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RACINE.

game, une tenture complète de tapisserie de Flandres, un petit tapis servant de devant de cheminée, de velours de couleur de caffé, avec bandes et galons, or et argent.

Tel est le décor au milieu duquel Racine lisait, méditait, écrivait l’histoire du roi, composait Esther et Athalie. La bibliothèque est nombreuse et bien choisie, riche en livres de religion, d’histoire, de géographie et de voyages. On y trouve la plupart des classiques anciens et des auteurs français, force traités spéciaux et recueils de documents originaux. Ce n’est pas seulement la bibliothèque d’un poète, mais d’un érudit qui, en toutes choses, veut remonter aux sources, savoir avec précision et en détail. L’inspiration de Racine, si originale, partait de l’esprit le plus cultivé et le mieux informé. Pour l’usage qu’il faisait de ses livres, on le sait par ceux qui sont conservés, avec de nombreuses notes de sa main, à la Bibliothèque nationale, aux bibliothèques de Toulouse et du château de Chantilly. Les tragiques grecs, surtout, dénotent l’étude la plus attentive. Et il aimait ces livres en bibliophile. Il écrivait de Fontainebleau à son fils Jean-Baptiste : « Faites souvenir votre mère qu’il faut entretenir un peu d’eau dans mon cabinet, de peur que les souris ne ravagent mes livres. »

Sa correspondance avec sa famille nous montre le père tendre et inquiet, attentif aux plus petites choses qui intéressent la santé et l’éducation de ses enfants. Cet intérieur est le parfait modèle d’une famille janséniste, quoique la douceur naturelle du père atténue un peu la sévérité de la doctrine. Racine écrit à son fils aîné, âgé de treize ans, comme à un