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continuels combRts avec sa cavalerie, qu’il entremêlait d’archers, et ébranlait peu à peu la confiance du soldat romain.

Au pied de la montagne s’étendait le camp de César. Celui-ci, ayant aperçu, à gauche de la place, une colline isolée et forte d’assiette, escarpée de tous les côtés, forma le dessein de s’en rendre maître, ce qui lui permettrait de gêner beaucoup les Gaulois pour l’arrivée de l’eau et des fourrages. Il sortit secrètement de son camp dans le silence de la nuit, gravit la coltine, s’en empara et y établit deux légions, pour lesquelles il en fît un second camp, qu’il relia an premier par un double fossé de 12 pieds de large, assurant la communication d’un camp à l’autre. Mais là se bornaient tous ses succès : Vercingélorix semblait toujours inexpugnable

dans ses retranchements. Aussi César ne songeait-il qu’à trouver un prétexte pour lever le siège, lorsqu’un jour, en visitant les travaux du petit camp, il jeta les yeux sur les quartiers gaulois et crut les voir presque déserts. Surpris de cet abandon, il en demanda la raison aux transfuges et aux captifs, qui lui apprirent que Vereingétorix employait une partie de son armée à fortifier une autre colline contre laquelle il craignait que César ne dirigeât ses efforts, après s’être déjà emparé de celle où il avait établi son petit camp. Un second succès de ce genre aurait

Ïiour effet de placer Gergovie etï’armée gauoise dans la situation la plus critique, puisque rien ne pourrait plus ni entrer dans la place ni en sortir. César résolut de mettre à,

firofit ces renseignements, qui lui furent d’aileurs confinnés par ses espions. Vers le milieu de la nuit, il détacha une panie de sa cavalerie du côté delà colline, avec ordre de battre la plaine à quelque distance, en faisant le plus de bruit possible, pour donner l’éveil aux Gaulois ; au point du jour, il envoya dans la même direction tous les valets et les mulutiers de l’année, habillés comme les cavaliers ; enfin une légion suivitle même chemin, enseignes déployées. Vercingètorix, qui observait tous ces mouvements du haut des

murs de Gergovie, ne douta plus alors que ses craintes ne fussent près de se réaliser, et il se bâta de porter ses troupes sur le point qu’il jugeait menacé, laissant son camp presque désert.

C’était i’a ce qu’attendait César. Il fit aussitôt déliler ses soldats du grand camp dans le petit, en ordonnant de baisser les enseignes, pour mieux dissimuler son opération ; puis il réunit autour de lui les lieutenants de chaque légion, leur expose son plan d’attaque et leur recommande surtout de modérer l’ardeur du soldat, soit pour le combat, soit pour le pillage, car c’est surtout une surprise qu’il va tenter. À son signal, les troupes romaines s’élancent, arrivent au mur élevé par les Gaulois, le franchissent et se rendent maîtresses du camp des Gaulois. L’attaque fut si brusque, que Theutomatus, roi des Nitiobriges, surpris dans sa tente, faisant la méridienne, n’échappa qu’à moitié nu aux Romains qui pillaient son camp. César s’arrêta alors avec la dixième légion, qu’il commandait en pereonne, tandis que trois autres Continuaient leur marche vers la ville, où les fuyards rentraient précipitamment et en désordre. Les postes étaient vides pour la plupart, et lorsque les assaillants arrivèrent au pied des murs, ils ne virent sur les remparts qu’une multitude désarmée, des femmes et des enfants, dont les cris d’épouvante remplissaient la ville. « Les femmes jetaient du haut des murailles leur argent, leurs effets, et, se présentant la poitrine nue, les brus étendus, elles suppliaient les Romains d’avoir pitié d’elles, et de ne pus leur infliger le même sort qu’aux habitants d’Avarieuin (Bourges), où ils n’avaient épargne ni les femmes m les enfants. Quelques-unes allèrent se rendre aux soldats. Un centurion de la huitième légion, L. Kiibius, qui ce jour-là avait dit aux siens qu’animé par le souvenir des récompenses d’Avarieuin, il ne souffrirait pas que personne escaladai la muraille avant lui, se lit soulever par trois de ses soldats jusque sur le rempart ; après quoi il les aida lui-même à y monter. » (Comment, de César, liv. VIL) L’escalade commença alors de toutes parts, et le sort de (Jergovie parut irrévocable.

Cependant, dit M. Amèdée Thierry (Histoire des Gaulois), la scène changea bientôt. Ceux qui travaillaient aux nouveaux retranchements, sur cette colline dont nous avons parlé, entendant le tumulte qui s’élevait de Gergovie et les récits de ceux qui accouraient leur apprendra la prise de la ville, revinrent en foule sur le point attaqué, conduits par Vercingètorix, qui comprit la ruse de César. À mesure qu’ils arrivaient, ils se rangeaient en bataille. Le combat se rétablit bientôt, à ce point que les femmes, qui, tout k l’heure, imploraient avec larmes la pitié du vainqueur, excitaient maintenant leurs époux et leurs frères, les encourageant à sauver leurs familles et leur patrie. La cavalerie gauloise, prenant les Romains en flanc, les charge avec impétuosité. Fabius et ceux qui l’ont suivi sont massacrés, leurs cadavres précipités du haut des murs sur les têtes de leurs compagnons. Les Romains, acculés contre la muraille, fatigués de la lutte et obligés de faire face à des uoupes qui se renouvelaient sans cesse, tirent des poi-tes cruelles. Cependimt-Ces.r espérait toujours qu’un «orys <1 Eduens qu’il avait^mande en toute hâte et qui devait

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se présenter sur sa droite, laissée à découvert, rétablirait le combat. Les Eduens se montrèrent, en effet ; mais ces alliés des Romains, portant des armes et un équipement semblables à ceux des assiégés, effrayèrent les soldats de César, au lieu de les rassurer, bien qu’ils eussent le bras droit nu jusqu’à l’épaule, ce qui, dans les usages du pays, était un signe d’amitié. Les Romains tournèrent le dos et descendirent la montagne dans une déroute complète, poursuivis l’épée dans les. reins par les Gaulois, qui les eussent exterminés, si César ne se fut porté à leurs secours avec la dixième légion. Il parvint ainsi à contenir les Arvernes et à protéger la retraite de ses troupes. Cette légion courut elle-même les plus grands dangers, et il fallut que Sextius, commandant de la treizième, accourût pour l’arracher aux épées gauloises. Vercingètorix poursuivit les Romains jusqu’aux portes de leur camp ; mais, satisfait de sa victoire et sachant à quel ennemi il avait affaire, il ramena ses troupes sous les murs de la ville.

Après un si sanglant échec, il devenait impossible à César de rester plus longtemps devant Gergovie. Il engagea cependant encore quelques escarmouches de cavalerie, pour ne point paraître se retirer trop brusquement et ménager l’orgueil des soldais romains ; puis il leva son camp et repassa l’Allier (52 av. J.-C).

GERGOVIE, montagne de France (Puy-de-Dôme), qui fut, -au dire des savants, l’emplacement de ta cité gauloise célèbre parla victorieuse résistance que Vercingètorix y opposa à César. Elle a 744 mètres d’élévation. Le plateau qui la couronne mesure 1,500 mètres de longueur sur 600 de largeur. Il présente la forme d’un immense parallélogramme, dont les grands cotés regardent le nord et le sud. Il est traversé aujourd’hui par six chemins d’exploitation. • De chaque côté de ces chemins, du M. Thibaud, s’élèvent des amas considérables de pierres basaltiques, au milieu desquelles sont éparpillés une quantité de fragments de poterie. (Je sont évidemment les rues de l’ancienne ville de Gergovie et les testes des édifices qui les bordaient. ■ De nombreuses fouilles ont été faites sur le pla’ teaude Gergovie ; celles de 1861 ont été particulièrement fructueuses. ■ Elles ont mis à

jour, dit M. Joanne, des restes de constructions, un escalier à vis, une vaste cave, un puits de 4 mètres creusé dans le basalte, des fragments de marbre et de mosaïques, d’armes diverses en métal, d’ustensiles domestiques, des poteries, des médailles et monnaies « n or, en argent et en bronze, enfin des flèches et des haches en silex.

Gergovie continua de subsister, même après la soumission complète des Gaules, comme le prouvent les nombreuses médailles consulaires et impériales trouvées sur son emplacement, pêle-mêle avec des médailles gamoisesjce fut Auguste qui, après plusieurs années de règne ; crut faire disparaître le souvenir de la délaite de César en ruinant la ville et en forçant les habitants à s’expatrier. Au moyen âge, l’abbaye de Saint-André, de l’ordre de Prèmontré, située entre Clennont etChamalières, était en possession des ruines et du territoire de Gergovie. Aujourd’hui, le nom de l’antique cite gauloise est porté par un misérable hameau, composé seulement de deux ou trois maisons et situé à mi-côte, sur le flanc occidental de la montagne. »

GERGOVIOMYS s. m. Cer-go-vi-o-missde Ueryouie, nom de localité, et du gr. mus, rat). Mumin. Genre de rongeurs fossiles, dont le type a été trouvé sur le plateau de Gergovie, en Auvergne.

GEHGV, village et commune de France (Snôue-et-Loire), cant. de Verdun, arrond. et à 14 kilom. de (, ’hulon, sur la rive droite de la Saône ; 1,827 hab. Petit port sur la Saône, Commerce de bois et de vins. Antiquités mérovingiennes.

GERHARD (Jean), théologien allemand, né à Oueulimbourg (Prusse) en 1582, mort en 1637. Après avoir étudié la médecine à Wittemberg, il se tourna vers la théologie et devint surintendant des églises luthériennes à Cobourg. Plus tard, il accepta une chaire a l’université d’Iéua et l’occupa jusqu’à la fin de sa vie. On a de lui : Loti theoloyici (léna, 1610, 10 vol. in-Su ; Tubingue, 1662-16S9, 22 vol. in-4u) ; QuSSlioneS théologies ; Methodus stiulii theuloyici (léna, 1620) ; Ap/wrismi toutts theologis, etc.

GERHARD (Jean-Ernest), fils du précédent, orientaliste et théologien, né à léna en 1821, mort en ÎCSS. Il s’occupa surtout de recueillir dans les bibliothèques qu’il visitait les matériaux concernant les sectes chrétiennes. De retour dans sa patrie, il fut appelé à professer l’histoire, puis la théologie. On a de lui des ouvrages qui témoignent de ses vastes connaissances : Èarmonia linguarum orienlalium ; Consensus et dissensus religionum profanarum, judalsmi, samaritanismi, mahumedismi et paganismi ; De Ecclesim coptice ortu, proyressu et doctrina, etc.

GERHARD (Édouard), archéologue allemand, né Posen en 1795, mort en 1867. Il fut reçu agrégé, en 1816, à l’université de Ureslau, où il obtint bientôt une chaire qu’une ûphthuliiiie persistante leNforça d’abund-jnner, 11 alla en&ui<>o ac-tia.ov %n iaaii>. v» u«meura quinze ans à Rome, plongé dans l’étude

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de l’archéologie. C’est durant ce séjour qu’il eut l’idée de fonder des sociétées archéologiques correspondant entre elles au moyen de publications ornées de gravures et de descriptions de tous les vestiges connus de l’antiquité. Un libraire, le baron Cotta, s’intéressa beaucoup à ce projet, qui reçut un commencement d’exécution lors des fouilles entreprises, en 1828, par l’ordre de Lucien Bonaparte. Dans un voyage archéologique à Naples, M. Gerhard parvint à fonder une vaste société archéologique, sous le titre à’Inslituto di eorespnndensa archeologica, par plusieurs archéologues célèbres, entre autres, MM. Bunsen, Panofka, le duc de Luynes, Millingen, etc. Jusqu’en 1837, M. Gerhard dirigea lui-même cette importante société. A cette époque, il retourna en Prusse, où il fut nommé conservateur d’archéologie au musée de Berlin, professeur à l’université et membre de l’Académie des sciences de cette ville. Il fut élu, en 1860, associé étranger de l’Institut de France, dont il était déjà membre correspondant. Outre la collaboration de M, Gerhard à la Grande description de la ville de Home, par Platner, nous devons citer, parmi ses œuvres : les Antiques, collection de gravures publiées, de 1827 à 1844, à Stuttgard ; un Choix de peintures sur des vases grecs, plus particulièrement sur des vases étrusques (1839 - 1847) ; Miroirs étrusques (1839-1845) ; les Coupes grecques et étrusques du musée de Berlin (1843) ; Vases-étrusques et campaniens (1843) ; Vases apuliens ; Coupes et vases (Berlin, 1848-1850). Les travaux de M. Gerhard sur la mythologie sont au nombre des plus remarquables qui aient été publiés sur cette matière. Dès 1828, il donnait une introduction à l’explication mythologique des monuments de l’art (Prodiomus, etc., en allemand). Mais sa Mythologie grecque (Berlin, 1854-1855, 2 vol. iu-8u) est encore plus importante. C’est une œuvre de profonde érudition. Il fut aussi le directeur des Mtrnuments, recherches et rapports sur des questions d’archéologie, qui, intimement unis à la Gazette archéologique, forment un des recueils périodiques les plus précieux pour tous ceux qui veulent être au courant des progrès de la science ; des planches admirablement gravées accompagnent le texte. Mentionnons également : les Antiques de Naples (1828) ; la Description du musée du Vaticttn ; la Description du musée de Berlin ; les Antiques de Berlin nouvellement acquis (1836-1&10) ; une foule d’articles dans des revues et autres publications périodiques, et, enfin, les programmes de la Société archéologique de Berlin, que M. Gerhard publiait depuis 1842, en collaboration avec M. Panofka, à l’anniversaire de la fête du célèbre Winckelmann,

GERHARD ! (Ignace, chevalier de), général autrichien, né à Vienne en 1779, mort à Venise en 1856. Il s’engagea en 1796 et fit sa première campagne en Lomhardie. Il prît part aux combats de 1797 entre l’archiduc Charles et Bonaparte. En 1799, il devint officier ; il fit ensuite les campagnes de 1801 et 1802 contre l’invasion française et celles des années suivantes. En 1808, il était capitaine et faisait avec ce grade les guerres de.l’Empire. En 1815, il fit partie de l’expédition autrichienne envoyée à Naples contre Murât,

sous les ordres du général liiamlii. En 1816, il était à Padoue, où il remplissait les fonctions d’adjudant général auprès du général Frémont. Il continua son service dans les diverses places de la hante Italie et fut nommé, en 18Î8, lieutenant-colonel, en 1830 colonel, en 1835 général de brigade, enfin, en 1844, lieutenant-felil-maréchal.

En VS48, dasis la guerre entre l’Autriche et le Piémont, chargé de la défense de Vérone, il protégea cette place contre les tentatives d’insurrection des agents italiens, et la conserva il l’Autriche pendant que les années de Radetzki et de Charles-Albert manoeuvraient à l’entour et se livraient les combats de Pastrengo, de Santa-Luoia, de Petchiera (avril et mai 1848). À la fin de cette année, il fut nommé commandant de Vérone. Il rit ensuite, avec le maréchal Radetzki, la courte et sanglante campagne de 1849, qui se termina brusquement par la journée de Novare. Il fut chargé de défendre Mantoue pendant que Radetzki se portait vers Pavie avec le gros de son armée (mars 1849). Le général Gerhardi prit sa retraite eu 1850 et se retira à Venise, où il mourut.

GEKHARDT (Marc-Rodolphe-Balthasar), mathématicien allemand, né à Leipzig en 1735, mort à Berlin en 1805. Il faisait ses études de droit lorsque son père, ruiné par la guerre de Se ; jt ans, le plaça chez un négociant. Plus tard, Gerhardt obtint un emploi à la Banque de Berlin et fut charge par cet établissement de diverses missionsqui lui permirent de visiter la Prusse et une partie de la Russie. On a de lui : Manuel de ta connaissance des monnaies et poids et mesures allemands (Berlin, 1788) ; Tables des logarithmes à l’usage des négociants (1788) ; Instruction pour le calcul du cours du change (1789).

GERHARDT (Charles-Frédéric), habile chimiste français, correspondant de l’institut (1853), né à Strasbourg un 1316, mort en 185S. Il fit ses études en Allemagne, se perfectionna dans la chimie sous Liabig, et l’ut successivement professeur à Montpellier et dans sauia munie, ua science lui do.c de3 sunfl cations importantes. Il en » — -J- * enseigne GERI

ment plus intelligible en rapportant tous les oxydes et les acides oxygènes nu type eau, en donnant l’idée des séries et en ne considérant les formules de la composition des corps que comme des équivalences, au hau de leur donner une valeur absolue. Il eut pour collaborateurs Laurent et Cahours, avec lesquels il a publié de nombreux mémoires dans les, Annules de chimie et de physique. Plusieurs ouvrages de Berzélius et de Liebig ont été traduits par lui. Ses principaux écrits sont : Précis de chimie organique (1844, 2 vol. in-8°) ; Introduction à l’étudf de la chimie par le système unitaire { IS48, in-18) ; Traité de chimie organique, suite à la Chimie de Berzélius (1853-1856, 4 vol. in-S°).

GÉRY (saint). V. Didier.

GÉRICAULT (Jeon-Louis-André-Théodore), célèbre peintre français, né à Rouen le 26 septembre 1701, mort à Paris en 1824. Son père était « homme de loi, • comme ou disait en ce temps-là ; c’était un homme aimable, mais singulier, et qui, ne comprenant rien aux goûts de son fils, ne se souciait pas de le laisser suivre la carrière des arts. Étant venu demeurer à Paris, il avait fait entrer celui-ci au collège Louis-le-Grnnd, alors lycée impérial ; mais le jeune Géricault fut un mauvais écolier dans le sens exact du terme ; toutes ses préoccupations étaient pour le dessin, et, bien qu’il ne reçût d’autres leçons que celles du collège, il passait, ses ré- " créations et la meilleure partie de ses heures d’étude à « faire des bonshommes. > Déjà, toutefois, sa pas-ion dominante était !e cheval. Sorti du lycée en ls08, il allait secrètement dessiner dans l’atelier de Carie Vernet, qu’il quitta bientôt pour entrer chez l’auteur de Phèdre et Hippolyte, à’Andromaque et Pyrrhus, de Clyteiuneslre, qui continuait les traditions de 1 école de David ; mais l’enseignement de Guérin ne pouvait longtemps convenir à la fougue de son génie naissant, entraîné surtout vers les scènes dramatiques et les effois saisissants. Le maître, au reste, jugeait assez défavorablement les ébauches singulièrement mouvementées du jeune artiste, peu fait lui-même pour se lancer dans la voie que suivaient les plus grandes renommées de son temps. Il comprenait, d’ailleurs, que l’inspiration doit être guidée pur des.cou- ’ naissances positives. C’est pourquoi il se livra à des études persévérantes et obstinées, non-seulement d’après nature, mais encore d’après les maîtres classiques, dont il répudiait l’imitation servile, mais dont il s’imposait la sévérité de dessin dans le but de tempérer l’emportement de son pinceau. L’amuoinie, les antiquités, les lanjgues, lu littérature, 1 histoire ne l’occupaient pas moins ; le jeune artiste sut nourrir son intelligence et son cœur des plus belles productions du genre humain. Lui, le mauvais écolier de Louis-le-Grand, acquit ainsi une Instruction bien supérieure à celle du plus grand nombre de ses anciens condisciples.

En 1812, il exposa son Chasseur de la garde, qui excita un étonnement universel. La fougue de 1 exécution, l’indépendance du style, la hardiesse des mouvements, la vigueur de l’expression, l’énergie du coloris, l’originalité de la conception sortaient tellement de la conveniuii académique, qui régnait alors en souveraine, que celle toile remarquable fit en quelque sorte scandale. Le Cuirassier ùlessé (1814), qui résumait pour ainsi dire dans un épisode navrant tous les désastres de la campagne de Moscou, ne fut pus beaucoup mieux accueilli par les connaisseurs.Aujourd fini, que la gravure a rendu ces deux œuvres si populaires, il seruit siipeiflu de relever l’inintelligence d’un semblable dédain. Lois de la rentrée des Bourbons, les sollicitations de quelques amis, le désir de vivre au milieu des chevaux et des scènes militaires, ’qu’il aimait tain- k peindre, le décidèrent à s’engager duns les mousquetaires ; mais, heureusement pour l’art, ce curps fut licencié pendant les Ceul-Jours. Oencault reprit donc ses études et ses travaux avec une nouvelle ardeur, partit eu 1817 pour l’Italie, où il exécuta, Soit d’après I antique, soit d’après les maîtres de lu Renaissance, avec une prédilection marquée pour Michel-Ange, une multitude d’ébauches et do dessins, que les collections particulières se sont disputes depuis. De retour à Paris (1819), il s’occupa activement de l’execu ion n’une grande pagu, qui devait le placer au premier rang parmi le-, artistes contemporains. Il n’était alors question que du naufrage île la Méduse, arrivé en 181G, et des souffrances inouïes endurées par les naufrages, dont quelques-uns seulement avaient échappé à la mort, après quatorze jours passés sur un radeau battu par la nier furieuse. (Je diaine terrible ne pouvait manquer de saisir l’imagination de Géricault. Il se fcit à l’œuvre avec la passion qu’il apportait dans tous les actes de sa vie, et surtout dans Ses travaux d’art. On raconte même qu’il passait de longues heures dans les hôpitaux pour peindre des cadavres et des figures exténuées par la douleur et la maladie. Le résultat de ces labeurs fut la toile colossale du iiad^"’ se la Méduse, exposée au Salon ’"' iS19, œuvre , ..oUr tout a la lois.

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