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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/130

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retomba dans l’anarchie. Sa fille Amalaswinthe, laissée par lui comme tutrice dé son frère Atalaric, fut, après la mort de celui-ci, assassinée par Théodat, qui s’empara du pouvoir. Justinien crut alors l’occasion favorable de reprendre l’Italie aux Goths, à la faveur de ces dissensions, et il y envoya Bélisaire. Théodat fut tué par ses propres soldats, qui élurent a sa place Vitigés (33C). Bélisaire s’empara de Rome, puis de Rimini, poussa devant lui l’armée des barbares jusque dans Ravenne, qu’il prit d’assaut, et fit captif Vitigés, qu’il envoya à Constantinople.

Les Goths se maintinrent pourtant dans la haute Italie, d’abord sous Ildovald, roi de Vérone, puis sous Totila, qui recouvra la Toscane etNaples ; Rome même tomba entre ses mains, sous les yeux mêmes de Bélisaire, qui la reprit peu de temps après, puis l’abandonna de nouveau aux barbares, lorsqu’il fut rappelé par l’empereur. Narsès acheva l’œuvre de ce grand capitaine en battant Totila près de Gubbio, dans les Apennins, bataille où le roi goth trouva la mort. Teias, successeur de Totila, mourut également les armes à la main, à Nocera. L’Italie était délivrée des Goths, quoiqu’il restât encore à disperser les débris de leur grande année d’invasion ; ce fut l’affaire de deux victoires de Narsès, remportées la première à Capoue (554), la seconde à Conza (555). Les débris des Goths prirent alors du service dans les armées impériales et ne jouèrent plus dans l’histoire de l’Italie un rôle distinct. Une fraction de ce peuple se fixa en Toscane, où elle se fondit avec la population ; une autre émigra en Rhétie. Ceux qui depuis longtemps habitaient les bords de la mer Noire y formaient encore au xvie siècle une tribu très-reconnaissable ; les Goths ont aussi laissé une trace de leur passage dans la province de Suède appelée, de leur nom, Gothland. Quant aux contrées où ils ont dominé le plus longtemps, du Pont-Euxin à la Vistule, sur les bords du Danube et du Don, ce sont les Slaves et les. Hongrois qui maintenant les occupent.

Goib» (histoire des) (De rébus gestis Gothorum], par Cassiodore (v siècle de notre ère). De cet ouvrage, écrit en latin.sous Théodoric et sous "Vitigjès, il ne nous reste que l’abrégé qu’en a fait au vie siècle l’historien goth Jornandès. Il était divisé en douze livres et racontait les invasions gothiques, depuis le moment où le peuple goth apparaît dans l’histoire jusqu’à la prise de Ravenne par Bélisaire. Composé sur d’excellents documents pour tout ce qui regarde les origines et les premières entreprises des Goths, écrit, pour le reste, de visu, puisque Cassiodore était le contemporain des hommes dont il retrace les hauts faits, cet ouvrage serait aujourd’hui extrêmement précieux. Le style en était, parait-il, élégant, quoique un peu déclamatoire ; quelques fragments de l’abrégé de Jornandès, l’invasion des Huns, la bataille de Châlons et surtout la harangue d’Attila à ses troupes avant d’engager le combat, tranchent si visiblement avec le ton ordinaire du narrateur, que l’on suppose qu’ils ont été traduits textuellement. L’abrégé de Jornandès est intitulé : De Getarum sive Gothorum origine et rébus gestis..

GOTON ou GOTHON s. f. (go-ton). Diminutif populaire de Margoton pour Marguerite.

— Prostituée ; femme dissolue : Demande au soleil d’or qui mûrit les cotons Combien notre Opéra, refuge de go’.ons,

En dévore en un soir pour un ballet féerique. Tu. de Banville.

— s. m. Anneau de fer plat, muni de dents, et servant à accrocher le timon.

GOTSCUAI.K ou GOTESCHAI.K, fameux hérésiarque, né près de Mayenee vers SOS, élevé, à ce que l’on croit dany le monastère de Fulde. Il fut longtemps moine do l’abbaye d’Orbais, dans le diocèse de Soissons. Ses longues méditations sur les doctrines de saint Augustin, sur les piob.ëmes de la grâce et de la prédestination, l’entraînèrent dans des opinions qui, pins tard, furent reproduites en partie par Calvin. Il enseignait que l’homme naît esclave du péché originel, qu’il est fatalement prédestiné au mal, et que le petit nombre de ceux qui sont sauvés ne le sont point par leur propre mérite, mais par l’effet de la grâce divine. De même que ceux qui sont prédestinés à la mort éternelle ne sauraient échapper à cette loi, de même ceuxsur lesquels s’étend la grâce ne peuvent non plus changer leur destinée. Cette doctrine de la double prédestination était, comme on le voit, la négation du libre arbitre. Gotschalkeut pour principal adversaire Hincmar, archevêque de Reims, qui, au reste, se déchaîna contre le pauvre moine avec une violence inouïe. Des conciles succèdent aux conciles, les uns condamnant la nouvelle doctrine, les autres laissant la question indécise. L Église des Gaules est alors en pleine anarchie. Enfin, Hincmar, appuyé par le clergé du Nord, triomphe de son adversaire, le fait dégrader du sacerdoce, plonger dans un cachot et battre de verges par les bourreaux. Plusieurs saints personnages du temps se prononcèrent contre cet indigne traitement : saint Rémi, archevêque de Lyon, saint Loup, Prudence, le Lyonnais Plorus, etc. Gotsehalk, dégradé et captif, n’en persévéra pas moins dans sa doc GOTT

trine ; aussi, et lorsqu’il mourut (868), l’implacable Hincmar lui fit refuser les sacrements et la sépulture. Son Traité sur la double prédestination fut livré aux flammes. Il reste de lui deux confessions de foi, qui ne manquent pas d’intérêt, et quelques poésies insignifiantes, composées dans sa prison.

GOTTELAND (Laurent), prêtre criminel, condamné pour un empoisonnement aux travaux forcés à perpétuité en novembre 1850. Cette triste affaire eut un grand retentissement. Le 21 décembre 1849, vers sept heures du soir, une femme d’une cinquantaine d’années, Fanny Ordonneau, veuve Dcgnisal, servante de Gotteland, curé de Saint-Germain, près d’Angoulême, mourait chez son maître après une maladie de six jours, caractérisée par de violents vomissements et des ardeurs intolérables ressenties dans l’estomac. Le lendemain matin, à la première heure, le curé Gotteland se présentait chez le maire de Saint-Germain pour demander l’autorisation de faire inhumer le cadavre avant l’expiration du délai légal, sous prétexte que la putréfaction était déjà très-avancée. L’autorisation fut accordée de confiance, et l’enterrement eut lieu le même jour par les soins du curé d’une paroisse voisine.

Le soir do ce jour, Edmond Degnisal, fils de la défunte et ancien garde mobile, alors tailleur à Angoulème, arrivait à Saint-Germain, accompagné de son beau-frère Guichard, pour rendre les derniers devoirs à sa mère, dont la mort lui avait été annoncée par une lettre du curé Gotteland, -datée du matin même. Ils furent étrangement surpris de la précipitation avec laquelle avait été fait l’enterrement ; la gêne du prêtre k leur vue, certaines contradictions dans son langage leur donnèrent des soupçons. Edmond Degnisal se rappela que sa mère, quelque temps auparavant, lui avait raconté qu’il se passait à la cure des choses scandaleuses : elle avait vu, par un trou du plafond, le curé consommant l’adultère avec une dame Dussablon, femme du médecin de Saint-Germain. Ce souvenir fit supposer à Degnisal que le curé aurait bien pu vouloir se débarrasser d’un témoin qui pouvait le perdre. Le 27 décembre, il adressa une dénonciation au procureur de la République du parquet d’Angoulême. Sur cette dénonciation, une information fut ordonnée ; les magistrats se transportèrent à Saint-Germain et le cadavre de Fanny fut exhumé. L’autopsie fut confiée à deux praticiens d’Angoulême, M. Montalembert, médecin, et M. Sicand, pharmacien, auxquels vint s’adjoindre M. Octave Lesueur, chef des travaux chimiques à l’École de médecine de Paris.

En même temps, on procédait à l’interrogatoire du curé Gotteland.

Cet homme était âgé de vingt-neuf ans ; il était né à Chambéry, en Savoie. Son passé n’était pas excellent. Élève des jésuites de Chambéry, il avait terminé ses études au séminaire de Saint-Sutpice. À la sortie du séminaire, il avait été envoyé comme vicaire à Semur, et il en était parti après quinze mois d’exercice ; son inconduite, disait-on, l’aurait fait interdire. Plus tard, replacé à Ciiaiolles, dans le département de Saône-et-Loiro, il avaic dû quitter ce pays par suite de sa vie scandaleuse et de ses relations avec une dame Allier. Il était revenu k Saint-Sulpiee, et on l’avait alors envoyé à Angoulème, puis à Saint-Germain.

Gotteland, dans ses premiers interrogatoires, expliqua par Une chute le commencement de la maladie de Fanny. S’il n’avait pas prévenu son fils immédiatement, c’est que la malade s’y était opposée, ne croyant pas à la gravité de son état. Il prétendit n’avoir jamais eu de querelle avec Fanny ; jamais celle-ci ne l’avait menacé d’aucune révélation et n’avait fait aucune allusion à de prétendues relations avec Mme Dussablon. Il nia avoir soigné la malade ; cette dénégation se trouvait en contradiction avec les attestations de quelques personnes qui affirmaient avoir vu le curé préparer pour sa servante une boisso’ de vin blanc dans laquelle il avait mis de la poudre blanche.

Le 31 janvier 1850, les experts déposèrent leur rapport ; il en résultait que les liquides trouvés dans l’estomac, les intestins et le foie de la morte avaient fourni en grande quantité du sulfure d’arsenic. Les symptômes manifestés pendant la maladie, les lésions des tissus offraient les caractères d’un empoisonnement par un poison irritant, à Nous sommes amenés, disaient les experts en terminant, par ces considérations et par les résultats de l’analyse chimique, a conclure que la femme Fanny est morte empoisonnée par une préparation arsenicale, et qu’il est excessivement probable que, depuis le jour où les accidents se sont manifestés jusqu’au moment de l’agonie, l’introduction de la substance vénéneuse a été consécutive. »

Il fut constaté par les interrogatoires que la plupart des tisanes et des médicaments étaient préparés chez les Dussablon. Le 5 février, Dussablon fut interrogé chez lui par le magistrat ; il déclara avoir acheté, quelque temps auparavant, à Angoulème, 60 grammes d’arsenic, dont il avait employé une quinzaine de grammes pour empoisonner les rats de son pigeonnier. Mis en demeure de représenter ce qui restait, M. Dussablon ouvrit le secrétaire dans lequel il renfermait les substances vénéneuses, en tira un flacon, pâlit et tomba

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domine foudroyé : le flacon ne contenait plus que 25 grammes d’arsenic.

Le magistrat hésita encore à faire arrêter le curé Gotteland et Mme Dussablon. Il préféra temporiser. Le lendemain, une tentative de suicide des époux Dussablon vint fournir un élément de plus à la justice. Gotteland fut enfin conduit k la prison d’Angoulême ; quant à la dame Dussablon, qui était presque mourante, on l’autorisa à rester chez elle, jusqu’à ce que sa santé lui permît de se constituer prisonnière.

Des intrigues et des manœuvres secrètes du parti clérical, qui essayait, par tous les moyens possibles, d’influencer les témoignages, embarrassèrent tellement l’instruction que le

ministère public crut devoir demander le renvoi devant une autre cour d’assises pour cause de suspicion légitime ; mais ce moyen fut écarté, Ce fut le 29 novembre 1850 que s’ouvrit le procès public. La défense s’efforça de soutenir que Fanny s’était suicidée. Le jury déclara M1""-’ Dussablon non coupabie, et Gotteland coupable, mais avec circonstances atténuantes. Il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. On croit qu’il est mort dans la traversééde France à Cayenne.

GOTTER (Frédéric-Guillaume), poète allemand, né à Gotha en 1746, mort en 1797. Lorsque son éducation fut terminée, il se rendit à Gœttingue, où il étudia le droit (1763-1766), se familiarisa avec les littératures anglaise, italienne et française, entra en relation avec l’acteur Eckhof, qui contribua à lui donner le goût de la poésie dramatique, et fit représenter, sur un théâtre de société, deux petites comédies qui eurent du succès. En 1766, Gotter devint secrétaire de légation à Wetzlar. En 1766, il alla de nouveau à Gœttingue, où il publia, avec Bage, l’Almanach des Muses, séjourna ensuite à Wetzlar, où il se lia avec Gœthe, et finit par se fixer dans sa ville natale, en qualité de secrétaire intime de la chancellerie.(1771). C’est là qu’il passa presque tout le reste de sa vie. Toutefois, en 1774, il fit un voyage à Lyon et s’attacha alors à bien connaître le théâtre français. De retour à Gotha, il composa la plupart de ses œuvres les plus estimées. Gotter était doué d’un remarquable talent comme improvisateur et montra, à plusieurs reprises, qu’il pouvait devenir un acteur de premier ordre. Il s’est essayé avec succès dans presque tous les genres de poésie. Il a laissé des poésies légères pleines de finesse, de grâce et de sentiment, et animées par une douce philosophie. On lui doit aussi des tragédies, des comédies et des opéras, généralement imités des théâtres étrangers, et surtout des auteurs français, mais auxquels il a su donner une forme originale. Voici l’ordre de publication de ses œuvres : Opéras (1778) ; Poésies (1787-1788, 2 vol.) ; Comédies (1795) ; Œuvres posthumes (1802, in-8°).

GOTTESBERG, ville de Prusse, prov. de Silésie, régence et à 61 kilom. S.-U. de Breslau ; 2,4G5 hab. Fabrication et commerce de toiles et de bonneterie ; exploitation de houille.

GOTTFRIED ou GÔDEFROI DE STRAS-BOURG, poète allemand du commencement du xins siècle, il fut, avec Wolfram d’Eschenbach, auteurdu Parziual, le plus remarquable minnesinger de son temps. On ne sait rien de précis sur la vie de Gottfried. D’après des conjectures très-probables, il appartenait à la classe bourgeoise et jouissait d’une fortune qui assurait son indépendance. Il passa la plus grande partie de son existence en xVlsace, à Strasbourg, où les princes de la maison de llohenstautfen aimaient à séjourner, et mourut, d’après Rodolphe d’Ems, avant l’apparition du freidanics liesc/teidenheil, poëine datant de 1229. L’ouvrage auquel le maître de Strasbourg (der Meister von Strussburg), comme l’appelaient ses contemporains, doit sa célébrité est son beau poëme de lYistan et Isolde, qu’il parait avoir composé entre 1204 et 1215, et qu’il n’eut pas le temps d’achever. Gottfr ed nous apprend lui-même qu’il puisa le sujet de son épopée dans des écrits français, dont l’un était du il Thomas de Bretagne, et dont l’autre avait été porté en Allemagne par le chevalier Eilhart. von Obei-ge vers 1170. Le poste de Strasbourg a traité d’une façon supérieure la légende si touchante et si populaire au moyen âge de Tristan et Isolde ou Jscult. La grâce abonde dans son style comme dans ses idées, à Avec quel charme, dit M. de Hagen, il peint les souffrances et surtuut les jouissances de l’amour ! Avec quelle touchante sympathie il se complaît dans la peinture des sentiments intimes, délaissant pour elle ces brillants tableaux de la vie guerrière, ces vigoureux coups de lance, ce cliquetis d’armes qui fait tant de bruit dans la plupart des romans du moyen âge !... Il est le chantre séduisant des faiblesses humaines. » Le poijme de Gottfried a été continué par Ulrich von Turheim vers 1240 et par Henri von Friberg vers la fin du xmc siècle ; mais tous doux sont restés bien loin en arrière du poète de Strasbourg. Il a été publié avec les deux continuations à Breslau (1S23, 2 vol.), et réédite depuis par Massmann (Leipzig, 1843) et par Hechstein dans la Collection des classiques allemands du moyen âge (1807). Kurz en a donné une traduction en haut allemand à Stuttgard (1S44).

GOTTFRIED (Gesina), comtesse d’Oklamundb, célèbre empoisonneuse, née en 1785,

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exécutée à Brème en 1830. Elle était fille d’un tailleur nommé Timm, et ce fut la vanité, le désir immodéré de sortir ds son humble sphère qui la poussa k la plupart des crimes dont sa vie fut remplie. Chose singulière, cette femme avait des sentiments religieux, elle était même charitable : tandis qu’elle administrait le poison d’une main, de l’autre elle faisait l’aumône, persuadée que le bien rachetait le mal. Ses larmes étaient toujours prêtes à couler ; elle pleurait quand elle oyait ses victimes se tordre dans les convulsions de la mort ; elle priait Dieu de prendre pit ;é d’elles et d’abré fer leurs souffrances. Jolie, intelligente, ouée de tous les talents d’agrément, citée pour exemple à toutes les jeunes filles de la ville, Gesina Timin fut recherchée en mariage par un jeune houu le nommé Miltenbourg, d’un rang supérieur au sien et jouissant d’une belle fortune. I ne fois mariée, elle ne tarda pas à prendre dei amants et à chercher le moyen de se débat rasser d’un époux qui pourtant lui téinoign lit la plus grande affection. La lecture d’un t rame de lvotzebue, dont le héros se défait, par le poison, de tous ceux qui lui font obstuck, fut pour elle une révélation. S’ôtant procuré de 1 arsenic, ello empoisonna lentement son mnri, sans éveiller aucun soupçon et sans avoir aucun remords. Elle songea ensuite à se marier avec un de ses amants, Gottfried, comte d’Orlamunde ; mais ses parents refusaient leur consentement ; elle se décida k empoisonner sa mère, puis son vieux père quinze jours après. Pour être tout à fait libre, elle empoisonna aussi, dans un très-court intervalle, ses trois enfants, qui moururent dans les brus de leur abominable mère, et dont elle fit placer les portraits dans sa chambre à coucher, « pour avo.r toujours sous les yeux ces chères créatures. ■ Ces morts, qui se suivaient si rapidement, provoquèrent des rumeurs ; on conseilla à M"10 Miltenbourg de faire faire l’autopsie de son dernier enfant : le médecin déclara qu’il était mort d’une intus-susception d’intestin, et personne no s’avisa de discuter ce jugement. La voix publique proclama Mme Miltenbourg la plus infortunée des femnes.

Peu de temps après, elle tomba malade, à son tour, et parait avoir ép.’ouvé quelques remords ; du inoins essaya-t-e le plus que jamais, à partir de cette époque, de racheter ses crimes par de bonnes œuvres : elle soulageait toutes les infortunes, cheichait à découvrir les pauvres honteux pour les secourir, ce qui ne l’empêcha nullement de faire bientôt une nouvelle victime. Son frèns, revenu du service militaire, mourut deux jours après son arrivée. Cependant, quoiqu s tous les obstacles fussent levés, Gottfried ne se décidait pas au mariage, soit qu’il n’aimât ;>lus sa maîtresse, soit qu’il eût quelque pressantiment. Du côté do Gesina, la passion était depuis longtemps éteinte, si même elle avait existé ; mais le titre d« comtesse était l’objet de tous les désirs de cette femme crimi îelle. Enfin Gottfried s’exécuta ; le jour même de la célébration du mariage, il mourait empoisonné.

À partir de ce moment, la riche veuve mena une existence do plaisirs et de fêtes, courtisée par les plus brillants cavaliers, fréquentant la meilleure compagnie. À la plus légère offense, k la moindre contrariété, elle repondait par une dose plus ou moins forte d’arsenic ; ello ne tuait tout à fuit que ce ix contre lesquels elle avait un ressentiment très-profond ; ello usait aussi de ce moyen pour se débarrasser de ses créanciers, lorsqu’ils criaient trop fort. Enfin, en 1S2S, elle fut soupçonnée et arrêtée, malgré ses protestations d’innocence. Alors se découvrit ce tissu d’horreurs sans exemple. Les crimes de cette femme, combinés avec son hypocrisie raffinée et son étonnante fascination sur les esprits, étaient quelque chose de si monstrueux, que, dans lu dévote et pacifique ville de Brème, de superstitieuses rumeurs courent encore parmi le peuple au sujet de la tante Gottfried. Oi. dit qu’elle faisait mourir ses propres enfants en les chatouillant et qu’elle composait avec kur chair un bouillon empoisonne ; qu’il 3’ av.- it dans sa maison un caveau, connu d’elle se île, où elle distillait ses poisons et travailh.it avec le diable ; qu’elle avait le mauvais œil, et qu’elle avait tué un nombre infini d’enfants rien qu’en les regardant, etc., etc. Après trois ans de procédure, elle fut condamnée, et monta sur l’échafaud avec tous les dehors de la piété et du repentir, hypocrite jusqu’au bout. Une de ses grandes souffrances avait été la divulgation de faits qui compromettaient sa réputation de beauté : en la déshabillant, on avait découvert que la belle et tant admirée Mme Gottfried n’était qu’un affreux squelette ; son gracieux embonpoint était le produit de treize corsets, qu’elle portait les uns sur les autres ; son visage étiit peint et plâtré avec un art prodigieux. Tout était mensonge et fourberie dans cette femme. Quand elle avait vu le portrait qu’on avait fait d’elle, revêtue de la robe de prisonnière, dépouillée de tous ses attraits empruntes, elle s’était mise k fondre en larmes et ilvait tenté de se laisser mourir de faim ; mais le courage lui manqua. Au moment où tamba la tète de cette grande criminelle, de« milliers d’acclamations saluèrent cet acte tardif de la justice humaine.

GOTTHELF (Jérémie), célèbre romancier suisse. V. Bitzius.

GOTTI ("Vincent-Louis), cardinal italien, né