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Cependant, le froid, la faim même et les privations de tout genre ont amené Germaine k deux doigts de la tombe. La pauvre enfant est devenue phthisique. Un matin, le docteur Le Bris vient trouver le duc et lui propose 50,000 fr. de rentes, aux conditions suivantes : il donnera sa fille en mariage au comte don Diego Gomez de Villanera, et il consentira à ce que, dans l’acte de mariage, Germaine reconnaisse comme sien le jeune Gomez, fruit illégitime des amours du coin te et de Mm»Chennidy, la femme d’un capitaine de vaisseau. « Fort bien, répond le vieux duc ; mais si ma fille est a enterrer, elle n’est pas à vendre. » Une porte s’ouvre ; c’est Germaine, pâle et chancelante, qui a tout entendu, et qui vient supplier son père d’accepter la proposition du docteur. « Je ne me croyais plus utile à rien sur cette terre, dit-ellé ; je me trompais, et je mourrai contente en pensant que ma mort vous a assuré ainsi qu à ma mère le repos et la fortune. « Nous nous refusons à décrire cette scène impossible, ridicule et odieuse si on la raconte, mais merveilleuse de finesse et d’habileté dans le livre de M. About...

Le mariage se conclut, et don Diego, en homme de cœur, remplit la promesse qu’il a faite de tout tenter pour ramener Germaine à la vie. Il l’emmène en Italie, en Espagne, en Grèce, où il s’est fait accompagner du docteur Le Bris, et il prodigue à la pauvre malade tous les soins que nécessite sa situation de plus en plus désespérée. On a compris sans doute quel jeu avait joué dans tout cela M’io Chermidy. Intrigante et rouée, elle s’est dit qu’un jour viendra sans doute où elle sera veuve, et où don Diego, devenu veuf aussi, pourra la faire comtesse de Villanera. C’est pourquoi elle lui a fait épouser une mourante. Mais tout à coup elle apprend que Germaine semble renaître à la vie, grâce aux doux rayons du soleil de Grèce. « Si elle allait guérir I » se dit-elle. Elle se rassure bientôt ; elle a pris tous ses renseignements, et dix médecins lui ont affirmé que la phthisie est proche parente de la mort. Sur ces entrefaites, une lettre annonce à Mme Chermidy que son mari vient d’être tué sous les murs do Ly-Tcheou, en Chine. « Victoire 1 au tour de Germaine, maintenant, et je ferai peindre sur les panneaux de ma voiture une couronne de comtesse !» Vain espoir ; Germaine va de mieux en mieux. Dès lors, la rage s’omparo de cette créature, et, coûte que coûte, elle jure de rendre à don Diego la libre disposition de son nom. Et, d’ailleurs, s’il allait se prendre d’nmour pour Germaine ! C’est, en effet, ce qui pourrait bien arriver ; car, de jour en jour, Germaine a appris à reconnaître les bontés de son mari, sa grandeur d’âme et son beau caractère. Elle l’avait méprisé d’abord, comme l’esclave méprise le maître qui l’a acheté ; mais, peu à peu, sa douceur, sa noblesse et la dignité de sa conduite l’ont touchée malgré elle, et, de son côté, don Diego s’est aperçu que l’image de Mme Chermidy s’etfaçait de plus en plus de son esprit et de sou cœur. M’«c Chermidy apprend tout cela. Elle fait venir un forçat libéré, Mantoux, .qu’une femme de confiance a su lui découvrir, et elle le fait partir pour Corfou, en qualité de valet de chambre, avec la mission d aider à la maladie qui doit tuer Germaine. Mantoux part ; arrivé à Corfou, il achète de l’arsenic, le fait dissoudre dans de l’eau et en additionne chaque soir la tisane de Germaine. Mais celle-ci revient de jour en jour à la santé comme par enchantement : Mantoux ne s’aperçoit pas qu’en voulant la tuer par degrés, et en lui administrant le poison a petites doses, il aide à la guérison au lieu d’y faire obstacle. Cette fois, Aime Chermidy ne sait plus contenir sa rage, et, à défaut de la fille, elle tuerait le père. En effet, le vieux duc, resté à Paris avec la duchesse pendant le voyage de Germaine, a repris sa vie de luxe et de plaisirs. 11 a fait la connaissance de Mme Chermidy, en est devenu amoureux, lui a donné toute sa fortune. Le malheureux est presque tombé en enfance, et, tout brèche-dent qu’il est, essaye de balbutier des mots d’amour. Jamais on n a peint sous des couleurs si atroces, s ; ms être criardes, l’état de dégradation d’un vieillard égoïste et débauché. Enfin une lettre arrive de Corfou à l’adresse de Mme Chermidy : Germaine se meurt, Germaine est

morte ! Aussitôt l’infâme créature fait ses malles et part pour la Grèce ; la succession est ouverte ; il n’y a pas de temps à perdre. Mais, ô déception ! Germaine a triomphé des derniers efforts de la maladie. Cette fois, elle est sauvée, et bien sauvée. Mm« Chermidy va se cacher aux environs de Corfou, et là elle fait venir Mantoux. « Prends ce couteau, lui dit-elle, et fais ce que ton poison n’a pas su faire. J’ai 100,000 fr. dans mon secrétaire ; la moitié sera pour toi. » Imprudente ! 100,000 fr. mis-sous les yeux d’un forçat ! Le coup de poignard qu’elle destinait à Germaine, c’est elle qui le reçoit.

On devine le reste : Germaine, adorée de son mari, revient avec lui en France, et cet étrange mariage i’ii extremis leur vaut à tous deux de longues années d’amour et de bonheur. Au point de vue de l’art et du style, M. About n’a rien fait de. mieux, suivant nous, que Germaine. Laissons parler, du re-te, M. Montégut, un do ceux qui se sont montrés parfois le plus sévères pour M. About : ■ Il y a, dit-il, plus d’âme dans Germaine que dans les autres livres de M. About. L’air y cirrule davantage ; la nature y est moins voi GERM

lée, sans que pour cela le récit perde rien de sa rapidité agréable. Germaine possède encore une autre qualité pour celui qui étudie le talent de M. About. Ce livre révèle d’une manière saisissante un des caractères les plus heureux de ce talent. Au fond, l’histoire contenue dans ce récit est une histoire sinistre et malpropre au possible ; c’est une histoire de cour d’assises. Tous les détails en sont équivoques quand ils ne sont pas infects, et pourtant cette histoire ne choque pas. Supposez qu’elle eût été contée par un autre de nos romanciers, il faudrait peut-être cacher le livre avec soin après l’avoir lu, de peur qu’il ne tombât sous des 3reux indiscrets qui ne doivent pas le lire. M. About, au contraire, s’est tiré avec une dextérité merveilleuse de cette scabreuse anecdote. Les motifs équivoques par lesquels est expliqué le mariage de Germaine et de don Diego paraissent tout naturels et ne scandalisent pas un instant le lecteur. On pardonne au vieux duc son épouvantablé égoïsme, comme le lui pardonnait sa sainte femme elle-même ; ce qu’il y a d’horrible dans ce caractère, l’auteur l’a laissé raconter parGavarni en deuxmots cyniques et expressifs : « Mon mari ! un chien fini ! mais le roi des hommes ! » sans prolonger un commentaire qui aurait pu devenir choquant. De M™e Chermidy, qui a été si souvent mise en scène dans la littérature contemporaine, il dit simplement : « C’était une coquine, capable de tout !» et il le prouve sans insister et sans avoir besoin de nous faire pénétrer dans cette âme fangeuse. Lorsque Mu>8 Chermidy doit mourir, on ne voit pas même le couteau du forçat, et lorsque le vieux duc perd la raison, un seul détail sinistre, un cri d’oiseau sauvage répété avec monotonie, suffit pour nous éclairer sur l’abîme de dégradation physique et morale dans lequel est tombé le malheureux. Je n’ai jamais lu une histoire révoltante racontée avec autant d’adresse. »

GERMAN (SAN-), ville de l’Amérique australe, dans l’Ile de Porto-Rico, sur la côte O., ch.-l. de district, à 112 kilom. S.-O. de San-Juan-de-Porto-Rico ; 9,200 hab. Fondée en

1511. Culture du café et du coton. Élève de bétail sur une large échelle.

GERMAN Y LLOREiNTE (Bernard), peintre espagnol, né à Se ville en 1G85, mort dans cette ville en 1757. Élève de son père et de Christophe Lopez, artistes également médiocres, il acquit, grâce à ses heureuses dispositions, un talent fort remarquable et une réputation qui arriva jusqu’à la cour. Philippe V Je lit appeler pour faire le portrait de l’infant don Philippe (1711) et lui donna le titre de peintre royal, que l’artiste refusa pour l’ester libre de retourner dans sa ville natale ; German peignit beaucoup de vierges entourées de brebis, ce qui lui valut le surnom de peintre de bergères (pintor de las pastoras). Ses tableaux, dans lesquels on retrouve la grâce, la délicatesse et le relief qui caractérisent les œuvres de Murillo, se sont répandus en Espagne et en Italie, et plus d’un a passé pour appartenir à ce dernier maître.

Vers la fin de sa vie, German rembrunit à tel point ses teintes, pour ajouter à la vigueur du clair-obscur, qu’on peutà peine aujourd’hui distinguer les personnages des toiles appartenant à cette époque.

GERMANDRÉE s. f. Cèr-man-dré — altér. du gr. ckamaidrus : de c/iamai, à terre, drus, chêne). Bot. Genre de plantes de la famille des labiées, tribu des ajugoïdées, comprenant environ quatre-vingts espèces, qui habitent le pourtour du bassin méditerranéen : La Giiumasdrbe est douée d’une amertume très-prononcée. (F. Gérard.)

— Encycl. Les germandrées sont des plantes herbacées ou ligneuses, à feuilles ovales, crénelées ou dentées, a. fleurs généralement axillaires, rouges, purpurines ou jaunes. Ce genre renferme environ quatre-vingts espèces, qui habitent pour la plupart le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique. La germandrée sauvage croît très-abondamment dans les bois sablonneux et sur les coteaux arides. Elle répand, lorsqu’on la froisse, une odeur forte et désagréable. Sa saveur est un peu acre etamère. On la regarde comme apéritive, sudorifique et vulnéraire ; mais elle n’est guère usitée que dans les campagnes. La germandrée petit chêne, dont le goût est amer et l’odeur un peu aromatique, est plus fréquemment employée ; elle passe pour tonique, stomachique, fébrifuge, incisive et emménagogue. À ce genre appartient encore le marum, qui croît dans le Midi, aux bords de la mer, et qui est tonique, céphalique et antihystérique. Son odeur agréable, mais tellement pénétrante qu’elle fait éternuer, attire vivement les chats, qui viennent se rouler sur cette plante et ne tardent pas à la détruire. Les germandrées aquatique et de montagne, ainsi que le botrys, participent plus ou moins aux propriétés des précédentes. Les bestiaux ne mangent ces plantes qu’à défaut d’autre aliment, et leur lait en contracte, dit-on, une odeur désagréable.

GERMANÉE s. f. Cèr-ma-né). Bot. Syn. de

PLIiCTKANTHE.

GERMANICUS (Tiberius Drusus Nero), célèbre général romain, fils de Drusus Nero et d’Antonia, petite-iille d’Auguste, né à Rome l’an 10 av. j.-C. Questeur à 20 ans, il soumit deux fois les Dalmates et les Pannoniens révoltés, obtint le consulat, comme la questure.

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avant l’âge légal et sans avoir passé par l’édilité et la préture, et reçut d’Auguste le commandement des huit légions campées sur les bords du Rhin (14 ansap. J.-C). On dit même que ce prince eut un moment la pensée de

I adopter et qu’il imposa du moins à Tibère l’obligation de le reconnaître comme son successeur. À l’avènement de ce dernier, les légions de Germanie se révoltèrent et offrirent l’empire à Germanicus, qui eut la générosité de le refuser et de calmer cette sédition militaire, non sans avoir couru de grands danfers. Placé sur l’ancien théâtre de la gloire e son père, qui lui avait transmis son titre de Germanicus, il s’illustra lui-même par une suite d’exploits dont on trouve les détails dans les Aimais de Tacite, vengea sur Arminius, le héros national, la défaite de Varus, dont il reprit les aigles, et pénétra en Germanie jusqu’à l’Elbe. La jalousie de Tibère le rappela à Rome, où il fut reçu avec un enthousiasme extraordinaire (17). L’empereur lui fit décerner le triomphe, le prit pour collègue dans lo consulat et 1 accabla de flatteries ; mais il saisit le premier prétexte pour l’éloigner et l’envoya en Asie avec un pouvoir dictatorial, afin d’apaiser les révoltes et les troubles qui déchiraient les provinces romaines (18). En quelques mois, Germanicus pacifia !a Cftppadoce, la Comagène et l’Arménie, visita l’Égypte, la Judée et la Syrie, recevant partout des honneurs extraordinaires des rois et des peuples et faisant bénir son autorité par la manière équitable dont il l’exerçait. En l’an 19, il tomba tout à coup malade à Antioche, languit pendant quelques mois et mourut empoisonné, à ce qu’on crut, par Cn. Pison, gouverneur de Syrie et confident de Tibère. Les soupçons montèrent même jusqu’à l’empereur.

II est bien vrai que, dès l’arrivée de Germanicus en Asie, Pison, d’un caractère d’ailleurs violent et hautain, ourdit mille intrigues contre lui, s’attacha à lui aliéner l’armée, le poursuivit constamment de sa haine et poussa même l’insubordination jusqu’à l’insulte. Mais il n’est pas rigoureusement prouvé cependant qu’il ait reçu a ce sujet des instructions secrètes de Tibère et qu’il ait consommé ce crime. Tacite lui-même, si enthousiaste de Germanicus, n’ose se prononcer. C’est une question qui est restée douteuse, bien que Pison, accusé devant le Sénat, se soit volontairement donné la mort, accréditant ainsi les’ accusations dont il était l’objet. Germanicus avait composé plusieurs ouvrages, des comédies grecques, des poëmes, des épigrammes, etc. Il ne reste que quelques fragments de sa traduction en vers des Phénomènes d’AratuS..

Germanicus, tragédie en cinq actes et en vers, de Boursault, représentée au théâtre de la rue Guénégaud, en 1671. Cette pièce, dont le plan, les caractères des personnages et la versification sont au-dessous du médiocre, serait à jamais oubliée, si elle n’avait eu le triste honneur d’occasionner une querelle déplorable entre Corneille et Racine. « Cette tragédie, dit Boursault dans son avis au lecteur, mit mal ensemble les deux premiers hommes de notre temps pour la poésie. Je parle du célèbre M. Corneille et de l’illustre M. Racine, qui disputaient tous deux de mérite et qui ne trouvent personne qui en dispute avec eux. M. Corneille parla si avantageusement de cet ouvrage à l’Académie, qu’il lui échappa de dire qu’il ne lui manquait que le nom de M. Racine pour être achevé, dont M. Racine s’étant offensé, ils en vinrent à des paroles piquantes ; et, depuis ce moment-là, ils ont toujours vécu, non pas sans estime l’un pour l’autre, cela était impossible, mais sans amitié. Je cite cet endroit avec plaisir parce qu’il m’est extrêmement glorieux. » Voici le revers de la médaille : ■ S’il est échappé à Corneille de dire ce que Boursault rapporte, observent les frères Parfait, il faut croire que l’envie de mortifier Racine fut des plus marquées, car rien ne peut soutenir le jugement que ce grand poète a porté de cette pièce. » Il y a là en effet une énigme que les curieux des dessous de cartes dramatiques n’ont pas encore devinée.

Pradon avait fait aussi une tragédie de Germanicus, qui ne fut jamais imprimée, et qui n’est connue que par cette épigramme de Racine :

Que je plains le destin du grand Germanicus !

Quel fut le prix de ses rares vertus !

Persécuté par le cruel Tibère,

Empoisonné par le traître Pison, Il ne lui restait plus pour dernière misère Que d’être chanté par Pradon.

Gormnnicus, tragédie en cinq actes et en vers, d’Arnault (Théâtre-Français, 22 mars 1817). Elle est tirée de l’admirable page où Tacite a raconté l’empoisonnement probable du héros par Pison, sur les ordres de Tibère. L’instigateur du crime est Séjan, qui, déguisé en esclave, apporte à Pison l’ordre fatal et fait mouvoir tous les rouages de la pièce, dont il est le personnage capital. Dans cette grande lutte qui compromet les destinées de la moitié de la domination romaine, on voit d’un côté : Germanicus fidèle à Tibère et aux lois de la patrie, Agrippine dont les inquiétudes prophétiques ont le sort de celles de Cassandre, et Marcus, fils de Pison, noble et généreux soldat ; de l’autre, Pison, chez lequel l’ambition n’a pas étouffé tous les sentiments do loyauté ; Plancine, sa femme, assiégeant sans cesse son mari de ses fureurs homicides ; sur le second plan, quelques chefs qui suivront la

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fortune de celui des rivaux qui l’emportera, et, derrière tous ces personnages, Séjan les faisant mouvoir au gré de ses projets ambitieux. Cette intervention mystérieuse est conforme à l’idée qu’on se faitd’une tyrannie sombre, inquiète, jalouse, inexorable, qui frappe en se cachant, et se dispense de se justifier en punissant l’instrument du crime.

Le meurtre est consommé. Pison le raconte lui-même avec terreur à Plancine. Germanicus vient expirer devant ses assassins qu’il accuse, et devant les Romains dont il invoque et le témoignage et la vengeance. C’est à ce moment que Séjan jette loin de lui le masque dont il était couvert : l’esclave n disparu ; Séjan se montre, et fait nrrèter Pison, qui, à cot ordre, reconnaît Tibère et son digne ministre.

Do véritables beautés relèvent cette fable dramatique, empruntée presque tout entière à l’histoire : le rôle entier de Germanicus est bien conçu et bien tracé ; Agrippine et Plancine d’un côté, de l’autre Séjan et Pison forment des oppositions de caractères dont l’auteur a su tirer de grands effets. Le style est

trop visible.

La première représentation de Germanicus souleva dans le parterre une véritable émeute. L’auteur était proscrit : on crut voir dans la pièce des allusions politiques aux circonstances du jour. Des duels suivirent la représentation. Le fils d’Arnault se battit avec le journaliste Martainville. L’autorité interdit la représentation de la pièce.

Germanicus (la MORT dk), tableau de Pous sin. Ce tableau, que lo grand artiste exécuta pour le cardinal Barbenni, a-t-il été détruit ou est-il enfoui dans quelque obscure collection ? Les iconographes en ont perdu la trace, mais la composition nous e’n est du moins conservée par les gravures de G. Chosteau et de Coelmans ; elle est fort belle. Germanicus est étendu sur son lit, près de succomber aux violents effets du poison. À côté de lui, on voit son épouse désolée et ses trois enfants, dont le plus jeune est dans les bras de sa nourrice. Autour de sa couche se tiennent plusieurs soldats, ses amis fidèles, les compagnons de sa gloire. Il leur montre de la main sa famille et semble la placer sous leur sauvegarde.

Un artiste de notre siècle, Abel de Pujol, a exposé au Salon de 1824 un tableau, en style académique, correct, mais froid, représentant Germanicus recueillant les ossements des légions de Varus. L’histoire de Germanicus, en quatre compositions, a été gravée par R. Morghen d’après Grandjean.

Germaiiicui, nom sous lequel on a désigné pendant longtemps une excellente statue antique du musée du Louvre, qu’une inscription grecque dit. être l’œuvre de Cléomène, fils de Cléomène, Athénien. La tête, qui paraît être un portrait, offre le type romain. Le personnage a les attributs qu’on donne ordinairement à Mercure, dieu de l’éloquence. Le savant Visconti a jugé d’après cela que ce devait être la statue de quelque orateur romain. De Clarac y a vu l’image de ce Mnrius Gratidianus à qui Rome éleva une statue parce qu’il avait enseigné le moyen de distinguer les monnaies fausses des véritables. « Quel que soit le personnage romain dont cette statue nous offre l’image, dit Emeric David, l’artiste l’ayant représenté nu, elle ne peut avoir été faite avant le temps où les Grecs, forcés de flatter leurs maîtreSj apprirent aux grands do Rome qu’ils pouvaient, dès leur vivant, être mis au rang des dieux, et ce temps ne remonte point auuelà du siècle de Cicéron et de Pompée. »

GERMANIE (Germania), nom donné par les Romains à une vaste contrée de l’Europe ancienne, habitée par des peuplades germaniques et correspondant à peu près à l’Allemagne actuelle. Sous le règne d’Auguste, la Germanie avait pour bornes : à 10., le Rhin ; au N., la mer Germanique et le golfe Codanus ; au S., le Danube. On ne peut guère préciser la limite orientale, assez incertaine par suite des guerres incessantes des Germains de l’Est et des Slaves ; néanmoins, cette limite paraît avoir été la Vistule, une partie des Karpathes et la Moravie. Quand les Romains eurent érigé en province la partie de la Gaule riveraine du Rhin, qu’ils désignèrent sous les noms de Germania prima et de Germania secunda, la Germanie proprement dite fut souvent désignée plus particulièrement par l’épithète de magna, ou barbara, ou transrhenana. La région montagneuse et boisée qui s’étend du Rhin aux Karpathes était désignée sous le nom de forêt Hercynienne. C’était là, du reste, dit un géographe, une dénomination générique que souvent on appliquait à des parties isolées, dont les dénominations particulières étaient, par exemple, VArnola ou forêt Marciauique (aujourd’hui la forêt Noire), le Taunus, la montagne boisée du Teutobourg, à l’ouest du "Weser, le Bacenis {Harz), les monts Sudètes (forêt de Thuringe), la montagne Asciburgienne ou Vandale (Riesengebirge) ot le mont Gabreta (les montagnes de Ï’O. et du S. de la Bohème). Parmi les cours d’eau de la Germanie connus des Romains, nous signalerons : le Neckar (iYïctr), le Mein (Mœnus), la Lippe (Lippa), l’Ems (Amisia), le Weser (Visurgis), l’Eder (Adrana), l’Elbe