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grains qui s’annoncent mal ou qui seraient susceptibles de nuire au développement de ceux qui les touchent et qui sont mieux exposés. On retranche de même l’extrémité de la grappe où la sève n’arrive presque jamais avec assez d’abondance pour nourrir convenablement les grains qui y sont placés. On s’abstient généralement, pendant ce mois, de remuer la terre sous les figuiers, ainsi que Jd toucher à ces arbres, l’expérience ayant démontré que les orages et les pluies survenant dans ces circonstances amènent la coulure des fruits. Les arbres fruitiers en culture forcée demandent les mêmes soins que dans le mois précédent.

Quant aux arbres et arbustes d’ornement, c’est le moment d’utiliser la taille en vert pour leur donner la forme désirée. On peut greffer en écusson à œil poussant les lilas, les rosiers, etc. ; on ne peut avoir recours dans ce cas aux yeux des jeunes rameaux de l’année, mais on a pu conserver des rameaux de l’année précédente enfouis sous terre, et à leur défaut on peut encore utiliser les yeux inférieurs des rameaux de l’année précédente qui ne se sont pas développés. Il faut veiller à ce que la fraîcheur soit entretenue au pied des arbres nouvellement plantés et des plantes de serre mises au dehors. Il est encore possible de planter des arbres verts ou résineux, mais à la condition de les lever en mottes.

Les travaux de la floriculture sont nombreux. Le principal, celui auquel se rattachent tous les autres, est la formation des massifs. La première quinzaine de juin est l’époque la plus favorable pour les semis de roses trémières, lins vivaces de Sibérie, campanules, violettes marines, giroflées, cocardeaux, et autres plantes vivaces ou bisannuelles, employées pour garnitures de printemps. Dans la seconde partie du mois, le sol des massifs devra être couvert de fumier court ou ratissé et biné superficiellement.

En juin, toutes les plantes de serre tempérée peuvent être mises à l’air libre. Les seuls soins qu’elles réclament sont des arrosements et des seringages réitérés. Il faut surtout avoir soin d’empêcher la poussière de s’attacher à leurs feuilles. Les azalées de l’Inde qui ne redoutent pas le grand soleil seront mises en place dans les parties les plus aérées. On peut cesser entièrement le feu dans les serres chaudes et donner largement de l’air. Les orchidées ne doivent être bassinées qu’avec modération, mais on les tiendra dans un bon état de fraîcheur. On ne doit donner de l’eau plus abondamment que lorsque les pseudo-bulbes sont formés.

Les produits de juin en légumes et en fruits sont des plus variés. On peut dire qu’il est à peine un légume dont on ne puisse jouir abondamment pendant ce mois. Après les asperges, qui déjà sont rares, voici venir les pois. Après le chou d’York, le chou cœur-de-bœuf, et le chou cabus blanc, on a du céleri blanc, des artichauts et des choux-fleurs. L’épinard est moins commun, mais en le semant à mi-ombre et en l’arrosant abondamment on peut encore s’en procurer. Les haricots, les fèves de marais, différentes laitues, la chicorée d’été, les aubergines, les concombres élevés sur couche sont en plein rapport. Les fraisiers de toutes sortes, les framboisiers, les groseilliers, plusieurs cerisiers donnent abondamment leurs fruits. À la fin du mois, on voit mûrir les poires de petit muscat et d’amiré-joannet, ainsi que la prune myrobolan. Le fruitier présente encore d’ailleurs, parmi les poires, le bon chrétien d’hiver, l’impériale à feuilles de chêne, etc. ; parmi les pommes, le calville blanc, les reinettes franche et grise qui peuvent se conserver un an, et la pomme de Final, qui se garde dix-huit mois.


Juin 1792 (journée du 20), épisode de la grande Révolution, qui fut comme le prélude de la journée du 10 août.

Le renvoi des ministres patriotes (Roland et ses amis), la démission de Dumouriez, qui, malgré son esprit d’intrigue et son ambition, n’avait pu se résigner plus longtemps au rôle que la cour prétendait lui imposer, le refus obstiné du roi de sanctionner le décret sur la formation du camp de 20,000 hommes sous Paris et le décret contre les prêtres rebelles, le rapprochement des feuillants du parti de la cour, l’attitude menaçante de leur chef, La Fayette, les manœuvres de la contre-révolution, la connivence entrevue du roi avec les émigrés et l’étranger, enfin la crainte bien justifiée d’un coup d’État ; telles furent les causes principales qui déterminèrent le mouvement du 20 juin.

L’émotion publique se traduisit, se formula dans l’idée populaire de donner un avertissement au chef de la contre-révolution, au roi, avant de frapper le coup décisif contre la royauté.

La Gironde, renversée du ministère, et qui voyait même son influence baisser dans l’Assemblée législative, ne pouvait que se montrer favorable à un mouvement qui tendait à ramener ses chefs au pouvoir. On a même prétendu qu’elle l’avait excité ; vraisemblablement, elle y a contribué. Toutefois, la part des influences individuelles ne fut pas très-grande dans cet événement ; du moins on n’y entrevit que l’action des meneurs secondaires. Ni Danton, ni Robespierre, ni Marat lui-même ne s’y mêlèrent activement, d’une manière ouverte. Robespierre surtout, loin d’agir, ne dissimula point son opposition ; sa prudence ombrageuse et craintive lui faisait redouter de tout compromettre par la précipitation. Dès le 13 juin, il avait invité la Société des jacobins à se délier des insurrections partielles, « qui ne font qu’énerver la chose publique. » Il faut ajouter aussi que, dans sa haine contre les girondins, il était naturellement porté à se tenir en garde contre un mouvement qui tendait à leur faire ressaisir le pouvoir. La majorité des jacobins suivit son impulsion et garda la même réserve.

Des conciliabules eurent lieu, dit-on, chez Mme Roland, dans le but de déterminer une manifestation populaire pour obtenir le rappel des bons ministres (c’est-à-dire des ministres girondins). Mais ce qu’il y a de certain, comme il est dit plus haut, c’est qu’aucun des chefs politiques ne parut sur la scène et que le rôle important fut joué par des agitateurs de second ordre, Santerre, Alexandre, commandants des bataillons des Enfants trouvés et de Saint-Marcel, le polonais Lazowski, capitaine des canonniers de ce dernier faubourg, Fournier, dit l’Américain, le boucher Legendre, Rossignol, le futur général de la Vendée, et quelques autres popularités de faubourgs et de quartiers.

Un certain nombre de ces citoyens furent délégués à l’Hôtel de ville (13 juin) pour faire connaître l’intention du peuple de se lever en armes le 20 juin (anniversaire du serment du Jeu de paume), pour aller planter un arbre de liberté dans le jardin des Tuileries et présenter une pétition à l’Assemblée nationale. Le conseil général de la Commune, quoique favorable au parti populaire, passa cependant à l’ordre du jour et n’accorda pas l’autorisation, se fondant sur ce que la loi proscrivait tout rassemblement armé.

Santerre, Alexandre et les autres meneurs des faubourgs déclarèrent résolument alors que rien n’empêcherait les citoyens de marcher. La question était ainsi nettement posée entre la Révolution et les pouvoirs publics. Pétion, maire de Paris, flottait dans l’incertitude. « Comme homme de parti, dit M. Louis Blanc, il inclinait à favoriser le mouvement. Comme maire, il avait à faire respecter la loi. »

De là les tergiversations et l’inertie qu’on lui a si amèrement reprochées. Ami des ministres renversés, partisan des lois que le roi venait de frapper de son veto, il était porté peut-être à désirer que le peuple exerçât une pression et sur l’Assemblée et sur la faction de la cour. De plus, sa popularité, qui lui était si chère, lui imposait une grande réserve au milieu des événements.

Cependant, pressé par le directoire du département (qui était favorable à la cour), et pour mettre sa responsabilité à couvert, il prescrivit au commandant de la garde nationale, Ramainvilliers, diverses mesures pour garantir la tranquillité publique. Mais il ne pouvait ignorer, d’ailleurs, qu’une partie de la garde nationale se mêlerait probablement au mouvement.

En outre, il était visible que rien ne pourrait arrêter l’entraînement populaire.

Le 20, dès cinq heures du matin, en effet, toute la population était debout, surtout dans les deux grands faubourgs Saint-Marcel et Saint-Antoine. Des officiers municipaux (parmi lesquels les administrateurs de police Panis et Sergent), envoyés par Pétion, haranguaient la foule, mais avec tiédeur, sentant bien que leurs exhortations étaient inutiles, et d’ailleurs secrètement favorables eux-mêmes au mouvement, pourvu qu’il se maintînt dans de certaines limites. Les citoyens leur répondirent que leurs motifs étaient purs, qu’ils voulaient aller présenter légalement une pétition à l’Assemblée nationale et au roi et planter un mai sur la terrasse des Feuillants pour l’anniversaire du serment du Jeu de paume ; qu’ils ne s’armaient que dans la crainte d’être attaqués par les aristocrates ; que l’Assemblée avait déjà reçu certaines députations en armes (des royalistes), et que la loi devait être égale pour tous, etc.

Vers midi, les colonnes se mirent en marche, des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marcel, lieux de rendez-vous ; la foule, composée de gardes nationaux et de citoyens sans uniforme, fraternellement mêlés, armés de piques et de fusils, traînant les canons des sections, n’avait nullement l’aspect sinistre qu’on s’est complu à dépeindre. C’était la population de Paris, bruyante et joviale, résolue, mais sans colère, et paraissant marcher plutôt à une fête qu’à une insurrection. Des officiers de la garde nationale, des chefs de bataillon (quelques-uns entraînés et contraints, mais la plupart volontairement) marchaient à la tête de leurs hommes. Santerre, le chef populaire du grand faubourg Saint-Antoine, conduisait son bataillon et tenait la tête du cortège, suivi par les canons et le char qui traînait le peuplier qu’on devait planter.

Pendant ce temps, on discutait à l’Assemblée la question de l’admission des pétitionnaires à la barre. Roederer, procureur syndic du département, exposait que la loi s’opposait à la présentation de pétitions par des rassemblements armés. Vergniaud, tout en approuvant en principe, proposa une transaction ; la veille même, on avait admis à défiler dans l’Assemblée des pétitionnaires armés ; il y avait encore d’autres précédents, et l’erreur des citoyens se trouvait en quelque sorte autorisée par des abus antérieurs. Il demandait donc l’admission, vu les circonstances, sauf à statuer pour l’avenir.

Déjà le peuple était aux portes du Manège (lieu des séances de l’Assemblée, sur l’emplacement de la rue de Rivoli, près des Tuileries) ; Santerre fit passer au président une lettre respectueuse et digne annonçant que le faubourg Saint-Antoine sollicitait l’honneur d’être admis à la barre et de présenter ses hommages à l’Assemblée.

Malgré les clameurs de la droite, l’admission fut accordée.

Pendant ce temps, la foule s’agglomérait autour du Manège et des Tuileries ; ceux qui escortaient le peuplier, refoulés dans un grand jardin dépendant d’un couvent de capucins, non loin de la cour des Feuillants, et ne sachant que faire en attendant le défilé, plantèrent l’arbre de liberté… dans le potager des capucins. D’autres, en danger d’être étouffés, forcèrent une porte qui, de la cour du Manège, ouvrait sur la terrasse des Feuillants (où il y avait du canon), et se répandirent en liberté dans le jardin des Tuileries ; le château se trouva ainsi de plus en plus enveloppé, et la tentation d’y monter devint plus forte.

À l’Assemblée, l’orateur de la députation lisait l’adresse du peuple ; elle était menaçante pour le roi et les conspirateurs de la cour. Puis le défilé de la foule commença à travers la salle des séances ; la musique précédait, jouant le Ça ira ; citoyens, gardes nationaux, jusqu’à des femmes et des enfants passaient devant les députés en les saluant de marques de sympathie et en criant : « Vivent les patriotes ! À bas le veto ! » Tout se passa d’ailleurs avec un certain ordre. Il est vrai qu’un individu portait au bout d’un bâton une culotte déchirée, emblème de la misère parisienne ; un autre, un cœur de veau au bout d’une pique avec cette inscription : Cœur d’aristocrate ; mais c’étaient la des jovialités grossières plutôt que des menaces, et dans tous les cas des faits particuliers. La masse était inoffensive et sympathique aux députés. Le défilé dura plus d’une heure. L’écoulement de cette grande foule se faisait fort difficilement, et l’engorgement la fit refluer de tous les côtés ; elle passa pacifiquement devant les bataillons de gardes nationaux rangés le long du château, sortit par le quai et inonda le Carrousel. Quelques officiers municipaux, entre autres Mouchet, pour éviter un conflit, s’entremettaient, faisaient partout ôter les baïonnettes. Le peuple hésitait cependant à franchir les grilles, et il ne semble pas qu’il ait eu l’idée systématique d’envahir le château. Il est probable que l’on ne songeait d’abord qu’à faire présenter la pétition au roi par une députation, tout en appuyant cette démarche par une grande manifestation populaire.

On avait rassemblé, pour entourer le château, beaucoup de gardes nationaux dont les officiers étaient des royalistes bien connus, le commandant Ramainvilliers, Mandat, Acloque, le lieutenant-colonel de gendarmerie Carle, etc. Mais les municipaux Boucher-René et Mouchet aplanissaient les voies ; le dernier surtout, infatigable, courait partout avec son écharpe, représentant qu’après tout le droit de pétition était sacré, etc. En outre, les grands agitateurs, Santerre, le marquis de Saint-Hurugue, le boucher Legendre, probablement aussi des agents girondins, poussaient le peuple à monter aux Tuileries. Sous la menace du canon, la grille est ouverte, le peuple se répand dans la cour royale et envahit comme un torrent l’escalier du pavillon de l’Horloge. L’irruption fut si violente, qu’un des canons du bataillon du Val-de-Grâce fut transporté à bras jusque dans la salle des Suisses (Mouchet le fit redescendre). La foule pénètre jusque dans la salle de l’Œil-de-Bœuf, qu’il fallut bien ouvrir. Le roi s’y trouvait, entouré de plusieurs de ses ministres, du maréchal de Mouchy, d’officiers et de volontaires de la garde nationale, de Mme Élisabeth, etc. On le fait placer dans l’embrasure d’une croisée. Il conserva, dit-on, assez de sang-froid, et il aurait dit aux envahisseurs : « Que me voulez-vous ? Je suis votre roi. Je ne me suis jamais écarté de la constitution. » Toute cette foule, d’ailleurs, était exaltée, mais non menaçante pour le roi ; elle voulait seulement l’avertir, exercer une pression sur lui, cela est incontestable, mais non se livrer à des excès, ce qui eût été bien facile. Beaucoup avaient été conduits par la curiosité, d’autres poussés, enlevés par l’irrésistible torrent. Tous criaient : « À bas le veto ! la sanction des décrets ! le rappel des ministres patriotes ! »

Legendre, le fameux boucher des Cordeliers, s’avança et dit au roi : « Monsieur, vous êtes un perfide, vous nous avez toujours trompés. Mais prenez garde ! le peuple est las d’être votre jouet. » Puis il lut une pétition menaçante. Louis XVI répondit : « Je ferai ce que la constitution m’ordonne de faire. » C’était assez montrer qu’il ne céderait rien sur le fond des choses ; la constitution lui accordant le veto, il se retranchait judaïquement derrière la lettre de la constitution. Mais tout en éludant avec une duplicité habile les demandes impératives de la foule, il s’attachait néanmoins à la gagner par des jongleries qui manquent rarement leur effet. Il buvait un grand verre de vin « à la santé de la nation ; » il criait : « Vive le peuple ! » il prenait un bonnet rouge des mains de Mouchet et en coiffait sa tête royale. Le peuple, berné par ces mascarades, fut si charmé qu’il emporta le bonnet, le coupa en deux, en porta processionnellement une moitié et déposa l’autre comme une relique au club de l’Évêché. Peut-être bien n’était-ce pas là le bonnet authentique, car Bertrand de Molleville raconte qu’après l’avoir gardé plusieurs heures sur sa tête le roi l’avait encore en rentrant le soir dans ses appartements et le rejeta avec indignation.

Le tumulte dura près de deux heures ; mais quoi qu’on en ait dit, le roi ne courut aucun danger, sauf celui d’être étouffé par la foule. Pour le garantir, on l’avait fait monter sur une banquette.

Enfin, Vergniaud, Isnard et plusieurs autres députés accoururent ; puis Pétion, accompagné de Sergent et de quelques municipaux. Le maire de Paris harangue le peuple et l’engage à se retirer en bon ordre, maintenant qu’il avait présenté ses vœux, etc. Finalement, les municipaux, les députés, les gardes nationaux de Santerre finissent par établir et activer le défilé ; on fait ouvrir les appartements pour ménager une issue à la foule à travers le château. Un peu dégagé, le roi en profite pour s’esquiver par une porte dérobée. Le peuple défile à travers les appartements et passe devant la reine, abritée derrière une grande table et entourée de grenadiers, de serviteurs et de ses femmes ; elle avait coiffé le petit Dauphin du bonnet rouge, pour être agréable à la multitude. En cette chaude saison, le pauvre enfant étouffait sous cette coiffure. Le bon Santerre dit paternellement : « Ôtez le bonnet à cet enfant, il a trop chaud. »

À huit heures et demie du soir environ, tous les appartements étaient évacués.

Pendant cette tempête populaire qui avait passé sur les Tuileries et qui avait causé tant d’effroi, pas une goutte de sang n’avait coulé, pas une violence n’avait été commise.

En résumé, le peuple n’avait rien obtenu ; Louis XVI n’avait rien concédé ; et la famille royale continua de correspondre secrètement avec l’ennemi et d’appeler l’invasion étrangère au secours de la monarchie absolue.

Bien plus, le roi publia une proclamation récriminatoire et menaçante, et pour récompenser Pétion de l’avoir couvert de sa popularité, il le fit suspendre de ses fonctions de maire.

Mais les événements vont se précipiter, et le peuple de Paris, voyant ses avertissements inutiles, reviendra le 10 août aux Tuileries, mais cette fois pour balayer la royauté.


Juin 1793 (journée du 2). À l’instigation de la Commune et des jacobins, les sections de Paris se soulevèrent le 2 juin, et, sous la direction de Hanriot, 80,000 hommes marchèrent sur les Tuileries, où siégeait la Convention, afin de demander la mise en accusation des girondins. Devant l’attitude de Hanriot, que le président de l’Assemblée essaya vainement de faire arrêter, la majorité de la Convention décréta l’arrestation des députés qui s’étaient rendus impopulaires.


Juin 1832 (insurrection des 5 et 6). Cet événement compte parmi les grandes journées du parti républicain sous le règne de Louis-Philippe.

Il y avait alors, parmi les classes intelligentes de la nation, un mécontentement très-vif contre la marche rétrograde du gouvernement. Le parti républicain, qui n’existait pour ainsi dire pas en 1830, était né de cette disposition des esprits, qui lui recrutait chaque jour de nouveaux adhérents. L’opposition dynastique et radicale venait de publier son fameux Compte rendu, dans lequel elle reprochait au ministère de s’engager dans les voies de la restauration. D’un autre côté, les légitimistes venaient de tenter leur mouvement dans l’Ouest, et le choléra, qui ravageait Paris et la France, ajoutait ses impressions de terreur à toutes les causes d’agitation publique.

Sur ces entrefaites, le général Lamarque vint à mourir. Sa popularité donnait à sa mort une importance considérable dans les conjonctures où l’on se trouvait. Sa carrière militaire, ses luttes oratoires, son énergie patriotique, son double caractère de tribun et de soldat l’avaient rendu cher à la jeunesse et à la partie héroïque et passionnée du peuple. Tout le monde prévoyait que ses funérailles, fixées au 5 juin, allaient être une sorte de rendez-vous pour les partis militants.

Les républicains, doués presque tous d’une résolution extraordinaire et d’une bravoure impétueuse, manquaient de centre et de direction. Leurs associations, les Amis du peuple, les Droits de l’homme, étaient indépendantes l’une de l’autre et obéissaient à des impulsions divergentes. Outre l’hésitation qui devait résulter de ce manque d’ensemble, rien n’était préparé pour une prise d’armes. Il y eut bien quelques conciliabules, mais où rien ne fut formellement arrêté. On convint toutefois entre quelques groupes qu’une collision paraissant inévitable on ne commencerait pas l’attaque, mais qu’on soutiendrait la lutte si elle éclatait.

Le gouvernement, comprenant la gravité des circonstances, avait rassemblé à Paris des forces militaires assez considérables.

Le 5, dès le matin, tout Paris était en mou-