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jeudi, ces ouvriers sortent plus tôt de leurs usines, et s’en vont à l’église, cheminant par groupes et tenant chacun à la main la petite marmite qui a contenu le déjeuner de midi. Une fois arrivés, ils s’agenouillent, adorent le Saint Sacrement, se confessent et, à pleine voix, sans respect humain, chantent leur cantique.

Dans nulle autre ville du monde on ne voit pareil spectacle. Osera-t-on dire que ces douze mille ouvriers sont des hypocrites ?

Dans beaucoup d’usines de la province, d’autres ouvriers ont obtenu de leur patron qu’il fasse placer bien en vue, dans leurs ateliers, une statue du Sacré-Cœur. Au pied de cette statue brûle constamment une lampe : c’est le patron, (la plupart du temps anglais ou américain, donc protestant) qui prend à sa charge les frais de lumière. Voilà de la vraie libre pensée !

— De même on voit, çà et là, dans beaucoup de villes et de villages, s’élever en pleine place publique ces statues du Sacré-Cœur. En passant, beaucoup de personnes s’agenouillent et font une petite prière. Cette dévotion publique est répandue jusque chez les Canado-Américains sans que les États-Unis aient cru devoir l’empêcher.

Un jour, je m’étais arrêté à Montjoli : c’était justement l’époque de la retraite annuelle des paroissiens. Tous