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RACINE.

« Le petit Lionval eut belle peur de l’éléphant et fit des cris effroyables quand il le vit qui mettoit sa trompe dans la poche du laquais qui le tenoit par la main. »

Louis Racine est trop jeune pour que son père ait beaucoup à s’occuper de son éducation et il ne tient guère d’autre place dans la correspondance que par le choix de sa nourrice et ses maladies d’enfant. Il est, du reste, élevé dans les mêmes principes que son frère aîné. Sa mère écrit à son sujet cette phrase, d’un si prodigieux contraste avec la gloire de son père : « Le pauvre petit promet bien qu’il n’ira pas à la comédie, de peur d’être damné. » Les filles, au contraire, donnent au père beaucoup de sollicitude par leur vocation religieuse, très vive, mais traversée soit par leur humeur mobile, soit par la difficulté de les faire admettre au couvent de leur choix. Il est tout à fait injuste de dire que Racine poussait ses filles à entrer en religion et les sacrifiait à sa propre piété. Il s’efforçait, au contraire, de retarder l’engagement final ou même de les en détourner. Rien n’est plus touchant que la lettre écrite par Racine à la mère Agnès de Sainte-Thècle, le 9 novembre 1698, pour lui raconter la prise d’habit de Nanette. Avec la religieuse, il s’efforce de contenir sa douleur, mais, avec son fils, il la laisse s’épancher : « Je n’ai cessé de sangloter, et je crois même que cela n’a pas peu contribué à déranger ma faible santé. »

Nanette fut la seule de ses filles dont il ait de ses yeux vu le sacrifice, et Marie-Catherine la seule qu’il ait mariée. Le 7 janvier 1699, l’année de la mort de