relâcher dans les ports sans défense de La Hogue et de Cherbourg, où ils s’échouèrent volontairement. Bientôt les Anglais parurent et incendièrent quinze de ces vaisseaux, mais après que leurs capitaines en eurent retiré les canons, les munitions et les agrès. Les Anglais essayèrent alors de mettre à profit la consternation profonde qu’avait répandue leur victoire pour tenter un débarquement sur divers points du littoral ; mais partout ils furent repoussés de manière à leur ôter l’idée d’y revenir. Quant à Louis XIV, le premier auteur de l’échec déplorable que nous venions de subir, il écrivit à Tourville ces singulières paroles, excusables seulement parce qu’elles donnaient une légitime satisfaction à l’amour-propre de l’amiral : « J’ai eu tant de joie d’apprendre qu’avec quarante-quatre de mes vaisseaux vous en avez battu quatre-vingt-dix de mes ennemis pendant un jour entier, que je n’éprouve aucune peine de la perte que j’ai faite. » Loin d’imputer à l’illustre marin un revers qui ne pouvait être attribué qu’à lui-même, le roi le comprit, l’année suivante, dans la promotion qui conférait au duc de Villeroy, au marquis de Boufflers, au duc de Noailles et à Catinat le bâton de maréchal de France.
HOGUET (Charles), peintre français, né à
Berlin (Prusse) en 1813, mort en 1867. Après
avoir complété son éducation à Paris, sous la
direction de V. Bertin et de Paul Delaroche,
il fit de longs voyages en Allemagne, en Angleterre
et en Hollande. À partir de 1842, Hoguet
exposa à nos Salons de peinture un assez
grand nombre de paysages, de marines,
etc., parmi lesquels nous citerons : la
Marée basse ; Souvenir d’Écosse ; Une plage hollandaise ; Bateau pécheur en rade ; Vue du Pont-Neuf ; Vue prise de Montmartre ; Souvenir de Dieppe ; des Marines ; des Vaches
dans une prairie, qui ont figuré à l’Exposition
universelle de 1855.
HOGUINE s. f. (o-ghi-ne ; h asp.). Ancien
art milit. Pièce de l’armure destinée à protéger
différentes parties du corps et qui se rattachait
à la cuirasse : La hoguine était formée de plusieurs lames mobiles, réunies par des charnières, et prenait place entre le plastron de la cuirasse et les cuissards ; cette pièce d’armure était surtout employée par les chevaliers combattant à pied dans les champs clos, les passes d’armes et les combats de barrière.
HOGYESZ, bourg des États autrichiens (Hongrie), comitat de Tolna, à 45 kilom. de Funfkirchen : 2,500 hab. Récolte importante
de tabac et de vins estimés. Beau château des comtes d’Appony.
Ho-Han-Chan ou la Tunique confrontée, drame chinois en quatre actes et en vers, composé par une courtisane nommée Thang-Hou-Pin et traduit en français par M. Bazin (1838). L’affabulation de ce drame est enfantine ;
c’est à peine si elle paraîtrait assez
corsée à une distribution de prix, dans un
pensionnat de province. Un honnête prêteur
sur gages, Tchang, accueille dans sa maison
un mendiant dont il fait son associé ; le misérable
jette à l’eau, pendant un pèlerinage, le
fils de son bienfaiteur, et épouse la veuve.
Tchang, ruiné, est réduit à mendier à son
tour. Mais la vengeance, pour s’être fait attendre
longtemps, n’en arrive pas moins. La
veuve était enceinte ; elle a un fils qui grandit
et devient officier dans la milice. L’officier
retrouve d’abord son grand-père, grâce
à une tunique coupée en deux dont il possède
la moitié, puis son propre père, que l’on croyait
mort, et qui, échappé à l’eau du canal, est
devenu bonze dans une pagode. Toute la famille
se trouve de nouveau réunie.
HOHÉNACKÉRIE s. f. (o-é-na-ké-ri ; h asp. — de Hohenacker, sav. russe). Bot. Genre de
plantes, de la famille des ombellifères, tribu
des saniculées, comprenant plusieurs espèces,
qui croissent en Arménie.
HOHENAU, bourg des États autrichiens (basse Autriche), gouvernement et à 60 kilom. N.-E. de Vienne, près de la March ;
1,600 hab. Beau haras du prince de Lichtenstein.
HOHENBERG, ancien comté de l’empire d’Allemagne. Villes principales : Rothenburg, Horb, Schœnberg et Oberndorf. Il est aujourd’hui compris dans le cercle wurtembergeois de la forêt Noire.
HOHENBERG, bourg des États autrichiens (basse Autriche), bailliage et à 33 kilom. S. de Saint-Polten, sur la Trasen ; 600 hab. Forges et fabrication importante de grosse ferronnerie,
ancres, enclumes, chaînes, etc.
HOHENBERGIE s. f. (o-ain-ber-gi ; h. asp.
— de Hohenberg, sav. allem.) Bot. Genre de plantes, de la famille des broméliacées, comprenant plusieurs espèces qui croissent au Brésil.
HOHENBRUCK, bourg des États autrichiens (Bohême), district et à 12 kilom. E. de Kœniggratz, sur la Diedina ; 2,350 hab.
HOHENBURG, bourg de Bavière, cercle du haut Palatinat, à 38 kilom. N.-O. de Ratisbonne, sur la Lauterach ; 600 hab. Ce petit
bourg, compris autrefois dans la Thuringe, fut, en 1075, le théâtre d’une victoire de l’empereur Henri IV sur les Saxons révoltés.
HOHENELBE, ville des États autrichiens (Bohême), district et à 28 kilom. N.-E. de Gitschin, près des sources de l’Elbe ; 4,000 hab. Fabriques de toiles, linons, fils, batistes, dentelles,
ouvrages en bois ; aux environs, mines d’étain.
HOHENFRIEDBERG, village de Prusse, province de Silésie, cercle et à 22 kilom. S.-E. de Liegnitz ; 750 hab. Ce bourg est célèbre dans l’histoire de la guerre de Sept ans, par
la bataille que Frédéric le Grand y gagna en 1745. V. l’article suivant.
Hohenfriedberg (bataille de), appelée par quelques historiens bataille de Strigau, gagnée par Frédéric II sur les Saxons et les Autrichiens, le 4 juin 1745. Au commencement
de la campagne de 1745, pendant la guerre
de la succession d’Autriche, Frédéric II se vit
réduit à n’avoir plus pour allié que Louis XV,
allié fort douteux, dont le roi de Prusse se vengeait
par des épigrammes adressées parfois
au roi de France en personne, qui n’y répondait
que par de grotesques airs de supérieur
offensé. Frédéric se tint d’abord sur la
défensive et se retrancha dans la Silésie, où
il attendit de pied ferme l’armée combinée
des Autrichiens et des Saxons, commandés
par le prince Charles de Lorraine. Celui-ci
pénétra en Silésie par Landshut et s’avança
dans les plaines de Hohenfriedberg ou de
Strigau. Le 4 juin, au matin, les troupes
saxonnes, conduites par le duc de Weissenfels,
marchèrent en avant, précédées d’un
fort détachement qui devait s’emparer de
Strigau. Accueillis par le feu meurtrier de
six pièces de 24 établies sur le mont Topaze,
chargés impétueusement par la cavalerie
prussienne, les Saxons furent repoussés et
s’enfuirent en désordre, malgré les efforts de
leurs généraux pour les tenir en ligne. À
cette nouvelle, le prince Charles accourut à
la hâte avec ses Autrichiens et reçut d’abord
le choc des Prussiens avec avantage ; mais
Frédéric, qui n’avait plus d’ennemis devant
sa droite, lui prescrivit un mouvement pour
la ramener sur le flanc gauche et le derrière
des ennemis.
Pendant ce temps, Nassau, qui commandait l’aile gauche, franchit le ruisseau de Strigau, se précipita sur la cavalerie autrichienne qu’il avait devant lui et la dispersa. Le général Polenz contribua beaucoup à ce succès, en se portant avec son infanterie dans le village de Fregebeutel, d’où il prenait en enfilade les escadrons ennemis. Gesler, qui commandait la seconde ligne, se glissa à travers les intervalles de l’infanterie autrichienne, la rompit et la tailla en pièces. Les dragons de Bareith se couvrirent de gloire en cette circonstance.
D’un autre côté, le mouvement prescrit par Frédéric sur sa droite commençait à porter ses fruits. À peine cette aile eut-elle abordé le flanc du prince Charles qu’elle y jeta un désordre irréparable. Tout se débanda, tout fuit par les montagnes. Les Saxons s’échappèrent par Seyffersdorff, le corps de bataille des Autrichiens par Kauder, et leur aile par Hohenfriedberg. L’armée prussienne les poursuivit jusque sur les hauteurs de Kauder où elle s’arrêta pour prendre du repos.
Sept mille prisonniers, dont quatre généraux et deux cents officiers ; soixante-seize drapeaux, sept étendards, soixante canons, tels furent pour Frédéric les trophées de sa victoire. Quatre mille Autrichiens tués et cinq mille blessés gisaient sur le champ de bataille. La perte des Prussiens fut de deux mille trois cents hommes tués ou blessés.
« Ce fut, dit Guibert dans son Éloge du roi de Prusse, une de ces batailles de grand maître où le génie fait tout plier devant lui, qui sont gagnées dès le début et presque sans contestation, parce qu’il ne reste pas à l’ennemi déconcerté la possibilité de rétablir le désordre.
« Les combinaisons de Frédéric pour la bataille de Hohenfriedberg, dit de son côté Jomini dans son Traité des grandes opérations militaires, appartiennent sans contredit à ses plus belles opérations. On lui doit les plus grands éloges pour l’habileté avec laquelle il sut choisir sa position, afin d’attendre l’armée ennemie au débouché des gorges. On voit par la relation que l’aile gauche des ennemis, formée de Saxons, était déjà accablée avant que rien fût disposé à la soutenir ; lorsqu’elle fut hors de combat, le centre se trouva alors attaqué de front et sur son extrême gauche par une masse de forces imposantes ; et il était difficile qu’il ne fût pas battu et culbuté, dans une position à laquelle l’attaque bien combinée de la cavalerie prussienne, commandée par Gesler, vint bientôt mettre le complément. Jamais l’emploi des troupes ne présenta une application plus exacte des principes. »
La victoire d’Hohenfriedberg assurait la possession de la Silésie à Frédéric. Ce prince en annonça la nouvelle à Louis XV par cette lettre quelque peu ironique : « Je viens d’acquitter en Silésie la lettre de change que Votre Majesté a tirée sur moi à Fontenoy. »
HOHENFURT, bourg des États autrichiens (Bohême), district et à 39 kilom. S. de Budweis, sur la Moldau ; 2,000 hab. Blanchisseries et grand commerce de fils pour mèches
de bougies et de chandelles. Abbaye de cisterciens,
fondée en 1259, avec bibliothèque et collections d’histoire naturelle et objets d’art.
HOHENHAUSEN (Bernard, baron de Hochhaus et de), général allemand, né à Dachau (Bavière) en 1788. Lieutenant dans l’armée bavaroise en 1805, il prit part, en 1809, à la bataille de Wagram, comme lieutenant-colonel
d’état-major, dans les rangs de l’armée française, fit ensuite la campagne de Russie (1812), tomba entre les mains des Cosaques
pendant la retraite et recouvra la
liberté lorsque la Bavière se sépara de Napoléon
pour se joindre aux alliés. Après avoir
pris part à la campagne de 1814 contre la
France, Hohenhausen devint adjudant du
prince de Wrède (1822), puis fut chargé de
l’éducation du prince Maximilien de Bavière,
qui devint roi sous le nom de Maximilien II.
Depuis lors, il a été nommé colonel (1839),
général-major (1843), conseiller d’État (1847),
ministre de la guerre cette même année,
commandant de la place de Nuremberg (1848),
commandant de la première et de la seconde
division d’infanterie (1849), et enfin lieutenant
général.
HOHENHAUSEN (Élisabeth-Philippine-Amalie Ochs, baronne de), femme de lettres allemande, née à Waldau, près de Cassel, en 1789, morte en 1857. Son père, le général
Louis von Ochs, lui fit donner à Cassel une
solide et brillante éducation. Elle apprit le
français et l’anglais, s’attacha particulièrement
à l’étude de la littérature anglaise et se
passionna surtout pour Shakspeare et Richardson.
En 1809, elle épousa le comte de
Hohenhausen, d’abord administrateur d’Eschwege,
en Westphalie, puis conseiller prussien
de la régence de Minden (1817). Amalie alla
habiter alors cette ville, où elle collabora activement
à la Feuille du Dimanche, revue littéraire
fondée à Minden par son mari, et se fit
connaître en même temps par la publication
de divers écrits. Pendant un long séjour
qu’elle fit à Berlin, la baronne de Hohenhausen
entra en relations avec Rahel, Heine,
Varnhagen van Ense, Blankensee, Maltitz et
autres personnages remarquables. De retour
à Minden, elle se voua à l’éducation de ses
enfants et eut la douleur de perdre son fils
aîné qui, à l’âge de dix-huit ans, se suicida
à Bonn, où il faisait ses études. Nous citerons
parmi les ouvrages de cette femme distinguée :
Fleurs de printemps (Munster, 1817) ;
la Nature, les beaux-arts et la vie (Altona,
1820) ; Pogezana (Dresde, 1825) ; Nouvelles
(Brunswick, 1828, 3 vol.) ; Tableaux de la
vie (Reinteln, 1833) ; Charles de Hohenhausen ; la Mort d’un jeune homme de dix-huit ans (Brunswick, 1837). — Sa fille, Élise de Hohenhausen, mariée à Charles-Ferdinand
Rudiger, conseiller supérieur de régence au
service de la Prusse, s’est également fait
connaître en littérature par des poésies et
des nouvelles.
HOHENHEIM, hameau du royaume de Wurtemberg,
dans le cercle du Neckar, à 10 kilom.
S.-O. de Stuttgard ; 117 hab. Très-beau
château bâti dans le dernier siècle par le duc
Karl, avec parc et jardins, et dans lequel a
été établie, en 1818, l’École nationale agricole
et forestière. Cet établissement comprend
une école pratique d’agriculture, une
ferme-modèle, un jardin botanique, de superbes
troupeaux, divers établissements d’exploitation
rurale, des ateliers pour la fabrication
des instruments agricoles, etc. Près
de là, parc et haras royal de Klein-Hohenheim.
HOEN-HO, rivière de Chine, prov. de Pé-tché-li,
formée par la réunion du Yam-Ho et du Sancam-Ho, près de Pan-Gam. Elle traverse la grande muraille, passe à 12 kilom. O. de Pékin et se jette dans le Pei-Ho, après un cours de 270 kiiom. du N.-O. au S.-E.
HOHENKŒNIGSBOURG, château de France (Haut-Rhin), près du bourg de Saint-Hippolyte,
canton de Ribeauvillé, arrondissement
de Colmar. Les ruines du Hohenkœnigsbourg
sont les plus importantes de toutes celles qui
restent des anciens châteaux forts de l’Alsace.
Elles couronnent une montagne de
forme pyramidale, qui domine une vaste plaine
et que l’on aperçoit de Schlestadt. MM. de
Golbery et Scheighœuser, dans leur ouvrage
sur les Antiquités de l’Alsace, résument ainsi
en quelques lignes la physionomie générale
de cette pittoresque et grande ruine : « D’un
côté, des tours imposantes ; de l’autre, de vastes
corps de logis, unis à ces tours par de
longs murs à travers lesquels perce le roc
vif ; au-dessus de ce mur et de ces tours, les
vestiges d’un parapet crénelé ; enfin, une triple
enceinte, flanquée d’autres tours encore,
tel est l’aspect de ce château. »
Au XVe siècle, les seigneurs du Hohenkœnigsbourg s’étaient rendus redoutables à leurs voisins par leurs violences et leurs actes de brigandage. « Les plaintes, dit M. Viollet-le-Duc, devinrent si graves, que l’archiduc Sigismond d’Autriche, landgrave de l’Alsace supérieure, s’allia avec l’évêque de Strasbourg, landgrave de l’Alsace inférieure, avec les seigneurs de Ribeaupierre, l’évêque de la ville de Bâle, pour avoir raison des seigneurs du Hohenkœnigsbourg. Les alliés s’emparèrent, en effet, du château, en 1462, et le démolirent. Ce domaine, par suite d’une de ces transmissions si fréquentes dans l’histoire des fiefs, fut cédé à la maison d’Autriche. Dix-sept ans après la destruction du Hohenkœnigsbourg, l’empereur Frédéric IV le concéda en fief aux frères Oswald et Guillaume, comtes de Thierstein, ses conseillers. Ceux-ci s’empressèrent de reconstruire le Hohenkœnigsbourg et en firent une place très-forte pour l’époque, autant à cause de son assiette naturelle que par ses défenses propres à placer de l’artillerie. »
Le Hohenkœnigsbourg avait été plusieurs fois agrandi et restauré lorsqu’à l’époque de la guerre de Trente ans il fut pris par les Suédois, qui le ruinèrent en partie (1633). Depuis lors, il cessa d’être habité, mais n’en resta pas moins le centre d’une petite seigneurie supprimée à la Révolution française.
HOHENLINDEN, village de Bavière, cercle
de la haute Bavière, à 33 kilom. E. de
Munich, bailliage et à 9 kilom. N.-E. d’Eberberg ;
307 hab. En 1800, les Français y battirent
complètement les Autrichiens.
Hohenlinden (BATAILLE DE), la plus célèbre qu’ait gagnée Moreau ; livrée le 3 décembre
1800 entre les Français et les Autrichiens.
Après Marengo, un assez long armistice fut
conclu, pendant lequel les plénipotentiaires
français et autrichiens ouvrirent à Lunéville
des conférences pour la paix ; mais, par une
bizarrerie assez étonnante, tandis que les
vainqueurs souhaitaient ardemment le repos,
les vaincus semblaient vouloir s’obstiner à
continuer la guerre, sans doute dans l’espoir
que le hasard des combats leur rendrait les
avantages perdus. L’Autriche, par la bouche
de son représentant, M. de Cobentzel, déclara
qu’elle ne pouvait traiter sans la présence au
congrès d’un plénipotentiaire anglais, ce qui
heurtait de front les intentions du premier
consul, qui voulait négocier avec chaque
puissance séparément. Il fit aussitôt annoncer
à M. de Cobentzel que les hostilités seraient
reprises à la fin de l’armistice, c’est-à-dire
aux derniers jours de novembre, et que les
armées françaises ne s’arrêteraient dans leur
marche que lorsque le plénipotentiaire autrichien
consentirait à traiter sans l’Angleterre.
Au reste, tout était prêt pour cette campagne
d’hiver, une des plus célèbres et des plus
décisives de notre histoire : Augereau était
campé avec 20,000 hommes sur le Mein ; Moreau
se trouvait sur l’Inn avec 130,000 ; Macdonald,
chez les Grisons, avec 15,000 ; Brune,
en Italie, avec 125,000 ; enfin Murat s’acheminait
sur ce dernier point avec 10,000 grenadiers.
Moreau, chargé du commandement
de la principale armée, franchit le Rhin sur
trois points différents, venge, en passant dans
les plaines de Hochstædt, notre défaite de 1704,
et s’avance sur les bords de l’Inn, dont l’archiduc
Jean, commandant de l’armée autrichienne,
s’apprête à le repousser. Un premier
engagement eut lieu, à la suite duquel l’aile
gauche de Moreau, commandée par le général
Grenier et forte de 26,000 hommes, dut
abandonner les positions qu’elle occupait.
après avoir vaillamment résisté à 40,000 Autrichiens.
Moreau se retira alors dans la vaste
forêt de Hohenlinden, et c’est là que l’archiduc
Jean, infatué d’un premier et facile succès,
eut l’imprudence d’aller le chercher.
Deux routes traversent la forêt : l’une à
droite, aboutissant directement à l’Inn par
Ebersberg et Wasserbourg ; l’autre à gauche,
passant par Hohenlinden, Mattenboett, Aag,
Ampfing, et joignant l’Inn à Mühldorf par un
trajet plus long. C’est par cette dernière
route que les Autrichiens s’engagèrent dans
les défilés et les replis de la forêt. Moreau jugea
sur-le-champ la situation des ennemis. En
conséquence, il résolut de les laisser s’engager,
à fond dans la forêt, puis de rabattre son
centre de la route d’Ebersberg sur celle de
Hohenlinden pour les surprendre dans ce
coupe-gorge et les y détruire. Cette route de
Hohenlinden suivie par les Autrichiens formait
dans la forêt un long défilé, bordé de
hauts sapins ; mais à Hohenlinden même, la
forêt s’éclaircissait tout à coup et laissait a
découvert une petite plaine semée de quelques
hameaux, au milieu desquels se détachait
le village de Hohenlinden. C’est là que
devait aboutir la masse de l’armée autrichienne.
Moreau y déploya son aile gauche
commandée par Grenier et renforcée d’une
division détachée du centre, sous les ordres
de Grouchy ; il établit cette division à droite
de la route et du village de Hohenlinden ; à
gauche, il plaça la division Ney, et plus à
gauche encore, en avant des villages de Preisendorf
et de Harthofen, les divisions Legrand
et Bastoul, défendant, sur la lisière du
bois, les têtes des chemins par lesquels devaient
déboucher les colonnes autrichiennes
qui remontaient la vallée de l’Isen. Au milieu de
la plaine et en arrière de ces quatre divisions,
se déployaient les réserves de cavalerie et
d’artillerie. Les deux divisions Richepanse
et Decaen, qui formaient le centre, se trouvaient
aux environs d’Ebersberg, à quelques
lieues de Hohenlinden. Moreau leur fit parvenir
l’ordre de se jeter de la route de droite
sur celle de gauche, de marcher sur Mattenboett,
et de surprendre l’armée ennemie engouffrée
dans la forêt. Quant à la droite de
Moreau, elle était trop éloignée pour pouvoir
prendre part à l’action qui se préparait. C’était
donc avec moins de 60,000 hommes qu’il
allait lutter contre 70,000 Autrichiens ; mais
c’étaient les vieux soldats de la République.
L’archiduc Jean, tout fier d’avoir fait reculer de quelques pas la redoutable armée du Rhin, et n’imaginant pas que les Français osassent lui opposer la moindre résistance, se