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PREMIÈRES TRAGÉDIES.

que, à ce moment, se voyant si près d’eux, Racine se jette dans leurs bras et ne se reprenne plus.

On vient de voir le rôle de conseiller joué par Boileau près de Racine dans la querelle avec Port-Royal. Depuis la première connaissance des deux poètes, leur liaison était devenue de plus en plus étroite. On verra quelle place tint Boileau dans le cœur de Racine et l’influence qu’il eut sur le développement de son génie. En attendant, jeunes et vifs tous deux, ils menaient une existence joyeuse et libre, avec plus d’espièglerie et de sensualité chez Racine, plus de tenue et de réserve chez Boileau. On peut lire, dans les papiers de Brossette, telle plaisanterie assez vive que Racine risquait envers son ami « chez une demoiselle » et la brusque manière dont la prenait Boileau, « très peu voluptueux », comme il le disait de lui-même. En même temps que Boileau, Racine fréquentait assidûment La Fontaine, avec lequel il s’était lié, comme on l’a vu, avant son départ pour Uzès, et Molière, mais pour peu de temps, car leurs rapports, commencés à l’occasion de la Thébaïde, vers la fin de 1663, cessèrent avec Alexandre, au commencement de 1665.

Boileau était l’âme et le lien de ce petit cercle : « Despréaux, raconte Titon du Tillet, loua pendant quelques années un appartement particulier à Paris, rue du Colombier, au faubourg Saint-Germain, où s’assembloient deux ou trois fois par semaine ces quatre excellents hommes. » Un tableau charmant de ces réunions nous a été laissé dans les Amours de Psyché et de Cupidon, par La Fontaine, qui leur donne pour cadre les jardins de Versailles. Les