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RACINE.

venait à Paris, « fait comnne un misérable », déclarer sa parenté en présence des domestiques et « faire rougir de sa gueuserie ». Il recommandait particulièrement à Mme Rivière sa vieille nourrice, « la pauvre Marguerite », à laquelle il faisait une petite pension. Dans son testament il priera sa femme de continuer à cette nourrice et à ses parents pauvres les secours qu’il leur donnait.

On a vu ce qu’avait été pour Racine l’amitié littéraire de Boileau. Peu à peu, leur affection était devenue si étroite que Boileau finit par se trouver comme un membre de la famille. Il est mêlé à tous les actes de la vie de Racine. On l’a vu « seul garçon » au mariage de Marie-Catherine. Lorsque Racine est malade, Boileau vient lui tenir « très bonne compagnie ». Souvent Racine et sa famille vont voir à Auteuil Boileau sourd, malade et triste. Racine écrit à son fils Jean-Baptiste : « M. Despréaux (nous) régala le mieux du monde ; ensuite, il mena Lionval et Madelon dans le bois de Boulogne, badinant avec eux, et disant qu’il les vouloit mener perdre. Il n’entendoit pas un mot de tout ce que ces pauvres enfants lui disoient. » Lorsque Boileau s’en va soigner à Bourbon la maladie de gorge qui fait son tourment, Racine lui témoigne la plus constante sollicitude, lui envoie l’avis de Fagon et de Félix, les médecins de la cour, s’inquiète des remèdes qui ont réussi en pareil cas. « Je meurs de peur, lui écrit-il, que votre mal de gorge ne soit aussi persévérant que mon mal de poitrine. Si cela est, je n’ai plus l’espérance d’être heureux, ni par autrui, ni par moi-même. » Boileau s’ennuie fort ; Racine lui pro-