Mais oui ! le français. Empressons-nous de dire que celui-là pêche le plus souvent par ignorance.
Le français qui arrive au Canada, qui y séjourne quelque temps, n’arrive pas à se mettre dans la tête, à comprendre, à réaliser, comme on dit ici, que depuis trois cents ans le Canadien-français lutte sans répit pour sa langue, pour sa foi, pour son existence même. Il ne pense pas assez que le Canada est une jeune nation qui, avant de se perfectionner comme elle l’a fait, dans les sciences, les arts, la politique, a dû résoudre d’abord, l’impérieux problème de la vie matérielle.
C’est pour ce motif, que le français a une tendance inavouée à se croire supérieur au Canadien. J’ai assisté à des scènes bien caractéristiques de ce fait : Un Français était un jour invité chez des Canadiens. Le repas, comme toujours (ou presque) en Canada, était simple, sans recherche culinaire : (la lutte pour la vie a quelque peu fait oublier aux Canadiens les recettes qui font la gloire de nos cordons bleus). Notre Français ne manqua pas d’en faire la remarque à haute voix. Il donna quelques conseils, il fit des comparaisons : il insinua que chez nous, en France, avec les mêmes éléments, le repas eût été meilleur. Il n’y avait pas la moindre malice dans ces innocentes observations. Mais l’amphitryon n’était tout de même pas content. Son invité aurait dû comprendre que les Canadiens-français ne peu-