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Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 8, part. 4, Gile-Gyz.djvu/261

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nâtre. Cette espèce présente, du reste, de nombreuses variétés caractérisées par des couleurs différentes, variétés que plusieurs auteurs ont élevées au rang d’espèces’. Elle habite toute l’Europe, l’Asie orientale et le nord de l’Afrique. Essentiellement aquatique, elle se trouve dans toutes les eaux douces ; mais elle affectionne particulièrement les endroits bourbeux, garnis de rdseaux ou d’autres plantes aquatiques. Quand on passe par la, dans le courant de l’été, on voit ces grenouilles plonger par centaines. C’est surtout cette espèce qu’on recherche comme aliment ; ses cuisses constituent un mets délicat. On croit généralement qu’elle annonce la pluie, quand elle fait entendre, le soir, des coassements plus fréquents qu’à l’ordinaire. Elle vit, assure-t-on, quinze ou seize ans.

La grenouille rousse ou muette se distingue de la précédente par sa coloration, et surtout

fiar la teinte noire ou brun foncé de la région atérale de la tête comprise entre l’œil et l’épaule. Son coassement est moins fort que celui de la grenouille verte ; il dégénère souvent en une espèce de grognement sourd. Cette espèce, qui présente aussi quelques variétés de différentes couleurs, se trouve dans toute l’Europe et au Japon. Moins aquatique que la précédente, elle ne se tient guère dans les eaux qu’à l’époque de la reproduction ; ensuite elle s’en éloigne, et se répand dans les lieux frais et ombragés, dans les.champs et jusque dans les vignes, où plusieurs individus passent l’hiver dans des trous ou sous les détritus des feuilles mortes. Elle détruit beaucoup d’insectes et même de colimaçons. On présume qu’elle vit au moins douze ans. C’est cette espèce qui a, par son abondance subite à certains moments, donné lieu au préjugé des pluies de grenouilles. Dans quelques pays, elle passe, mais bien à tort, pour être venimeuse ; cela vient sans doute de ce que cette grenouille est ordinairement accompagnée de petits crapauds, auxquels on attribue des propriétés malfaisantes, sinon meurtrières.

La grenouille mugissante, que tes Américains appellent bull-fmg, grenouille-taureau, grenouille-bœuf, est une grenouille gigantesque, que l’on rencontre dans tout le nord de l’Amérique. Son nom lui vient du cri très-sonore, imitant le mugissement du bœuf, que cette grenouille pousse la nuit. Ce cri s’entend à plus d’une lieue de distance et trouble le sommeil des habitants du pays d’une façon très-incommode. La grenouille-taureau surpasse beaucoup en grandeur toutes les espèces européennes : son corps, les pattes non comprises, atteint jusqu’à om,27 de long sur om. Il de large. On en trouve quelquefois qui pèsent jusqu’à 2 livres. Sa couleur dominante est un vert léger ; des taches de brun plus ou moins foncé sont semées sur les flancs et la tête ; le dessous du corps est généralement blanchâtre. On trouve surtout les grenouilles-taureaux dans les eaux stagnantes peu profondes, qui sont remplies de nymphéas et autres plantes aquatiques. Souvent on ne les distingue pas, à cause de leur couleur verte, au milieu des plantes aquatiques sur lesquelles elles se trouvent placées. D’une timidité excessive, elles se laissent difficilement approcher et plongent au moindre indice de danger. On ne peut s’en emparer que par surprise, en demeurant immobile, et en les étourdissant d’un coup de bâton appliqué subitement et avec adresse. On affirme que la grenouille-taureau est susceptible d’une certaine éducation, qu’elle peut se familiariser, s’apprivoiser, venir à l’appel. Elle est très-vorace : on raconte qu’un colon, américain, établi près de Buffalo, à l’extrémité du lac Erié, et qui élevait des canetons, vit ses élèves disparaître l’un après l’autre, et reconnut qu’ils devenaient la-proie de grenouilles-taureaux qui se tenaient embusquées dans le voisinage, et qui savaient merveilleusement bien saisir par les pattes les pauvres canetons, puis les entraîner sous l’eau et les noyer pour les manger tout à leur aise. On mange la grenoui lie-taureau, en Amérique, en la préparant à peu près comme on fait en Europe pour la grenouille ordinaire ; quant aux qualités de cette nourriture, les avis sont partagés : quelques-uns trouvent la chair de la grenouille-taureau coriace ; d’autres, au contraire, la jugent digne de paraître sur la table des gourmets les plus délicats.

La grenouille - alose, ainsi nommée parce qu’elle parait en même temps que le poisson de ce nom, semble remplacer notre grenouille commune aux États-Unis. Elle se trouve près des eaux et aussi dans les champs ; elle est très-alerte et fait des sauts de 3 mètres.

D’autres espèces de grenouilles se trouvent au Bengale, à Java, au Sénégal, au cap de Bonne-Espérance, à la Caroline, etc.

— Art culin. Les grenouilles, dit Grimod de LaReynière, sont un manger trës-recherché, lorsqu elles ont passé par les mains d’un cuisinier consommé dans son art. Beaucoup de personnes ont de la répugnance pour ce joli petit animal, et c’est sans doute à cause de sa ressemblance avec le crapaud ; mais un gourmand n’a point de ces iausses délicatesses.

Ls. grenouille est, en réalité, un aliment sain, léger, agréable, qui convient à tous les estomacs. À Paris, on n’en sert jamais que les cuisses, ou, plus exactement, le train de derrière, et ou les mange soit à la poulette, soit frites dans une pâte à beignets ; on en fait aussi des potages fort sains. Cet aliment est

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un restaurant dont on fait usage avec succès dans la consomption.

Au mit siècle, les habitants de la France se montraient tellement friands de ce batracien que les Anglais les avaient surnommés mangeurs de grenouilles, surnom qui occasionnait souvent des querelles entre les gens des deux nations. Les Anglais du xviiio siècle même croyaient bonnement, sur la foi de quelques voyageurs sans doute, que tous les Français étaient maîtres de danse et se nourrissaient de grenouilles. Qu’on ne se récrie pas trop ! nous ne sommes guère plus justes envers les autres peuples, et surtout envers les compatriotes de Shakspeare. Quoi qu’il en soit, d’où vient ce préjugé qui nous faisait et nous fait encore appeler mangeurs de grenouilles par nos voisins d’outre-mer î Voilà ce que nous ne saurions dire. Nous savons bien qu’en Lorraine et en Alsace, par exemple, on fait une assez grande consommation de ces délicats amphibies ; mais ce goût est loin de s’étendre à toute la France. Il est peu répandu à Paris, et à peu près inconnu en Normandie et en Bretagne, c’est-à-dire dans nos deux provinces qui sont précisément les

Ïilus voisines de l’Angleterre. Il est vrai que a Picardie en consomme beaucoup dans certaines localités ; mais cette consommation a presque toujours été le privilège des personnes aisées ; ce n’est pas là un mets populaire et général comme le macaroni, par exemple, en Italie, et la choucroute en Allemagne ; ce n’est pas, à plus forte raison, un mets national, et nous ne comprenons point sur quelles bases peut reposer cette appellation de mangeur de grenouilles, dont John Bull s’est plu à gratifier dédaigneusement le citoyen Jacques Bonhomme... Il est vrai qu’il n’en sait probablement rien lui-même. Tout ceci n’est pas dit pour nous défendre, au contraire, car nous considérons l’horreur pour la grenouille comme un abominable préjugé.

En Italie et en Allemagne, on mange les

Îirenouilles en entier, la tête exceptée, après es avoir écorchées. À Rochefort, ville renommée par l’abondance et la qualité des grenouilles qui habitent ses environs, on les coupe au-dessous des pattes de devant, de façon que toute la peau du petit animal suive la partie antérieure ; ainsi on ne conserve que l’épine dorsale, les côtes et les pattes de derrière parfaitement dépouillées ; quelquefois on laisse aussi les. pattes de devant ; mais elles offrent peu de chose à manger.

Ces grenouilles, après avoir dégorgé deux ou trois heures dans de l’eau froide, sont égouttées et généralement frites. On les fait préalablement mariner une heure avec du vinaigre, du sel, du poivre, du persil, du laurier, de la ciboule et du thym ; on les farine avant de les mettre dans la poêle.

Lorsqu’on veut les servir à la sauce, on les fait sauter un instant dans une casserole avec du beurre, on les roule ensuite dans la farine et on les remet dans la casserole avec du beurrç, un peu de vin blanc, du sel, du poivre, des échalotes hachées. On fait réduire vivement cette sauce, on la lie avec des jaunes d’œufs et on sert.

Le potage de grenouilles s’obtient en les faisant bouillir, préparées comme ci-dessus. Dans la marmite, on ajoute des légumes ; si l’on veut faire un bouillon gras, on met du lard ; sinon, du beurre. Au bout de quatre ou cinq heures de cuisson lente, on obtient un assez bon bouillon, mais le bouilli est fade.

Grenouille* (les), comédie d’Aristophane, représentée en 406. Elle obtint le premier prix et fut accueillie avec un tel succès, que les spectateurs en demandèrent une seconde représentation, ce qui était alors un honneur des plus rares. < Déjà l’invention qui en est là base, dit Ottfried Muller, est sublime et grandiose ; quelle joie ne dut pas éprouver le poëte d’orner une idée aussi heureuse de toute l’abondance des inventions comiques qui affluaient spontanément dans son esprit ! » Aristophane veut parodier la solennité que les Athéniens venaient de déployer à l’occasion de la mort du poëte Euripide. Le comique suppose que depuis ce moment Bacchus, ennuyé de ne plus voir que de mauvaises pièces, prend le parti d’aller chercher un vrai tragique, même jusque dans les enfers. Bacchus s’est travesti en Hercule, massue et peau de lion, sans pouvoir toutefois s’armer du courage du héros ; un esclave monté sur un âne l’accompagne, et il n’est pas moins poltron que son maître, et, par conséquent, pas moins amusant ; il faut les entendre demander des renseignements pour leur voyage, « les boulangeries, les hôtelleries, les cabarets, les logements où il y a le moins de punaises. » Rien de plus fantastique que ce voyage même, qui se passe sur la scène. Qn les voit traverser le Styx, au bruit des coassements harmonieux que font entendre les grenouilles, dans une poésie pleine de bizarrerie et- de grâce.

Caron. Raine avec moi, tu vas entendre les chants les plus doux.

Bacchus. Et de qui ?

Caron. Des grenouilles et des cygnes ; tu vas être ravi. Marque le mouvement : hoop, op t

Les Grenouilles, Brekekekex, coax ! Filles des eaux marécageuses, unissons nos accents aux sons des flûtes, répétons ce chœur harmonieux que nous faisons entendre dans les marais en l’honneur de Bacchus, fils de Jupiter. Nous sommes aimées des Muses à la

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lyre harmonieuse et de l’an aux pieds armés de cornes, qui fait résonner le chalumeau. Apollon, si habile sur la cithare, nous chérit à cause des roseaux que nous nourrissons dans les marécages pour servir de chevalet à la lyre.

Un autre chœur, le véritable, celui des initiés de Bacchus, obéissant à l’inspiration lyrique la plus pure, fait entendre un chant dont les paroles semblent appartenir à un autre monde que la terre, « demeure des morts d’en haut, » comme Aristophane les appelle.

Après diverses scènes bouffonnes, comme celle où Bacchus sent « que le cœur lui descend dans le ventre, » et où il salit la peau du lion en entendant l’énumération effrayante d’Eaque, qui appelle à son secours tous les monstres du Tartare pour venger la mort de Cerbère, autrefois étranglé par Hercule, le dieu arrive enfin aux enfers. Il y trouve tout en émoi : Euripide, ■ avec son feu roulant d’éclats de vers et de bribes de tragédies, » y disputait le trône tragique, occupé depuis longtemps par Eschyle « à la haute poésie empanachée, » Impossible de donner, sous une forme lyrique, une appréciation plus exacte. ■ Un mortel s’attaque au puissant poète, monté sur ses grands mots. Celui-ci, hérissant sur son cou Son épaisse crinière, fronçant un sourcil redoutable, lancera avec son souffle de géant, comme des ais arrachés tout d’une pièce, ses mots largement charpentés. L’autre, poète des lèvres, habile ouvrier de syllabes, roulera sa langue déliée, lâchant les rênes à sa jalousie. Vous le verrez hacher menu les vers de son rival et mettre en poussière tout le travail de ses puissants poumons. » Les deux tragiques s’approchent d’une balance pour y jeter leurs vers, et les pesantes et vigoureuses paroles d’Eschyle font sauter en 1 air les pensées pointues et raffinées d’Euripide. « Sans doute, dit Ottfried Muller, Aristophane a raison de juger ainsi les choses ; ce sentiment spontané, cette conscience naturelle du bien et du juste, qui vivaient dans Eschyle, sont évidemment plus favorables à la moralité publique que le raisonnement d’Euripide, qui appelle toutes choses à sa barre et les rend dès lors comme douteuses et subordonnées à l’issue problématique d’un procès. Aristophane n’en a pas moins tort de faire à Euripide un reproche personnel d’une tendance générale, à laquelle était irrésistiblement entraîné l’esprit de l’époque. Il aurait fallu que la comédie possédât le pouvoir d’arrêter la roue du temps et de faire remonter le courant du mouvement intellectuel, si elle avait prétendu ramener le public athénien à cette disposition d’esprit où Eschyle l’avait pleinement satisfait. • Le poëie sentait si bien lui-même que tout avait marché) qu’il recommande au peuple d’employer le génie d’Alcibiade, puisqu’il n’a pas su s’en défaire ; et, certes, Alcibiade n’était pas un vieil Athénien selon l’idéal d’Aristophane : ■ Ne laisse jamais dans l’État grandir le jeune lion ; mais, si tu l’as élevé, soumets-toi à sa manière. •

Bacchus adopte l’opinion du poëte, car il se déclare pour Eschyle et se débarrasse d’Euripide, auquel il avait promis son appui, en lui répétant malicieusement une de ses maximes : ■ La langue a juré, mais le cœur ne s’est point engagé. » Il ne lui laisse pas même la satisfaction de remplir aux enfers l’interrègne ; pendant l’absence d’Eschyle, le sceptre tragique restera aux mains de Sophocle, dontle talent toujours égal offre moins de prise à la parodie, et qui remplit mieux les fonctions du poëte selon Aristophane. » Le poète doit jeter un voile sur le vice et se garder de le mettre au jour ou de le produire sur la scène. Le poète est à l’âge viril ce que l’instituteur est à l’enfance. Il ne doit rien dire que d’utile et ne doit célébrer que le bien par le beau, » Quel dommage qu’Aristophane ait tant oublié la théorie qu’il écrivait si noblement !

GRENOUILLES (les), ancien petit pays de France (Maine), compris actuellement dans le département de la Mayenne.

GRENOUILLÉ, ÉE (gre-nou-llé ; Il mil.) part, passé du v. Grenouiller ; Poulie grenouilles.

GRENOUILLER s. m. (gre-nou-llé ; Il mil.

— rad. grenouille). Ichthyol. Nom vulgaire d’un poisson du genre blennie, dont l’aspect rappelle un peu celui de la grenouille, et que l’on pêche dans les lacs de la Suède. Il Nom vulgaire d’un autre poisson du genre silure, qu’on trouve en Afrique et en Asie.

— Encycl. Les grenouillers ou baIrachoïdes, ainsi nommés à cause d’une certaine ressemblance qu’on a cru observer entre ces poissons et les batraciens ou grenouilles, forment un genre assez voisin des baudroies. Ils ont l’habitude de se cacher dans le sable, pour guetter les poissons dont ils font leur proie. On en connaît un petit nombre d’espèces, répandues dans toutes les mers. Le grenouiller tau se trouve dans celles de l’Europe, notamment dans le nord. On appelle aussi grenouiller un poisson qui habite les lacs de la Suède ; tous les autres poissons se retirent des parages qu’il fréquente, ce qui rend ces endroits presque stériles pour la pèche ; ce grenouiller est d’ailleurs peu estimé comme aliment,

GRENOUILLER v. a. ou tr. (gre-nou-llé ; Il mil. — rad. grenouille). Mar. Munir d’une grenouille, d’un, dé : Grenouiller des poulies.

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GRENOUILLÈRE s. f. (gre-nou-llè-re ; Il mil. — rad. grenouille). Lieu marécageux rempli de grenouilles.

— Par dénigr. Lieu humide et malsain : Cette maison est bâtie dans une grenouillère. (Acad.) Ce jardin est une grenouillère. (Acad.)

GRENOUILLET s. m. (gre-nou-llè ; Il mil.

— rad. grenouille). Bot. Nom vulgaire des renoncules d’eau.

GRENOUILLETTE s. f. (gre-nou-llè-teIl mil. dimin. de grenouille). Erpét. Nom vulgaire de la rainette verte, dans quelques localités.

— Pathol. Tumeur dont la dimension varie de la grosseur d’une noisette à celle d’une pomme, et qui se trouve située dans la bouche, nu-dessous de la langue. Il On dit aussi grenouille.

— Bot. Nom vulgaire des hydrocharis ou morrènes, genre de plantes aquatiques. Il Nom donné aussi aux renoncules d’eau et à la renoncule bulbeuse, parce qu’on croit que les grenouilles se nourrissent de leurs feuilles.

— Encycl. Pathol. Il nous importe peu de savoir ce qui a pu faire donner le nom de grenouillette à une tumeur, si c’est une ressemblance entre la forme de la tumeur et

celle des goîtres aériens d’une grenouille, ou quelque analogie entre le coassement de ce batracien et la prononciation altérée du malade ; mais il n’en est pas de même de su nature, qui mérite de fixer l’attention des hommes de l’art. La grenouillette est due à un obstacle situé près de l’orifice du conduit de "Wharton ; cet obstacle donne lieu à une rétention de salive, laquelle, en s’accumulant dans ce conduit, le dilate considérablement. Munick.le premier, profitant de la découverte de Wharton, donna une idée juste sur le vrai siège et la nature de cette affection. Celse considérait la grenouillette comme un abcès particulier, et Fabrice d’Aquapendente la rangeait parmi les tumeurs enkystées raéiicériques. D’après les observations les plus récentes des chirurgiens, la grenouillette doit être attribuée à un rétrécissement ou mémo à une oblitération du conduit de Wharton, en même temps qu’à un épaississement de la salive provenantde sa stagnation dans ce canal. L’examen de la bouche présente, au-dessous de la partie antérieure de la langue, à côté du frein, une tumeur aplatie, arrondie ou oblongue, compressible, légèrement transparente ; quand la grenouillette est double, la tumeur est divisée en deux par un sillon.

La grenouillette, à son début, es» petite et gêne a peine les mouvements de la langue ; mais peu à peu elle augmente de volume et elle ne tarde pas à occuper dans la bouche une place considérable, à refouler la langue, à entraver ses fonctions et à rendre l’articulation des sons difficile et même impossible. On a même vu de ces tumeurs qui sont allées jusqu’à repousser les dents et a former une grosseur au cou, dan3 la région sus-hyoïdienne. Un tel développement de la grenouillette doit anéantir complètement la parole et donner lieu à de la suffocation. La Îioche augmente d’épaisseur et de dureté par e temps. Le liquide qu’elle renferme, d’abord limpide et visqueux comme du blanc d’œuf, se trouble par la stagnation, s’épaissit, et il s’y forme des espèces de graviers, La quantité du liquide est en rapport avec le volume de la tumeur ; on l’a vue s’élever à plus de 500 grammes.

Le traitement- de la grenouillette, comme celui de toute rétention de liquide par oblitération ou rétrécissement d’un canal excréteur, consiste dans le rétablissement de la voie naturelle, ou dans la création d’une voio nouvelle. Ainsi, on a songé à désobstruer lo canal de Wharton, à créer un nouveau méat, et à enlever ou détruire la poche.

La désobstruction du canal de Wharton est une méthode complètement abandonnée aujourd’hui. Cependant, si on apercevait l’orifice de ce conduit, on pourrait, à l’exemple de Louis, y introduire un stylet et compléter, la dilatation avec une bougie.

La création d’un nouveau méat a lieu en perçant simplement la tumeur, en l’incisant, ou bien en lui faisant éprouver une perte de substance. La ponction et l’incision sont insuffisantes. L excision consiste à soulever

avec une pince-érigne une portion de la poche et à la retrancher avec des ciseaux courbes. Dupuytren employait une tige métallique pour empêcher l’oblitération du méat artificiel. La destruction ou excision complète de la tumeur est une opération longue et douloureuse, qui expose à la blessure des artères racines ; elle est abandonnée aujourd’hui.

GKENOVICUM, nom latin de Grkisn-WICH. GRENU, UE adj. (grenu — rad. grain). Qui a beaucoup de grains : Epi grenu.

— Qui est couvert de grains, de petites saillies arrondies : Maroquin grenu.

— Qui est composé de petits grains : Roche grenue.

— Comm. Euile grenue, Huile qui se fige en petits grains, ce qui est un signe de bonne qualité.

GRENURE s. f. (gre-nu-re — rad. grenu). B.-arts. Action de grener les ombres d’une gravure ; résultat de cette action : Travailler à la grenure des ombr»s. Une grisnure bien faite.