Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 9, part. 1, H-Ho.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HAMI

ton, qui avait reconnu par sa propre expérience l’efficacité de cette méthode, voulut la mettre en pratique en la perfectionnant. Il se rendit à New-York et se fit professeur d’allemand. It mettait entre les mains de ses élèves des recueils de phrases allemandes, avec la traduction interlinéaire, mot pour mot, en anglais ; il faisait lire ces phrases, b’attachant a les faire prononcer le plus exactement possible, attirait l’attention sur les particularités de construction, que rendait parfaitement visibles la traduction interlinéaire. En très-peu de temps, les élèves arrivaient a lire et a comprendre les auteurs allemands, avec traduction interlinéaire d’abord, puis bientôt sans avoir besoin de ce secours. Enfin Hamilton faisait étudier la grammaire, mais il donnait très-peu de temps a cette partie de sa tâche de professeur, où il jugeait son intervention personnelle presque inutile, chaque élève pouvant pour cela se borner presque à lire les règles dans le livre où elles sont formulées. La méthode d’Hamilton eut de chauds partisans, non-seulement en Amérique, mais encore en Angleterre, en Allemagne et en France. Dans ce dernier pays, elle peut être considérée comme ayant donné naissance a celle qui a été suivie par Robertson dans ses cours de langue anglaise, cours qui ont eu longtemps une grande vogue. L idée première, d’ailleurs, est loin d’être neuve : il y a des siècles que l’hébreu s’enseigne ainsi chez les Juifs, et les traductions interlinéaires ont été appliquées plusieurs fois à l’enseignement du latin lui-même.

HAMILTON (William-Richard), archéologue anglais, né à Londres en 1777. Attaché comme secrétaire particulier a lord Elgin, nommé ambassadeur & Constantinople, en 1799, il s’occupa particulièrement de recueillir les fameux marbres d’Athènes, qu’on voit aujourd’hui au Musée Britannique. Lorsque le Mentor, qui les portait, fit naufrage, en 1803, près de l’Ile de Cos, M. Hamilton parvint, à l’aide de plongeurs, à faire retirer du fond de la mer les précieux morceaux de sculpture, regardés un instant comme définitivement perdus. Il fit, quelque temps après, un voyage en Égypte, puis devint successivement sous-secrétaire d’État du ministère des affaires étrangères (1809-1822), envoyé extraordinaire à la cour de Naples (1828-1825), et président de la Société géographique. Hamilton a publié, sur son voyage en Égypte, un ouvrage intitulé JEgyplian monuments (1809).

HAMILTON (sir William), philosophe anglais, né à Glasgow en 17SS, mort en 1856. Issu d’une branche collatérale de la famille ducale du même nom, branche dont les membres portent le titre de baronnets, il fit ses études à l’université de sa ville natale et à celle d’Oxford, et s’occupa ensuite, à Edimbourg, de l’étude du droit. Reçu avocat en 1813, il ne s’adonna pas à la profession du barreau, mais continua de se livrer à l’étude de l’histoire et de la philosophie. En 1821, il fut nommé professeur d’histoire universelle à l’université d’Édimbourg. Cette chaire était alors presque une sinécure ; aussi Hamilton put-il poursuivre ses études et ses médita— lions favorites. De 1829 à 1832, il publia dans YEdinburgh Review une série de dissertations qui furent fort goûtées, et qu’il réunit et publia plus tard sous ce titre ; Dissertations sur la.philosophie et la littérature, sur la réforme de l’éducation et de i’u»itierfi7tf (lS5 !).’Ces travaux attirèrent sur lui l’attention et le firent appeler, en 1836, èila chaire de logique et de métaphysique de la même université, chaire qui fut, en quelque sorte ; créée pour lui, .car, jusqu’à ce jour, ce» matières avaient été regardées comme un accessoire du cours de théologie. Ses leçons donnèrent une vie nouvelle ù cette branche de l’enseignement et firent renaître l’école philosophique écossaise, qui n’existait plus, en réalité, depuis la mort de Dugald Steward. Profondément versé dans les systèmes philosophiques de toutes les époques, doué d’un remarquable talent d’analyse, il s’appliqua surtout à exposer clairement les idées des penseurs allemands, et chercha à les concilier avec les théories des métaphysiciens écossais, pour donner à celles-ci des bases plus larges et un développement plus considérable. De l’aveu même de ses compatriotes, ses ouvrages portent l’empreinte d’un génie allemand plutôt qu’anglais, et ce caractère exotique se reconnaît surtout à deux traits particuliers -. une tendance exclusivement spéculative, et une exactitude rigoureuse dans l’emploi des termes techniques. C’est un profond penseur ; mais, comme écrivain, il montre trop de concision et de sécheresse, défauts qui ont pour résultat une qualité peu commune, une grande vigueur de style. Cette qualité, cependant, ne suffit pas pour compenser la fatigue qu’éprouvent ceux qui veulent se donner la peine de suivre le cours de ses idées. Celui-là seul comprendra Hamilton sans effort, qui sera depuis longues années habitué à voguer dans les nu-iges de la métaphysique la plus quintessenciéu. Ou a d’Hamilton des éditions des Œuvres de Reid. (1840), et de celles de Dugald-Stewart (1850). La mort l’empêcha de terminer cette dernière. Ses Leçons sur la métaphysique et la logique ont été publiées par. Nansel et Veitch (Edimbourg et Londres, 1859-1863, 4 vol.). Mill a

HAMI

donné une appréciation critique de son système dans l’ouvrage intitulé : Examen de la philosophie de sir William Hamilton (Londres, 1865).

HAMILTON (sir William Rowan), astronome irlandais, un des savants les plus distingués de l’Angleterre, né à Dublin en 1805. A l’âge de six ans, it connaissait treize langues : le syriaque, le persan, l’arabe, le sanscrit, l’hindoustani, le malais, etc. Lorsque l’ambassadeur persan, Mirza Abou-Hassan-Kan, vint à Dublin, en 1819, le jeune Hamilton lui adressa une lettre de félicitation dans sa langue, et ce diplomate assura qu’il ne connaissait pas en Perse un lettré capable d’écrire plus correctement. À dix ans, Hamilton commença l’étude des mathématiques et y fit de tels progrès qu’au bout de cinq ans ses professeurs n’avaient plus rien à lui apfirendre. En 1822, il présenta au docteur Brinkey, astronome royal, un mémoire Sur les contacts des courbes et des surfaces algébriques, bientôt suivi d’un second sur le même sujet, simplement intitulé Développements. Ces deux essais valurent a leur jeune auteur les félicitations et l’amitié de cet homme éminent. ■ Ce jeune homme, dit-il, ne sera pas, mais est déjà le premier mathématicien de son époque. » Entré au collège de Dublin en 1823, il y obtint la première place et le prix d’hébreu. Cependant, en dehors de ses études scolaires, il étudiait l’application de l’algèbre à la géométrie et a l’optique, et par la seule puissance de son entendement il arriva a des résultats aussi neufs que surprenants. Il publia plus tard ses découvertes sous forme d’un mémoire adressé a. l’Académie royale d’Irlande, et intitulé : Théorie des systèmes de rayons (1828). Sur ces entrefaites, le Dr Brinkley ayant quitté sa chaire d’astronomie pour prendre la direction de l’observatoire de Cloyne, en 1827, Hamilton fut choisi, parmi de nombreux concurrents, pour le remplacer, bien qu’il n’eût pas achevé de prendre ses degrés et qu’il fut âgé de vingt-deux ans à peine. Tout en occupant sa chaire, le jeune savant se mit à faire sur l’astronomie des conférences qui furent bientôt populaires, devint membre de l’Association britannique lors de sa formation, et envoya à cette compagnie de nombreux mémoires, tant sur son système d’optique (1832), que sur les sections coniques et sur une méthode générale de dynamique. L’originalité, la profondeur de ces mémoires font présumer que, s’il se fût uniquement occupé de mathématiques, il eût conquis le premier rang. Parmi ses travaux les plus remarquables dans cette science, nous citerons le suivant : reprenant et étudiant le célèbre argument d’Abel contre la possibilité de trouver une solution générale et algébrique pour les équations du cinquième degré, il discuta cette question par une méthode qui lui était propre et prouva que toutes les solutions proposées péchaient par la base et étaient fausses. Mais sa plus importante découverte est celle du calcul des nombres par quatre ou calcul des quaterniom. Cette découverte, qui lui fournit des règles pour la résolution d’un grand nombre de théorèmes, a contribué pour beaucoup au profrès des sciences mathématiques. Le calcul es quaternions a été développé et expliqué par son inventeur dans un ouvrage spécial, et dans l’Encyclopédie des sciences physiques du professeur Nichol. Il serait impossible d’énumêrer les articles et les mémoires publiés par ce mathématicien, qui, non content de cultiver les sciences, a encore publié des poésies estimées. Il a reçu des médailles d’or de la Société royale, de l’Académie royale d’Irlande, et un grand nombre de distinctions honorifiques, notamment le titre de chevalier (1835). Enfin, de 1837 à 1848, il a occupé le fauteuil présidentiel à l’Académie royale d’Irlande, et il est membre de presque toutes les sociétés scientifiques de l’Europe.

HAMILTON (William - Antony - Archibald Hamilton-Douola.8, duc de), pair d’Angleterre, né à Londres en 1811, mort en 1863. En 1843, il épousa la princesse Marie de Bade, fille de Stéphanie de Beauharnais, et s’allia ainsi a. la famille Napoléon. Jusqu’en 1852, le duc de Hamilton s’occupa principalement de franc-maçonnerie, et devint grand maître du rite écossais. À partir de cette époque, il aborda la vie politique, en entrant, après la mort de son père, à fa Chambre des lords. Il prit place, comme lui, dans les rangs du parti conservateur, mais ne joua aucun rôle important dans les affaires du pays.-Son fils aîné, William-Alexandre-Stephen Hamilton-Douglas, duc nu Hamilton, né à Londres, en 1845, n’avait que dix-huit ans lorsqu’il fut appelé par la mort de son père a hériter de son siège à la Chambre des lords et des titres que porte le chef de la famille.

En 1864, 1 empereur Napoléon III, à la demande de sa cousine la princesse Marie de Bade, nière du jeune duc, releva pour lui et lui confirma, par décret du 20 avril, le titre français héréditaire d : duc de Chàtellerault, que le roi de France Henri II avait accordé pour la première fois, en 1548, à l’un de ses ancêtres paternels, Jacques Hamilton, comte d’Arran.

Très-connu dans le monde élégant du sport, le duc de Hamilton n’a nullement montré, jusqu’à ce jour, le désir de jouer dans son pays un rôle politique.

HAMILTON (Willium-Henri), écrivain poil À ML

pulaire anglais, né à Paisley en 1814. Après avoir étudié la théologie aux universités de Glascow et d’Édimbourg, il devint successivement ministre assistant à Abernyte, auprès de Dundee, à Roxburgh-Chapel, à Édimbourg (1841), et bientôt après il alla succéder a Londres, comme prédicateur, au fameux Edward Irving. Son succès dans la métropole fut immense et ses sermons eurent un énorme retentissement, qui contribua beaucoup à la popularité de ses livres religieux, dont voici les principaux : Vie de William Hamilton (son père) ; le Mont dès Oliviers, le Prédicateur royal ; Leçons de biographie ; l’Heureuse patrie ; les Emblèmes de i’Eden ; la Lampe et la lanterne. Il a aussi publié de nombreuses biographies, des éditions d’auteurs classiques religieux, des lectures édifiantes, etc.

HAMILTON (Jacques), comte d’Arran, régent d’Écosse. V. Arran.

HAM1LTONIE s. f. (a-mil-to-nl — de Hamilton, sav. angl.). Bot. Genre d’arbrisseaux de la famille des rubiacées, tribu des guettardées, comprenant plusieurs espèces qui croissent dans l’Inde. Il Syn. de fyrulairk, autre genre de plantes.

HAIHIPLANTE adj. (a-mi-plan-te — du lat. kamus, hameçon, et de plante). Bot. Se dit des plantes à aiguillons rudes et recourbés, qui s’accrochent aux habits des passants ou aux poils des animaux, comme le grateron. Il Peu usité.

HAMITE s. f. (a-mi-te ; h asp. — du lat. hamus, hameçon), Moll. Genre de mollusques céphalopodes, comprenant plusieurs espèces fossiles : Les hamites ne se sont trouvés que dans tes terrains anciens. (F. Foy.)

— Encycl. Les hamites sont des céphalopodes de la famille des ammonitides. Leur coquille forme une spire irrégulière, très-elliptique, composée de coudes placés aux extrémités du grand axe de l’ellipse et d’intervalles droits ou plus ou moins arqués. La bouche est ronde et a été, en général, considérée ■ comme simple ; dans quelques cas, cependant, elle est modifiée par un bourrelet. Il est très-rare de trouver la coquille entière, et c’est sur in petit nombre d’échantillons que l’on a pu constater l’existence des deux crosses Pour beaucoup d’espèces, la forme qu’on leur donne n’est qu’une hypothèse probable. Les hamites paraissent propres à l’époque crétacée et se trouvent dans toutes les subdivisions de ce terrain. Quelques espèces caractérisent les terrains néocomiens ; elles sont nombreuses dans le gault, et se continuent dans les craies chloritées, les craies marneuses et les grès verts supérieurs. Les terrains crétacés supérieurs de 1 Amérique et de l’Inde ont aussi fourni des hamites

HAMLET ou AMLETU, prince du Jutland, personnage demi-fabuleux que Shakspeare a immortalisé. Il dut vivre, si toutefois il a vécu, au ne siècle av. J.-C. Saxon le Grammairien, le seul historien qui en ait parlé, raconte qu’il était fils d’Horwendill, roi de Jutland ; et de Gérutha, fille du roi do Danemark. Fengo fit assassiner Horwendilt, son frère, épousa la reine, qui depuis longtemps nourrissait pour lui un amour criminel, et s’empara du trône. Hamlet, craignant d’être tué a son tour, contrefit l’insensé, et le vieil historien danois raconte de lui une foule de traits et de reparties, dont les unes sont d’un fou et les autres d’un observateur profond. On reconnaît là les éléments du caractère que lui a donné Shakspeare.

La Saga d’Hamlet, vieux poème Scandinave composé à une époque indéterminée, complète la légende. Fengo, pour éclaircir ses soupçons, car il craint que Hamlet ait pénétré tout le mystère criminel, fait conduire le jeune prince dans la chambre de sa mère ; un espion, caché sous de la paille, est chargé d’écouter la conversation. Cet espion ayant fait un mouvement, Hamlet le perce de son épée, puis, sûr de parler sans témoins, il éclate alors en’ reproches terribles : « Pourquoi pleurer sur moi, dit-il à sa mère, toi, la plus infâme des épouses, reine adultère, passée dans les bras du meurtrier de ton époux, servante de celui qui a tué le père de ton fils ? Les bêtes seules oublient leur compagnon, et le souvenir du passé est mort dans ton cœur ! Oui, je suis foui Mais sous cette folie je cache ma haine, et j’attends le moment de la vengeance I Tu me donnes tes larmes, et c’est sur toi qu’il faut pleurer 1 Qu’au moins ce mystère reste impénétrable pour tous... > Gérutha jure d’obéir, et Hamlet reprend son rôle d’insensé.

Fengo persiste néanmoins à vouloir se débarrasser de lui ; il l’envoie en Angleterre 9-vec deux gentilshommes porteurs d’une lettre par laquelle il prie le roi de ce pays de le faire mourir. Mais Hamlet, toujours sur ses gardes, dérobe la lettre et substitue à son nom celui de ses deux geôliers. Le roi d’Angleterre, sans méfiance, fait pendre les deux gentilshommes et donne la main de sa fille au jeune prince. De retour en Danemark, Hamlet, tout entier à son projet de vengeance, continue à faire le fou, et, dans une orgie, met le feu aux tentures de la salle du banquet ; à la faveur du désordre, il tue Fengo et le peuple l’acclame roi.

Les anciens historiens danois ont accepté les traits saillants de cette légende ; Pontanus, dans son Histoire du Danemark, parle d’un champ, appelé le Champ d’Hamlet,

HAML

19

ce prince aurait été battu par Vigleth, roi de Danemark. On montre aussi, aux environs d’Elseneur, l’endroit où Fengo tua son frère. Mais les historiens modernes, Holberg, Baden, Petersen, regardent tous ces récits comme fabuleux : Mùller seul croit que tout cela repose sur des faits réels, que les conteurs ont amplifiés. Celui qui a le plus contribué, avant Shakspeare, à mettre cette légende en circulation, est Belleforest ; elle forme un des plus intéressants chapitres de ses Histoires tragiques (1580). Ce chapitre est intitulé : Avec quelle ruse Amlelh, qui fut depuis roy de Danemark, vengea la mort de son père Horwendite, occis par Fengon, son frère, et autres occurrences de son histoire. Il en a emprunté le fond à Saxon le Grammairien et à la Saga d’Hamlet, en y ajoutant diverses inventions de son cru. C’est la source à laquelle a puisé Shakspeare. Un autre poète anglais, Thomas Kyd, fit, avant le grand tragique, représenter un drame sur le même sujet (1589).

Hamlol, princo de Danemark, tragédie en cinq actes, de Shakspeare, représentée vers 1595. Le grand tragique anglais s’est contenté, pour la contexture de son drame, de mettre en action la légende que nous venons de rapporter ; mais il a fait du personnage d’Hamlet, en l’imprégnant du doute et de la mélancolie modernes, une des plus étonnantes figures de ce monde moitié réel, moitié idéal, auquel il s’est plu à donner la vie.

La scène est à Elseneur, sur une terrasse du vieux palais, qui se dessine dans le fond avec son donjon, ses échauguettes, ses tourelles en poivrières. Deux soldats, qui montent la garde, s’entretiennent de l’apparition d’un fantôme qui est venu la veille effrayer l’un d’eux ; en ce moment même, le fantôme, revêtu d’une vieille armure et le visage découvert, apparaît de nouveau, et ils reconnaissent les traits du feu roi, mort depuis peu de temps et dont la fin tragique est encore un mystère pour tout le monde. À la scène suivante, nous sommes transportés dans l’intérieur du palais, où Claudius (c’est le nom que Shakspeare a donné au fratricide) reproche doucement à Hamlet la tristesse dont il paraît accablé depuis la mort de son père. Hamlet répond à peine, et, dès qu’il est seul, il exhale sa douleur de voir qu en moins de deux mois sa mère a oublié son époux et donné au Danemark un nouveau maître. En ce moment, Horatio ? un des officiers de la

farde du palais, vient raconter à Hamlet apparition nocturne dont il a été témoin, et Hamlet prend la résolution d’attendre lui-même sur la rempart le fantôme de son père. Le spectre apparaît à minuit, et, malgré ses compagnons, qui veulent le retenir, Hamlet suit à l’écart 1 ombre de son père, qui lui apprend que sa mort est le résultat d’un crime : Claudius, son frère, d’accord avec sa criminelle épouse, l’a empoisonné pendant son sommeil et lui a ravi à la fois sa couronne, sa femme et la vie. < Si tu as du cœur, mon fils, no laisse pas ma mort sans vengeance. Cependant, quelle que soit ta pensée, ne médite rien ; ontrë ta mère : abandonne-la à la justice du ciel et à ces épines qui croissent dans son sein pour le déchirer Adieu ! souviens-toi de moi ! — Me souvenir de toi 1 s’écrie Hamlet. Oh I oui, pauvre âme, tant que la mémoire aura une place dans cette tête en désordre. >

Et dès lors, pour déjouer les soupçons de Claudius, il contrefait le fou, même aux yeux de celle qu’il aime, d’Ophélin, la charmante fille de Polonius. Polonius, un courtisan’dugenre niais, attribuant la folie du prince à "amour qu’il a pour sa fille, vient en informer le roi et la reine. Leur conscience les force à s’éloigner devant Hamlet qui arrive, les vêtements en désordre, et qui feint de prendre Polonius pour un marcharicydè poisson. Il sème, dans sa folie simulée, des pensées philosophiques qui étonnent’* Polonius par leur profondeur. Ses amis arrivent ; il leur débite des maximes de morale. Là-dessus, on lui présente des comédiensyqûi demandent à donner une représentation dans le palais : ils-lui récitent une scène d’une tragédie i.’Hécube. Hamlet conçoit aussitôt un’projet original ; • J’ai oui conter, dit-il, que des coupables, assistant à une pièce, ont été, par le jeu des acteurs et l’art profond des’ scènes, si violemment émus jusqu’au fond de l’âme,

?u’à l’instant même ils ont avoué leurs foraits ;

car le meurtre, bien qu’il n’ait point de langue, élèvera la voix et parlera un langage surnaturel... Oui, je veux que les comédiens jouent devant mon oncle quelque chose qui ressemble a l’assassinat de mon père. Je suivrai attentivement ses regarda ; je pénétrerai dans son cœur ; s’il pâlit, je sais ce que j’aurai à faire... » Cependant, avant cette épreuve décisive, Hamlet se demande s’il ne ferait pas mieux de s’affranchir de la vie. C’est là que se trouve ce monologue ai connu, qui commence par ces mots :

Tobtor nat ta b», that it the question...

« Être ou n’être pas, c’est là la question.... La représentation a lieu, et l’épreuve ten tée par Hamlet réussit : les meurtriers décè lent leur crime par leur agitation ; ils s’enfuient avant la fin du spectacle. Hamlet pourrait en ce moment frapper Claudius ; mais, le trouvant en prières, il suspend sa vengeance, de peur de l’envoyer au ciel, et se rend chez sa mère, qui la fait mander.