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Do ces montagnes coulent une quantité immense de sources fraîches qui portent la fertilité dans les plaines qu’elles arrosent et qui tempèrent la chaleur de ce climat.

Le sol de lu Grande-Terre est généralement plut ; les quelques collines qu’on y remarque formentune petite chaîne de lokilom. envi’on, qui court à l’E. et dont les sommets ne dépassent pas 35 met. Cette partie manque absolument d’eau ; les bestiaux s’abreuvent dans les mares et les hommes boivent de l’eau de citerne. La Guadeloupe proprement dite, au contraire, est arrosée par une cinquantaine de ruisseaux et dix-sept rivières principales, qui portent les noms de Goyave, Lézarde, Moustic, Petite-Goyave, Sainte-Marie, Trou-au-Chien, Capesterre, Trois-Rivières, Grande-Anse, Galion, Rivière-aux-Herbes, etc.

Les sources thermales abondent dans l’île de la Guadeloupe. On peut les classer ainsi : eaux sulfureuses, eaux salines faibles, eaux salines fortes et eaux salines fortes avec dé Fiôt ferrugineux. La température moyenne de a Guadeloupe est de 26» centigrades. Son maximum est de 30° à 32° à l’ombre, et son minimum de 20° à 22°. Juillet, août et septembre sont les mois les plus chauds. Les mois les moins chauds sont décembre, janvier et mars. Les côtes de l’O. sont quelquefois ravagées par la fièvre jaune ; mais le climat est salubre sur les côtes de l’E., qui sont plus élevées et exposées à l’influence des vents alizés. La Guadeloupe est, exposée aux ouragans et aux tremblements de terre. « Le terme moyen de la quantité de pluie tombant annuellement à la Guadeloupe est, dit M. Joanne, au niveau de la mer, de 2m,10. La différence entre les années pluvieuses et les années sèches n’excède pas o, n,33. Le minimum des pluies a lieu de décembre à avril. De décembre a mai, il y a un temps de repos dans la végétation ; certains arbres se dépouillent de leurs feuilles. De juin à novembre, sous l’influence des pluies plus fréquentes et de la chaleur plus intense, une grande vigueur se développe dans tous les végétaux ; c’est l’époque des plantations. » La durée des jours les plus courts est de il h. 14 m. ; celle des plus longs, de 12 h. 56 m.

Nous empruntons les renseignements suivants à l’excellent Dictionnaire de la France et des colonies de M. Adolphe Joanne : « En dehors des usines à sucre, les seules fabriques existant dans la colonie sont des tanneries, des chaufourneries et des poteries. Dans la dépendance de Saint-Martin, on a établi récemment des salines, qui ont produit{ en 1863, 3,600,000 kilogrammes de sel. La pèche qui se fait sur la côte de l’île ne fournit aucun produit à l’exportation ; le poisson est livré frais à la consommation locale. Les principales denrées et marchandises, dont se composaient les importations effectuées à la Guadeloupe en 1865, sont les suivantes : farineux alimentaires, 3,085,000 fr. ; ouvrages en matières diverses, 3,059,000 fr. ; fils de toute sorte, 1.047,000 fr. j’produits de pêche, 1,684,000 fr. ; boissons, 1,120,490 fr. ; produits et dépouilles d’animaux, 1,029,000 fr. ; sucs végétaux, 768,000 fr. ; compositions diverses, 747,000 fr. ; denrées coloniales, 746,000 fr. ; bois de construction et autres, 528,000 fr. ; pierres, terres et combustibles, 480,000 fr. ; animaux vivants, 433,000 fr. Les principaux articles figurant à l’exportation de la même année ont été : sucre brut, 9,876,000 fr. ; sucre raffiné, 3,559,000 fr. ; café, 1,207,000 fr. ; coton et laine, 1,021,000 fr. ; rhum et tafia, 685,000 fr. ; roucou préparé, 524,000 fr.j cacao, 257,000 fr. ; vanille, 37,000 fr. ; bois de teinture, 25,000 fr. La valeur totale des importations a été de 18,878,668 fr. ; celle des exportations de 18,493,591 fr. Les ports ouverts au commerce français et étranger dans la colonie sont ceux de la Pointre-à-Pitre, de la Basse-Terre, du Moule et du Port-Louis, à la Guadeloupe ; du Grand-Bourg, à Marie-Galante, et (le Marigot, dans l’île de Saint-Martin. Le mouvement de la navigation s’est traduit en 1865 par un chiffre total de 1,0G4 navires. La marine locale se composait, au îcf janvier 1864, de 28 goélettes employées au cabotage, 27 bateaux et 2,013 embarcations diverses. La Guadeloupe est mise deux fois

Îiar mois en communication régulière avec a France par la voie anglaise, et deux fois par la voie française. Les paquebots anglais de la Sociélé dite Royal Mail Steam navigation Company, partant de Southampton le 2 et le 17 de chaque mois, touchent à la Basse-Terre le 19 et le 3 ou le 4, selon que le mois a 30 ou 31 jours ; au retour, ils passent devant le chef-lieu de la colonie lo 27 et le 12, et arrivent à Southampton le 14 et le 29. Les paquebots de la ligne du Mexique, partant de Saint-Nazaire le 8 et le 16 de chaque mois, touchent, à l’aide d’une longue annexe : le premier à la Basse-Terre le 23, à la Pointea-Pître le 24 du même mois ; le second, à la Pointe-à-Pitre le 2, à la Basse-Terre le 3 du mois suivant.

« Les lettres échangées entra la Martinique et la Guadeloupe par paquebots-poste français sont soumises à la même taxe que celles qui sont échangées avec la France. Parmi les établissements financiers, nous signalerons la banque de la Guadeloupe, constituée en 1851, au capital de 3 millions de francs, et lo Crédit foncier colonial, autorisé par décret de 1863. Il existe à la Guadeloupe trois jonr. naux, savoir : la Gazette officielle de la Gua-

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deloupe, l’Avenir et le Commercial, paraissant deux fois par semaine. »

Le gouvernement local se compose d’un gouverneur, d’un conseil privé, d’un conseil général, de trois chefs d’administration et d’un contrôleur colonial. La colonie est représentée, auprès du gouvernement métropolitain, par un délégué élu pour trois ans par le conseil général et qui fait partie du comité consultatif des colonies siégeant à Paris.

Les forces militaires se composent : des troupes de la garnison, infanterie et artillerie de marine ; d’un corps de gendarmerie coloniale, d’ouvriers indigènes du génie, de disciplinaires coloniaux et de milices. Aux

termes de l’ordonnance du 24 septembre 1828 et du décret du 16 août 1854, les tribunaux et la cour de la Guadeloupe appliquent le code civil, le code de procédure civile, le code de commerce, le code d’instruction criminelle, le code pénal. Une bulle du pape du 27 septembre 1850 a érigé lu colonie en évêché suffragant de l’archevêché de Bordeaux, avec siège a la Basse-Terre. La colonie est divisée en cinq archiprêtrés.

Histoire. LaGuadeloupefutdécouvertele 4 novembre 1403, par Christophe Colomb, qui lui donna le nom de Guadeloupe, pour rendre hommage k la madone vénérée dans le sanctuaire de Sainte-Marie-de-Guadeloupe (Estramadure). Ce fut seulement en 1635 que l’Olive, gouverneur français de Saint-Christophe, qui avait pris possession de la Martinique, et un gentilhomme nommé Duplessis, envoyé par la compagnie des îles d’Amérique pour s’emparer de la Guadeloupe, y débarquèrent le 28 juin, 550 personnes, dont 400 laboureurs engagés pour le compte de la compagnie. Ces colons européens furent promptement décimés par les maladies occasionnées par un travail excessif et des privations de toute nature. Après la mort de Duplessis, survenue six mois après son débarquement dans l’Ile, le gouverneur l’Olive fit une guerre acharnée aux Caraïbes, qu’il refoula, après quatre années de luttes incessantes, vers la partie de la Guadeloupe appelée Grande-Terre, et jusque vers la Dominique. Ce fut le début de ces guerres d’extermination qui devaient, après des péripéties diverses, des trêves et des recrudescences d’hostilités, aboutir, en 1660, au traité qui concentra définitivement à la Dominique et à Saint-Vincent les débris de cette malheureuse race, réduite alors à 6,000 individus. C’est à peine si aujourd’hui on trouve encore, sur quelques points de la Grande-Terre, quelques représentants de cette race indigène. Ce qui restait des premiers colons, renforcé par quelques réfugiés de Saint-Christophe et quelques Européens avides d’entreprises, forma peu à peu une population nouvelle qui se livra surtout à la culture des végétaux indispensables à la vie. Après avoir passé successivement dans les mains de trois compagnies commerciales qui se ruinèrent, de 1626 à 1642, la Guadeloupe fut vendue, au prix de 60,000 livres tournois et de 6,000 livres pesant de sucre par an, au marquis de Baisseret, qui l’acheta, le 4 septembre 1649, de la dernière compagnie, dont il était l’agent. L’agriculture commença dès lors à progresser ; bientôt après, en 1643, cinquante Hollandais, chassés du Brésil, s’étant réfugiés à la Guadeloupe avec 1,200 esclaves noirs ou mulâtres, y fondèrent des sucreries et contribuèrent à faire remplacer la culture du tabac par celle de la canne à sucre, qui devait être une source de richesses pour la colonie. Mais les exactions commises par les maîtres de l’île, pendant leur domination, soulevèrent des troubles fréquents. La colonie était à jamais perdue, lorsque, sur l’avis de Colbert, Louis XIV l’acheta, avec ses dépendances, au prix de 125,000 livres tournois. Colbert la confia à une compagnie nouvelle (la Compagnie des Indes occidentales). En 1G74, cette compagnie fut dissoute et la Guadeloupe, réunie au domaine, fut ouverte à tous les Français qui voudraient s’y établir. Placée dès lors sous la dépendance de la Martinique, la colonie ne participa que faiblement aux encouragements que la métropole donnait à ses établissements coloniaux ; les compagnies, chargées par privilège de l’introduction des esclaves, y maintinrent les travailleurs à un haut prix, en n’en faisant que des importations restreintes. Ainsi se trouvèrent entravés les progrès agricoles ou commerciaux de la Guadeloupe. Les impôts, les prohibitions et la guerre empirèrent encore cet état de choses. Cependant, attaquée trois fois par les Anglais, en 1666, 1691 et 1703, la colonie opposa une résistance énergique, et ne put être entamée. L’influence du traite d’Utrecht se fit sentir à la Guadeloupe par une concentration de nos forces sur les colonies qui nous restaient, et, par conséquent, par un accroissement de prospérité. Cet état florissant dura quarante ans. À la fin de cette période, la population se composait da 9,645 blancs et de 41,000 esclaves. Mais, en 1759, les Anglais réussirent à s’emparer delà Guadeloupe, après une résistance qui dura trois mois. Le traité de 1763 restitua la Guadeloupe à la France. La colonie fut dotée alors d’une constitution indépendante. Mais en 1769, sous l’empire des considérations militaires qui avaient déjà dicté la réunion de la Martinique et de la Guadeloupe, cette dernière fut de nouveau placée sous la dépendance de la Martinique. On ne tarda pas’ cependant à s’apercevoir que ces considérations ne pou GUAD

vaient plus avoir de poids depuis la cession faite à l’Angleterre de la Dominique, qui occupe une position intermédiaire entre les deux îles, et, en 1755, la Guadeloupe fut définitivement déclarée indépendante de toute

tutelle. Elle marcha dès lors dans une voie de progrès. L’année qui suivit la Révolution, le chiffre de son commerce avec la France et l’étranger s’élevait à 31,865,000 fr. La population avait atteint le chiffre de 107,226 âmes. [ Les effets inévitables de la Révolution se firent sentiràla Guadeloupe comme en France. La guerre éclata, et les Anglais s’emparèrent de la colonie et de ses dépendances, le 21 avril 1794. Deux commissaires de la Convention, Chrétien et Victor Hugues, avec 2 frégates et 1,550 hommes, abordèrent à la Guadeloupe au mois de juin suivant et commencèrent une lutta à laquelle les noirs, affranchis par le décret de la Convention, prirent une part glorieuse, et qui se termina par l’expulsion des Anglais de fa Guadeloupe et des Iles adjacentes. Après la paix d’Amiens, le premier consul envoya, sous le commandement du général Richepanse, une expédition a la Guadeloupe pour y rétablir l’esclavage ; mais les noirs défendirent courageusement leur liberté. Sou3 la direction de chefs mulâtres, ils combattirent pendant plusieurs mois et ne succombèrent qu’après avoir fait couler des flots de sang. En 1810, la Guadeloupe retomba encore une fois au pouvoir des Anglais ; mais elle fut rendue à la Franco en 1814, par le traité de Paris. La colonie fut de nouveau envahie par les Anglais, à la suite de la commotion qu’y produisit,1a nouvelle des événements des Cent-Jours. Cette prise de possession dura du 18 août 1S15 au 25 juillet 1816. Depuis cette époque, la France, rentrée en possession de la colonie, a fait tous ses efforts pour y développer le commerce et l’industrie, et, malgré les tremblements de terre, les ouragans et le choléra, qui y ont exercé de grands ravages, on peut dire que la Guadeloupe est aujourd’hui dans une situation florissante.

En 1871, deux incendies détruisirent presque complètement la ville de ta Pointe-a-Pitre.

La Guadeloupe est aujourd’hui représentée à l’Assemblée nationale. Les deux députés actuels sont : MM. Melvil-Bloncourt et Rollin.

Les poètes Léonard, Campenon, Poirier de Saint-Aurèle ; les auteurs dramatiques Delrieu et Dumanoir ; le peintre Lethière ; Privât d’Anglemont, Armand Barbes, etc., sont nés à la Guadeloupe.

GUADET (Marguerite-Élie), conventionnel, l’un des chefs du parti girondin, né à Saint-Emilion (Gironde) le 20 juillet 1755 (telle est la vraie date, et non celles qu’on a souvent données), décapité à Bordeaux le 18 juin 1794. Son père était jurât ou maire de sa petite ville. Le jeune Guadet fit ses premières études dans la maison paternelle, fut placé ensuite au collège de Guyenne, et fit son droit à l’université de Bordeaux. Reçu avocat en 1781, il débuta avec éclat, et devint bientôt, avec Vergniaud et Gensonné, l’une des sommités de ce barreau bordelais d’autant plus riche en beaux talents, que le fond de la jurisprudence étant le droit romain, les avocats étaient astreints à des études plus élevées, plus sérieuses et plus fortes que dans les pays de droit coutumier.

Dès le débat de la Révolution, il se jeta dans le mouvement avec lardeur d’une âme généreuse, fut élu membre du conseil de département, président de l’assemblée électorale du district de Bordeaux, vice-président delà Société des amis de la constitution, président du tribunal criminel, enfin député de la Gironde a l’Assemblée législative. Il y prit rang parmi les orateurs les plus passionnés. Il n’avait pas cette éloquence brillante, large, solennelle de son collègue et ami Vergniaud ; plus-spontané, plus hardi, souvent acerbe et ironique, facile à l’improvisation, il semblait fait pouf l’attaque et la riposte. Sans être précisément un maître de la parole, il joua néanmoins un rôle considérable dans les luttes de tribune de cette grande époque. Dès l’ouverture de l’Assemblée, il appuya la proposition de supprimer les titres de sire et de majesté. Il fit rendre le décret par lequel les émigrés devaient rentrer en France avant le 1er janvier 1793, sous peine de confiscation de leurs biens ; et comme on demandait que les frères du roi fussent mis sur-le-champ en accusation, «Non, dit-il ; il faut réserver cette mesure pour les étrennes du peuple. » Lorsqu’on vint révéler l’existence du congrès de Pilnitz (14 janvier 1792), il s’élança a la tribune en s’écriant : «Apprenons à tous ces princes que la nation est résolue de maintenir sa constitution tout entière ou de périr tout entière avec lie ! Marquons d’avance une

F lace aux traîtres, et que cette place soit échafaud I » Guadet poursuivait les ministres de Louis XVI de ses apostrophes véhémentes, pendant que ses collègues de la Gironde l^ur faisaient leur procès en règle. et il eut une grande part a l’avènement de Roland et de Dumounez au ministère. Après la journée du 20 juin, La Fayette ayant écrit une lettre de menaces à l’Assemblée, le caustique orateur feignit de ne voir dans cette lettre qu’une pièce apocryphe et la fit renvoyer au comité d’examen. Le général quitte son nrmée en

Srésence de l’ennemi, pour venir guerroyer ans la capitale contre les jacobins. Alors

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Guadet lui lance ce trait d’une accablante ironie : « Au moment où j’ai vu M. de La Fayette, une idée bien consolante s’est offerte à mon esprit : ainsi, me suis-je dit, nous n’avons plus d ennemis extérieurs, ainsi les Autrichiens sont vaincus. Cette illusion n’a pas duré longtemps : nos ennemis sont toujours les mêmes, notre situation extérieure n’a pas changé, et cependant M. de La Fayette est à Paris ! etc. •

À ce moment déjà des divisions avaient éclaté parmi les patriotes, et Guadet, notamment, avait eu aux Jacobins de violentes polémiques avec Robespierre, préludes de luttes qu’il était dès lors facile de prévoir.

Dans les derniers temps da la monarchie, la cour fit faire des ouvertures aux girondins, qui, pour la plupart, se seraient volontiers accommodés de la monarchie constitutionnelle. Des pourparlers eurent lieu ; Guadet, introduit secrètement aux Tuileries, donna des conseils qu’on promit de suivre, et se retira à demi gagné par la feinte bonhomie du roi, l’affabilité de la reine et les gentillesses du dauphin ; car on avait mis en œuvre tous les genres de séduction.

Mais le 10 août coupa court a toutes ces négociations. Réélu, par son département, député à la Convention nationale, il vota la mort du roi, mais avec sursis à l’exécution et appel au peuple. Par l’âpreté de ses attaques contre la Commune de Paris et la Montagne, il contribua plus qu’aucun autre à lu perte de son parti, et il fut un de ceux qui repoussèrent toute idée de conciliation. Il manifesta même avec tant d’énergie son opposition à toute transaciion, qu’à la suite des conférences tenues à Sceaux entre quelques notabilités des deux partis, Danton lui adressa ces paroles prophétiques : n Guadet, tu ne sais point faire le sacrifice de ton opinion à la patrie ; tu ne sais point pardonner ; tu seras victime de ton opiniâtreté ! »

Guadet entra dans le premier comité de Salut public, mais ne fut pas compris dans le remaniement qui eut lieu presque aussitôt. Dans les luttes incessantes qui précédèrent le 31 moi, il fut presque constamment sur la brèche, soit pour l’attaque, soit pour la défense. Dans la séance du 18 mai, à la suite d’un violent discours, il proposa que les autorités municipales de Paris fussent cassées . et que les suppléants de l’Assemblée se rassemblassent à Bourges, comme si la Convention était menacée de dissolution. Ces imprudentes motions ne furent pas adoptées, mais elles ne faisaient qu’envenimer les haines. Compris dans les vingt ■ deux députés girondins qui furent suspendus de leurs fonctions à la suite des mouvements des 31 mai-2 juin, Guadet s’évada de Puris, gnjrna Evreux, déguisé en garçon tapissier, puis Caen, où il se joignit à ceux de ses amis qui tentèrent de soulever les départements contre Paris. L’avortement de l’insurrection normande le contraignit à s’enfuir dans la Gironde. Il se réfugia à Saint-Emilion, avec Pétion, Buzot et autres, vécut caché dans un souterrnin, puis chez sa belle-sœur, une noble femme, Mmo Bouquey, et dans divers autres asiles. Arrêté en juin 1794, avec Salle, conduit à Bordeaux, il fut envoyé à l’échafaud après la reconnaissance de son identité (il était hors la loi, comme rebelle). Il marcha au supplice avec fermeté 118 juin 1794). Il laissait après lui une veuve et trois jeunes enfants.

GUADET (Joseph), littérateur français, né à Bordeaux vers 1795, de la même famille que le précédent. Il fit ses études de droit, puis se tourna vers la littérature. Il est dovenu chef de l’enseignement à l’Institution des jeunes aveugles. On lui doit, entre autres ouvrages : Dictionnaire universel de géographie ancienne et comparée (1820, 2 vol. in-8°), en collaboration avec Dufau ; Collection des constitutions de tous les peuples de l’Europe (1833, 6 vol. in-8°) ; Esquisses historiques et politiques sur le pape Pie VII (1823, in-8") ; Saint- lïmilion, son histoire et ses monuments (1841, in-8°) ; Histoire ancienne chronologique et méthodique (1844 - 1845, 2 vol. in - 18) ; les Girondins, leur vie priuée, leur vie politique, etc. (1861, 2 vol. in-8u). M. Guadet a traduit l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours (1836-1841, 4 vol. in-8°) et la Chronique de Hicher (1845-1846, 2 vol.).

GUAD1ANA, l’.'luns des anciens etVOuadyAnas des Arabes, rivière d’Espagne et de Portugal. Elle prend sa source dans les lagunes do Bouilto, province d’Albacéte, entre aussitôt dans la province de Ciudad-Real, à Argamasilla, disparaît dans les roseaux, et, après avoir coulé souterrainement pendant l’espace de plus de 20 kilom., reparaît à un endroit appelé los Ojos (les yeux) de Guadiana, puis continue à couler dans la direction de l’O. à travers la province de Ciudad-Real, marque une partie de la limite des anciennes provinces de Tolède et d’Estramaduro, pénètre, près de Val- de- Cabsilleros, dans.la province de Badajoz, qu’elle traverse de l’E. a l’O., en baignant les murs de Merida et da Badajoz ; au-dessous ce cette dernière ville, elle forme la frontière de Portugal, tourne au S.-O., pénètre dans ce royaume, où elle arrose la partie orientale de la province d’Alentejo, et se jette dans l’Atlantique entre Apamonte ■et Castro-Marin, après un parcours d environ 640 kilom. Ses affluents les plus considérables sont la Zangara, la Giguela, la Guadasira, l’Ardila et la Chanza.

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