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canadien, le vrai peuple, la masse l’ont-ils vue de près ? leur a-t-il été possible de l’observer ? Ont-ils vécu de la vie des « habitants » ? Ont-ils pu saisir au passage cette chose indécise, confuse, embrouillée, toute bouillonnante d’idées, toujours torturée d’idéal qu’on appelle l’âme canadienne-française ?

Demandons aux Canadiens-français eux-mêmes s’ils ont jugé exacts, sincères, vrais, les livres qu’on a écrits sur eux. Demandons-leur si ces ouvrages donnent bien l’impression de ce qu’est leur personnalité, de ce que sont leurs aspirations. Presque tous répondront : non ! Ici, comme partout, il y a des exceptions et les Canadiens-français sont les premiers à les signaler : ils diront par exemple que dans tel livre, tels passages, tels chapitres sont tout à fait véridiques. En revanche maintes et maintes fois, dans les villes et les villages, on m’a fait cette recommandation : « Monsieur, s’il vous arrive jamais d’écrire un livre sur le Canada, tâchez de ne pas dire de « blagues » comme l’ont fait tant d’autres que nous avons reçus chez nous. »

Soyez tranquilles, chers amis, je raconterai simplement, sans y rien ajouter, vos luttes et vos souffrances : cela suffira pour vous faire apprécier. Mes randonnées à travers l’admirable province de Québec, à travers l’Ontario, et parmi les groupes Canado-Américains n’auront pas été vaines. En passant dans vos jolies paroisses, en devenant