prenti poète n’a pas consacré moins de sept odes à la « Promenade de Port-Royal des Champs ». Il y a, dans ces odes, beaucoup de convention, sous une facilité coulante. La forme en est molle et l’élégance banale. À peine si deux ou trois strophes, assez ingénieuses, rappellent les tours de force descriptifs en faveur au temps de Louis XIII. Mais sous cette banalité perce une admiration sincère pour les beautés naturelles. On trouve plus de promesses poétiques dans les traductions du bréviaire romain. Soutenu par la fermeté du texte, Racine se montre déjà versificateur habile, et, en quelques passages, il rend au vieux latin une charmante fraîcheur.
Mais, si le caractère du jeune homme est aimant et docile, si la pureté de ses sentiments et sa vénération pour ses maîtres font songer à Eliacin, cette physionomie d’enfant de chœur n’est qu’une part de sa nature. Nous avons vu Racine espiègle avec Lancelot. Pas plus qu’il ne consulte ses maîtres sur toutes ses lectures, il ne leur découvre toutes ses pensées. Les solitaires auraient frémi, s’ils avaient pu discerner tout ce qui germait dans cette âme. Déjà sa tendresse rêvait à d’autres objets que Dieu, et l’éveil de son instinct poétique se tournait vers d’autres exercices que la célébration des « saintes demeures du silence ». Il regardait vers le monde et entretenait avec un de ses cousins, Antoine Vitart, qui faisait sa philosophie au collège d’Harcourt, à Paris, un commerce de lettres, mêlées de prose et de vers, dont le ton n’avait rien de dévot. C’est que sa nature était déjà fort complexe. À côté du cœur tendre veillait un esprit railleur, et cette