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difier sa carrière. Ruinée par dix ans de guerre, morcelée par la traité de Westphalie, l'Allemagne voyait son territoire envahi par nos armées. Les universités étaient fermées et de Martens avait dû quitter Gœttingue. Mais, en dehors de ses leçons, il s’était fait connaître par de remarquables écrits sur le droit diplomatique. Sa réputation avait franchi les étroites limites de l’université, et quand le nouveau roi de Westphalie, Jérôme Bonaparte, voulut organiser ce semblant de gouvernement qui devait durer si peu, on lui recommanda de Martens, qu’il nomma conseiller d’État (1808). Ses services le firent élever aux fonctions de président de la section des finances. C’est chez le roi Jérôme que de Martens se lia avec ce que l’époque comptait de diplomates illustres. Ses vastes connaissances en diplomatie, ses beaux écrits sur le droit des gens et le droit international lui donnaient une importance particulière. En 1814, il fut appelé au congrès de Vienne et fut chargé de rédiger les procès-verbaux des conférences. Le talent qu’il déploya dans ces difficiles fonctions lui valut une haute mission diplomatique. Les souverains alliés, pour récompenser Bernadotte de sa conduite dans la dernière coalition, avaient ajouté à la Suède, qu’il tenait de Napoléon, la Norvège, que revendiquait Christian-Frédéric. Ce prince, cousin du roi de Danemark, avait, au point de vue du droit royal, des droits incontestables sur la Norvège. Sa réclamation était donc très-juste. Et, fort de ses droits, il s’était fait proclamer roi de Norvège et se préparait à soutenir par les armes ses prétentions. Les souverains alliés chargèrent de Martens de se rendre auprès de lui et de négocier sa renonciation à toute prétention sur le trône de Norvège. Cette mission, si délicate, surtout auprès d’un homme du caractère de Christian-Frédéric, de Martens s’en acquitta avec une rare habileté. Sous l’influence de ses conseils, le prince déposa les armes et entra en négociation. Il n'eut pas à se repentir d’avoir cédé aux instances de de Martens, car ce diplomate tint à honneur de faire stipuler d’avantageuses compensations. De Martens se rendit ensuite auprès du roi de Hanovre, qui le nomma conseiller de cabinet. C’est ce prince qu’il alla représenter deux ans plus tard, en 1816, à la diète de Francfort. De Martens mourut dans cette ville, laissant une réputation méritée de savoir, d’esprit et d’honnêteté. Parmi les publications de de Martens, nous indiquerons spécialement les suivantes : Recueil des principaux traités d’alliance, de paix, de trêve, etc., conclus par les puissances de l’Europe depuis 1761, en français (Gœttingue, 1791-1800, avec suppl., 19 vol. in-8°), ouvrage fait en collaboration avec le célèbre Fr. Saalfeld ; Cours diplomatique ou Tableau des relations extérieures des puissances de l’Europe (Berlin, 1801, 3 vol. in-8°), également en français et terminé par un catalogue considérable d’auteurs qui ont écrit sur la diplomatie ; Éléments de droit commercial, particulièrement du change et des lois maritimes, en allemand (Gœttingue, 1820, 1 vol. in-12).

MARTENS (Charles, baron de), diplomate et écrivain allemand, fils du précédent (certains biographes disent neveu), né à Francfort en 1790. Il suivit la carrière que son père avait illustrée et devint un des plus remarquables diplomates de ce siècle. Entré du bonne heure au service de la Prusse, Charles de Martens se forma rapidement auprès des hommes d’État de ce pays. Il fut chargé de plusieurs missions auprès de diverses cours étrangères, et se fit une réputation que ses ouvrages devaient confirmer. Cet écrivain a donné, entre autres publications en français : Précis du droit des gens moderne de l’Europe (Gœttingue, 1821, in-8°) ; Manuel diplomatique ou Précis des droits et des fonctions des agents diplomatiques, suivi d’un Recueil d’actes et d’offices pour servir de guide aux personnes qui se destinent à la carrière politique (Paris, 1822, in-8°) ; Annuaire diplomatique (Paris, 1823-1825, 3 vol. in-18) ; Causes célèbres du droit des gens (Leipzig, 1827 et suiv.) ; Nouvelles causes célèbres (Leipzig, 1843, 3 vol.) ; Recueil manuel de traités, conventions et autres actes diplomatiques depuis 1760 (Leipzig 1846-1849, 5 vol. in-8°), avec M. de Cussy.

MAUTËNS1ÎN (Hans-Lassen), théologien danois, né à Flensborg en 1808. Il passa en 1832 un brillant examen pour faire partie des fonctionnaires ecclésiastiques, obtint une médaille d’or et reçut un subside de l’État, ce qui lui permit de visiter Berlin, Munich, Vienne et Paris. Pendant son voyage, il se lia avec plusieurs hommes distingués, notamment avec Marheinecke et Steifens, comme lui partisans des idées de Hegel, et s’attacha particulièrement à étudier la philosophie du moyen âge. De retour en Danemark (1836), Martensen se fit recevoir licencié en théologie, puis devint professeur de philosophie morale à Copenhague (1838), docteur en théologie (1840), membre de l’Académie des sciences de Danemark (1841), prédicateur de la cour (1845) et évêque de Seeland. M. Martensen a acquis, comme professeur et comme écrivain, une grande réputation dans sou pays et en Allemagne. On a de lui : De auto- • nomia conscientix sui humante (Copenhague, 1837, in-8») ; Alester Eckhart (1840), étude sur le mysticisme au moyen âge ; Plan d’un système de philosophie morale (1841), recueil de

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leçons qui fondèrent sa réputation ; le Baptême chrétien (1843) ; Sermons (1847-1857), remarquables par la pureté du style, comme

tous les autres écrits de l’auteur, et par l’élévation des pensées ; Dogmatique chrétienne (Copenhague, 1849), son œuvre capitale. Dans cet ouvrage, il se sépare des dées de Hegel qu’il avait en partie adoptées jusque-là, et part de ce principe qu’il faut croire pour comprendre, que la foi doit être le préliminaire indispensable de la science. Comme on le voit, cette thèse est d’un chrétien convaincu, mais nullement d’un philosophe qui veut chercher la vérité par des voies scientifiques.

MARTE-PIQUANT s. m. (mar-te-pi-kan). Ichthyol. Nom de la vive sur les côtes de SaiiH-Brieuc.

MARTEROR s. m. (mar-te-ror). Diplom. Nom qui, dans les dates des anciennes chartes, indique la Toussaint. Il On trouve aussi

MARTROR.

MAHTHA (Benjamin-Constant), écrivain français, né à Strasbourg en 1820. Au sortir de l’École normale supérieure, il s’adonna à l’enseignement et se lit recevoir docteur es lettres en 1854, avec deux thèses, l’une intitulée : De la morale pratique dans les lettres de Sénèque ; l’autre : Dionis philosophantes effinies. Peu après, M. Martha fut nommé professeur suppléant de poésie latine à la Faculté des lettres de Paris, où il a remplacé en 1869 M. Berger comme professeur d’éloquence latine. En 1872, il est devenu membre de l’Académie des sciences morales et politiques. M. Martha s’est principalement attaché à chercher dans certains écrivains latins, notamment dans Sénèque, Juvénal, Perso et Lucrèce, ce qu’ils nous apprennent sur la société romaine, sur les mœurs et les sentiments de ses diverses classes et sur l’action du stoïcisme et de lepicurisnie chez quelques-uns de ses plus nobles représentants. Il s’est livré à cette étude en historien, en moraliste et aussi en littérateur d’un goût délicat, et il s’est attaché à garder dans ses appréciations un grand esprit de mesure. On

lui doit, outre des mémoires lus à l’Académie des sciences morales : les Moralistes sous l’empire romain, philosophes et poètes (1854, in-8°), ouvrage couronné par l’Académie ; le Poème de Lucrèce, morale, religion, science (1869, in-8°), qui a été également couronné par l’Académie.

filnnliu (eu ital. Marta) OU le Marché da

lUctiuiuiid, opéra semi-séria en trois actes, paroles de Friederick, musique de M. de Flottow ; représenté pour la première fois à Vienne le 25 novembre 1847. Une grande dame, qui par désœuvrement et par l’attrait de la curiosité, se lance étourdiment dans quelque aventure dont elle a toutes las peines du monde à se retirer saine et sauve, c’est un sujet qu’on a souvent truite. MM. de Flottow, burgmûller et Deldevez avaient déjà, le 21 février 1844, donné la musique d’un ballet intitulé : Lady Henriette, qui avait été conçu d’après cette donnée. M. de Flottow en a fait un opéra dont le livret, allemand à l’origine, a été traduit en italien, et qui fut représente salle Ventadour le 11 février isss, puis le même opéra fut traduit récemment en français pour le Théâtre-Lyrique et représenté le 18 décembre IStiô. Dans chaque traduction, l’époque de l’action a été changée. Dans la pièce allemande, elle se passe au temps de la reine Anne, c’est-à-dire au commencement du xvino siècle ; dans le livret italien, c’est au xv« ; dans la pièce française, elle semble avoir été de beaucoup rapprochée de nous. Lady Enrichetta et son amie, accompagnées de lord Tristano di Mickleford, déguises tous trois, se rendent au marché de Richmond, où les servantes arrivent- en foule pour chercher des maîtres. Deux jeunes gens, nommés Lioneilo et Plumkett, remarquent les jeunes filles et les choisissent pour servantes. Le marché est conclu devant le shérif. Les jeunes ladies ont trouvé la chose plaisante ; mais, malgré les protestations de lord Tristano, il n’y a plus à se dédire. Elles partent pour la ferme de leurs maîtres et prennent les noms de Maria et de Betty. En présence d’un rouet, elles se montrent aussi inhabiles que possible à soutenir leurs rôles, ce qui a fourni au compositeur l’occasion d’écrire un des plus jolis quatuors qui soient au théâtre. Lioneilo et Plumkett sont devenus sérieusement amoureux. Marta se laisse un moment attendrir par la déclaration d’amour de Lioneilo ; elle consent à lui donner une rose qu’elle porte et qu’il lui demande avec instance, et, dans cette scène charmante, la compositeur a introduit une mélodie irlandaise empreinte de la plus suave rêverie. La poésie due à Thomas Moore : l’he last rose ofsummer (la Dernière rose d’été), est d’une simplicité charmante :

Qui sola. vergin rosa.

Corne puoi tu /tarir ?

Ancora mezzo ascosa

Epresso già à’morir.

Lady Enrichetta et sa compagne parviennent à s’esquiver de cette maison, grâce à Tristano, qui arrive avec une voiture. Lioneilo et Plumkett se mettent à la recherche des deux fugitives. Ils les retrouvent dans une partie de chasse princière et sous les habits de grandes dames. La situation est embarrassante pour la prétendue Marta. À la suite

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d’une si grande surprise et d’une telle déception, le pauvre Lioneilo perd momentanément la raison. Marta, en bonne princesse, ne songe plus qu’à réparer le mal qu’elle a causé. Elle recule encore devant une mésalliance. Heureusement que Lioneilo est aussi d’une grande naissance et que la reine consent à lui restituer, en même temps que ses biens, ses titres et sa faveur. Lioneilo ne peut croire à son bonheur qu’en revoyant lady Enrichetta habillée en servante et dans la même situation qu’au premier acte, c’est-à-dire au marché de Richmond, et lorsqu’il l’entend répéter cette romance de la Rose, dont la mélodie n’a cessé de vibrer dans son cœur.

Marta est, sinon par sa facture, du moins par son caractère, un ouvrage à la fois poétique et doux, mélancolique et rêveur, bien digne d’être l’opéra favori des Allemands. Son succès a été immense et peut offrir quelque analogie avec celui de la Dame blanche chez nous. Remarquons que c’est encore un sujet de provenance anglaise, aidé d’une mélodie irlandaise, qui a contribué à cette heureuse fortune. On ne peut cependant pas mettre cet ouvrage au rang des chefs-d’œuvre. Le travail harmoniqué est loin d’être irréprochable. Les intonations ne sont pas partout naturelles pour les voix ; l’instrumentation n’offre guère de remarquable que l’accompagnement du quatuor du rouet. Mais c’est un opéra gracieux, très-bien conduit, et dans lequel l’intérêt ne languit jamais. Nous signalerons d’abord l’ouverture ; dans le premier acte, le chant des servantes et là chœur :

Ecco suano mezzodi ;

Il mercato s’cjjrç gia.

Dans le second acte, le quatuor du rouet, le duo de Lioneilo et de Marta, dans lequel se trouve la célèbre mélodie irlandaise, et le finale du bonsoir. La chanson du Porter, chantée par Plumkett, le chœur des chasseresses, le morceau d’ensemble sont les morceaux saillants du troisième acte. Les deux duos du dernier acte sont peu remarquables. On a introduit dans la représentation au Théâtre-Lyrique la jolie romance : Depuis le jour j’ai paré ma chaumière, de l’unie en peine, du même auteur, dont on a changé les paroles. Les rôles furent créés en Allemagne par le ténor Ander, la basse Formés et M1^ Zerr ; au Théâtre-Italien, par Mario, Grnziani, Zucchini, Mmes Saint-Urbain et Nantier-Didiée ; au Théâtre-Lyrique par Montjauze, Barré et M"° Nilsson.

MARTHE (SAINTE-), Santa-Martha, ville de la Nouvelle-Grenade, port franc sur la mer des Antilles, à 176 kilom. N.-E. de Carthagène, par il» 15’ de latit. N. et 76<> 34’ de longit. O. ; 4,300 hab. Ch.-l. de l’État de Magdalena. Siège d’un évècbé. Des vents violents du S.-O. y soufflent régulièrement en décembre et en janvier, et remplissent les maisons d’un sable blanc très-fin ; il y a aussi une multitude d’insectes nuisibles, notamment des scorpions. Le port, vaste et coinmode, est entouré de tous les côtés, excepté à l’O., par de hautes montagnes, et défendu par des ouvrages très-forts. Au milieu du canal se dresse un rocher que surmonte un château commandant l’entrée du port. Les principaux éléments du commerce d’exportation sont le cacao, le coton, le café, le baume de Tolu, les bois de teinture, les cuirs, etc. Sainte-Marthe est l’entrepôt naturel du bassin de la Magdalena. La plaino environnante est très-fertile ; on y cultive beaucoup de plantes potagères et de fruits. Cette ville fut fondée en 1554 par Ximénès Quesada, qui en fit un entrepôt ; elle fut réduite en cendres en 1596. Pendant la guerre de l’indépendance, les partis s’en sont disputé la possession avec beaucoup d’acharnement, il La province de Sainte-Marthe, entre celles de Julia à l’E. et de Carthagène àl’O., dans le N. de l’État de Magdalena, a 500 kilom. sur 100 et 60,000 hab. Elle est en grande partie couverte de montagnes escarpées. Quoique la température soit, en général, chaude ethumide, les vents frais qui viennent des régions élevées la rendent très-supportable dans les plaines et les vallées où ils se font sentir. L’air est salubre et le sol est renommé pour sa fécondité. Les principales productions sont le maïs, le sucre, le tabac, le coton et la vanille. Il y croît des palmiers dont on tire du vin, du bois de Brésil, et une espèce d’arbre dont les feuilles onctueuses sont employées par les naturels en place de savon". Les vallées nourrissent un grand nombre de bestiaux, notamment des mules. La côte est poissonneuse. Le règne minéral y est peu important ; il y a cependant des mines d’or et de cuivre.

MARTHE (sainte), sœur de Lazare. Jésus allait quelquefois les visiter, et c’est à la prière des deux sœurs qu’il ressuscita Lazare. Au moyen âge, cette sainte fut l’héroïne de récits fabuleux très-populaires, surtout dans le midi de la France ; nous en donnons le récit d’après Jacques de Voragine.

Marthe, selon la légende, descendait d’une race royale ; elle avait avec sa sœur Madeleine des droits à la possession de trois villes, Magdalon, Béthanie et Jérusalem. Elle ne se maria point, et elle n’eut jamais de commerce avec aucun homme ; elle s’était consacrée en MART

tièrement à servir Notre Seigneur Jésus-Christ. Lorsque les disciples se dispersèrent, elle et son frère Lazare et sa sœur Madeleine et le bienheureux Maximin s’embarquèrent sur un navire qui n’avait ni voiles, ni rames, ni gouvernail, car les infidèles en avaient tout enlevé ; ce bâtiment vint aborder à Marseille. Ils se rendirent de là dans la povince d’Aix, et ils convertirent beaucoup de monde. Il y avait alors le long du Rhône, dans un bois entre Ades et Avignon, un dragon qui était comme un poisson à partir de la moitié du corps, plus gros qu’un bœuf, plus long qu’un cheval, et qui avait la gueule garnie de dents énormes ; il attaquait tous les voyageurs qui passaient sur le fleuve, et il submergeait les embarcations. Il était venu par mer de la Galatie en Asie, où il avait été engendré d’un serpent marin, et tout co qu’il touchait était frappé de mort. Marthe, émue des prières du peuple, entra dans le bois, où elle trouva le monstre qui était à manger, et elle jeta sur lui de l’eau bénite, et elle lui présenta une croix. Alors le monstre, devenu doux comme un agneau, se laissa attacher ; Marthe lui passa sa ceinture autour du cou, et le peuple vint le tuer à coups de lance et de pierres. Et ce dragon s’appelait la Tarasque, et, en mémoire de cet événement, cet

endroit a été appelé Tarascon

La bienheureuse Marthe, ajoute la légende, demeura en cet endroit, où elle se consacrait tout entière à l’oraison et au jeûne ; elle y réunit un grand nombre de sœurs, et y fonda une basilique en l’honneur de la sainte Vierge. Elle fut ensevelie à, Tarascon, et pendant longtemps des miracles se firent sur son tombeau.

Marthe (RELIGIEUSES DE Snlulo-). Plusieurs

congrégations ont été placées sous l’invocation de sainte Marthe. Nous parlerons ici des plus importantes.

Vers le milieu du xve siècle fut fondée en Bourgogne, sous le nom de religieuses de Sainte-Marthe, une congrégation d’hospitalières, qui tire son origine des béguines des Pays-Bas. Cette congrégation eut pour premier noyau six béguines appelées de Malines par Nicolas Rollin, chancelier de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, pour desservir l’hôpital de Beaune. Le nouvel institut se répandit rapidement dans le duché et le comté de Bourgogne. Les hospitalières de Sainte-Marthe ne faisaient que des vœux simples d’obéissanceetde chasteté ; elles étaient libres de quitter l’habit quand bon leur semblait. Elles desservaient en Bourgogne un grand nombre d’hôpitaux, dont les plus importants étaient ceux de Beaune et de Chalon-sur-Saône. Les malades de tout rang et de toute qualité étaient reçus dans ces établissements ; les pauvres y étaient traités gratuitement, mais les riches devaient subvenir aux frais de leur nourriture et des médicaments qui leur étaient fournis. L’hôpital de Beaune contenait des appartements installés avec un véritable luxe, et destinés aux gentilhommes du pays et aux plus riches bourgeois de la ville qui, en cas de maladie, s’empressaient de venir réclamer les bons soins des religieuses de Sainte-Marthe. On trouvait des appartements du mémo genre dans l’hôpital de Chalon-sur-Saône.

Une autre congrégation, sous l’invocation de sainte Marthe, fut fondée en 1717 à Paris, par Elisabeth Jourdain, veuve du sieur Théodore, sculpteur du roi, dans le but de procurer une éducation chrétienne aux jeunes filles du faubourg Saint-Antoine. Elle fut installée dans une maison de la rue de la Muette, et subsista jusqu’à la Révolution.

Une congrégation des religieuses de Sainte-Marthe fut fondée à Romans, dans le dépurteraent de la Drôme, en 1813, dans le but de recueillir les jeunes filles pauvres et de leur donner de l’instruction ; les écoles dirigées par la congrégation sont partout gratuites pour la classe indigente ; les enfants y sont entretenus et nourris gratuitement ; on leur apprend un état et on les forme au service domestique ; les sœurs ne se bornent pas aux soins de l’éducation, elles visitent les malades et les pauvres.

La congrégation des sœurs de Sainte-Marthe, dont la maison mère est à Périgueux, fut instituée en 1643, dans l’Hôtel-Dieu de cette ville. Le but de cet institut, qui a survécu à la Révolution et qui dessert de nombreux hôpitaux, est de donner des soius aux pauvres malades.

Nous citerons encore la congrégation des sœurs de Sainte-Marthe ou sœurs des orphelins, fondée à Grasse en 1831, et qui compta un certain nombre de maisons dans le diocèse de Fréjus.

MARTHE (Anne Biget, dite sœur), philanthrope, née à Thoraise, près de Besançon, en 1748, morte en 1824. Elle était déjà connue par sa charité, lorsqu’en 1792 la suppression des couvents l’obligea de quitter celui de la Visitation, dans sa ville natale, où elle était touiière. Dès l’an IX, la société d’agriculture de Besançon lui décernait une médaille portant cette légende : Hommage à la vertu. Mais c’est pendant les grandes guerres de l’Empire que la bienfaisance de sœur Marthe se manifesta à l’égard des soldats étrangers qui encombraient les prisons ou les hôpitaux de la ville. Lors du blocus do Besançon en 1814, elle distribuait tous les jours la soupe à plus de mille infortunés ; elle allait à la rencontre des militaires blessés, leur porter le pie-