Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 3, Frit-Gild.djvu/410

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

1244

GIBB

marquer par sa douceur, sa familiarité, sa gourmandise, sa facilité à grimper, ainsi que par la singularité et la lenteur en quelque sorte réfléchie et calculée de ses mouvements. Ce genre renferme quelques autres espèces, beaucoup moins connues.

GIBBON (Édouard), l’un des grands historiens anglais, né à Putney, dans le comté de Surrey, Te 27 avril 1737, mort à Londres en 1794. Il appartenait à une famille de petite noblesse de campagne et était l’ainé de cinq frères qui moururent en bas âge, et d’une sœur qui vécut un peu plus, et qu’il tonnut nssez pour la regretter. Lui-même, d’une complexion délicate qui fit longtemps craindre pour ses jours, il fut soigné, moins par sa mère qui était absorbée par la vie mondaine, que par sa tante maternelle, Catherine Porten. Ce fut auprès d’elle qu’il puisa ce précoce et irrésistible amour de la lecture qu’il n’eût pas échangé, disait-il, pour les trésors de l’Inde. A l’âge de sept ans, on lui donna pour précepteur un vicaire de campagne, John Kirkby, sur lequel il a écrit des choses touchantes. À neuf ans, on l’envoya à l’école de Kingston, mais sans grand profit, à cause des interruptions commandées par la faiblesse de sa santé. Après dix-huit mois, la mort de sa mère le fit rappeler ; il ne profita guère davantage à l’école de Westminster, d’où il s’absentait souvent.pour aller aux bains de Bath et à la maison de santé. Il lisait durant oc temps, un peu au hasard, tous les livres qui lui tombaient sous la main ; mais son esprit était plus particulièrement attiré vers les études historiques, et un certain instinct de critique le portait déjà à remonter aux sources. Parvenu à sa seizième année, il vit ses crises nerveuses disparaître, ot sa santé se raffermit assez pour que son père se décidât à le placer à Oxford et à le faire inscrire en qualité d’étudiant ordinaire au collège de la Madeleine. Gibbon a laissé de l’éducation qu’on recevait de son temps à Oxford une description qui, dans la froideur de son ironie, est ta plus sanglante des satires. L’assujettissement des études s’y réduisant presque à rien, il y poursuivait à son gré le cours de ses lectures personnelles. Ce fut alors que l’érudition le tenta ; malheureusement, il s’essaya sur un sujet qui était prématuré, non-seulement pour lui, mais pour tous les hommes de son temps, le Siècle de Sésestris (Voltaire venait de publier son Siècle de Louis XIV) ; dans cet ouvrage, il cherchait à y concilier, au moyen de suppositions, d’ailleurs assez ingénieuses, les divers systèmes de chronologie. Avant d’avoir terminé son travail, il était capable déjà d’en sentir les imperfections. «La découverte de ma propre faiblesse, dit-il, futmonpremifer.symptôme « de goût. • Mais le fait important du séjour de Gibbon à Oxford est sa conversion passagère à la religion catholique. La Libre recherche, de Middleton, commença par ébranler son protestantisme chancelant, et sa conversion fut achevée par la dialectique de Bossuet, dont il lut attentivement Y Histoire des variations. » Cette conversion solitaire et toute par les lim-ss, dit judicieusement M. Sainte-Beuve, caractérise bien Gibbon. ■ À peine eut-il adopté la religion romaine qu’il résolut d’en faire profession, et il abjura à Londres en 1753. On peut juger du scandale : un élève d’Oxford qui devient papiste 1 Son père, par une diversion assez habile, 1 envoya pour quelques années à Lausanne, dans la maison d un honnête ministre du pays, le docteur Pavillard ; au bout detlix-huit mois, Gibbon rejeta sa nouvelle croyance ; mais, comme il était arrivé à Bayle, une étude approfondie des deux religions le conduisit au scepticisme religieux. Durant son séjour à Lausanne, il vit M’^Curchod (depuis M">e Necker), fille d’un pasteur des environs, belle, savante et vertueuse ; il l’aima sincèrement, lit agréer sa recherche et ne désespéra point d’obtenir le consentement-paternel ; mais, trouvant un obstacle

absolu dans la volonté de son père, il lutta longtemps, et, à la fin, courba la tête : « Je soupirai comme amant, dit-il, et-j’obéis comme fils. » Ce fut son premier et son unique amour. Pendant ce séjour de cinq ans en Suisse, il se livra sans relâche à ses’études, et, lorsqu’il quitta ce pays, le 11 avril 1758, pour retourner en Angleterre, à peine âgé de vingt et un ans, son éducation était complètement refaite. Il savait à fond le français et assez le latin pour pouvoir lire dans le texte original las auteurs de l’ancienne Rome. À Buriton, campagne de son père, il s’occupa en curieux, ù enrichir cette bibliothèque qui allait devenir la jouissance de sa vie entière et le fondement de ses futurs ouvrages. Il fut un moment distrait de ses études par son incorporation dans la milice nationale qui fut formée en Angleterre pendant la guerre de Sept ans. Pendant plus de deux années, il fut ainsi condamné à une vie errante et à la servitude militaire. Néanmoins, ce fut pendant les ennuis de cette existence qu’il publia, en français, avec une préfuce en anglais, son premier ouvrage, Vtissai sur l’étude ae la littérature, dont il avait écrit les premiers chapitres à Lausanne. C’était un travail assez judicieux, qui n’est pas dépourvu de vues saines et ingénieuses sur la beauté de la littérature latine et de la littérature grecque, mais qui n’a plus guère d’intérêt à nos 3, sux que comme témoignage de la réflexion

GIBB

précoce de Gibbon et de ses inclinations premières. Le style est correct, quoique artificiel ; il laisse trop voir la préoccupation constante d’imiter Montesquieu. Mais ce qui perce surtout dans cet opuscule, et ce qui sera l’esprit même delà méthode de Gibbon, c’est de ne jamais sacrifier un ordre de faits à un autre, de ne pas accorder plus d’autorité qu’il ne faut à un accident saillant, de se tenir également éloigné de la compilation qui coud des textes les uns aux autres, et du système absolu qui y tranche à son gré. Le livre de Gibbon n’eut pas grand succès à Londres. Le goût national ne s’accommodait pas beaucoup de cette importation, non-seulement des idées, mais des mots mêmes de la langue française. Il était toujours alors capitaine d’un bataillon de la milice du Hampshire. Pendant les loisirs du camp, il lisait Horace et achevait ses études grecques, un peu négligées jusque-là. En outre, il faisait un extrait raisonné de ses lectures, qui roulaient principalement sur l’histoire de la Suisse et celle de la république de Florence.

Aussitôt qu’il fut délivré de la milice, il obtint de son père de voyager pendant plusieurs années ; il vit Paris une première fois (janvier 1763), puis il revit la Suisse et Lausanne, et consacra plus d’une année à visiter l’Italie. Cette passion de lecture, dont il avait été saisi dés la première jeunesse, dut s’animer encore en s’approchant de cette Italie, espèce de monument vivant et perpétuel de l’antiquité. « Son journal de voyage se confondit cette fois avec soii journal de lecture, dit M. Villemain, et je crois que, de tous les voyageurs qui regardent les lieux et observent les monuments, Gibbon est celui qui a le plus songé aux textes des auteurs. Telle était encore cependant l’incertitude de son esprit sur l’étude à laquelle il se fixerait de préférence, telle était sa curiosité universelle, que nous voyons dans son livre de poste des lectures indiquées à la date de Gênes et de Florence, et qui ont pour objet les antiquités du Nord et la mythologie Scandinave. Au milieu de divers plans d’ouvrages tour à tour adoptés ou rejetés, il eut enfin l’idée du livre qui a fait sa réputation et rempli une grande partie de sa vie littéraire.

  • Ce fut, dit-il, à Rome, le 15 octobre 1764,

qu’étant assis et rêvant au milieu des ruines du Capitole, tandis que des moines déchaussés chantaient vêpres dans le temple de Jupiter, je me sentis frappé pour la première fois de l’idée d’écrire l’histoire de la décadence et de la chute de cette ville ; mais mon premier plan comprenait plus particulièrement le déclin de la ville que celui de l’empire ; et, quoique dès lors mes lectures et mes réflexions commençassent à se tourner généralement vers cet objet, je laissai s’écouler plusieurs années, je me livrai nié me à d’autres occupations avant d’entreprendre sérieusement ce laborieux travail. »

À son retour d’Italie, en mai 1765, Gibbon avait repassé par Paris : il y avait retrouvé Mme Necker, récèmmen.t mariée et qui l’avait bien accueilli. Il arriva en Angleterre le 25 juin 1765 et fut nommé lieutenant-colonel de la milice ; mais son ardeur étant passée avec le danger, il se refroidit bientôt et donna sa démission. En 1767, il publia avec un de ses amis suisses, Deyverdun, un recueil périodique intitulé : Mémoires littéraires de la Grande-Bretagne, dont la publication fut arrêtée au second volume. En 1770, il fit paraître ses Observations critiques sur le VI« livre de l’Enéide, pamphlet à l’adresse de Warburton, qui prétendait que la descente d’Enée aux enfers n’était point une fable, mais bien la description des initiations aux mystères d’Eleusis. Cette même année, devenu maître de ses actions par la mort de son père, il commença son grand ouvrage, dont le premier volume parut en 177fi. Nous n’entrerons ici dans aucun détail bibliographique et critique, renvoyant le lecteur à l’analyse que nous avons donnée à l’article

Spécial DÉCADENCE ET CHUTE DE l/EMPIRE ROMAIN.

Le succès tut prodigieux ; deux ou trois éditions rapidement épuisées avaient fondé la réputation de l’auteur avant que la critique eût seulement élevé la voix. Mais bientôt tout le parti religieux se prononça avec véhémence contre les deux fameux chapitres consacrés à l’histoire de l’établissement du christianisme. Gibbon fut même un moment intimidé par ces clameurs. Toutefois, les témoignages d’estime de Hume et de Robertson, les deux maîtres de l’histoire en Angleterre, le consolèrent de ces attaques.

Pendant le cours de ses premiers travaux, il était entré au Parlement ; mais la nature de son esprit, la gaucherie naturelle de" ses manières, une timidité qu’il ne put vaincre le rendaient peu propre à parler en public ; aussi siégea-t-il silencieusement pendant huit sessions successives. En 1779, il accepta une place dan : le conseil du commerce et des colonies. Il était peu fait, d’ailleurs, pour la vie politique, et toute sa conduite dans cette carrière annonce un caractère faible et des opinions indécises. En outre, par son éducation, par son séjour sur le continent, il était comme étranger aux idées anglaises.

En 1782, une révolution ministérielle lui ayant fait perdre sa place, à laquelle il ne tenait, d’ailleurs, que par les avantages qu’elle lui rapportait, comme il le confesse ingénument, il se décida à quitter l’Angle GIBB

terre et se retira à Lausanne, auprès d’un ami de trente ans, Deyverdun. Ce fut dans cette retraite qu’il termina son grand travail. ■ J’ai osé, dit-il dans ses Mémoires, constater le commencement de cet ouvrage ; je marquerai ici le moment qui en termina l’enfantement. Ce jour, ou- plutôt cette nuit arriva le 27 juin 1787 ; ce fut entre onze heures et minuit que j’écrivis la dernière ligne de ma dernière page dans un pavillon de mon jardin. Après avoir quitté la plume, je fis plusieurs tours dans un berceau ou allée couverte d’acacias, d’où la vue s’étend sur la campagne, le lac et les montagnes. L’air était doux, te ciel serein, le disque argenté de la lune se réfléchissait dans les eaux du lac, et toute la nature était plongée dans le silence. Je ne dissimulerai pas les premières émotions de ma joie en ce moment qui me rendait ma liberté et allait peut-être établir ma réputation ; mais les mouvements de mon orgueil se calmèrent bientôt, et des sentiments moins tumultueux et plus mélancoliques s’emparèrent de mon âme lorsque je songeai que je venais de prendre congé de l’ancien et agréable compagnon do ma vie, et’ que, quel que fût un jour l’âge où parviendrait mon histoire, les jours de l’historien ne pourraient être désormais que bien courts et bien précaires. »

La même année, il passa en Angleterre pour veiller à l’impression des derniers volumes de son œuvre ; puis il revint s’établir à Lausanne, où il se plaisait et où il était aimé.

Les événements de notre Révolution troublèrent la placidité de cette âme honnête, mais sans grande chaleur et sans élévation philosophique. On avait pu cependant le ranger parmi les adeptes de nos grandes écoles du xvme siècle, parmi les hommes qui aspiraient à la régénération des gouvernements et des peuples. Mais, comme tant d’autres, ses opinions étaient purement spéculatives, ou du moins, esprit timide et routinier, il fut surpris et comme effrayé de leur application pratique.

En novembre 1793, il retourna en Angleterre, pour porter des consolations à son ami lord Sheffield, qui venait de perdre sa femme. Six mois après son arrivée, des incommodités qui le tourmentaient depuis trente ans nécessitèrent une opération dont les suites amenèrent une aggravation dans son état. Il mourut le 1S janvier 1794.

Outre son grand ouvrage, on a de lui des Mémoires intéressants, des Lettres et divers autres travaux qui ont été réunis dans ses Œuvres diverses, publiées à Londres par lord Sheffield, en 1814 (5 vol. in-so).

M. Guizot a donné, en tête de sa traduction de l’Histoire de la décadence, etc., une notice biographique sur Gibbon, notice qu’il a réimprimée avec quelques additions, dans ses Mélanges biographiques et littéraires. Sainte-Beuve a porté de lui le jugement suivant : « Culture, suite, ordre, méthode, une belle intelligence, froide, fine, toujours exercée et aiguisée, des affections modérées, constantes, d’ailleurs l’étincelle sacrée absente, jamais le coup.de tonnerre : c’est sous ces traits que Gibbon s’offre à nous en tout temps et dès sa jeunesse... Si une idée auguste et grandiosé préside à l’inspiration de Gibbon, l’intention épigrammatique est à côté : il conçoit l’ancien ordre romain, il le révère, il l’admire ; mais cet ordre non moins merveilleux qui lui a succédé avec les siècles, ce pouvoir spirituel ininterrompu des vieillards et des pontifes ; cette poli tique qui sut être tour à tour intrépide, impérieuse et superbe, et le plus souvent prudente, il ne lui rendra pas justice, il n’y entrera pas... Il excelle à analyser et à déduire les parties compliquées de son sujet, mais il ne les rassemble jamais sous un point de vue soudain et sous une expression de génie. C’est plus intelligent qu’élevé. Fidèle à son humeur, même dans les procédés de son esprit, il égalise trop toutes choses... Ironie, causticité rentrée, pénétration compréhensive, explication déliée et naturelle de beaucoup de faits qu’il réduit à paraître simples, d’extraordinaires qu’ils avaient semblé, ce sont ses qualités, dont quelquesunes touchent à des défauts. Il invoque plus d’une fois Montesquieu ; il dit qu’à une certaine époque de sa vie il relisait les Provinciales tous les ans : mais il n’a pas le javelot comme Montesquieu et comme Pascal ; il ne donne jamais à l’esprit do son lecteur une impulsion inattendue qui le réveille, qui le transporte et l’incite à la découverte. Il est dans son fauteuil quand il écrit, et il vous y laisse en le lisant ; ou, s’il se lève, ce n’est que pour faire deux ou trois tours de chambre, pendant lesquels il arrange sa phrase et concerte son expression... Loin de brusquer sa fin, Gibbon se plaît à’la prolonger ; il achève cette longue carrière presque comme une promenade, et, au moment de poser la plume, il s’arrête à considérer les derniers alentours de son sujet ; il s’y repose. Il n’a rien du cri haletant de Montesquieu abordant le rivage ; il n’en avait pas eu non plus les élans, les découvertes d’idées en tous sens et le génie. »

GIBBONS (Orlando), compositeur anglais, hé à Cambridge en 1583, mort en 1025,11 fut, à l’âge de vingt ol un ans, nommé organiste de la chapelle royale, puis, eu 1622, reçut, à l’université d’Oxtord, le titre de docteur en musique. Trois ans après, il mourut il Cun GIBB

torbéry, où il s’était rendu pour assister au mariage de Charles Ier avec Henriette de France. On connaît de cet auteur des madrigaux dont la musique est délicieuse ; mais son renom lui provient principalement de ses compostions religieuses, parmi lesquelles les trois antiennes : Hosanna ta the son of David, Almighty and everlasting God’et 0 clap yours hands together ont joui, à jusïé titre, d’une grande réputation. Les leçons de cet artiste pour l’épinette se trouvent dans le recueil intitulé Parthenia, dont M. FRrrenc a reproduit les principaux morceaux dans son recueil intitulé le Trésor des pianistes. — Son fils, Christophe Gibbons, organiste anglais, mort en 1676, obtint, après la restauration des Stuarts, la place d organiste de la cour et de la cathédrale de Westminster, et reçut, en 1664, le grade de docteur en musique à l’université d’Oxford. Cet artiste, dont le talent n’a jamais dépassé le médiocre, n’est guère connu que par la mésaventure qu’il fit subir à Froberger, quand cet organiste vint en Angleterre. — Des deux frères d’Orlando, Édouard et Ellis Gibbons, tous deux organistes, le premier se distingua principalement par son dévouement pour les Stuarts ; le second fut surnommé par Wood, son contemporain, l’admirable organiste de Salisbury. Les dates de la naissance et de la mort de ces artistes sont inconnues.

GIBBONS (Grinfing), sculpteur ornemaniste anglais, né à Londres vers 1650, mort en 1732. Il avait acquis un talent des plus remarquables dans la sculpture sur bois lorsque Jean Evelyn le recommanda à Charles II, qui le chargea des travaux décoratifs pour la chapelle de Windsor. Là, Gibbons exécuta en bois de tilleul de nombreuses sculptures emblématiques d’une délicatesse, d’un goût et d’un fini ».dmirab !es. Parmi les travaux de cet artiste, il faut citer les boiseries ou ornements pour le chœur de Saint-Paul, pour le château d’Hampton-Court, pour le palais des ducs de Chatsworth. Son chef-d’œuvre est la grande salle du château de Petworth. On cite, en outre, de lui, une statue en bronze de Jacques II, qui est dans le jardin particulier da White-Hall, et le Tombeau de Newton à Saint-Pierre de Westminster.

ClBBOSIFOLIÉ, ÉE adj. Ci-bo-zi-fo-li-édu lat. gibbosus, bossu ; folium, feuille)..Bot. Dont les feuilles sont bosselées.

GIBBOSITÉ s. f. Ci-bo-zi-té — du lat. gib. bosus, bossu, gibbeux). Méd.Saillie extérieure anomale, produite par une courbure excessive de la colonne vertébrale, dans la région thoracique : La curie des vertèbres peut produire la GIBBOSITÉ.

— Par anal. Objet élevé en forme de bosse, au-dessus des objets environnants : La dénomination de montagne ne s’accorde généralement qu’à des gibbosités de plus de 500 mètres. (L. Figuier.)

— Encycl. Les déviations de la colonne vertébrale ont été divisées par Galien en cyphose, lordose et scoliose, suivant que la convexité de la courbure du rachis était dirigée en arrière, en avant ou de côté.

La cyphose, ou courbure en arrière, est générale ou partielle suivant qu’elle comprend toute la colonne vertébrale ou seulement une de ses parties. La cyphose, lorsqu’elle est peu prononcée, constitue le dos voûté ; lorsque la courbure est plus considérable, il y a bosse ou gibbosité proprement dite.

Dans les déviations de cette espèce, les corps des vertèbres présentent à leur partie antérieure une diminution de hauteur qui varie avec le degré de conrbure. Ce changement de direction de l’axe postérieur du tronc amène un changement dans la position réciproque des côtes et du sternum, et la déviation de ce dernier os est poussée quelquefois à un tel point qu’il forme, à la partie antérieure de la poitrine, une seconde gibbosité.

La lordose, ou courbure du rachis en avant, est extrêmement rare. Dans les quelques cas où qn l’a observée, elle siégeait à la région lombaire de la colonne vertébrale, et elle ne constituait, en quelque sorte, qu’une exagération de la courbure naturelle de cette région. Cependant, Duverney a vu une-portion du rachis affectée de ce genre de courbure, laquelle comprenait les vertèbres du dos, des lombes et du sacrum. Les cartilages de toutes ces vertèbres étaient ossifiés : cest, pourquoi les dernières ne formaient qu’un corps continu unique, qui était courbé en avant et entièrement inflexible.

On conçoit facilement que, lorsque la lordose existe à la région dorsale, elle entraîne forcément de graves déformations de la cage thoracique. Delpech décrit un cas dans lequel « la dépression du sternum, qui avait entraîné en arrière tous les cartilages de prolongement des côtes, était telle, que le cœur était enfermé comme dans une espèce de berceau formé par les côtes gauches, beaucoup plus arquées qu’à l’ordinaire ; en sorte que la main embrassait l’espèce de cylindre vertical qui logeait le principal mobile de la circulation. » (Delpech, De l’orlhomorphie, t. 1er, p. 350.)

Lorsque la lordose affecte la légion lombaire, ce qui arriva dans l’immense majorité des cas, c’est le bassin qui offre alors las principales déformations.

La reo’.lû’.c, ou l’é’.-i.uion latérale du rachis,