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rain a été assassiné par Fromont le Bordelais et ses partisans ; son fils, Girbert, quitte Metz et s’en va demander des secours ou chercher fortune auprès de Pépin. En route, il rencontre Lancelin, un des meurtriers de son père ; il lui tranche la tête et disperse sur la route ses membres coupés en morceaux. Arrivé à Paris, le roi Pépin fait bon accueil au Loherain qui, avec son aide, recommence la guerre contre les Bordelais. Le vieux Fromont, après une longue résistance, abandonne Bordeaux et se sauve chez les Sarrasins. Pendant ce temps, la paix se fait entre Fromondin, fils de Fromont, resté en France, et les Loherains ; mais cette paix cache une perfidie. Au milieu d’une fête, les Loherains sont tout à coup assaillis dans Bordeaux par les bourgeois de la ville ; plusieurs sont tués. Les autres implorent de nouveau le secours de Pépin. Celui-ci, lassé de cette guerre interminable, refuse. La reine, heureusement, prend leur parti, et quoique femme fait elle-même appel à toute la chevalerie de France. Vingt mille guerriers se dirigent vers la Gascogne, où le vieux Fromont arrive en même temps à la tête d’une armée de Sarrasins. Ceux-ci sont battus, et, furieux, massacrent Fromont. Une seconde paix est conclue qui dure plusieurs années. Girbert de Metz, dont la haine est insatiable, fait déterrer le corps de Fromont, et du crâne de son ennemi fait fabriquer une coupe. Puis, dans un banquet où Fromondin est convié, cette coupe lui est présentée, et le fils boit sans s’en douter dans le crâne de son père à la prospérité des ennemis mortels de sa race. Ayant su ensuite par un valet quel rôle on lui a fait jouer, Fromondin, fou de haine, jure d’exterminer tous les Loherains ; il brise la tête aux deux enfants de sa sœur Ludie, devenue la femme d’Hernaut, un des chefs de cette famille maudite. Mais le sort ne lui est pas favorable ; il est vaincu, et, forcé de passer en Espagne, il se fait ermite dans la forêt de Gai, a quatre lieues de Pampelune. Or, quelques années après, Gérin de Cologne et Girbert de Metz, faisant un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, viennent frapper à la porte de l’ermitage pour demander au saint homme qui l’habite l’absolution de leurs péchés. Fromondin les reconnaît ; les sanglants souvenirs d’autrefois et la haine lui reviennent au cœur ; il leur tend un piège pour les assassiner ; mais les Loherains, qui l’ont également reconnu, ont pris leurs précautions, et ce sont eux qui poignardent le Bordelais. L’auteur de cette geste, pleine de mouvement et de situations dramatiques, est resté anonyme.


Girché (temple de). On a donné le nom à’hémi-spéos aux temples égyptiens dont une partie seulement est creusée dans le rocher, et dont l’autre est construite en pierres taillées, tandis qu’on appelle spéos les temples complètement souterrains. L’hémi-spéos de Girché est le plus remarquable de tous ceux que l’on peut admirer en Nubie. Girché est un petit village situé sur la rive gaucht^du Nil, dans la nasse Nubie. La partie la plus ancienne de l’hémi-spéos de Girché est creusée dans un rocher calcaire qui s’élève à pic à trois cents pas du rivage ; la partie la plus moderne, comprenant Varna et les propylées est bâtie en grès. De cette dernière partie il ne reste guère debout que quatre piliers qui servaient à joindre la colonnade des propylées au spéos proprement dit. Ces quatre piliers sont ornes de quatre statues colossales coiffées du pschent et portant cb>ns leurs mains, croisées sur leur poitrine, l’aspersoir et la crosse, emblèmes ordinaires d’Osiris. Le spéos proprement dit est divisé, comme tous les spéos égyptiens, en pronaos, en naos et en sekos. Le pronaos est une vaste salle soutenue par six énormes piliers dans lesquels on a creusé autant de colosses de six mètres de hauteur environ, et d’une exécution barbare et informe. Sur les parois latérales, on voit huit niches carrées renfermant chacune trois personnages debout, grossièrement sculptés en plein relief et représentant les trois grandes divinités de ce temple, Ptah, sa compagne Hâthor, et, au milieu d’eux, Rhamsés. De cette vaste salle on passe dans le naos et de.là dans le sekos ou sauctuaire, au fond duquel on a sculpté quatre statues assises, plus grandes que nature, représentant Phre, Rhamsès, Ptah et Hathor.

GÏREL s. m, (ji-rèl — du lat. gyrare, tourner). Mar. Nom du cabestan sur les navires de la Méditerranée.

— Armur. Pièce d’armes qui, au xve et au xvie siècle, protégeait le poitrail et les épaules du cheval de guerre, se prolongeait sur les côtes de chaque côté de la selle, et qui se composaitordinaireraent d’une unique plaque de 1er ou d’acier. Il On l’appelait aussi

POITRAL OU POITRAIL.


GIRELLE s. f. Ci-rè-le — du lat. gyrare, tourner). Céramiq. Disque de boi3 qui surmonte 1 axe du tour des potiers, et sur lequel l’ouvrier place la pâte pour la façonner, il On l’appelle aussi tètb do tour.

— lehthyol. Syn. de donzelle, genre de poissons voisin des labres : Les girelles utvent souvent par troupes. (A. Guichenot.)

— Encycl. lehthyol. Les girelles sont très-voisines des labres ; elles s’en distinguent surtout par leur tête entièrement lissa et sans écailles, et par leur ligne latérale fortement

GIRG

coudée a l’extrémité. Ce genre renferme un grand nombre d’espèces, toutes de petite taille, mais ornées de couleurs brillantes et variées. Elles vivent souvent par troupes, et se plaisent au milieu des rochers. La girelle commune est remarquable par sa belle couleur violette, relevée de chaque côté par une bande orangée en zigzag. Cette espèce, qui varie beaucoup, habite la Méditerranée et l’Océan. La girelle rouge, d’une belle nuance écarlate, avec une tache noire à l’angle de l’opercule et une bande dorée le long des flancs, vit daDS les mêmes mers. On trouve dans la Méditerranée la girelle turque, d’un beau vert, avec un trait roux sur chaque écaille, la tête rousse et rayée de bleu, une ou plusieurs bandes verticales d’un bleu turquoise, et une tache noire à la nageoire pectorale. Les girelles sont peut-être les plus ’ beaux poissons de nos mers. Pline raconte que leurs troupes nombreuses attaquent les nageurs et les mordent cruellement ; il ajoute que leur bouche, pleine de venin, infecte toutes les substances alimentaires qu’elles rencontrent dans la mer, et les rend nuisibles à l’homme. Mais, en admettant même qu’elles aient causé quelques rares accidents, cette croyance n’en est pas moins un préjugé dont la science a fait justice. Parmi les espèces exotiques, nous citerons la girelle trimaculée, verte et tachée de rouge et de

noir.


GIREY-DUPRÉ (Joseph-Marie), publiciste, né à Paris en 1769, mort en 1793. Lorsque la Révolution éclata, il accueillit avec enthousiasme l’aurore de notre régénération politique, célébra la liberté dans des poésies qui eurent du succès, et fut nommé, par l’influence de Chamfort, sous-inspecteur des manuscrits de la Bibliothèque royale. Bientôt après, Girey-Dupré entra en relations avec Brissot, qui l’associa à la rédaction du Patriote français. Le jeune publiciste se fit de nombreux ennemis en s’élevant avec une grande énergie contre l’anarchie et la Terreur et en demandant vengeance des massacres de septembre. Enveloppé dans la proscription des girondins, le 31 mai 1793, il se réfugia à Bordeaux, fut arrêté, ramené à Paris et traduit devant le tribunal révolutionnaire. Interrogé sur ses relations avec Brissot, il répondit courageusement : « Le même amour pour la République nous rapprocha. Nos cœurs, tout à la patrie, n’eurent jamais que ce noble sentiment. Brissot vécut comme Aristide, il mourut comme Sidney. J’ai été son ami ; sa mémoire me sera toujours chère. Si je partage le sort de ce martyr de la liberté, je ne serai point indigne et de sa noble vie et de sa mort glorieuse. » Condamné à la peine de mort, il chanta, en marchant à l’échafaud, un hymne qu’il avait composé dans sa prison avec le jeune Bois-Guyon et qui commençait par ces vers :

Veillons au salut de l’empire,
Veillons au maintien de nos droits,
Si le despotisme conspire,
Conspirons la perte des rois !
         La liberté, etc.

Avant de poser sa tête sur l’instrument du supplice, Girey-Dupré poussa à trois reprises le cri de Vive la République ! Ce courageux jeune homme était à peine âgé de vingt-cinq ans.


GIRGEH ou DJIRGÉH, ville de la haute Égypte moderne, sur la rive gauche du Nil, à 420 kilom. S.-E. du Caire, à 20 kilom. S.-E. de Menchyèh ; 12,000 hab. Evèché copte. Fabriques d’étoffes ; distilleries d’eau-de-vie de dattes. Commerce de blé, de fèves, de toiles, de laines, etc. Girgeh a été avant Siout la ville capitale de la haute Égypte ; elle n’est plus aujourd’hui qu’un chef-lieu de province, mais c’est encore une place importante. Il y a en dehors de la ville un couvent latin, le plus ancien des quatre ou cinq établissements catholiques romains qui existent en Égypte. A 4 kilom. S. de Girgeh, on trouve les ruines de l’antique Abydos.


GIRGENTI, l’Agrigente des Romains, ville d’Italie, dans la Sicile, ch.-l. de la prov. et du district de son nom, à 100 kilom. S. de Païenne, sur le mont Carrisco, au pied duquel coule le Girgenti ; 18,000 hab. Siège d’un évêché, de la cour criminelle de la province et du tribunal civil. Port sur la Méditerranée.. Exploitation de soufre et de pétrole.

On comptait à. Agrigente, selon Diodore de Sicile, £20,000 habitants avant qu’elle fût ruinée par les Carthaginois, H0 ans avant J.-C. Elle faisait un très-grand commerce ; aussi, en moins d’un siècle, était-elle devenue riche et magnifique. Le luxe s’y faisait remarquer dans des habits précieux, dans des meubles d’or et d’argent, et dans la vie molle et efféminée de ses habitants. Un lac de 7 stades de tour et de 20 pieds de profondeur fournissait abondamment à leurs tables le poisson et les oiseaux aquatiques. Enfin, ils portaient le raffinement du plaisir a un tel excès, qu’Kmpédoele, qui pouvait parler savamment des délices de la Sicile, disait d’eux : « Ils bâtissent comme s’ils devaient toujours vivre ; ils courent au plaisir comme s’ils de(vaient mourir le même jour, et quo la volupté fût sur le point de leuréchapperpourjumais. ■ On peut juger de la splendeur de cette ville, par ce que dit Diodore de Sicile du triomphe u’Exenète, lorsque, après avoir remporté le

G1RO

prix de la course dans les jeux Olympiques, il entra dans la ville monté sur un char, suivi de trois cents chars traînés par deux chevaux blancs. Depuis la défaite des Agrigentins par les Carthaginois, leur ville ne s’est point relevée. Les temples de Minerve, de Jupiter Atabiras, d’Esculape, d’Hercule, de Castor et Pollux, et surtout le temple grandiose de Jupiter Olympien, qui est en partie contenu dans le palais moderne des ’ Géants, offrent des restes curieux et intéressants. La cathédrale renferme un sarcophage sculpté, en marbre, qui sert aujourd’hui de fonts baptismaux. (V. Agrigkntb.) H La province de Girgenti, au S. de l’Ile, comprise entre la Méditerranée au S., la province de Caltanisetta à l’E. et au N., de Palerme au N., et de Trapani à l’O., a une superficie de 4,300 kilom. carrés et une population de 250,000 hab. Le sol, entièrement montagneux, est arrosé par plusieurs petits cours d’eau, dont le plus important est le Platani. Le territoire est fertile en grains, huiles, oranges, limons, grenades et amandes ; il s’y fait une importante exploitation de soufre. Il est divisé en 3 districts, ’16 cantons et 46 communes.

GIRIE s. f. Ci-rî). Pop. Plainte importune, hypocrite ou sans sujet : Elle est malade t dit Hogron.Elle, malade ! mais c’est des giries I (Balz).

GIRO s. m, 0’-r°)- vin de Sardaigne très-chaud : Boire au <3iRO, du vin de GiBO. Il but un plein verre de vin de GiRO, vin de Sardaigne qui recèle autant de feu que les vieux oins de Tokai en allument. (Balz.)

«1ROD (Pierre-François-Xavier), médecin français, né près de Salins (Jura) en 1735, mort en 1783. Il exerçait son art à Mignovillard, lieu de sa naissance, lorsqu’il fut nommé, en 1763, médecin en chef de la province. Pendant vingt ans, il exerça ces fonctions avec le plus grand dévouement et se rendit célèbre par son zèle à propager dans la Franche-Comté la pratique de l’inoculation. Girod dévint membre de la Société de médecine. Il mourut pendant l’épidémie meurtrière qui s’était déclarée à Chàtenoy en 1783. On a de lui plusieurs mémoires sur la nature et le traitement des maladies épidéraiques.

GIROD DB L’AIN (Jean-Louis), magistrat et député, baron de l’Empire, né à Gex (Ain) en 1753, mort en 1839. Il fut nommé maire de sa ville natale en n’SQ, continué dans ces fonctions en 1790 et appelé à la -présidence du tribunal de Nantua. Plusieurs lois incarcéré pendant la l’erreur, il fit successivement partie du conseil des Anciens et de celui des Cinq-Cents, et prit une part des plus actives aux travaux législatifs de ces deux assemblées, où il prononça de nombreux discours et fut chargé de rédiger d’importants rapports. Après le coup d’État du là brumaire, Girod de l’Ain fut élu membre du Corps législatif, dont il devint ensuite président. Nommé conseiller maître des comptes en 1807, il reçut, deux ans plus tard, le titre de baron et fit partie, en 1818, de la Chambre des députés où, comme par le passé, il se montra libéral modéré et financier habile.

GIROD DE L’AIN (Louis-Gaspard-Amédée, baron), homme d’État, fils du précédent, né à Gex en 17S1, mort en 1847. Il fut, sous l’Empire, substitut du procureur impérial à Turin et à Lyon, avocat général à la cour de Paris, devint, pendant les Cent-Jours, président du tribunal de la Seine, membre de la Chambre des députés, rentra dans la vie privée au commencement de la seconde Restauration et

donna alors asile au général Drouot, iju’il défendit devant le conseil de guerre. En 1819, Girod de l’Ain rentra dans la magistrature avec le titre de conseiller à la cour de Paris. Nommé député d’Indre-et-Loire en 1827, il vota l’adresse des 221, et prit une part active à la révolution de juillet 1830. Du 1er août aux premiers jours de novembre de cette même année, il remplit les fonctions difficiles de préfet de police de Paris, présida la Chambre des députés pendant la session de , 1631, reçut le portefeuille de l’instruction publique et des cultes en 1832, puis un siège à la Chambre des pairs et laprésidence-du conseil d’État. Il fit partie, en qualité de garde des sceaux, du ministère intérimaire de mai 1839. Girod de l’Ain était un des hommes les plus dévoués à la dynastie d’Orléans. Ses opinions conservatrices, et surtout son rapport sur l’insurrection de 1834, lui avaient attiré la haine du parti républicain.

GIROD (Jean-Marie-Félix), général français, né"â Gex (Ain) en 1789. Il est frère du précédent. Élève de l’École militaire de Fontainebleau, il fit les guerres de l’Empire à partir de 1806, devint capitaine en 1812, prit part aux campagnes de Russie, de Saxe et de France et reçut le grade de chef ila bataillon en 1814. Sous le gouvernement de la Restauration, Félix Girod entra dans l’état-major et fut nommé colonel en 1830. Trois ans plus tard, le collège électoral de Nantua l’envoya à la Chambre des députés, où il siégea jusqu’en 1842, dans les rangs des conservateurs ministériels. Nommé maréchal de camp en 1842, Girod commanda le département du Jura de 1843 à 1848. puis fut placé dans le cadre de réserve.

GIROD-CHANTRANS (Justin), littérateur et naturaliste français, — né à Besançon en

1750, mort en 1841.11 entra dans le génie militaire, passa plusieurs années aux Antilles et, de retour en France, abandonna le service

Pour se livrer a son goût pour les lettres et histoire naturelle. Girod-Chantrans prit part à la fondation de la Société d’agriculture du Doubs et fit partie du Corps législatif sous le Consulat. Nous citerons parmi ses écrits : Voyage d’un Suisse dans l Amérique pendant la dernière guerre (1*87, in-8o) ; Essai sur la destination de l’homme (in-go) ; Recherches chimiques et microscopiques sur le nouvel ordre de plantes potypières (Paris, 1802, in-4o) ; Entretiens d’un père avec son fils sur quelques questions d’agriculture (1805) ; Expériences faites sur lef propriétés des lézards (1805) ; Essai lutta géographie physique, le climat, etc., du département du houbs (1810. 2 vol. in-s°). On lui doit, en outre, plusieurs Mémoires publiés dans le Journal des mines, le Bulletin des sciences de la Sociétéphilomathique.

GIRODELLE s. f. Ci-ro-dè-le — de GirodChantrans, natur. fr.). Infus. Genre d’infusoires polygastriques, de la famille des bacillariées.

GIRODET-TRIOSON (Anne-Louis Girodet dë Roussv, dit), peintre célèbre, né à Montargis en 1767, mort à Paris en 1824. Il était fils d’un directeur des domaines du duc d’Orléans. Orphelin de bonne heure, il fut confié aux soins du docteur Trioson, son tuteur, dont il ajouta le nom au sien. Sa famille voulut d’abord en faire un architecte, puis elle le destina à la carrière militaire. Mais ni l’architecture ni la théorie des armes ne lui plaisaient ; il préférait d’instinct l’anatomie, la perspective, et s’adonnait tout entier à ces études. Quelques petits dessins de lui furent montrés par sa mère au grand peintre David, qui en tira bon augure : « Votre fils, dit-il h Mme Girodet, est né peintre, et je pense que tout ce que vous pourrez faire ne pourra le détourner d’embrasser cette carrière. » Ses parents se le tinrent pour dit, et, dès lors, ils n’hésitèrent pas à confier leur fils au peintre des Uoraces, dont la renommée grandissait de jour en jour. La culture de son esprit et ses progrès dans l’art du dessin lui assignèrent en peu de temps un rang distingué dans l’école de David. À peine âgé de vingt ans, il concourut pour le prix de Rome ; mais il eut la douleur d’en être exclu, pour avoir apporté dans sa loge les études de ses figures, ce qui est expressément interdit par le règlement. L’année suivante, il concourut sur^ le sujet suivant : Tatius assassiné au milieu d’un sacrifice à Laoinium, en présence de Itomulus ; il n’obtint que le second prix, et le premier fut décerné à Garnier. Ce fut seulement la troisième fois qu’il triompha ; avec le tableau de Joseph vendu par ses frères, belle composition qu’on peut voir aujourd’hui dans la salle « des grands prix de Rome, à l’École des beauxarts. Malgré sa mésaventure du premier çon- coùrs, Girodet n’en avait pas moins continué à se servir d’études faites chez lui et qu’il transportait dans une canne : « Ta canne, c’est le cheval de Troie, ■ lui dit un jour son ami Gérard. — C’est vrai, répondit Girodet ; mais il n’est plus temps de s’en apercevoir, les Gj’3cs sont sortis. »

Le tableau qui lui valut le premier prix rappelle en tout la manière de David, au point qu on le dirait peint par le* maître lui-même. Cela n’étonne pas, quand on sait que Girodet, avant d’entrer en loge, allait chaque jour contempler le Serment des Horaces, et y chercher l’inspiration. Girodet arriva à Rome à l’âge de vingt-trois ans. « Sitôt en présence des productions des princes de la peinture, écrit-il a Trioson, son tuteur, j’ai senti le besoin d’être moi, de devenir original ; j’ai tout fait pour cela, et j’espère avoir réussi à faire du nouveau. ■ Ce nouveau dont il parlait, c’était le Sommeil d’Endymion, une de ses meilleures compositions, qu’il envoya, suivant l’usage, a l’École des beaux-arta. On ne peut se lasser d’admirer les formes enchanteresses du berger endormi dont la lune vient, à travers les feuilles frissonnantes, éclairer le visage, de ses pâles rayons. Le Sommeil d’Endymion eut un grand succès. David, justement fier de son élève, lui témoigna publiquement son admiration.

Après avoir payé cette dette a 1 École des beaux-arts, Girodet composa, pour son tuteur Trioson, Bippocrate refusant les présents des Perses. Cette toile se voit aujourd’hui à l’Ecole de médecine, à qui elle fut léguée par Trioson. Elle est très-remarquable au point de vue de la composition et du dessin ; mais la couleur pèche par trop de sécheresse.^ La figure d’Hippocrate a de la dignité et de l’expression ; on prétend que Girodet s’est peint lui-même dans ce personnage. La physionomie désespérée du jeune homme, qui voit dans Hippocrate le seul médecin capable de sauver la vie de son père, est d’unéVérité saisissante. Obligé de quitter Rome pendant la tourmente révolutionnaire, Girodet se rendit a Naples en compagnie du paysagiste Péquignot. Son imagination poétique put s’épanouir à l’aise sous-ce ciel et au milieu ds cette nature ravissante ; il y fit des études de paysage, qui lui servirent plus tard dans plusieurs de ses tableaux et dans les charmants dessins qu’il a laissés. De Naples, il vint a Gênes, où il rencontra un peintre français déjà célèbre, Gros. De retour en France, Girodet obtint un logement au Louvre. Il peignit alors une Dauaé-, pour J’hùtel de M. L’au-