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lution touchant à son heureux accomplissement, il ne devait plus y avoir, suivant les vœux du peuple, d’autre culte national que celui de la liberté et de l’égalité, et que, en conséquence, pour se conformer à la volonté du souverain, il renonçait désormais, ainsi que son clergé, à l’exercice de ses fonctions de ministre du culte catholique. Il déposa ensuite ses lettres de prêtrise, son anneau et sa croix.

Ceci, comme on en peut juger, ne fut pas, à proprement parler, une abjuration, ainsi qu’on l’a tant de fois répété, mais une simple renonciation aux fonctions sacerdotales. Que Gobel cédât à la pression des idées dominantes, cela n’a rien d’invraisemblable ; mais on remarquera que sa conduite en cette circonstance était conforme à celle qu’il avait tenue jusqu’alors ; toujours il s’était attaché à suivre docilement le mouvement révolutionnaire. Il crut à la puissance irrésistible de cette réaction anticatholique, il crut que les montagnards auraient la logique de leurs croyances, et, sans discuter le fond de la question, sans renier formellement ses anciennes idées, il déposa ses insignes pour obéir au peuple, comme un fonctionnaire qui renonce à sa fonction, bien plutôt que comme un prêtre qui renonce à sa foi.

L’exemple de cette déprêtrisation solennelle précipita le mouvement, de telle sorte qu’on put croire un moment que c’en était fait à jamais du catholicisme en France.

Mais on sait que sur cette grande question les révolutionnaires se partagèrent en deux camps. Robespierre et ses amis réagirent violemment contre ce qu’ils appelèrent l’athéisme, et, sous le nom d’hébertisme, proscrivirent à la fois le parti de la Commune et le parti philosophique. On trouvera plus de détails à ce sujet dans les articles déprêtrisation, hébertisme, Raison (fêtes de la), Robespierre, etc.

Arrêté comme complice de Chaumette, d’Hébert, de Cloots et de la faction des athées, le malheureux Gobel fut traduit au tribunal révolutionnaire, condamné à mort et exécuté avec Chaumette et autres. Il n’avait voulu recevoir aucun prêtre dans sa prison. Cependant on a prétendu plus tard qu’il s’était rétracté à ses derniers moments, et qu’il avait fait une fin chrétienne. Un de ses anciens vicaires, M. Lothringer, dans une lettre insérée aux Annales catholiques, a prétendu que Gobel lui avait fait parvenir secrètement sa confession écrite, en le priant de se trouver sur le passage de la charrette pour lui administrer clandestinement l’absolution. Cette historiette est d’une authenticité contestable.


GOBELET s. m. (go-be-lè — bas latin gubellus ; diinin. d&cupa, broc. Comparez le sanscrit kûpa, fontaine, puits, outre, bouteille. Chevallet voit dans gobelet le même radical que dans gober, et il le tire du breton gob, Icob, proprement bouche, et aussi vase à boire, tasse, coupe, verre, gobelet. Nous avons dit autrefois gobel, gobeau pour gobelet ; et, suivant Chevallet, tous o^s mots sont des dérivés dont le primitif subsiste dans le bretoh gob et dans le provençal , anciennement gob, qui a donné gonbaou ; l’un et l’autre signifient gobelet). Vase à boire rond, sans anse, ordinairement sans pied, moins large et plus haut qu’une tasse : Un gobelet d’or, d’urgent, d’ëtain. Une des punitions usitées chez tes Al or laques contre les mères qui négligent de veiller à la conduite de leurs filles, c’est de les faire boire dans un gobelet perce au fond. (Journ. de Paris.) Il Contenu de ce vase : Boire un gobelet de vin. 4/He Duménil aimait le vin ;.elle avait coutume d’en boire nn gobelet dans tes entr’actes, mais avec assez d’eau pour ne pas s’enivrer. (Marmontel.).

— Ustensile en forme de gobelet à boire, ordinairement de fer-blanc, qui sert k escamoter", k faire des tours de gibecière. Il Tour de gobelet, Tour d’escamotage exécuté avec des gobelets.

— Hist. Office consistant dans l’administration du pain, du vin et du fruit de la bouche du roi :

Servez, disais-je à Messieurs de la bouche ; Versez, versez, Messieurs du gobelet.

BÉRANOER.

H Chef dw gobelet, Premier ofricier de bouche d’une maison souveraine.

— Pyrotechn. Enveloppe-cartonnée, fortement serrée, dont se servent les artificiers pour contenir la fusée.

— Pharm. Vase fait do quelques substances îqédieamenteuses, dans lequel on laisse séjourner de l’eau qui acquiert ainsi des propriétés thérapeutiques : Gobelet de gaïac. Le GOBELET de auassia, un des plus employés, a l’inconvénient de ne plus rien céder à l eau après quelque temps d’emploi. Le gobelet émélique eut fait avec l’antimoine ; on y fait séjourner du vin blanc, qui devient purgatif et cinétique.

— Hortic. Disposition de certains arbres fruitiers, dans laquelle le bas est aussi large que le haut.

— Bot. Tige qui porte plusieurs fruits attachés ensemble, comme le gland, la faîne, les noisettes.

— Encycl. Coût. Le gobelet, dont on se servait généralement au moyen âge, et qui, par vi destination, quelquefois par sa forme, rap GOBE

pelait la coupe antique, était tantôt en métal, tantôt en bois. Les princes et les grands seigneurs se servaient de gobelets d’or ; les bourgeois, de gobelets d’ar^int ; les hommes du peuple, dé gobelets dé’.jin et de bois. Dans l’inventaire du duc d Ai.iou, au xive siècle, il est fait mention d’un gobelet o d’argent doré, tout plain, excepté un émail vert au dedans du couvercle, auquel il y a un écu avec un lion rampant qui a une étoile sur la poitrine et le couvercle crénelé, et est le siège du gobelet losange d’émaux verts..., et est ledit siège assis sur une femme emmantelée, et dès par le nombril elle est moitié de lion et moitié de griffon et tient en ses mains une serpentelle qui jette l’eau..., et est assise sur un pied bien

long, doré et pèse, gobelet et pied, 5 marc3,

2 onces. »

Au nombre des gobelets les plus célèbres, on peut citer encore celui, dit de Shakspeare, qui fut fait, en 1756, par l’horloger Thomas Sharp, avec le bois d’un mûrier planté, selon la tradition, par le grand poste lui-même près de sa maison de Stratford. Ce gobelet est orné de figures microscopiques représentant les principales scènes du théâtre de Shakspeare. Il appartenait à l’acteur Garrick, auquel le maire de Stratford en fit don k l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Shakspeare. Il a été vendu, en 1846, au prix de 3,2C0 francs environ. En 1852, k Vicarello, près de Viterbe, non loin du lac Bracciano (l’ancien lac Sabatinus), les jésuites, en faisant repaver un établissement de bains qu’ils possèdent là, se sont trouvés, après quelques fuuilles, en présence d’uii véritable trésor d’antiquités. C’étaient d’abord des monnaies impériales, puis des monnaies du temps de la république, puis plusieurs spécimens de Y ses grave signatum, larges et lourdes pièces carrées, les premières qui aient eu k Rome une valeur légale, celles qui remplacèrent pour le payement des amendes les têtes debétail, seule monnaie officielle jusqu’alors (pecu-nia) ; enfin, beaucoup d’as rude, le morceau de cuivre ou de bronze brut, qui facilitait les échtfnges aux premiers jours de la civilisation romaine. La présence de tant de pièces dé tout âge s’explique par l’usage établi chez les anciens de jeter en offrande, à la divinité salutaire qui les avait guéris par la vertu des eaux thermales, une ou plusieurs pièces de monnaie. Pline le Jeune parle dans ses lettres d’une source si claire qu on y pour-j rait compter toutes les pièces de monnaie jetées par la foule. Or, Vicarello était précisément sur l’emplacement des anciennes eaux apollinaires, fort renommées dans l’antiquité. Mais, parmi tous ces ex-voto des dévots païens, les plus curieux sont des gobelets d’argent ayant la forme d’une borne milliaire, et portant gravés sur leurs côtés des itinéraires complets. Plutarque et Pline parlent de ’cet emploi des gobelets itinéraires. On en a quatre spécimens ; tous les quatre sont déposés au musée Kircher, appartenant aux jésuites, musée plein d’objets curieux et rares. L’un des quatre gobelets est élégamment ciselé. Chacuft d’eux porte le nom de tous les relais de Cadix à Rome ; ils paraissent dater du second siècle de notre ère. La forme des gobelets a varié souvent. Le plus fréquemment, le gobelet était large et très-évasé du haut ; la base, plus étroite, reposait sur un pied très-fieu élevé et tourné en forme de base de coonne. On retrouve de nos jours encore cette forme dans les vases dont se servent les marchands de coco. Les gobelets des enfants, appelés plus ordinairement timbales, étaient moins larges, moins élevés et sans support par le bas. Le gobelet n’est presque plus en usage depuis que l’on fait du verre un emploi général, et on ne le voit guère que sur les places publiques, entre les mains des escamoteurs, qui s’en servent pour exécuter de3 tours de gibecière.

Sous l’ancienne monarchie, la bouche du roi comprenait un service de gobelet divisé en deux parties : la paneterie-houche et l’échansonnerie-bouche. Le chef de ce service

se nommait chef du gobelet.

— Prestid. Gobelets d’escamoteur. Nous ne donnerons pas ici l’explication détaillée des tours de gobelets ; nous nous contenterons de décrire en peu de mots les gobelets dont se servent les escamoteurs. Ces gobelets, ordinairement au nombre de trois, sont en ferblanc poli, en forme de cône tronqué, ayant vers le bas un double rebord d’environ om,02 ; ce rebord sert à lever facilement le gobelet, et à y placer avantageusement la main pour faire passer la muscade. Le fond du gobelet est concave, de façon qu’une muscade, placée sur le gobelet retourné, n’excède pas le rebord supérieur. Quant au gobelet a ramasser, c’est un instrument indispensable au prestidigitateur. Il est un peu plus grand que le gobelet simple. Il est pourvu, à l’intérieur, d’une espèce de cuiller à punch sans manche, ou bien d’une coquille bien creuse. La coquille ou la cuiller, agrafée à la paroi intérieure du gobelet, joue à l’aide d’un bouton presque imperceptible qu’il suffit de toucher pour faire manœuvrer l’appareil. Le gobelet h ramasser sert à faire disparaître les objets d’une certaine grosseur. L’opérateur recouvre l’objet avec le gobelet, presse le bouton, et la’cuiller, décrivant un demi-cercle, enlève jusqu’au fond du gubelet l’objet, qui disparaît ainsi d’une façon merveilleuse.

GOBELETERIE s. f. (go-be-le-te-rl — rad.

GOBE

gobelet). Comm. Fabrication et commerce de gobelets et d’ustensiles analogues.

GOBELETIER s. m. (go-be-le-tié — rad. gobelet). Ouvrier qui travaille en gobeleterie. Il Marchand de gobeleterie.

GOBELIN s. m. (go-be-lain- étymol. douteuse. Suivant Ordéric Vital, moine de Saint-Evroul en Normandie, il faudrait rattacher ce mot au bas latin gobelinus, servant à désigner un démon qui rôdait aux environs d’Evreux). Démon, latin, esprit familier : Dô petits amours une bande

Dansait auprès la sarabande,

Et, leur faisant maints tours malins. Riaient comme des gobelins.

La Bcnriade travestie.

li Esprit familier qui, d’après les matelots, fréquenterait la cale et’1'entre-pont.

— Encycl. V. goguulin.

GOBELIN (famille), célèbre famille de teinturiers qu’on a dit originaire de Relms, de Hollande suivant d’autres, et qui vint s’établir k Paris dans le xve siècle, sur les bords de la petite rivière de Bièvre, dans le faubourg Saint-Marcel. La fortune des Gobelins fut assez rapide pour leur permettre d’acheter des charges judiciaires, moins d’un siècle après leur.installation. Le chef de cette famille fut Jehan Gobelin, mort en H7G, qui avait fondé l’établissement en 1450. Il se fit une telle réputation pour ses teintures de laine écarlate, que sa maison, sa teinture et la rivière sur le bord de laquelle il s’était installé en gardèrent son nom. C’est sur l’emplacement de cet établissement que Colbert fonda la fameuse manufacture de tapis, dite des Gobelins.

GOBELIN (Balthasar), magistrat français, arrière-petit-fils du célèbre Jehan Gobelin, mort au commencement du xvii» siècle. Il jouit d’une grande faveur sous Henri II, à qui, à maintes reprises, il prêta de l’agent et qui lui vendit, en 1G01, la terre de Brie-Comte-Robert. Balthasar remplit successivement les fonctions de trésorier général de l’artillerie (1571), de conseiller secrétaire du roi (1585), de trésorier de l’épargne (15S9), de conseiller d’État (1600), et devint enfin président de la chambre des comptes (1602).

Gobelins (MANUFACTURE des), célèbre établissement de tapisserie et de teinture, situé à Paris, vers le haut de la rue MouiFetard. La manufacture des Gobelins étend ses bâtiments entre la rue Mouffetard et la petite rivière de Bièvre.

On a beaucoup discuté sur la question de savoir si la supériorité des produits des frères Gobelin était due, comme on l’a cru longtemps et comme beaucoup de personnes le croient encore aujourd’hui, aux propriétés particulières de divers sels tenus en dissolution dans l’eau de la rivière de Bièvre. C’était, d’autre part, une croyance populaire que l’écarlate des Gobelins était obtenue au moyen de l’urine d’hommes nourris d’une façon particulière. Cette nourriture passait pour abréger la vie de ceux qui y étaient soumis. Plusieurs condamnés k mort demandèrent à avoir leur peine commuée en celle du régime des Gobelins.

Le joyeux curé de Meudon donne, dans le chapitre xxu do Pantagruel, une explication toute rabelaisienne de la vertu attribuée aux eaux de la Bièvre. On sait comment Panurge, pour se venger d’une dame de Paris qui avait dédaigné ses hommages, « feit un tour k la dame parisienne qui ne fut poinct k son advantage. » Cette dame infortunée, poursuivie par « plus de six cent mille et quatorze chiens, » avant’pris le parti de se réfugier dans son hôtel, « quand elle fut entrée en sa maison, et fermé la porte après elle, tous les chiens y accouraient de demi-lieue, et compissarent si bien la porte de sa maison, qu’ils y feirent un ruisseau de leurs urines, auquel les canes eussent bien nagé. Et c’est cellui ruisseau qui de présent passe à Saint- Victor, auquel Gobelin teitut l’escarlate, pour la vertus spécifique de ces pisse-chiens, comme jadis presc/iapubliquement nostremaistre Doribus. » Les célèbres teinturiers, pour s’assurer exclusivement le bénéfice de la supériorité de leurs produits et dérouter les recherches et les efforts de leurs rivaux, avaienti imaginé d’attribuer aux propriétés particulières de la Bièvre, sur les bords de laquelle ils étaient seuls établis alors, tandis que tous les autres teinturiers étaient placés sur les bords de la Seine, ce qu’il fallait seulement attribuer k la supériorité de leurs procédés. Plus tard, en 1673, des lettres patentes, fondées sur des motifs de salubrité publique, ayant ordonné la translation au faubourg Saint-Marcel, et k Chaillot de toutes les tanneries, mégisseries et teintureries établies dans l’intérieur de Paris, la plupart des propriétaires de ces manufactures se portèrent sur la rivière de Bièvre, et les teinturiers depuis lors accréditèrent, dans leur intorêt personnel, l’erreur qui avait cours dans l’opinion publique.

Aujourd’hui la rivière de Bièvre, empoisonnée par des détritus de toute espèce, a perdu ses propriétés réelles ou supposées, et c’est un puits qui, avec, les eaux de la ville, alimente l’atelier de teinture de la manufacture des Gobelins, qui a remplacé l’établissement primitif fondé par les fameux teinturiers du xve siècle.

L’établissement actuel des Gobelins ne

GOBE

1335

date que du règne de Louis XIV. Le ministre Colbert acquit d’un sieur Leleu, cons’SHerau Parlement, l’hôtel proprement dit des Gobelins, tandis que la famille du Hollandais Gluck continuait, dans des bâtiments adjacents, l’exploitation d’une teinturerie qui dura jusqu au commencement de ce siècle. La manufacture royale fut* fondée. « La manufacture des tapisseries et autres ouvrages, dit l’édit de fondation (novembre 1G67), demeurera establiedans l’hostel appelé des Gobelins, maisons et lieux et dépendances à nous appartenant, sur la principale porte duquel hostel sera posé un marbre au-dessus de nos armes, dans lequel sera inscript : Manufacture royalle des meubles de la couronne. » Le mémo édit plaçait la nouvelle fondation sous la dé-. perldance et la régie de Colbert, surintendant des bâtiments et manufactures, et nommait directeur Lebrun, premier peintre du roi. Nous ferons remarquer que ce n’était pas seulement une teinturerie, ni même uns fabrique de tapisserie que Louis XIV créait aux Gobelins, mais bien un immense ntelier, où l’on devait composer et exécuter tout ce qui constitue un ameublement. « Deux cent cinquante maîtres tapissiers, nous apprend un historien, tissaient les riches tentures dont le premier peintre du roi ou ses élèves avaient donné les dessins, et dont l’habile Jacques Kercoven avait teint les laines et la soie. Des sculpteurs sur métaux et des orfèvres fondaient et ciselaient le bronze en torchères, en candélabres, en appliques, dont les dessins concordaient avec ceux des tentures. Des ébénistes sculptaient, tournaient et doraient le bois des meubles. Des Florentins, dirigés par Ferdinand de Magliorini, assemblaient le marbre, l’agate, le lapis, pour composer ces mosaïques précieuses, ornéesd’oiseaux, de fleurs et de fruits, que l’on admire encore aujourd’hui sur les tables de tous les palais du temps de Louis XIV. Enfin il n’y avait pas jusqu’aux serrures des portes et aux ferrures des fenêtres qui ne fussent des chefs-d’œuvre d’exécution faits d’après les dessins de l’universel Lebrun, qui seinblait se multiplier pour suffire k tout. » Et de fait, Lebrun donna aux Gobelins une splendeur qui ne se démentit plus. De 1663 k 1690, époque de sa mort, il fit exécuter dans les ateliers de tapisserie des tableaux composés par lui pour être copiés en laine : les Bu tailles d’Alexandre, l’Histoire de Louis 'XIV, les Éléments, les Douze mois de l’année, V/’/fstoire de Moïse, etc., etc. Les peintres Van der Meulen, Yvart, Boiils, Baptiste furent en outre appelés à donner aussi des modèles. Mignard succéda k Lebrun comme directeur des Gobelins : on lui adjoignit La Chapelle-Bessé, architecte et contrôleur de bâtiments. Sous leur direction, une école de dessin fut créée aux Gobelins, avec Toby, Coysevox et Sébastien Leclerc pour professeurs. Malheureusement, les revers des dernières années de Louis XIV forcèrent k congédier les habiles ouvriers des Gobelins, qu’on n’avait plus le moyen de payer. Le rétablissement dt la paix rendit quelque activité aux Gobelins ; mais, k dater de ce jour, ’ ce ne fut plus, comme à l’origine, une manufacture de meubles, ce fut seulement une manufacture de tapisseries. Les tentures des Gobelins, faites, en général, sans destination particulière, étaient souvent données en présent, soit aux têtes couronnées, soit aux particuliers éminents auxquels le roi voulait témoigner son affection. C’est ainsi qu’on peut voir encore en Angleterre, au château de Windsor, les tapisseries d’Esther et de Jason et Médée, données au roi par Louis XIV. Le roi de Siam, l’empereur de Russie, le duc dei Lorraine et le roi de Prusse reçurent des présents analogues. Les Gobelins exécutaient aussi sur commande pour de riches particuliers ; aussi les tentures devinrent-elles le luxe des grandes maisons.

La Révolution fut peu favorable k la manufacture des Gobelins. Marat écrivait en 1790. t On n’a nulle idée, chez les étrangers, d’établissements relatifs aux beaux-aris ou plutôt de manufactures k la charge de l’État : l’honneur de cette invention était réservé k la France. Telles sont, dans le nombre, les manufactures de Sèvres et des Gobelins... La dernière coûte cent mille écus annuellement, on ne sait trop pourquoi, si ce n’est pour enrichir les fripons et les intrigants. » Les Gobelins furent néanmoins épargnés, du moins en principe, car rétablissement fut complètement négligé pendant la tourmente. Le Consulat réalisa quelques réformes : il rétablit les apprentis et nomma un directeur des tentures. L’Empire replaça les Gobelins sous la main du souverain. Le gouvernement des Bourbons nommaM.desRotours directeur de la manufacture. En 1833, M. Lavocat succéda k M. des Rotours. Le gouvernement de Louis-Philippe commanda une série considérable de tapisseries représentant les résidences royales, et qu’il destinait à l’ornement intérieur de ces résidences. En même temps, continuant les traditions anciennes, on faisait don aux souverains étrangers de morceaux remarquables : un Pierre le Grand dans la Wmpéte, d’après le tableau de Steuben, admirablement rendu en tapisserie, était donné en présent au czar ; le Massacré des Âfnmrlnhs de Vernet fut offert k la reine d’Angleterre.

Les diverses révolutions qui se sont sucoédé depuis 1848 n’ont pas sensiblement modifié la