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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/202

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qui tenaient le pouvoir d’un guet-apens, et que, dès qu’un tel gouvernement pourrait être discuté, la place ne serait plus tenable. En 1868, avec six de ses collègues, il vota contre la loi de la presse. « Vous n’êtes que sept, lui cria-t-on en riant, sur les bancs mêmes de la droite. — Ce sont les sept sages de la Grèce, » répondit-il. Il avait bien raison ; cette loi fut pour l’Empire le commencement de la fin. Il fit partie de la réunion de l’Arcade, des Arcadiens, comme on appelait un groupe de députés résolument opposés comme lui à toute concession. De plus en plus provocateur à l’égard de la gauche, il alla jusqu’à proposer un cartel à MM. Émile Ollivier et Ernest Picard, qui le dédaignèrent {séance du 22 février 1868), et il prit le premier rôle dans la scandaleuse affaire de M. de Kervéguen qui accusait les députés journalistes, entre autres MM. Guéroult et Havin, d’être à la solde du comte de Bismark. L’affaire ayant été étouffée à la Chambre, il la continua dans son journal le Pays, annonçant à grand bruit, suivant son habitude, qu’il avait les preuves dans la main, et qu’il allait les publier. Sommé de le faire, il s’exécuta ; mais les pièces étaient fausses ou d’une insignifiance absolue.

En ce moment, un écrivain fantaisiste, M. L. de Lacombe, traçait de lui ce portrait assez ressemblant : « Doué, par la nature, pour paraître violent et mauvais, peut-être M. Granier de Cassagnac a-t-il pensé qu’il ne triompherait jamais de cette apparence, et que, dès lors, le plus sage était d’en prendre son parti, de s’arranger un tempérament factice à l’image de son extérieur. Martyr de sa figure, c’est peut-être tout l’homme en deux mots… Il s’enfonce avec une espèce de jouissance amère dans son personnage répulsif ; il appelle sur lui, non sans courage, toutes les rancunes et toutes les haines ; il les brave et les défie toutes ; il se croirait déchu le jour où il deviendrait populaire ; il met au service du gouvernement sa plume, sa parole, son épée ; il réclame l’honneur de toutes les corvées épineuses, de toutes les besognes embarrassantes. Indépendant malgré tout, et souvent plus gênant qu’utile, il serait fier d’être l’exécuteur des hautes œuvres, le jour où la liberté monterait sur l’échafaud. »

Depuis cette époque jusqu’à la fin de l’Empire, M. Granier de Cassagnac ne cessa, soit dans son journal, soit à la Chambre, de faire de virulentes sorties contre tout ce qui ressemblait à des concessions libérales et contre les hommes qui s’en faisaient les preneurs. Malgré ses attaches officielles, il n’hésita point à publier un article virulent contre le prince Napoléon, au sujet d’un discours prononcé par celui-ci au Sénat, le 1er septembre 1869, et il reçut un blâme sévère dans le Journal officiel. Quelques mois auparavant avaient eu lieu les élections générales de 1869. La candidature de M. de Cassagnac, vivement combattue, ne passa cette fois, dans le Gers, qu’à un second tour de scrutin, où il obtint 14,600 voix contre 10,600 données à son concurrent, M. Lacave-Laplagne. Contrairement à la plupart de ses collègues de la majorité, qui avaient pour la première fois, depuis l’Empire, parlé de libertés et de réformes, il s’était posé carrément comme le défenseur de l’absolutisme gouvernemental. L’avènement de M. Ollivier au pouvoir l’irrita profondément. Il lui était impossible d’accepter comme chef de file celui qui avait excité si souvent ses ricanements et ses fureurs dans les rangs de l’opposition. Il ne tarda point à l’attaquer avec sa violence habituelle, et déclara hautement qu’en acceptant un tel pilote, renforcé d’orléanistes, l’Empire marchait vers sa perte. Néanmoins, il soutint le ministère au sujet du plébiscite du mois de mai, puis dans son attitude belliqueuse contre la Prusse. M. Cassagnac fut, de tous les journalistes, avec M. de Girardin, celui qui poussa le plus à la guerre. À la nouvelle de nos premiers revers, la Chambre fut convoquée, et l’opposition, par l’organe de M. Jules Favre, proposa la nomination d’un comité de défense nationale, ainsi que l’armement immédiat de la garde nationale (9 août). M. Granier de Cassagnac protesta avec énergie contre cette proposition ; puis s’adressant aux membres de la gauche : « Si j’avais l’honneur de siéger sur les bancs du gouvernement, s’écria-t-il, vous seriez tous ce soir livrés aux conseils de guerre ! »

Ce fut sa dernière interruption, le bouquet final ; à dater de ce jour il aurait pu dire, comme plus tard M. Saint-Marc Girardin, qu’il entrait dans son repos. « On va nous f… à la porte comme des laquais, » disait au camp de Châlons S. A. le prince Jérôme ; c’est ce qui eut lieu. Après la révolution du 4 septembre, le député du Gers jugea prudent de quitter la France, et publia à l’étranger un journal bonapartiste, le Drapeau, qu'on envoyait gratuitement aux prisonniers internés en Allemagne. La plupart le lui retournèrent, et on a pu lire dans l’Indépendance belge plusieurs séries de lettres, fort peu gracieuses à son endroit, par lesquelles des groupes d’officiers déclinèrent toute solidarité avec l’homme de Sedan et ses soutiens éhontés. Revenu à Plaisance (Gers) à la fin de mars 1871, il fut un moment arrêté, puis relâché sur les ordres de M. Thiers. Rassuré depuis par la longanimité de cette excellente République, qui se laisse si bénévolement attaquer par tout le monde, il a parfois repris dans le Pays sa plume des anciens jours ; il redemande le plébiscite du 8 mai.


GRANIER DE CASSAGNAC (Paul), publiciste, fils du précédent, né à la Guadeloupe le 2 décembre 1842. Il vint très-jeune en France, commença ses études à Paris et les acheva en province, fit une première année de droit à Toulouse, et fut reçu licencié à Paris. Malgré le désir de son père, il ne voulut ni se faire inscrire au tableau des avocats ni entrer dans l’administration ; sa vocation le poussait vers le journalisme, et il ne tarda pas à s’y faire une bruyante notoriété par les emportements de sa plume et par de nombreux duels. En 1862, il fonda l’Indépendance parisienne ; l’année suivante, il entra à la Nation, dont son père était le rédacteur en chef, mais il était relégué aux comptes rendus bibliographiques et tenu loin de la polémique journalière ; ainsi l’exigeait la volonté paternelle. Il ne pouvait se résigner à ce rôle obscur, et il entra au Diogène, feuille satirique, avec les rédacteurs de laquelle il avait failli avoir une affaire. Il y montra un talent incisif et gouailleur qui était tout à fait à sa place, et ses attitudes provocantes montraient qu’il devait étudier l’escrime aussi bien ou mieux encore que les lois du style. Dans un duel qu’il eut avec Aurélien Scholl, rédacteur du Nain jaune, à propos de l’affaire du marquis de Harlay-Coëtquen, il le blessa grièvement. C’était le premier de ces grands coups d’épée qui lui ont fait une renommée toute spéciale. À la suite de cette campagne, M. Granier de Cassagnac essaya encore une fois de retirer son fils du journalisme, et le fit attacher au ministère de l’intérieur ; mais appelé, en 1866, à la direction du Pays, et désespérant d’arrêter une vocation si bien caractérisée, il se l’adjoignit comme chroniqueur quotidien. L’année suivante, éclata à la Chambre la dénonciation Kervéguen, et M. Paul de Cassagnac s’en donna à cœur joie dans son journal. Même après que le jury d’honneur, convoqué de l’assentiment de toutes les parties, eut statué et déclaré que l’accusation de vénalité, portée contre MM. Havin, Guéroult, Bertin, Buloz et autres, était dénuée de preuves sérieuses, il n’en continua pas moins la polémique. Cité en police correctionnelle, comme diffamateur, par M. Guéroult, il se vit condamner, par M. Delesvaux lui-même, à quatre mois de prison, et se plaignit hautement alors de ces lois qui ne permettent pas de faire la preuve des faits ; mais quoi ! M. de Cassagnac père n’a-t-il pas toujours invoqué le bénéfice de ces mêmes lois ? S’en est-il une seule fois rapporté à la décision d’un jury d’honneur devant lequel ses adversaires eussent pu fournir, eux aussi, la preuve de leurs accusations ? Il n’appartenait donc pas à M. Paul de Cassagnac de tomber à bras raccourci sur des gens qui, du moins, en s’en référant à un jury et en permettant la publication des pièces, s’il y en avait, ont fait pour leur justification ce que M. Granier de Cassagnac n’a jamais tait pour la sienne. L’empereur, du reste, lui fit remise de ses quatre mois de prison, au nom de l’égalité de tous devant la loi.

Son père ayant été chargé, comme délégué de la Chambre, d’une enquête agricole dans le Midi, M. Paul de Cassagnac l’accompagna en qualité de secrétaire, et publia une relation édifiante de cette tournée. Nous y lisons le passage suivant : « Dans la bonne ville d’Auch se trouve un certain personnage que je ne nommerai pas, quoiqu’il ait une certaine parenté, de nom du moins, avec un des sept sages de la Grèce. (C’était un M. Solon, magistrat respecté.) Ce personnage ayant commis une insolence vis-à-vis de votre serviteur, je lui ai interdit, sous des peines sévères, le séjour de sa ville natale, pendant tout le temps que je daignerais y rester. Inutile de vous dire qu’il a obtempéré à mon désir avec une prudence parfaite et digne de son homonyme, le sage de la Grèce. » Ainsi voyageaient ces proconsuls impériaux, certains de l’impunité, quoi qu’ils pussent faire. C’était alors le bon temps, le temps si amèrement regretté depuis.

Devenu rédacteur en chef du Pays, M. Paul da Cassagnac se fit de nouveau condamner comme diffamateur, cette fois vis-à-vis de M. Malespine, de l’Opinion nationale (janvier 1867), à deux mois d’emprisonnement, peine qu’il ne subit pas plus que la précédente. Cette même année, il entreprit la tâche si difficile de défendre son père, vigoureusement attaqué par le Courrier français. Ce journal, que dirigeait alors Vermorel, publiait chaque jour une pièce authentique à l’appui des accusations qu’il portait contre le député du Gers. C’était le cas de convoquer un jury d’honneur, qui eût décidé de la validité de ces documents ; M. de Cassagnac père n’en fit rien ; il se retrancha derrière les lois sur la diffamation, qui défendent la preuve des faits allégués, et fit condamner ses adversaires par la police correctionnelle, tandis que M. Paul de Cassagnac essayait vainement de leur imposer silence en les appelant sur le terrain. N’y pouvant parvenir, il recourut contre Vermorel à des voies de fait indignes, qui n’eurent d’autre résultat que de l’amener encore devant la police correctionnelle. Nous ne dirons rien du duel du rédacteur du Pays avec Rochefort, si ce n’est qu’il eut lieu à propos de Jeanne Darc et que Rochefort fut blessé. Dans toutes ces affaires, M. Paul de Cassagnac avait été le provocateur ; provoqué à son tour par le lieutenant de vaisseau Lullier, ce fut lui cette fois qui subit les voies de fait, et il refusa de se battre. Trois mois après, il se battait avec M. Lissagaray, son cousin germain, qui reçut un coup d’épée en pleine poitrine, et, en juillet 1869, il eut avec Gustave Flourens un duel dans lequel celui-ci reçut trois blessures, dont l’une mit ses jours en danger. Peu de temps après, comme il assistait à une représentation de Lucrèce Borgia, à la Porte-Saint-Martin, sa présence occasionna, pendant les entr’actes, un tumulte indescriptible ; il raconta gravement dans le Pays du lendemain que la salle avait été spécialement composée, triée pour lui. Vers cette époque, il refusa encore un duel exceptionnel avec M. Gaillard père, qui lui proposait de se battre au pistolet, à bout portant, avec une seule arme chargée. M. Paul de Cassagnac a, du reste, toujours refusé les duels dans lesquels son adresse à l’escrime aurait pu être annulée.

Au 15 août 1868, M. Paul de Cassagnac avait été décoré de la Légion d’honneur ; il se déclara le chevalier de l’impératrice : Moriamur pro rege uostro Maria-Eugenia, écrivit-il sur son drapeau, en parodiant une devise célèbre. Comme publiciste politique, il montra quelle était la profondeur de ses vues en prêchant l’annexion de la Belgique à la France, en réclamant la frontière du Rhin, en poussant à la guerre contre la Prusse avec une extrême violence, d’abord à propos de la question du Luxembourg, puis à propos de la question espagnole. À la suite des premiers revers, en août 1870, il déposa la plume et s’engagea dans un régiment de zouaves. Fait prisonnier à Sedan, il fut interné dans la forteresse de Cosel, sur la frontière de Pologne. Ce fut de là qu’il écrivit, le 2 février 1871, au Messager du midi, une lettre dont nous extrayons ce passage : « Le rôle de l’empereur est irrévocablement fini ; le rôle du prince impérial ne saurait commencer. La France n’a besoin ni d’un vieillard ni d’un enfant. Au milieu des ruines de mon pays, je n’ai plus de passion dynastique, je n’ai que la passion patriotique et française… J’ignore si la France rappellera les Bonaparte ; mais ce rappel, je ne le souhaite pas, le jugeant fatal peut-être, et tout au moins prématuré, pour cette dynastie que j’aimerai toujours. »

En reprenant la rédaction en chef du Pays, il a totalement changé d’idée à ce sujet, et la restauration de l’Empire, par un appel au peuple, n’a cessé d’être l’objet de ses vœux les plus ardents. Demandant au gouvernement actuel, dans un de ses premiers articles, le droit de défendre ses opinions, « ne nous forcez pas, s’écria-t-il, à nous jeter dans les maquis, la plume au poing. » Ces hommes de l’Empire sont toujours stupéfaits de voir qu’un gouvernement ne bâillonne pas ses adversaires. En toute occasion, il n’a cessé de débiter sur les hommes du 4 septembre les extravagances les plus bouffonnes, tout en ayant recours à l’occasion, lui ou les siens, aux bons offices de ces hommes. Ainsi, tout dernièrement, il parlait du brigand Gambetta, « roulant sur la France son œil de cyclope, » et du bourreau Testelin, qui attend le moment de nous étrangler tous. C’est cependant de ce même brigand et de ce même bourreau que son frère, simple brigadier évadé de Sedan, allait fort poliment solliciter les passe-ports sans lesquels il n’eût pu circuler. « Monsieur de Cassagnac, lui répondit M. Testelin, nous ne faisons pas de politique ici, mais simplement du patriotisme. Je ne vois en vous qu’un Français qui demande à se battre pour la France. Voilà votre permis, vous pouvez partir, et que Dieu vous garde ! » À Tours, Gambetta lui tint à peu près le même langage et le nomma sur-le-champ sous-lieutenant de cavalerie. Pour une fois qu’un Cassagnac s’est adressé aux républicains, on voit s’il a eu trop à s’en plaindre. Le journaliste du Pays leur a témoigné depuis sa reconnaissance. À une séance du conseil général du Gers, dont il fait partie depuis 1869, il dit aux membres républicains ces propres paroles : « Vous êtes un tas de c...ll... de ne pas nous avoir envoyés tous à Cayenne ; si jamais nous redevenons les maîtres, nous ne vous manquerons pas. » Il a lui-même raconté la chose et cité la phrase dans le Pays.


GRANIFORME adj. (gra-ni-for-me — du lat. granum, graine, et de forme). Hist. nat. Qui a la forme et le volume d’un grain de blé.


GRANIQUE, en latin Granicus, petite rivière de l’Asie Mineure, dans la Mysie. Elle prend sa source au mont Ida, couie en serpentant tantôt vers le S.-E., tantôt vers le N.-O., et tombe dans la Propontide. Le Granique était navigable autrefois ; il est aujourd’hui presque à sec dans l’été. Son fond n’est que sablon et gravier, et son embouchure a été comblée. Le Granique est célèbre dans l’antiquité par la victoire d’Alexandre le Grand sur Darius (v. ci-après) et par celle de Lucullus sur Mithridate, en 73 av. J.-C.

Grnnique (PASSAGE ET BATAILLE DU) 334 av. J.-C, — première étape d’Alexandre dans son immortelle campagne contre les Perses. Monté sur le trône à l’âge de vingt ans, il partit pour cette expédition gigantesque dès qu’il eut mis ordre aux affaires de la Macédoine et de la Grèce.

L’armée du futur conquérant ne se compo GRAN

sait guère que de 30, 000 homrres de pied, et de 4, 000 ou 5, 000 cavaliers. C’est avec d’aussi faibles forces qu’il allait se he-irter contre le million d’hommes que Darius pouvait lui opposer. Cette armée s’avança par la Chersonèse sur Amphipolis, passa le Strymon, puis l’Hèbre, et arriva le vingtième jour à Sestos. Parménion fut chargé de gagner Abydos avec la cavalerie et une partie de l’infanterie ; pour Alexandre, il passa d’Eléonte an port de » Achéens, offrit des sacrifices à Neptune, aux Néréides, et, avant de descendre Je vaisseau, il lança un trait du côté de l’Asie, et mit le premier pied à terre. Il arrivf. bientôt près de Lainpsuque, puis à Ilion, oi il rendit de grands honneurs à la mémoire d’Achille, son héros de prédilection ; de là d i’enfonça dans la Phrygie. Pendantce temps, les généraux de Darius, informés de l’approche du roi de Macédoine, tenaient conseil sur les moyens de lui résister. Le plus habile d’entre eux, le Rhodien Memnon, conseillait de no point risquer de bataille, mais de ruiner tout le plat pays pour affamer l’armée d’Alexandre et la contraindre à retourner sur ses pas. Ce sage conseil fut repoussé, et les Perdes, au nombre de 100, 000 hommes de pied et de 20, 000 chevaux, attendirent Alexandre sur les bords du Granique, fleuve de Phrygie, pour lui en disputer le passage. Alexandre y —parvint quelques jours après. L’armée de ; Perses était rangée en bataille sur la.."ive opposée. Alexandre ne balança point i hasarder le passage de vive force. Il s’avança donc jusqu’à une certaine distance du fleuve, où il fit déployer sa colonne à droite et.à gauche, pour former la phalange sur une ligne de huit sections, avec la profonc eur ordinaire de 10 hommes. Ce fut à sa droite, où le guô était le plus spacieux, qu’il se proposa de porter ses plus grands efforts. Il y plaça, sur un même front avec la phalange, le corps des hypaspistes, qui, moins pesamment armés que les soldats de la phalange et combattant sur une ordonnance différente, lui servaient pour les coups de main et par ; ont où le terrain s’opposait à la tactique dé ce corps d’élite. Il leur joignit i’escadro:i qui ce jourlà.avait le poste d’honneur, avec un corps de cavalerie légère armée de piques et un autre corps de péoniens. II prit enfin toutes les dispositions d’ordre militaire les plus favorables au succès de l’affaire.

Memnon avait rangé toute la cavalerie persane, forte de 20.000 chevaux, sur une seule Ijgne, qui embrassait autant d’étendue sur une rive du Granique que l’arnée d’Alexandre en occupait de 1 autre côté. Un corps d’infanterie de 20, 000 Grecs mercemiires fut placé de même sur une seule ligne, à certaine distance derrière la première; et, comme la terrain s’élevait en talus, il: ; e trouva au-dessus de la cavalerie comme sur une espèce d’amphithéâtre. Le fleuve couiait en bas, et la pente naturelle empêchant les débordements, l’eau avait creusé la tîrre et rendu les rives plus ou moins escarpé ; s, suivant les courants; de sorte que les Perses avaient tous les avantages sur leur ennemi. Memnon, voyant par la disposition d Alexandre que les plus grands efforts porteraient sur sa gauche, s y plaça lui-même avec ses meilleures troupej, qui étaient sous le commandement de ses fils.

Les deux armées furent quelque temps à se regarder avant qu’Alexandre donnât le signal. Toutes les trompettes de l’armée ayant sonné en même temps, et marqué le commencement de l’action, Ptolémée sortit le premier de la ligne et entra dans le fleuve, suivi de deux corps de cavalerie et des hypaspistes, qui marchèrent à la queue sn tirant vers la gauche autant que possible.

En même temps, Alexandre i:e jetait.dans le fleuve, au-dessus des troupes de Ptolémée, avec ses escadrons de droite, et le traversait en biaisant suivant le cours de l’eau.

Les Perses, qui avavmt l’avantage du nombre et de la position, résistèrent vigoureusement à l’attaque des Macédoniens ; Alexandre surtout courut les plus grands, dangers. On l’avait reconnu à l’éclat de ses armes, au panache éblouissant de blanchetr qui ombrageait son casque, à son comnandement et surtout à la force de ses coups. Aussi le choc fut-il des plus terribles autour dî sa personne. Parmi les généraux de Darius, Rosacés, satrape de l’Ionie, se faisait remarquer entre tous par sa brillante valeur. Ei.touré de quarante officiers perses, tous ses parents, qui ne le quittaient point, il faisait tout plier devant lui. Alexandre l’aperçoit et vole à sa rencontre ; tous deux se blesseit légèrement de leurs javelots. Le Perse, furieux, se jettel’épée à la main sur Alexandre, qui lui traverse le visage de sa lance e ; le renverse mort de son cheval. Mais au même instant, Spithridate, frère du satrape, accourait à son secours, attaquait Alexandre de côté et lui déchargeait sur ia tête un coup de hacho si terrible qu’il fendit le casque jusqu’aux cheveux; il allait redoubler et briser la tête qu’on voyait à nu, lorsque Clitus, un des capitaines d’Alexandre, survenant à son tour, abattit d’un coup de sabro là main déjà levée du barbare, et sauva ainsi la vie à son maître, qui devait la lui an-acier plus tard dans un moment de colère et d’ivresse. Les Perses continuèrent néanmoins-, à lutter jusqu’à ce que, voyant leurs principaux chefs hors de combat et la phalange macédonienne prête à les aborder, après avoir franchi lo