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du directoire général. — Ses trois fils, JeanFrédéric, mort lieutenant général en 17G4, Bernard-Chrétien, mort major général en 1776, et Charles-Emile, mort en 1757, se firent une grande réputation militaire sous Frédéric II.

KATTE (Frédéric - Charles de), officier prussien de la même famille que les précédents, né en 1772, mort en 1836, Il entra, en 1786, dans l’armée prussienne et fit avec distinction, contre la France, les campagnes de 1792 à 1794 et celle de 1806. Après la paix de Tilsitt, il conçut le projet de délivrer, par un hardi coup de main, l’Allemagne de la domination des Français. Il avait résolu de s’emparer de Magdebourg en l’attaquant à l’improviste, après s’être ménagé des intelligences dans la place ; mais, son plan ayant été révélé aux Français, il se rendit en Bohème auprès du duc de Brunswick, dans l’armée duquel il fit la campagne de Saxe. Chargé ensuite d’une mission auprès de l’archiduc Charles, il prit part aux batailles d’Aspern et de Wagram, et alla alors rejoindre le duc de Brunswick, avec lequel il se rendit en Angleterre. Plus tard, à passa au service de "Autriche, rentra, en 1813, dans l’armée prussienne, fit la campagne de 1815, et prit sa retraite, en 1826, avec le grade de lieutenant-colonel. — Son frère, Frédéric-Guillaume-Godefroy de Katte, né en 1789, mort en 1866, entra, en 1802, dans l’armée prussienne, fit les campagnes contre la France, fut promu major général en 1844 et commanda, en 1850, l’avant-garde de l’armée prussienne dans la Hesse, où, le 8 novembre de la même année, il eut à soutenir la célèbre affaire de Bronnzell. Deux ans plus tard, il fut promu lieutenant général et prit peu après sa retraite.

KATTÉGAT, bras de mer formé par la mer du Nord. V. Cattégat.

KATTENDYKÉ (W.-J.-C. Hoissen de), marin et administrateur hollandais, né vers 1816, Son père, le baron Huissen de Kattendyké, fut ministre des affaires étrangères à La Haye en 1842. Le chevalier de Kattendyké entra dans la marine en 1831, et, de retour de longs voyages dans l’extrême Orient, fut nomme officier d’ordonnance du roi des Pays-Bas. Chargé du commandement de la station navale des Indes, puis de celle du Japon (1851-1860), il entreprit d’intéressantes explorations sur les côtes et les mers voisines. On lui doit surtout l’établissement, au Japon, d’une fonderie de machines à vapeur, qu’il installa en face de Ragasaki, dans la baie d’Akanara ; cet établissement a rendu beaucoup de services en permettant aux paquebots européens d’y réparer leurs avaries. Il a reçu, en 1861, le portefeuille de ministre de la marine.

KATTYAVAR, district de l’indoustan, au centre de la presqu’île de Guzerate, et ainsi nommé de la tribu des Kattys qui l’habite ; 1,600,000 hab. Il est en partie couvert de montagnes peu élevées, mais qui séparent le pays en deux versants : l’un à l’E. et l’autre a 10. Le sol est généralement sablonneux, mêlé de rochers rougeâtres. La partie méridionale est assez fertile, et, grâce aux nombreux puits au moyen desquels se font les irrigations, elle produit plusieurs espèces de grains et des fruits en abondance. Les chevaux du Kattyavar sont très-estimés. Il est habité par les Ahrys, les Babrias et les Kattys ; ces derniers sont regardés par leurs voisins comme des brigands très-redoutables ; leur nom seul inspire de l’effroi. Le pays est gouverné par plusieurs chefs, qui sont presque toujours en guerre. Ville principale : Sirdhor.

KATUAL s. m. (ka-tu-al). Titre du principal ministre du roi de Calicut.

KATULAMPA s. m. (ka-tu-lan-pa). Bot. Nom vulgaire de l’éléocarpe à grandes feuilles, grand arbre qui croît dans les montagnes de Java.

KATUNGA, ville de l’Afrique centrale, dans laNigrilie, capitale du rovauine d’Ya’riba, par 90 9’ de latit. N. et 3° 46T de longit. E.

KATWYK, le Cattorum vicus des Romains, bourg du royaume de Hollande, province de Hollande méridionale, arrond. et à 15 kilom. N.-E. de La Haye, près de l’embouchure du Vieux Rhin, dans la mer du Nord ; 2,500 hab. Chantiers de construction ; commerce de harengs fumés ; bains de mer fréquentés. Les Romains y avaient construit une forteresse, qui a été engloutie par la mer. C’est à Katwyk que se trouvent les fameuses écluses établies sous le roi Louis Bonaparte, dans le but de donner au Vieux Rhin, ensablé jusque-là, un libre écoulement dans la mer, et en même temps de créer un nouveau débouché aux eaux de la mer de Haarlem. Ces travaux gigantesques se composent d’un canal à trois écluses.

KATWYK-AAN-ZEE, village de Hollande, à 8 kilom. au N.-O. de Leyde. «C’est ici, dit M. Du Pays, que vient mourir obscurément, amoindri, soumis par la main de l’homme, emprisonné entre les murs d’un canal et de jigantesques écluses, le terrible cours d’eau, glorieux fleuve dont l’Allemagne est si fière et si jalouse, et que ses postes célèbrent sous le nom de Rhin allemand. Du moins, c’est ici qu’un des bras dans lesquels le Rhin se divise avant Bon embouchure arrive à la

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mer du Nord en conservant son nom, auquel encore est accolée une épithète qui semble, elle aussi, attester sa décadence. Ce bras s’appelle Oude Jiijn (le Vieux Rhin). Ailleurs, la plus grande masse de ses eaux se disperse sous des noms divers. Par deux de ses bras, le Waal et le Lek, il s’unit à la Meuse, et c’est sous le nom de la Meuse que cette masse d’eau s’écoule par de larges embouchures, qui deviennent des bras de mer ; par deux ramifications, le Rhin se déverse aussi dans le Zuyderzée ; mais encore ici il prend des noms d’emprunt, et il s’appelle VYssel et le Vocht.

« Ce n’est pas tout. Pour donner un dernier trait à cette obscure et misérable terminaison de son cours, YOude Bijn, le seul bras retenant encore son nom, se perdait honteusement, au commencement du siècle, dans les sables des dunes, amoncelées ; à ce que l’on croit, par une violente tempête, en l’année 839. Une

fiartie de l’eau parvenait à s’écouler jusqu’à a mer, mais l’autre s’épanchait en nappes stagnantes et formait des marais pestilentiels. Un ingénieur hollandais publia, en 1803, un rapport sur la possibilité et l’utilité d’ouvrir un canal à Katwyk, par lequel les eaux du Rhin pourraient se décharger dans la mer. Ce canal fut achevé sous le règne de Louis Napoléon. Les digues élevées à l’entrée du canal forment, contre la mer, une sorte de forteresse cyclopéenne du caractère le plus imposant. Elles sont assises sur des pilotis enfoncés dans un sable mouvant et solidement revêtues de maçonnerie. Un formidable et triple système d’écluses s’échelonne dans le canal pour le défendre contre les envahissements de la mer. Les premières écluses, en amont, ont deux couples de portes ; celles qui viennent ensuite on ont quatre ; la plus rapprochée de la mer en a six. Ces écluses sont manœuvrées par un mécanisme puissant. Les jours de grande tempête, on juge prudent de l’aire des concessions à la mer : les portes les

filus rapprochées de l’embouchure ûu fleuve ivrent passage aux vagues, qui courent furieusement jusqu’à la seconde écluse et s’y brisent. Lorsque le vent souffle du N.-O., la marée monte près de Katwyk à 3m,40, hauteur supérieure au niveau des eaux du canal. Pendant la haute marée, on lient les écluses fermées ; à la marée basse, on les tient ouvertes pendant cinq ou six heures, et les eaux accumulées chassent devant elles et entraînent lessabies que la mer a apportés et déposés en se retirant.

KATYF (EL-) ? ville forte d’Arabie, sur le golfe Persique, a 520 kilom. S.-E. de Bassora, dans le pays de Lahsa ; 6,000 hab. Port de commerce. C’est la ville la plus commerçante du golfe, mais l’air y est malsain. La pèche de perles, qui se fait sur la côte, y attire beaucoup d’étrangers.

EATZ, poète hollandais. V. Cats.

KATZBACH, rivière de Prusse, dans la province de Silésie. Elle prend sa source à Retschdorf, coule au N., puis nu N.-E., baigne Liegnitz, et se jette dans l’Oder, non loin de Parchwitz, après un cours de 60 kilom. Elle est sujette à des crues subites et dangereuses, par suite des nombreux affluents dont elle reçoit les eaux en passant à travers les montagnes. Le 26 août 1813, les coalisés gagnèrent sur ses rives une victoire qui ouvrit cette série de revers qui contraignirent 1 armée française à repasser le Rhin pour défendre le soi de la patrie.

Ealibach (BATAILLE DU LA), perdue, le

26 août 1813, par le maréchal Macdonald contre Blùcher. Les généraux de la coalition, vaincus à Lutzen et à Bautzen, avaient pris une décision qui n’était pas de nature à flatter leur amour-propre, mais qui dénotait chez eux beaucoup de prudence et de sagesse, c’était d’éviter toute bataille contre Napoléon et de s’attaquer seulement à ses lieutenants, moins invincibles que lui. Ils espéraient ainsi relever le moral de leurs soldats, diminuer le prestige de l’armée française eu battant quelques-uns de nos généraux, puis se ruer tous ensemble contre Napoléon lui-même, l’accabler par le nombre, et lui faire subir enfin un désastre éclatant. Leurs calculs devaient bientôt se réaliser.

Après la bataille de Bautzen, Napoléon s’était lancé à la poursuite de Blûcher, et, après quelques actions vigoureuses, l’avait rejeté au delà de la Katzbach ; mais, sachant que le prince de Schwartzenberg marchait sur Dresde, il se hâta de reprendre cette direction, laissant à Macdonald le soin de contenir Blùcher avec 80,000 hommes, en lui recommandant d’éviter la bataille et de se replier jusque sur le camp de Dresde, s’il avait affaire à des forces supérieures. L’armée de Macdonald se composait du 3e corps, commande par le général Souham, en l’absence du maréchal Ney ; du 5e, sous les ordreâ du général Lauriston, et du 11*, confié au général Gérard. À cette masse d’infanterie, i ! faut ajouter 5,000 à 6,000 cavaliers commandés par le général Sébastiani. Blùcher disposait de forces à peu près égales, et avait sous ses ordres les généraux Sacken, "York et Langeron, 11 se fut bien vite aperçu du dépari de Napoléon, et il résolut aussitôt d’attaquer l’année française, tandis que, de son côté, Macdonald fuisait un mouvement en avant, de sorte qu’un choc terrible devenait inévitable.

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Le maréchal Macdonald, ayant reçu de Napoléon l’ordre de se porter sur Jauer, prit les dispositions suivantes : le pont de Hirschberg, sur le Bober, au delà duquel il se trouvait, étant encore au pouvoir de l’ennemi, la division Ledru, du lie corps, eut l’ordre de remonter le Bober par la rive gauche, c’est-à-dire de notre côté, tandis que la division Puthod, du corps de Lauriston, le remonterait par la rive droite, de manière à placer Hirschberg entre deux attaques. Macdonald résolut de marcher lui-même sur Jauer avec les corps de Lauriston et de Gérard, tandis qu’il prescrivait au général Souham de se porter, avec le 3e corps, de Liegnitz à Jauer, en traversant le plateau de Janowitz, ce qui lui faisait prendre la position de flanc. Quant au général Sébastiani, il dut suivre une route intermédiaire de Buntzlau à Jauer. Toutes ces troupes se mirent en marche à l’heure fixée, pour exécuter les divers mouvements qui leur avaient été prescrits (26 août 1813). Le temps était affreux ; une pluie torrentielle avait détrempé tous les chemins et fait déborder toutes les rivières. Au milieu de ces flots de pluie continuels, les deux armées se heurtèrent, sans s’être aperçues, sur le plateau de Janowitz. Blûcher engagea aussitôt la bataille avec les corps de Sacken et d’York, forts de 40,000 hommes, ayant laissé en arrière le corps de Langeron pour défendre la • position de Jauer. En voyant nos troupes déboucher d’un ravin pour s’établir sur le plateau, il les aborda avec une puissante artillerie, puis lança sur elles une masse de 10,000 cavaliers, auxquels notre infanterie ne put opposer que ses baïonnettes, car ses feux étaient éteints par la pluie. Le général Sébastiani opposa, en vain sa cavalerie à ce torrent, et dut se replier, laissant à découvert la brigade Charpentier, qui avait jusqu’alors réussi à contenir l’ennemi. Cette intrépide brigade, assaillie ensuite par 20,000 hommes d’infanterie prussienne, repoussa plusieurs charges à la baïonnette ; puis, accablée par le nombre, se vit rejetée jusqu’au bord du ravin. Là, elle se trouva engagée pêlemêle avec la cavalerie de Sébastiani et le corps de Souham, qui arrivait à pas redoublés sur le champ de bataille. Il s ensuivit une confusion effroyable, qui amena la perte de presque toute notre artillerie sur ce point. Nous n’avions perdu qu’un millier d’hommes environ ; mais le désordre engendra rapidement une déroute générale, et une plus longue résistance sur ce point devint impossible.

Pendant que ces événements se passaient sur notre gauche, tes généraux Gérard et Lauriston avaient impétueusement attaqué les positions occupées par Langeron, et allaient s’emparer de Jauer, lorsqu’ils apprirent la déroute du corps de Souham et de la cavalerie de Sébastiani. Ils durent aussitôt rétrograder sur Goldberg, en repassant la Katzbach, qui déborda dans la nuit et nous servit de rempart contre la poursuite furieuse de Blùcher. Néanmoins, nous avions la certitude d’à voir, d’un moment à l’autre, 80,000 hommes sur les bras, et Macdonald dut opérer rapidement sa retraite et se replier sur Buntzlau, le cœur déchiré, car, dans ce mouvement rétrograde, il abandonnait à elle - même une de ses divisions, la division Puthod, forte de 8,000 hommes. Ledru et Puthod avaient remonté le Bober jusqu’à Hirschberg, comme nous l’avons dit, le premier par la rive gauche, qui nous appartenait et où il ne courait aucun danger, le second par la rive droite. Celui-ci, n’ayant point profité à temps du pont de Hirschberg, se vit bientôt assailli par le corps entier de Langeron, qui le mit entre son artillerie et le débordement du Bober, Cette brave division, quoique réduite de 8,000 hommes à 4,000 par la fatigue, la faim et le froid des nuits, refusa de se rendre et se défendit avec intrépidité ; mais, écrasée enfin par le feu de l’ennemi, elle finit par être prise ou détruite.

De Buntzlau, Macdonald, frémissant de colère et fou de douleur, entendait le canon retentir sur le Bober, et, devinant l’affreux sacrifice qui se consommait, voulait remonter la rivière par la rive droite ; mais on lui lit sentir le danger et même l’inutilité de ce mouvement, et à dut se résigner. Le général Puthod parvint cependant à le rejoindre, mais à la tète de 700 hommes seulement. Macdonald se hâta alors de brûler le pont de Buntzlau, ce qui empêcha l’ennemi de l’inquiéter dans sa retraite. Cette fatale journée nous avait coûté 100 canous, 2 drapeaux, les bagages de l’armée et près de 25,000 hommes, dont 3,000 tués seulement, le reste prisonnier ou eu fuite. Telle était la perte matérielle ; quant au dommage moral, il était incalculable, car le prestige de notre invincibilité s’était évanoui.

KATZENELLENBOGEN, ancien comté d’Allemagne, compris entre l’Odenwald, la Wettéravie et le Rhin, avec un petit village du même nom pour ch.-l. Ce comté entra dans la maison de Hesse au xive siècle, et passa au duc de Nassau en 1815. Son territoire fait aujourd’hui partie des nouvelles possessions prussiennes.

KAUB, bourg de Prusse, dans l’ex-duchéde Nassau, sur la rive droite du Rhin ; 2,127 hab. Commerce de vins ; entrepôt considérable d’ardoises. Jadis forteresse importante, Iiaub est bâti au pied d’une montagne que couronnent les ruines du fort de Grutenfels, dé KAUF

truit, en 1805, par ordre de Napoléon. En face, au milieu du Rhin, se dresse le rocher de Leyenfels, que surmonte l’antique Pfalzgrafenstein, petit château remarquable par la hardiesse de sa construction, ses tours et ses meurtrières. D’après la tradition popufaire, ce château, bâti en 1326 pour assurer la perception des droits de la douane rhénane, était le berceau de la famille des comtes palatins, et c’était là aussi que les comtesses palatines venaient faire leurs couches. Ce fut a Kaub que l’armée de Silésie, sous les ordres de Blùcher, franchit le Rhin dans la nuit du 1er janvier igi4.

KAUCHTËUX, EUSE adj. (kau-chteu, euze). Min. Abondant en houille : Mine, veine

KAUCHTKUSE.

KAUER (Ferdinand), compositeur allemand, né à Klein -Taya (Moravie) en 1751, mort à Vienne en 1831. Tout jeune encore, il devint organiste à l’église des jésuites de Znaym, puis se rendit à Vienne, où il donna des leçons de piano, se livra à la composition, et devint successivement directeur des théâtres de Leopoidstadt, de Grsetz et de Josephstadt. Outre des méthodes pour violon, flûte, clarinette, des messes, des symphonies, des quatuors, etc., ce laborieux et fécond compositeuraôcrit lamusique d’un nombre considérable d’opéras et de vaudevilles. Nous citerons, entre autres, VOndine du Danube et la Beine des étoiles.

KÀUFBEUREN. ville murée de Bavière, cercle du Haut Danube, sur la Wertach, à 61 kilom. S.-O.d’Augsbourg ; 4,500hab. Gymnase ; inspection des domaines, des forêts et des salines. Fabrication de futaine, calicots, toiles, bonneterie, papiers ; forges de fer, blanchisseries. Kaufheuren était, au moyen âge, une ville libre et une place fort importante.

KAUFFMANN (Marie-Anne-Angélique-Catherine), célèbre femme peintre, née à Coire (Grisons) en 1741, morte à Rome en 1807, Elle étudia d abord sous son père, peintre médiocre, mais homme de sens, qui, frappé des dispositions de sa fille, s’attacha à les développer en lui faisant lire les historiens et les poëtes, et apprendre la musique. Elle n’avait que douze ans lorsque son père la conduisit en Italie, dans la Vulteline. L’évêque de Côme, Nevroni, ayant entendu parler du talent précoce d’Angélique, voulut la voir, fut frappé de sa charmante figure, de sa vive imagination, et lui fit faire son portrait. L’enfant réussit à exécuter une œuvre très-remarquable pour son âge, se vit acclamée comme un petit prodige, fut accablée de commandes et trouva un chaud protecteur dans le duc de Modène, François d’Esté. A vingt ans, elle avait déjà une réputation dans le genre du portrait, lorsqu’elle faillit abandonner ses pinceaux pour le théâtre et la musique, qu’elle cultivait avec autant de succès que la peinture ; toutefois, son goût pour ce dernier art finit par l’emporter. Elle perfectionna son talent en étudiant les chefsd’œuvres artistiques des principales villes de l’Italie, et acquit bientôt une telle renommée qu’elle fut appelée à Londres pour y faire les portraits des membres de la famille royale. Elle s’y lia spécialement avec le peintre Reynolds, dont elle s’efforça d’imiter la manière, tandis que le célèbre artiste anflais s’émerveillait, de son côté, du faireAngelica Kauffmann et obtenait d’elle qu’elle lui fit son portrait. Il ne tint pas à Reynolds que leur liaison ne prit un caractère plus tendre. Angelica repoussa ses avances, et, malgré les travaux absorbants auxquels elle se livrait, car elle exécuta à Londres un grand nombre de portraits, et elle en grava elle-même une trentaine, elle trouva encore le temps d’écouter les hâbleries d’un aventurier suédois, prétendu comte de Horn, qui réussit à lui faire agréer sa main. Le mariage était à peine consommé que, dans ce brillant seigneur, on reconnaissait un laquais déguisé. Ce coup terrible faillit faire perdre la raison à l’artiste. Ses amis parvinrent, heureusement, à faire casser ce mariage (1768), et, le faux comte de Horn étant mort douze ans plus tard (1781), elle put alors épouser un peintre italien de ses amis, Zucchi, honnête et loyal camarade, qui lui-même ne manquait pas d’un sérieux talent, et avec lequel elle retourna en Italie. Elle habita successivement alors Venise, Naples, Rome, où elle se fixa. En 1795, elle perdit son mari, auprès de qui elle avait trouvé une existence heureuse et paisible, et vit bientôt son chagrin s’accroître de la perte de sa fortune. • L’indigence ne m’épouvante pas, écrivait-elle à cette époque, mais l’isolement me tue. > A partir de ce moment jusqu’à la fin de sa vie, elle fut en proie à une mélancolie profonde qui abrégea ses jours.

Les tableaux d’Angélique Kauffmann se recommandent par le pittoresque et la hardiesse de la touche, par un art remarquable dans le groupement des personnages, par la noblesse, 1 élégance et la grâce des figures, mais manquent de vigueur et laissent beaucoup à désirer pour la correction du dessin. Aux talents de l’artiste se réunissaient en elle l’esprit et la beauté. Gesner et Klopstock l’ont célébrée en leurs vers. La Société royale de peinture de Londres l’avait admise au nombre de ses membres. À sa mort, à Rome, l’Académie de Saint-Luc assista en norps à ses fu-