taudis que les autres natures de terres produisent des racines rosées. La poudre qui provient des alizaris palus est d’un rouge sombre, peu agréable à l’œil ; mais aussi les résultats eu teinture sont d’un rouge sang, que l’on varie à son gté. Une moindre quantité agit auiunt qu’une plus grande de la racine rosée.

La garance rosée esl fuite avec les alizaris dits rusés, La poudre en est d’un rouge clair tirant un peu sur le jaune.

La garance moitié palus, moitié rosée, fait une poudre brillante, avantageuses la vente, et dont les résultats smit très-satisfuisants en teinture. Le br.liant de la garance rosée se mêlant au fond riche des palus, il en resuite un rouge tout à la fois corsé et brillant. La garance d’Avignon peut être em-