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GUY

1848 que pour servir d’intermédiaire entre le peuple etl autorité, surtout pondant un voyage qu’il fità Berlin, à l’occasion des événements de mars ; mais la liberté de la presse, qui fut la suite immédiate de ces événements, vint agrandir le champ de l’activité littéraire de l’émiuent écrivain, qui provoqua une réaction littéraire par ses deux romans : les Chevaliers de l’Esprit (Leipzig, 1830-1852) et, l’Enchanteur de Rome (Leipzig, 1859-1861).

Lorsqn’en 1859 on fonda en Allemagne la Société savante et philanthropique de Schiller, Guizlsow en fut nommé secrétaire général et dut, par suite de ces nouvelles fonctions, aller s’établir à Weimar en 1S62. La réaction qui se produisit en Allemagne et surtout en Prusse, l’année suivante, devait lui être fatale. Les membres du parti aristocratique, qui, partout, s’étaient emparés du pouvoir, suscitèrent à Gutzkow des tracasseries telles qu’il perdit la raison en face des calomnies sans nombre dont il fut l’objet. Pendant deux ans, de 1864 à 1S66, il ne vit autour de lui que persécuteurs et ennemis. Cependant on le vit, au commencement de 1SGS, recouvrer la santé de l’esprit et celle du corps ; mais, depuis cette époque, il n’a produit aucune œuvre nouvelle. Nous citerons encore de lui, pour compléter sa bibliographie, les ouvrages suivants, qui n’ont pas été nommés au cours de cette étude ; le Bonnet rouge et le capuchon, brochure politique (1838) ; Livre d’esquisses (1839) ; Vie de Bosnie (1840) ; Werner ou le Cœur et le monde, drame (1840) ; Patkul, tragédie (1841) ; l’École des riches, comédie (1841) ; le Treize novembre, drame (1842) ; Mélanges littéraires (1842-1852, 10 vol.) ; Une feuille blanche, drame (1844) ; la Perruque et l’épée, comédie (1844) ; Pugntcheff, tragédie historique (1846) ; le Prototype de Tartufe, comédie (1847) ; Discours au peuple, brochure (1848) ; l’Allemagne à la veille de sa chute et de sa grandeur (1848) ; Wullenweber, tragédie historique (1848) ; Oltfried, drame (1849) ; Liesli, tragédie populaire (1850) ; le Lieutenant du roi, comédie (1852) ; les Jeunes filles du peuple (1852) ; Philippe et Pérez, tragédie historique (1853) ; la Diaconesse, nouvelle (1835) ; Ella Rose, drame (1836) ; Laurier et myrte, tragédie historique (1856) ; le Petit monde des foui, nouvelle (1856) ; Lenz et ses /î/s, comédie (1S5C) ; Œuvres dramatiques complètes (1862-1863, 20 vol.). En 1852, il avait publié une sorte d’autobiographie sous le titre de Scènes de la vie de jeunesae, et il avait entrepris la publication d’un journal hebdomadaire populaire intitulé : Conversations au foyer domestique, qu’il rédigea jusqu’en 1862.

GUTZLAFF (Charles), missionnaire évangélique et savant sinologue allemand, né en Poméranie en 1803, mort à Victoria Hong-Kong en 1851. Il séjourna pendant quarante années dans le royaume de Sittm, dans le Laos, chez les Birmans ou en Chine, et recueillit des renseignements précieux sur ces diverses contrées. Ii fut élevé, par le gouvernement anglais, au poste de surintendant du commerce près du secrétariat en Chine, et son nom a été donné a une île de l’embouchure du Yong-tsé-King. On lui doit, entre autres ouvrages estimés, écrits en anglais : Journal de (rois voyages sur tes côtes de la Chine (1833) ; Esquisse de la Chine tmrienne et moderne (1834, 2 vol.) ; ia China ouverte (1838, 2 vol. in-8») ; Histoire de la Chine (1847, 2 vol. in-8») : Vie de Taoa Kwang, dernier empereur de la Chine (1852, in-8°).

GUY (danse de SAINT-). "V. CHORÉE.

GDY (Michel), dit do Tour», poëte français, né à Tours en 1551, d’un procureur au présidial de cette ville, mort dans les premières années du xvue siècle. Il exerçait la profession d’avocat. Il paraît, toutefois, s’être plus occupé de poésie-que du barreau. Les anciens biographes ne font de lui aucune mention et 1 on n’a aucun détail sur sa vie. Ses poésies ne manquent pourtant ni d’élégance ni d’originalité. A beaucoup de ces expressions locales que Grécourt appelait ses tourangëlismes, on voit que l’auteur habita constamment sa province, ce qui n’aura pas peu contribué sans doute à y concentrer sa réputation. Les poésies de Guy de Tours, imprimées en 1598. sous le titre de Premières œuvres poétiques et soupirs amoureux (in-12), sont divisées en sept livres, dont quatre sont consacrés a ses Soupirs amoureux, c’esl-à-dire aux louanges de ses quatre maitresses. Le cinquième livre est terminé par un poème intitulé le Paradis d’amour et consacre à l’éloge des plus belles dames de Tours. On a aussi de Michel Guy, outre des poésies latines inédites, un recueil de vers fort licencieux, les A/uses incognues ou la Soitles au bourriersle Seau aux ordures] (Rouen, 1G04), sorte de chronique scandaleuse dont le seul exemplaire connu existe à la bibliothèque do l’Arsenal.

GDV (Thomas), philanthrope anglais, né à Londres en 1643, mort en 1724. Il acquit, dans ie commerce de la librairie et dans des spéculations financières, une fortune colossale, dont il consacra une partie (5 millions de francs) à la construction, à Londres (1721), d’un hôpital qui porte son nom, et où l’on voit sa statue en bronze. La ville de Tanrworth lui doit aussi une maison d’asile.

GUY (Jean-Henri), auteur dramatique français, né à Compiègne en 1765, mort vers 1835.

GUY

Il était fils d’un piqueur du roi. Guy a composé surtout des libretti d’opéra, qui ne se recommandent ni par la correction du style ni par le lyrisme poétique ; toutefois, quelques-uns de ses ouvrages ont eu beaucoup de succès. Nous citerons particulièrement Sophie et Moncars ou 1 Intrigue portugaise, opéra-comique en trois actes, musique de Gaveaux (l~97), et Anacrëon chez Poiycrate, op«*ra en trois actes, musique de Grétry (1797).

GUY DE DAMPIERRE, comte de Flandre. V. Dampiurru.

GUY PATIN, médecin français, V. Patin.

Guy Livingaione, roman anglais de Lawrence. V. Livisgstonb (Guy).

Guy Mnimeritig OU l’ÀMrologiio, roman de Walter Scott, dont le sujet, débarrassé de ses accessoires et de ses nombreux épisodes, est d’une grande simplicité. Un jeune homme écossais, Henri Bertram d’Ellangowan, a été dans son enfance ravi à Sa famille par des contrebandiers et transporté en Hollande, où il a été élevé dans une maison de commerce comme par charité. Entraîné par sa vocation pour les armes, il s’est engagé, a fait partie d’une expédition dans les Indes, et par son courage a mérité le grade de capitaine, sous le nom de Brown, qu’il croit être le sien. Après une absence de vingt ans, il revient par hasard dans son pays natal. Ses parents sont morts, à l’exception de sa sœur Lucy ; ses domaines ont été vendus pour satisfaire les créanciers et achetés à vil prix par Glossin, leur intendant infidèle. Reconnu par une bohémienne dévouée à sa famille, Meg Merrilies, qui tient dans ses mains tous les fils conducteurs de ce drame domestique, et protégé par quelques amis, Brcwn, ou plutôt Bertram d’Ellangowan, parvient à rentrer dans l’héritage de ses pères. Ainsi s’accomplit l’horoscope calculé au moment de sa naissance par un étudiant d’Oxford, Guy Mannering, auquel le roman doit son double titre, bien que Guy n’en soit pas le héros.

L’amour de Bertram pour Julie, fille de l’ancien étudiant devenu le colonel Mannering, les intrigues ténébreuses de Glossin, l’usurpateur du domaine d’Ellangowan, qui a jadis soudoyé les contrebandiers pour faire disparaître le jeune Bertram, l’intervention de Meg Merrilies, qui reconnaît Bertram la première, lui fournit les preuves des scélératesses de Glossin et sacrifie généreusement sa vie pour faire triompher le jeune laird de ses ennemis, forment les principaux incidents et le nœud de l’action. Une scène admirable est celle où le jeune Bertram, de retour aux lieux témoins de son enfance après une absence de vingt ans, sent se réveiller en lui, à l’aspect du séjour de ses ancêtres, une foule de vagues souvenirs, et s’adresse, pour éclaircir ses doutes, à l’oppresseur de sa famille et à l’usurpateur de son héritage, à l’infâme Glossin, qui, de son côté, sent s éveiller en lui, non pas le remords, mais la crainte du châtiment. Il y a du génie dans une telle conception, et le dialogue est conduit avec un art admirable. L’action est généralement vive et intéressante, et les caractères sont bien dessinés. Le type de Meg Merrilies est des plus curieux et d’une vérité frappante pour qui connaît les mœurs de l’Écosse àl époque où l’auteur place son récit.

Gny de Wsrwyfce, poème d’aventure du xme siècle. On ne sait quelle en est précisément la date, ni quel en est l’auteur. Il est fort long, car il n’a pas moins de 11,200 vers. Guy de Warwyke quitte l’Angleterre, où il laisse la dame de ses pensées, qui a promis do le prendre pour.époux lorsqu’il sera devenu Se plus illustre chevalier de la chrétienté. Aidé de son bon compagnon Hnrold, il court les aventures, accomplit des prouesses incroyables, taille en pièces tous ses adversaires, fait prisonnier l’empereur d’Allemagne, puis le rend à la liberté et devient son meilleur serviteur. L’empereur l’envoie contre le Soudan de Babylone, qui marchait sur Constantinople ; Guy met en déroute l’armée du Soudan dont il tue le neveu ; après quoi il ne craint pas d’accepter le rôle de messager auprès du terrible musulman. Celui-ci ordonne qu’on le saisisse et qu’on la jette dans les fers ; mais le brillant chevalier tire son épée, coupe la tête au soudan, l’emporte, monte sur son bon destrier et gagne la campagne. Après tant de services, l’empereur ne peut faire moins que de lui offrir la main de sa tille ; Guy accepte, mais, au moment de passer l’anneau nuptial, à se rappelle soudain son amie qui l’attend en Angleterre, et il renonce à 1 honneur qu’on lui propose, fi se détermine alors à partir pour son pays. En route, il rencontre une foule d’aventures étranges et terribles d’où il se tire toujours avec le plus grand honneur. Arrivé en Angleterre, Guy délivre le pays d’un horrible dragon et épouse la dame de ses pensées, qui est lîère de se donner à un chevalier si renommé. Mais à peine est-il marié que, se rappelant qu’il a tout fait pour la gloire d’une femme et rien pour Dieu, il se résout à combler cette lacune, prend congé de sa femme et va visiter les lieux saints. De la une nouvelle série d’exploits héroïques : il pourfend des

féants, sauve des empires, puis, toujours évot, revenu en Angleterre, il s’établit ermite dans une forêt voisine du château où habitait sa femme. Le jour de sa mort, il en guyà ;

voie son anneau à celle qui continuait à l’attendre dans les larmes ; elle accourt : il avait déjà, rendu le dernier soupir. La dame suivit de près son mari dans la tombe.

Guy de Warwyke fut un des romans les plus populaires de l’époque ; il a été traduit, remanié, rajeuni plusieurs fois, et son héros a pris rang parmi les types les plus accomplis de la chevalerie,

GUYANE ou GCIANE, vaste contrée de l’Amérique méridionale, s’ètendant entre 4» de lat. S. et Su 40’ de lat. N., et entre 52» 15’ et 740 30’ de long. O. Le plateau qu’elle forme est immense : on évalue sa longueur de i’E’. à l’O. À plus de 200 myriamètres ; sa plus grande largeur du N, au S. À 120 myriamètres environ, etsa superficie totale a plus de 44,000 myriamètres carrés. La Guyane est bornée à

I’E. par l’océan Atlantique, au N. par le même océan et par l’Orénoque, à l’O. par l’Orénoque, le Rio-Meta et la Nouvelle-Grenade, au S. par l’Amazone. La Guyane aurait été reconnue par Christophe Colomb dès 1496, suivant quelques auteurs ; mais, suivant d’autres sources d’indications qui paraissent plus authentiques, ce ne serait que le 1er août 1498 que le grand navigateur aborda, vers les bouches de l’Orénoque, le véritable continent américain, après avoir relevé, la veille, l’Ile de la Trinité. Alphonse d’Ojeda et le pilote Jean de La Cosa, partis de Séville en mai 1499, n’arrivèrent au nouveau monde que dix mois après Colomb. Leur flotte, composée de 4 vaisseaux, et sur laquelle se trouvait Améric Vespuce, atterrit également aux bouches de l’Orénoque. Vers la même époque, un grand nombre d’aventuriers, attirés dans ces parages par l’espoir de trouver en abondance de l’or, des pierres précieuses et des productions inconnues, abordèrent aux côtes guyanaises ; mais Vincent Yanez Pinçon est le premier qui ait parcouru ces pays dans toute leur étendue. Parti de Palos en décembre 1199, il aborda le continent américain au sud de l’Equateur, y prit terre en deux ou trois points, puis, faisant route au nord et coupant de nouveau la ligne, il longea les terres d’aussi presque possible. C’est dans ce voyage qu’il donna son nom à cette rivière, dont la position, contestée depuis longtemps, a occasionné la discussion encore pendante sur les vraies limites de la Guyane française et de la Guyane portugaise, celle-ci incorporée depuis longtemps à l’empire du Brésil. Dans le courant du xvrs siècle, le bruit de l’existence, au centre de la Guyane, d’une ville superbe, que l’on nommait Manoa del Dorado, située sur le lac Parima, et renfermant des richesses merveilleuses, attira dans ie pays une foule d’aventuriers à la recherche de la fameuse cité. Ces voyages, parmi lesquels nous citerons ceux de Gonzalez Pizarre, frère du conquérant du Pérou, en 1541 ; de l’Allemand Philippe de Hutten, en 1545 ; de l’Anglais sir Walter Raleigh, qui, en 1595 et en 1617, remonta l’Orénoque jusqu’à 800 kilomètres do son embouchure ; de Laurent Keymis et du capitaine Berrie, en 1596 ; de Charles Leigh, en 1604 ; de Robert Harcourt, en 1608 ; ces voyages, disons-nous, n’eurent d’autres résultats que de faire mieux connaître la Guyane et ses véritables richesses. La Guyane se divise en : Guyane espagnole, aujourd’hui incorporée au Venezuela ; Guyane anglaise ; Guyane hollandaise ; Guyane française, et Guyane portugaise, aujourd’hui faisant partie du Brésil.

GUYANE FRANÇAISE. La Guyane française est une portion de l’immense contrée dont on vient de fixer les limites. Elle est comprise entre 2» et 6» de lat. N., et entre 52° et 57° de long. O. Elle est bornée au N.-E. par l’océan Atlantique, au N.-O. et à l’O. par le Maroni, qui la sépare de la Guyane hollandaise, et par les pays intérieurs, presque inconnus, situés au delà du Rio-Branco, Au S., les limites ne sont pas encore déterminées. La longueur de son littoral, du Maroni au N. jusqu’à l’Oyapoe au S., est de 500 à 562 kilom. Sa profondeur, du Rio-Brauco à l’Océan, n’est- pas moindre de 1,200 kilom. Ces dimensions donneraient une superficie triangulaire de 18,000 lieues carrées.

Histoire. En 1604, à l’instigation d’un sieur Devaux, qui avait longtemps vécu dans ce pays, Henri IV chargea le sieur de La Revardière de se rendre à Cayenne et d’examiner s’il serait possible d’y fonder une colonie. Le rapport de La Revardière fut

favorable, mais ia mort de Henri IV empêcha de donner suite à ce projet. Toutefois, en 1626, plusieurs marchands de Rouen, conduits par MM. de Chantail et de Chambour, formèrent un groupe de vingt-six colons qui vint s’établir sur les bords de la rivière de Sinnamary. En 1628, une autre colonie de quatorze personnes se fixa Sur la rivière de (Jonamama. Cette colonie, qui, après le départ du capitaine Hautepine, demeura sous le commandement de son lieutenant Lafleur, reçut, en 1630, un renfort de cinquante hommes, conduit par le sieur Legrand, et, en 1633, un second renfort de soixante-six hommes, conduit par le capitaine Grégoire. En 1634, quelques-uns des colons de Conamama, longeant le littoralj franchissant le Corossoni, le Sinnamaryj le Kourac, arrivèrent sur la rive gauche de la rivière de Cayenne, franchirent le fleuve, s’établirent dans une île qu’ils se mirent à cultiver après avoir construit un fort et le vil GtlYA

lage qui est devenu le chef-lieu de notre colonie ; mais ces premiers essais de colonisation étaient bien faibles encore. C’est afin de tirer parti de ces établissements naissants, que des négociants de Rouen s’associèrent de nouveau et obtinrent le privilège du commerce et de la navigation dans les divers pays situés entre l’Amazone et l’Orénoque. Quoique confirmée et étendue en 1638, cette concession ne porta pas fruit ; mais, avec cette heureuse ténacité qui caractérise la race normande, des Rouennais revinrent à la charge, et, en 1643, formèrent une société nouvelle, sous cette dénomination : Compagnie du cap Nord. Elle obtint, comme la précédente, la concession de tout le pays compris entre l’Orénoque et l’Amazone, à la condition expresse qu’elle y ferait des établissements et les peuplerait. La France était alors la seule nation européenne qui eût planté son pavillon sur ces côtes. L’expédition, composée de trois cents hommes, partit de Dieppe le 1er septembre 1643, sur deux navires ; elle arriva a sa destination le 25 novembre. Le pays où elle débarqua était encorQ peuplé de quelques Français, débris malheureux des premiers établissements ; ces exilés avaient presque oublié leur langue natale pour le galibi, et avaient pris les habitudes des naturels de la contrée. Les trois cents colons s’établirent dans l’Ile de Cayenne, et fortifièrent le mont Cépéron pour se mettre à l’abri des attaques des indigènes ; mais Poncet de Bretigny, qui était leur chef, se conduisit à l’égard de ses compatriotes avec tant de barbarie, ses extravagances furent telles, qu’une partie des colons s’enfuit dans les ■ bois et que les indigènes, poussés à bout par sa cruauté, le massacrèrent. En 1645, un renfort de quarante hommes, envoyé par les Rouennais, fut également massacré. Cette société anéantie, une nouvelle compagnie sa réorganisa tout aussitôt. Elle se composait de douze associés, appelés les douze seigneurs, et portait la dénomination de Compagnie de la France équinoxiale. Elle réunit un capital do 8,000 écus, un personnel de 700 ou 800 hommes, et, en 1652, elle obtint des lettres patentes révoquant celles qui auraient été précédemment octroyées. Toute la troupe s embarqua au Havre Je 2 juillet 1652, sous les ordres d’un gentilhomme normand, M. de Royville. Mais pendant la traversée les associés conspirèrent contre leur chef, le poignardèrent et jetèrent son corps à la mer.

Arrivés, le 30 septembre, à Cayenne, les associés sommèrent de Navare, commandant

le fort de Cépéron pour les Rouennais, de le leur remettre. De Navare n’opposa pas de résistance. Aussitôt débarqués, les colons se groupèrent autour du fort dont ils accrurent les défenses, et confièrent l’administration de la colonie à trois des principaux associés, qui prirent le titre de directeurs pour la Compagnie. La guerre ne tarda pas à éclater avec les Galibis ; la famine se déclara, et les restes de cette expédition durent se réfugier à Surinam, d’où ils gagnèrent les Antilles. Quelques Hollandais, sous la conduite de Spranger, vinrent, à cette époque, s’établir à Cayenne, abandonnée par ses possesseurs ; mais, en 1663, une nouvelle Compagnie équinoxiale, sous la direction du maître des requêtes de La Barre, et appuyée par le gouvernement français, les en expulsa. Toutefois, cette Compagnie nouvelle ne jouit pas longtemps de sa concession. En mai 1664, le roi, révoquant tous les privilèges antérieurs, autorisa par un éiltt la formation, sous le nom de Compagnie des Indes occidentales, d’une association puissante, à laquelle fut donnée la propriété de toutes les colonies de l’Amérique du Nord, des Antilles, de l’Amérique du Sud et de l’Afrique occidentale, avec la faculté d’y faire seule le commerce pendant quarante ans. Au nom du roi, le sieur Noûl prit possession des terres fermes de l’Amérique du Sud, fit construire un fort à l’embouchure du Donnamary, et commanda la colonie jusqu’à l’arrivée de M. de La Barre, maintenu comme gouverneur de nos possessions américaines.

C’est de cette époque que date la véritable fondation de Cayenne et de notre colonie. Sous l’administration vigilante, paternelle, intelligente de M. de La Barre, mille colons français, établis dans l’île de Cayenne, se livrèrent paisiblement aux travaux de culture. La prospérité de cet établissement paraissait assurée, lorsque, le 23 septembre 1667, les Anglais, sous les ordres du chevalier Harman, tirent irruption dans l’île, la dévastèrent et l’abandonnèrent au bout de quinze jours sans songer à s’y établir. Les colons, qui s’étaient dispersés dans les bois, se groupèrent aussitôt autour du P. Morellet, curé de Cayenne, et mirent tout en œuvre pour réparer les désastres qui les avaient frappés. Six ans de paix achevèrent de rendre à notre colonie sa prospérité passée. En 1674, la Guyane, comme tes autres colonies, passa sous lu domination immédiate du roi, après la suppression de la Compagnie des Indes occidentales ; mais la Hollande voyait avec peine prospérer notre établissement de Cayenne ; elle n’hésita pas à l’attaquer le 5 mai 1676, avec il navires de guerre. Malgré ces forces considérables, les Hollandais ne purent s’en emparer que par surprise. À peine maîtres de la place, ils en accrurent singulièrement les fortifications ; cependant ils ne réussirent pas à s’y maintenir longtemps, car, le 20 décembre 1672, le comte