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LE STYLE ET LA POÉSIE DE RACINE.

de l’enseignement donnait au théâtre du xviie siècle un public de lecteurs qui devenait aussi public de théâtre par l’institution des matinées classiques. À la Comédie-Française, la tragédie trouvait des interprètes égaux ou supérieurs à tous ceux que l’histoire du théâtre unit au nom de Racine.

Puis est venue, à partir de 1885 environ, après la fin du réalisme et l’agonie du naturalisme, l’école qui, au théâtre, dans le roman et dans la poésie, par l’emphase des programmes et la plus confuse mêlée de tendances, cherche un art nouveau. Cette école, depuis la comédie « rosse » jusqu’aux vagues aspirations du symbolisme et à l’engouement pour les littératures scandinaves, fait effort vers la vérité ou l’idéal. Une réaction excessive, mais juste en son principe, contre « la pièce bien faite » et le bric-à-brac du drame, élimine du théâtre une forte part d’imbroglio et de badigeon. Ce qu’il peut y avoir de lueurs à travers cette fumée et d’aube dans ces brouillards, ce que la prétention et la mode enveloppent, malgré tout, de retour sincère à la poésie et à la vérité, à l’art et aux idées, à la psychologie et à l’observation, tout cela tourne au profit de Racine.

Dans la critique, c’est à qui l’admirera pour des raisons différentes. Les talents les plus divers s’appliquent également à motiver le goût de la tragédie racinienne. À peine si quelques attardés des vieilles écoles et quelques fervents du drame affectent encore de la traiter légèrement ou durement. Jamais Racine n’a été mieux compris qu’au temps présent. Même ses pièces longtemps jugées de second