Page:Larroumet - Racine, 1922.djvu/34

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
RACINE.

À Paris, l’apprenti poète retrouvait son cousin Vitart, et même, pendant quelque temps, il logeait chez lui, à l’hôtel de Luynes. Il épiait l’occasion de se produire de nouveau, avec quelque pièce de circonstance. Au mois de juillet 1663, la mort de sa grand’mère, Marie des Moulins, détendait encore ses liens extérieurs avec Port-Royal ; quant à son esprit et à son cœur, ils étaient à peu près émancipés. Un mois avant, il avait publié une ode Sur la convalescence du Roi, qui continuait à lui mériter l’intérêt de Chapelain. Elle ne vaut ni plus ni moins que la Nymphe de la Seine. Grâce à Chapelain, il avait été porté de nouveau, au début de 1663, sur l’état des pensions, pour huit cents livres ; il le sera encore, en 1664, pour six cents, après une nouvelle pièce de circonstance, la Renommée aux Muses, où il n’oubliait pas « près d’Auguste un illustre Mécène », c’est-à-dire Colbert.

Cette mythologie adulatrice est celle de l’Ode à Namur. Elle n’était donc pas pour déplaire à Boileau. Racine et lui ne se connaissaient pas encore. D’après Louis Racine, c’est de la Renommée aux Muses, communiquée à Boileau par l’abbé Le Vasseur, que daterait l’amitié des deux poètes. Entre Chapelain et Boileau, il fallait choisir. Racine n’hésita pas, et de Chapelain il ne s’occupera plus que pour s’en moquer entre amis.

En même temps, il était remarqué par le comte de Saint-Aignan et, par lui sans doute, avait accès à la cour. Il y rencontrait Molière, qui paraît pour la première fois à ce propos dans l’histoire de Racine. Celui-ci écrivait à l’abbé Le Vasseur, en